• Bonjour !

    Veux, veux pas, tout le monde doit vieillir un jour  et ceux-là qui ne veulent pas vieillir vieillissent plus vite !..   
    Alors, autant vieillir en gardant le sourire puisque vieillesse rime aussi avec sagesse !

    Bon souffle !

    Laurette
     

     les petits pas

    Vieillard.jpeg « Le temps réduit la course en petits pas.

    Prudents, hésitants avec sagesse de canne!

    Plus de jeunesse avec vigueur de rame!

    Il faut traverser encore comme ça ! »

    (Douglas Beauchamp)

     

    Dans notre société, la vieillesse fait peur.  Le mot « vieux » qu’on disait autrefois a fait place à ces images : «l’automne de la vie», «le crépuscule», «le bel âge », «la vie montante », «l’âge d’or ». Ces vocables n’enferment-ils pas les personnes âgées dans un jardin clos ?  La vie ne serait-elle pas simplement un cheminement qui porte à chaque pas, ses hivers et ses étés, ses aubes et ses nuits, ses montées et ses ralentis?  Quant à l'âge d'or, la vie tout entière ne peut-elle pas se transfigurer en or pur, avec ses chances d'amour, de créativité, de joie, de générosité, de tendresse, et cela, en dépit et à travers les souffrances inhérentes à notre condition humaine?


          (
    peinture de Douglas Beauchamp)      

     

    Nous n'avons pas le choix de vieillir, mais nous avons droit de regard sur la manière dont nous choisissons de vieillir.  Ne nous laissons pas entraîner par les propositions de vieillissement à la mode du jour :  « Il faut être jeune à tout prix » !  et par les équations sans fondement : 

    « humain = jeunes » et « vieux = problèmes ».   Il ne s’agit pas de savoir comment rester éternellement jeune, mais bien de consentir aux mutations nécessaires pour vivre au présent et avancer avec courage dans l’inconnu existentiel de cette phase de la vie.  « La couronne des gens âgés, c’est une riche expérience », dit l’Écriture (Qo 25,6).  Quelle richesse pour le monde que la sagesse des aînées, dans une société qui valorise la jeunesse, la performance et la productivité !   Il faut pour cela briser le miroir d’une jeunesse illusoire. 

     

    Quel que soit l’âge, il y a des vivants et des moins vivants !  Être vivant, c’est  avoir de l’amour à donner, des rêves à réaliser ; c’est aller sans cesse de l’avant, avoir de l’empathie, une présence ; c’est aussi garder la capacité de faire rire les autres.  Ce qui nous tient éveillés, et cela, à tout  âge, c’est l’amour !   Même si  l’aspect se détériore, même si le dos se courbe sous les pas accumulés, les yeux restent illuminés dans la plénitude d’une vie accomplie. 

     

    Le vieillissement n’est pas synonyme d’oisiveté.  Vivre avec un projet et des activités adaptées aux dons et aux intérêts de chacun(e).  À petits pas, traverser jusqu’au dernier passage, en regardant en avant, malgré le brouillard qui embue l’horizon, dans la certitude que le soleil irradie l’autre rive.  Et pourquoi pas, en attendant, s’écrier avec saint Paul ?  « L’homme extérieur s’en va en ruine, mais l’homme intérieur s’ouvre vers l’infini » ?    

     

    Laurette Lepage. 

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  • Bonjour,

    Sur la route de Noël, nous n’allons pas vers un événement passé : Dieu est venu dans notre chair pour partager notre existence quotidienne, nos angoisses, nos rêves, notre amour et notre désir d'infini. L’événement n’est pas derrière mais devant nous !  Il est donc juste de nous y préparer. «  La nuit est bien avancée et le jour est tout proche» (Romains 13,12).

    Bonne route vers Noël !

    Laurette

     


     

     LE COURAGE D’ATTENDRE 

     

    « Noël, c’est la veille, c’est l’attente ».

