• À LA RECHERCHE DES FORCES VIVES DE LA FOI -13 (TDN)

    (doc. 13)

    À LA RECHERCHE DES FORCES VIVES DE LA FOI

    Le Réseau Culture et Foi

     Le Réseau Culture et Foi existe depuis 1995. Il ~ fut fondé par un groupe de croyants franco­phones du Québec et de « l'Outaouais des deux ri­ves», en très grande majorité des laïcs, malheureux de voir les promesses de renouveau suscitées par le Concile Vatican II devenir de plus en plus évanes­centes. L'aggiornamento que voulait Jean XXIII pour que l'Église établisse un réel dialogue avec le monde moderne, leur semblait totalement négligé sous Jean-Paul II.

    En croyants laïcs responsables, les membres du Réseau voulaient - et veulent toujours - travailler à construire ce dialogue à partir d'une réflexion criti­que approfondie tant sur l'Église que sur la modernité. Ils partagent une double conviction. D'un côté que l'évangile est essentiellement un message libé­rateur qui appelle à sortir de ce qui opprime, de ce qui empêche de vivre au sens fort dévoilé par Jésus. Du même mouvement, ce message appelle à faire vivre ceux qui sont opprimés autour de nous. Et les oppressions sont multiformes, venant aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur.

    Cette première conviction, dynamisante, s'accom­pagne d'une deuxième, douloureuse pour des croyants: l'Église d'aujourd'hui, pour être fidèle au message évangélique, a besoin de réformes radica­les. Au fil des siècles, elle a développé des structures oppressives, centralisatrices à l'extrême, protectri­ces de son pouvoir, des structures empêtrées dans le conservatisme des traditions multiples. Et la hié­rarchie semble incapable d'en faire une évaluation critique, comme elle semble incapable d'un réel dia­logue avec le monde contemporain.

    Là vient s'insérer le projet ambitieux du Réseau Culture et Foi. La réforme doit venir de la base et rayonner discrètement peu à peu. Pour cela, le Ré­seau réunit des croyants qui partagent ces mêmes convictions, pour qu'ils se confortent et s'éclairent mutuellement. Le but ultime est de rendre le mes­sage évangélique interpellant pour notre monde con­temporain. Ce qui veut dire un double travail criti­que : au niveau de la communauté chrétienne elle­ même et au niveau des valeurs que développent nos sociétés. « Critique» au sens d'un effort de discer­nement entre forces de vie et forces de mort.

    Depuis les années 1995, le Réseau n'a pas réussi à construire la ramification de petites équipes à tra­vers la province dont il rêvait à l'origine. Le noyau fort de ses membres vient de Montréal et de la Montérégie, avec de fidèles adhérents, des sympa­thisants disséminés dans le Québec et bien au-delà, grâce surtout à l'internet. Notons qu'au fil des an­nées plusieurs religieux et religieuses ont apporté un grand support au Réseau, partageant ce désir d'une Église plus proche de l'évangile, soucieuse d'inclure plutôt que d'exclure, préoccupée enfin de voir se réaliser l'égalité hommes / femmes jusque dans ses propres structures.

    L'essentiel de nos activités fut de mettre, année après année, membres et sympathisants en contact avec des biblistes, des théologiens, des liturgistes, des sociologues religieux qui nourrirent notre ré­flexion sur l'Église et la modernité, qui permirent d'amorcer le dialogue que nous recherchions. Dia­logue avec les jeunes croyants d'aujourd'hui (mai 2002), dialogue avec d'autres groupes qui cherchent un renouveau dans l'Église (mai 2004), dialogue avec des chercheurs particulièrement ouverts à la moder­nité (avril 2005), dialogue avec l'islam et le judaïsme (mai 2007).La liste est longue de ces rencontres et colloques depuis 13 ans. En a témoigné le Bulletin qui paraît quelque trois fois par année. Et depuis les années 2000, il y a le site Internet qui donne parole aux forces de renouveau en Église actives non seu­lement au Québec, mais à l'échelle internationale. Si le Réseau n'est pas engagé dans des projets sociaux déterminés, ce travail de ressourcement nourrit, motive les engagements concrets de ses membres sur des terrains multiples.

    Dans le contexte du prochain Congrès eucharis­tique de Québec, rappelons que le Réseau Culture et Foi prend la tradition eucharistique très au sé­rieux. Dès novembre 2005, il organisait un premier colloque avec l'interrogation suivante: « L'eucharis­tie fait la communauté des croyants: inflation ver­bale ou réalité profonde ? » En juin 2006, il récidi­vait pour approfondir une dimension de l'eucharis­tie qui lui semblait essentielle: « De l'eucharistie à l'engagement. » Et cette année il revenait à la charge avec un titre provocateur qui traduit nos inquiétu­des : « Le Congrès eucharistique de Québec, pour ou contre ? »

    Voici comment nous exprimions notre problé­matique : « Dans nos colloques de 2005 et 2006, l'ac­cent fut mis avec force sur la célébration eucharisti­que comme mémorial du dernier repas de Jésus avec ses disciples. Le pain et le vin y sont les signes de son corps et de son sang, les signes de sa vie et de sa mort entièrement au service des hommes et des fem­mes, pour que s'accomplisse le projet libérateur de Dieu. Vie et mort ratifiées par la résurrection.

    « L'eucharistie, dans cette perspective, est essen­tiellement célébration communautaire d'un engage­ment, celui de Jésus. Et du même coup, elle est invi­tation radicale à la communauté de reproduire le même engagement, éclairée, renforcée par son Es­prit.

    « Est -ce que le Congrès eucharistique mettra les accents aux mêmes endroits ? Plutôt que de célé­brer l'eucharistie comme expérience d'une commu­nauté vivante qui se laisse interpeller au sein d'un repas par le rappel des engagements concrets de son Seigneur, le toujours Vivant, va-t-on surtout célé­brer Jésus dans le tabernacle ou l'ostensoir, en insis­tant sur la relation personnelle, sur l'adoration ?

    « Au lieu de mettre en relief les implications de la communauté entière dans le mémorial du dernier repas, veut-on surtout réaffirmer, à grands coûts, la structure pyramidale d'une Église où la masse des évêques et des prêtres en soumission totale au Pape est fortement valorisée par rapport au commun des fidèles?

    « Quels avantages pastoraux l'Église du Québec peut-elle attendre d'un pareil événement? Quels progrès dans l'annonce de la Bonne Nouvelle?» Signalons, pour terminer, notre participation au blogue Une table eucharistique ouverte et signifiante. Signalons de même le volumineux dossier Eucharistie sur le site du Réseau Culture et Foi (qui contient, entre autres, les textes des trois colloques). La démarche est toujours identique: s'efforcer de discerner entre des dérives qui exaltent l'imaginaire, qui renforcent le pouvoir ecclésiastique mâle, et ce que nous pensons être le vrai niveau d'interpella­tion et de conversion: entrer dans le Mémorial pour approfondir et renouveler nos engagements de li­bération ...

    Claude Giasson


    La suite L'EUCHARISTIE, SACREMENT DE L'INCLUSION -14

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