• Homélie du 5ème dimanche du carême

    Abbé Jean Compazieu 

    Le Dieu des vivants

    Textes bibliques : Lire

    Les textes bibliques de ce 5ème dimanche du carême nous annoncent une bonne nouvelle : ils nous disent que notre Dieu n’est pas le Dieu des morts mais celui des vivants. Il veut que nous ayons la vie en abondance. Ce dimanche nous ouvre les perspectives de la résurrection. C’est le fondement même de notre foi.

     Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel nous introduit à ce message d’espérance. Il s’adresse à des gens qui sont en terre d’exil depuis de nombreuses années. Beaucoup d’entre eux sont morts d’épuisement. Pour les survivants, l’avenir semble sans espoir. Le peuple élu semble appelé à disparaître comme beaucoup d’autres avant lui. Mais le prophète Ézéchiel vient raviver leur espérance. Il leur raconte sa vision des ossements desséchés qui se sont recouverts de chair et de peau puis se sont mis à revivre. C’est ainsi que Dieu fera revivre son peuple. Avec lui, il n’y a pas de situation désespérée. A travers ce texte biblique, nous avons une approche de l’idée de résurrection.

    La victoire sur la mort est en revanche clairement annoncée dans la deuxième lecture. Paul affirme que nous ne sommes pas soumis à l’emprise de la chair mais à l’esprit. Dans le langage de Paul, la chair c’est l’homme enfermé en lui-même et centré sur ses désirs. L’esprit est une forme de vie nouvelle suscitée par l’Esprit même de Dieu. Il nous apprend à nous situer en vérité face à Dieu, face aux autres et face au monde. En choisissant de vivre ainsi, nous échappons à la mort. Cette vie de Dieu qui nous est donnée au baptême se développera pleinement à la résurrection des morts. Le Christ ressuscité veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché.

    Dans l’Evangile que nous venons d’écouter, nous découvrons la force et la grandeur de l’amour de Jésus. Malgré les menaces de mort qui pèsent sur lui, il décide de se rendre auprès de son ami Lazare. Il  ne peut rester loin de ceux qui souffrent. Il y a déjà là une interpellation pour nous qui avons souvent tendance à nous détourner de la souffrance. Pensons à tous ces hommes, ces femmes et ces enfants qui sont écrasés par la guerre, la faim, la solitude, la tristesse. Pour eux, c’est comme une pierre froide qui les écrase.

    Nous avons écouté ce dialogue qui nous dit toute la souffrance de Marthe quand elle s’adresse à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Ce reproche est toujours d’actualité : « Si toi, Seigneur, tu avais été proche, ces malheurs ne seraient pas arrivés… Ces exterminations n’auraient pas eu lieu… En fait, si nous lisons bien l’Evangile, nous découvrons une chose à laquelle personne ne pense : ce n’est pas Dieu qui s’est éloigné mais les hommes. Il n’y a que lui à leurs côtés. Et il pleure sur ses amis comme il pleura sur Lazare.

    Mais se faire proche de toute cette souffrance, ce n’est pas facile. Nous avons entendu la réflexion des deux sœurs quand Jésus veut faire ouvrir le tombeau : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour ». Oui, il sent déjà. C’est comme sentent les pauvres, comme sentent les camps de réfugiés rassemblés par centaine de milliers. Mais Jésus ne s’arrête pas. Son affection pour Lazare est plus forte que la résignation des deux sœurs. L’amour du Seigneur ne connaît pas de limite, pas même celle de la mort.

    Voilà cette bonne nouvelle : la tombe n’est pas la demeure définitive des amis de Jésus. Lazare est appelé à venir dehors. Il a entendu la voix du Seigneur et il est sorti. En méditant sur cet Evangile, nous découvrons que Jésus ne s’adresse pas à un mort mais à un vivant. Ces bandelettes de Lazare sont le symbole de notre égoïsme, de notre froideur et de notre indifférence. C’est de cela que Jésus veut nous libérer. A travers cet évangile, il nous annonce un message de la plus haute importance : « Je suis la résurrection et la Vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. »

    En appelant Lazare à venir dehors, Jésus s’adresse aussi à tous les hommes. Il les appelle tous par leur nom. Avec lui, la mort ne peut avoir le dernier mot. Elle est devenue un passage, une porte vers l’éternité. En ce jour, nous faisons nôtre la profession de foi de Marthe : « Je crois, Seigneur ; tu es le Fils de Dieu qui vient sauver le monde. »

    Sources : Revues Feu nouveau, Signes, Dimanche en paroisse – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – lectures bibliques des dimanches et fêtes (A. Vanhoye) – La Parole de Dieu pour chaque jour de 2014 (V. Paglia)

    source http://dimancheprochain.org

     

     


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  • Cultiver et partager nos Talents.

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    Ce qui est merveilleux dans le talent, c’est qu’il doit être partagé pour exister. Dieu a vraiment bien fait les choses. Nous sommes dans l’obligation de partager nos talents au monde afin qu’ils soient reconnus. Un talent cultivé égoïstement est un talent mort.

    En lisant, ce matin, la Bible sur la parabole des talents, je me disais quelle terrible maladie cette timidité qui paralyse certaines personnes. Allez savoir pourquoi des questions comme celles-ci vous viennent en tête après une lecture sur les talents. Peut-être que l’épanouissement des talents doit provenir d’un être épanoui.