    (George Dor)

     

    Bougie-rouge.png Nous sommes une génération de gens pressés. Nous ne savons pas toujours attendre.  Souvent nous voulons tout, et tout de suite, sans penser à la valeur du mûrissement.  Nous vivons à la surface de nous-même, distraits par les urgences, engourdis par la routine ou suffoqués par l'avalanche des mots et des images.

     

    Attendre, toujours attendre !  Pour le courrier, pour l’ascenseur, pour l’autobus, pour un feu rouge bloqué, pour le rendez-vous chez le médecin.   Attendre pour tout !  Parfois on est las d’attendre.  Mais dans le verbe « attendre », il y a le mot « tendre », avec son élan, sa vitalité, son mouvement.  Ce temps de l’Avent que nous commençons ne consiste pas à attendre passivement le jour de Noël, mais à nous mobiliser pour aller à la rencontre de Celui qui vient dans notre vie.  Dieu nous attend aussi.  Il y a dans l’Avent une attente réciproque.  

     

    Peut-être que parfois cette attente nous semble lugubre et morose, comme s’il s’agissait de serrer les dents et d’y aller par la force de la volonté.  Mais en fait, le courage d’attendre n’empêche pas la joie, la joie de vivre.  Toute l’année liturgique nous éduque à une longue patience, mais l’Avent met l’accent sur le désir.   Quel désir?  Celui de la venue du Christ.  L'Avent nous invite à faire nôtre le désir du prophète Isaïe, le grand guide de la liturgie de l’Avent.  Inlassablement, reviennent les mots: " Ah! si tu déchirais les cieux et si tu descendais »... " Cieux, ouvrez-vous pour laisser pleuvoir votre rosée ".  "Dieu n’est pourtant pas celui qui viendrait dénouer ou régler lui-même nos problèmes, mais Celui qui marche avec nous et fortifie nos pas sur les chemins souvent abrupts de notre vie".


    Dans les jours difficiles que nous vivons, si le temps de l’Avent pouvait renouveler notre espérance ?  Une espérance ferme, ancrée en Dieu et qui permet de vivre pleinement dans l’aujourd’hui.  « Redressez-vous et relevez la tête : votre délivrance est proche ».  Appuyés sur cette Parole de Dieu, nous pourrions attendre, non pas comme des gens « tannés », écrasés, à bout de souffle, non pas dans la peur et l’inquiétude, mais dans la joie d’un immense désir.  Attendre ! Se  tenir debout sur le seuil, éveillés et disponibles pour accueillir Celui qui vient à chaque instant de notre vie.  Sa venue est si simple, si fréquente, qu’elle nous apparaît inattendue.  Si nous y pensons bien, Noël est déjà là !  « Dieu-avec-nous » tous les jours.  Regardez !  Dieu vient !  

    Bon Avent !


    Laurette Lepage

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  • Bonjour,

    Si le mois de novembre n’a pas bonne réputation, il commence quand même par la joyeuse fête de la Toussaint...   La sainteté, un appel pour tous !  Pour devenir saint(e), il n’y a pas 36 chemins...  Il suffit d’aimer Dieu et les autres !  Donner sa vie dans le martyre, auprès des pauvres, dans la cuisine ou en étant portier comme le Frère André, c’est l’amour qui compte !  Alors, bonne fête à nous tous aussi !

    Avec tendresse,

    Laurette   

      Arbre-automne2.jpg VIVANTS OU MORTS AMBULANTS ?

     

    L’au-delà, c’est un au-dedans.

    C’est parce que la vie est inconnue

     que la mort est pour nous un abîme

    (Maurice Zundel).

     

     

    Depuis longtemps, novembre porte le nom de « mois des morts ». La chute des feuilles, la pluie, la grisaille de l’automne, la fête liturgique du 2 novembre et celle du souvenir le 11, contribuent à entretenir cette appellation. En plus, il y a la Halloween qui se plaît à nous présenter des décors aussi macabres que mortifères !

