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    PELERINAGE A ASSISE

    « EN ROUTE VERS LES ERMITAGES DE LA VALLEE SAINTE »

     

    Mercredi 26 mai – matinée.

    Poggio Bustone :

    LE-VILLAGE-DE-POGGIO-BOSTONE.JPGLa journée est longue mais exceptionnelle. Pour nous rendre à Poggio Bustone nous choisissons d’emprunter une petite route de montagne qui traverse de magnifiques villages et offre des points de vue d’une très grande beauté.

     

    Nous arrivons jusqu’au couvent San Giacomo – toujours occupé par les frères mineurs - qui domine le village de Poggio Bustone et la plaine de Rieti. Je donne quelques précisions sur ce lieu. A l’origine, l’ermitage saint Jacques a été donné à François et à ses frères par les bénédictins. Venu pour la première fois à saint Jacques en 1208 il a, selon ses habitudes, repéré une grotte dans la montagne où il se retirait chaque fois qu’il se rendait dans ce lieu. Au  XVème siècle les villageois y ont construit une toute petite chapelle pour en conserver la mémoire.

    L’ermitage saint Jacques peut être considéré comme le sanctuaire inférieur, et la petite chapelle dans la montagne, comme le sanctuaire supérieur. On appelle ce dernier, l’ermitage de la miséricorde de Dieu car trois évènements importants pour François et l’avenir de son Ordre se sont produits ici :
    Il a reçu l’assurance du pardon de ses péchés.

    « Il se retira comme il le faisait souvent en un lieu favorable à la prière, se plongea longuement … dans la contemplation du Maître de la terre entière, et revoyant dans l’amertume de son âme ses mauvaises années, il répétait : ‘Mon Dieu, aie pitié de moi pécheur ‘. Et peu à peu une indicible joie et une grande suavité filtrèrent au plus intime de son âme ; le ravissement commença, et disparurent alors les angoissPOGGIO-BUSTONE-EN-PRIERE-SUR-LE-LIEU-DU-PARDON.JPGes et ténèbres qui s’étaient comme épaissies dans son âme à la pensée troublante de ses anciens péchés. Avec la certitude du pardon complet, l’assurance lui fut donnée qu’il pouvait se reposer sur la grâce… Il se sentit un esprit entièrement neuf et paraissait un tout autre homme. » (Vita prima 26)
    Il a reçu l’assurance de l’avenir de sa fraternité.

    Il a reçu la certitude que son Ordre attirerait une multitude venant de tous pays pour vivre leur vie, sous leur habit, avec la volonté de se plier à la Règle de l’Ordre.

    « Mes bien-aimés, soyez pleins de courage et d’allégresse dans le Seigneur, et ne vous affligez ni de votre petit nombre ni de votre simplicité ou de la mienne : car le Seigneur m’a montré en vérité qu’il fera de nous une foule immense qui se multipliera et s’étendra jusqu’aux extrémités du monde. » (Vita prima 26-27)
    L’esprit missionnaire a vu le jour dans ce lieu.

    C’est d’ici que François et ses sept frères se sont répartis deux par deux, pour partir en mission. L’ermitage de Poggio Bustone est donc considéré comme le lieu du premier envoi et de l’essor missionnaire de l’Ordre Franciscain. La rencontre de l’autre dans sa religion différente remonte à saint François… Tout franciscain est donc missionnaire !

    Ensuite nous pénétrons à l’intérieur du couvent saint Jacques. Je signale, dès notre entrée dans la chapelle, une œuvre qui m’a toujours bouleversée. Elle représente François, déjà malade et très faible, entouré et accueilli par les gens du village, simples et généreux, venus pour l’écouter. Selon la tradition, François les saluait par ces mot : « Buon giorno, buona gente ! » « Bonjours, bonnes gens ! »

    Nous pénétrons ensuite dans une petite chapelle située dans la partie primitive de l’ermitage. Ce lieu, très simple, à même la roche, incite à la prière et à la méditation. Nous y partageons cette très belle prière de saint Augustin :

     

    Ouvre-moi.

    « Seigneur, donne-moi de m’accueillir

    Comme tu m’accueilles, de m’aimer comme tu m’aimes.

    Délivre-moi de la perfection que je veux me donner,

    Ouvre-moi à la sainteté que tu veux m’accorder.

    Epargne-moi les remords de judas

    Rentrant en lui-même pour n’en plus sortir,

    Epouvanté et désespéré devant son péché.

    Accorde-moi le repentir de Pierre,

    Rencontrant le silence de ton regard

    Plein de tendresse et de pitié.

    Et si je dois pleurer, que ce ne soit pas sur moi-même

    Mais sur ton amour offensé.

    Seigneur, tu connais le désespoir qui ronge mon cœur.

    Le dégoût de moi-même,

    Je Je le projette sans cesse sur les autres !
    Que ta tendresse me fasse exister à mes propres yeux !
    Je voudrais tellement déverrouiller la porte
    De ma prison dont je serre moi-même la clef !
    Donne-moi le courage de sortir de moi-même.
    Dis-moi que tout est possible à celui qui croit.
    Dis-moi que je peux encore guérir,
    Dans la lumière de ton regard et de ta parole.


    En ressortant du couvent, nous entamons notre marche sur le sentier caillouteux qui nousMONTEE-VERS-ERMITAGE-DE-LA-MISERICORDE-DE-DIEU.JPG conduit jusqu’à L’ermitage de la miséricorde de Dieu. Ce sentier qui grimpe à travers une belle forêt de feuillus, est jalonné de « stations » marquant symboliquement différentes « étapes » de « l’ascension » de François. Par exemple, l’empreinte de son bréviaire, de sa capuche ou de son genou etc. dans le rocher. Nous montons en silence en articulant la Prière de Jésus : « Seigneur, Jésus, Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur » et, à chaque station, nous méditons un texte spécialement rédigé à cet effet.
    Par exemple, pour l’empreinte du genou :

    « Veillez et priez afin de ne pas tomber dans la tentation » (Mt 26.41) « La prière, respiration essentielle à la vie véritable, la vie en plénitude, la vie éternelle… La prière est le seul moyen de rester en contact avec Dieu. Don de l’Esprit, nourrie par la Parole, elle nous ouvre au dialogue avec le Fils et avec notre prochain. Elle nous fait pénétrer dans l’intimité du Père, nous fait ressentir sa bonté et sa miséricorde et nous imprègne de son Energie d’Amour. Loin de nous couper de l’action ou de nous faire ERMITAGE-DE-LA-MISERICORDE-DE-DIEU.JPGperdre un temps précieux, elle reconstitue nos forces et nous envoie dans la joie, témoigner du pardon reçu… Un jour commencé par : « Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche publiera ta louange » et terminé par : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » ne peut pas être un jour sans lumière et sans joie. »

    L’ermitage de la miséricorde de Dieu  est extrêmement émouvant. Réunis sous la roche, à l’endroit même où François venait se recueillir, nous récitons ensemble cette prière : « Toi, le juge des vivants et des morts, accorde ton pardon à ceux qui t’ont donné leur foi. Reste avec nous Seigneur, Jésus. » Et nous nous accordons un temps de méditation. Puis,  nous allons tous, dans la joie, sonner la petite cloche de l’ermitage qui résonne jusqu’au fin fond de la vallée.

     

    Mercredi 26 mai – après-midi.

    Fonte Colombo :

    Ce lieu est empli de gravité. François y a laissé l’empreinte deTAU-TRACE-PAR-FRANCOIS--FONTE-COLOMBO-.JPG son passage et de son message. Dans la petite chapelle de sainte Madeleine, il y a un « Tau » dessiné de sa main. Plus bas, au « Sacro Speco », nous pouvons imaginer François en train d’écrire sa deuxième Règle en 1223… Fonte Colombo abrite le noviciat des frères mineurs. Puis, nous accédons à l’ermitage primitif où les médecins tentèrent en vain de soigner ses yeux et de cautériser ses tempes à l’aide d’un fer porté au rouge par le feu.

    «  Le bienheureux François, pour réconforter son âme et calmer son émoi, dit au feu : ‘Frère feu, le Seigneur t’a créé noble et utile entre toutes les FRANCOIS-ET-FRERE-FEU-DE-PIERO-CASENTINI-copie-1.JPGcréatures. Use envers moi de courtoisie à cette heure, car je t’ai toujours aimé et je continuerai de le faire pour l’amour du seigneur qui te créa. Je prie notre commun Créateur de tempérer ton ardeur, que je puisse te supporter.’ Et sa prière terminée, il fit sur le feu le signe de la croix… » (Légende de Pérouse 46, 48)

    A Fonte Colombo, François est tellement en relation avec Dieu, au plus près de Jésus, qu’il ne ressent pas la douleur provoquée par la cautérisation de ses tempes. Le feu devient doux. Sans cette relation intime avec le Christ, sans cet abandon total, il aurait « envisagé » le mal et l’aurait ressenti. Cet évènement préfigure les stigmates. François était prêt pour les recevoir !

     

     

     

     

    Greccio :

    François et ses frères avaient repéré des grottes creusées dans le rocher à proximité du village de Greccio. Ces grottes leur servaient d’ermitages. C’est sur ce lieu-même qu’a été construit le couvent actuel. C’est dans l’une d’elle que François a célébré le Mystère de GRECCIO-CHRIST-SOURIANT.JPGl’Incarnation en demandant à son ami Jean de Velita, de se charger de l’organisation. « Je veux évoquer le souvenir de l’Enfant qui naquit à Bethléem et de tous les désagréments qu’il endura dès son enfance ; je veux le voir, de mes yeux de chair, tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un bœuf et un âne. » (Vita prima 84)

     

    Dès les premiers siècles il y avait des représentations de Jésus, pour faire mémoire. Tout d’abord, de la Sainte Famille – Marie-Joseph-Jésus. Puis des représentations du Mystère de Noël avec tout le merveilleux qui y est attaché, par exemple la présence des anges dans le ciel. Ensuite, des représentations qui faisaient mémoire de l’Incarnation sous forme de figurines en terre.

    Il y a donc une évolution dans le témoignage chrétien mais tout cela manque de vie. Le Christ Seigneur est représenté mais il semble être très loin de nos réalités terrestres. Il est dans un Au-delà qui nous échappe. Seules les figurines de terre font peut-être allusion à notre humanité ? Mais c’est une humanité inerte, vases de terre sans souffle de vie ! Ainsi, au cœur de ces témoignages, le peuple de Dieu n’est jamais représenté. Où est l’homme ?

