• Une controverse au sujet de divorces et de remariages

          
      Une controverse au sujet de divorces et de remariages

    Mariage et divorce : Marc 10, 2-16
    Autres lectures : Genèse 2, 18-24; Psaume 127(128); Hébreux 2, 9-11

                    
    Dans notre contexte actuel, les paroles de Jésus sur les divorces et remariages sont difficiles à lire et à commenter. Au Québec, seulement 30 % des gens se marient et environ la moitié de ses unions se terminera par un divorce. On est loin de l’idéal d’une relation indissoluble! Comment comprendre des paroles qui semblent si intransigeantes? Je vous propose une remise en contexte du mariage dans le monde de la Bible. Vous pourrez alors choisir entre quelques interprétations assez divergentes.
    Des unions différentes des nôtres

         Les textes bibliques ne présentent pas un modèle unique d’union entre un homme et une femme. La polygamie est certainement l’élément le plus différent de notre conception du mariage. En effet, un homme pouvait marier autant de femmes qu’il voulait. Salomon aurait même eu 1000 femmes! Il y avait une distinction entre les femmes principales et celles qui étaient considérées comme des concubines. Une autre grande différence est l’âge du mariage. Au temps de Jésus, la norme était de douze ans pour les femmes et quatorze pour les hommes. Ainsi, l’amour n’était pas un facteur important dans ces unions qui visaient d’abord à faire prospérer le clan et qui étaient organisées par les familles. Enfin, les femmes étaient considérées comme la propriété de leur mari. Dans cette culture patriarcale, la sexualité hors mariage était scandaleuse pour une femme, mais ne posait pas de problème pour un homme.
    Un piège interprétatif

         Remarquons que Jésus se déplace de la Galilée vers la Judée. Ultimement, c’est dans cette région que Jésus sera condamné et mis à mort. Parmi la foule, c’est avec les pharisiens que le dialogue commence. Le narrateur nous prévient qu’ils cherchent à lui tendre un piège en lui demandant s’il est permis de répudier sa femme. Le piège vient de la contradiction entre l’opinion de Jésus et la Loi de Moïse.

         Au lieu de répondre directement, Jésus pose une contre-question : « Qu’est-ce que Moïse a prescrit? » Le Deutéronome (24,1-3) est clair à ce sujet, il est permis de répudier sa femme pour diverses raisons. C’est d’ailleurs ce passage qui est cité par les pharisiens.

         Or, Jésus oppose la règle de Moïse et la volonté de Dieu lors de la création. Dans la logique proposée par Jésus, la Loi de Moïse est un adoucissement devenu nécessaire à cause de la dureté du cœur des humains qui ont été créés pour que de deux, ils ne fassent qu’une seule chair.
    Le débat au temps de Jésus

         Le divorce était vivement débattu au temps de Jésus. D’un côté, Rabbi Hillel, un pharisien libéral, acceptait toutes raisons qui pouvaient mener à la séparation d’un couple. Même le fait par exemple que la femme soit mauvaise cuisinière. De l’autre, Rabbi Shammaï, plutôt stricte, n’admettait qu’un nombre limité de raisons pour la répudiation. La position de Jésus est donc plus radicale que le plus conservateur des pharisiens.

         Cette dynamique est proche de ce qu’on trouve dans le Sermon sur la Montagne où Jésus radicalise la Loi de Moïse. Vous avez entendu qu’il a été dit : tu ne commettras pas l’adultère, mais moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur (Mt 5,28). La Loi de Moïse n’est pas abrogée par Jésus, il la rend plus radicale pour se rapprocher de la volonté de Dieu. Mais, comment comprendre cette parole radicale? Voici quelques choix d’interprétations.
    L’interdiction de divorces et de remariages

         On peut choisir d’accepter la radicalisation de Jésus. Tout mariage est indissoluble et tout remariage est adultère. L’avantage de cette position est qu’elle suit l’avis de Jésus de façon littérale. Par contre, la conséquence est un jugement sur toutes les personnes qui ne peuvent pas suivre ce commandement. Cette lecture fait de l’Évangile une règle morale qui opère une exclusion. Poussé à l’extrême, le comportement marital devient critère de salut. Ironiquement, bien que cette option se distancie des propos des pharisiens, elle rejoint la logique pharisienne d’exclusion décriée tout au long de l’évangile.
    Critique d’Hérode Antipas

