• Flash texte la ''perle du jour'' Parabole des vignerons - Suzanne Suzanne nous t'attendions...

    Flash texte la ''perle du jour''

     Matthieu 21, 33-43 :
    Parabole des vignerons


    Nous savons tous comment les vignerons ont traité les serviteurs du maitre de maison qui a planté une vigne. Ils les ont battus, tués, lapidés. Pourtant, le maitre avait donné en fermage cette vigne à des vignerons qu’il avait probablement jugé dignes de confiance. Alors pourquoi une telle violence ?


    - La perle du jour – Mt 21, 38 : « Mais, quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux : Voici l’héritier ; venez, tuons-le, et emparons-nous de son héritage. »

    Nous avons parfois tendance à oublier que tout ce qui est don, vient de Dieu. Nous nous approprions alors, même ce qui ne nous appartient pas. Nous ouvrons ainsi la porte à l’ingratitude, à la guerre, à la violence et tombons dans la démesure. L’appétit du pouvoir et de l’avoir ne connaît pas de limites. En fait, derrière ce comportement se cache le refus de Dieu.


    Cette parabole est terriblement actuelle. Elle nous replace au cœur de notre époque et du contexte dans lequel nous devons vivre et agir. Monde où l’indifférence et l’individualisme égoïste sont en train de prendre le pas sur ce qui constitue les valeurs anthropologiques de l’être humain. Monde où tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible. Manière moderne de battre, de tuer et de lapider.


    Malgré le bel exemple que donnent beaucoup de chrétiens qui offrent leur vie et leur temps gratuitement et généreusement, pour l’amour du Maitre, nous sommes tous de quelque façon sous l’influence de ce monde.


    C’est pourquoi, cette Parabole de Jésus s’adresse à nous aujourd’hui : Dieu nous confie sa vigne, il nous confie le monde, il nous confie l’Église. Ne nous approprions pas ce don. Ne tombons pas dans cette tentation. Ne nous approprions pas les talents, les responsabilités ou les missions que Dieu nous a confiés. Ce sont des dons, ils ne nous appartiennent pas.


    Qu’ils nous servent à nourrir la rencontre avec les autres et non pas notre individualisme ou notre orgueil spirituel ; qu’ils nous servent à nous engager de plus en plus dans le monde ; qu’ils nous servent à travailler dans la joie, dans la vigne du Seigneur, et à offrir les fruits de notre travail, à Dieu.
     

    Le seul Maitre, c’est Lui !

    Source : Suzanne G Testut ofs  avec la collaboration de RCF La Radio dans l'âme

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  • L'esprit de fraternité dans la vie de couple

    par Suzanne Giuseppi-Testut

    Peut-on parler de fraternité au sein d’un couple ? Oui, car il y a un « Je » et un « Tu ». Jésus lui-même, L'esprit de fraternité dans la vie de couple - Suzanne via la NRFen tant que vrai Homme, s’est fait le frère de chaque homme et de chaque femme avant de se révéler comme vrai Dieu. Ainsi, avant de voir l’époux ou l’épouse qui me fait face, je dois voir le frère, la sœur. Dans mon couple il faut que « l’amour l’emporte en moi ! », que j’apprenne à aimer grâce à des conversions permanentes¸ à des prises de conscience qui vont m’aider à modifier mon attitude et à devenir responsable.

    Une fraternité universelle

    Saint François nous invite à une fraternité universelle enracinée dans la personne de Jésus : « Tout homme est mon frère. Et il y a lieu de le servir pour le porter à l’amour de Dieu en toute joie et allégresse. » Il nous signifie par là que, comprendre, c’est bien, mais comprendre avec joie, c’est mieux ; agir, c’est bien, mais agir avec joie, c’est mieux ; prier, c’est bien, mais prier avec joie, c’est mieux ! C’est la joie qui va parfaire tout ce que nous faisons dans la journée. Elle ancre l’esprit de fraternité. François nous montre que l’esprit de fraternité est une étape dans l’amour, l’étape de la gratuité.
    Il y a un terme clé de la spiritualité franciscaine: servir. Le service mutuel, vécu dans l’égalité, la simplicité et l’humilité est le fondement de l’esprit fraternel. Toutefois, au sein d’un couple, l’un des partenaires peut être appelé à assumer une responsabilité et donc à faire preuve d’autorité, mais son autorité ne saurait être un pouvoir de domination. L’autorité est un service elle s’exerce dans la rencontre et le dialogue. Dieu lui-même se laisse rencontrer, c’est un Dieu de dialogue et son autorité est une autorité d’amour. Nous pouvons dès lors entrer dans la reconnaissance réciproque de nos vulnérabilités et nous exercer à l’entraide fraternelle.

    Le couple, un lieu pascal

    La relation fraternelle  nous confronte à la gestion des difficultés. Une vie de couple peut être vécue comme un lieu « pascal ». En effet, il y a au sein d’un couple, de grandes joies mais aussi de grandes souffrances. La difficulté de vivre en relation fraternelle nous montre la nécessité de faire un travail de reconnaissance de soi afin de mieux apprivoiser les passions qui nous gouvernent : l’amour propre, la susceptibilité, la haine, la colère, la jalousie, l’égo etc. pour ensuite aider et mieux aimer notre prochain, le frère ou la sœur en humanité avec lequel nous avons choisi de vivre. Seul l’homme qui fait la vérité sur lui-même devient capable d’être frère. Il peut accueillir les autres avec leurs limites et leurs faiblesses.

    A l’instar de toute créature, tout couple est « inaccompli » mais en devenir « d’accomplissement ». Celui ou celle qui cherche le couple idéal est souvent celui qui n’a pas assumé sa propre vérité. Il va rêver son couple, son foyer, au lieu de le construire jour après jour. Or, il y a des forces chaotiques internes et externes qui surgissent pour faire échouer cette aventure qu’est le couple. En fait, cette aventure est le pari de la foi. La foi procure la force de se déposséder soi-même et de se sentir responsable de son prochain. Le couple doit mûrir pour arriver à sa plénitude, c’est-à-dire à son accomplissement d’amour. Chacun doit mûrir pour arriver à sa plénitude. Chacun doit avoir le souci d’aimer de l’amour du Christ.

    Vivre la relation fraternelle implique la vigilance, c’est-à-dire le sens de la responsabilité personnelle : Ne pas s’abriter derrière la loi, le devoir ou l’obligation, ou encore derrière l’image du couple parfait ou idéal. Se remettre en question sous le regard du Christ. Rencontrer vraiment l’autre sans craindre son jugement ou son regard. Ecouter sans se projeter. Se savoir imparfait, divisé, plein de contradictions et accepter sans les juger, que les autres ne soient pas parfaits. L’esprit fraternel, l’amour, est donc une question de vérité et de justice selon le cœur et non seulement selon la loi. 

    Choisir d'aimer

    Vivre la relation fraternelle implique de choisir d’aimer. Croire et aimer exigent une attitude concrète de vérité. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc 12,31). Jésus prend soin de préciser « comme toi-même ». Par là, il nous montre les conditions et les difficultés de cet amour. Il nous fait sentir combien l’acceptation de nous-mêmes tels que nous sommes est essentielle pour pouvoir aimer l’autre tel qu’il est. Au sujet d’un époux et d’une épouse qui s’unissent, voici ce que disent les Pères : L’amour est ouverture à l’autre et libre don de soi. Chacune des personnes qui s’unissent se donne à l’autre et le reçoit en échange. C’est seulement dans cette communion que chacun s’enrichit et peut s’épanouir dans toute l’expression de son être. L’acte d’amour implique alors un amour de l’autre en Dieu et un amour de Dieu en l’autre. C’est-à-dire, d’aimer dans la pensée de l’Amour en sachant que l’autre est Image de Dieu.

    L’amour est inséparable

    Ainsi, Dieu, « moi » et le prochain son inséparables. L’amour filial et l’amour fraternel sont indissociables. Je ne peux pas dire que j’aime Dieu si je n’aime pas mon prochain. Je ne peux pas me dire Fils adoptif du Père si je ne reconnais pas en l’autre, mon frère, ma sœur en Christ. Je ne peux pas me dire époux, épouse, si je n’aime pas d’abord de l’amour fraternel du Christ.

    L’esprit fraternel a donc besoin d’être ajusté et réajusté en permanence. Cela passe par l’ouverture à l’autre, dans l’écoute de la Parole, par l’apprentissage du regard, par l’attention, la fidélité, la réconciliation, le pardon. Par la nécessité de « sortir de soi » pour voir avec les yeux du cœur afin de soutenir notre compagnon ou notre compagne, dans la mesure de notre propre faiblesse autant qu’on voudrait être soutenu soi-même, non point avec le secret espoir d’un juste retour le moment venu, mais dans la gratuité complète et évangélique du don de soi.

    Oui, l’esprit fraternel ne peut s’accomplir sans Jésus ! Il faut que l’amour l’emporte … en moi !

    NRF vol 119, no 3 • 15 mai 2014


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  • Rencontre des Groupes de Vie Evangélique

    Perpignan 22 septembre 2013

    « Vivre sa foi »

     

     « Vivre sa foi » - Susanne G TestutPourrait-il y avoir meilleur sujet en cette année de la foi ? Si nous sommes ici, ensemble, c’est que nous avons le désir de nous exercer à vivre notre foi. Nous avons le désir de vivre l’évangile à la suite du Christ, non seulement « à la suite » mais « avec » le Christ.