     Et pourtant, tant d’artistes semblent frustrés et mettent à profit leurs talents. Le secret est qu’ils savent dépasser leurs névroses, leurs barrières. Il savent qu’en eux, fomente un don pour l’écriture ou la musique et se jettent à l’eau malgré les peurs. Dieu nous a tous et toutes octroyés des Dons. Il faudrait savoir dans un premier temps si nous les avons découverts. Et dans un second temps si nous les partageons avec autrui, au sens large du terme. Nous revenons sans cesse sur les mêmes thématiques qui construisent notre vie. Je crois que c’est le mystère de la prière, de nous faire tourner autour de nous mêmes pour revenir au centre, à l’essentiel. Car, le thème de la confiance revient comme une mélodie dans la symphonie du monde. Pour exprimer, exploiter, développer un talent, il faut avoir une solide et ferme confiance en soi. Sinon, nous vivons une frustration sans nom. Et notre existence devient un champs de blé jamais cultivé.

     Ma mère avait la passion en étant petite, de devenir danseuse de ballets. Elle suivit des cours et arriva jusqu’au plus haut sommet de l’art de la danse. Puis, une banale visite médicale révéla qu’elle était cardiaque et devait abandonner la danse. Toute sa vie fut une blessure intérieure où elle regretta de ne point mettre son talent au service des autres. Elle exerça ensuite une profession dans la recherche médicale. Malgré, ce métier qui lui donna une certaine notoriété, elle regretta toute sa vie de ne point être danseuse. Elle me répétait sans cesse, presque au quotidien, ma vocation a été contrariée. Je parle d’elle au passé car, elle a rejoint Dieu à l’âge de 52 ans avec ce regret de n’avoir pu exercer son talent. Elle ne comprenait pas que l’on puisse ne pas s’épanouir au soleil des Dons de Dieu. Pour elle, refuser d’exploiter ses talents, c’était refuser d’aimer Dieu.

     En effet, Dieu nous fait de somptueux cadeaux et nous les mettons la plupart du temps aux ordures. Quelle belle preuve d’Amour, n’est-ce pas ? Nous refusons ce que Dieu nous offre avec Amour. C’est comme si une de nos meilleures amies venait manger chez nous et offrait un magnifique cadeau dont nous ne prendrions pas la peine d’ouvrir mais de mettre à la poubelle directement. Quelle belle preuve d’amour, n’est-ce pas ? C’est pourtant ce que nous faisons lorsque nous jetons nos dons dans les oubliettes de notre mémoire.

     Je parle de tout cela avec aise d’autant que l’éducateur doit être un chercheur, un révélateur de talents. Et les Jeunes en ont des tonnes à revendre. Il suffit de canaliser et de mettre en place leurs projets pour eux, jamais sans eux. L’éducateur qui sait écouter les jeunes ou les moins jeunes a déjà un talent fantastique. Il pourra révéler à l’autre sa part de lumière. Nous pouvons trouver mille excuses pour ne point assumer nos talents. Vous comprenez, c’est mon éducation qui veut que je mène telle vie alors que j’étais fait pour être guitariste ou écrivain. Excuses que tout cela...

     Lisez la vie de certains grands personnages de notre histoire, la découverte de leurs talents, les a mis en porte à faux avec leur famille, leurs amis. Mais, ils n’ont jamais pliés sur les tas de mauvaises raisons qu’on leur donnait pour faire autre chose. Et ils sont devenus de grands ou moins grands, peu importe, personnages de notre histoire.Ce qui est merveilleux dans le talent, c’est qu’il doit être partagé pour exister. Dieu a vraiment bien fait les choses. Nous sommes dans l’obligation de partager nos talents au monde afin qu’ils soient reconnus. Un talent cultivé égoïstement est un talent mort. La preuve est là, Dieu-Amour veut que nous travaillons les uns les autres au service du monde. Donc, si nous suivons ce raisonnement, les timides et les personnes qui manquent d’audace devraient prier Dieu pour faire éclore leurs Dons.

     Quel mirifique programme de vie, tout se trouve dans cette dimension du sens. Le sens que nous devons donner à notre existence est de cultiver au mieux nos talents. Et là, je plains les personnes athées qui cherchent continuellement un sens à leur vie qu’ils considèrent absurde. Nous chrétiens ( nes ), nous devons découvrir les Dons que Dieu nous donne gratuitement pour faire avancer les autres et la société. Ayons l’audace de ne point refuser ses cadeaux et ouvrons-les pour nous ouvrir au monde. Christ en Ton Amour parfait donne-moi le discernement nécessaire pour découvrir les potentialités que Tu m’as offert pour les donner aux autres. Amen !

     Bruno LEROY.

    source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com


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  • Les abeilles de l’Etoile

    phoca_thumb_m_apiculture-urbaine_jpgRencontré par hasard, dans le cadre d’un article que je suis en train de rédiger, le pasteur Pernot, un des responsables du Temple de l’Etoile, à Paris. Un pasteur protestant qui est aussi un apiculteur passionné. Le site raconte la suite :

    Depuis novembre 2006, des abeilles sont sur le toit du Temple de l’Etoile à Paris. D’abord une ruche, puis deux ou trois aujourd’hui. Elles produisent autour de 100 kilos de miel par an, vendu totalement au profit de la paroisse. Il y a, bien sûr, une réglementation assez stricte, sur les distances à respecter en particulier, tout cela est donc fait avec l’autorisation de la Mairie et une déclaration à la Préfecture de Paris, mais nous ne sommes pas les seuls à le faire. Il y a, en effet, depuis assez longtemps un certain nombre de ruches à Paris en particulier sur le toit de l’Opéra dont le miel est vendu par Fauchon à prix d’or (15 € le pot de 125g). Il faut dire que le miel « de Paris » s’avère être particulièrement savoureux et parfumé et qu’il est très prisé. Ce miel de ville a bien sûr été analysé et on a découvert, qu’en fait, il n’y a pas de trace de pollution dedans. Au contraire, il est plus pur encore qu’à la campagne grâce à l’absence de pesticides. 