         À ce moment dans l’Évangile de Marc, le lecteur a déjà rencontré un divorce et remariage problématique. Ce remariage était contesté et considéré par Jean Baptiste comme un adultère. Il s’agit du mariage entre Hérode Antipas et Hérodiade qui était précédemment mariée à Philippe le frère d’Hérode (6, 17-18). Hérodiade était d’ailleurs la nièce de ses deux maris. Flavius Josèphe, un historien de l’époque, indique que l’endogamie et le divorce étaient des pratiques courantes dans la dynastie d’Hérode. Jean Baptiste est mort après avoir critiqué ce remariage. Ainsi la critique de Jésus peut être comprise comme un rappel et une généralisation de la critique de Jean Baptiste envers Hérode.
    Idéal pour la fin des temps

         Selon une autre interprétation, la position prise par Jésus reflète les questions éthiques des premiers chrétiens. Les lettres de Paul nous informent qu’ils pensaient que la fin des temps allait arriver d’un jour à l’autre. Dans ce contexte apocalyptique, les séparations et remariages étaient inutiles puisque la fin était proche.
    Critique féministe

         Une femme juive à cette époque, même mariée, n’avait guère de protection légale. Si son mari la renvoyait, elle n’avait aucun recours et pouvait se retrouver dans la rue sans protection, sans droit, sans argent. Contrairement aux veuves qui selon la Loi devaient bénéficier de la générosité, la femme divorcée se retrouvait sans honneur et sans compassion. Les motifs invoqués pour le renvoi d’une femme étaient très larges.

         Une interprétation possible de ce récit est donc de mettre l’accent sur la compassion de Jésus qui est contre le divorce à cause des difficultés qu’il inflige aux femmes et aux enfants. Jésus défend la cause des femmes dans une société patriarcale en interdisant le divorce qui laissait les femmes sans recours. Selon cette interprétation, Jésus ne veut pas surtout parler de l’indissolubilité du mariage, mais en finir avec une forme arbitraire considérée comme normale à son époque où les hommes pouvaient dominer leur femme.
    Comme un enfant

         Les versets 13-16 ne sont pas préparés par la narration. Ils ne semblent pas avoir de lien avec le texte précédent. Pourtant ils peuvent éclairer notre question.

         Un enfant ne peut se suffire à lui-même, il ne peut se sauver lui-même. Dans la mentalité de l’époque, les enfants sont considérés comme incapables de comprendre la Loi ou la volonté de Dieu. Les enfants sont donnés comme modèles puisqu’ils ne peuvent que recevoir le don de Dieu. Ce n’est pas leurs actes, leur intelligence ou leur conduite morale qui leur donnent accès au Royaume. C’est justement leur dépendance qui fait d’eux d’excellents exemples au même titre que les prostituées et les publicains (Mt 21,31).

         Paradoxalement, les hommes et femmes déclarés adultères par Jésus quelques versets plus tôt se retrouvent dans cette position. Ils ne peuvent entrer dans le royaume par leur rectitude morale et doivent donc faire confiance à Dieu, comme un enfant.

         Le texte se termine avec un langage d’affection puisque Jésus embrasse les enfants, les bénit et pose sur eux un geste de guérison en leur imposant les mains. Si un lecteur s’est senti visé par les paroles de Jésus sur la séparation, espérons qu’il se reconnaisse et s’identifie à cet enfant vulnérable que Jésus embrasse, guérit et montre en exemple.
    Conclusion

         Alors, quelle interprétation choisissez-vous? L’interdiction des divorces et des remariages, la critique d’Hérode, le contexte de la fin des temps, la critique du mariage patriarcal ou l’interprétation autour de l’image de l’enfant?

         Ce passage controversé montre que Jésus est au courant que la tradition biblique n’est pas uniforme à ce sujet. Jésus utilise un texte du Pentateuque pour en critiquer un autre selon son système de valeurs. En ce sens, cette attitude de Jésus peut nous inciter à voir la pluralité des positions de la Bible sur une question morale et nous inciter à faire comme lui, en pesant le pour et le contre.