    Jésus, lors de sa prédication en Galilée, (départ vers la croix) fait bien la différence entre ceux qui viennent l’écouter mais sans l’accompagner et les disciples qui se distinguent nettement. En effet, la caractéristique du disciple est d’être « en chemin » « avec » Jésus. (Lc 9, 18-27).

     

    A cette fin, posons-nous quelques questions

    1. 1.      Nous reconnaissons que Dieu est Dieu, mais acceptons-nous que Dieu soit Dieu en nous ?

    En un mot, sommes-nous suffisamment déterminés pour entrer dans cette dynamique spirituelle, exigeante, certes, mais dont le seul critère est la foi.

    Nous croyons Dieu parce qu’il est Vérité et Vie. Nous croyons « en » Dieu quand nous l’accueillons dans notre propre vie, car sa place, dans notre vie, c’est d’occuper le tout de notre être : Il est le Tout. Pour entrer dans cette dynamique spirituelle, il nous faut devenir hospitalité.

    2        Voulons-nous que le Christ soit le Maître de notre vie ?

    Si dans un acte de foi, nous laissons le Christ s’établir en nous, et qu’alors il habite en nous comme en sa demeure, de quoi pouvons-nous avoir besoin que nous n’ayons point déjà ? En effet, nous avons fait le vrai choix, celui de communier librement à la vie divine : écouter le Christ et se laisser écouter par lui.

    Dans un acte de foi, suivre le Christ et marcher « avec » Lui avec un cœur résolu, c’est entrer, puis demeurer sur un chemin de confiance qui peut durer toute la vie. Cependant, cette confiance doit toujours demeurer humble car, si la foi devenait une prétention spirituelle, elle ne conduirait nulle part.

    Le souffle de la confiance peut être retenu par les tourments suscités par nos souvenirs proches ou lointains, par les évènements auxquels nous sommes confrontés, par les choix du monde dans lequel nous vivons, par l’opinion des gens. L’évangile suggère de ne pas regarder en arrière, de ne pas nous attarder à nos échecs, de ne pas nous laisser emporter par les courants, par les modes, de ne pas entrer dans les polémiques et dans ces bavardages qui encombrent notre personne et l’éloignent de la confiance du cœur.

    La joie de l’évangile, l’esprit de la louange, supposent toujours une décision intérieure : Vivre de la vie du Christ. Opposons à l’opinion des gens, la connaissance du disciple qui s’exprime dans la confession de foi.[1] Plus que jamais, en ce moment, ayons confiance et accueillons l’espérance.

    Avoir confiance c’est donc choisir et poser un acte libre : faire le passage de la confiance à l’espérance. Grâce qui nous fait aller bien au-delà du découragement qui la détruirait. Ainsi, dans la lumière de la foi, jaillit en nous la force de cette vertu : je pose ma vie, je la re-pose en Dieu. Qu’il soit béni. Tout chrétien est appelé à manifester sa confiance en Dieu, la joie et le sourire en témoignent.

    3        Avons-nous le désir de nous laisser agir par l’Esprit de Dieu ?

    A travers son expérience intime du sacré, François d’Assise, dans son Cantique des Créatures, nous fait découvrir comment les réalités  cosmiques, frère vent, frère soleil … peuvent nous conduire à la profondeur de notre intimité.

    S’exposer au vent : Offrons-nous de l’intérieur au souffle qui va balayer toutes nos installations, bousculer nos cloisons et faire sauter nos barrières. Laissons l’Esprit de Dieu se joindre à notre esprit, non dans un souci de renoncement à notre personnalité mais au contraire pour la conquérir par la restauration de notre âme. Nous pouvons accueillir notre humanité et tout ce qui la compose avec le désir de nous laisser agir par l’Esprit de Dieu.

    S’exposer au soleil : Laissons-nous façonner par les mains de Dieu – son Fils Unique et l’Esprit-Saint – comme une boule de cire afin qu’il fasse fondre la croûte d’endurcissement qui nous recouvre et que peu à peu l’image reprenne forme à travers les précieux dons qu’il a mis en nous. Ces dons manifestent tous l’expérience réelle de la Présence.

    S’exposer au feu : Laissons-nous brûler par le feu purificateur qui va nous apprendre à changer d’attitude et à entrer dans une transparence devant Dieu. Quand l’âme est touchée par le feu de l’Esprit, elle s’élance.

    S’exposer aux astres : Apprenons à voir la lumière dans la face nocturne des choses. Cette lumière qui nous donne la force d’affronter le monde et d’oser notre foi et va donner sens à notre vie.

    S’exposer à l’eau : Consentons à nous laisser conduire là où la vie se manifeste dans sa Source. Jésus se manifeste à la Samaritaine comme l’eau vive à laquelle l’homme aspire dans sa soif la plus profonde, la soif de vie, de « vie en abondance ». Croire en Jésus, c’est boire la vie qui n’est plus menacée par la mort. Je peux dire alors sans peur : « J’irai là où l’amour de Dieu me conduira » (Mgr Valdimir Ghika – prêtre roumain, mort martyr – sera béatifié le 31 août à Bucarest)

    S’exposer à la terre : Descendons en nous-mêmes dans une démarche de profonde humilité. Brûlons les ombres de la terre au feu de la prière et de l’Esprit. Ne nous laissons pas affaiblir par la tiédeur, l’indifférence, le manque de pardon. Ainsi, notre terre deviendra un ancrage sûr qui nous permettra de nous tourner vers le ciel sans chanceler.

    Les pieds dans l’eau, solidement ancrés en terre, s’élançant vers le ciel, exposés à tous les vents, les palmiers du désert sont une belle image de l’homme spirituel. Le palmier est le symbole de l’espérance. Les tempêtes passent, il est toujours là, tourné vers le ciel. [2]

    Apprenons à sortir de nos ténèbres, pour laisser danser notre vie, pour laisser brûler notre cœur, pour laisser jaillir son Amour. Que tout en nous chante sa gloire. Devenons témoin de l’image que nous contenons.


     

    Dieu nous invite à le suivre

    -          Vivre sa foi ne peut s’accomplir que dans un désir

    Dans cette invitation il y a le désir de Dieu et le nôtre. Dieu se révèle et cherche l’homme inlassablement, non pour le convaincre et l’asservir mais pour le « rencontrer » au cœur d’une vraie relation. Il cherche l’homme avec une intensité d’amour infinie. Mais, dans son immense respect pour sa créature, il attend d’elle le signe de son désir et il assume jusqu’au bout la liberté qu’il nous a donnée. Un seul regard de notre part et son regard en retour nous enveloppe de sa lumière, un seul appel et il est là, un seul mot d’amour et il nous prend dans ses bras.

    -          Vivre sa foi : entrer dans une fidélité et répondre à la grâce qui nous est donnée par Dieu

    La fidélité est un appui solide duquel vient notre consolation. Plus forte que le doute, que le ressentiment et la colère, elle est exigeante et ne doit pas céder à la facilité. Dans la fidélité, c’est la liberté de Dieu qui s’exprime. C’est pourquoi, confions-nous en nous appuyant  sur la fidélité, sur la solidité de Celui qui nous écoute, le Christ. Cela implique aussi de notre part, écoute sincère, fidélité, réciprocité d’amour.

    Reconnaître ce qui peut se réclamer de l’Esprit du Christ, vivre sa foi, consiste à faire usage de notre loyauté, à utiliser les évènements de notre existence pour faire naître une fidélité et demeurer dans l’amour. Cela demande aussi de l’audace. Ayons soif de vérité, pas d’opinions ! Ayons soif de ce qui Est, pas de ce qui meurt. Si nous n’osons pas avancer et persévérer dans nos désirs ou nos projets, notre frilosité nous enferme et nous prive de « l’avis » de Dieu et donc de son réajustement salutaire qui nous convertit à son désir. Nous passons à côté de la grâce.

    Au cœur même de l’épreuve, Dieu reste présent et sa fidélité travaille déjà à notre relèvement.

    -          Vivre sa foi : demeurer dans l’amour

    Le fruit que le Seigneur attend de nous est l’Amour qui accepte avec lui le mystère de la Croix, l’Amour qui nous fait participer à son don de soi pour devenir la vraie justice.

    C’est le fait de se tenir patiemment dans la communion avec le Seigneur au milieu des vicissitudes de l’existence, ce que les Pères appellent persévérance.

    C’est marcher avec constance sur les chemins monotones du désert que nous sommes appelés à parcourir dans la vie. Avancer patiemment pour ne laisser que l’adhésion profonde et pure à la foi. (Benoit XVI Jésus de Nazareth p 288-289) L’amour prend alors la place de la croix.

    C’est l’Amour qui nous fait devenir « un » avec Jésus. L’homme vit de la vérité et du fait d’être aimé, d’être aimé par la vérité. Il a besoin de Dieu. Certes, nous avons des besoins humains, nous avons besoin de la nourriture pour le corps mais, plus profondément,  nous avons aussi besoin de la parole, de l’amour, de Dieu lui-même. La vie en abondance, voilà ce que chacun désire.

    -          Où la trouvons-nous ? Quand et comment avons-nous la « vie en abondance » ? 

    « Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10)

    Jésus, le Verbe de Dieu incarné, n’est pas seulement le pasteur, mais il est aussi la nourriture. Il donne la vie en se donnant lui-même, lui qui est la vie (cf. Jn 1,4 ; 3, 36 ; 11, 25) Dieu ne donne pas quelque chose, il se donne.