    L’apiculture urbaine est ainsi devenue une activité fort précieuse au moment où les abeilles à la campagne meurent en masse en grande partie à cause des produits chimiques. Les abeilles de l’Etoile à Paris, en ville se portent ainsi fort bien et produisent plus de miel qu’à la campagne. Ayant un rayon d’action de près de 3 kilomètres, elles ont des fleurs en abondance et d’une variété extraordinaire, depuis les jardins de Paris ou de Neuilly, le Bois de Boulogne, Bagatelle etc… alors qu’à la campagne, les fleurs sont de plus en plus rares, toutes les terres étant cultivées et les talus fauchés… Et puis à Paris, il fait quelques degrés de plus et on y trouve des fleurs presque en toute saison…

    L’apiculture a eu toujours un lien très étroit avec l’Eglise et ce d’une façon fort œcuménique. Sans parler de Samson qui fait de son activité apicole une énigme célèbre (Juges 14), la ruche moderne dite « à cadres mobiles » a été inventée vers 1850 aux Etats-unis par un pasteur : Lorenzo Langstroth. Elle a été perfectionnée ensuite en particulier par l’abbé Voirnot, puis l’abbé Waré. Et l’on trouve par ailleurs dans les personnalités de l’apiculture de très nombreux hommes d’église, comme le pasteur Bastian en Alsace, (fondateur d’une des premières société d’apiculture, et inventeur d’un modèle de ruche), et également beaucoup de protestants, comme les Dietrich, Thierry-Mieg ou Baldensperger qui ont attaché leur nom au progrès de l’apiculture moderne.

    Et ce n’est pas tout. La race d’abeilles que nous utilisons à l’Etoile à Paris est une race très particulière et extraordinaire, choisie pour sa douceur (c’est important pour un rucher entouré d’habitations, et qui a de nombreuses visites et on voit assez facilement les abeilles puisque l’une des ruches est entièrement vitrée). Cette race porte le nom de « Buckfast », du nom d’un monastère anglais où elle a été mise au point il n’y a pas si longtemps par un moine connu sous le nom de Frère Adam. Les abeilles sont soignées par le pasteur Pernot en collaboration avec des catéchumènes ou anciens catéchumènes de l’Etoile. C’est l’une d’entre eux en particulier qui a créé l’étiquette…

    DLsource http://ecologyandchurches.wordpress.com


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  • Le shéol : symbole de la mort

    Une femme lave les pieds de Jésus

    Représentation du monde selon la Bible.

    Que se passe-t-il après la mort? Après un certain temps, on voit que le corps biologique se décompose et retourne à la terre. On le sait, notre vie a une fin. On vient au monde avec une date de péremption. Les anthropologues nous disent que, depuis l’aube de l’humanité, les humains ont pratiqué des rituels lors d’un décès. Comme ils n’ont pas laissé de textes, on ne saura jamais qu’elles étaient les croyances des hommes des cavernes, mais on peut supposer qu’ils avaient leur propre façon de comprendre la mort et l’au-delà.

         Nos conceptions de la mort sont plus récentes que l’on croit. On ne trouvera pas notre façon d’envisager l’enfer ou le paradis en lisant l’Ancien Testament. En fait, avant l’exil à Babylone, le peuple d’Israël n’avait pas vraiment réfléchi de façon systématique à ce qui se passait après la mort. Celle-ci était la fin de la vie. Au-delà, il n’y avait presque rien. On disait que les morts restaient au shéol.

         Au sens premier, « shéol » indique une tombe, un trou profond dans la terre où placer les cadavres. Il y règne une grande obscurité. Puisqu’il était impensable pour les Hébreux de séparer le corps et l’âme, à la mort, la personne entière était donc physiquement au shéol dans sa tombe. Pour l’homme de la Bible, l’humain reste un, et indissociable. Contrairement à la pensée grecque, l’Ancien Testament ne voit pas d’opposition entre le corps matériel et corruptible, d’une part, et l’âme immatérielle et incorruptible, d’autre part.

    Est-ce un lieu?

         Avec le temps, la tombe (shéol) finit par symboliser le lieu du séjour des morts. Cet endroit était caractérisé par le noir, le silence, la poussière, la profondeur, l’absence, l’oubli. C’était un lieu de semi-existence, où la communication s’avérait impossible, en particulier avec Dieu. Dieu restait absent du shéol. En fait, celui-ci, au plus profond de la terre, se trouve à l’extrême opposé du ciel où habite le Dieu vivant.

         Le séjour des morts est un lieu d’où on ne peut sortir. Il reste en rupture avec le monde des vivants. L’Ancien Testament regarde donc la mort en face et ose en parler sans l’édulcorer... L’humain est un être marqué par sa propre finitude.

    Le shéol et la foi chrétienne

         Le concept de la résurrection des morts permettra de penser la mort autrement qu’avec le shéol. Les chrétiens diront que Jésus n’a pas été abandonné par Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Les textes du Nouveau Testament reprennent la représentation de la mort de cette époque. Ils placent l’accent sur la victoire que Dieu donnera à ceux qui auront mis leurs espérances en lui plus que sur l’au-delà proprement dit. L’espérance chrétienne est de pouvoir nous aussi participer à la résurrection du Christ.

    Un petit dicton en guise de conclusion

         La mort reste une réalité frustrante pour nous qui avons un désir d’infini. Pourtant, comme le dit ce vieux dicton américain, elle fait partie de la vie : « Sur terre, il n’y a que deux choses qui sont certaines : mourir et payer des taxes. »

    Sébastien Doane

    source www.interbible.org 


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  • Jean et le judaïsme de son temps (2/4)

    Qui sont les Juifs dans l'évangile de Jean ?

