•   Vraiment, il est ressuscité ?

    D-L-f-Soleil levant NZ(2)Le tombeau vide : Jean 20, 1-9
    Autres lectures : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117(118); Colossiens 3, 1-4 ou 1 Corinthiens 5, 6b-8

    Lapins, chocolats et œufs

    Que célébrons-nous à Pâques ? À regarder les images de la culture populaire, cette fête est centrée sur les lapins, le chocolat et les œufs. Pourtant, l’essentiel est ailleurs. Pâques célèbre la résurrection de Jésus, le cœur de la foi chrétienne. Comme le dit Paul dans sa lettre aux Corinthiens : Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi.  (1 Co 15,14)

         Est-ce que Jésus est ressuscité ? La question est fondamentale et la réponse à cette question détermine si nous sommes chrétiens ou non. La meilleure façon de se pencher sur le sujet est de retourner aux textes bibliques pour voir comment cette résurrection est présentée.

         Chacun des quatre évangiles raconte l’histoire du matin de Pâques d’une façon personnelle. L’évangile de Jean met en scène trois personnages principaux : Marie de Magdala, Simon-Pierre et l’autre disciple (celui que Jésus aimait). Il est marqué par la hâte des personnages qui se déplacent toujours en courant. La première à constater que la pierre a été enlevée du tombeau est Marie de Magdala à l’aurore, à l’heure où la lumière commence à prendre la place de la noirceur. À ce moment du récit, on voudrait bien en savoir plus, mais la réaction de Marie est de courir pour rejoindre les deux disciples. À l’écoute de cette nouvelle, ils commencent une course vers le tombeau. On a hâte d’en savoir plus. Vite, au tombeau!

    Le tombeau vide !?!

         À l’entrée des deux disciples, la tension augmente. Que voient-ils dans le tombeau ? En fait, l’important est plutôt ce qu’ils ne voient pas. Il n’y a que des bandelettes et un linge roulé, mais le corps de Jésus est absent. Le texte indique que l’autre disciple vit cela et il crut. Comment est-il parvenu à cette conclusion ? À quoi est-ce qu’il croit au juste ? Le narrateur nous donne alors une piste de réponse en affirmant qu’avant ce moment, il n’avait pas compris l’Écriture selon laquelle Jésus devait se relever d’entre les morts. En effet, plusieurs passages des évangiles montrent que l’événement de la mort/résurrection de Jésus a surpris les disciples qui ne s’attendaient pas du tout à cela. L’élément déclencheur qui a mené à cette compréhension : la vue du tombeau vide et des linges pliés avec soin indiquant que le corps de Jésus n’a pas été volé ou déplacé.

         Au-delà de ce récit où la compréhension semble instantanée pour un des deux disciples, le narrateur note que le recours aux Écritures semble avoir été fondamental pour interpréter l’absence du corps de Jésus. Le texte ne dit pas à quelles Écritures on fait référence, mais les premiers chrétiens vont relire les textes d’Isaïe, des psaumes, des Maccabées, de Daniel, de Jonas… pour comprendre que Jésus est ressuscité.

    Qui est l’autre disciple ?

         Le premier à croire au Ressuscité n’est pas nommé. Il s’agit de l’autre disciple, celui que Jésus aimait. Si on poursuit la lecture de l’évangile, on voit que c’est le témoignage de ce disciple qui est à la base de ce qu’on va appeler l’évangile selon Jean. Le nom de Jean est attribué au 4e évangile vers la fin du 2e siècle, mais il ne se retrouve pas dans le texte. On va alors dire que le disciple bien-aimé se nommait Jean. Mais, il s’agit d’une hypothèse puisque ce texte n’est pas signé et reste anonyme. En fait, l’anonymat de l’autre disciple est peut-être un excellent moyen pour que les lecteurs de l’évangile puissent s’identifier à lui.

         Nous sommes l’autre disciple ! En effet, l’objectif de cet évangile est de faire vivre aux lecteurs le parcours de ce disciple qui a suivi Jésus tout au long de ses activités publiques. Comme ce disciple, on le suit depuis sa rencontre avec Jean Baptiste jusqu’à sa mort. Et maintenant, avec ce tombeau vide, la lecture du texte nous pose une question : va-t-on réagir de la même manière que l’autre disciple et croire à partir de la description de ce qu’il a vu ? La lecture de cet évangile nous amène à nous identifier au disciple bien-aimé qui croit à la suite de la vision du tombeau vide.