    Ainsi, communier au Corps et au Sang du Christ, libère les forces grâce auxquelles nous pouvons trouver pour nous-mêmes et pour les autres, les biens qu’on ne peut avoir que dans le partage.

    « S’étant approchée de la Lumière, l’âme devient lumière » (Grégoire de Nysse IVè s.)

     

    Beaucoup parmi nous, sont engagés en Eglise. Je vais rappeler les paroles de notre Ministre de Fraternité Franciscaine, Claude Gaston.[3]

    « La communion eucharistique est loin d’être un geste anodin. Le convive, en mangeant le pain de la Pâque de Jésus-Christ, rappelle à Dieu qu’il s’est engagé et qu’il a besoin de ce pain pour aller plus loin dans son engagement.

    L’Eglise rappelle clairement aux chrétiens qu’ils ont à renouveler les engagements du Baptême (sacrement qui agit en permanence) lors de la veillée pascale. Nous pouvons dans nos cœurs les renouveler à chaque eucharistie.

    -          Je reçois, gratuitement, j’ai obligation d’apporter, de témoigner gratuitement, dans la joie.

    -          Je descends, je remonte avec le Christ, dans la joie. La joie c’est la marque de l’Esprit Saint.

    -          Je descends avec mon frère pour l’aider à remonter dans la joie. Etc.

    Enfin, et ce sera ma conclusion

    -          Vivre sa foi : pour vivre l’esprit de fraternité.

    La foi procure la force de se déposséder soi-même et de se sentir responsable de son prochain comme de la société.

    Saint François d’Assise nous invite à une fraternité universelle enracinée dans la personne de Jésus.

    «Tout homme est mon frère. Et il y a lieu de le servir pour le porter à l’amour de Dieu en toute joie et allégresse. »

    Notre monde actuel crève de faim et de soif. Montrons le chemin qui conduit à la Source !

    -          Pour vivre sa foi … Il faut que l’amour l’emporte … en moi !

    Une prière

    Cette prière de Sören Kierkegaard[4] est un appel à la miséricorde. Miséricorde de Dieu envers nous-mêmes et miséricorde que nous devons à notre prochain … « Aime-ton prochain comme toi-même » !

    Père céleste, ne sois pas avec nos péchés contre nous,

    Mais avec nous contre nos péchés ;

    Afin que ta pensée, quand elle s’éveille en nous,

    Chaque fois ne nous rappelle pas nos fautes commises, mais ton pardon,

    Ni comment nous nous égarâmes,

    Mais comment tu nous sauvas.

    … Ne condamne pas ton frère mais les passions qui l’habitent.

     

    Suzanne Giuseppi-Testut  -  ofs

     

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    [1] Cf Benoit XVI – Jésus de Nazareth – p 321

    [2] « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais jamais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (Jn 3,8)

    [3] Fraternité  « Les alouettes de saint François » Perpignan-France

    [4] Philosophe chrétien, Danois


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  • Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (7de 7)

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

     

    partir mission


    (Photo d'archive)

     

    Il nous faut également parler de la fraternité des frères mineurs de Meknès.

    La Famille Franciscaine a fortement marqué l’Eglise au Maroc et ses représentants puisent aujourd’hui encore l’inspiration auprès de notre Père fondateur, saint François d’Assise. François recommandait aux frères allant parmi les Sarrasins, de « Ne faire ni disputes, ni querelles, mais d’ être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu et de confesser qu’ils sont chrétiens »

    La présence chrétienne à Meknès date d’environ cent ans. Un centre de rassemblement y avait été installé par les colons. Puis, ce centre est repris en 1940 par les frères franciscains qui, depuis ne l’ont jamais quitté. Or, ce lieu situé en plein cœur de la médina est facilement repérable car une croix, bien visible, est gravée au dessus de la porte d’entrée. Les frères commencent à jouer avec les enfants du quartier, puis à soigner les petits « bobos », puis ce sont des adultes qui se présentent pour des soins plus importants. Bref, un dispensaire s’ouvre. Puis les frères commencent à enseigner, gratuitement. De là nait un centre de formation - langue et plus tard informatique - qui peu à peu va accueillir des centaines de jeunes. Une solidarité s’installe. Devant la générosité des frères, les anciens élèves décident à leur tour d’enseigner gratuitement. Ils redonnent ce qu’ils ont reçu. Le centre est toujours très actif. Des jeunes frères ont rejoint l’ « Ancien », frère Joël, dont le visage rayonne François d’Assise.

    Conclusion : Le mystère de la présence chrétienne en terre musulmane.

    Extraits des Textes du Frère Jean-Pierre Flachaire – Prieur du monastère Notre-Dame de l’Atlas – Revue du Monastère Notre-Dame de l’Atlas « Hier et aujourd’hui » offerte à la suite de notre partage.

    Une Présence de Visitation selon Christian de Chergé.

    L’idée de rassembler les textes de Christian de Chergé sur le mystère de la Visitation m’est venue après avoir eu en ma possession deux textes où j’ai senti que, pour Christian, ce mystère exprime au mieux notre présence chrétienne en terre d’Islam. D’où un premier intérêt à étudier ce qu’il a dit ou écrit sur ce sujet.

    Premier extrait d’une lettre de Christian de Chergé à une sœur alors missionnaire au Yémen :

    « …Tous ces derniers temps, je me suis convaincu que cet épisode de la Visitation est le vrai lieu théologico-scripturaire de la mission dans le respect de « l’autre » que l’Esprit a déjà investi. J’aime cette phrase de Sullivan (dans : Matinales) qui résume bien tout cela : Jésus est ce qui arrive quand Dieu parle sans obstacle dans le cœur d’un homme. Autrement dit, quand Dieu est libre de parler et d’agir sans obstacle dans la droiture d’un homme, cet homme parle et agit comme Jésus : il fallait s’en douter !

    Et Christian conseille à la sœur : essaie d’être « sans obstacle » et tu ne cesseras de t’émerveiller … de t’Eucharistier … (hum : Pas très euphonique !) »

    Deuxième extrait :

    « Voici Marie jeune professe (son oui est tout récent). Elle se lance sur la route vers la montagne pour faire le noviciat de sa maternité universelle … Marie, vouée à porter le Christ en elle, hors de chez elle, comme chacun de nous. Et à servir humblement pour que l’Esprit fasse tressaillir l’enfant de Dieu encore en gestation en « tout autre ». Déjà, tu as su cela : il suffit d’être là, avec toute sa confiance pour que « l’autre » s’ouvre plus avant. Et tu pressens que l’Islam même peut se révéler dans son lien au Christ que tu aimerais lui porter, pour peu que tu lui offres, au creux d’une Visitation permanente, un cœur disponible à l’impossible qui nous vient de Dieu. »

    Dans le compte-rendu de la rencontre d’avril 2005 où le thème retenu était : « Je cherche son visage tout au fond de vos cœurs », Christian disait :

    « Si les évènements nous bousculent, laissons-les nous bousculer ! L’esprit Saint est celui qui fait sauter les frontières. Savoir reconnaître la présence de l’Esprit Saint agissant dans le cœur de « l’autre », ça lui donne du charme et quelque chose évolue et grandit en moi : « Tu n’es pas loin du royaume et tu m’as permis, à moi aussi de m’en approcher. » Nous sommes invités donc à être continuellement en état de Visitation, comme Marie auprès d’Elisabeth, pour magnifier le Seigneur de ce qu’il a accompli en « l’autre » et en moi.

    Christian évoque à nouveau le mystère de la Visitation aux Journées romaines, en septembre 1989 :

    « Ce mystère est bien celui de l’hospitalité réciproque la plus complète …[Il cite alors un ami musulman qui disait en contemplant le « chemin de Marie »] : L’Esprit Saint est toujours avec celui qui prend Marie chez lui.

    Ce mystère de la Visitation – ajoute Christian – il est bon que l’Eglise le mette de mieux en mieux, au cœur de la « hâte » qui la porte vers « l’autre » (qui désigne tout être humain) … Elle découvre alors sa mission. » [Et là, Christian cite l’ancien évêque du Sahara, Mgr Jean-Marie Raimbaud :] « La mission sous l’action de l’Esprit Saint est la confluence de deux grâces, l’une donnée à l’envoyé, l’autre à l’appelé … Le chrétien s’efforce de lire ce que Dieu lui dit par la personne … du non-chrétien, il s’efforce aussi d’être lui-même avec sa communauté un signe visible, une parole aussi claire que possible du Dieu, Père, Fils et Esprit. » Et Jean-Marie Raimbaud ajoutait : « Le Royaume de Dieu est là, au milieu de vous. Aurons-nous des cœurs de pauvres pour l’accueillir ? » Des cœurs de pauvres d’où peut jaillir le Magnificat infiniment repris en Eucharistie…

    (D’autres extraits sont lisibles dans la revue précitée.)