     Le récit de la guérison de l’aveugle-né nous fait assister, de la part des Pharisiens, à un interrogatoire en règle de l’aveugle guéri. On dirait déjà le procès de Jésus dans la personne de ce pauvre type qui a été guéri sans même l’avoir demandé. On remarque aussi que Jésus a des propos assez radicaux à l’égard de ces mêmes Pharisiens quand il leur reproche de ne pas croire en lui. Nous avons là une des nombreuses controverses qui présentent les Juifs d’une manière à nous rendre mal à l’aise.

         Une question se pose inévitablement. De quels Juifs au juste Jean parle-t-il? Beaucoup de spécialistes de l’Écriture sainte ont analysé la question. Un exégète canadien Gérald Caron y a consacré un livre : Qui sont les « Juifs » de l'évangile de Jean? (Coll. « Recherches », 35, Montréal, Bellarmin, 1997, 318 p). Je vous livre quelques extraits d’une recension que j’en ai déjà faite dans la revue Science et esprit.

         Gérald Caron considère que les deux approches classiques, l’une historique, l’autre théologique ou symbolique, ne tiennent pas suffisamment compte de l’exégèse du texte. Il opte pour une analyse narrative des chapitres 5 et 8 qui présentent une vive discussion sur l’identité de Jésus. Le texte constitue un monde littéraire qui a sa cohérence et sa signification, qui met en scène des figures dont celle des Juifs. « Cette figure, souligne l’auteur, fait partie du “ monde ” littéraire créé par le texte lui-même. Que ce “ monde ” littéraire corresponde plus ou moins parfaitement au monde réel du temps de Jésus et/ou de l’évangéliste, est une question qui ne nous concernera pas » (pp. 52-53).

         G. Caron étudie donc avec minutie ce que disent et font les Juifs dans les deux chapitres retenus, tout en faisant des liens avec le reste de l’évangile. L’auteur entreprend son étude avec la première mention des Juifs, à la suite de la guérison du paralytique (Jn 5, 1-18). Ceux-ci accusent Jésus d’avoir violé la loi du sabbat et de s’être ainsi fait l’égal de Dieu. Il est alors dit qu’ils veulent le faire périr. Cette première altercation situe le débat entre Jésus et les Juifs à un niveau religieux. Le contenu des chapitres 5 et 8 fera franchir au débat plusieurs étapes pour le conduire au niveau de la question fondamentale de l’identité divine de Jésus. D’ailleurs cette question est présente tout au long de l’évangile de Jean, notamment dans la fonction de révélation attribuée aux signes rapportés par l’évangéliste.

         L’exégète se livre à une analyse serrée du texte. Il explique la nature de trois rapports dont la connaissance est indispensable à une meilleure intelligence du débat entre Jésus et les Juif : le rapport entre la Loi, la figure de Moïse et Jésus, le rapport entre le monde et les ténèbres, le rapport entre les Pharisiens et Jésus. Grâce à la précision de son analyse, nous sommes mis en présence de la difficulté des Juifs du récit de croire qui est Jésus, dans son identité profonde. Seule la résurrection de Jésus mettra en lumière cette identité et ouvrira la possibilité pour tout être humain de croire en lui.

         Au terme de son analyse narrative, Gérald Caron conclut que les Juifs du récit ne représentent ni le peuple juif ni la race juive mais un certain Judaïsme qui n’a pas cru en Jésus, Fils de Dieu et Messie. L’appellation « les Juifs » a une connotation exclusivement religieuse. Ce Judaïsme se distingue par son caractère officiel, son siège à Jérusalem et son hostilité à l’égard de Jésus. Il est l’une des composantes du monde envahi par les ténèbres et réfractaire à la foi en Jésus, le révélateur de Dieu.

         Le livre de G. Caron mérite d’être lu, car son étude est pertinente dans le contexte actuel où est toujours vivant le souvenir de la tragédie qui s’est abattue sur le peuple juif, au cours de la seconde guerre mondiale. G. Caron apporte une contribution remarquable qui peut éclairer les efforts de rapprochement entre le christianisme et le judaïsme. De plus, la lumière qu’il apporte sur le rôle des Juifs dans l’évangile de Jean sera utile à quiconque ressent un malaise devant certains textes proclamés dans la liturgie : on y trouvera des pistes intéressantes d’interprétation en vue des commentaires que l’on pourra faire dans l’homélie.

     Yves Guillemette, ptre

     Source: Le Feuillet biblique, no 2320. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

     source www.interbible.org


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  • Homélie du 4ème dimanche du Carême

    Abbé Jean Compazieu

    Dimanche de la joie

     

    Textes bibliques : Lire

    Ce 4ème dimanche du Carême est celui de la joie. C’est le prophète Isaïe qui nous y invite : « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez dans l’allégresse, vous qui portiez le deuil ! (Isaïe 60, 10-11). Ces paroles ont été proclamées pour un peuple qui avait tout perdu en terre d’exil. Comment être dans la joie quand tout va mal ? En fait, la bonne nouvelle c’est que Dieu est là ; il rejoint son peuple au cœur de ses détresses et il intervient pour lui annoncer le salut.

     Les textes bibliques de ce dimanche voudraient nous aider à voir les personnes et les événements avec le regard de Dieu. La première lecture nous parle de la succession du roi Saül. Ce dernier ne suit pas les orientations de Dieu sur le droit et la justice. Il doit donc quitter sa place car le Seigneur ne peut tolérer cette situation qui le blesse et qui fait du tort à son peuple. Pour lui succéder, il choisit David, celui auquel personne ne pensait. Dieu ne voit pas comme nous. II se sert des petits et des humbles pour réaliser des grandes choses. A travers ce message, Dieu voudrait nous apprendre à avoir le même regard que lui.