    A partir de saint François, nous passons de la représentation à la Présence. Cela va modifier complètement la relation de l’homme à Dieu. Nous passons avec lui du Mystère du Fils de Dieu c’est-à-dire du Christ Seigneur dans sa toute puissance, au Mystère du Fils de l’Homme c’est-à-dire au Christ Enfant Jésus, Homme parmi les hommes, ses frères.

    La-Creche.jpg Ainsi, en ce jour de Noël 1223, tous les pauvres gens de la montagne accourent. Le Christ, comme Incarnation de Dieu, est « l’Au-delà au milieu de nous » (Dietrich Bonhoeffer), Il vient parmi nous, avec notre chair. Nous pouvons le voir et établir avec Lui une vraie relation. Il n’est plus inaccessible, le Mystère se dévoile. Un niveau de réalité entièrement différent fait alors irruption dans notre vie.

    Cela se traduit par la possibilité pour l’homme de procéder à un véritable retournement. En effet, à partir de la crèche vivante, François permet à l’humanité de dépasser la représentation et d’accéder à la réalité de la Présence, en un mot, de passer du connu au vécu. Elle ne va plus se contenter de « faire mémoire » mais va pouvoir vivre la Présence.

    Cette nuit-là, « François devint ‘enfant avec l’Enfant’ » « Cette célébration intérieure traduisait un devenir intérieur » vita secunda 35)  En vérité, François contemple le Fils de Dieu se laissant déposer dans les bras de l’humanité et il se dépose à son tour. Il entre totalement dans cette dynamique. François meurt à lui-même pour renaître.

    « Accepter de mourir à soi-même, ne peut être vécu qu’à partir d’un désir immense de rencontre, de communion, désir qui balaie tout sur son passage »(voir note)

    ermitage-de-Greccio.jpgL’ermitage de Greccio renferme des merveilles et impose silence et prière. La roche où François se reposait, le vieux dortoir avec ses petites cellules datant du XIIIème siècle sont particulièrement émouvants ainsi que le chœur des religieux où nous nous réunissons pour prier le Notre Père paraphrasé par François. Dans la chapelle attenante, nous contemplons un Christ « souriant » d’une grande beauté mais qui passe malheureusement souvent inaperçu. Puis, dans un petit oratoire, se trouve la copie, unique, – faite au XIVème siècle – d’un portrait de François, commandé semble-t-il par Dame Jacqueline de Settesoli, un an avant la mort du saint, d’où la grande probabilité de ressemblance avec le vrai visage de François. De la grande terrasse on peut contempler l’immensité du paysage et sa beauté, malgré une certaine austérité. François aimait ce lieu « parce qu’il le trouvait riche  de pauvreté » (Vita secunda 35)

    Il faut aussi évoquer le Troisième ordre dont une fraternité existait à Greccio déjà du vivant de saint François. En parlant des hommes et des femmes de ce bourg il disait : « il n’y a pas une grande ville où tant de gens se soient convertis à la pénitence ; et pourtant Greccio n’est qu’un petit bourg ! » (Légende de Pérouse 34)

    En quittant les lieux, nous faisons une halte pour admirer la beauté saisissante du couvent construit à flanc de falaise sur les grottes.

     

    Le mot du pèlerin.

    « A Poggio Bustone, pensant à la pénitence, j’ai marché humblement dans les pas de François et, à chaque station, la « charge » s’allégeait car je faisais corps avec les textes médités. » (Christian)

    « A Poggio Bustone, tes paroles m’ont soutenue, Seigneur. Dans ma prière, tu étais là. Dans mon silence, j’ai entendu les mots de ton pardon : Fu crocefisso per noi » (Marie-Hélène)

    « La prière de Jésus, au rythme de mes pas, m’a aidée à descendre en moi-même et m’a confrontée à la passion qui m’anime, à la souffrance que cela entraîne, mais aussi à l’amour de l’autre pour moi et à l’amour du Tout-Autre. » (Andrée)

     

    (La Crèche : Gertrude Crête, sasv 2002 encrylique, 29 x 21,5 cm collection privée © Claude Lacroix, ofm)


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    Note : LA DEPOSITION – Suzanne Giuseppi Testut – chez Nouvelle Cité

     

     

     

     

     

     


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    PELERINAGE A ASSISE

    « PREMIERS PAS DANS ASSISE »

     

    Mardi 25 mai – matinée.

    Le point de départ de François :

    Avant de rejoindre la Basilique San Francesco, nous nous installons sous le cloître de la chapelle San  Giacomo di Muro Rupto pour situer François dans le contexte histori que de son époque et rappeler les principaux éléments de son cheminement. Car, pour bien suivre les pas de François et se laisser confronter à lui, il faut pouvoir se laisser pénétrer par le côté humain de sa vie et l’aspect évangélique de son message.

    Rappel historique : (voir aussi: Le contexte historique où vécu François d'Assise )


    Reprise rapide avec les pèlerins des principales dates et des évènements marquant le parcours de François et de ses frères. Cruci-Damien--ofs-Sher.gif

    L’émergence de François s’est produite à un moment de l’histoire où l’Eglise et les hommes sentaient le besoin d’un nouveau souffle et où l’Eglise s’affrontait à l’hérésie Cathare. Le mouvement de fraternité  répondait à une aspiration profonde de son temps. 

    L’Eglise en ce début du 13ème siècle est, dans son ensemble, une Eglise dont le train de vie seigneurial et le pouvoir temporel s’étendent sur des régions entières. Evêchés et monastères sont des seigneuries d’Eglises, à la tête de domaines et de ressources considérables.

    L’hérésie cathare a séduit pas mal de seigneurs et attaque l’Eglise sur deux fronts : son train de vie très critiquable et sa doctrine (d’où hérésie)

     

    De plus, à cette époque, la majorité du clergé, mal formé, est incapable de réfuter l’hérésie, et l’Eglise donne le bâton pour se faire battre ! C’est dans ce contexte que prennent naissance les deux grands ordres mendiants : Celui de saint Dominique et de ses frères prêcheu rs, et celui de saint François avec ses frères mineurs.

     

       -Dominique se charge avec ses frères prêcheurs de l’aspect doctrinal. Il prêchera contre les cathares.

      -François apporte l’espérance d’une vraie fraternité. Renonçant à toute possession comme à toute puissance, rejetant tout ce qui pouvait le mettre au-dessus des autres hommes, il apparaît comme le frère de tous, l’ami de tous, particulièrement d es plus humble s. « Qu’ils soient petits… » … c’est la règle des frères mineurs.

    D’ailleurs, rejetant le pouvoir féodal, les habitants des villes aspirent à de nouveaux rapports sociaux. En opposition à ce pouvoir, ils érigent leurs cités en communes libres. Déjà en 1198, les habitants d’Assise avaient assiégé et détruit la Rocca.

    On ne peut qu’être frappé de la Permanence de l’Esprit qui a suscité, à point nommé, ces deux grands saints au milieu des vicissitudes de l’Eglise à cette époque.

     Humaniser et évangéliser :

     Le jeune adolescent, François, n’a rien d’un petit saint. Il ressemble aux jeunes de son époque et de toutes les époques. Comme les jeunes d’aujourd’hui, il aime « faire la fête ». 

    Il manque aussi de mesure. Il aime briller et être vu. Ainsi, l’esprit de vaine gloire ne l’épargne pas !

    Il nourrit de gr andes ambitions. L’esprit de puissance le maintient en esclavage et le pousse à s’élever au-dessus des autres. Pour cela il fait usage de la violence et la met au service de sa volonté de conquête et de puissance.

    Le Seigneur lui donne un premier avertissement : Lors de la guerre entre P érouse et Assise, il est fait prisonnier et enfermé pendant un an. A son retour, il est contraint au repos. Malgré une première prise de conscience au cours de laquelle il découvre le vide de ses jeunes années et où il en ressent la frivolité, avec le retour à la santé, ses ambitions guerrières le reprennent. Le voilà reparti pour rejoindre les armées pontificales qui sont à la mesure de son ambition !

    Le Seigneur lui donne un deuxième avertissement dès Spoleto, ville très proche d’Assise. Il obéit à cette voix intérieure lui enjoignant de rejoindre Assise.

    A partir de là, François commence véritablement son chemin de conversion et de retournement. Dès lors, son unique souci est de rechercher ce que Dieu attend de lui et, à partir de ce moment, il commence à se retirer dans les petites églises abandonnées de la campagne d’Assise.

    FRANCOIS-ET-FRERE-FEU-DE-PIERO-CASENTINI.JPGFrançois n’ est pas un modèle de douceur, mais il vient de rencontrer le Christ. Il est prêt pour s’engager dans un travail de purification intérieure :

    Apprivoiser l’agressivité qu’il contient, convertir le loup, ce loup qui se cache en chacun d’entre-nous. 

    Entrer peu à peu dans un processus de désappropriation et de dépossession de lui-même : se détacher de son amour propre, de sa volonté propre, de ses biens propres, de ses idées propres …  minorité, simplicité, humilité !

    Se laisser aimer par Dame Pauvreté. Son amour des pauvres nous en donne un exemple.

    Contempler, louer, voir l’invisible au-delà du visible. Voir en chaque être l’Image qu’il contient. 

    Aimer l’Eglise dans l’obéissance « lucide » !

    Il ne s’agit plus pour François de conquérir le monde pour le dominer mais de l’accueillir fraternellement. Il comprend qu’il peut faire un autre usage des énergies qu’il contient. Ces forces de combat et de cruauté sont en train de se métamorphoser en énergies d’amour et de lumière. A ce sujet, Thomas de Célano dit de lui « qu’il avait un tempérament vif et très audacieux, ruisselant de générosité et d’une grandeur d’âme exceptionnelle ».

    François est ce « fou de Dieu » à qui le Seigneur a donné des frères. Son audace, son humilité, son obéissance et sa clairvoyance ont fait la force de l’Ordre franciscain. C’est aussi le soutien actif de l’Eglise qui a su le reconnaître, l’aider et même le protéger.