    Tous les mots employés par Christian, poursuit le frère Jean-Pierre, portent, sont importants pour cerner sa pensée quand on fait la transposition de ce qui s’est passé entre Marie et Elisabeth, entre Jésus et Jean-Baptiste, entre l’Eglise et l’Islam, entre nous et les musulmans…

    Christian a encore une réflexion forte et profonde, me semble-t-il. Il nous dit :

    « Si nous sommes attentifs, et si nous nous situons à ce niveau-là, notre rencontre » avec « l’autre » - le musulman – dans une attention et dans une volonté de le rejoindre … et aussi dans un besoin de ce qu’il est et de ce qu’il a à nous dire, vraisemblablement, il va nous dire « quelque chose » qui va rejoindre ce que nous portons (cette Bonne Nouvelle), montrant qu’il est de connivence et nous permettant d’élargir notre Eucharistie. Car, finalement, le Magnificat que nous pouvons, qu’il nous est donné de chanter : c’est l’Eucharistie. La première Eucharistie de l’Eglise … c’est le Magnificat de Marie.

    Terminons par cette histoire bien connue du puits. De ce jeune musulman, un voisin, qui avait demandé à Christian de Chergé de lui apprendre à prier… dans la foi musulmane.

    Un jour, Christian, pose en plaisantant cette question au jeune : « Au fond de notre puits, à ton avis, que va-t-on trouver : de l’eau chrétienne ou de l’eau musulmane ? »  Et le jeune qui n’avait pas pris, lui, la chose en riant, répondit : « Enfin, quand même, ça fait si longtemps qu’on est ensemble, et tu poses encore cette question ? Au fond du puits, on va trouver l’eau de Dieu… »  Je ne crois pas qu’il y ait de meilleure réponse, conclut Christian.

    Je remercie sœur Francesca Léonardi, responsable provinciale qui, en m’invitant à animer à nouveau des sessions en terre d’Islam, m’a permis d’aller encore plus loin dans « ma » Visitation, Je remercie toutes les sœurs pour la confiance qu’elles m’ont manifestée, particulièrement sœur Marie Vaillé qui, après avoir lu mon livre « La déposition » a suggéré à Sr Francesca de m’inviter. Je remercie toutes celles qui m’ont accueillie dans leurs fraternités (Casablanca, Rabat, Meknès, Midelt, Tatiouine) avec tant de tendresse et de générosité. Je remercie également les frères mineurs pour leur accueil et leurs témoignages. Je remercie le Frère Jean-Pierre Flachaire, Prieur  du monastère Notre-Dame de l’Atlas à Midelt, pour son accueil et le temps qu’il m’a accordé en tête à tête. Grand merci également à tous les amis marocains rencontrés.

    J’ai eu aussi la joie de retrouver  Corinne qui faisait partie de la fraternité Séculière d’Azille, en France et qui vit maintenant à Midelt tout près des sœurs et des frères.

    Joie également d’accueillir à la session, deux sœurs de Saint François d’Assise en mission à Mohamédia.

    Bien que cette mission fût très différente de celle vécue en Algérie, je ne peux que conclure de la même façon :

    Venez et voyez.

    Suzanne Giuseppi-Testut  -  ofs

    -FIN-

     

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  • Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (6 de 7)

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

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              Midelt – l’intérieur du Monastère – devant l’entrée.

    La mission en 2013

    Les FMM sont implantées à Casablanca, la chapelle Notre Dame des Anges y a été inaugurée en 1936. Le jardin, décorée par sœur Elise Bertaut, est un vrai havre de paix.

    A Rabat, Tétouan/Mantil, Meknès.

    A Marrakech, Sainte Marie de Marrakech est la mère des églises du Maroc. Les Martyrs franciscains ont été canonisés par le pape franciscain sixte IV en 1481 ; L’église des Saints Martyrs voisine avec le minaret d’une mosquée.

    A Ouarzazate

    A Midelt, Tatiouine

    La présence des FMM est modeste mais très vivante. Certaines sœurs sont au Maroc depuis plus de 60 ans. D’autres en sont parties puis sont revenues. L’Institut des FMM est international ce qui explique les nombreux déplacements et les facultés extraordinaires d’adaptation de ces femmes. Citons l’exemple d’une sœur qui, à 91 ans accepte de changer de maison. Toutes ont une activité professionnelle et aucune n’hésite à se former pour répondre à un besoin. Très actives, je n’ai pas encore rencontré une FMM ayant le désir de prendre « sa » retraite, même après 90 ans ! La doyenne à Casablanca qui va fêter ses cents ans dans un mois, a tenu à assister à la session. Sœur Colette Meert, après 73 ans de présence, fait toujours du soutien scolaire.

    Même si les sœurs ont abandonné la direction des écoles, des dispensaires etc. leurs activités sont nombreuses. Leur repli dans les médinas, les palmeraies du sud ou dans les montagnes de l’Atlas leur assure encore de nombreuses charges. L’alphabétisation continue ainsi que le travail en atelier avec les femmes : apprentissage de la couture, de la broderie ou du tissage. L’enseignement, l’apprentissage des langues, le soutien scolaire à domicile – les petits garçons qui arrivent du bled dévorent les cours de math donnés … par une licenciée. Sœur Colette Rouillard a formé plus de 1500 élèves dans les nouveaux lycées marocains !

    La visite des prisonniers, le contact avec les enfants des rues, les soins médicaux en hôpitaux ou à domicile, le travail auprès des handicapés ou dans les orphelinats. Et même simplement donner le biberon aux bébés orphelins ou se transformer en raconteuse d’histoire pour les enfants etc. Mais aussi  garder le contact avec la population, approcher les familles, être à l’écoute des confidences, des difficultés ou des souffrances, s’attacher à redonner de la dignité aux plus défavorisés.

    Sans oublier une présence très active au SAM de Casablanca – Service d’accueil des migrants – où de nombreuses femmes se retrouvent avec leurs enfants. Un soutien éducatif leur est donné.

    Citons aussi le travail de sœur Huguette Gosset, chargée auprès du Ministère de l’agriculture de la recherche agronomique pour les exportations marocaines. Créer des hybrides marocains. Projet de chèvres laitières pour compenser la pauvreté. Création d’activités génératrices de revenus comme par exemple une fromagerie créée avec des femmes. C’est ainsi que Sr. Huguette est devenue madame « chèvre » et madame « safran ».

    Une constante, chez les Franciscaines Missionnaires de Marie : Vitalité, joie et rayonnement.

     

    Formation Permanente des Adultes :

    Accueil des femmes au centre Anfa Casablanca 

    Responsable sr. Claire HANTOUCHE, fmm

    A l’origine, un projet d’alphabétisation lancé il y a quarante ans par une enseignante canadienne, à la demande des mères de famille. Une FMM française a pris ensuite le relai et c’est maintenant sœur Claire qui en assume la responsabilité. C’est ainsi que, depuis quelques décennies, la communauté des Franciscaines Missionnaires de Marie a ouvert ses portes pour répondre à ce besoin, à travers la « Formation Permanente des Adultes ».

    Un parcours est proposé à chaque femme. Leur âge variant de 14 à 70 ans et plus, les capacités et motivations sont bien sûr différentes. Toutefois, le maître mot et le point commun de toutes ces femmes reste « motivation » pour franchir un pas important dans leur vie. Pour toutes, « acquérir le savoir est une nouvelle naissance »

    Pour celles qui sont analphabètes, le parcours commence par l’apprentissage de l’arabe. Il va pouvoir évoluer vers l’enseignement du français, du calcul et même donner accès à la classe d’informatique. Bien plus, certaines « apprenantes » qui ont fait un parcours important sont devenues enseignantes, telle Zoubida.

    Ma joie a été de les rencontrer et de partager avec elles. Leur désir est de se libérer de la marginalisation pour participer à la vie sociale. Pour certaines d’entre elles, les enfants grandissent et le décalage entre la mère et les enfants  qui sont scolarisés est de plus en plus grand. La femme, la mère, est rapidement marginalisée, déconsidérée. Dans leur vie de tous les jours, savoir lire et écrire et être en mesure de comprendre et de se faire comprendre facilite les relations et modifie le regard des autres ; savoir compter, vérifier un prix, une facture que ce soit dans les magasins ou dans sa propre famille, change la donne. Un argument important est avancé : « compter sur soi-même et ne pas avoir recours aux autres pour les démarches ». En un mot, gagner une certaine liberté.

    La majorité de ces femmes est issue de la couche sociale la plus démunie. Ce sont souvent des employées de maison. Mais il y a aussi parfois les femmes marocaines qui les emploient appartenant à une couche sociale « moyenne » mais qui n’ont pas pu aller à l’école. On retrouve donc sur les bancs, l’employée et l’employeur.

    Il faut souligner tout particulièrement le courage de ces femmes. Leur démarche n’est pas évidente dans cette société où elles se sentent souvent exclues. Elles vont cependant trouver sur place, non seulement des cours d’écriture ou de calcul mais aussi un espace de parole au cours des conférences menées par des psychologues, des médecins ou des avocats qui abordent le code de la famille. C’est dans ces rencontres où les grandes questions de la vie sont abordées, que parfois un très gros problème s’exprime publiquement et que les drames endurés se dévoilent. Les franciscaines assument alors bien au-delà de l’enseignement. C’est le cas d’une jeune « apprenante » subissant de terribles violences et qui arrive à se dire. Après plusieurs mois, elle finit par demander le divorce. Malgré la période difficile qui a suivi, elle fait face à tous les besoins de sa famille et, avec le soutien des sœurs, elle se lance dans la photographie. A ce jour elle est devenue une photographe professionnelle qui participe à de nombreuses expositions.