    Passer du voir au croire

         Après avoir dit que l’autre disciple vit et cru, le narrateur fait une parenthèse très importante sur le rôle des Écritures pour comprendre que Jésus s’est relevé d’entre les morts. La lecture de cette note nous invite nous aussi à relire les Écritures pour comprendre comment elles peuvent nous aider à comprendre la mort de Jésus, l’absence de son corps et son nouveau mode de présence dans la communauté chrétienne.

    Pourquoi êtes-vous chrétien ?

         Si je suis chrétien, c’est que j’ai reçu une éducation chrétienne de la part de mes parents et de mes professeurs. Puis, à la fin de mon adolescence, j’ai fait un choix personnel en décidant que oui, je croyais que Jésus est ressuscité et que ce choix allait changer ma façon de vivre et de comprendre la vie. Le message que j’ai reçu de mes parents, eux-mêmes l’ont reçu de leurs parents et ainsi de suite. En fait, si on remonte le fil du temps, notre foi prend racine dans le témoignage des disciples de Jésus qui vont transmettre leur conviction qui sera ensuite partagée de génération à génération. Donc pour savoir si le Christ est vraiment ressuscité, le mieux est de relire les témoignages qu’ils nous ont laissés dans le Nouveau Testament. On peut même poursuivre notre recherche et faire comme eux en relisant les textes de l’Ancien Testament qui les ont inspirés dans leurs recherches pour comprendre qui était Jésus. Après ce travail de relecture, vous pourrez mieux comprendre pourquoi les disciples ont affirmé que Jésus est ressuscité et ce que cela veut dire. Puis, vous pourrez faire de votre foi (ou non-foi) un choix personnel.

     

    Pour aller plus loin....

    Connaissez-vous la différence entre « pâque » et Pâques » ? Au singulier, on parle de la fête juive, alors qu'au pluriel, avec une majuscule, il s'agit de la fête chrétienne.

    La pâque juive commémore la sortie d'Égypte. Le rituel de la pâque aurait été au départ une célébration de pasteurs nomades qui sacrifiaient une bête au printemps pour prier pour la fécondité et la protection du troupeau. Ce rituel aurait pris un nouveau sens en le reliant à la sortie d'Égypte où une bête était sacrifiée pour marquer les maisons des Israélites avec son sang pour qu'ils soient épargnés de la dernière des dix plaies, soit la mort des premiers-nés tant des humains que des animaux.

     

    Sébastien Doane, bibliste

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2353. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    Source www.interbible.org

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  • La foi et la rencontre du Christ (7/12)

    Nicodème et la foi en quête d’intelligence
    (Jean 3, 1-10)

    On remarquera l’honnêteté et le respect de la démarche de Nicodème, un pharisien influent de la communauté juive (Jn 7, 50). Contrairement à tous ces scribes et pharisiens malveillants qui cherchent toujours à piéger Jésus dans son interprétation de la Loi, Nicodème vient discuter avec Jésus comme avec un collègue. Il vient de nuit, peut-être pour passer inaperçu, mais surtout parce que c’est un temps favorable à l’étude de la Loi et à la méditation du mystère de Dieu. Mais, encore plus important, il faut tenir compte de l’univers symbolique de Jean : la nuit est associée à la non foi en Jésus, Christ et Fils de Dieu, ou à tout le moins à une méconnaissance de son identité. À l’opposé de Nicodème, c’est en pleine lumière de midi que la Samaritaine accède à la foi.

