• « Caritas in veritate » : Benoît XVI livre les clefs de son encyclique sociale


    Pour un « développement intégral » et un « progrès durable ».

    ROME, Lundi 29 juin 2009 (ZENIT.org) - « La Charité dans la vérité »,  « Caritas in veritate » : Benoît XVI confirme le titre de sa troisième encyclique sociale, et annonce sa « prochaine » publication, avec une réflexion sur les conditions d'un « développement intégral » et un « progrès durable ». On peut parler d'une encyclique « engagée » : le pape vise en effet « l'engagement » des baptisés dans ces domaines.


    Le pape a ainsi donné lui-même les c lefs de lecture du document à l'issue de la prière de l'angélus, ce 29 juin, place Saint-Pierre. L'encyclique pourrait être présentée par le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix lundi 6 ou mardi 7 juillet : une date stratégique, à la veille du sommet internationale du G 8 qui se tiendra du 8 au 10 juillet 2009 sous présidence italienne à L'Aquila, la cité dévastée par le séisme du 6 avril dernier.


    « La publication de ma troisième encyclique est désormais proche : elle a pour titre Caritas in veritate » , a annoncé le pape en italien.

    Voici l'aperçu que Benoît XVI en donne : « En reprenant les thématiques sociales contenues dans « Populorum progressio », écrite par le serviteur de Dieu Paul VI en 1967, ce document - qui porte la date d'aujourd'hui, 29 juin, solennité des saints apôtres Pierre et Paul - entend approfondir certains aspects du développement intégral de notre époque, à la lumière de la charité dans la vérité ».


    Ces derniers jours en effet, Benoît XVI a abordé à plusieurs reprises cette thématique de la « charité dans la vérité » ou l'inverse également, comme lors des vêpres de dimanche soir, 28 juin. Le pape soulignait le rapport dynamique entre cœur et raison: « Nous avons besoin d'une raison éclairée par le cœur pour apprendre à agir selon la vérité dans la charité », a-t-il déclaré.


    A l'angélus, le pape a conclu sur l'idée de « progrès durable » en disant : « Je confie à votre prière cette nouvelle contribution que l'Eglise offre à l'humanité dans son engagement pour un progrès durable, dans le plein respect de la dignité humaine et des réelles exigences de tous ».


    L'encyclique proposera donc aussi une anthropologie rappelant les exigences du respect de la dignité humaine, de l'homme et de la femme.

    Benoît XVI a donc signé aujourd'hui son encyclique, qui porte le titre évoqué naguère par le cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone (cf. Zenit du 24 décembre 2008) et en la date annoncée par le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix (cf. entre autres Zenit du 11 décembre 2008 et du  14 juin 2009).

    Cette encyclique est la troisième de Benoît XVI après les deux premières encycliques sur la charité évangélique, « Deus Caritas Est », et sur l'espérance chrétienne, « Spe Salvi ».


    C'est la première encyclique sociale du pontificat, publiée 18 ans après la dernière encyclique sociale de Jean-Paul II, « Centesimus annus », de 1991, c'est-à-dire, comme l'indique le titre, un siècle après  l'encyclique de Léon XIII « Rerum Novarum ».

    Mais Benoît XVI renvoie à « Populorum Progressio », et reprend dans son allocution de l'angélus ce concept de « progrès » humain authentique dont il a parlé hier à propos de Paul (cf. Zenit du 28 juin 2009).


    Déjà, en novembre 2007, à l'occasion d'un congrès promu par le conseil pontifical Justice et Paix autour du 40e annive rsaire de l'encyclique de Paul VI, « Populorum progressio », Benoît XVI avait souhaité un « nouvel ordre mondial » pour éliminer la pauvreté.

    A plusieurs reprises, le pape a dénoncé le scandale de la faim dans le monde (qui touche un milliard de personnes) et souligné que capitalisme et distribution équitable des richesses ne sont pas « contradictoires », mais que la recherche du profit ne doit pas se faire « sans contrôle ». 


    Les thèmes abordés par l'encyclique toucheront donc à la fois la mondialisation, la sauvegarde de l'environnement, le développement durable, la finance durable, et les implications économiques et sociales d'un examen de conscience pour revenir à une éthique de la finance et de l'économie, au service de la personne humaine, selon une anthropologie respectueuse de l'identité de l'homme et de la femme.

    La publication de l'encyclique a été plusieurs fois reportée, parce que la crise impliquait une réflexion approfondie devant cette réalité nouvelle, et pour des raisons de traduction.


    Le cardinal Bertone avait indiqué : « Le pape ne veut pas répéter des lieux communs de la doctrine sociale de l'Eglise, mais veut apporter quelques éléments originaux, conformément aux défis de l'époque ».


    Anita S. Bourdin

     
    Source www.zenit.org  


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  • Benoît XVI met en garde contre les risques de l’activisme


    Lors de sa visite à San Giovanni Rotondo


    ROME, Dimanche 21 juin 2009 (
    ZENIT.org) - Benoît XVI a mis en garde les religieux, les religieuses et les laïcs, pris par les nombreuses tâches de la vie quotidienne, contre « le risque de négliger la chose vraiment nécessaire : écouter le Christ pour accomplir la volonté de Dieu ».

    Durant l'homélie de la messe qu'il a célébrée à l'occasion de sa 15e visite pastorale en Italie, à San Giovanni Rotondo, le pape a aussi longuement évoqué la vie de Padre Pio, cet « homme simple, aux humbles origines ».

    A son arrivée à San Giovanni Rotondo, le pape s'est rendu au sanctuaire de Notre-Dame des Grâces pour vénérer la dépouille de Padre Pio et visiter sa cellule, avant de célébrer la messe sur le parvis de l'église de Saint Pio de Pietrelcina.



    Dans son homélie, le pape a évoqué « les risques de l'activisme et de la sécularisation », soulignant combien « religieux, religieuses et laïcs, (...) tellement pris par les mille tâches demandées par le service aux pèlerins, ou par les malades à l'hôpital » courent « le risque de négliger la chose vraiment nécessaire : écouter le Christ pour accomplir la volonté de Dieu ».

    « Lorsque vous vous rendez compte que vous êtes proches de courir ce risque, tournez vous vers Padre Pio : vers son exemple, vers ses souffrances », a-t-il conseillé. « Et invoquez son intercession, pour qu'il vous obtienne du Seigneur la force dont vous avez besoin pour poursuivre sa mission ». « Et du ciel, lui continue à exercer cette délicieuse paternité spirituelle qui l'a distingué durant son existence terrestre ; il continue à accompagner ses confrères, ses enfants spirituels et l'œuvre tout entière qu'il a commencée ».

    Benoît XVI a aussi longuement évoqué la personnalité de Padre Pio qui, « tout en restant uni à Jésus, a toujours eu en vue la profondeur du drame humain, et s'est offert et a offert toutes ses souffrances pour cela ». « Il a su se dépenser pour le soin et le soulagement des malades, signe privilégié de la miséricorde de Dieu ». « Guider les âmes et soulager la souffrance : c'est ainsi que la mission de saint Pio de Pietrelcina peut se résumer », a ajouté le pape.


    Le Saint Père a aussi parlé de la « première préoccupation » de Padre Pio : « que les personnes retournent à Dieu, qu'elles puissent expérimenter sa miséricorde et, intérieurement renouvelées, qu'elles redécouvrent la beauté et la joie d'être chrétiens, de vivre en communion avec Jésus, d'appartenir à son Eglise et de pratiquer l'Evangile ». « Padre Pio attirait sur le chemin de la sainteté par son témoignage, indiquant par l'exemple la « voie » qui conduit à elle : la prière et la charité ».

    « L'amour qu'il portait dans son cœur et transmettait aux autres était plein de tendresse, toujours attentif aux situations réelles des personnes et des familles », a conclu le pape.

     
    Source www.zenit.org


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  • CHAPITRE ÉLECTIF DE LA FRATERNITÉ OFS NATIONALE (Canada)

     

    Du 7 au 10 mai 2009, les représentants des 13 régions de l’Ordre Franciscains Séculier du Canada étaient réunis en Chapitre électif au Manoir d’Youville de Châteauguay QC. Il y avait 62 personnes présentes incluant les deux représentants du Conseil International de l’OFS (CIOFS) et  la conférencière invitée, Mme Brigitte Gobbé, coordonnatrice du Trimestre Franciscain de la Suisse.

     

    Le vendredi 8 mai était réservé à un ressourcement donné par Mme Gobbé qui nous a entretenu sur l’Ordre Franciscain Séculier, « UNE HISTOIRE À AIMER ».Tous furent touchés et très attentifs à la présentation que Mme Gobbé a faite sur cette histoire, les origines de l’existence de La Règle de Vie et ses différentes modification au cours des 800 ans de l’histoire de la Famille franciscaine et surtout de l’OFS.