     

    Si la mort est un temps qui nous concerne tous, mourir est un verbe qui, aujourd’hui, suscite la peur.  La mort, on la cache, on la fuit, on l’endort.   Nous savons pourtant que viendra notre tour, mais vaut mieux ne pas trop y penser, le temps passe si vite ! Et voilà que le grand débat « mourir dans la dignité » vient  encore nous alerter !  Notre mort nous sera-t-elle imposée par ceux qui décideront à notre place que nos derniers instants de vie ne valent rien ?  Exigerons-nous qu’un autre abrège notre vie, ou le ferons-nous nous-mêmes, par crainte  de trop souffrir ou d’être un poids pour les autres ? Ou bien plutôt, ferons-nous de ce temps, un temps de partage, de communion, un don d’amour, le dernier de notre vie ?

    « Le vrai problème, nous dit Maurice Zundel, n’est pas de savoir si nous vivrons après la mort, mais si nous serons vivants avant la mort ».  Ce qui est certain, c’est qu’il y a un au-delà, ici et maintenant.  Un au-delà qui est au-dedans.  Sommes-nous vivants, avant la mort ?  Entrer dans la survie, c’est déjà rencontrer au coeur de nous-mêmes, le Dieu vivant.  C’est nous laisser envahir de cette présence divine qui transfigure toute  l’existence.  Il ne s'agit pas de nous détourner de la vie, mais d'y entrer, car c'est avant la mort que nous risquons d'être des cadavres ambulants, si nous ne faisons pas de notre vie une création continuelle d’amour et de beauté.  Et nous avons à réaliser cette transfiguration, non pas dans les nuages, mais tout au long de notre petit quotidien.       

    Nous éterniser à travers le temps, ce n'est que la distance de nous-même à nous-même.  Même si nous avons peur de la mort, nous n’avons rien à redouter, à partir du moment où nous avons laissé luire en nous, dans notre vie d’aujourd’hui, cette puissance de vie éternelle qui nous est donnée.  Alors, au moment venu, le temps pour mourir ne sera pas la fin de tout, mais un temps fort et riche de sens, un passage vers une vie de lumière, recherchée tout au long de notre vie. 

    Laurette Lepage

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  • Bonjour !

    Les jours raccourcissent, le brouillard s’épaissit, les arbres se dépouillent de leur beau feuillage, mais ne t’inquiète pas, la force de vie est à l'intérieur !  L’ancien doit mourir afin que le nouveau puisse naître.   Bel automne !

    Avec tendresse,

    Laurette

     


     

     

    vaguesPOURQUOI AS-TU PEUR ?

     

     Est-ce que je crois aux fantômes ?

    - Non, mais j’en ai peur.

    (Marie du Deffand)

     

     

    Nous vivons dans un monde de peur !  Peur de l'insécurité, des tremblements de terre, de la pollution ; peur de la grippe H1N1, du réchauffement de la planète avec tout ce que cela peut engendrer de conséquences. Que dire encore de nos peurs particulières qui vont parfois jusqu’à la phobie ?  Peur du noir, des araignées, de la foule ; peur de souffrir et d’avoir mal.  Et qui plus est, certains recherchent même la peur pour éprouver des sensations fortes : les manèges, les sports extrêmes, les films d’horreur...  L’atmosphère de ce monde est saturée de crainte et de méfiance.  Si bien qu'à l'heure actuelle, on a peur de tout: peur de mourir mais aussi peur de vivre.  Crainte pour le présent et crainte pour l'avenir !

     Mais sommes-nous donc condamnés à vivre, la peur au ventre ? Il faut savoir que nous pouvons, si nous le voulons, pénétrer dans un royaume magique à l`intérieur de nous-mêmes, animés que nous sommes par la force d’un Amour qui nous habite.  La bonne nouvelle, c’est que Quelqu’un est venu nous délivrer de nos peurs.  Ce message de paix court tout au long de la Bible.  Les mots  "n'ayez pas peur", "ne crains pas"," ne soyez pas effrayés » sont écrits 366 fois !  On en a pour chaque jour de l’année, y compris pour les années bissextiles !  