    1 Il y avait un homme nommé Nicodème ; c’était un notable parmi les Juifs.   2 Il vint trouver Jésus pendant la nuit.
    Il lui dit : “ Rabbi, nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu comme un maître qui enseigne, car personne ne peut accomplir les signes que toi, tu accomplis si Dieu n’est pas avec lui. ”


    3Jésus lui répondit : “ Amen, amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. ” 4 Nicodème lui répliqua : “ Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? ”


    5 Jésus répondit : “ Amen, amen, je te le dis : à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, on ne peut entrer dans le royaume de Dieu. 6 Ce qui est né de la chair est chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. 7 Ne sois pas étonné si je t’ai dit: il vous faut naître d’en haut. 8 Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme né du souffle de l’Esprit. ”


    9 Nicodème reprit : “ Comment cela peut-il se faire ? ” 
    10 Jésus lui répondit : “Tu es le maître qui enseigne Israël, et tu ne connais pas cela ?

         L’échange se déroule sur un fond de malentendu, un procédé littéraire cher à Jean. Dans notre cas, l’évangéliste joue avec les deux sens courants de la préposition grecque ‘anôthen : d’en haut et à nouveau. Le malentendu n’est pas un simple jeu d’esprit. Il a un rôle pédagogique qui permet à l’être humain de s’impliquer avec ses questions dans la recherche de l’identité de Jésus, et à Jésus de lui révéler le don de Dieu. Le malentendu devient alors une démarche théologique astucieuse qui ouvre à l’homme la porte de la foi et lui permet d’accueillir le don de Dieu. 


         Dans notre passage, Nicodème comprend le « naître d’en haut » comme un « naître à nouveau » physique. Son incompréhension permet à Jésus de préciser dans quel sens le « naître d’en haut » est un véritable « naître à nouveau » : il s’agit du sens surnaturel de « naître de l’eau et de l’Esprit ». On rejoint ici le prologue de l’évangile de Jean qui affirme que à ceux qui ont l’ont reçu (le Verbe de Dieu), à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12). La mention de l’eau et de l’Esprit fait référence au baptême. La triple immersion dans l’eau fait participer à la mort et résurrection du Christ. L’Esprit créateur et sanctificateur, est source de vie et fait naître à la vie d’enfant de Dieu.


         La connaissance des contenus de la foi est importante. La démarche de Nicodème se situe à ce niveau d’intelligence de la foi. Il cherche à mieux comprendre l’enseignement de Jésus et son lien avec la révélation accomplie par le Dieu de la première alliance : y a-t-il rupture, continuité, dépassement entre les deux? Jésus respecte le désir de savoir de Nicodème, mais il l’invite à se laisser conduire par l’Esprit jusqu’au cœur de Dieu qui est Amour, là où Jésus lui-même est établi à demeure (cf. Jean 1, 18). Au terme de leur conversation, la porte reste ouverte sur un chemin qui pourrait conduire Nicodème à confier sa vie à Jésus, la Parole de Dieu faite chair, comme il met déjà sa foi au Dieu de ses pères.

    1. La recherche du contact avec Jésus : vv. 1-2a.
    2. Le dialogue : vv. 2a-10
    3. La foi en quête de reconnaissance  : v. 10

     

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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  • Ecopape ?

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    mars 26, 2013 | Poster un commentaire

     

    Le conclave 2013 aura fourni son lot de suspens. Une des questions intéressante fut de savoir s’il y avait dans le lot des papabiles un candidat « ecofriendly »… Le site Eco Catholic a mené l’enquête : le ghanéen Turkson ? Il a souvent plaidé pour la défense des pauvres dans les zones minières. L’italien Scola ? Il avait déclaré que la « voie pour une convergence urgente et collaborative entre l’écologie et la théologie est de poursuivre la logique de la Création avec amour. » Le philippin Tagle ? On le voit souvent se déplacer en vélo ou en transports en commun. Et le cardinal Maradiaga ? Il mène la course loin devant comme président de Caritas Internationalis, évoquant le changement climatique comme un « sujet qui engage la foi chrétienne » et poussant à la régulation des émissions de CO2.

     

    On a vu qu’au final, ce fut un candidat inattendu qui fut désigné. Il semble que ses premières déclarations, alliant fortement le respect de l’humain au respect de sa terre pourrait bien constituer un pas de plus dans la mobilisation écologique d’une Eglise catholique qui, pour l’heure dans bien des lieux en est restée, comme le dit le Fr Sean McDonagh (NCR) a une démarche un peu « vert pâle ».