    Dans la seconde lecture, saint Paul nous parle de la lumière spirituelle. S’adressant aux chrétiens d’Ephèse, il leur dit : « Autrefois, vous étiez ténèbres. Maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumières.  Voilà un message très important qui rejoint  l’Evangile. Il ne suffit pas de recevoir la lumière ; il faut devenir lumière. Rappelons-nous les paroles de Jésus à ses disciples : « Vous êtes la Lumière du monde. » Pour nous chrétiens, il ne suffit pas d’accueillir la Lumière dans notre vie ; il nous faut aussi la manifester pour notre comportement. C’est ce que nous recommande l’apôtre Paul : « Vivez en enfants de Lumière, or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité. »

    L’apôtre nous invite aussi à repousser « les œuvres des ténèbres ». En disant cela, il fait allusion à ce que qui est accompli dans l’obscurité par peur d’être vu. Il importe pour nous de faire des œuvres qui puissent être assumées devant les autres. Ce qui doit nous guider c’est la lumière qui est en Jésus, c’est son amour. C’est de lui que nous le recevons ; il veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché.

    L’évangile de ce dimanche nous invite également à nous ajuster au regard de Dieu. Aux yeux de tous, ce pauvre aveugle était puni à cause de ses péchés. On croyait que Dieu punissait l’homme en fonction de sa faute. De nombreux  chrétiens continuent à le penser mais c’est faux. Dieu n’est pas à l’origine des malheurs qui nous arrivent. Il ne passe pas son temps à espionner nos faiblesses pour mieux nous punir. Il n’inflige pas le mal à ses enfants. Jésus est absolument catégorique sur ce point.

    L’Evangile nous dit également que Dieu n’est pas indifférent aux drames et aux maladies qui s’abattent sur les humains. Il vient à notre secours pour nous sauver. Il continue à venir pour nous apporter la véritable libération. Ils sont nombreux dans notre monde ceux et celles qui s’égarent sur des chemins de perdition. Beaucoup se détournent du vrai Dieu pour s’attacher à l’argent, aux richesses et aux petits bonheurs qui ne peuvent pas vraiment nous combler. C’est de cet aveuglement que Jésus veut nous guérir. Comme pour le mendiant dont nous parle l’Evangile, le véritable salut ne peut se trouver que dans une vraie rencontre avec Jésus.

    Face à ce mendiant sauvé, nous voyons des pharisiens qui s’enfoncent dans leur aveuglement. Ils restent indifférents à sa joie et finissent par le chasser. Leur cœur est dur, leur justice sans amour. Jésus voudrait les inviter à faire un chemin de foi. Mais ils restent enfermés dans leurs certitudes. Mais le Christ  est là pour nous apprendre à tendre la main à celui qui en a besoin. Il veut surtout nous aider à prendre conscience des merveilles de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. C’est vrai que ce monde reste très marqué par l’incroyance, l’indifférence et toutes sortes de malheurs. Mais le Seigneur continue à nous rejoindre au cœur de nos vies. Rien ne doit nous empêcher de rendre compte de l’espérance qu’il met en nous.

    Vivre le Carême c’est revenir vers le Seigneur et accueillir la Lumière qui vient de lui. Cette lumière c’est celle de la foi. Grâce à cette lumière, nous apprendrons à voir les personnes et les événements avec le regard de Dieu. Comme l’aveugle guéri, nous deviendrons des témoins du Christ. Et nous pourrons proclamer ensemble notre foi avec joie et fierté : « Je crois, Seigneur, tu es source de vie. »

    Sources : Revues Feu Nouveau, Dimanche en paroisse et Signes – La Parole de Dieu pour chaque jour de 2014 (V. Paglia) Lectures bibliques des dimanches (A.Vanhoye) – guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot

    Télécharger « 4ème dimanche du Carême.pdf »

     source http://dimancheprochain.org


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    Ambigüités du concile Vatican II - revue MESSAGE

    (extrait de « MESSAGE » Mars-Avril 2014 )

    Pour une Église qui fait confiance aux laïcs

     Et si on passait d’une Église centripète, qui place le prêtre au centre, à une Église où celui-ci fait le lien entre les initiatives des laïcs ? D’une Église pyramidale à une Église en réseau ? Tel était le propos de Mgr Albert Rouet, archevêque émérite de Poitiers, invité des Journées thématiques de la Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL) les 18 et 19 janvier à Saint-Maurice.

     Les journées thématiques de la Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL) ont rassemblé à l’Hôtellerie Franciscaine à Saint-Maurice les 18 et 19 janvier une soixantaine de délégués des mouvements et de laïcs engagés en Église autour du thème « Le souffle de l’Église passe par la créativité des laïcs. La créativité des laïcs donne souffle à l’Église ».

     L’occasion d’écouter Mgr Albert Rouet, archevêque émérite de Poitiers. Né en 1936 dans un milieu d’agriculteurs de l’Indre, dans le centre de la France, ce spécialiste de pastorale sacramentelle a été longtemps au contact des jeunes dans le monde scolaire. Il fut archevêque de Poitiers, dans le centre-ouest de la France, de 1994 à 2011.

    Sur la base de son expérience – la mise en oeuvre d’une Église de communion dans le sillage de Vatican II, il a proposé une réflexion sur le rôle et la place des laïcs dans l’Église et dans le monde. « Aurions-nous, près vingt siècles de christianisme, produit un peuple impuissant, soumis ? », s’est-il écrié en écho aux réactions entendues à l’annonce de sa volonté d’organiser le diocèse autour d’équipes de laïcs, comme cela se fait déjà en Afrique. « Ce serait une faillite pour l’Évangile, un contretémoignage dans notre monde après un concile qui a parlé 158 fois des laïcs. Mais a-t-on véritablement mis en oeuvre le concile Vatican II ? Et l’Église, qu’attend-elle des laïcs ? Quelle nourriture spirituelle et quel encouragement leur apporte-t-elle ? »

     Mais d’abord, d’où vient le mot « laïc » ? Des trois termes employés en grec pour désigner le peuple, le Nouveau Testament a conservé, pour nommer le peuple de Dieu, le mot laos de préférence à ethnos (qui a donné « ethnie ») et demos (qui a donné « démocratie » parce qu’il désigne un peuple ouvert, sans frontières, « qui accueille le tout-venant, le pauvre, l’étranger ».