    Tous les biographes sont unanimes pour dire qu’il ne faut pas voir dans François uniquement le fondateur d’ordre, le prédicateur, l’ascète, le modèle des vertus. Tout cela peut se trouver chez d’autres saints. Ce qui apparaît en François, c’est quelque chose d’unique. Unique et universel à la fois. Son premier biographe, Thomas de Célano écrit : « On croyait voir en lui, un homme nouveau, un homme du siècle à venir ». Et Eloi Leclerc : « Un bouton de fleur prématurément ouvert » laissant entrevoir la splendeur d’une humanité qui aspire à éclore en chacun de nous.

    Paix et bien !



     

    Visite de la Basilique San Francesco :

    Après la cérémonie de canonisation de François survenue moins de deux ans après sa mort, le 16 juillet 1228, le pape Grégoire IX  témoin de sa sainteté, ordonne à Thomas de Célano d’écrire sa vie et décide d’élever un monument en son honneur. C’est la Basilique Saint François. Elle a été financée par des dons provenant parfois de régions aussi éloignés que Jérusalem ou le Maroc. Il a fallu à peine 30 ans – 1230-1246 – pour la construire. Sa dépouille va désormais reposer dans la Basilique érigée en son honneur.

    La visite approfondie de la Basilique et de ses trésors, demanderait plusieurs jours. Notons que, contrairement à la Tradition, le cœur est orienté vers l’ouest – certainement à cause de la configuration du terrain – ainsi que le couvent, encore plus à l’ouest. De plus, fait remarquable en notre XXIème siècle, elle n’est devenue, ni un musée, ni un tiroir caisse voué à l’exploitation du tourisme mais est demeurée un lieu saint, inspirant respect et dévotion.

    xxNOTRE-MORT-CORPORELLE-DE-PIERO-CASENTINI.JPGLa Basilique San Francesco contient de nombreux chefs-d’œuvre signés des plus grands maîtres de cette époque. Nous ne pourrons tous les commenter. Dans la Basilique inférieure, nous nous dirigeons vers la chapelle saint Martin pour admirer les coloris éclatants et la délicatesse poétique des fresques de Simone Martini, tout particulièrement sa représentation de sainte Claire. Puis vers la chapelle saint Antoine qui renferme de très beaux vitraux. Nous nous sommes arrêtés devant la « Prédication aux oiseaux » de Cimabue que je préfère pour ma part à celle de Giotto. Puis vers la chapelle sainte Madeleine pour y contempler plus particulièrement les fresques de Giotto :

    « Jésus dans la maison du Pharisien » Marie-Madeleine y exprime magnifiquement l’amour fou, mais qui se donne. Cette scène annonce la réconciliation de Dieu avec l’Humanité. Elle est également à rapprocher du Cantique des Cantiques : l’amour fou, un feu qui ne s’éteint jamais.

    Et « la résurrection de Lazare » où l’attention des pèlerins est attirée sur l’intensité des deux regards qui se croisent.

    D’autres merveilles sont à contempler. Parmi elles citons dans le transept nord :

    « La Madone aux anges » de Cimabué . A droite du tableau, l’artiste a représenté François en s’inspirant du portrait qu’en avait fait Thomas de Celano (Vita prima 83)

    « Le retour à Nazareth » fantastique panorama  de Jérusalem.

    « François et le squelette couronné »

    Dans le transept sud :

    « La Vierge des soleils couchants » de Lorenzetti. Entre saint Jean et saint François,  la Vierge montre du doigt, François. Cette œuvre est d’une grande délicatesse et l’on remarquera le caractère d’intime familiarité qui dégage une extraordinaire richesse de sentiments. Oui, toute la Famille Franciscaine est bien placée sous la protection d’une si tendre Mère. Nous le verrons à propos de la Portioncule.

     

    « La grande crucifixion » de Lorenzetti, avec l’extraordinaire « mouvement » des personnages.

    « La déposition de croix » de Lorenzetti également, devant laquelle peu de gens s’attardent et qui est pourtant une œuvre majeure. Cette œuvre est profondément tragique mais aussi d’une très grande intimité. Elle révèle le total abandon du Christ. « Il se laisse déposer ».

    J’invite les pèlerins à contempler l’abandon paisible, le don total du Christ, j’ose dire la confiance sereine en ceux qui Lui ouvrent leurs bras pour l’accueillir. On peut éprouver face à cette œuvre, une souffrance inexprimable mais si on la contemple plus longuement, on peut y voir autre chose : L’abandon du Christ exprime une immense douceur. Et cette douceur est celle d’un Vivant, d’un Vivant qui aime jusqu’au bout. Ainsi déposé au pied de la croix, le Christ annonce déjà la résurrection. La souffrance éprouvée lors du premier regard peut alors se transformer en espérance et en joie. Cette œuvre nous fait comprendre que le fardeau le plus lourd peut se transformer en joie à condition de le déposer sous le regard du Christ, dans une totale confiance.(note 1)

    Il faut remarquer l’extrême intimité de Marie et de Jésus, son fils, la façon dont ces deux visages sont rapprochés et l’expression du regard de Marie… Le lieu du cœur se trouve dans les entrailles de miséricorde !

     

    C’est l’occasion de nous rappeler la sublime déposition de François lorsque, au cœur de la tourmente, la mort dans l’âme, il dépose l’Ordre qu’il a fondé entre les mains du Père, au pied de la croix, et en laisse à d’autres la responsabilité et la gestion.… Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? DIEU EST, CELA SUFFIT ! 

    Dans la Basilique supérieure, nous trouvons le cycle des fresques de Giotto. Il comporte 28 scènes qui résument la vie de saint François. C’est la Légenda Major, composée en 1263 par saint Bonaventure d’après les témoignages des membres fondateurs de l’Ordre, qui a constitué le programme imposé à l’artiste.

    Recueillement et prière au tombeau de François :

    « Loué sois-tu, mon seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle,TOMBEAU DE FRANCOIS

    à qui nul homme ne peut échapper.

    Malheur à ceux qui meurent en péché mortel.

    Heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,

    Car la seconde mort ne pourra leur nuire »… (Cantique des créatures)

    Le 25 mai 1230, le corps de François est transféré à la Basilique. D’abord « enfoui » sous le Maître-autel de peur que le corps du saint soit volé, il faudra plusieurs siècles pour retrouver la précieuse relique, le 12 décembre 1818. Une crypte sera alors aménagée et François « rendu » à la piété des visiteurs. Ses plus fidèles compagnons, frères Rufin, Angelo, Masséo, Léon, reposent dans la crypte près de lui.

    Ici, le silence s’impose naturellement, à tous. Nous y prenons le temps de revisiter l’existence qui est la nôtre. Lieu de pauvreté où François nous rappelle que « Jamais nous ne devons désirer être au-dessus des autres ; mais nous devons plutôt être serviteurs et soumis à toute créature humaine à cause de Dieu … Tous ceux qui agiront ainsi et persévèreront jusqu’à la fin, l’Esprit du Seigneur reposera sur eux et fera en eux sa demeure… » (Lettre à tous les fidèles)

    Chacun peut aussi méditer ces versets de la Lettre 3 adressée par François « à tous les frères … des premiers arrivés aux derniers qui viendront » :

    « Dieu tout-puissant, éternel, juste et bon, par nous-mêmes nous ne sommes que néant et pauvreté ; mais toi, à cause de toi-même donne-nous d’agir toujours selon ta volonté, telle que nous la connaissons, et de vouloir toujours ce qui te plaît ; ainsi nous deviendrons capables, intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit, de suivre les traces de ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, et, par ta seule grâce, de parvenir jusqu’à Toi, Très-Haut, qui en Trinité parfaite et très simple Unité, vis et règnes et reçois toute gloire, Dieu tout puissant dans tous les siècles des siècles. Amen ». (Lettre 3, 50-52)

    Il est particulièrement intéressant d’observer le comportement et les visages de certains visiteurs pour qui la visite fait partie du « pèlerinage ». Beaucoup de ceux qui passent devant la dépouille de François et qui font le tour du tombeau, ne ressortent pas avec le même visage. Et si à l’arrivée leur attitude était parfois « désinvolte », au retour elle est lourde du poids de chacun.

    Je demande toujours au frère « gardien » du tombeau, de bénir chacun des pèlerins. En un tel lieu, cette bénédiction est particulièrement émouvante.

    Nous nous rendons sur le parvis de la Basilique supérieure, les visages sont graves mais déjà les cœurs s’ouvrent. Et si, par grâce le soleil brille, la plaine d’Ombrie nous offre un merveilleux spectacle.

    Et quelle est belle, cette Ombrie dont les collines descendent doucement vers la plaine, tandis qu’à leur sommet, villages et châteaux se dressent contre un ciel limpide ! Il aime se promener dans la campagne, parmi les vignes et les oliviers, sensible aux jeux de la lumière, ravi par le chant d’une alouette. » (Eloi Leclerc)

     

    Mardi 25 mai – après-midi.

    Visite de la Basilique Santa Chiara :

     

    BASILIQUE SANTA CHIARA

    BASILIQUE SANTA CHIARA

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    PICNICS DE MIDI POUR LA SEMAINE

    Elle est bâtie - de 1257 à 1265 - sur l’emplacement de l’église dédiée à saint Georges qui était située hors des murailles de la ville. Il ne reste de cette ancienne église qu’une partie de mur. C’est là que François apprit à lire ; là où sa dépouille reposa de 1226 à 1230 ; là également que le pape le canonisa en 1228 ; là enfin, qu’à son tour, reposa le corps de Claire jusqu’à l’achèvement de la Basilique actuelle. Ce n’est qu’en 1850 que le sarcophage contenant le corps de Claire, intact, a été retrouvé avec la Règle dans le pli de son vêtement.

    Nous nous dirigeons vers la crypte et prenons le temps de prier devant sa dépouille. « Petite plante de saint François », fidèle, Claire l’a toujours accompagné de ses prières, de ses conseils et de son affection toute fraternelle. Depuis, les pauvres Dames continuent de porter la Famille dans leur prière, pour et avec l’Eglise et le monde.

    Ensuite, nous nous rendons à la chapelle pour nous recueillir devant le Christ de saint Damien, Celui qui a parlé à François. Lorsque les Clarisses ont rejoint la Basilique sainte Claire à Assise - probablement vers 1257  - sous la pression des Assisiates et pour des questions de sécurité, elles ont emporté avec elles, se conformant aux recommandations de François, le « vrai » crucifix qui se trouvait à la chapelle San Damiano, celui devant qui ce dernier priait humblement au tout début de sa conversion :  « Dieu très haut et glorieux, viens éclairer les ténèbres de mon cœur ; donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité(note 2) ; donne-moi de sentir et de connaître, afin que je puisse l’accomplir, ta volonté sainte qui ne saurait m’égarer. Amen » Celui-là même qui l’a appelé par son nom : « François, va, et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines !

    Le Christ de saint Damien est une icône. Or, l’icône, dans la Tradition Chrétienne, n’est pas une simple œuvre d’art. Elle est signe, elle parle, elle nous introduit au cœur du Mystère. Elle est porteuse de nombreux messages. François y a saisi les deux natures du Christ : Christ vrai Dieu chargé de grâce et Christ vrai Homme dans son dépouillement et sa sensibilité. François ne s’y est pas trompé, il est bien face au Vivant qui lui révèle l’amour de Dieu pour les hommes. Ce fut le grand émerveillement qui le jeta hors de lui, une révélation bouleversante.

    Chacun de nous prend alors le temps de contempler et de se laisser contempler. Je prie pour que chaque pèlerin, émerveillé, comme François, découvre le regard miséricordieux de Dieu sur l’homme car : « C’est dès lors que fut ancrée dans son âme la compassion pour le Crucifié… » (Vita prima 10)

    En tant que franciscaine séculière, je ne peux que repenser devant ce Christ, à l’article 10 de notre projet de Vie : « En communion avec l’obéissance rédemptrice de Jésus, qui mit sa volonté dans celle du Père, ils rempliront avec fidélité les engagements propres à leur condition personnelle, dans les diverses situations de la vie ; ils suivront aussi le Christ pauvre et crucifié, lui rendant témoignage, jusque dans les difficultés et les persécutions. »

    CATHEDRALE-SAN-RUFINO.JPG

    Visite de la cathédrale san Rufino :

    C’est la cathédrale d’Assise. L’extérieur présente un très beau spécimen de l’architecture romane. Situé près de l’emplacement où se trouvait la maison natale de Claire, c’est probablement là qu’elle a reçu, ainsi que François, le baptême. C’est là que Claire a vécu et prié une « dernière » célébration des Rameaux avant de s’enfuir de chez elle la nuit suivante, pour se consacrer à Dieu entre les mains de François. Frère Sylvestre en était le chanoine avant de rejoindre François. En effet, impressionné par le détachement de François par rapport à l’argent, il fut le premier prêtre ayant demandé à être admis dans l’Ordre.

    LA-ROCCA-MAGGIORE.JPGLa rocca maggiore :

    C’est la forteresse qui domine Assise. Tout au long des rues que nous parcourons pour la rejoindre, nous retrouvons l’impression de paix et de beauté saisie la veille lors de notre arrivée. Il y a aussi beaucoup de joie dans Assise, une joie paisible. En effet, même si les pèlerins sont parfois nombreux, c’est le calme qui l’emporte. La ville est belle, pas très grande. Les rues sont propres, fleuries et les maisons construites avec la pierre d’Ombrie ont retrouvé depuis le séisme, leur couleur rose tendre.

    C’est l’occasion de rappeler le message de paix de Jean-Paul II en 1986 avec la désormais célèbre « Rencontre d’Assise » : A son invitation, tous les responsables des grandes religions du monde s’y sont retrouvés pour le service de la Paix.

    « Sur la ville qui descend les dernières pentes du Subasio comme une joyeuse avalanche de toits aux tuiles fanées par le soleil, la Rocca veille, pareille à une monstrueuse bête de proie. Au-dessus de ses tours épaisses qui lui font un sinistre jupon de pierre, s’élèvent des donjons carrés juchés l’un sur l’autre comme pour voir plus loin de tous côtés. Orgueilleuse et méprisante, on ne pouvait la regarder d’en bas sans la maudire. Elle était là pour défende Assise, elle la menaçait nuit et jour. » (Julien Green) … Les couchers de soleil y sont sublimes !

     LES-PELERINS-A-LA-ROCCA.JPG

    LES PELERINS A LA ROCCA

    Le mot du pèlerin.

    « Un grand pas pour moi, de quitter ma famille, de partager la fraternité d’un groupe, d’accueillir l’inconnu, l’inattendu, l’instant présent… pas toujours facile ! » Marie-Hélène) 

    « Devant le tombeau de François, une forte aspiration de fraternité m’a accordé à tous les visiteurs, tous frères et sœurs. Etre ensemble, unis en Christ, par l’intercession de François. »(Christian)

    « Joie de renouveler, avec mes mots personnels, mon engagement de Franciscaine Séculière, devant le tombeau de François. » (Régine)

    « Devant le Christ de saint Damien … une grande allégresse mais aussi une attitude pleine de miséricorde … pour le pécheur que je suis. » (Christian) 

     « J’emporte d’Assise, et tout particulièrement du Christ de saint Damien, le désir de devenir une outre qui se remplie de l’amour de Dieu, de sa paix et de sa grâce. » (Camille)

    « Ce qui unit le groupe de pèlerins que nous sommes se situe bien au-delà de l’amitié. Nous sommes frères et sœurs du même Père. Gloria ! » (Gisèle)

     

    (note 1) LA DEPOSITION - Parcours spirituel à l’école de saint François d’Assise – Suzanne Giuseppi Testut – Nouvelle Cité

    (note 2) Une quatrième demande a été rajoutée dans le texte proposé en plusieurs langues à la méditation des pèlerins devant le Crucifix « d’origine » : humilité.

     

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    Retour Pèlerinage -1

     

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  • Bonjour à tous et merci à Suzanne de nous donner la possibilité de faire avec elle et son groupe un magnifique pèlerinage à Assise.

    Richard

     


     

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    PELERINAGE A ASSISE

    « SUR LES PAS DE FRERE FRANCOIS ET DE SŒUR CLAIRE »

     ARRIVEE-ASSISE.JPG

    ARRIVEE ASSISE

     « Faire un pèlerinage, c’est faire un voyage à l’intérieur de soi-même, dans la solitude et la fraternité du groupe, dans la nature, par la prière et l’effort partagé. » (Sr Marie-Claire)

    Depuis dix ans j’organise un pèlerinage à Assise dont la finalité principale est de découvrir la si belle et si profonde spiritualité de saint François et aussi de mieux comprendre de l’intérieur comment, au cœur de l’exceptionnelle beauté d’Assise et de la plaine d’Ombrie, il nous entraîne sur les pas de Jésus

    Cette année, c’est à la demande du père Jean-Luc GEBELIN, prêtre du district pastoral du Val de Cèze(note 1) (Gard-France), et dans le prolongement de la mission « Bâtir des ponts entre les hommes » et du  parcours spirituel « la déposition », que ce pèlerinage s’est déroulé du 23 au 31 mai.

    BENEDICTION-DU-PELERINAGE.JPGLe groupe des pèlerins est composé de deux prêtres : Jean-Luc et Eric - Lazariste, et de huit paroissiens : Gisèle et Christian, Camille, Claudie, Andrée, Marie-Hélène, Régine, Emmanuel.

    Ce pèlerinage nous entraîne véritablement sur les pas de François pauvre, humble, simple, dépouillé. A travers ces lieux, où chacun peut méditer sur ce qui entrave sa marche en avant, nous découvrons les différentes étapes constituant le fondement de la spiritualité Franciscaine et François lui-même dans son humanité, sa spiritualité et sa sainteté. Chaque visite est accompagnée d’un court rappel historique et de commentaires sur la vie de François, en relation avec les lieux visités ce qui permet de mieux comprendre son chemin, sa véritable personnalité et sa sensibilité.

    Pour cela nous consacrons un maximum de temps sur les lieux saints. De plus, si les partages et la bonne humeur sont recommandés, des temps de silence et de solitude sont également prévus.

     

    Suivons le déroulement de ce pèlerinage :

    Préparatifs et programme :

    Dimanche 23 mai – Goudargues :

    Bénédiction des pèlerins par le père Bruno NOVITSKI – Lazariste - avec la participation de paroissiens du district. Repas pris en commun et derniers préparatifs.

    Lundi 24 mai :

    CLOITRE-DE-SAN-GIACOMO-DE-MURO-RUPTO.jpgVoyage : départ 6h du matin – arrivée vers 18h30

    Nous sommes hébergés chez les Sœurs Missionnaires Franciscaines Angélines, « gardiennes » de la plus ancienne chapelle d’Assise – San Giacomo de Muro Rupto (à gauche) – véritable petite merveille de style roman, dotée d’une acoustique exceptionnelle.

    Mardi 25 mai - Assise :

    Visite de la Basilique San Francesco et recueillement au tombeau de François

    Visite de la Basilique Santa Chiara et méditation devant le Christ de San Damiano

    Visite de l’église San Rufino Montée jusqu’à la Rocca Maggiore

    BASILIQUE-SAN-FRANCESCO-ILLUMINEE.JPG

     

    BASILIQUE SAN FRANCESCO ILLUMINEE

     BASILIQUE-SANTA-CHIARA.JPG

    BASILIQUE SANTA CHIARA

     

    Mercredi 26 mai :

    Visite des ermitages de Poggio-Bustone, Fonta Colombe et Greccio

    Jeudi 27 mai – Assise :

    Visite du monastère San Damiano

    Tour du monte Subasio

    Ermitage des Carceri

    Chapelle de la Portioncule – déposition puis  messe à Sainte Marie des Anges

    Vendredi 28 mai :

    Ermitage de Monte Casale

    L’Alverne – messe en plein air

    Samedi 29 et dimanche 30 mai :

    Journées libres

    Possibilité d’approfondissement de la spiritualité de François d’Assise.

    Visite de la petite ville de Spello

    Messe de clôture du pèlerinage à San Giacomo de Muro Rupto

     

    Lundi 24 mai – 6h du matin – En route pour Assise :

    Un brin de folie dans les cœurs, déjà animés de l’esprit de François, l’Esprit de Jésus nous unit. Tout est prêt pour le départ. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il grêle ou qu’il neige … cela arrive… nous avançons !

    Chaque pèlerin a reçu une enveloppe avec les prières que nous aurons l’occasion de partager sur les lieux saints. Pour confier nos journées à Celui vers qui François nous conduit, nous commençons dès le premier jour par cette prière matinale :

    Seigneur, dans le silence de ce jour naissant

    Je viens te demander la paix, la sagesse, la force.

    Je veux regarder aujourd’hui le monde

    Avec des yeux tout remplis d’amour

    Etre patient, compréhensif, doux et sage,

    Voir au-delà des apparences tes enfants

    Comme tu les vois toi-même

    Et ainsi ne voir que le bien en chacun.