     

    D’après un article de Brian Roewe, dans Eco Catholic du 12 mars 2013 DL

    Source http://ecologyandchurches.wordpress.com

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  •   Chers bienfaiteurs,

     

    Une délégation de l’Aide à l’Église en Détresse s’est rendue auprès de réfugiés dans la plaine de la Bekaa, à proximité de la frontière syrienne et de Beyrouth, la capitale  libanaise. Ils ont pu y observer combien la guerre en Syrie traumatise tout le monde. Aussi, ils sont innombrables à fuir leur patrie et parmi eux, plusieurs à échouer au Liban.

     

    manif-Syrie.jpgFidèle à son slogan Prier Informer Agir, AED Canada, tout comme elle l‘a fait pour le Congo pendant la dernière période des Fêtes, vous propose une neuvaine, consacrée cette fois à la Syrie.

     

    C’est ainsi qu‘à compter de demain, et ce jusqu’au samedi 6 avril inclusivement, nous vous invitons à suivre les journalistes de l’AED, sur notre page Facebook, vous conter la terrible situation que vivent les Syriens. Ils ont écrit pour vous des histoires touchantes, des articles éclairants et des communiqués de presse; ils ont même réalisé des entrevues exclusives qui vous révéleront à quel point cette guerre affecte la population au plus profond de leur être.

     

     

    Facebook logoSuivez-nous en ‘cliquant’ ce lien pour vous diriger vers notre page Facebook :

     

    C’est avec un article intitulé Comme une roulette russe que nous commencerons cette neuvaine. En voici d’ailleurs un extrait: 

     

    « Puis soudainement, comme ça, sans s’annoncer, un obus tombe du ciel et lui arrache la vie. Camil s’effondre et son corps, comme une vulgaire poche qu’on aurait lancée sur le trottoir, s‘écrase. »

     

     

    Certain que le besoin de l’homme est l’occasion de Dieu, AED Canada a le cœur gonflé d’espoir en pensant aux répercussions de cette action auprès de la population syrienne. « La foi sans les œuvres est une foi morte. »

     

    Avec chacun des textes présentés, nous annexerons la prière de Saint-François-d’Assise que nous vous invitons à réciter en pensant à la population syrienne qui a bien besoin de notre compassion, car, croyons-nous,

     

     

    « C’est en mourant qu’on ressuscite à la vie  éternelle. »

     

    Robert Lalonde

    Source www.acn-aed-ca.org

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  • Les dimensions et directions de la Foi.

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    Dans certains lieux ou milieux d’église, on entend de plus en plus évoquer la "dimension sociale" de la foi chrétienne. Si j’emploie ici des guillemets, ce n’est pas seulement pour signaler une expression devenue assez usuelle. C’est aussi pour alerter d’emblée sur sa possible ambiguïté. Les uns y voient en effet le signe d’une dérive gravement séculariste et sécularisante de la foi et de la vie chrétiennes. D’autres, au contraire, s’en servent pour mettre en valeur des implications (plus ou moins directes) et donc des tâches (plus ou moins précises) sans lesquelles, estiment-ils, la foi, non seulement perdrait beaucoup de son impact et de son rayonnement dans le monde, mais manquerait à certaines de ses obligations les plus propres et, à la limite même, se dénaturerait.

     

    Pour tâcher d’y voir plus clair, le mieux est encore de progresser pas à pas.

    1. La foi est personnelle

    Commençons par une évidence : la foi est bien sûr, et incontestablement, affaire personnelle. Elle relève en effet d’un choix, d’une décision, d’une adhésion. "Je crois en toi ", c’est comme "Je t’aime" : c’est moi qui parle, et non pas un autre ; et je m’engage moi même dans ce que je dis ! La foi naît, vit et croît de la décision, toujours personnelle, et toujours à renouveler personnellement, d’en vivre et de la faire vivre.

    Par ailleurs, il n’est pas question de le nier : la foi va à Dieu ! Elle est reconnaissance et confession du Dieu vivant et vrai, qui est Père, Fils et Saint-Esprit. Si la foi est personnelle, elle l’est comme théologale.