     L’Église est fraternité

     Mgr Rouet a pointé dans l’histoire trois étapes fondatrices de la réalité d’aujourd’hui : le Nouveau Testament, la sortie de l’utopie et le concile Vatican II. Un rapide survol de vingt siècles d’histoire : « Attachez vos ceintures, je vais vous mener à un train d’enfer ! ».

     Première étape : le Nouveau Testament. Citant saint Paul, le conférencier a rappelé que « par le baptême nous sommes tous, de l’évêque au dernier des baptisés, sur un pied d’égalité, nous sommes un dans le Christ, notre frère, qui nous rassemble. La vie chrétienne s’établit sur la relation au Christ, et mettre le Christ au centre c’est ouvrir à l’universel. Ainsi, tout laïc est l’Église, celle-ci est totalement présente en chacun des baptisés ». Pas facile de s’ouvrir à l’universel : il faut laisser place à l’autre, nous ne sommes pas le centre du monde – d’ailleurs « au nom de quoi l’Occident serait-il la norme de la théologie ? ».

    Et puis, le terme « fraternité » a désigné la communauté ecclésiale durant trois siècles avant d’être occulté par celui d’« Église ». « L’Église était d’abord une double fraternité: universelle, à l’égard de tous les hommes, qui correspond au projet de Dieu pour le monde; ecclésiale, à l’intérieur de la communauté ». « L’Église est donc un laboratoire de fraternité pour réaliser le projet de Dieu. L’Eucharistie, par exemple, propose le partage d’une même Parole et d’un même pain dans un monde divisé : elle anticipe et célèbre le monde que Dieu désire. Mais elle est toujours une victoire sur nos égoïsmes, sur une spiritualité romantique et intérieure qui n’a rien à voir avec l’Évangile. En témoignent les divisions qui se sont fait jour dans les premières communautés chrétiennes ».

     Match de boxe

     Deuxième étape : la sortie de l’utopie. Dès la fin du 4 e siècle, sous l’empereur Théodose, le christianisme devient la religion officielle. « Tous les peuples doivent se rallier à la foi chrétienne », dit l’édit de Thessalonique en 380. Dès lors, « être membre d’une société donnée et être chrétien est la même chose », évêques et abbés sont nommés par le pouvoir temporel et deviennent des princes. Durant des siècles, le pouvoir temporel va garder la main sur le pouvoir spirituel.

     En opposition émerge la définition de l’Église comme « une société sainte et hiérarchique» : d’origine divine, elle échappe au pouvoir des empereurs et des évêques et comme société, elle s’oppose au monde. « Vous entrez dans le match de boxe ! », a relevé Mgr Rouet. L’Église, copiant la société civile, se coupe du peuple: les jubés, les nefs qui s’allongent, le latin, autant de façons de l’éloigner de la célébration. Les clercs, en sacralisant le pouvoir, le confisquent. Ce sont eux les patrons. Le laïc n’est plus que « le sujet de la hiérarchie catholique ». « Introduisez un laïc: c’est comme s’il y avait deux crocodiles dans un marigot: le conflit est programmé! Sacraliser le pouvoir, c’est déclencher la guerre entre clercs et laïcs. »

     Cette conception de l’Église, « qui a créé le laïc soumis au prêtre », était celle des évêques à l’ouverture du concile Vatican II. A la fin des travaux, ils avaient défini l’Église, dans la constitution dogmatique Lumen gentium, comme « sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (paragraphe 1). En elle, il n’y a « aucune inégalité qui viendrait de la race ou de la nation, de la condition sociale ou du sexe », car « il n’y a ni Juif ni Grec, il y a ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, vous n’êtes tous qu’un dans le Christ

    Jésus ». Ainsi « L’Église forme un seul peuple de Dieu où tous ont la même dignité, et ce peuple est premier », a commenté le conférencier qui a appelé à inventer un autre modèle d’Église : l’évêque et les prêtres ne sont pas les patrons, ils sont au service de la double fraternité que le laïc est appelé à vivre.

     Halte à la sacralisation!

     « Aujourd’hui, nous avons le choix : ou les clercs continuent à sacraliser et à confisquer le pouvoir – qui n’aura de signification que pour ceux qui s’écrasent ou pour une petite bourgeoisie qui en a soif – ou on retrouve la fraternité du Nouveau Testament qui reconnaît la dignité de chaque chrétien », a relevé Mgr Rouet. Pour lui, « c’est une erreur de vouloir sacraliser le pouvoir, distinguer pour séparer. L’Évangile, lui, est dans la catégorie de la sainteté: il distingue pour unir, faisant de la distinction le lieu de la rencontre ». Au contraire, « il faut décentraliser. Promouvoir de petites communautés fraternelles à dimension humaine, des communautés où on se connaît ». Et Mgr Rouet de remettre en cause la direction prise dans nos diocèses en Occident : « Cessons de centraliser à tour de bras ! De calquer le nombre de paroisses sur celui des prêtres que l’on aura dans cinq ans. Et de pallier le manque de prêtres en faisant appel à des prêtres venant de pays pauvres. Tout cela pour ne pas toucher aux structures héritées de l’histoire et à la sacralisation du pouvoir. Quel jeu joue-t-on ? C’est un jeu dangereux. Revenons à ce qu’a voulu le Christ ».