     

    Le samedi, les représentants internationaux, Mme Bertha Richaud, conseillère internationale de la France, représentant Mme Incarnatione del Pozo Ministre Générale de l’OFS, et le Frère Armando Trujillo-Paco TOR, assistant spirituel général ont présidé le Chapitre électif et les membres du nouveau Conseil national élu sont présentés sur la photo ci-jointe.

     

    En arrière plan: Fr Gerry Clyne OFM Assistant spirituel (Cochrane, Alberta), Mme Merle Moses vice-ministre anglophone (Winnipeg, Manitoba), M. Garnet Moses conseiller international (Winnipeg, Manitoba), Mme Debbie Tessier ministre (Welland, Ontario), M. Gilles Métivier vice-ministre francophone (Le Gardeur, Québec)

    Devant : Mme Michèle Turgeon secrétaire (Edmunston, Nouveau-Brunswick), M. Harvey Levesque trésorier (Edmunston, Nouveau-Brunswick), Mme Micheline Larocque  responsable de formation (Orléans, Ontario).

     

    Enfin, lors des délibérations du Conseil, il a été décidé, entre autre, de donner suite à la demande de procéder à la production de la version française du «Manuel pour l’assistance à l’Ordre Franciscain Séculier et à la Jeunesse Franciscaine» donnant suite à la demande de la Conférence des Assistants généraux de l’OFS, laquelle version a été traduite du manuel original en italien. Les frères Henri Éthier OFM et Roland Bonenfant OFM ont assisté M. Métivier OFS dans la révision et la mise en page du document qui sera mis en vente officiellement à Fraternité 2009 à Québec le 13 juin prochain.

    Texte envoyé par Gilles Métivier, ofs

     et tiré de l'Écho de la famille franciscaine du Québec

    Juin 2009


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  • L'arbre de la Genèse et la sexualité

     

    Le jardin d'Éden
    Michelange, fresque de la chapelle Sixtine (Vatican)

    Q J'aimerais connaître la signification de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Certains disent que c'est le rapport sexuel. Est-ce vrai ? (Kouame)

    R Si l’on veut comprendre la signification de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal », il faut retrouver le texte du livre de la Genèse qui en parle (Gn 2,16-3,8). Il fait partie des grands récits de la Genèse qui racontent – sous la forme de récits mythiques – les origines du monde et de l’homme. C’est un genre littéraire particulier, que l’on retrouve dans d’autres cultures de l’époque (VIe siècle av. J-C), qui offrent au lecteur des réponses aux grandes questions existentielles qui se posent depuis toujours à l’humanité, sous toutes les latitudes : D’où venons-nous? Qui est-ce qui est l’origine du monde qui nous entoure? D’où vient le mal, la difficulté à se comprendre, la violence qui se déchaîne si souvent entre les humains? Pourquoi la relation homme/femme est-elle, certains jours, si difficile à vivre?

         Les grands récits scientifiques d’aujourd’hui ont repris pour une grande part de ces questions et nous fournissent des explications passionnantes sur l’origine du monde et les lents processus qui sont à l’origine de la vie et de la diversité des espèces. Personnellement je fais confiance au scientifique lorsqu’il décrit la lente hominisation de l’homme, mais je reste frappé par son refus d’y voir un sens autre que celui du Hasard et la Nécessité. Quand je lis la Bible, je découvre, au travers des grands récits des origines, une réponse qui éclaire le sens de ma présence au monde, une réponse qui garde une étonnante actualité, pour autant que je les lise avec les instruments que nous possédons aujourd’hui pour décrypter le message que nous adressent ces récits. Celui qui désire approfondir la question, d’un point de vue psychanalytique, peut lire le très beau livre de Marie Balmary : La divine Origine, éditions Grasset 1993. Le regard de cette psychanalyste sur ces vieux récits en montre bien l’étonnante actualité.

         Ceci dit, nous pouvons reprendre la question posée au départ et tenter d’y apporter une réponse la plus claire possible, en procédant par étapes.

    Lorsqu’il crée l’être humain (homme et femme), Dieu le place devant un interdit

         On trouve ce récit au chapitre 2 de la Genèse, dans le deuxième récit de la création. Après avoir façonné l’humain avec la glaise du sol, Dieu met en lui une haleine de vie. Puis, il le place dans « le jardin d’Éden » où il trouvera tout ce qui lui est nécessaire pour vivre. Mais Dieu ajoute une condition à ce bonheur : le respect d’un interdit.

    Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort. (Gn 2,16-17)

         Dans la suite immédiate de ce verset donné, notons-le bien, à « l’adam » - qui signifie le glaiseux mâle et femelle - vient un acte nouveau qui crée une situation nouvelle. Lisons la suite du récit :

    Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria : « Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair! Celle-ci sera appelée "femme", car elle fut tirée de l'homme, celle-ci! » (Gn 2,21-23)

         Ce texte met en place divers éléments qui me semblent essentiels dans toute existence humaine. Il ne suffit pas d’être « homme mâle ou femelle », ce qui est le propre de l’existence animale. L’être humain doit naître à son identité propre dans la reconnaissance de son vis-à-vis différent et pourtant semblable. On le découvre dans la première parole humaine. C’est un cri de reconnaissance : « Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair! Celle-ci sera appelée "femme", car elle fut tirée de l'homme, celle-ci! » Le  même et le différent sont au cœur d’un processus de reconnaissance mutuelle. N’est-ce pas, décrit avec un langage très imagé, ce que nous trouvons dans le processus de toute relation amoureuse? C’est bien cette direction qu’indique le verset suivant : « C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » (Gn 2,24)

         L’amour n’est pas décrit ici comme un simple processus physiologique, mais bien comme un processus relationnel. De la reconnaissance mutuelle naît une sorte de nouvelle entité, le couple humain dans lequel l’un et l’autre se découvrent à la fois semblables et différents. Ils sont bien deux êtres de relation mais sont appelés – comme une exigence fondamentale de tout amour humain – à ne former qu’une seule chair.

         La question du début rebondit à ce niveau : que vient faire l’interdit donné à l’humain? Pourquoi ne doit-il pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal sous peine de mort? C’est à ce niveau que l’écoute psychanalytique est intéressante. Marie Balmary ne parle pas d’interdit, mais d’« inter-dit » en deux mots. L’inter-dit de manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, sous peine de mort, n’est rien d’autre que l’expression imagée d’une loi humaine fondamentale, la loi de relation. L’inter-dit est l’espace nécessaire à la naissance de la parole, ce qui se dit entre deux humains qui vivent une relation de liberté. Pour que soit possible la parole entre eux deux, l’un et l’autre doit respecter l’inter-dit ou l’espace qui rend possible la vie et la liberté de chacun. Manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ou refuser la loi de relation, c’est créer une relation fusionnelle ou favoriser la main mise de l’un sur l’autre. Dans la réalité de la vie du couple humain, c’est le mettre en grave danger de mort. Pour subsister dans la durée, ce dernier doit respecter la loi de relation : ni fusion, ni soumission de l’un à l’autre ou vice-versa. C’est ce que la suite du récit de la Genèse nous suggère toujours de manière aussi imagée.


    Source: www.Interbible.org  


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  • Le texte suivant, qui date du 12 juin, m'amène à réfléchir sur ma conception de la prière et de l'Eucharistie, et vous ? Si vous le désirez, vous pouvez laisser un commentaire (voir au bas de l'article pour le lien)



    Le pape craint un risque de sécularisation au sein de l’Eglise

    Fête du Saint-Sacrement

    ROME, Vendredi 12 juin 2009 (ZENIT.org) - Benoît XVI a mis en garde, le 11 juin, jour de la Fête du Saint-Sacrement, contre le danger de la « sécularisation latente » qui pénètre dans l'Eglise et se manifeste « par un culte eucharistique formel et vide ».

    Le souverain pontife a participé à la procession du Saint-Sacrement dans le centre de Rome, après avoir présidé la messe sur le parvis de la basilique de Saint-Jean de Latran, cathédrale de l'évêque de Rome.

    Dans son homélie, le pape a illustré par des images suggestives l'importance de la foi dans la présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie, expliquant à des milliers de pèlerins qu'il « ne faut pas tenir la foi pour acquise ».

    « Aujourd'hui, il existe le risque d'une sécularisation latente également au sein de l'Eglise, qui peut se traduire en un culte eucharistique formel et vide, dans des célébrations privées de la participation du cœur qui s'exprime dans la vénération et le respect de la liturgie », a-t-il mis en garde.

    Selon le Saint-Père, « la tentation est toujours forte de réduire la prière à des moments superficiels et hâtifs, en se laissant submerger par les activités et par les préoccupations terrestres ».

    L'Eucharistie est « le pain de la vie éternelle, du nouveau monde, qui nous est déjà donné aujourd'hui dans la Sainte Messe, afin que dès à présent, le monde futur commence avec nous ».

    « Avec l'Eucharistie donc, le ciel descend sur terre, le demain de Dieu se fond avec le présent et le temps est comme embrassé par l'éternité divine ».