    Ferme mes oreilles à toute calomnie,

    Garde ma langue de toute malveillance ;

    Que seules les pensées qui bénissent demeurent dans mon esprit.

    Que je sois s bienveillant et si joyeux

    Que tous ceux qui m’approchent sentent ta présence.

    Revêt-moi de ta beauté, Seigneur

    Et qu’au long de ce jour je te révèle.

                                                                           Claude Jeukens s.j

    ASSISE-VU-DE-RIVOTORTO.jpgASSISE VU DE RIVOTORTO

    Arrivée à Assise à 18h30.

    Nous arrivons à Assise par Sainte Marie des Anges à l’heure où le soleil couchant éclaire la Basilique San Francesco. Sa beauté est saisissante. Adossée au flanc du mont subasio, dominée par la Rocca, Assise apparaît comme un ilôt de couleur et de lumière douces, surplombant la plaine d’Ombrie et entourée de collines couvertes de verdure. Tout est douceur, beauté, paix. Nous contemplons cette ville où François et Claire sont nés et ont vécu et nous nous laissons entraîner sur ce chemin d’émerveillement, de louange et d’action de grâces pour toute cette beauté. Citons Jean XXIII :

    « Pourquoi Dieu a-t-il donné à Assise cette nature enchanteresse, cette sainteté si attirante qui est comme suspendue dans l’air et que le pèlerin ressent d’une manière presque tangible ? … La réponse est facile : c’est pour que les hommes, à travers un langage commun et universel, apprennent à reconnaître le Créateur et à se retrouver frères les uns des autres … »

     

    Dès notre arrivée chez les sœurs Angélines, nous nous rendons dans la chapelle San Giacomo de Muro Rupto. SAN-GIACOMO-DE-MURO-RUPTO.JPGEnsemble nous y reprenons la prière de François :

    « Nous t’adorons, Seigneur Jésus-Christ, dans toutes les églises qui sont dans le monde entier et nous te bénissons parce que, par ta sainte croix, tu as racheté le monde. »(Testament 5)

    Après le repas, malgré la fatigue du voyage, nous faisons un petit tour dans les ruelles d’Assise et jetons un premier regard sur la Basilique San Francesco, illuminée.

     

     

    Le mot du pèlerin - Le François auquel je n’ai pu résister.

    Une histoire d’amour n’est jamais banale, elle est toujours unique.

    TOMBEAU-DE-FRANCOIS.jpgNous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années dans le lieu où il repose, à la Basilique San Francesco. J’étais venue lui parler, il s’est présenté à moi dans la profondeur d’un silence. Il venait de toucher mon cœur. J’avais commencé à lire quelques auteurs franciscains mais, maintenant, François me donnait le désir « d’en savoir plus sur lui ». Ma sœur, sœur Marie-Claire, m’avait offert peu de temps auparavant : Saint François d’Assise.  Ecrits, documents et premières biographies. Sa règle, son testament et les admonitions m’ont immédiatement attirée. A partir de là, je n’ai pu résister à François. Pourquoi ?

    Il m’a fait découvrir la folie de Dieu-Amour et la folie de l’homme qui aime et qui, pour rejoindre l’Amour, va « oser vivre son humanité sous le regard de Dieu ».

    En effet, après sa conversion, François apprend à relire son histoire sous le regard de la grâce. Dès lors, riche de son expérience, de ses erreurs et de ses péchés mêmes, il va pouvoir avec un regard d’une grande lucidité, contourner les dangers qui jalonnent son chemin. Il a compris que la non participation à la grâce mutile l’expérience et l’empêche de porter des fruits, c’est-à-dire que l’expérience se prive alors de l’essentiel. Ainsi, François vit et parle par expérience personnelle, humaine et spirituelle.

    Il m’a fait découvrir que tout ce qui est donné à l’homme par Dieu, lui est donné pour le servir, pour l’aimer et le faire aimer et qu’ainsi, nous n’avons pas à recouvrir ou à nier  notre humanité.

    (note 2)François a su faire usage de tous ses sens et a laissé la grâce les spiritualiser. Il n’a pas bouché les « pures ouvertures » par lesquelles la grâce peut entrer :

    Sa parole est parfois rigoureuse mais jamais sans tendresse, sans compassion, sans amour. Toute sa sensibilité s’y exprime. Il expérimente dans sa bouche le goût de Dieu.

    Son regard est d’une immense lucidité. Parce qu’il a osé se voir, se nommer et déposer sa misère sous le regard du Christ, il apprend à tout découvrir avec des yeux nouveaux. Il se sait regardé et aimé de Dieu tel qu’il est. Ainsi, sa lucidité ne l’empêche pas de respecter l’autre et de voir dans son prochain l’Image qu’il contient. 

    Si durant sa jeunesse, ses oreilles n’entendent que les choses du monde, après sa conversion, il se laisse former par les expériences de la vie, par les rencontres et les évènements. A l’écoute de la pédagogie divine, il apprend à se laisser conduire avec simplicité et humilité. Il peut alors écouter, guider ses frères et leur donner, à chacun, le meilleur moyen de vivre l’Evangile à la suite du Christ.

    S’il se bouche le nez à l’odeur du lépreux, il ose un jour l’embrasser.  Derrière ce qui le rebute le plus, dans un dépassement du visible, il découvre alors une beauté intérieure et une joie qu’il ne pouvait imaginer.

    Il fait usage de ses mains pour travailler mais il sait aussi prendre un frère par les épaules ou par le bras, le toucher, pour mieux lui parler. Il ose cette marque d’affection. Et, avec ses pieds, il marche, comme un pèlerin, sans s’arrêter aux humiliations, à la souffrance ou aux incompréhensions, pas même à la maladie ! Son Maître, c’est le Christ. « Mon Dieu et mon Tout ! »

    BASILIQUE SANA CHIARA RELIQUESBASILIQUE SANA CHIARA RELIQUES

    François d’Assise m’a montré que le chemin spirituel s’accomplit avec la totalité de notre humanité et que chacun de nous peut faire de sa vie un chemin de sainteté. C’est ainsi que je me suis laissée « enlever » par François pour marcher avec lui à la suite du Christ.  

    Suzanne - ofs

     

      

    NOTE 1- Regroupant les paroisses de Goudargues, saint Michel d’Euzet, Saint Laurent de Carnols, Saint André de Roquepertuis, La Roque sur Cèze, Monclus, Verfeuil et Cornillon.

    NOTE 2- Voir Ps 115, 4-7

     

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  • LA SAINTETE DE LA VIE

     

     

    deposition.jpgBien qu’appelés par le Christ à devenir des saints, nous ne pouvons acquérir par nous-mêmes le don de la vie divine. « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité » (Jn 17,19)

    C’est en nous re-posant en Dieu, en nous laissant saisir par le Christ, en nous laissant pénétrer « Du dedans et du dehors » par l’Esprit Saint que nous participons à la sainteté divine elle-même. Ce don de l’Esprit passe par le Christ qui est réellement pour l’homme l’initiateur de la vie en Dieu.

    Un homme suppliait une fois son Maître : « Indiquez-moi un chemin universel du service de Dieu ! » Le Maître lui répondit : « il n’est pas possible de dire à l’homme quel chemin il doit suivre. Car voici un chemin du service de Dieu, et c’est l’étude de la Loi ; et voici un chemin du service de Dieu, et c’est la prière ; et voilà une voie pour servir Dieu, qui est de jeûner ; et voilà une autre voie, qui est de manger. Il incombe à chacun de bien savoir vers quelle voie le pousse son cœur, et d’embrasser alors celle-ci en y mettant toutes ses forces. (Martin Buber – Le chemin de l’homme)

    La vie des saints est précieuse car elle nous donne de merveilleux exemples. Ils nous enseignent comment nous pouvons nous rendre disponibles à la grâce. Leur chemin de sainteté s’est accompli dans le quotidien de leur expérience et, parce qu’ils sont nos frères, nos sœurs, ils nous montrent que l’homme a la capacité d’accueillir la grâce. Ils nous montrent qu’ils ne sont pas nés saints, ils le sont devenus. Ce qui a été fait de grand et de saint a donc pour nous valeur d’exemple parce que cela nous montre concrètement ce que peuvent être la grandeur et la sainteté. Cela nous entraîne vers ce qui est à faire, vers un service nouveau, riche de ce qui a été fait sans pour autant se maintenir à une stricte imitation.

    Avec chaque homme, vient au monde quelque chose de nouveau qui n’a pas encore existé, quelque chose d’initial et d’unique.

    Si nous sommes tous issus de la même terre, chacun d’entre nous est unique aux yeux de Dieu. Ainsi, nous agissons, pensons, réagissons, aimons d’une manière personnelle, intime. Notre propre histoire même, est unique. C’est pourquoi la façon dont Dieu nous approche est spécifique, en relation avec la part unique de notre personne. Ainsi devons-nous, chacun selon sa manière propre, établir à la lumière du Christ, notre réponse, unique, personnelle et responsable. Chacun de nous est appelé à accomplir sa vertu propre dans ce monde.

    Dieu dit ceci : « Tout ce que tu fais peut être un chemin vers moi, pourvu que tu le fasses de telle manière que cela te conduise à moi. » Cette chose que peut et doit faire tel homme précisément et aucun autre, ne peut se révéler à lui qu’à partir de lui-même.

    Le danger est donc de lorgner ce qu’un autre a accompli ou de s’y mesurer et de s’efforcer de l’imiter car, ce faisant, nous perdons de vue ce à quoi nous sommes, seuls, appelés. Ainsi, ne comparons pas notre dé à coudre de grâce avec le verre à moitié plein de notre prochain. Nous risquerions de laisser échapper notre potentiel propre et ne produirions alors aucun fruit de sainteté. Que chacun agisse conformément au degré qui est le sien.

     

    Lettre - de s. François d’Assise - à Frère Léon :

    « Frère Léon, salut et paix de ton frère François.

    Je te le dis ainsi, mon fils, comme mère, que toutes les paroles que nous avons dites en chemin, je les dispose et conseille brièvement en ce mot – et il ne faut pas venir à moi pour un conseil, car je te conseille ainsi – de quelque manière qu’il te semble meilleur de plaire au Seigneur Dieu et de suivre ses traces et sa pauvreté, faites-le avec la bénédiction du Seigneur Dieu et mon obéissance.