    2. La foi est communautaire

    Il faut pourtant apporter immédiatement une précision essentielle : la foi la plus personnelle et la plus théologale n’existe jamais sans référence à d’autres croyants ; elle se déploie nécessairement dans un "espace" communautaire. Si déjà elle ne naît évidemment pas de nous-mêmes, elle ne nous vient pas non plus tout verticalement, dans un rapport seul à seul avec Dieu : nous la recevons toujours par d’autres. Et en suite, une fois effectivement reçue, elle ne s’entretient et ne se développe que par et dans une communauté.

    Bref, en chacun de nos coeurs, la foi est toujours aussi la foi d’un "peuple". Elle a d’elle-même un aspect de rencontre et de partage : de vie par, avec et pour d’autres.

    3. La foi est ecclésiale

    Mais les croyants que sont les chrétiens ne s’en rapportent pas à d’autres seulement pour ce qui concerne la naissance et la croissance de leur foi personnelle propre. Ils se rassemblent en fait, en réponse à l’appel de Dieu et par le don de l’Esprit, pour constituer ensemble le Corps du Christ. Ils reçoivent d’ailleurs par là même la mission de témoigner que le plan de Dieu ne se limite pas à sauver des individus, fût-ce même une multitude d’individus. Il vise à rassembler un peuple de sauvés et de vivants, de bienheureux et de saints. Autrement dit : pour la foi chrétienne, le renvoi à d’autres n’est pas seulement condition de naissance, d’entretien et de croissance, mais bel et bien aussi, forme d’existence. Si personnelle qu’elle soit et doive toujours demeurer, la foi n’est donc pas seulement communautaire, mais bel et bien ecclésiale.

    Cette ecclésialité de la foi peut d’ailleurs, soulignons-le, prendre bien des figures concrètes : paroisse, mouvement, communauté de vie, congrégation religieuse, etc. Une relativement large diversité est ici effectivement vérifiée. Elle est le signe d’une grande richesse et d’une vraie souplesse, que nous pouvons et devons tenir pour révélatrices de la liberté des enfants de Dieu dans la communion de l’église.

    4. La foi est caritative

    Il faut accomplir un pas de plus : cette église, qui est donc la condition et la forme même de la vie de la foi, n’est cependant pas destinée à vivre seulement pour elle-même, centrée sur elle seule. Elle est appelée dans le monde pour être envoyée dans le monde. Envoyée dans le monde pour y vivre et le faire vivre, certes, dans le respect de ce qu’il est... mais aussi pour lui témoigner de ce que croit la foi, à savoir qu’il existe un Dieu vivant. qui aime le monde et veut le sauver.

    Or il n’y a aucune chance sérieuse d’amener le monde à croire en un Dieu qui l’aime, si on ne le lui montre pas, par, et dans des comportements d’amour. Des comportements qui, de nouveau, ne sont pas seulement le fait d’individus, mais relèvent au contraire, autant que possible du moins, de véritables services organisés.

    Ici est évidemment à mentionner tout le champ de l’activité caritative des chrétiens. Il faut rappeler que l’action de charité, à la fois entreprise organisée et solidarité vécue, n’est pas seulement condition pour l’annonce de la foi, ni seulement conséquence de la vie de la foi. Elle est, au contraire, tout ensemble expression et critère nécessaires de la foi authentiquement chrétienne. C’est assez clairement déclaré par le Nouveau Testament : nul ne peut prétendre aimer- "dans la foi" - Dieu qu’il ne voit pas, s’il n’aime pas - "en actes et en vérité" - son frère qu’il voit. En ce sens il n’est pas douteux qu’à côté de l’annonce de la parole de la foi (la prophetia) et de la célébration des sacrements de la foi (la leitourgia), il faut tenir le service de la charité au nom de la foi (la diaconia) pour un véritable ministère de l’église : le troisième.

    5. La foi est sociale

    Même s’il s’avère assurément de plus en plus nécessaire, le service caritatif dont nous venons de parler ne suffit pourtant pas à l’incarnation de la foi dans le monde.

    Il est de plus en plus nécessaire, parce qu’il y a toujours des laissés pour compte, et en nombre croissant, dans notre société. Les pouvoirs publics, malgré tout ce qu’ils peuvent entreprendre et réaliser, non seulement ne parviennent pas à répondre à tous les besoins, mais restent terriblement démunis devant les plus criants d’entre eux. Quoi d’étonnant, dès lors, si tant de chrétiens voient tantôt dans le Secours Catholique ou le CCFD, tantôt dans l’ACAT ou Aide à toute Détresse, par exemple, des champs privilégiés de leurs engagements ?