     Le seul remède à nos peurs et à nos « s’il fallait que » est souvent un pas dans la foi. Les choses vraiment puissantes commencent quand nous osons nous avancer, quand nous prenons des risques.  Comme Pierre qui saute par-dessus bord dans la tempête, à l’appel de Jésus : « Viens » !  L’amour, quand il a pris au coeur de Pierre, c’est ça qui l’a fait marcher!  L’amour, quand il nous prend, c’est ça aussi qui nous fait marcher!.. Le Seigneur nous invite peut-être tout simplement, à nous détacher de la sécurité à laquelle nous avons toujours tenu.  Nous ne saurons jamais si nous pouvons marcher sur les eaux, sauf si nous sortons de la barque.

     

    Nous vivons dans des jours où, comme sur une mer agitée, le vent est fort, peut-être plus qu’en d’autres temps.  La tentation est grande de nous concentrer sur les difficultés, sur le vent, les vagues, sur le fait qu’on ne contrôle rien.  Ne regardons ni la mer, ni le vent, mais Celui qui a dit : « Viens » et qui veut nous voir marcher sur les eaux. Cela semble terrifiant, ce n’est pas facile, mais c’est un pas de géant, accompli vers les choses que l’on peut faire dans la vie. Chaque fois que l’on quitte son  confort et sa zone de sécurité et qu’on passe à travers la peur pour s’ouvrir à la vie, au pardon, à l’autre, oui, on marche  sur la mer !  Et l’on éprouve alors que le vent se calme.  Fixons donc notre regard sur Celui qui a dit : N’ayez pas peur, c’est moi » !   Il ne nous laissera jamais seuls.  Alors, qu’attendons-nous pour marcher avec lui sur les eaux ?  

     

    Laurette

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  • laurette-Lepage-r-c.jpg

     

    À 87 ans, Laurette Lepage est une battante qui refuse de baisser les bras devant la pauvreté qu'elle combat depuis toujours. À 35 ans, Matthieu Clément est cinéaste et le petit-fils de Laurette.

    Depuis 6 ans, il filme les moments importants que vit sa grand-mère dans son combat contre la pauvreté. La passion de Laurette est devenue l'inspiration de Matthieu qui prépare un documentaire sur sa grand-mère. Matthieu, le chercheur de sens, et Laurette la missionnaire laïque toujours active, l'histoire de deux démarches qui s'entrecroisent.


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  • Laurette Lepage à l'émission Second Regard de Radio Canada

    Laurette-Lepage.jpg

    Bonjour !

    Plusieurs personnes m'ont demandé de les avertir des deux émissions de Second Regard auxquelles j'ai participé à Radio-Canada.   Le dimanche 19 sept., où 10 personnes, dont moi, sont interviewées sur la question:   "Pourquoi je reste  dans l'Église ?"  Et le dimanche suivant, 26 septembre:  "Le lien inter-générationnel entre un petit-fils (Matthieu Clément) et sa grand-mère (Laurette Lepage)".

     

    ICI pour l'Émission du 19 septembre 2010 en deux volets

     

    Un autre moyen de nous rencontrer à même la vie !  Avec tendresse,

    Laurette

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  • laurette_lepage.jpgBonjour !

    Fini, le temps des vacances !  Après ce temps de «bon temps» ensoleillé, c’est la reprise du petit quotidien, comme si on mettait les pieds à terre après un séjour au pays des rêves...    Mais si ce temps-là, après la liberté des vacances, était celui de vivre la profondeur du présent, sans s’emmêler dans les fils du passé, mais en mettant le cap sur le grand large ?

    Bonne traversée !

    Laurette


    OSER LE LARGE (Lc 5,4)

     

    aquarium.jpg « Saute de ton aquarium 

     et prends la mer ».