    Benoît XVI n'a pas caché sa joie d'avoir pu accompagner le Christ dans le Saint-Sacrement sur la via Merulana, qui relie la basilique Saint-Jean de Latran à la basilique de Sainte-Marie-Majeure.

    Il a invité les fidèles à faire monter cette prière : « reste avec nous Jésus, fais-nous don de ta personne et donne-nous le pain qui nous nourrit pour la vie éternelle ! ».

    « Libère ce monde du poison du mal, de la violence et de la haine qui empoisonne les consciences, purifie-le par la puissance de ton amour miséricordieux », a-t-il ajouté.

    Le pape a accompagné le Saint-Sacrement, en prière, à genoux sur un prie-Dieu placé devant l'ostensoir, sur une camionnette blanche aménagée pour la circonstance, alors que la nuit commençait à tomber sur la Ville Eternelle, suivi par une foule recueillie de fidèles, tenant des bougies à la main.

     

     

    source www.zenit.org


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  •                    Histoire de la Règle de l’OFS

    Brigitte Gobbé

    (responsable du Trimestre franciscain de Suisse)


    Conférence présentée lors du Chapitre National du Canada en Mai 2009 

     

    1.      L’évolution de la dimension pénitentielle des origines du christianisme au treizième siècle

     

    1a.     La dimension pénitentielle naît avec l’apparition du monachisme au quatrième siècle

     

    « Va, vends tout ce que tu possèdes et suis-moi. »

     

    A l’époque où le christianisme s’installe et devient religion officielle, où les chrétiens épris d’absolu n’ont plus beaucoup de chance de pouvoir atteindre la couronne du martyre, où la tentative de mise en commun des biens n’est plus qu’une belle histoire, la fuite du monde et l’ascétisme constituent une nouvelle façon de se donner à Dieu. Le monachisme a d’abord pris la forme d’un mouvement érémitique populaire essentiellement laïc à l’origine. Dans le désert d’Egypte, saint Antoine (251-356) attira à lui paysans, artisans, vagabonds… Par la suite, saint Pacôme fondera en 320 le premier monastère. A sa mort, en 346, il existait déjà plusieurs maisons regroupant des milliers de moines. La vie communautaire – le cénobitisme – était né constituant un nouveau monde à l’intérieur de la chrétienté. Pour la première fois, un habillement spécial, à l’origine signe de pauvreté, consacre matériellement la mise à part de ces laïcs spéciaux que représentent les moines. Par la suite, Basile de Césarée donnera un aspect plus civilisé, plus sociable, lorsqu’il organisera le monachisme en Asie mineure.

     

    L’apparition de la virginité comme idéal chrétien au quatrième siècle, s’enracine tout d’abord dans le néo-platonisme où le divin ne peut se trouver dans la matière. Ce courant ascétique nie tout droit à l’existence du corps et de la sexualité. Celle-ci ne peut qu’être obstacle à la relation à Dieu. Il faut donc s’en libérer. De plus l’Eglise, grâce à la paix constantinienne, jouit d’un plein épanouissement de l’Empire. La virginité, comme l’affirme saint Jérôme, c’est « un retour en paradis, une transformation en état d’immortalité, la réconciliation avec le Christ ». Elle a pour but de restaurer en son intégrité le premier homme en son état primitif. Par elle, on peut voir Dieu.

     

    Ainsi, le monachisme cassera la répartition du peuple chrétien clercs - laïcs. Un troisième groupe de chrétiens verra le jour. A côté de ces trois états de vie, un quatrième – l’état pénitentiel vécu dans le monde – sera reconnu canoniquement au cinquième siècle. L’essor de ce dernier ressurgira au Moyen-Age.

     

    1b      De la pénitence comme châtiment à la pénitence comme choix volontaire

     

    Dans les premiers siècles du christianisme, le processus pénitentiel était public et communautaire : le pénitent devait se présenter à l’évêque au début du carême pour être réconcilié par lui, devant l’assemblée ecclésiale le Jeudi saint. D’autre part, ne pouvant accéder dans sa vie à la pénitence, le pécheur demeurait jusqu’à sa mort soumis à de nombreux interdits, qui l’excluait de la vie conjugale et sociale.

     

    A partir du septième siècle, des moines irlandais diffusent sur le continent le système de la pénitence tarifée qui rompt avec la discipline antique. Le sacrement de pénitence est réitérable autant de fois que les fidèles le jugent nécessaire. Le processus demeure secret et privé.            Comment s’est effectué ce passage de la pénitence comme châtiment à la pénitence comme valeur positive et comme genre de vie recherchée par les laïcs ?

     

    Ainsi, à cette époque, l’idée qu’il existe une incompatibilité entre la vie dans le monde et l’état religieux commence à s’imposer aux chrétiens d’Occident. Cette idée n’est pas vraiment nouvelle si l’on considère la répartition des chrétiens en trois catégories définies par le pape Grégoire VII : les conjugati (les époux), les continentes (les religieux), les prédicatores (les clercs séculiers). Les vrais « viri religiosi » sont donc les chrétiens qui vivent hors du monde et se sanctifient en rendant grâce et louange à Dieu.  Les monastères, par la pratique de l’ascèse et de la mortification, cherchent à mener une vie angélique, loin des plaisirs et des tentations du monde. Le monde étant essentiellement mauvais, il faut le quitter pour accéder à un chemin de perfection.

     

    Cette classification ne vise pas seulement à distinguer trois façons d’être dans l’Eglise, elle constitue un schéma hiérarchique fondé sur l’idée d’une rémunération variable selon les états de vie. Or, au Moyen-Age tout le monde croit en Dieu, à la survie et à l’existence d’un au-delà où les morts jouissent d’une rétribution déterminée par leur comportement ici-bas. Les gens n’ont pas peur de mourir, cela fait partie de leur quotidien, mais se préoccupent de se préparer à bien mourir, à faire de ce passage une occasion de salut. Ainsi, les fidèles vont chercher à créer des liens serrés entre les monastères et eux. Ils sont persuadés qu’ils peuvent obtenir le salut par la prière, la dévotion, l’ascèse des moines, en quelque sorte par procuration. Tous les moyens sont bons : distribuer ses biens aux moines, rentrer au monastère à la fin de sa vie, vivre à proximité des abbayes, offrir ses enfants à la communauté monastique.

     

    Les moines définissent le chemin pénitentiel comme étant essentiellement un combat contre les forces du mal. Le pénitent est un héros reprenant dans le domaine spirituel ce que le chevalier est dans le domaine temporel.

     

     

    1c.          L’état pénitentiel : un style de vie

     

    Faire pénitence, ce n’est pas seulement se repentir de ses péchés et pratiquer le sacrement de pénitence, rendu obligatoire au moins une fois l’an pour tous les fidèles par le Concile de Latran IV (1215) ; c’est adopter un style de vie. Entre le onzième et le treizième siècle, la vie spirituelle va profondément changer d’orientation. Au haut Moyen-Age, la religion était principalement considérée comme un culte rendu à Dieu, comme une pratique de comportements obligatoires compensant  les péchés permettant de se présenter sous des auspices favorables au jugement dernier. La dimension intérieure, la notion de conversion, d’adhésion libre à une vie de perfection évangélique était réservée à une minorité d’hommes spirituels. Or, les clercs vont mettre au point une éthique nouvelle, celle de la responsabilité personnelle. Ainsi, le système pénitentiel évolue rapidement. L’évolution de la discipline pénitentielle va profondément transformer l’attitude des croyants vis-à-vis de la mort. L’Eglise affirme de plus en plus nettement, à partir de la seconde moitié du douzième siècle, l’existence d’un lieu d’accueil pour les âmes en peine : le purgatoire. Profondément conscients de leurs péchés, l’évolution de la discipline pénitentielle va libérer les chrétiens de la peur de la damnation irrémédiable.

     

    Faire pénitence, c’est prendre à la lettre la parole du Christ : « Convertissez-vous, le Royaume de Dieu est proche ».  Il ne s’agit pas d’une simple préparation, mais d’une entrée dès ici-bas dans le Royaume, manifestée par un changement de vie et une renonciation au péché.  La pénitence consiste dans une attitude humble et repentante, la seule qui convienne à l’homme pécheur face à Dieu, s’il veut se rattacher à lui par amour. N’oublions pas que l’avènement du Royaume de Dieu était considéré au Moyen-Age comme imminent.

     

    La volonté de se conformer au Christ de l’Evangile se traduit en premier lieu par des exigences accrues dans le domaine de la pauvreté. La pauvreté volontaire apparaît comme une option fondamentale, condition nécessaire d’une fidélité au Christ qui n’a pas d’endroit où reposer sa tête.

     

    En deuxième lieu, suivre nu le Christ nu, s’exprimera dans le mouvement des flagellants, une des composantes essentielles d’un ascétisme fondé sur la valeur rédemptrice de la douleur physique.