    Pourtant le caritatif est insuffisant. D’abord et avant tout parce que, si nécessaire qu’il soit et reste assurément, il risque toujours de ne venir qu’en appoint par rapport à l’ensemble de l’organisation sociale dont il compense néanmoins opportunément tant de déficits. Cela étant, les croyants doivent aller plus loin : à cette organisation sociale, ils sont requis d’apporter eux aussi, d’une manière ou de l’autre, leur concours. Cela, dans la mesure où c’est précisément à elle qu’incombent en priorité la responsabilité et la tâche de pourvoir aux nécessités du corps social, à commencer par les plus graves.

    Pour le coup apparaît bel et bien, dans la foi, une dimension sociale au sens strict, immédiat et usuel du mot : engagement dans la société civile et séculière, selon la diversité des professions, des organisations, des associations ou des institutions qu’elle comporte. Ainsi est-ce aussi en prenant leur place dans les services mêmes dont la société se dote elle-même, et non pas seulement en organisant des types de prestations sociales qui leur sont propres, que les croyants sont appelés à faire la preuve que le Dieu de leur foi aime le monde.

    Toujours assurément personnelle, la foi n’est donc pas sociale seulement au sens communautaire, ecclésial et caritatif. Elle l’est bel et bien aussi au sens où ceux qui la professent se veulent et sont de fait engagés et actifs (au nom de leur foi, même s’ils ne sont alors pas toujours en situation de la déclarer expressément) dans l’organisation et les institutions de la société comme telle : quartiers et municipalités ; industrie ou administration ; associations, mouvements et syndicats ; champ économique et politique ; etc.

    6. La foi est missionnaire

    Ce qui vient d’être indiqué n’épuise encore pas le rapport de la foi au monde ! Les besoins des hommes et des femmes, qu’ils soient enfants, jeunes, adultes ou d’âge avancé, ne sont en effet pas seulement d’ordre matériel, socio-économique ou socio-psychologique. Ils sont aussi, et l’on s’en rend compte de plus en plus semble-t-il, d’ordre spirituel. On peut même formuler plus nettement la chose : tout compte fait, il faut bien reconnaître que, parmi les besoins "sociaux" de notre époque comme de toutes les autres époques, il en est un qui est d’ordre spirituel. Or lui aussi mérite bien évi demment d’être pris en compte dans sa spécificité.

    On doit dès lors considérer que ceux qui s’attachent à répondre autant que possible à cette catégorie tout à fait particulière, et proprement capitale, de besoins humains, font eux aussi, à leur propre titre, oeuvre sociale ! En ce sens, il ne faut pas craindre de dire que la foi et l’église, lorsqu’elles accomplissent correctement leur mission spirituelle, contribuent en fait réellement et efficacement à la vie de la société séculière.

    Cela n’est-il pas évident, par exemple, avec les visiteurs de prisons et les accompagnateurs de malades ? Et comment nier que dans le strict accomplissement de leur ministère sacerdotal, nombre de prêtres ont aidé bien des couples mariés à faire mieux que survivre, bien des jeunes à trouver le chemin de l’engagement, bien des êtres tourmentés à retrouver la paix du coeur ? Qui ne voit, enfin, que enseignement religieux et catéchèse sont parfaitement susceptibles d’aider tant d’êtres qui cherchent des valeurs ou des repères dans la vie, à en découvrir en effet, et à s’y attacher ?

    Ici encore, la foi déploie une dimension qu’on peut dire elle aussi "sociale", puisqu’elle déborde individus et personnes, pour concerner le champ commun de leur existence en société. Très évidemment, cette dimension de la foi contribue à en étendre le rayonnement propre, et du même coup à élargir le cercle de ceux qui la professent. En ce sens, on doit la dire, cette foi, proprement missionnaire ou apostolique, et préoccupée donc de sa propre extension dans la société, - ce qui ne veut aucunement dire de soi qu’elle soit ou doive se vouloir prosélyte, cléricale ou triomphaliste !