    Ces femmes qui, comme nous l’avons dit, vivent dans des conditions difficiles, assument de lourdes tâches et qui sont parfois responsables d’une famille entière, viennent au centre des FMM avec un enthousiasme peu commun. Certaines arrivent accablées parfois mais repartent souriantes et pleines d’espoir. En effet, beaucoup de liens se tissent au niveau humain, leur travail est affiché, reconnu, valorisé. Bref, ici, elles existent et elles savent que grâce à cela, elles vont pouvoir exister à l’extérieur du centre.

    Les « apprenantes » du cours d’arabe  - composé de femmes de tous âges - ont mis en place un « Projet éducatif sur l’eau ». Elément sensible et particulièrement vital au Maghreb. Chacune a pris en charge un thème selon sa sensibilité : protection de l’environnement, les barrages, l’écologie, le bon usage de l’eau au sein de la famille etc. Certaines de ces femmes, issues des campagnes, rationnées en eau, savent à quel point cet élément est capital pour la vie. Elles n’ont pas hésité à me conseiller de ne pas laisser couler inutilement le robinet d’eau … lorsque je me lave les dents ! L’économie commence par les petites choses !

    Sœur Claire Hantouche,  fmm, responsable du centre est attentive à tous les niveaux.  Elle veille sur le parcours de ces femmes qui n’est certes pas facile mais qui trace avec courage un chemin de défis et un combat contre l’ignorance sous toutes ses formes.

    Je remercie, sœur Francesca Léonardi, Provinciale – sœur Marie Josèphe Labrousse, Responsable de la Communauté de Casablanca et sœur Claire Hantouche de m’avoir permis cette rencontre.

    Je remercie les enseignantes et les toutes les « apprenantes » pour leur accueil et leur générosité.

    Si j’avais à émettre un seul avis, un seul témoignage envers ces femmes, un seul mot, je dirai :

    DIGNITE !

    (La suite suivra au 3- 4 jours)

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  • Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (5 de 7)

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

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    Midelt – devant l’entrée du Monastère Notre Dame de l’Atlas –  quelques soeurs ayant participé à la session.

     

     « Après Cécile … »

    Le petit groupe de trois prennent la suite, vaillamment puisque désormais la fraternité est officiellement reconnue. Mais elles ne savaient pas combien leur foi et leur courage seraient mis à l’épreuve et combien de fois la frêle petite pousse semblerait prête à disparaitre. La maladie emporte une des trois, en éloigne une autre. Mais une autre sœur arrive. Cependant la fraternité est réduite à deux sœurs et sans infirmière. Fallait-il fermer la tente, la fraternité à peine naissante ou se sédentariserait-elle ?

    Le Conseil, après une soirée d’échange, se prononce à une très forte majorité pour une sédentarisation dans un village, en restant au service des nomades, avec « possibilité de tournées avec la tente ». Le choix se fixe sur Tatiouine, joli petit ksar  à une quinzaine de kilomètres de Midels. Ce village, situé au confluent de plusieurs vallées, est un lieu de passage pour les nomades qui se rendent à Midelt pour le souk hebdomadaire. Le choix est donc bon.

    Les sœurs trouvent rapidement une maison, ancienne grange et écurie, tout est à faire, tout est à apprendre. C’est un nouveau départ. Elles sont à pied d’œuvre pour vivre ce qu’elles écriront plus tard dans leur projet commun : « Vivre avec les nomades et les habitants de Tatiouine pour nous entraider à grandir ensemble comme des mères qui construisent le Royaume de Dieu ».

    Cependant un problème important reste, celui de l’infirmière. La majorité des sœurs n’était pas acquise à cette insertion encore mal comprise et qui, en outre cumulait les épreuves et n’arrivait pas à se stabiliser. Mais n’y en avait-il vraiment aucune qui soit prête à se donner à ce genre de mission ? Cependant, dit-on, les voies de Dieu sont impénétrables.

    Une sœur, infirmière à l’hôpital des lépreux d’Aïn Chock à Casablanca se présentera à la suite d’un concours de circonstance. Elles sont donc à nouveau trois et une d’elles est infirmière. L’avenir est assuré.

    S’appuyant sur la « possibilité de tournées avec la tente », la fraternité décide de se partager entre le village, l’hiver, quand les bergers s’en rapprochent, et la montagne, l’été, quand les tentes des nomades se déplacent sur les hauteurs. Les soeurs montent donc la tente (une tente dispensaire et jardin d’enfant – une tente pour elles) du début mai à la fin septembre, dans un rayon de deux à trois heures de mule, chaque année dans une direction différente. Elles se déplacent avec une famille berbère amie. Quand la famille se déplace, elles suivent. Puis, du début octobre à la fin avril, elles redescendent à Tatiouine.

    De cette proximité, à partir de rien mais avec la bonne volonté des nomades, va naître une coopérative de tissage. Reconnue officiellement en l’an 2000, elle est composée de quatre berbères analphabètes – un couple, un garçon et sa mère - et des trois religieuses. Les femmes travaillent chez elles, sous la tente, elles tissent couvertures et tapis et peu à peu des petits travaux se rajoutent, sacs et coussins. L’argent qu’elles gagent est pour elles.

    J’ai eu la joie de rencontrer sœur Simone Bocognano qui a vécu 9 ans sous la tente. Derrière son témoignage se devine l’immense richesse d’une telle expérience de vie. Elle insiste sur la beauté des relations qu’elle a vécues avec ces nomades berbères mais aussi sur l’unité qui existait avec ses deux autres sœurs. La vie est dure pour les bergers mais le soir ils venaient étudier le français et le calcul et celui qui savait un peu apprenait aux autres.

    En fin d’après-midi, raconte-t-elle, au moment de l’adoration, les enfants faisaient la garde pour ne pas que les sœurs soient dérangées et, quand le pain que les femmes cuisait était prêt, elles l’apportaient discrètement en le passant sous la tente. Un jour, les sœurs ont demandé à ces femmes : « Qu’est-ce qui est beau pour vous ? » La réponse a été immédiate : « Le pain que l’on partage. Il est bien meilleur que celui que l’on mange tout seul ».

    A ce jour

    Les nomades se sédentarisent, les communautés vieillissent et il y a peu de candidates pour « la tente ». La tente a été vendue. Deux sœurs occupent la petite maison de Tatiouine, sœur Barbara, infirmière, responsable officielle du dispensaire et soins dans les villages environnants et sœur Marie, enseignante. Leur vie est extrêmement simple, elles partagent le quotidien et la pauvreté des familles berbères. La solidarité est toujours présente, ce sont les habitants de Tatiouine qui fournissent le pain aux sœurs.  La coopérative fonctionne toujours et deux petites pièces ont été aménagées très joliment grâce à des dons, pour assurer le soutien scolaire des petits et des plus grands.  L’étranger qui passe est le bienvenu et les aides de toute sorte, appréciées.  Le week-end, Barbara et Marie retrouvent leurs sœurs de Midelt pour un temps de partage.

    « Rien de grand ne se fait sans une parcelle d’amour »(Maréchal Lyautey)

    L’histoire de la Kasbah Myriem illustre bien ces paroles.

    Citons l’expérience vécue par sœur Lucie DALVISANT

    Une petite communauté mixte composée de deux frères franciscains et de trois sœurs, installée à Agouim dans le Grand Atlas. Les frères s’occupaient de former les jeunes au métier de menuisier. Quant à sœur Lucie, elle a été en tant qu’infirmière « l’accoucheuse officielle » de tout le secteur durant 30 années. Quand il y avait un cas difficile, elle évacuait à Ouarzazate. Respectée et aimée de tous les habitants de la région, elle est toujours considérée comme la grand-mère d’un très grand nombre.

    (La suite suivra au 3- 4 jours)

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  • Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (4 de 7)

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

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               Casbah-de-Midelt-avec-soeur-Monique-et-ses-petits

     

    La fraternité de la tente

    « Si le grain de blé ne meurt … » (Jn. 12. 25)

    On ne peut parler du début de la fraternité de la tente sans parler de celle qui en prit l’initiative à une période où cette « fondation » défiait toutes les idées reçues et allait à l’encontre de l’idée qu’on se faisait de la vie ‘régulière’ d’une Franciscaine Missionnaire de Marie. Sœur Cécile Prouvost.

    Peut-on imaginer, il y a une trentaine d’années, une FMM décidant  d’aller vivre hors de son couvent, sous la tente, au service des pauvres nomades, sans compagne d’abord, sans responsable, loin du cadre sécurisant et protecteur d’un couvent. En plus, comment le milieu berbère allait-il réagir ? Une femme étrangère passant la nuit sous la tente. N’y avait-il pas risque d’ambiguïté ? Il y fallait une nature d’exception, une grande audace, beaucoup de courage et un appel très fort du Seigneur. A la fin de l’année 1969, Cécile écrit : « Depuis deux ans, le Seigneur m’attire vers une intimité constante avec lui, et un profond désir de vie contemplative. Lors de ma dernière retraite, en septembre 1969, il me fit voir clairement que ma vie serait : « nomade-contemplative ».

    C’est au cours  de l’ascension de l’Ayachi qu’elle ressenti vivement et douloureusement combien les nomades étaient abandonnés au point de vue sanitaire, malgré la visite depuis plusieurs années,  une fois par semaine,  des sœurs infirmières de la Kasbah Myriem. Mais, aller plus loin, faire davantage était dans le caractère de sœur Cécile.