         Cette attitude peut inspirer les évêques qui, avec le pape François, se sont engagés dans une réflexion sur la famille centrée sur la miséricorde.

     
    Sébastien Doane, bibliste

     Source : Le Feuillet biblique, no 2458. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    Source www.interbible.com


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  • La seizième lettre de l’alphabet hébraïque est la lettre « aïn «  qui signifie à la fois l’œil et la source. Elle nous enseigne que toute juste perception doit nous conduire à la source des choses et de l’être .Elle nous apprends que rien n’est en dehors de Dieu. Nous devons par notre compréhension des événements, des épreuves traversées, parvenir à cette vision.

    Dans le passage du « Shema Israël »,la profession de foi du peuple juif, deux lettres sont écrites d’une plus grande taille que les autres, le « aïn » à la fin du mot « shéma »(écoute) et le « dalèt » à la fin du mot éhad (un). Ces deux lettres forment le mot « èd »témoin. Israël est le peuple témoin de l’unicité d’ « YHWH ». Jésus a révélé le sens de ces quatre voyelles en expliquant qu’en elles Dieu est Père, Fils et Saint Esprit.

    Cette prière se dit en appuyant le pouce et l’indexe que les yeux pour les fermer. Le Aïn invite à la clairvoyance et la claire audience par une descente à l’intérieure de l’intimité de notre être, pour dans le silence et la présence, écouter la voix de celui qui habite au milieu de nous.

    Selon Jésus de Nazareth ce commandement d’écouter, de voir que YHWH  est Un et de l’aimer de toute son âme, son cœur et ses possibilités est le premier des commandements. Il est suivi du second  « tu aimeras ton prochain comme toi-même » d’égale importance.

    Il s’agit de percer le voile qui recouvre ce monde pour voir en tout évènement, toute situation, toute créature le Père, qui est la source de toute vie, de tout amour et qui, en et par le Fils, habite tout homme.

    Nous rappelons que le mot éhad, un, en hébreu, a la même valeur numérique que ahavah, amour.

     Le mot « avoda », travail, est initié par la lettre « aïn ». Dans l’hébreu biblique ce mot sert à désigner le service divin, celui des « cohanim » des prêtres, qui consistait essentiellement à offrir les sacrifices ou plus justement les offrandes « korbanot ». Ce mot vient du verbe karev approcher.

    Il s’agit désormais, par l’offrande, non plus d’un animal, mais de sa propre vie, à l’imitation de Jésus Christ, en notre corps devenu temple c’est à dire lieu de rendez vous avec le Père et le fils dans le souffle de l’Esprit, d’offrir sa vie à celui qui nous donne la vie; d’aimer son prochain jusqu’à mourir pour lui. « Avoda » peut être lu « bé ad », qui signifie pour toujours ou « bé èd » pour être témoin.

    Ce service nous fera entrer dans la vie éternelle en faisant de nous des témoins de l’amour du Christ. N’a-t-il pas dit c’est par l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaitra que vous êtes de mes disciples.

    C’est là, le secret que renferme cette lettre qui a 70 pour valeur numérique, le même poids sémantique que le mot « sod »  secret et le mot « yaïn » vin. Christ en changeant l’eau en vin a bouleversé la vision du monde et les relations humaines.

    Élisabeth

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  • Scandale

    Derrière moi, Satan!

    Derrière moi, Satan!
    James Tissot, c. 1886-1894
    Brooklyn Museum, New York

    Hébreu : miksôl

    Grec : skandalôn

    Scandale! Quoi de mieux pour attirer l’attention et vendre des revues qu’un bon scandale? Il y en a de toutes les sortes : politique, religieux, économique, sexuel, etc. Bien que les textes bibliques présentent aussi des événements scandaleux, dans la Bible, ce mot n’y évoque pas la même réalité que pour nous aujourd’hui.

         Dans l’Ancien Testament, le scandale est un filet ou un piège tendu contre son ennemi. C’est littéralement un obstacle qui fait tomber quelqu’un. « Ne mettez pas d’obstacle devant un aveugle. » (Lv 19,14) Au sens figuré, il indique une occasion de commettre une faute ou de se détourner de Dieu.