    7. La foi est ministérielle

    Il y a un dernier aspect de la "socialité" de la foi. Pour qu’elle accomplisse sa mission et, plus exactement encore, I’ensemble des missions qui viennent de lui être reconnues, il faut que la foi vive, et donc qu’elle puisse exister comme telle dans la durée. Cela suppose qu’elle ait les moyens de s’organiser dans son existence propre et dans son fonctionnement spécifique, au sein même de la société. Cela requiert donc qu’elle se donne et prenne des formes instituées qui lui permettront de faire exister, d’articuler et de structurer les uns par rapport aux autres, services appropriés, tâches spécialisées, responsabilités coordonnées, etc.

    Autrement dit, la foi et la vie de la foi ne sont pas concevables en dehors de ce qu’elles appellent une ministérialité. Nouvelle et tout à fait spécifique dimension "sociale " de la foi, à laquelle en un certain sens toutes les autres se rapportent, mais qui ne prend aussi sa pleine signification qu’en fonction d’elles toutes

    Il faudra en reparler une autre fois !

    Bruno LEROY.

    Source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com

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  • Une reprise pour ce Pâques

     

    Vidéo Gethsemani chanté par John Littleton


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    Sourcehttp://www.ktotv.com

    REGARD BIBLIQUE
    La trahison

      Durée 3:18 mn

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  • La foi et la rencontre du Christ (6/12)

    La foi audacieuse et tenace de la Cananéenne
    (Matthieu 15, 21-28)

    Cannaneene.jpg Il est peu fréquent que Jésus se déplace en territoire étranger. S’il lui arrive de sortir de la Galilée, c’est pour de brèves incursions dans des régions limitrophes comme en Décapole (un territoire regroupant dix villes situé à l’est/sud-est du lac de Tibériade), ou à Tyr et Sidon sur la côte méditerranéenne.

    21 Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. 22 Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »
    23 Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »   24 Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
    25 Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! »26 Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » 27 Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »
    28 Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »  Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.

         La ville de Tyr est une plaque tournante du commerce international qu’elle entretient tant par voie maritime que terrestre (Ézéchiel 27, 12-27). Les prophètes reprochent souvent à Tyr son opulence et son orgueil (Isaïe 23, 8-14; Ézéchiel 26, 2-21). Malgré cela les habitants de Tyr figurent parmi les étrangers qui viennent voir Jésus. D’ailleurs Jésus mentionne que Tyr et Sidon auraient pu se convertir à l’écoute de sa parole (Luc 10, 13-14). Quand Paul fait escale à Tyr lors de son ultime voyage vers Jérusalem, il y trouve une communauté chrétienne nombreuse (Actes 21, 3-6). C’est donc dans cette ville que notre passage situe la rencontre de Jésus avec une femme qui à force d’insistance réussit à le convaincre de guérir sa fille.


         Matthieu présente cette femme comme une Cananéenne, une appellation ancienne à connotation religieuse. « Les Phéniciens s’appelaient eux-mêmes Cananéens; le nom de Canaan désigne, au cours de l’histoire, diverses contrées mal délimitées : la terre promise occupée par les anciens Israélites, les tribus autochtones en Israël, la Phénicie au temps de Jésus » (TOB, note m de Mt 15, 22). Dans le passage parallèle de Marc 7, 24-30, elle est plutôt désignée selon le nom de la province romaine de Syro-Phénicie. Alors que Marc ne fait aucune mention de sa foi, Matthieu note que Jésus admire la foi de cette païenne qui s’ouvre à la nouveauté de l’évangile.