    « Le but premier de Cécile, dit un prêtre qui l’a bien connue, était de vivre avec les plus pauvres, de partager le dénuement de ce peuple berbère, nomade, qu’elle aimait. Le partage de leur vie avec tout ce qu’il y a de difficile, de dur, et parfois même de rebutant, était son choix et non pas une conséquence à supporter tant bien que mal. Elle aimait les pauvres, non pas en phrases et en théorie, mais dans la réalité des actes quotidiens ».

    Sœur Cécile, est une digne fille de saint François d’Assise ! A la fin de l’année 1969, sa décision est prise, elle décide de franchir le pas. Elle présente par écrit son projet qu’elle adresse à la provinciale et à son conseil, ainsi qu’à la Supérieure générale et au Père archevêque de Rabat.

    Rapidement, sœur Cécile  sait qu’elle ne se heurte pas à un refus, ni de la part des autorités de l’Eglise, ni de celle des autorités de l’Institut. Cependant, nombreuses sont les objections de sagesse, de prudence, les conseils d’aller doucement, de réfléchir, de se renseigner, d’attendre, les craintes « d’ambiguïté », de réactions dans la presse ou en haut lieu. Toutes ces choses étaient contraires au tempérament fonceur et impulsif de Cécile.

    Bref, le projet se met en place. Les premiers temps furent extrêmement difficiles, l’équilibre à trouver entre cet appel particulier et la présence en communauté posait quelques problèmes. En effet, comment répondre à un appel au secours pour aller soigner un malade, partir à 2h de l’après-midi à dos de mule, arriver vers 5h sur place, soigner, visiter quelques tentes environnantes, passer la nuit chez l’une d’elles et repartir de bon matin, en visiter d’autres jusqu’au soir et repartir ensuite, à dos de mule en communauté quelle que soit les distances, la température, les conditions de travail, les difficultés des pistes de montagne, la brièveté des jours en hiver… ?

    L’expérimentation des débuts est dure mais nécessaire. Sœur Cécile apprend à connaitre à fond la misère de la vie des nomades. Au début, le chef de la tribu, qui avait deux tentes, l’une pour la famille, l’autre pour les chèvres, lui propose celle des chèvres pendant la belle saison. La tente est installée au centre de la tribu, elle est très vite appelée « Tente hôpital ».

    Puis, très rapidement, le Père Evêque lui donne de quoi faire l’achat d’une tente qu’on appelle « Tente de la fraternité ».

    Si plusieurs sœurs aident et soutiennent Cécile, en communauté son orientation n’est pas toujours comprise et certaines sœurs en souffrent. Il y a donc encore beaucoup d’efforts à faire au niveau du partage communautaire. Mais à la tente, tout va pour le mieux. Cécile est accompagnée par sa fidèle Laaziza, jeune femme berbère divorcée qui travaillait au dispensaire des sœurs. Il s’est créé une amitié profonde et ces deux femmes vivent en fraternité, comme deux sœurs, heureuses l’une et l’autre de montrer à leur entourage qu’une musulmane et une chrétienne peuvent vivre ensemble en réalisant chacune à fond sa religion. Cécile et Laaziza vivent avec simplicité, mais dans la réalité, le dialogue islamo-chrétien.

    Vie fraternelle : aller chercher son bois, son eau, faire sa propre cuisine, le pain sur place, entretenir le feu quand il fait froid en un mot, adopter dans la mesure du possible les coutumes du peuple berbère. Les contacts avec les gens qui l’entourent, ce « vivre avec »  est important pour sœur Cécile. Elle note que ces rapports « sont merveilleux : amitié, simplicité, joie ».

    Vie professionnelle en tant qu’infirmière : envoyée par la Santé Publique, Cécile fait de la prévention rurale, vaccinations, visites prénatales, surveillances des nourrissons, dépistage de tuberculose et bien sûr le travail de soins. L’éducation sanitaire est assurée par Laaziza.

    Vie de prière : « A midi, quand le soleil est au-dessus de la tente, tout le monde sait qu’il y a un arrêt dans les soins. Je quitte la tente où Laaziza reste pour l’accueil, et je me retire dans un creux de la montagne ? Je sors mon « Trésor » pour l’adoration, la prière d’offrande, la prière eucharistique, la communion. Je suis loin de tout, mais si près de tous. J’ai conscience d’être Eglise berbère ».

    Cependant, sa souffrance est grande lorsqu’elle parle de son désir : « Je sens très fortement la nécessité que cette insertion soit prise en charge par ma fraternité, ma Province et l’Institut tout entier. Je crois que cette prise en charge n’est encore qu’à l’état d’enfantement difficile. Malgré tout, j’ai confiance ». L’enfantement en effet, sera difficile et douloureux.

    Avec le temps, Cécile améliore son organisation. Elle sait se faire aider. Les pères de famille sont bien rodés comme agents de santé - particulièrement  Hamou Bouskou, très attaché à Cécile et qui restera bien des années plus tard, l’ami fidèle de la fraternité - ils ont appris à reconnaitre les cas graves nécessitant une hospitalisation ; les jeunes garçons, par l’intermédiaire de leurs amis bergers, font les convocations pour les vaccinations, la visite des nourrissons, expliquer, prendre les températures. Ils savent convaincre mieux que Cécile. En outre, plusieurs Franciscaines Missionnaires de Marie commencent par être attirées par la tente. Le nombre de trois sœurs est atteint, la quatrième va bientôt arriver. Une demande de reconnaissance de la fraternité est reposée le 12 septembre 1983 à Rome par la responsable provinciale et son conseil, brièvement le parcours de Cécile et de l’insertion. Elle ajoute :

    « Ce projet de présence dans un milieu très démuni, entraînant une vocation bien engagée, n’a pas toujours été bien compris par l’ensemble de la Province, mais soutenu de plus en plus par le Conseil Provincial. Aux CPE de décembre 1982-1983, il a été reconnu comme répondant aux options de la Province et correspondant au charisme de l’Institut : vie contemplative, présence parmi les très pauvres, vie fraternelle franciscaine, travail. L’envoi de deux sœurs, sur leur demande, nous amène à demander l’ouverture officielle d’une fraternité ».

    Vie laborieuse et austère. Cécile a beaucoup écrit, il ne reste rien de ses lettres ni de ses notes qu’elle prenait sur ses lectures, ses méditations ou ses cours. On lui doit un livret sur le traitement des plantes qu’elle complètera au cours des années, ainsi que des notes sur l’acupuncture. Cécile a désiré mourir sous la tente, auprès du peuple qu’elle aimait tant. Ce fut la veille de sa mort, le 10 octobre 1983, qu’arriva, dernière délicatesse du Seigneur, la reconnaissance de cette fraternité, par Rome. Nous ne pouvons nous empêcher de penser à Claire d’Assise et à l’acceptation de sa Règle de vie la veille de sa mort.

    Revêtue du linceul de coton blanc qui sera son seul cercueil, on la dépose  dans le cœur de la chapelle sur un grand tapis blanc. La chapelle est pleine : chrétiens et musulmans, prêtres, religieuses et ses frères de la montagne. Au cimetière de Midelt, la tombe a été préparée à la manière berbère, et Cécile y repose le visage tourné vers le soleil levant.

    Il faut noter ce fait exceptionnel : alors que les femmes musulmanes ne vont jamais au cimetière accompagner leurs morts, elles étaient très nombreuses dans le jardin et le cimetière de la Kasbah Myriem à accompagner Cécile à sa dernière demeure. Elle y repose parmi ses sœurs, au cœur de ce pays berbère qu’elle a tant aimé.

    Une vocation exceptionnelle pour une nature d’exception. Digne fille de saint François et de Marie de la Passion, fondatrice des Franciscaines Missionnaires de Marie.

     

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  • Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (3 de 7)

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

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     Casbah---Une-amie-de-soeur-Monique-nous-sert-le-thé

     

    Témoignage de Sr Geneviève Prat

    Les Franciscaines Missionnaires de Marie sont donc arrivées au Maroc, à Casablanca, juste après la signature du protectorat. Elles partaient dans un monde inconnu. Elles savaient que des militaires et des colons arrivaient pour vivre cette aventure de la construction d’un pays. C’était dans un contexte aujourd’hui difficile à imaginer, tant le progrès et le développement du pays ont été spectaculaires. Pas d’argent en poche, pas de plan d’action, les jeunes sœurs sont prêtes à tout dans l’enthousiasme. Elles ne manquent ni de courage, ni d’audace. Il leur en faudra pour affronter les difficultés, pour répondre aux besoins urgents qui les interpellent dès l’arrivée.

    Trois lignes d’action se précisent :

    -          Les enfants : La mortalité des femmes est très élevée. Il faut accueillir les enfants en détresse. Leur procurer et le pain de chaque jour, et, tout aussi nécessaire, l’affection, la formation scolaire et technique dont ils ont besoin pour être reconnus, respectés dans la vie. D’où : crèches, orphelinats, écoles etc.

    -          Aide aux femmes : pour qu’elles trouvent un gagne-pain, pour qu’elles suivent l’éducation de leurs enfants, pour qu’elles aient une place dans la société.

    -          Santé : hôpitaux, dispensaires, suivi à domicile, tournées de dépistage, de vaccination etc. Conscientiser à l’hygiène, à toutes les formes de prévention, sera le travail quotidien des sœurs. 