         Curieusement, le livre d’Isaïe montre le Seigneur comme un scandale : « Il sera un sanctuaire et une pierre que l’on heurte et un rocher où l’on trébuche pour les deux maisons d’Israël, un filet et un piège pour l’habitant de Jérusalem. » (Is 8,14) Cet extrait ce situe dans un avertissement prophétique où Isaïe avertit Israël du jugement de Dieu qui punira son peuple par les attaques militaires des autres nations. La suite du livre d’Isaïe montre justement comment Israël est détruit par Babylone. Ainsi, Dieu est un rocher pour ceux qui lui sont fidèles, mais aussi un scandale, une raison de chute pour ceux qui le méprisent.

         Dans le grec du Nouveau Testament, le scandale est littéralement une pierre ou un obstacle qui fait tomber (skandalôn). Cette expression est utilisée pour décrire les actions, les événements ou les attitudes qui détournent quelqu’un de la foi. Le plus grand scandale est la mort de Jésus par crucifixion. Comme la plupart des personnes de la société de son temps attendaient un messie triomphant, ils ne pouvaient adhérer à un crucifié. Ainsi Paul écrit que la croix est un scandale pour la plupart des Juifs (Rm 9,33). De même, le refus de Pierre d’envisager la souffrance et la mort du messie est un scandale pour Jésus, une occasion de se détourner de sa mission (Mt 16,23). L’évangile selon Jean (6,60-69) décrit les effets de l’enseignement de Jésus au sujet de sa chair et de son sang comme nourriture de vie éternelle. Plusieurs disciples ne sont pas d’accord avec ses propos et arrêtent de le suivre. Cette parole est un scandale pour eux, un enseignement qui leur a été une occasion de chute. Donc, un peu comme Isaïe présentant le Seigneur comme un « scandale », les textes du Nouveau Testament montre Jésus comme une occasion de chute ou de salut. 

         Ainsi, le scandale selon la Bible n’est pas nécessairement un événement révoltant comme les scandales qui nous sont présentés dans les médias. C’est plus précisément quelque chose qui empêche de croire, un obstacle à la foi.

    Sébastien Doane

    source www.interbible.org
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  • Témoigner par sa vie et non par des mots.

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    Prendre une décision qui engagerait toute une vie devient un véritable dilemme dans notre société. Il suffit de voir l’hésitation de certains jeunes face au mariage. Ce qui rassure certaines personnes, c’est que le mariage n’est pas nécessairement un engagement ; il est toujours possible de divorcer.

     

    Dans notre société qui s’arrange toujours pour tuer notre intériorité, l’engagement est devenu affaire de Liberté. Le mot est dévoyé depuis tant d’années que nous pouvons le définir facilement. La plupart des gens considèrent, de nos jours, que la Liberté consiste à avoir des droits mais jamais de devoirs ! C’est la plus nihiliste des définitions de la Liberté, la plus destructrice. Cela se répercute sur les Jeunes de façon diabolique : la société leur doit TOUT et eux ne doivent RIEN à cette société pourrie.

     

    Je ne ferai pas une analyse sociologique pour savoir pour quelles raisons nous sommes arrivés à cette incohérence, quoique que j’ai ma petite idée. Ceci est important car il dénote bien pour quels motifs nous sommes dans un climat de violence sans nom. Personne n’est responsable de personne et le monde court à sa perte. Un jour, un journaliste me demanda, ce qui avait changé au niveau éducatif depuis 36 ans que j’exerce cette profession. Je lui ai répondu que la plupart des meurtres, des toxicomanies sont dues à de nouvelles pathologies provoquées par un manque de maturité. En bref, la société dans laquelle nous vivons est constituée de dépressifs et de malades mentaux.

     

    C’est à nous, Adultes bien dans notre peau de montrer que dire " OUI " à Dieu, à la Vie, à l’Amour et rester fidèles à nos promesses du départ n’est pas toujours évident et cependant possible. Frères et Sœurs en ce jour, faisons la promesse de suivre Christ dans Son Amour Libérateur et que cet engagement coule dans nos veines jusqu’à la rencontre suprême.

     

    Montrer, non pas de mots, mais d’actes que l’Amour de Dieu peut emplir la terre jusqu’aux extrémités, cela est un Témoignage fort qui ne sera que contagieux. Les Témoins de Christ, que nous sommes doivent dire par leur exemple de vie que l’engagement est possible dans la confiance. Le monde meurt de manque de confiance en autrui et par conséquent en Dieu.