    Et s’il t’est nécessaire que ton âme revienne à moi pour une autre consolation, et si tu veux, viens. »

    Ainsi, le chemin par lequel un homme accède à Dieu, passe par la connaissance de son être propre, la connaissance de sa qualité d’homme, de sa tendance essentielle. Mais ce qui est « trésor » en lui, il ne pourra le découvrir que s’il saisit véritablement son sentiment le plus profond, son désir principal, c’est-à-dire ce qui, en lui, émeut son être le plus intime. Or, l’homme ne connaît souvent son sentiment le plus profond qu’à travers la passion qui le gouverne. Le désir d’un être humain se précipite d’abord vers les choses qui promettent de combler ce désir.

    Ce qui importe c’est donc de réorienter son désir car demeure de toute éternité, au plus profond de l’homme, le désir d’aimer et d’être aimé qui est un désir infini que le fini ne peut combler. Et ce désir infini, n’est rien d’autre qu’un désir de vie, désir de l’homme pour Dieu et désir de Dieu de rencontrer l’homme dans une relation d’amour. De cette manière, il trouvera son chemin.

    L’homme, dans son temps de péché a besoin de se re-poser dans son temps de sainteté. Pour s. Grégoire de Nysse : « Le comble du désir, c’est de pouvoir aspirer participer de la vie divine »

    La sainteté est une qualité de Dieu et l’homme peut y participer.

    Elle est un chemin d’humilité, mais notre véritable vocation ne saurait être en aucun cas de nous détourner de choses et d’êtres que nous rencontrons et qui attirent notre cœur ; c’est au contraire, d’entrer en contact, par la sanctification du lien qui nous rattache à eux, avec ce qui en eux se manifeste en tant que beauté, en tant que sentiment de bien-être, de vérité et de paix. La joie éprouvée au contact du monde conduit, si nous la sanctifions de notre être tout entier, à la joie en Christ.

    Prenons un exemple : L’abstinence à la vie naturelle, le jeûne ou l’isolement à certains moments de l’existence, peuvent constituer parfois un point de départ nécessaire. Ils ne peuvent pas toutefois représenter la voie dans son entier. L’homme ne doit s’éloigner de la nature que pour revenir à elle renouvelé et pour trouver le chemin vers Dieu par le contact sanctifié avec elle. Tout acte naturel conduit, s’il est sanctifié, à Dieu, et la nature a besoin de l’homme pour accomplir en elle ce qu’aucun Ange ne peut accomplir en elle : la sanctifier.

    Ainsi, la grâce de Dieu veut que nous soyons des partenaires, elle veut un véritable échange, une vraie communion. C’est pourquoi, Dieu et l’homme sont copilotes de l’histoire du salut, coopérant pour assumer des fonctions de pilotage distinctes en direction de la destination fixée par le Créateur et conformément à son dessein.

    Lorsque l’on a demandé à s. Séraphim de Sarov s’il manquait aux chrétiens de son époque une condition quelconque pour produire les mêmes fruits de sainteté que ceux si abondants dans le passé, il répondit : Il ne manque qu’une seule condition : la résolution. » …

    Mais peut-être que François d’Assise répondrait : Il ne manque qu’une seule chose : la louange !

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

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    Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne prochainement.


     

    les 24 et 25 juillet - Participation au Salon du Livre de Font Romeu et conférences


    -  Au Québec en Octobre 2010

    , plus de détails dans un proche avenir.

     

             - Sherbrooke le mercredi 13 octobre (plus de détails bientôt)

     

     


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  • ALLER A LA RENCONTRE DES DONS ET DE LA GRACE

    Suzanne-art-20.jpg Arc-en-ciel sur la Basilique San Francesco -Assise

     

     « Allez à la rencontre de vos dons et vous irez à la rencontre de l’Esprit-Saint »

    Pour trouver notre véritable place dans le monde, il nous faut de l’audace et accepter de sortir de nos habitudes, des rôles ou des tâches qui nous sont assignés dans la vie de tous les jours. Or, si nous nous prêtons attention mutuellement, nous saurons découvrir chez nous et chez l’autre, le don mis en dépôt et à travers cela notre juste rapport à Dieu.

    « Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; diversité de ministères mais le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; à un autre, le don des guérisons, par le même Esprit ; à un autre, le don d’opérer des miracles ; à un autre, la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre, la diversité des langues ; à un autre, l’interprétation des langues. Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut » (1 Co 12,4-11)

    Si aux yeux des hommes certains dons paraissent plus élevés, aux yeux de Dieu leur valeur réside dans le fait que nous les faisons fructifier, et le plus petit s’inscrit au même titre que le plus grand. Dès lors, ne tombons pas dans le danger de la comparaison, ne nous mesurons pas au regard de nos dons respectifs car nous courons alors le risque de ne pas participer au bien commun. La grandeur de l’homme se trouve dans sa vocation et non pas dans la ressemblance au monde créé.

    Qu’attendons-nous pour entrer dans notre vocation de chrétiens en cultivant notre « Portioncule » de dons ? Notre âme ne peut s’en passer, qu’il s’agisse de la prière, de la piété ou de la charité, de la patience, de la douceur, de la fidélité ou de la santé et de bien d’autres dons. Il est évident que nous devons nous efforcer de les découvrir en nous, de les nommer, d’en faire mémoire. Mais aussi, afin de les conserver en vie, de nous accorder la joie de les faire fructifier pour, qu’en retour, la joie de l’Esprit nous anime.

    Ainsi, riches de la grâce, notre regard se métamorphose. Elle nous libère, nous restaure et nous apprend à vivre autrement. Nous changeons de référence et nous nous apercevons que notre penchant ne se porte plus du côté des biens de ce monde, mais du côté de l’amour et du don de Dieu qui contient tous les autres : celui de son Fils. Guidés par lui, nous réalisons ce que représentent ces dons et l’usage que nous pouvons en faire sur notre chemin de sainteté. Enfin, devenus de libres coopérateurs de la grâce et animés du désir de faire fructifier ces dons, nous prenons pleinement conscience de l’existence de l’Esprit-Saint en nous.

    Rendus par la grâce capables d’une générosité authentique dépourvue de toute convoitise et de toute étroitesse de cœur, sans attente de réciprocité, nous sommes appelés à pratiquer à notre tour le don. Le don de Dieu appelle le don de l’homme. Or, plus nous entrons dans le don, en tant que donateurs - ou en tant que bénéficiaires - plus nous établissons l’Esprit-Saint en nous d’une façon concrète : nous accomplissons un acte de tendresse vis-à-vis de Dieu, de l’autre ou de nous-mêmes.

    « Moïse dit aux enfants d’Israël : Sachez que l’Eternel a choisi Betsaleel, fils d’Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda. Il l’a rempli de l’Esprit de Dieu, de sagesse, d’intelligence, et de savoir pour toutes sortes d’ouvrages. Il l’a rendu capable de faire des inventions, de travailler l’or, l’argent et l’airin, de graver les pierres à enchâsser, de travailler le bois, et d’exécuter toutes sortes d’ouvrages d’art. Il lui a accordé aussi le don d’enseigner … Moïse appela … tous les hommes habiles dans l’esprit desquels l’Eternel avait mis de l’intelligence, tous ceux dont le cœur était disposé à s’appliquer à l’œuvre pour l’exécuter » (Ex 35,30-40 ; 36,2)

    La pratique du don nécessite une bienveillance réciproque, un vis-à-vis permanent qui exige de se tenir dans la présence du Seigneur afin de renouveler sans cesse l’Alliance qu’il a faite avec nous. Nous avons aussi l’obligation d’aider ceux qui nous entourent à révéler leurs trésors cachés car bien souvent, certains êtres n’ont pas été assez aimés pour découvrir leurs talents par eux-mêmes. Il nous sera peut-être demandé un jour : « Qu’as-tu fait pour aider ton frère à faire fructifier son talent ? »

    La notion de fraternité nous échappe et nous ne mesurons pas à quel point l’acte fraternel est capital pour l’avenir de l’humanité. Si nous apprenions à vivre fraternellement, nous serions déjà un peu au paradis !

    Nous rejoignons ici le Charisme de François d’Assise.

    Testament – verset 14 à 14 et 16 :

    « Après que le Seigneur m’eut donné des frères, personne ne me montra ce que je devais faire, mais le Très-Haut lui-même me révéla que je devais vivre selon le saint Evangile. Alors je fis rédiger un texte en peu de mots bien simples, et le seigneur pape me l’approuva. »

    Tout le charisme de François est inscrit dans cette démarche : Le don que François reçoit, ce sont ses frères. A partir de là, il rédige sa règle et il va la déposer devant le pape avec ses frères.

    François nous enseigne que le don que Dieu nous fait, ne nous appartient pas. Il le dépose, il le remet au pape et l’Eglise donne mission. Se découvre alors le charisme franciscain qui est un charisme de fraternité.

    « Ceux qui venaient à nous… »

    François passe du « je » au « nous ». C’est le nous qui va former l’Eglise. Le principe fondamental de François est bien la fraternité. Son « je » s’incline devant le « nous ». Il entre alors dans le processus de désappropriation de lui-même. Son chemin de sainteté s’accomplit.

    Si plus rien ne fait obstacle à notre ouverture de cœur, nous découvrons avec émerveillement, que l’acte de donner est lui-même un don que nous avons reçu, une grâce qui nous permet d’aller à la rencontre de Dieu. C’est l’accueil de cette totalité qui comble et transforme notre vie.

    « Il y a un retour si nous le voulons, et il est possible de revenir à la beauté et à l’éclat d’autrefois, si seulement nous y apportons notre concours … » (Jean Chrysostome) 

    Dieu peut tout, à nous de faire le reste ! 

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs 

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    Notes

    Voir Article n° 19 « La vocation de l’homme »

    « Portioncule » ou petite parcelle. Chapelle de la Portioncule à Assise, berceau et tête de l’Ordre Franciscain)


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  • LA VOCATION DE L’HOMME

     

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    Photo : Montée vers la Basilique San Francesco - Assise 8ème centenaire

     

    « Le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés. » Par sa promesse, Dieu nous déclare son amour. Parce qu’il nous aime, il veut restaurer notre identité de fils et notre vocation.

    « Transforme-toi tout entière en l’image de sa divinité » (Claire d’Assise L3 13)

    François et Claire d’Assise savait se déposer dans un cœur à cœur permanent avec le Christ. Au cœur de cet acte d’amour qu’est « la déposition », ils avaient expérimenté que l’amour dynamise, l’amour contemple, l’amour transforme !