     

    En troisième lieu, cette conformité au Christ suscitera une révolution au sein de cette culture de l’ennemi, sévissant au Moyen-Age, insistant sur la réconciliation avec les ennemis, et la restitution des biens mal acquis.

     

     

    1d.          Naissance du mouvement pénitentiel

     

    « Dès le début du douzième siècle, plusieurs communautés d’origine érémitique dépassent la référence aux Actes des apôtres, pour chercher directement dans les évangiles les préceptes et les exemples qui gouvernent leur vie. Leur modèle n’est plus l’Eglise de Jérusalem après la Pentecôte, mais la communauté formée par Jésus et ses disciples à l’époque où ils prêchent en Galilée. » (François Delmas-Goyon, Saint François d’Assise, le frère de toute créature)

     

    La réforme grégorienne en distinguant le spirituel du temporel a permis paradoxalement à la société civile de prendre conscience de son autonomie. Elle va favoriser l’accession des laïcs à la vie religieuse. Ceux-ci sont convaincus de la nécessité de revenir à la pauvreté évangélique. Ils veulent découvrir la parole de Dieu et cherchent une spiritualité qui corresponde à leur état de vie. Au début du douzième siècle, la primauté absolue de la contemplation est remise en cause. L’Eglise va donner la primauté à l’action apostolique sur la contemplation. Cette orientation vers le prochain et vers le monde qui vise à le convertir pour faire son salut est désignée dans les textes par l’expression « cura animarum ». Les ordres mendiants vont être les propagateurs de ce zèle apostolique. 

    Dans la seconde moitié du douzième siècle, l’idée germe que de simples fidèles peuvent mener une vie religieuse dans leur propre maison. Le Pape Alexandre III affirme dans une bulle de 1175, adressée aux chevaliers de l’ordre militaire de Saint Jacques de l’Epée que l’état religieux n’est pas lié à la virginité, mais à l’obéissance à une règle. Ce texte confirmé par Innocent III en 1209 est important : apparaît une conception intériorisée de la fuite du monde. Cette dernière cesse en effet de s’identifier obligatoirement à un refus de la vie charnelle, pour devenir une lutte contre le mal sous toutes ses formes, dans laquelle aucune catégorie de chrétiens n’est disqualifié a priori du fait de son genre de vie.

     

    Le mouvement pénitentiel va alors se développer dans des milieux d’artisans désireux d’accéder à la vie évangélique tout en demeurant dans leur état. Les laïcs revendiquent le caractère sanctifiant de toute condition humaine et sociale, ainsi que leur refus de se voir cantonner dans le domaine du temporel. Des groupements de laïci religiosi vont donner naissance à des fraternités de pénitents organisés en un Ordo de poenitentia. Ils font une promesse publique de consécration à Dieu, celle-ci se traduit concrètement sous la forme d’un Propositum. Les historiens repèrent les premiers propositum reconnu officiellement dès 1201, concernant les vaudois, les humiliés, les pauvres catholiques de Durand de Huesca. En 1221, tous les pénitents adoptent un statut commun : « Memoriale propositi fratrum et sororum de poenitentia in domibus propriis existentium ». L’ordre de la pénitence était né. Une foule de laïcs dans la mouvance franciscaine adopte ce statut. Il est considéré aujourd’hui comme le premier projet de vie des laïcs franciscains.

     

    Les pénitents et les pénitentes volontaires s’engagent à porter des vêtements modestes, se résumant la plupart du temps à un habit de laine grise, non teinte, d’une seule pièce et d’une seule couleur. Le simple fait de porter l‘habit équivaut à une profession religieuse. Outre le redressement des torts, le renoncement à la richesse, les pratiques de dévotion codées, la continence périodique, la réunion mensuelle, le plus original de leur démarche consistait dans leur rapport avec la société (refus des armes, restitution des biens, refus de prêter serment au seigneur, obligation de faire un testament personnel).

     

    1e.          Conclusion

     

     

    Au haut Moyen-Age, les viri religiosi sont des pénitents qui fuient le monde, et qui vivent pour la plupart au sein des monastères. Au treizième siècle, les viri religiosi sont des laïcs qui veulent vivre dans le monde la vie religieuse s’identifiant avec la vie pénitentielle. La pénitence évolue progressivement vers une réalité subjective. Le désir de conversion, vivre en conformité avec l’évangile, s’intériorise. L’Eglise insistant dans un premier temps sur les comportements exprimant la vie pénitentielle va favoriser cette intériorité de la conversion au moment où elle privilégiera la dimension apostolique lors de sa lutte contre l’hérésie cathare. Elle ne pouvait accueillir que favorablement le zèle de Saint François d’Assise, qui tout en étant un homme devenu prière, répandait le message évangélique dans sa plus radicale authenticité. C’est pourquoi, elle lui confia un mandat de prédication dès 1209. Par la suite, le statut juridique des pénitents tertiaires devint complexe et controversé. En effet, le pape Célestin V, en ayant concédé l’exemption de toutes les contraintes fiscales et le privilège du Fori en 1294 ouvrait la porte à un débat qui hantera les laïcs franciscains : ceux-ci sont-ils des religieux, donc des personnages ecclésiastiques soumis à la juridiction de l’Eglise. Au quatorzième siècle, la définition du mot religieux est très élastique. Chez certains, il est très général, et désigne tout simplement un désir de conversion, chez d’autres il a nettement le caractère ecclésiastique. Le tertiaire n’est ni un simple laïc, ni un religieux prononçant ses trois vœux. Dans les siècles suivants, avec l’accroissement du pouvoir civil, les séculiers ne sont plus des hommes religieux. Aujourd’hui après Vatican II, l’Eglise a voulu reconnaître l’Ordre de la pénitence dans l’ordre franciscain séculier, structure mondiale et centralisée unifiant toutes les fraternités séculières à travers le monde en respectant leur diversité. Son autonomie est un privilège qu’il nous faut sans cesse honorer.

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  • L'année Saint Paul se termine, pour moi elle fut une année où j'ai pu faire meilleur connaissance.

    Voilà que débute en ce jour 19 juin l'année sacerdotale, l'année du prêtre avec comme toile de fond le saint curé d'Ars dont j'ai souvent entendu parler dans ma jeunesse mais sans trop le connaître. Ensemble allons, si vous le voulez bien à sa rencontre. Voici un premier article qui nous mettra sur sa route.

     

    Un diaporama sur l'année Sacerdotale peut-être téléchargé ICI  (3 mo)



    Lettre de Benoît XVI aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'Année Sacerdotale

     

    Le  18 juin 2009  - (E.S.M.) - Aujourd'hui, le Saint-Père Benoît XVI a adressé une lettre aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'« Année Sacerdotale », proclamée par lui pour le 150° anniversaire de la mort  dies natalis) de Saint Jean Marie Vianney, Curé d'Ars :

    Le pape Benoît XVI

    Lettre de Benoît XVI aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'Année Sacerdotale

    Le 18 juin 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Aujourd'hui, le Saint-Père Benoît XVI a adressé une lettre aux prêtres à l'occasion de l'ouverture de l'« Année Sacerdotale », proclamée par lui pour le 150° anniversaire de la mort in dies natalis de Saint Jean Marie Vianney, Curé d'Ars, demain après-midi, solennité du Sacré Cœur, il l'ouvrira officiellement par les secondes vêpres célébrée en la Basilique vaticane.  :

    Chers Frères dans le sacerdoce,

    En la prochaine solennité du Sacré-Cœur de Jésus, vendredi 19 juin 2009 – journée traditionnellement consacrée à la prière pour la sanctification des prêtres –, j’ai pensé ouvrir officiellement une « Année sacerdotale » à l’occasion du 150e anniversaire du « dies natalis » de Jean-Marie Vianney, le saint patron de tous les curés du monde1. Une telle année, qui veut contribuer à promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de rendre plus incisif et plus vigoureux leur témoignage évangélique dans le monde d’aujourd’hui, se conclura en la même solennité de l’année 2010. « Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus », avait coutume de dire le Saint Curé d’Ars2 . Cette expression touchante nous permet avant tout d’évoquer avec tendresse et reconnaissance l’immense don que sont les prêtres non seulement pour l'Église, mais aussi pour l’humanité elle-même. Je pense à tous ces prêtres qui présentent aux fidèles chrétiens et au monde entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ, s’efforçant de Lui donner leur adhésion par leurs pensées, leur volonté, leurs sentiments et le style de toute leur existence. Comment ne pas mettre en évidence leurs labeurs apostoliques, leur service inlassable et caché, leur charité ouverte à l’universel ? Et que dire de la courageuse fidélité de tant de prêtres qui, bien que confrontés à des difficultés et à des incompréhensions, restent fidèles à leur vocation : celle d’« amis du Christ », qui ont reçu de Lui un appel particulier, ont été choisis et envoyés ?