     

    Si les Jeunes qui sont les racines de l’être, ne voient pas en nous cette profondeur de Foi, de convictions, de force et d’Espérance. Alors, le monde de demain, ne sera qu’un immense océan d’incertitudes et de lâchetés. Aimons Christ d’un réel et profond Amour pour Lui dire : je te suis quoiqu’il arrive ma confiance en Ton Amour est sans limites.

     

    Notre joie sera perceptible auprès de chaque être rencontré et son mystère posera questions à ceux et celles qui se sentent vides intérieurement. En effet, il en va de notre présent mais également de l’avenir de notre terre tout entière. Frères et Sœurs, notre réponse doit être claire et fervente pour affirmer de nouveaux repères à la face du monde.

     

    L’évangélisation ne peut passer par des personnes pusillanimes et qui n’osent s’engager à la suite de Christ. L’Amour que nous répandrons en Son Nom aura le parfum du futur et le Bonheur du présent. Quoi de plus merveilleux que d’offrir sa Vie à Dieu-Amour pour donner Sens à notre existence et celle d’autrui. Puissions-nous être les transmetteurs de l’Amour de Dieu sur Terre.

     

    Bruno LEROY.

     Source http://brunoleroyeducateur-ecrivain.hautetfort.com

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  • Homélie du 27ème dimanche du temps ordinaire

    Abbé Jean Compazieu 

    Sauver l’amour

    Image hébergée par servimg.com

    Textes bibliques : Lire

    En ce dimanche des familles, les lectures bibliques nous rappellent des vérités fondamentales que notre société moderne risque d’oublier. Chacun a ses idées, ses certitudes, mais nous chrétiens, nous sommes invités à nous rappeler ce qui a été voulu par le Seigneur ; nous nous mettons à son écoute pour accueillir ce qu’il nous dit sur l’amour, le mariage et la famille.  

    Nous avons tout d’abord le récit de la Création (1ère lecture). Il ne faut pas le lire à la manière des fondamentalistes (C’est écrit ainsi, donc c’est ainsi). Le but de ce texte n’est pas de nous dire comment les choses se sont passées. Ce qu’il faut y voir, c’est la révélation d’un Dieu créateur. Il ne réside pas dans les nuages ; il n’est pas insensible à ce qui se passe sur terre. Il est quelqu’un qui veut aimer et communiquer. L’humanité n’est pas créée pour être son esclave mais pour devenir un partenaire conscient et libre.

    Ce texte de la Genèse utilise un langage imagé pour nous révéler la grandeur du couple humain. Pour être totalement humain, chacun aura besoin de l’autre. Ce récit nous rappelle le grand projet de Dieu : l’homme et la femme ont été créés pour qu’ils aiment. Dieu a sur eux un projet d’amour éternel. Nous savons que cela n’a pas marché comme il le souhaitait. Le projet de Dieu a été souvent abimé ; l’amour a été blessé. Nous en avons de nombreux témoignages dans notre société actuelle.

    Mais le Seigneur n’a pas renoncé à ce grand projet d’amour vrai, fidèle et heureux pour toujours. Et c’est pour nous rappeler ce projet que Jésus répond à la question des pharisiens. Ces derniers l’interrogent pour savoir ce qu’il pense : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus les renvoie à ce qui est dit dans la loi de  Moïse. Dans les cas extrêmes, elle permet un acte de répudiation. Jésus leur répond que si Moïse a fait cette concession, c’est à cause de la « sclérose » de leur cœur. La Bible prend les gens là où ils en sont pour les conduire pas à pas vers la révélation dans le Christ Jésus. Un cœur sclérosé, c’est un cœur qui obéit à ses propres désirs et non à la volonté de l’Esprit Saint. « Ce n’est pas à votre honneur ce que Moïse a été obligé de faire. C’est à cause de votre sclérose de cœur que ce commandement a été écrit ».