     

    Témoignage de Sr Simone Bocognano

    Les sœurs s’installent ensuite à Rabat, Meknès, Fès, Marrakech, Oujda. Puis, en 1926, Midelt accueille les premières sœurs. Le Moyen et le Haut-Atlas sont encore des régions dites « zones d’insécurité ». Les tribus berbères résistent à la domination étrangère. Pourtant, les franciscains, eux, n’hésitent pas à s’aventurer dans ces montagnes. Le Père Lucien Dané, aumônier militaire, s’est établi  à Midelt, modeste village construit sur une hauteur au pied du Haut-Atlas à 1600 m d’altitude mais entouré de nombreuses kasbah car, la vallée, irriguée par l’oued Outah, est fertile. Quant  aux sœurs, elles rêvent de connaître dans leur région, ce peuple berbère, race fière qu’elles ont côtoyée à Meknès, Fès et Marrakech.

    L’occasion se présente.

    La femme d’un colonel protestant avait commencé à Midelt un atelier de tapis. Le colonel allant partir, le Père Dané demande aux sœurs de continuer l’atelier. De plus écrit-il, il y a tant de malades à soigner dans les kasbah. On a besoin de vous. C’est une demande qu’on ne peut refuser ! Les sœurs acceptent avec enthousiasme.

    Parties à quatre le 16 mars 1926, le voyage leur réserve quelques frayeurs ce qui fait écrire aux sœurs : « On bondit, on chavire, ça ne fait rien, on se relève, en avant toujours. »

    Le logement ? Deux pièces abandonnées par les militaires car trop délabrées.

    Le mobilier ? Il est ce que l’Abbé Pierre appellera plus tard « le style Louis caisse ».

    Le travail ? Il faut attendre la tonte des moutons pour avoir la laine qui relancera l’atelier.

    En attendant, deux sœurs infirmières travaillent à « l’hôpital » (infirmerie du poste militaire). Elles se mettent aussi à parcourir la région et à visiter les kasbah. D’abord un peu réticents, les femmes et les enfants sont vite conquis, le contact est établi, la sympathie et la confiance sont là.

    Les mois passent et doucement tout se met en place, l’atelier fonctionne bien grâce à un petit noyau fidèle et surtout très adroit. Mais un jour l’abri des sœurs et l’atelier s’écroulent sous le poids de la neige. Il faut se « reloger ». Dans leurs tournées de prospection, les religieuses avaient trouvé sur une hauteur voisine, à 2 kms, un beau terrain. Mais il faudra de multiples interventions pour que le colonel autorise les sœurs à s’éloigner, celles du Père Dané et des Caïd voisins qui promettent leur protection.

    On commence donc à construire ce qui sera « la Kasbah n’Myriem ». 

    -          L’atelier :tissage et broderie. Le travail, bien fait, est apprécié. Les commandes ne manquent pas.

    -          Le dispensaire : Il reçoit des femmes de plus en plus nombreuses. Elles viennent chercher des aides et des conseils en tous genres. Pour mieux les connaître, les sœurs vont chez elles, à dos d’âne qui porte aussi le matériel médical.

    -          L’orphelinat : La moitié des enfants ont perdu leur mère à la naissance.

     

    Après l’indépendance :

    Midelt s’étend, les écoles se multiplient mais la scolarisation des filles n’est pas comprise. Les FMM ouvrent une école à la Kasbah Myriem. L’orphelinat est peu à peu remplacé par un internat gratuit pour les fillettes des environs. A l’hôpital, trois sœurs, dont la toubiba, médecin-chef, s’activent à temps plein.

    Après 1975 s’ensuivent quelques années difficiles, de profonds changements modifient la progression. Mais de nouvelles initiatives voient le jour. S’ouvrent les fraternités de goulmima puis d’Errachidia. La plupart des sœurs se mettent au service de mouvements associatifs divers. Une sœur quitte le dispensaire pour continuer sa mission d’infirmière chez les nomades en vivant avec eux sous la tente. Cette insertion est la racine de la fraternité de Tatiouine.

    Depuis l’an 2000

    La Kasbah Myriem est devenue le Monastère Notre Dame de l’Atlas. Centre de prière et d’accueil occupé par les Trappistes. Les sœurs se sont installées dans une petite maison proche des Pères. L’histoire de la Kasbah Myriem continue. L’immersion au cœur de la population se poursuit et reste toujours vivante. Une sœur travaille à l’hôpital, d’autres sœurs poursuivent le soutien scolaire. Toutes sont disponibles aux coups de sonnettes et aux évènements et poursuivent les visites. L’atelier a été repris par une laïque et le beau travail continue. Enfin, depuis quelque temps, Midelt et Tatiouine forment une seule communauté.

    « Merci à Toi Seigneur. Tu as permis que beaucoup d’amour soit reçu, donné, partagé dans ces murs au cours des années écoulées. A toi, d’abord, notre reconnaissance. »

     

    Témoignage de sœur Jeanne Rémy, infirmière à Midelt depuis 2002

    Sr. Jeanne a travaillé pendant 23 ans à Er-Rachidia.

    « Je suis convaincue que l’on peut vivre l’évangile n’importe où, dans un pays musulman comme ailleurs. Si on ne le peut pas, cela vient de soi, pas de l’environnement… Au Maroc, je rejoins l’œuvre de Dieu à travers tous les musulmans que je rencontre. L’Eucharistie, c’est chaque jour, toute cette vie au bout de mes pieds. C’est pouvoir encourager quelqu’un qui souffre et recevoir le courage d’avancer et d’y voir clair. C’est un échange. J’écoute beaucoup. On vient nous voir pour soigner des blessures qui saignent mais aussi des solitudes. Si tous ces gens peuvent parler, c’est une belle chose. »

    Visiter la Kasbah de Midelt avec sœur Monique Zissler nous apprend l’« être franciscain ». Prendre le thé avec ses amies, nous fait vivre l’Eucharistie de la rencontre.

    La Sadaqa ou l’appel à la Miséricorde de Dieu.

    Il est difficile d’imaginer l’ambiance et la ferveur qui ont régné lors de la Sadaqa organisée à Midelt en mémoire de sœur Marguerite-Marie, fmm, montée au ciel au mois d’avril 2013. Organisée par les sœurs franciscaines et tous leurs amis marocains, au Monastère des Trappistes Notre Dame de l’Atlas, elle a réuni près d’une centaine de personnes.

    « La Sadaqa est un repas sacré offert à Dieu comme un sacrifice et auquel participent tous les pauvres. Cette offrande de tous ceux qui le peuvent et qui est un signe de communion. »[1]

    En présence de tous les moines de « Notre Dame de l’Atlas », des franciscaines Missionnaires de Marie de Midelt et de Tatiouine, de leurs soeurs venues des quatre coins du Maroc pour assister à la session, mais aussi de deux imam et de la communauté musulmane de Midelt et des environs, des pauvres que sœur Marguerite-Marie à tant aimés, la Sadaqua commence par une prière commune d’action de grâce pour la vie de sœur Marguerite Marie. Puis, Psaumes, Fatiha, Sourate, lecture de l’Evangile et chants alternent. Temps de prières communes d’une très grande profondeur pour implorer la Miséricorde de Dieu sur celle que tous ont aimée.

    Ce n’est qu’après avoir prié en commun que nous partageons le couscous traditionnel, rassemblés par petits groupes autour d’un grand plat. Tout le monde se quitte en s’embrassant que l’on se connaisse ou pas. Mais à Midelt, l’étranger est vite reconnu et il suffit d’un bonjour accompagné d’un sourire pour que la relation s’installe, simple et chaleureuse.

    (La suite suivra au 3- 4 jours)
     

    [1] Sœur Simone Bocognano, fmm. « Bucoliques berbères. Itto, fille de l’Atlas » Editions le Fennec

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  • Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (2 de 7)

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

     

    Copie-de-Casablanca-quelques-soeurs-ayant-participe-a-la-.JPG              Casablanca-quelques-soeurs-ayant-participe-a-la-session

     

    Petit rappel historique

    Je remercie sœur Francesca Léonardi, Provinciale du Maroc, qui a mis à ma disposition les archives de la Communauté. 

    En 1912, les frères franciscains (ofm) de la province espagnole, installés au Maroc depuis deux décennies puis  ceux de France qui les rejoignent, lancent un appel aux Franciscaines Missionnaires de Marie : « Venez nous rejoindre au Maroc »

    L’épopée missionnaire des FMM au Maroc commence. Une épopée missionnaire se vit en Eglise et dans un pays donné. C’est la  marche d’un peuple au passé très riche, confronté à une présence étrangère sur son sol, avant d’arriver à sa pleine indépendance.  C’est la vie d’une Eglise remontant aux premiers siècles de l’ère chrétienne qui, si elle ne peut proclamer à haute voix en cette terre musulmane la Parole de Dieu fait chair, témoigne de ce Dieu aimant les plus pauvres et Le rayonne.  Elle aspire à être icône du Christ par une vie de prière au milieu d’un peuple de priants et par une vie de charité, de disponibilité et d’ouverture à tout ce qui peut être entrepris pour soulager et faire grandir ceux que l’on côtoie chaque jour. Elle marche avec eux vers une maturité qui, peu à peu, leur fait prendre en mains leur destinée et leur avenir. Vie de partage des épreuves et des joies, vie de confiance et d’estime réciproque, vécue dans l’humble quotidien, avec ce peuple en marche.

    De 1912 à 1985, plus de 800 Franciscaines Missionnaires de Marie sont venues au Maroc. A ce jour, elles sont une cinquantaine.