    Je porte moi-même encore vivant dans mon cœur le souvenir du premier curé auprès de qui j’ai exercé mon ministère de jeune prêtre : il m’a laissé l’exemple d’un dévouement sans faille à son service pastoral, au point de trouver la mort alors qu’il allait porter le viatique à un malade grave. Me viennent encore à la mémoire les innombrables confrères que j’ai rencontrés et que je continue à rencontrer, même au cours de mes voyages pastoraux en divers pays ; tous généreusement engagés dans l’exercice quotidien de leur ministère sacerdotal. Mais l’expression utilisée par le Saint Curé évoque aussi le Cœur transpercé du Christ et la couronne d’épines qui l’entoure. Et notre pensée se tourne alors vers les innombrables situations de souffrance dans lesquelles sont plongés bien des prêtres, soit parce qu’ils participent à l’expérience humaine de la douleur dans ses multiples manifestations, soit parce qu’ils sont incompris par ceux qui bénéficient de leur ministère : comment ne pas nous souvenir de tant de prêtres bafoués dans leur dignité, empêchés d’accomplir leur mission, parfois même persécutés jusqu’au témoignage suprême du sang ?

    Il existe aussi malheureusement des situations, jamais assez déplorées, où l'Église elle-même souffre de l’infidélité de certains de ses ministres. Et c’est pour le monde un motif de scandale et de refus. Ce qui, dans de tels cas peut être surtout profitable pour l'Église, ce n’est pas tant la pointilleuse révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé dans les figures splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant d’amour pour Dieu et pour les âmes, de directeurs spirituels éclairés et patients. A cet égard, les enseignements et les exemples de saint Jean-Marie Vianney peuvent offrir à tous un point de référence significatif : le Curé d’Ars était très humble, mais il avait conscience, comme prêtre, d’être un don immense pour son peuple : « Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu, c’est là le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux dons de la miséricorde divine »3. Il parlait du sacerdoce comme s’il ne réussissait pas à se convaincre de la grandeur du don et de la tâche confiés à une créature humaine : « Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand ! s’il se comprenait, il mourrait… Dieu lui obéit : il dit deux mots et Notre Seigneur descend du ciel à sa voix et se renferme dans une petite hostie… »4. Et, pour expliquer à ses fidèles l’importance des sacrements, il disait : « Si nous n’avions pas le sacrement de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre-Seigneur. Qui est-ce qui l’a mis là, dans le tabernacle ? Le prêtre. Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à mourir [à cause du péché], qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et la paix ? Encore le prêtre… Après Dieu, le prêtre c’est tout… Le prêtre ne se comprendra bien que dans le ciel »5. Ces affirmations, jaillies du cœur sacerdotal du saint curé, peuvent nous sembler excessives. Elles manifestent toutefois en quelle haute considération il tenait le sacrement du sacerdoce. Il semblait submergé par le sentiment d’une responsabilité sans bornes : « Si l’on comprenait bien le prêtre sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais d’amour … Sans le prêtre, la mort et la passion de Notre-Seigneur ne serviraient de rien… C’est le prêtre qui continue l’œuvre de Rédemption, sur la terre… A quoi servirait une maison remplie d’or, si vous n’aviez personne pour ouvrir la porte ? Le prêtre a la clef des trésors célestes : c’est lui qui ouvre la porte ; il est l’économe du bon Dieu, l’administrateur de ses biens…. Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes… Le prêtre n’est pas prêtre pour lui… il est pour vous »6.

    Il était arrivé à Ars, un petit village de 230 habitants, prévenu par l’Évêque qu’il y aurait trouvé une situation religieuse précaire : « Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu dans cette paroisse, vous l’y mettrez ». Il était donc pleinement conscient qu’il devait y aller pour y incarner la présence du Christ, témoignant de sa tendresse salvifique : « [Mon Dieu], accordez-moi la conversion de ma paroisse ; je consens à souffrir ce que vous voulez tout le temps de ma vie ! », c’est par cette prière qu’il commença sa mission7. Le Saint Curé se consacra à la conversion de sa paroisse de toutes ses forces, donnant la première place dans ses préoccupations à la formation chrétienne du peuple qui lui était confié. Chers frères dans le Sacerdoce, demandons au Seigneur Jésus la grâce de pouvoir apprendre nous aussi la méthode pastorale de saint Jean-Marie Vianney ! Ce que nous devons apprendre en tout premier lieu c’est sa totale identification à son ministère. En Jésus, Personne et Mission tendent à coïncider : toute son action salvifique était et est expression de son « Moi filial » qui, de toute éternité, se tient devant le Père dans une attitude de soumission pleine d’amour à sa volonté. Dans une humble mais réelle analogie, le prêtre lui aussi doit tendre à cette identification. Il ne s’agit pas évidemment d’oublier que l’efficacité substantielle du ministère demeure indépendante de la sainteté du ministre ; mais on ne peut pas non plus ignorer l’extraordinaire fécondité produite par la rencontre entre la sainteté objective du ministère et celle, subjective, du ministre. Le Saint Curé d’Ars se livra immédiatement à cet humble et patient travail d’harmonisation entre sa vie de ministre et la sainteté du ministère qui lui était confié, allant jusqu’à décider d’« habiter » matériellement dans son église paroissiale : « A peine arrivé, il choisit l’église pour être sa demeure… Il entrait dans l’église avant l’aube et il n’en sortait qu’après l’Angelus du soir. C’est là qu’il fallait le chercher si l’on avait besoin de lui », peut-on lire dans sa première biographie8.

    La pieuse exagération du dévoué hagiographe ne doit pas nous induire à négliger le fait que le Saint Curé sut aussi « habiter » activement tout le territoire de sa paroisse : il rendait visite de manière systématique à tous les malades et aux familles ; il organisait des missions populaires et des fêtes patronales ; il recueillait et administrait des dons en argent pour ses œuvres charitables et missionnaires ; il embellissait son église en la dotant d’objets sacrés ; il s’occupait des orphelines de la « Providence » (un Institut qu’il avait fondé) et de leurs éducatrices ; il s’intéressait à l’éducation des enfants ; il créait des confréries et invitait les laïcs à collaborer avec lui.

    Son exemple me pousse à évoquer les espaces de collaboration que l’on doit ouvrir toujours davantage aux fidèles laïcs, avec lesquels les prêtres forment l’unique peuple sacerdotal9 et au milieu desquels, en raison du sacerdoce ministériel, ils se trouvent « pour les conduire tous à l’unité dans l’amour "s’aimant les uns les autres d’un amour fraternel, rivalisant d’égards entre eux"
    (Rm 12, 10)
    »10. Il convient de se souvenir, dans ce contexte, comment le Concile Vatican II encourageait chaleureusement les prêtres à « reconnaître sincèrement et à promouvoir la dignité des laïcs et la part propre qu’ils prennent dans la mission de l'Église… Ils doivent écouter de bon cœur les laïcs, en prenant fraternellement en considération leurs désirs, et en reconnaissant leur expérience et leur compétence dans les divers domaines de l’activité humaine, afin de pouvoir discerner avec eux les signes des temps »11.

    Le Saint Curé enseignait surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie. A son exemple, les fidèles apprenaient à prier, s’arrêtant volontiers devant le tabernacle pour faire une visite à Jésus Eucharistie12. « On n’a pas besoin de tant parler pour bien prier – leur expliquait le Curé – On sait que le bon Dieu est là, dans le saint Tabernacle ; on lui ouvre son cœur ; on se complaît en sa présence. C’est la meilleure prière, celle-là »13. Et il les exhortait : « Venez à la communion, venez à Jésus, venez vivre de lui, afin de vivre pour lui »14. « C’est vrai, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin ! »15. Cette éducation des fidèles à la présence eucharistique et à la communion revêtait une efficacité toute particulière, quand les fidèles le voyaient célébrer le saint sacrifice de la Messe. Ceux qui y assistaient disaient « qu’il n’était pas possible de voir un visage qui exprime à ce point l’adoration… Il contemplait l’Hostie avec tant d’amour »16. « Toutes les bonnes œuvres réunies – disait-il – n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu »17. Il était convaincu que toute la ferveur de la vie d’un prêtre dépendait de la Messe : « La cause du relâchement du prêtre, c’est qu’on ne fait pas attention à la messe ! Hélas ! Mon Dieu ! qu’un prêtre est à plaindre quand il fait cela comme une chose ordinaire ! »18. Et il avait pris l’habitude, quand il célébrait, d’offrir toujours le sacrifice de sa propre vie : « Oh ! qu’un prêtre fait bien de s’offrir à Dieu en sacrifice tous les matins »19.