    Mais le but de Jésus n’est pas de faire une leçon de morale. Il donne un enseignement sur ce qui a été voulu par Dieu depuis les origines : « Il les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous  deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux mais ils ne font qu’un. » Créé à l’image de Dieu, le couple doit être « l’icône de Dieu » : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »  Qu’il ne le détruise pas. Qu’il ne l’avilisse pas. La première chose à faire, c’est de revenir à la volonté de Dieu sur nous : sa volonté c’est que l’homme et la femme soient l’icône de sa propre unité, l’icône de l’amour à l’intérieur du mystère Trinitaire.

    C’est très beau car ça montre que le mariage existait avant le péché de l’homme. Il continue à être une bénédiction après le péché. « Le mariage demeure une bénédiction divine que le péché n’a pas aboli. Très abîmé par le péché originel, il retrouve tout son sens en Jésus. Le mariage chrétien est une réponse à ce qui a été voulu dès les origines. C’est quelque chose de très grand, très beau et très mystérieux auquel on ne doit pas toucher parce que c’est l’icône de l’amour de Dieu. C’est pour cette raison que l’adultère est si grave car il est un péché contre l’icône de Dieu. Dans l’Ancien Testament, il va avec l’idolâtrie. Ce texte est une hymne à la grandeur et à la beauté du mystère de l’union de l’homme et de la femme depuis les origines. Cette bénédiction continue après le péché des origines.
    Pour nous aider à entrer dans l’esprit de Dieu, Jésus nous parle de l’esprit d’enfance. On lui apporte dans petits enfants. Les disciples pensent que ça va le déranger. Mais Jésus leur dit : « laissez les petits enfants venir à moi ; c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume de Dieu. L’enfance spirituelle, c’est la confiance dans la volonté de Dieu et le désir d’obéir à sa volonté. On sait que tout ce qui vient de Dieu est beau et bon. Nous sommes appelés à être des enfants dans les bras de Dieu.

    La lettre aux hébreux ne parle pas du mariage, mais elle rappelle cet amour passionné de Jésus pour tous les hommes. C’est un amour qui est resté fidèle jusqu’au sacrifice de sa vie. Par sa Passion, sa mort et sa résurrection, il nous ouvre le chemin  de la raie vie. Ce qu’il attend de nous, c’est que nous venions à lui comme les petits enfants dont nous parle  l’Evangile. C’est autour de lui que doit se construire l’unité des familles et celle des communautés chrétiennes.

    En ce jour, nous faisons nôtre ce refrain : « Sur les chemins de la  vie, sois ma lumière, Seigneur. »

    Sources : Revues Feu nouveau et Signes – L’Evangile au présent – (D. Sonnet) – Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye) – Commentaires de Claire Patier- Reste avec nous quand vient le soir (Laurette lepage)

    Télécharger cette homélie

    Source http://dimancheprochain.org
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  • ETATS-UNIS – Des conservateurs qui n’aiment pas conserver (si ce ne sont leurs droits personnels)

    Voici l’extrait de la la salutation inaugurale du pape François évoquant la crise climatique. Cette déclaration a été faite au moment de sa réception dans les jardins de la Maison Blanche, le 23 septembre 2015.

    « Monsieur le Président, je trouve encourageant que vous promouviez une initiative pour la réduction de la pollution de l’air. En acceptant cette urgence, à moi également il semble clair que le changement climatique est un problème qui ne peut plus être laissé à la future génération. En ce qui concerne la sauvegarde de notre maison commune, nous vivons un moment critique de l’histoire. Il est encore temps d’opérer les changements qui s’imposent en vue d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. Un tel changement exige de notre part que, de manière sérieuse et responsable, nous prenions en considération, non seulement le genre de monde que nous pourrions léguer à nos enfants, mais aussi les millions de personnes vivant dans un système qui les a marginalisés. Notre maison commune fait partie de ce groupe d’exclus qui crient vers le ciel et qui aujourd’hui frappent avec force à la porte de nos maisons, de nos villes et de nos sociétés. Pour utiliser une expression imagée du Pasteur Martin Luther King, nous pouvons dire que nous avons manqué d’honorer un billet à ordre et le moment est arrivé de le faire. Nous savons par la foi que le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet d’amour, il ne se repent pas de nous avoir créés. L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. En tant que chrétiens inspirés par cette certitude, nous voulons nous engager, de manière consciencieuse et responsable, pour la sauvegarde de notre maison commune. Les efforts réalisés récemment afin d’amender les relations rompues et afin d?ouvrir de nouvelles portes à la coopération au sein de la famille humaine sont des étapes positives sur le chemin de la réconciliation, de la justice et de la liberté. Je voudrais que tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté de cette grande nation soutiennent les efforts de la communauté internationale pour protéger les personnes vulnérables dans notre monde et pour encourager les modèles de développement intégral et inclusif, en sorte que nos frères et soeurs partout puissent connaître les bénédictions de paix et de prospérité que Dieu veut pour tous ses enfants