    Les liens entre le christianisme et les peuples du Maghreb sont très anciens : « Le jour de la Pentecôte, des gens venus de Libye, proche de Cyrène » (Actes, 2.10) étaient présents à Jérusalem et écoutaient le discours de Pierre. L’origine de l’Eglise en ce pays est mal connue. On trouve trace de premiers martyrs, le centurion Marcel en 298, et celui de Cassien en 306. Ces régions ont donné à l’Eglise les Pères Latins Tertullien et Cyprien et, un peu plus tard, Augustin, sans oublier trois Papes venus d’Afrique du Nord : Victor, Miltiade et Gélase.

    A la fin du IIIè siècle, l’Eglise, en Afrique du Nord, est prospère et dynamique. Il y a des chrétiens dans certaines tribus berbères et dans les principaux centres urbains. A Volubilis on a trouvé quatre inscriptions funéraires chrétiennes datées de 559 – 605 – 653 – 655. On trouve aussi le signe de la croix dans les dessins des tapis berbères du sud comme aussi au front des femmes de certaines tribus berbères du Tafilalet.  En ce temps là, on compte jusqu’à 16 évêchés en Afrique du Nord dont six au Maroc.

    L’époque suivante voit l’arrivée des Vandales (convertis à l’arianisme) qui jettent l’effroi dans la population. Les Evêques sont éloignés de leurs diocèses sous prétexte qu’ils sont les alliés des Romains.

    Avec l’arrivée de l’Islam (campagne d’Oqba Ben Nafi entre 681 et 683), c’est la disparition de l’ancienne Afrique du Nord qui s’annonce. Les Evêques disparaissent. Cette mort lente de l’Eglise trouve aussi à se nourrir dans les divisions internes des chrétiens, l’attachement à la langue latine, la désurbanisation des régions et le retour au nomadisme. Nombreux son ceux qui passent à la religion de l’envahisseur. Peu à peu les chrétiens vont disparaitre ; il ne restera que des marchands, des mercenaires résistant encore surtout dans la région de Ceuta, mais la présence chrétienne aura pratiquement disparue sous les Almohades.

    Malgré cette disparition de « l’Eglise instituée », l’Evangile ne manquera pas de témoins : diplomates, religieux franciscains, dominicains, trinitaires, esclaves faits prisonniers par les barbaresques qui sillonnent les mers  ou encore militaires comme ces 12000 soldats chrétiens envoyés par le roi de Castille pour faire partie de l’armée du Sultan et qui avaient leur Eglise – Sainte Marie- à Marrakech. De grands noms émergent de ces périodes : François d’Assise qui y envoie ses premiers compagnons. Raymond Lulle et plus tard Vincent de Paul.

    Pour tous les fils et filles de saint François d’Assise, le Maroc reste une terre franciscaine chère à leur cœur depuis le martyr des premiers frères mineurs à Marrakech en 1220 et à Ceuta en 1227, et de bien d’autres inconnus.

    Une lettre du Pape Innocent III au Sultan Mohamed Ben Noceir, datée de 1218, lui recommande la mission des Trinitaires : racheter les captifs, soit avec de l’argent, soit en prenant la place des prisonniers. Pour ces derniers est érigé en 1226 l’évêché de Fès dont le frère franciscain Angello sera le premier évêque de 1227  à 1229.

    Quand arrive le Père Jean de Prado en 1630, l’évêché n’est plus qu’une simple Préfecture Apostolique dépendant directement de la Sacrée Congrégation de la Propagande. Elle est confiée aux Frères Mineurs de la province San Diego d’Andalousie qui sont chargés d’y envoyer le personnel religieux nécessaire pour assister spirituellement et matériellement les prisonniers chrétiens.

    Depuis lors, la présence franciscaine au Maroc sera continuelle, même si, à certaines époques, elles s’est réduite à un seul frère, comme ce fut le cas, pendant un an, pour le Frère José Bavon et, pendant plusieurs années, pour le frère Francisco Palma, au prix de bien des difficultés et de bien des souffrances.[1]


    (La suite suivra au 3- 4 jours)



     [1]Henry KOEHLER – L’Eglise et la Mission Franciscaine au Maroc.

     

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  • Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (1 de 7)

     

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

     

    Suzanne G TestutA la demande de sœur Francesca Léonardi, Franciscaine Missionnaires de Marie et Responsable Provinciale, je me suis rendue au Maroc pour animer deux sessions sur le thème de la Réconciliation. Plus de dix nationalités représentées.

    Mission très différente de celle déjà vécue à la demande des FMM d’Algérie en 2012. Alors qu’en Algérie, je me suis déplacée dans chaque petite fraternité composée de 3 ou 4 sœurs, ici les sœurs se sont réunies en deux groupes, à Casablanca et à Midelt en fonction de leurs possibilités de déplacements. De nombreux partages et accompagnements ont suivi les temps de session et m’ont ainsi permis de mesurer l’ampleur du travail accompli par les Franciscaines Missionnaires de Marie, ainsi que la profondeur des liens qu’elles ont tissés avec les gens du pays.

    1er partie

    Le mot de sœur Marie Josèphe Labrousse

    Responsable de la communauté de Casablanca – Anfa-Casablanca

    Casablanca : 5 millions d’habitants. Fourmillante et grouillante de monde. Peuplée par de vrais bédaouis ? C’est à voir ! Capitale des blédards venus de toutes les régions du pays pour y trouver du travail ? Sûrement !

    « Il y a cent ans, les Franciscaines Missionnaires de Marie y débarquaient et, tout au long de ce siècle, trouvaient leur place auprès des nouveaux-nés, des orphelins, des enfants, des jeunes étudiantes, des femmes et de leurs petites bonnes, des malades.

    Y débarquaient aussi dans le temps, les sœurs de la Doctrine chrétienne, les Carmélites de Saint Joseph, les sœurs de Notre-Dame des apôtres, les sœurs de la Présentation de Marie, les Dominicaines, les Franciscaines de Seillon, les sœurs de Saint Gabriel, les Sœurs de l’Assomption, les sœurs du Prado, les petites Sœurs de Jésus, la communauté de l’Agneau et les sœurs des Saints-Cœurs et, en fin de siècle, les sœurs missionnaires de la Charité, les Clarisses et les toutes dernières, les Oblates catéchistes.

    Il y a avait de la place pour toutes. Les besoins étaient énormes dans la santé et l’éducation, celle-ci d’abord à titre privé puis, peu à peu, dans les structures nationales.

    Si l’accueil des premières franciscaines Missionnaires de Marie se fit à Casablanca dans les bras des marins pour traverser la « barre » en barcasse ; peu à peu celle-ci fut maîtrisée et les paquebots accostèrent directement au port.

    L’indépendance changea la géographie de la ville. Plus de calèches, plus de voitures à cheval, plus de carrissas tirés par un petit âne mais, peu à peu, des voitures, des taxis, des camions, des cars, des trains et, aujourd’hui, le tram. Oui, le tramway circule à Casablanca depuis le 12 décembre 2012. Il est beau, il est majestueux, il fouine jusque dans les bidonvilles… Ne pensez pas pour autant que les petits ânes aient déserté la ville. Ils acceptèrent eux aussi, en curieux et sans rancune, l’évolution de la ville.

    Il ne reste plus en 2013 que cinq congrégations sur les quinze de 1913 et suivantes. Mais où sont donc passées toutes ces sœurs qui, toujours sur la brèche, à l’hôpital ou à l’école, ont aidé tant de générations d’enfants à grandir ou à guérir ?

    Ce fut l’heure de la marocanisation. Ajoutez à cela la diminution en nombre, l’âge et le manque de formation en arabe. Elles ont jugé bon de laisser la place. Au fur et à mesure qu’elles diminuaient, leur souvenir grandissait. Ces enfants devenus adultes ont gardé dans leur cœur et leur mémoire une reconnaissance pour ces « sœurs » qui ont tant donné et de qui ils ont tant reçu, disent-ils.

    L’Institut des Franciscaines Missionnaires de Marie embrassât très tôt les changements par l’accueil de la marocanisation formant ses professeurs et leur laissant la place de la direction des écoles. Choisissant pour lui, l’enfouissement dans les palmeraies du sud, dans les médinas, dans les montagnes de l’Atlas.

    L’Eglise, elle aussi, embrasse les changements, confiant la direction des écoles à des Marocains. Mais aux Sœurs des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie, congrégation d’origine libanaise, elle confia l’école du Carmel Saint Joseph dans le quartier de l’Oasis. Ce quartier fut et reste un quartier résidentiel qui abrite aujourd’hui bon nombre d’écoles privées et cliniques, desservi par les lignes de bus n° 29-59-72… Si vous voulez aller chez les Sœurs des Saints-Cœurs, il vous faut descendre à la station « Maison des sœurs » ! Vous êtes devant la porte de l’école, chez elles.

    Pourquoi avoir privilégié ce nom pour un arrêt de bus alors que la communauté est enfouie dans l’école ? Ne serait-il pas dû au souvenir que gardent ces cœurs émerveillés qui ont trouvé tendresse et soutien auprès de ces sœurs qui les ont accompagnés dans leur enfance ou adolescence et qui sont maintenant les hommes et femmes du Maroc d’aujourd’hui ? »

    « L’amour ne s’use pas » !

                                                                             Sœur Marie-Josèphe Labrousse, fmm 

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