         Comme dans le cas de l’aveugle de Jéricho, la Cananéenne interpelle Jésus en usant d’un titre messianique, ce qui accentue d’une part leur différence ethnique et d’autre part le caractère exclusif de la mission de Jésus en faveur des brebis perdues de la maison d’Israël. Mais la païenne n’entend pas être exclue aussi facilement de la faveur divine. Elle revient à la charge avec les signes d’une foi exemplaire : elle se prosterne devant Jésus (comme les mages devant l’enfant Dieu et les apôtres devant le Ressuscité) et elle l’invoque comme Seigneur. Mais elle tourne surtout à son avantage la raison avancée par Jésus pour refuser son aide. On désignait les païens par le sobriquet de «chiens». Il était interdit en effet aux juifs (=les petits enfants) de faire table commune (=manger le pain) avec des étrangers (=les petits chiens). Animée par une foi audacieuse et tenace, la Cananéenne fait céder Jésus en lui montrant qu’elle voit en lui la générosité de Dieu qui ne saurait ni se limiter à Israël ni s’épuiser à force de se répandre. La Cananéenne est déjà prête à faire son festin messianique des miettes qui tombent de la table de son maître. Jésus ne peut faire autrement que de reconnaître une foi de cette trempe et répondre favorablement à la supplication de la Cananéenne.

    1. La recherche du contact avec Jésus : vv. 21-22
    2. Le dialogue : vv. 25-27
    3. La reconnaissance de la foi : v. 28

     

    Yves Guillemette, ptre

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2352. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    Source www.interbible.org

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  • O croix dressées sur le monde christ croix

    O croix de Jésus-Christ !

     

    « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. »(Mathieu 16,24) Quelle est cette  étrange parole seigneur ? Quelle me semble dure ! Est-ce un appel à la souffrance et à la douleur, je ne peux le croire. N’es tu pas tout amour ?

     

    « Je porte ma croix », « tu portes ta croix », « c'est ma croix »… c'est par ces expressions  que nous  qualifions  nos épreuves, nos maladies et nos deuils,  avec un geste de résignation. Mais qui  voudrait sciemment se charger de tous ces maux ? Pourtant tu as dit Seigneur «…si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se charge de sa croix ... » Où me conduis-tu  parce chemin de misère ?  

     

    Qu’est ce que cette croix dressée sur le monde ?  Le lieu de ta souffrance et de ton agonie,  certes mais pas seulement cela et je l’oublie trop souvent. Cette croix, c’est aussi et surtout le lieu des plus grandes grâces. Le rachat de nos fautes, la réconciliation avec le Père, la résurrection pour la vie éternelle. Prendre nos croix et te suivre Seigneur c'est donc  à ton  imitation réalisée toutes ces choses. Tu viens  m’apprendre que c'est la, au cœur de ma blessure et seulement la, que peut s'accomplir l'œuvre du grand alchimiste qui transforme le plomb en or, l'obscurité en lumière.

     

    Car ma blessure c'est mon humanité, plus de cuirasse, plus d’armure. Par elle  je peux être touché par l'autre jusqu’à donner ma vie pour lui, par elle,  je me divinise car là où il y a de « l’homme » il y a du divin. Si je sais faire de ma blessure non plus uniquement  cette plaie douloureuse qui m'enferme mais une ouverture d’amour,  si je sais faire de cette croix pesante sous laquelle je succombe un formidable levier qui me propulse hors de mon égo, alors mon cœur de pierre deviendra cœur de chair, cœur du Christ, cœur de Dieu.

     

     Je pourrai crier j'ai soif ! Soif de toi mon Dieu,  soif d'un Dieu qui a soif de moi,  qui n’hésite pas à boire la coupe,  pour me rejoindre au seul endroit où je me laisse atteindre, ma blessure. La croix c’est le  point de jonction  et de rencontre entre l'homme et Dieu,  le seul point de passage par lequel l’Adam terreux que je suis, revêtu du Christ,  deviens fils. Par la croix du Christ, une folie pour les uns, un scandale pour les autres, pour nous un mystère d’amour  que nous contemplons  dans un  silence bouleversé.  Là,  l'agneau de Dieu se tient et nous parle. C’est là au sein de sa Passion que  sa voix, percutant le temps et l'espace, se fait entendre  et entre en résonance avec chaque homme, s'accordant à son âme qu'il accorde, pour des noces divines.  Nous  pourrons  alors dire, tout est accompli, j'ai amené à son achèvement le projet que Dieu avait sur moi et nous pourrons chanter avec joie et gratitude, nous délectant de chaque mot,

     

    O croix dressée sur le monde,  

    par toi la vie surabonde,

    O croix de Jésus Christ.

     

     

                                                                                Élisabeth

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