    Mgr Rouet a appelé à mettre en place un nouveau modèle d’Église : « Changeons les structures pour donner plus de responsabilités aux laïcs. Pour cela, il faut partir des sacrements et non de la paroisse, sortir de l’organisation territoriale pour réorganiser l’Église ». Il faut passer d’un modèle où le prêtre est le patron à des communautés responsables.

    C’est affaire de créativité. « N’allez pas chercher du côté de ceux qui veulent restaurer une Église qui n’existe plus ! Et qui plaît parce qu’elle est redevenue du folklore. Ces nostalgiques d’une identité irréformable, je ne crois pas qu’on peut travailler avec eux : chez eux, on devient patron ou gourou, il n’y a pas de place pour la consultation. » Et d’ajouter : « Ne nous laissons pas berner! L’apostolat n’est pas de la publicité ! Leurs méthodes sont inadaptées et elles ne tiendront pas. Le chrétien est appelé à vivre la fraternité ecclésiale pour réaliser l’unité du genre humain : ce qu’il vit en Église symbolise ce qu’il désire vivre dans le monde ».

     Une table de mixage

     L’Église de demain ? Pour le conférencier, « elle est celle où le prêtre fait le lien entre les croyants, crée la fraternité et préside l’Eucharistie parce qu’il préside à la communion. Dont il est la tête au sens où celle-ci fonctionne comme une table de mixage ». Ce qui compte, c’est la qualité de l’ouverture des groupes et le rapport que l’on a aux choses et aux autres – c’est sur ce point que l’Évangile nous interroge : « il doit être humainement juste, dans la fidélité au type de relations que le Christ a nouées ». Et de lancer : « Vous laïcs, quelles initiatives prenez-vous ? L’Église n’est pas une sécurité sociale. Il n’y a pas de chrétien inutile, de trop ! L’avenir de l’Église passe par les marges ». Et par une plus grande confiance accordée aux baptisés. Dans cette Église, il n’y pas de distinction entre matériel et spirituel, temporel et éternel, nature et surnature, social et spirituel ; mais « une spiritualité qui transforme ce monde en un monde selon le coeur de Dieu ». Le baptisé est appelé à se rapprocher de ses contemporains, à établir une réciprocité entre l’Église et le monde, à promouvoir un mode de vie plus humain, à achever la création en l’imprégnant d’esprit chrétien, des valeurs des Béatitudes. « L’Évangile passe là où on a la possibilité d’humaniser les relations, il pénètre le monde comme un ferment. » Et Mgr Rouet de mettre en garde : « Fini le temps où le bon coeur suffisait ! Le chrétien doit être compétent pour avoir du crédit. Et être capable d’amener l’autre en position d’échange. Car on ne peut rien faire sans lui ». Enfin, l’Église de demain est celle qui « laisse de l’espoir au possible ».

     Dieu nous attend dehors

     Le dimanche, Mgr Rouet s’est intéressé au rôle du laïc: il va où le prêtre ne peut aller, il entre en contact, dans sa vie de tous les jours, avec des gens indifférents ou anticléricaux. Il affirme ainsi que l’Église n’est pas la totalité du réel. Et chez ceux qu’il rencontre, il y a des gens généreux, compétents, dévoués en qui, bien qu’ils l’ignorent, le Christ est présent. Les laïcs apportent à l’Église « la présence de l’esprit créateur du Christ chez ceux qui ne sont pas de l’Église ». Le Christ lui-même a loué Zachée, le collecteur d’impôts, le Centurion et bien d’autres. Les laïcs disent à l’Église que Dieu l’attend dehors, qu’il est déjà présent dans l’humanité et que c’est à elle de sortir. « Le problème n’est pas de savoir qui vient à l’Église aujourd’hui, mais vers qui l’Église va aujourd’hui. Et les laïcs sont en contact permanent avec cette humanité que Dieu a donnée à son Fils. » Une Église qui oublierait la présence des laïcs, les mouvements de laïcs oublierait qu’elle est pour les hommes et non pas pour elle-même. Elle n’aurait pas compris sa vocation première. « C’est l’image des deux mains d’Irénée: une main qui pousse l’Église vers dehors et une main à l’intérieur du monde qui tend vers l’Église. » Celle-ci est d’abord une manière d’être avec les autres.Pour une Église qui fait confiance aux laïcs - Revue message

    Ainsi, les mouvements sont indispensables à l’Église à condition d’être imprégnés par l’Évangile. Ce qui compte, c’est la qualité des échanges fraternels.

    Pour la CRAL

    Geneviève de Simone-Cornet

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    Les Franciscaines Missionnaires de Marie
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  • The Voice Italy : Soeur Cristina éblouit le jury

    La soeur sicilienne a interprété la chanson No One d’Alicia Keys sous le regard ébahi du public...et à la stupéfaction du jury dès qu'il découvre qui chante !

    « J’ai un don, alors je vous le donne ! », s’est écriée la soeur de 25 ans face au jury qui lui demandait pourquoi elle avait fait le choix de participer à leur émission. Une chose est sûre, soeur Cristina Scuccia pouvait compter sur les encouragements et le soutien indéfectible de ses consoeurs, qui jubilaient en coulisse.

    Les coaches étaient tellement surpris qu’ils ont d'abord pensé qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Mais c’est bel et bien une religieuse qui se trouvait devant eux. «Si j’étais tombé sur toi à la messe, j’irais toujours à l’église !, plaisante J-Ax, toi et moi nous sommes comme le diable et l’eau bénite. »

    Et lorsque la chanteuse Raffaella Carrà lui demande « Mais que vont-ils penser au Vatican ?», soeur Cristina Scuccia lui répond du tac au tac qu’elle s'attend à un coup de fil du pape François, et ajoute aussitôt après : « le pape nous invite , à sortir, à évangéliser, à dire " Dieu", que cela ne nous enlève rien, au contraire, que ça nous apporte encore plus..  et bien c'est ce que je fais, je suis ici pour ça ! ».