    Qu’est-ce que Dieu attend de moi ?

    Nous savons tous que les voies de Dieu ne sont pas nos voies. Nous savons aussi qu’il est difficile et parfois hasardeux de vouloir discerner ce que nous appelons la volonté de Dieu. Aussi, est-ce que nous pouvons répondre à cette question fondamentale : Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Il serait présomptueux de le croire car cela équivaudrait à se situer de plain-pied avec la volonté divine.

    Le discernement ne relève ni de l’expérience de l’homme, ni de sa sagesse car, dans ce cas, nous pourrions imaginer qu’il nous livre tels quels les projets de Dieu sur nous. Le discernement relève de la grâce.

    Ce que Dieu attend de nous n’est-ce pas d’être des pèlerins déterminés à avancer, prêts à oser la vie, à oser choisir ; des pèlerins prêts à découvrir en chacun de nous l’empreinte vivante de l’Amour de Dieu, à découvrir la valeur de chaque être et aussi de sa vocation ; des pèlerins sachant reconnaître en l’autre, l’image de Dieu qu’il contient.

    En fait, ce que Dieu attend de nous, ce n’est pas une attitude orgueilleuse, mais une attitude audacieuse. Ce n’est pas la frilosité mais la persévérance. Il attend de nous fidélité et reconnaissance. « Je te loue Seigneur de ce que je suis une créature si merveilleuse ! »

    Dès lors, comment découvrir notre vocation de créature privilégiée de Dieu ?

    Pourquoi créature privilégiée ? Mais parce que justement Dieu nous a créé à son Image et à sa Ressemblance. La déposition sous le regard du Christ nous aide ainsi à nous ouvrir au don de Dieu et à entrer dans l’action de grâce.

    « Depuis que j’ai expérimenté la grâce de mon Seigneur Jésus-Christ, par l’intermédiaire de son serviteur François, aucune peine ne m’a semblé dure, aucune pénitence accablante, aucune infirmité insupportable » (Claire d’Assise – Celano 44)

    Le don de Dieu est au-dessus de tout don. Grâce qui nous révèle le Bien qu’il est. Don gratuit ne pouvant se mesurer. Don surabondant et sans retour, jamais repris. En nous ouvrant au don de Dieu, nous Le laissons nous recréer spirituellement. S’annonce alors pour nous le chemin de l’amour.

    « C’est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes son ouvrage, ayant été  créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions » (Ep 2,8-10)

    Dieu n’est pas égoïste, tout en lui est bonté. Il est celui qui donne et qui fait du bien dans toute son œuvre et dans l’homme en particulier. C’est par les dons que Dieu a mis en nous que nous pouvons coopérer étroitement au mouvement de l’Esprit Saint. Par eux, par tous ces charismes, nous apprenons à louer Dieu et à rendre grâce. Nous le glorifions en nous mettant, de sa part, au service des autres et apprenons à devenir témoins de son amour par le don de nous-mêmes. Mus par la reconnaissance et l’émerveillement, nous savons que tous ces dons, tous ces dynamismes dont il nous comble, lui appartiennent en propre.

    C’est par et dans cette dynamique que s’inscrit notre vocation chrétienne et que Dieu, notre Père nous appelle à participer à une relation d’amour. Il nous appelle à le suivre dans une voie nouvelle qui suscite de notre part une démarche personnelle mais aussi une adhésion consciente et totale relevant de notre cœur.

    La prise de conscience de notre vocation nous re-pose sous le regard de Dieu et nous laisse approcher sa grandeur et son mystère. Elle nous confronte à notre vérité intérieure, à nos peurs, à notre générosité mais aussi à nos puissances de résistance et d’accueil.

    Si Dieu, par amour, veut restaurer notre vocation et notre identité de fils, c’est parce qu’il sait que notre bonheur dépend directement du bonheur que nous apportons aux autres : dans le don de nous-mêmes nous nous « trouvons » véritablement et, lorsque nous glorifions Dieu, nous nous épanouissons. Aussi, que rien de nous arrête, laissons l’Esprit se joindre à notre esprit pour nous faire entendre la Parole du Père et susciter en nous la réponse filiale!

     

    Quelle est la vocation première de l’homme ?

    Notre vocation unique, fondamentale, est donc de répondre à l’appel du Christ. Notre vocation est de répondre à l’appel à la vie, à l’écoute, à l’Amour. Dieu nous appelle à exercer nos capacités, mieux, à prendre goût à la méditation de sa Parole pour la mettre en pratique. Parole qui verticalise, qui révèle à l’homme les capacités d’amour qu’il porte en son cœur. Notre vocation est de co-respondre à l’appel de Dieu.

    Voilà le dessein de Dieu, voilà ce que Dieu attend de nous. Il nous appelle à la vie pour exister et pour partager éternellement sa vie, sa divinité. Voilà notre vocation première ! De ce choix, de ce « oui » va dépendre toute notre vie. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. (Irénée de Lyon)

    Qu’y-a-t-il réellement derrière cette véritable force que représente « la vocation » ?

    Il y a l’appel irrévocable à la sainteté, au partage de la vie avec Dieu. A travers sa propre histoire, chaque créature est appelée par Dieu à exercer une option fondamentale – c’est cela la vocation : Accepter ou refuser son projet ; accepter ou refuser son amour ; accepter ou refuser Dieu lui-même. En un mot, le désirer et se laisser séduire ou l’éconduire. Dès lors, une interrogation s’impose : Est-ce que je veux faire du Christ le Maître de ma vie ?

    C’est donc l’appel à la vie et ce choix fondamental qui précèdent et fondent les particularités ultérieures – spécifiques – de la vocation et leur donnent sens.

    Chaque créature peut alors entrer dans la part unique, personnelle de sa vocation. Pierre nous dit : « Appliquez-vous à affermir votre vocation et votre élection » (2P 1,10) … « Et votre élection » : Non seulement nous sommes appelés mais encore nous sommes choisis, chacun de nous pour un projet particulier… ce qui nous protège de toute vaine gloire car c’est alors notre oui prononcé en toute humilité qui fait notre élection. Ainsi, à chaque vocation correspond un projet de Dieu, pour soi et en faveur des autres. Nous retrouvons ici la dimension de la grâce baptismale.

    L’homme est libre quand il est dans son élément, quand il vit pour accomplir ce que Dieu a prévu pour lui ! Ne nous forçons pas à « faire » ou à « vouloir faire » mais recherchons ce que Dieu veut faire en nous et coopérons à la grâce. Notre vocation peut alors s’accomplir dans le rayonnement de ce « oui ».

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

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  • VEUILLEZ LIRE DANS MON COEUR

    Susanne-art-18.jpg Arthur en prière aux Carcéri - Assise 8ème centenaire

     

    Les commandements du Christ nous enseignent comment être.

    Ils sont le chemin et nous apprennent à nous exercer dans le désir de grandir dans notre relation et dans notre union profonde à Dieu, toujours plus accomplie, et non dans un rapport d’esclave ou dans l’espoir d’une récompense.

    Rappelons-nous ces paroles du Christ : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat ». (Mc 2,27) La loi a été donnée pour permettre à l’homme de grandir, de vivre, d’avoir un esprit créateur dans ses actions, de construire sa vie. C’est en nous unissant à ce que Paul nomme « L’Esprit du Christ » (1 Co 2,16), en nous unissant à l’action, à l’intelligence de Dieu, que nous pouvons nous sauver car, se sauver, signifie s’unir à la vie divine. En effet, ce qui nous est présenté dans le Nouveau Testament sous forme de commandements, ne représente pas en réalité des règles de vie, mais des indications sur ce qui, en nous, dans notre cœur, dans notre esprit, devrait constituer une force capable de mettre notre vie en mouvement et de fortifier « l’homme intérieur » dont parle Paul. (Rm 7,22)

    Ainsi, la loi de la vie en Christ  dépasse largement notre façon de nous conduire ou de nous comporter, dans la mesure où elle devient réellement notre être profond, lorsque nous ne saurions agir en dehors d’elle parce que nous nous sommes unis à la pensée et au dessein de Dieu. S’unir à la vie divine, entrer dans ses désirs, participer à la vie intime de Dieu relève de notre désir et de notre choix posés en toute liberté d’amour.

    Nous ne sommes donc pas de simples exécutants restés en marge de l’expérience spirituelle que nous propose le Christ et qui appliqueraient les règles néotestamentaires dans l’esprit des lois vétérotestamentaires. Prenons un exemple : Celui de cet homme, chrétien, reflétant une belle âme. Il ne laissait jamais passer un pauvre sans lui faire signe et lui donner de quoi manger, le tout accompagné d’une pièce de monnaie. Mais il ne laissait jamais un pauvre pénétrer dans sa maison de peur que celui-ci la souille. Il l’arrêtait sur le pas de la porte et l’engageait à repartir, aussitôt sa bonne œuvre accomplie. Il manquait à cet homme la véritable charité, celle qui vient du cœur du Christ, de « l’Esprit du Christ ».

     Cet exemple nous montre la frontière entre l’application de la loi dans un sens strictement juridique et la croissance de l’homme pour lequel le vrai commandement constitue un appel à la vie … devenir un homme qui ne saurait agir en dehors d’elle ! Si nous répondons à l’amour de Dieu, alors, selon l’apôtre Paul, tout nous est possible, dans le Seigneur Jésus-Christ qui nous fortifie. (Ph 4,13) 

    Le péché contre l’Esprit Saint.

    Dans un autre passage de l’Ecriture, nous trouvons : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie » (2 Co 3,6) Assujettir l’homme à la loi de telle sorte que la loi l’empêche de vivre, c’est une faute, un péché, une impiété. L’esprit, c’est l’intelligence du cœur, le sens mis dans la loi, la profondeur de ce qui y est dit, le dessein qui la sous-tend. Les pharisiens et les scribes, qui accusaient le Christ de faire le bien en étant inspiré par un esprit impur, ne démontraient nullement par là que sa prédication était le fruit d’une œuvre impie. Ils étaient bien conscients, par leur expérience de vie intérieure et par leur savoir, qu’il ne se dressait en aucune façon contre l’enseignement des Saintes Ecritures, des Ecritures en tant que Révélation divine. En fait, en repoussant le Christ, ils blasphémaient cet Esprit Saint qui avait inspiré les écrits de l’Ancien Testament, qui avait fortifié les prophètes et qui, à l’instant présent, parlait par la bouche du Christ Sauveur.