    Cette identification personnelle au sacrifice de la Croix le conduisait – d’un seul mouvement intérieur – de l’autel au confessionnal. Les prêtres ne devraient jamais se résigner à voir les confessionnaux désertés ni se contenter de constater la désaffection des fidèles pour ce sacrement. Au temps du Saint Curé, en France, la confession n’était pas plus facile ni plus fréquente que de nos jours, compte tenu du fait que la tourmente de la Révolution avait étouffé pendant longtemps la pratique religieuse. Mais il s’est efforcé, de toutes les manières : par la prédication, en cherchant à persuader par ses conseils, à faire redécouvrir à ses paroissiens le sens et la beauté de la Pénitence sacramentelle, en montrant comment elle est une exigence intime de la Présence eucharistique. Il sut ainsi donner vie à un cercle vertueux. Par ses longues permanences à l’église, devant le tabernacle, il fit en sorte que les fidèles commencent à l’imiter, s’y rendant pour rendre visite à Jésus, et qu’ils soient en même temps sûrs d’y trouver leur curé, disponible pour l’écoute et le pardon. Par la suite, la foule croissante des pénitents qui venaient de la France entière, le retint au confessionnal jusqu’à 16 heures par jour. On disait alors qu’Ars était devenu « le grand hôpital des âmes »20. « La grâce qu’il obtenait [pour la conversion des pécheurs] était si puissante qu’elle allait à leur recherche sans leur laisser un moment de répit » dit le premier biographe21. C’est bien ce que pensait le Saint Curé quand il disait : « Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon ; mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui »22. « Ce bon sauveur est si rempli d’amour pour nous qu’il nous cherche partout ! »23.

    Nous tous, prêtres, nous devrions réaliser que les paroles qu’il mettait dans la bouche du Christ nous concernent personnellement : « Je chargerai mes ministres de leur annoncer que je suis toujours prêt à les recevoir, que ma miséricorde est infinie »24. Du Saint Curé d’Ars, nous pouvons apprendre, nous prêtres, non seulement une inépuisable confiance dans le sacrement de la Pénitence au point de nous inciter à le remettre au centre de nos préoccupations pastorales, mais aussi une méthode pour le « dialogue de salut » qui doit s’établir en lui. Le Curé d’Ars avait une manière différente de se comporter avec les divers pénitents. Celui qui s’approchait de son confessionnal attiré par un besoin intime et humble du pardon de Dieu, trouvait en lui l’encouragement à se plonger dans « le torrent de la divine miséricorde » qui emporte tout dans son élan. Et si quelqu’un s’affligeait de sa faiblesse et de son inconstance, craignant les rechutes à venir, le Curé lui révélait le secret de Dieu par une expression d’une touchante beauté : « Le bon Dieu sait toutes choses. D’avance, il sait qu’après vous être confessé, vous pécherez de nouveau et cependant il vous pardonne. Quel amour que celui de notre Dieu qui va jusqu’à oublier volontairement l’avenir pour nous pardonner ! »25. A celui qui, à l’inverse, s’accusait avec tiédeur et de manière presque indifférente, il offrait, par ses larmes, la preuve de la souffrance et de la gravité que causait cette attitude « abominable » : « Je pleure de ce que vous ne pleurez pas »26, disait-il. « Encore, si le bon Dieu n’était si bon, mais il est si bon. Faut-il que l’homme soit barbare pour un si bon Père »27. Il faisait naître le repentir dans le cœur des tièdes, en les obligeant à voir, de leurs propres yeux et presque « incarnée » sur le visage du prêtre qui les confessait, la souffrance de Dieu devant les péchés. Par contre, si quelqu’un se présentait avec un désir déjà éveillé d’une vie spirituelle plus profonde et qu’il en était capable, il l’introduisait dans les profondeurs de l’amour, exposant l’indicible beauté que représente le fait de pouvoir vivre unis à Dieu et en sa présence : « Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu… Oh ! que c’est beau ! »28. A ceux-là, il enseignait à prier : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de vous aimer autant qu’il est possible que je vous aime »29.

    Le Curé d’Ars, en son temps, a su transformer le cœur et la vie de tant de personnes, parce qu’il a réussi à leur faire percevoir l’amour miséricordieux du Seigneur. Notre temps aussi a un besoin urgent d’une telle annonce et d’un tel témoignage de la vérité de l’Amour : Deus caritas est
    (1 Jn 4,8)
    . Par la Parole et les Sacrements de son Jésus, Jean-Marie Vianney savait édifier son peuple, même si, souvent, il tremblait devant son incapacité personnelle, au point de désirer plus d’une fois être délivré des responsabilités du ministère paroissial dont il se sentait indigne. Toutefois, avec une obéissance exemplaire, il demeura toujours à son poste, parce qu’il était dévoré de la passion apostolique pour le salut des âmes. Il s’efforçait d’adhérer totalement à sa vocation et à sa mission en pratiquant une ascèse sévère : « Ce qui est un grand malheur, pour nous autres curés – déplorait le saint –, c’est que l’âme s’engourdit »30 ; et il faisait ainsi allusion au danger que court le pasteur de s’habituer à l’état de péché ou d’indifférence dans lequel se trouvent tant de ses brebis. Il maîtrisait son corps par des veilles et des jeûnes, afin d’éviter qu’il n’oppose résistance à son âme sacerdotale. Et il n’hésitait pas à s’infliger des mortifications pour le bien des âmes qui lui étaient confiées et pour contribuer à l’expiation de tant de péchés entendus en confession. A un confrère prêtre, il expliquait : « Je vais vous dire ma recette. Je leur donne une petite pénitence et je fais le reste à leur place »31. Par-delà ces pénitences concrètes auxquelles le Curé d’Ars se livrait, le noyau central de son enseignement demeure toujours valable pour tous : Jésus verse son sang pour les âmes et le prêtre ne peut se consacrer à leur salut s’il refuse de participer personnellement à ce « prix élevé » de la rédemption.

    Dans le monde d’aujourd’hui, comme dans les temps difficiles du Curé d’Ars, il faut que les prêtres, dans leur vie et leur action, se distinguent par la force de leur témoignage évangélique. Paul VI faisait remarquer avec justesse : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins »32. Pour éviter que ne surgisse en nous un vide existentiel et que ne soit compromise l’efficacité de notre ministère, il faut que nous nous interrogions toujours de nouveau : « Sommes-nous vraiment imprégnés de la Parole de Dieu ? Est-elle vraiment la nourriture qui nous fait vivre, plus encore que le pain et les choses de ce monde ? La connaissons-nous vraiment ? L’aimons-nous ? Intérieurement, nous préoccupons-nous de cette parole au point qu’elle façonne réellement notre vie et informe notre pensée ? »33. Tout comme Jésus appela les Douze pour qu’ils demeurent avec lui
    (cf. Mc 3,14)
    et que, après seulement, il les envoya prêcher, de même, de nos jours, les prêtres sont appelés à assimiler ce « nouveau style de vie » qui a été inauguré par le Seigneur Jésus et qui est devenu précisément celui des Apôtres34.

    C’est cette même adhésion sans réserve au « nouveau style de vie » qui fut la marque de l’engagement du Curé d’Ars dans tout son ministère. Le Pape Jean XXIII, dans l’Encyclique Sacerdotii nostri primordia, publiée en 1959 à l’occasion du premier centenaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney, présentait sa physionomie ascétique sous le signe des « trois conseils évangéliques », qu’il jugeait nécessaires aussi pour les prêtres : « Si pour atteindre à cette sainteté de vie, la pratique des conseils évangéliques n’est pas imposée au prêtre en vertu de son état clérical, elle s’offre néanmoins à lui, comme à tous les disciples du Seigneur, comme la voie royale de la sanctification chrétienne »35. Le Curé d’Ars sut vivre les « conseils évangéliques » selon des modalités adaptées à sa condition de prêtre. Sa pauvreté, en effet, ne fut pas celle d’un religieux ou d’un moine, mais celle qui est demandée à un prêtre : tout en gérant de grosses sommes d’argent
    (puisque les pèlerins les plus riches ne manquaient pas de s’intéresser à ses œuvres de charité)
    , il savait que tout était donné pour son église, pour les pauvres, pour ses orphelins et pour les enfants de sa « Providence »36, et pour les familles les plus nécessiteuses. Donc, il « était riche pour donner aux autres, et bien pauvre pour lui-même »37. Il expliquait : « Mon secret est bien simple, c’est de tout donner et de ne rien garder »38. Quand il lui arrivait d’avoir les mains vides, content, il disait aux pauvres qui s’adressaient à lui : « Je suis pauvre comme vous ; je suis aujourd’hui l’un des vôtres »39. Ainsi, à la fin de sa vie, il put affirmer dans une totale sérénité : « Je n’ai plus rien, le bon Dieu peut m’appeler quand il voudra »40. Sa chasteté était aussi celle qui était demandée à un prêtre pour son ministère. On peut dire qu’il s’agissait de la chasteté nécessaire à celui qui doit habituellement toucher l’Eucharistie et qui habituellement la contemple avec toute l’ardeur du cœur et qui, avec la même ferveur, la donne à ses fidèles. On disait de lui que « la chasteté brillait dans son regard », et les fidèles s’en rendaient compte quand il se tournait vers le tabernacle avec le regard d’un amoureux41. De même, l’obéissance de saint Jean-Marie Vianney fut entièrement incarnée dans son adhésion à toutes les souffrances liées aux exigences quotidiennes du ministère. On sait combien il était tourmenté par la pensée de son incapacité pour le ministère paroissial et par son désir de fuir « pour pleurer dans la solitude sur sa pauvre vie »42. L’obéissance seule, et sa passion pour les âmes, réussissaient à le convaincre de rester à son poste. Il montrait à ses fidèles, comme à lui-même qu’il « n’y a pas deux bonnes manières de servir Notre Seigneur, il n’y en a qu’une, c’est de le servir comme il veut être servi »43. Il lui semblait que la règle d’or pour une vie d’obéissance fut celle-ci : « Ne faire que ce que l’on peut offrir au bon Dieu »44.