    Pas de quoi rassurer les élus les plus conservateurs du Congrès américain qui vont l’accueillir cet après midi. Certains -mêmes catholiques- manifestent leur mauvaise humeur en refusant d’être présent pour accueillir ce pape qui parle trop de climat à leur goût et pas assez d’avortements. C’est le cas, par exemple, de Paul Gosar, un sénateur républicain de l’Arizona. Dans un billet du site TownHall.com , l’homme qui se dit être un « catholique fier de l’être » dit aussi

     sa déception d’entendre que ce pape argentin vient parler de changement climatique devant le Congrès.

    2015 Paul Gosar« Les médias nous annoncent que sa Sainteté va concentrer le coeur de son discours sur le changement climatique – un climat qui a toujours changé depuis sa création dans la Genèse. Plus troublant est le fait que ce discours sur le changement climatique a adopté toutes les expressions des socialistes, enrobés dans de la fausse science et de de l’idéologie telle que la « justice climatique », pour culpabiliser les gens par des politiques de gauche. (…) Si le pape se réfère à la théologie classique chrétienne, je serai en première ligne. Si le pape parle avec son autorité morale contre l’islam violent, je serai là pour le féliciter. Si le pape presse les nations occidentales à aider les chrétiens persécutés du Moyen Orient, je le soutiendrai de tout mon coeur. Mais quand le pape choisit d’agir et de parler comme un homme politique de gauche, alors il peut s’attendre a être traité comme tel. (…) Si le pape veut dévouer sa vie à lutter contre le changement climatique, il peut le faire durant son temps personnel. Mais promouvoir cette science discutable comme un dogme catholique est ridicule. (…) Si le pape prévoit de passer la majorité de son temps à défendre des politiques faussés contre le changement climatique, alors je ne participerai pas à cette session. C’est mon espoir que le pape François réalise qu’il a mieux à faire à se concentrer sur les matières telles que la tolérance religieuse et le caractère sacré de la vie. Comme responsable de l’Eglise catholique et comme une voix puissante défendant la paix à travers le monde, sa Sainteté a une vraie possibilité de changer le climat de terreur au Moyen Orient et non pas de suivre les errances folles du ‘changement climatique' »

    Au moins les choses sont claires.

    On peut préciser que l’homme de 57 ans est connu pour ses positions très conservatrices : militant pro-life, il est aussi un défenseur très actif du droit à porter des armes, un politicien clairement opposé à l’immigration. Et même un homme aux déclarations très ambiguës sur les droits des Indiens d’Amérique en Arizona (quand ils luttent pour défendre leurs terres contre des projets miniers). Membre notamment du comité sur les « ressources naturelles » (!), il est aussi signataire du serment promu par les « Americans for Prosperity » (promu par les frères Koch, des millionnaires conservateurs farouchement opposé au président Obama), il s’est engagé ainsi à lutter contre toute législation ou taxe visant à lutter contre le changement climatique. Dans ce sens, il vise même à vouloir destituer la présidente de l’Agence pour l’environnement américain (EPA), Gina McCarthy pour « crimes et délits graves ».

    On l’aura compris, si Paul Gosar est fier d’être catholique, c’est aussi parce qu’il est un poète.

    Le blog E&E reviendra sur cette posture si caractéristique de ces milieux catholiques qui opposent certains pans de la doctrine sociale catholique, légitimes selon eux, à d’autres qui ne le seraient pas. La lecture très politique des déclarations du pape François en dit long aussi de l’argumentaire pseudo-confessionnel en question. Et des enjeux économiques personnels et collectifs qui expliquent ce lobbying actif, protégé de toute critique par une posture « prolife » décidément bien pratique.

    DL

    Source https://ecologyandchurches.wordpress.com/
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