    Nous devons comprendre que, non seulement, ce blasphème est dirigé contre la prédication du Christ, mais qu’il donne également à chacun d’entre nous un redoutable et sévère avertissement. Lorsque nous savons que, dans les évènements qui se déroulent dans notre vie ou même autour de nous, la force de Dieu est en action ; lorsque du fond de notre expérience, de notre certitude personnelle, de notre conscience, nous savons que les paroles que nous entendons ne sont pas mensongères mais véridiques, mais que nous ne voulons pas les recevoir parce que celui qui les prononce, quel qu’il soit, nous est « étranger », alors nous nous trouvons aussi sur le seuil du blasphème contre l’Esprit Saint.

    Sur ce point, l’apôtre Paul s’est exprimé avec une audace surprenante. Il dit qu’il se réjouit de la prédication de l’Evangile même lorsqu’elle est entachée d’hypocrisie. Certes, l’hypocrite ira au jugement, pourtant la parole de vérité qu’il aura prêchée touchera l’âme de tous ceux qui auront été capables de la recevoir. (Ph 1, 15-18)

    A ce sujet, rappelons comment les disciples du Christ agirent avec l’homme qui faisait des miracles en son Nom, sans être des leurs. Ils le lui interdisaient « parce qu’il ne nous suit pas » (Mc 9,38). En effet, des foules d’hommes « ne nous suivent pas »,  mais pourtant ils suivent Dieu.

    Dès lors, nous devons réfléchir sur nous-mêmes. Prenons un exemple : Telle personne que nous ne tenons pas en grande estime parce qu’elle est plus ou moins notre adversaire ou bien nous dérange - non en tant que personne mais sur le plan des idées - Nous sommes alors prêts à contester le bien qu’elle fait, à nier la bonne et vivante parole qu’elle émet ou, plus grave encore, à voir en elle le mal.

    Soyons prudents. Ne nous hâtons pas de juger ou de condamner des personnes parce qu’elles ne sont pas des nôtres. Soyons humbles, ne nous persuadons pas que ceux  qui n’appartiennent pas à notre « milieu » ne peuvent parler au nom de l’Esprit Saint. Nous péchons ainsi contre l’Esprit Saint d’une manière beaucoup plus subtile qu’en niant que le Christ est Fils de Dieu. Aussi, écoutons avec précaution ce que dit notre prochain lorsque nous entendons la vérité résonner dans ses paroles, en dépit du fait qu’il n’est pas notre compagnon, notre frère … parce qu’il ne nous suit pas !

    Accueillir l’autre dans sa différence.

    Quand naît l’acceptation mutuelle, les différences deviennent sources de vie. Alors, jaillissent en nous de nouvelles questions. Celles-ci vont nous aider à mieux saisir la particularité de notre propre voie. Par elles, notre capacité à pouvoir mieux vivre avec tous les hommes va s’affirmer. Mais aussi, elles vont nous permettre d’aller au bout de nous-mêmes.

    Les différences ne doivent pas être vues comme source de conflits mais comme source de communion, sans jamais être une intrusion. Elles peuvent être vécues comme un enrichissement mutuel et non comme motifs d’agressivité et causes de souffrance. Dans le rapport avec l’autre, quand la différence est consentie, elle n’est pas un danger. Toutefois, l’accueil de l’autre passe par la transformation profonde du regard que nous portons sur « lui ».

    « Veuillez lire dans mon cœur ; vous y trouverez peut-être bien davantage que dans mes paroles… J’ai eu de nombreuses rencontres avec des chrétiens, appartenant aux diverses dénominations… Nous n’avons pas parlementé, mais parlé ; nous n’avons pas discuté, mais nous nous sommes aimés » (Jean XXIII)

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs 

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  •  LE PRINCIPE TRINITAIRE REVELE LA PERSONNE

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     Pour opérer la distinction-identité entre les trois personnes de la Trinité, les Pères de l’Eglise ont utilisé le terme « hypostase ».  Ce terme permet de distinguer ceux qui ont en commun la même essence. Ainsi se précise la notion de la personne dans son unicité comme dans ses rapports avec les autres personnes. Au sein de la Trinité, le Fils est tout ce qu’est le Père, mais il n’est pas le Père ; l’Esprit est tout ce qu’est le Fils, mais il n’est pas le Fils.

    La contemplation des créatures doit nous permettre de remonter jusqu’à la Trinité créatrice, et de discerner dans l’action commune des Trois Personnes divines, le mode créateur propre à chacune. La redécouverte récente d’une théologie de l’Esprit-Saint, en Occident, peut nous inciter à prêter davantage attention à des auteurs qui, en raison même de leur démarche, sont qualifiés de « mystiques » : Augustin, Richard-de-Saint-Victor, Bonaventure, Ruysbroek… auxquels on pourrait ajouter : Karl Rahner, Urs Von Balthasar… Leur théologie témoigne non pas d’une démarche strictement intellectuelle mais plutôt de l’expression d’une expérience profonde, intérieure, en un mot, de leur propre vie spirituelle. Elle témoigne de l’homme – Image de Dieu – en quête d’une relation intime, personnelle, avec le Père, le Fils et l’Esprit-Saint. Leur théologie témoigne donc de la contemplation de Dieu dans le miroir de la création et de l’intelligence du croyant, puisque Dieu a révélé lui-même à l’homme que sa raison dernière est d’être image du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

    Il convient, dans la Trinité, de distinguer la nature qui est, par essence divine, unique, identique aux trois, et de distinguer la personne, chacune bien distincte des deux autres. Le Père se particularise en tant que source de la divinité, le Fils se particularise par sa filiation, et l’Esprit par sa procession. Chacun est ainsi révélé par son propre mode distinctif d’être. C’est cette nature que le Christ est venu partager avec les hommes, en revêtant la nature humaine sous tous ses aspects, hormis le péché. Pour saint Athanase « Dieu est devenu homme pour que l’homme devienne Dieu », dans la plénitude de son être et de sa liberté.

    « Unité, vérité, bonté sont les conditions générales de l’être, mais elles ne se trouvent que dans l’Etre Parfait, c’est pourquoi on ne les trouve dans l’être créé, que sous la triple influence du premier Etre. Plus cette triple influence est intense, c’est-à-dire plus les créatures sont proches de Dieu, et plus leur unité, leur vérité, leur bonté participent aux perfections divines correspondantes. La destinée de la créature spirituelle étant de parvenir à la participation la plus étroite, la vraie religion consiste pour elle à tendre vers ces perfections, jusqu’à l’assimilation. » Ainsi, la distance qui sépare les créatures du Créateur ne se définit pas en termes d’espace, mais en termes de ressemblance. Pour Evagre : « La théologie n’a pas d’autre objet que la contemplation de la Trinité ».

    Dans l’antiquité la notion de personne était quasi inexistante. Le mot « persona » désignait un masque de théâtre, servant à caractériser un individu par son rôle social ou professionnel : homme libre, paysan, militaire, esclave, etc. Chacun était figé dans sa catégorie, les esclaves étant en outre considérés comme des choses plutôt que comme des êtres humains à part entière.

    Or, avec sa venue parmi les hommes, le Christ rétablit la véritable dimension de la créature de Dieu. Il nous apprend à quel point la personne est précieuse, irremplaçable, lorsqu’il nous dit que le berger va jusqu’à abandonner quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller chercher la malheureuse qui s’est égarée. Chaque personne est donc unique aux yeux de Dieu. C’est pourquoi nous agissons, pensons, réagissons, aimons d’une manière unique, personnelle, intime. Parce que la personne est unique aux yeux de Dieu, tout doit être mis en œuvre  pour protéger son intégrité. Grâce à cette prise de conscience, notre rapport au prochain change, nous prenons conscience de la valeur unique de la personne, des dons de Dieu qui sont en chacun de nous et de l’amour de Dieu à recevoir et à répandre.

    Le Christ marque aussi un immense respect envers la personne, quelle qu’elle soit. Il va à la rencontre aussi bien des infirmes, des prostituées, que des notables ou des nantis. Dès lors, l’homme ne doit, ni être soumis à des actes de tortures qui font outrage à l’image de Dieu à laquelle il a été créé, ni subir la peine de mort, car Dieu seul est le maître de la vie et de la mort.

    Saint Paul écrit que, en Christ, il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme ni femme au cœur de cette humanité, de cet « Adam total » où tous peuvent vivre en harmonie dans une complète égalité. Ainsi, la personne atteint son épanouissement dans la mesure où elle vit en communion avec les autres, animée par le sentiment d’amour que le Christ veut faire partager à ses disciples : « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34). Dès lors, les relations entre les hommes, aussi imparfaites soient-elles, sont appelées à refléter, à la mesure humaine, les relations parfaites qui se manifestent au sein de la Trinité.

    Parce que Dieu est une personne trine, les chrétiens peuvent désigner les personnes divines dans l’économie de la création et du Salut et dans l’intimité de la prière de chaque fidèle. Nous pouvons prier Dieu dans une relation personnelle, avec le Père, le Fils et l’Esprit-Saint.

    C’est dans la rencontre avec le Christ Sauveur, dans le face à face et l’intimité de la relation, que l’homme peut atteindre son épanouissement final dans la participation à la vie divine. C’est par la relation de personne à personne que l’homme peut arriver, à travers l’humanité du Christ et dans l’Esprit, à la vision du Père. La finalité de la relation rejoint ainsi la finalité de la création : l’homme qui a été créé à l’image de Dieu a reçu de lui toutes les facultés et énergies nécessaires à la réalisation de la ressemblance.

    « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant,

    Et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu »

                                                   (Irénée de Lyon)

     

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

    photo : "Sainte Trinité ou l'Hospitalité d'Abraham" Artiste Serbe - Détrempe sur bois ; 101x61 cm. Vers le milieu du XVIè siècle. Decani, Serbie, Monastère.

     

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    Note:

    [1] C’est ce que saint Augustin a exposé tout au long de son opuscule De Vera Religione dans lequel saint Bonaventure a puisé cette doctrine. « La Trinité créatrice d’après saint Bonaventure » Luc Mathieu ofm – éd. Franciscaines



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    du 23 au 31 mai - Conduite et animation du Pèlerinage à Assise avec le groupe de Goudargues

     

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