    Dans ce contexte d’une spiritualité nourrie par la pratique des conseils évangéliques, je tiens à adresser aux prêtres, en cette Année qui leur est consacrée, une invitation cordiale, celle de savoir accueillir le nouveau printemps que l’Esprit suscite de nos jours dans l'Église, en particulier grâce aux Mouvements ecclésiaux et aux nouvelles Communautés. « L’Esprit dans ses dons prend de multiples formes… Il souffle où il veut. Il le fait de manière inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu’on ne peut imaginer à l’avance… Il nous démontre également qu’il œuvre en vue de l’unique corps et dans l’unité de l’unique corps »45. Ce que dit à cet égard le Décret Presbyterorum ordinis est d’actualité : « Eprouvant les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, ils [les prêtres] chercheront à déceler, avec le sens de la foi, les charismes multiformes des laïcs, qu’ils soient humbles ou éminents, les reconnaîtront avec joie et les développeront avec un zèle empressé »46. Ces mêmes dons, qui poussent bien des personnes vers une vie spirituelle plus élevée, sont profitables non seulement pour les fidèles laïcs mais pour les ministres eux-mêmes. C’est de la communion entre ministres ordonnés et charismes que peut naître « un élan précieux pour un engagement renouvelé de l'Église au service de l’annonce et du témoignage de l’Évangile de l’espérance et de la charité partout à travers le monde »47. Je voudrais encore ajouter, dans la ligne de l’Exhortation apostolique
    Pastores Dabo Vobis du Pape Jean-Paul II, que le ministère ordonné a une « forme communautaire » radicale et qu’il ne peut être accompli que dans la communion des prêtres avec leur Évêque48. Il faut que cette communion des prêtres entre eux et avec leur Évêque, enracinée dans le sacrement de l’Ordre et manifestée par la concélébration eucharistique, se traduise dans les diverses formes concrètes d’une fraternité effective et affective49. Ainsi seulement, les prêtres pourront-ils vivre en plénitude le don du célibat et seront-ils capables de faire épanouir des communautés chrétiennes au sein desquelles se renouvellent les prodiges de la première prédication de l’Évangile.

    L’Année paulinienne qui arrive à sa fin nous invite à considérer encore la figure de l’Apôtre des Gentils dans laquelle brille à nos yeux un modèle splendide de prêtre complètement « donné » à son ministère. « L’amour du Christ nous presse – écrivait-il – à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts »
    (2 Co, 5, 14) et il ajoutait : « Il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15). Quel meilleur programme pourrait être proposé à un prêtre qui s’efforce de progresser sur le chemin de la perfection chrétienne ?

    Chers prêtres, la célébration du 150e anniversaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney
    (1859) vient immédiatement après les célébrations achevées il y a peu du 150e anniversaire des apparitions de Lourdes (1858)
    . Déjà en 1959, le bienheureux Pape Jean XXIII l’avait remarqué : « Peu avant que le Curé d’Ars n’achevât sa longue carrière pleine de mérites, [la Vierge Immaculée] était apparue dans une autre région de France à une enfant humble et pure pour lui communiquer un message de prière et de pénitence, dont on sait l’immense retentissement spirituel depuis un siècle. En vérité, l’existence du saint prêtre dont nous célébrons la mémoire, était à l’avance une vivante illustration des grandes vérités surnaturelles enseignées à la voyante de Massabielle ! Il avait lui-même pour l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge une très vive dévotion, lui qui, en 1836, avait consacré sa paroisse à Marie conçue sans péché et devait accueillir avec tant de foi et de joie la définition dogmatique de 1854 »50. Le Saint Curé rappelait toujours à ses fidèles que « Jésus-Christ, après nous avoir donné tout ce qu’il pouvait nous donner, veut encore nous faire héritiers de ce qu’il y a de plus précieux, c’est-à-dire sa Sainte Mère »51.

    Je confie cette Année sacerdotale à la Vierge Sainte, lui demandant de susciter dans l’âme de chaque prêtre un renouveau généreux de ces idéaux de donation totale au Christ et à l'Église qui ont inspiré la pensée et l’action du Saint Curé d’Ars. La fervente vie de prière et l’amour passionné de Jésus crucifié ont nourri le don quotidien et sans réserve de Jean-Marie Vianney à Dieu et à l'Église. Puisse son exemple susciter parmi les prêtres ce témoignage d’unité avec l’Évêque, entre eux et avec les laïcs, qui est si nécessaire aujourd’hui, comme en tout temps. Malgré le mal qui se trouve dans le monde, la parole du Christ à ses Apôtres au Cénacle résonne toujours avec la même force d’actualité : « Dans le monde, vous aurez à souffrir, mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde »
    (Jn 16, 33)
    . La foi dans le divin Maître nous donne la force de regarder l’avenir avec confiance. Chers prêtres, le Christ compte sur vous. A l’exemple du Saint Curé d’Ars, laissez-vous conquérir par Lui et vous serez vous aussi, dans le monde d’aujourd’hui, des messagers d’espérance, de réconciliation et de paix !

    Avec ma bénédiction.

    Du Vatican, le 16 juin 2009.

    BENEDICTUS PP. XVI

    [Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]

    Notes :

    1. C’est ainsi que l’a proclamé le Souverain Pontife Pie XI en 1929.
    2.« Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus »(in Le Curé d’Ars, Sa pensée, Son cœur. Présentés par l’Abbé Bernard Nodet, éd. Xavier Mappus, Foi Vivante, 1966, p. 98). Par la suite : Nodet. L’expression est citée aussi dans le Catéchisme de l'Église catholique, n. 1589.
    3.Nodet, p. 101.
    4.Ibid., p. 97.
    5.Ibid., pp. 98-99.
    6.Ibid., pp. 98-100.
    7.Ibid., p. 183.
    8.Alfred Monnin, Le Curé d’Ars.Vie de M. Jean-Baptiste Marie Vianney, I, Charles Douniol, 1868.
    9. Cf. Lumen Gentium, n. 10.
    10.Presbyterorum ordinis, n. 9.
    11.Ibid.
    12.« La contemplation est regard de foi, fixé sur Jésus. "Je L’avise et Il m’avise", disait au temps de son saint Curé le paysan d’Ars en prière devant le Tabernacle » (Catéchisme de l'Église catholique, n. 2715).
    13. Nodet, p. 85.
    14.Ibid., p. 114.
    15.Ibid., p. 119.
    16.Alfred Monnin, o.c..
    II.
    17.Nodet, p. 105.
    18.Ibid., p. 105.
    19.Ibid., p. 104.
    20.Alfred Monnin, o.c. , II.
    21.Ibid.
    22.Nodet, p. 128.
    23.Ibid., p. 50.
    24.Ibid., p. 131.
    25.Ibid., p. 130.
    26.Ibid., p. 27.
    27.Ibid., p. 139.
    28. Ibid., p. 28.
    29.Ibid., p. 77.
    30.Ibid., p. 102.
    31.Ibid., p. 189.
    32.
    Evangelii Nuntiandi, n . 41.
    33.Benoît XVI, Homélie de la Messe Chrismale, 9 avril 2009.
    34. Cf. Benoît XVI, Discours à l’Assemblée plénière de la Congrégation pour le Clergé, 16 mars 2009.
    35.Pars I.
    36. C’est le nom qu’il donna à la maison où il fit recueillir et éduquer plus de 60 petites filles abandonnées. Il était prêt à tout pour la maintenir : « J’ai fait tous les commerces imaginables », disait-il en souriant (Nodet, p. 214).
    37.Nodet, p. 216.
    38.Ibid., p. 215.
    39.Ibid., p. 216.
    40.Ibid., p. 214.
    41. Cf. Ibid., p. 112.
    42. Cf. Ibid., pp. 82-84 ; 102-103.
    43.Ibid., p. 75.
    44.Ibid., p. 76.
    45.Benoît XVI, Homélie de la Vigile de Pentecôte, 3 juin 2006.
    46. N. 9.
    47.Benoît XVI, Discours aux Évêques amis du Mouvement des Focolari et de la Communauté de Sant’Egidio, 8 février 2007.
    48. Cf. n. 17.
    49. Cf. Jean-Paul II, Exhort. Ap.Pastores Dabo Vobis, n. 74.
    50. Encycl. Sacerdotii nostri primordia, P III.
    51.Nodet, p. 244.