    ST

    source http://www.aleteia.org

    The Voice Italy : Soeur Cristina éblouit le jury

     


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  • Qui sont les évangélistes ?

    Le Christ entouré des évangélistes. Vitrail du XVe siècle. © Sammyday/Creative commons

    Sophie de Villeneuve : Les évangélistes ont-ils connu Jésus ? Sont-ils dignes de foi ? Se connaissaient-ils ?

    J. N. : Je pense qu'ils ne se connaissaient pas, mais qu'ils avaient une connaissance commune qui est le trésor de la foi, le bien de toute la première Eglise qui vivait de ce message qui était en train de se transmettre.

     Ont-ils connu Jésus ? Est-ce qu'on le sait ?

    J. N. : On parvient à le savoir, en analysant leur manière de parler. Et puis les tout premiers Pères de l'Eglise en parlent aussi, d'un Matthieu par exemple qui a écrit en araméen. Matthieu est d'abord un disciple qui a connu Jésus. Dans son évangile, il parle d'un scribe qui prend de son trésor du vieux et du neuf, et on se dit que c'est son propre portrait qu'il fait là. Mais c'est un autre, qui a très bien connu Matthieu, qui rédigera l'évangile que nous connaissons aujourd'hui, aux alentours des années 80.

     On sait aussi qu'il s'adresse à une population particulière.

    J. N. : Il suffit de lire son évangile pour voir qu'il fait sans cesse référence aux Ecritures. A dix reprises il écrit : « C'était pour que s'accomplisse en plénitude la parole qui a été dite aux prophètes ». Il est enraciné dans les Ecritures, et il est aussi en lutte contre le judaïsme de son époque, dont il est issu et pétri. Quand le groupe des disciples de Jésus, peu à peu, va se développer, il va y avoir, après la chute de Jérusalem, une scission douloureuse dans le judaïsme, un conflit interne. On a parlé de l'antijudaïsme de Matthieu, il s'agit plutôt d'une animosité parce que tous n'avaient pas reconnu Jésus.

     Et Luc ?

    J. N. : Luc aime les pauvres, les pécheurs. Quand il parle, il parle à des pauvres. Dans les béatitudes, quand Matthieu dit « Heureux les pauvres », Luc dit : « Heureux vous les pauvres ». Il écrit en milieu païen, en faisant très peu référence à l'Ecriture.

     Vers quelle époque a-t-il écrit ?

    J. N. : Comme Matthieu, vers 80. Luc n'est pas un disciple de la première génération, il le dit dès le début, en s'adressant à « Théophile », nom qui veut dire « ami de Dieu ». Il écrit en terre non juive, on pense que c'est à Antioche, pour des chrétiens qui venaient du paganisme, hors d'Israël. On sait par l'Epitre aux Colossiens et par le témoignage de saint Irénée que Luc était proche de Paul et qu'il était médecin.

     Marc ?

    Marc donne son évangile dix ans avant Matthieu et Luc, c'est le premier des quatre. C'est aussi le seul qui utilise le mot « évangile », ce livre qui a l'apparence d'une biographie, qui saisit l'essentiel de la vie de Jésus, mais qui l'utilise comme une catéchèse pour la foi. On sait qu'il était proche de Pierre, et dans les Actes des Apôtres, il apparaît sous le nom de Jean Marc. Les Pères de l'Eglise attestent qu'il a reçu le témoignage direct de l'apôtre Pierre. C'est donc un disciple de deuxième génération, mais qui tient son évangile d'un témoignage de première main.

     Et Jean, en quelle année ?

    J. N. : Vers l'an 100. Jean a connu Jésus, c'est le disciple Jean. Et même si ce n'est pas lui qui a écrit (il aurait dû atteindre l'âge de 90 ans pour cela), c'est bien son témoignage qui constitue le cœur de cet évangile, et qui a été transmis par ce qu'on appelle la communauté johannique. C'est un évangile qui a une teinte mystique, une écriture très grecque, une facture particulière où l'on oppose les ténèbres et la lumière, la vie la mort, le jugement... Les quatre évangélistes, quatre fresques aux couleurs très différentes pour nous dire le même mystère.

     On parle des évangiles synoptiques, de quoi s'agit-il ?

    J. N. : Cela veut dire qu'ils se lisent « d'un seul coup d'oeil ». On a vu que l'évangile de Jean est particulier. En revanche, Matthieu, Marc, Luc sont très proches, au point qu'on les a présentés en trois colonnes. Cette mise en regard nous a aidés à comprendre que Matthieu et Luc ont dû connaître l'évangile de Marc. Ils ont aussi des éléments communs que Marc n'a pas. On a donc fait l'hypothèse d'une source commune à tous deux. Et puis chacun a des éléments propres, et c'est ainsi qu'on a vu la genèse des évangiles. Jean est d'une autre facture. Les synoptiques ont une seule montée à Jérusalem, avant la Passion, pour montrer l'enjeu de la vie de Jésus et ce qui le mène à la mort et à la résurrection. Jean, lui, est plus proche de la réalité, il montre Jésus qui se rend souvent à Jérusalem pour les fêtes ou les pèlerinages.

    Pour vous, quel est l'évangile le plus facile à lire quand on ne connaît pas très bien la vie de Jésus ?

    J. N. : J'ai longtemps aimé lire Jean, un mystique, qui nous porte, puis j'ai beaucoup lu avec des groupes l'évangile de Marc, parce qu'il est le plus court. Aujourd'hui, je conseillerais l'évangile de Luc, parce qu'il aime les pauvres et les pécheurs, parle beaucoup du pardon, fait une grande place aux femmes. On se sent bien dans l'évangile de Luc, il y a chez lui une belle espérance.


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