     

     

     

    Sources : www.vatican.va -  E.S.M.
    © Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana

    Souce: Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 18.06.09 -
    T/Benoît XVI

     




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  • (image sur Internet)


    Le défi de l’Eglise: utiliser le virtuel pour transmettre l’essentiel

    Une réflexion du père Federico Lombardi

    ROME, Lundi 25 mai 2009 (ZENIT.org) - A l'heure de Facebook et Twitter, le grand défi qui interpelle l'Eglise consiste à présenter le profond message de Jésus sans se laisser attirer par les aspects superficiels, souligne le porte-parole du Saint-Siège. 


    Dans sa réflexion, parue dans le dernier numéro d'Octava Dies, le bulletin d'information du Centre de télévision du Vatican qu'il dirige, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, s.j., part du « très beau message du pape pour la Journée mondiale des communications sociales de cette année » qui, dit-t-il, « touche un point stratégique et crucial dans la réalité du monde de la communication en rapide évolution » sur le thème : « Nouvelles technologies, nouvelles relations. Promouvoir une culture de respect, de dialogue, d'amitié ».  


    « Benoît XVI, ou dirais-je plutôt BXVI comme on l'appelle généralement dans ce monde particulier, s'adresse avant tout aux jeunes, à cette génération dite du ‘numérique', la défiant à vivre sa croissance et son engagement humain et spirituel dans cette dimension de communication caractérisée par l'emploi des nouvelles technologies et qui tient une si grande place dans leurs journées ».   

    « Car là aussi, la foi chrétienne doit être 'inculturée', doit être présente sous forme d'annonce et de style de vie, sous forme de relations ».


    « Mais cela n'est pas facile, ajoute le père Lombardi. Le risque de se limiter au jeu, de perdre du temps, de fuir la réalité et de ne pas pouvoir aller au-delà, est un risque qui existe ».

    « BXVI, quand il parle aux jeunes, par exemple aux Journées mondiales de la jeunesse, insiste à vouloir leur transmettre des contenus solides, consistants et articulés, qui exigent des efforts d'assimilation avant même d'être traduits dans la vie », poursuit-il. 


    « Donc: faire passer ce qui est essentiel à travers le virtuel est un beau défi. Nos jeunes y parviendront-ils? Réussirons-nous à les accompagner dans cette aventure? ».

     

    « Espérons que oui, souhaite le porte-parole du Saint-Siège. Mais ne nous laissons pas subjuguer par ces technologies et leur prodigieux succès, n'en soyons pas victimes. Il faut savoir continuer à creuser en profondeur dans ce solide terrain qu'est la relation vitale avec Dieu et avec les autres et sur lequel édifier une vraie culture du respect, du dialogue et de l'amitié ».

     

    Source: www.zenit.org


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  • Lettre Encyclique

    "Caritas in Veritate"

    "L'Amour dans la Vérité"

    Du Souverain Pontife le pape Benoît XVI
     

    Publication de la nouvelle Encyclique du Saint Père Benoît XVI : "Caritas in Veritate", "L'Amour dans la Vérité", prochainement.

    Selon http://eucharistiemisericor.free.fr/ l’Encyclique sera publié le 29 juin 2009

     

    OFS de Sherbrooke vous en informera dès sa sorti.

     


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  • Voilà un article, sujet de nous aider à mettre les "éléments" en perspective.


    Doctrine sociale de l'Eglise et vraie écologie - Réflexions de Benoît XVI

     

    Le  09 juin 2009  - (E.S.M.) - Dans l'Homélie de la Messe de la Pentecôte, le 31 mai dernier, Benoît XVI est revenu sur l'argument, en reliant l'écologie ambiante à l'écologie spirituelle. benoit-et-moi

    Doctrine sociale de l'Eglise et vraie écologie - Réflexions de Benoît XVI


    Réflexion du Secrétaire du Conseil Pontifical de la Justice et de la Paix sur l'homélie de la Pentecôte


    Le 09 juin 2009  -
    Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Toute coïncidence avec les récents épisodes de politique européenne et le vote effarant de certains français qui mélangent l'écologie et la pire version de l'hédonisme-nihilisme-libertarisme (tous n'ont pas été trompés, il serait naïf de le croire, d'autant plus que le "porte-drapeau" ne juge même pas utile de faire semblant... et qu'il a fait ses scores les plus élevés à Paris!) n'est absolument pas fortuite.

    Il est bon, donc, de répéter ce que l'Eglise entend par "écologie". Cela a peu à voir avec les délires des ayatollahs verts
    (pas le vert de l'islam) qu'on a entendus ces jours-ci, et qui perdurent jusque dans certains milieux catholiques..

    Mgr Giampaolo Crepaldi, Secrétaire du Conseil Pontifical de la Justice et de la Paix et Président de l'Observatoire international Cardinal Van Thuân, analyse l'
    homélie prononcée par le pape Benoît XVI à la Messe de Pentecôte .

    Écologie environnementale et écologie spirituelle

    Benoît XVI à la Messe de Pentecôte

    Dans l'homélie de la Messe de Pentecôte, Benoît XVI a aussi proposé des réflexions très intéressantes du point de vue de la Doctrine sociale de l'Église.

    Comme nous le savons, l'écologie environnementale a toujours été intégrée par le magistère dans l'écologie humaine. Le texte principal à ce propos est le paragraphe de
    Centesimus Annus, où Jean Paul II affirme justement que l'homme n'a pas seulement besoin d'un environnement naturel salubre, mais encore plus besoin d'un environnement humain sain, où il puisse croître dans les vertus et dans l'ouverture à Dieu.

    Et il indiquait la famille comme la principale réalité au service d'une véritable écologie humaine. Depuis lors, il est devenu habituel dans la Doctrine sociale de l'Église de relier systématiquement la dégradation du milieu avec la dégradation morale, étant donné que la défiguration de la nature est toujours la conséquence de déchirures dans le tissu humain de la société. Il s'agit d'un critère herméneutique très important, quand souvent, au contraire, on propose d'intervenir techniquement sur la nature pour éviter les désastres écologiques et en même temps d'intervenir sur la vie ou sur la famille.

    C'est la schizophrénie de l'écologisme, qui s'emploie à sauver les phoques et pas les enfants conçus dans le sein maternel. La nature n'est pas à considérer seulement comme le théâtre de nos interventions techniques - ce ne sera jamais la seule technique qui pourra nous sauver de la dégradation écologique - mais comme moyen d'humanisation et quand les hommes défigurent les fondements naturels de leur cohabitation, ils finissent par blesser aussi l'environnement. L'homme aussi a une nature, la communauté humaine aussi a des liens naturels, à commencer par ceux liés au mariage et à la génération de la vie. La dégradation de l'environnement naturel est toujours conséquence de la dégradation de l'environnement humain
    [cf à ce sujet le livre de G. Crepaldi et P. Togni, Ecologia ambientale ed ecologia umana Politique de l'environnement et Doctrine sociale de l'Église].

    Aujourd'hui, dans l'Homélie de la Messe de la Pentecôte, le 31 mai dernier, Benoît XVI est revenu sur l'argument, en reliant l'écologie ambiante à l'écologie spirituelle. Il parlait de la tempête et du vent, comme symbole de l'Esprit Saint. Ce que l'air est pour la vie biologique - a t'il dit - l'Esprit Saint l'est pour la vie spirituelle et « comme il existe une pollution atmosphérique qui empoisonne le milieu et l'être vivant, ainsi il existe une pollution du cœur et de l'esprit, qui mortifie et empoisonne l'existence spirituelle ».

    On dit que cela aussi est liberté, mais tout ce qui intoxique et pollue l'esprit finit aussi par limiter la liberté. Voilà le rapport entre écologie spirituelle, écologie humaine et écologie ambiante. Sans le « vent impétueux » de l'Esprit, les esprits humains s'intoxiquent et ainsi la liberté de l'homme, même pour gérer la nature, s'affaiblit. Gouverner la nature est un devoir spirituel et moral, avant d'être technicien et matériel, et comment pourra la gouverner un homme qui ne sait pas se gouverner lui-même ? « La métaphore du vent impétueux - poursuit le pape - fait penser au contraire combien il est précieux de respirer un air purifié, que ce soit avec les poumons, l'air physique, ou avec le cœur, l'air spirituel, l'air salubre de l'esprit qui est l'amour ! ».

    Par cette intervention sur l'Esprit Saint, Benoît XVI a comme fermé le cercle de l'écologie : l'écologie environnementale dépend de l'écologie humaine, mais l'écologie humaine dépend de l'écologie spirituelle

     

    Sources : benoit-et-moi

    Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
    Source : Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 09.06.09 -
    T/Brèves

     


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