    (Eloy Roy)

     

    C’est avec émerveillement que j’ai lu le « Bref Évangile » de Eloy Roy, écrit en langage moderne savoureux, avec des illustrations originales dont celle que voici. 

     

    « Avance au large », ordonne Jésus à Simon.  Loin d’être une belle histoire d’antan, cette scène est d’une actualité prenante.  Elle s’adresse à chacun de nous aujourd’hui. Je me souviens du «duc in altum » (avance au large) que nous avions choisi comme devise, au temps où j’enseignais le latin à mes grandes élèves.  Le large ?  Oui, c’est à la fois ce qui est profond et ce qui est loin ! Et souvent, pas ailleurs que là où nous sommes déjà !

     

    Le projet de Jésus, c’est toujours le grand large !  On ne peut pas le suivre en restant installé dans l’abri du port, ou ancré dans une baie paisible protégée de toute vague, fut-elle une église bien tranquille.  Jésus nous invite à gagner en profondeur, à laisser descendre sa Parole dans nos bas-fonds obscurs.  Il nous convie à nous déplacer loin du rivage de nos peurs et de nos habitudes confortables, loin de nos enclos de routine, d’angoisse et de découragement.  Il nous incite à explorer d’autres horizons, sans revenir  sur le chemin déjà parcouru de notre histoire.  Ne restons pas sur les bords d'un monde qui vit en se regardant le nombril !   « Saute de ton aquarium et prends la mer ! »

     

    La barque de Pierre lancée sur le monde, est ballottée depuis toujours par la houle et les tempêtes, mais aujourd’hui, il semble que les flots la submergent, que la barque prend l’eau de toute part et qu’elle est prête à couler.  Elle doit affronter les forces du mal qui viennent du dehors, mais aussi de l’intérieur, rongée qu’elle est par tant de divisions entre les membres de l’équipage.

     

    Pourtant, le Seigneur est toujours à bord de cette Église, en dépit de sa fragilité, de ses imperfections et de son péché.  Dans les moments d’incertitude et de brouillard, puissions-nous entendre encore sa voix nous inviter au grand large au risque des eaux profondes.   Osons le dialogue et ouvrons les volets clos !

     

    Jésus du grand large, Jésus dérangeant, Jésus déroutant !  Mais où nous amène-t-il donc ?  N’est-ce pas dans les abîmes sans lumière et les prisons humaines ?  C’est là que le filet débordera !  Oserons-nous risquer jusque là?  Il faudra alors fermer nos oreilles aux experts de la prudence, aux sages habités par la peur et emmitouflés de certitudes confortables.  Oser le large, c’est entrer dans la folle liberté de l’Évangile!

     

    Laurette Lepage

     

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  •  

    Laurette-Lepage-le-soleil.gifSi « un autre monde est possible »,

     il ne peut être une copie recyclée

    de ce qui se lézarde sous nos  yeux...

    (Guy Paiement, s.j.)

     

    Depuis Vatican II, il en a coulé de l’eau sous les ponts !  Plusieurs ont pris peur et sont retournés en arrière, d’autres n’osent plus croire à une Église mieux ajustée au monde d’aujourd’hui et cherchent des lieux de communion.  Et cette lettre ouverte aujourd’hui ? - En solidarité avec celles et ceux qui croient encore qu’un Souffle soulève notre histoire et des millions de consciences.

     

    Avec tendresse,

    Laurette Lepage 

     

     

    Québec, 22 juillet 2010.

     

    « Il n’est rien de vraiment humain

    qui ne trouve écho dans leurs  coeurs ».

    Constitution conciliaire :

    L’église dans le monde de ce temps. No1

     

     

    Cher Monseigneur Ouellet,

     

    http://ekladata.com/aDVOSjU-cgC8d7T9EdsE3twx0ss.gif  « Jamais deux sans trois », nous dit le vieux dicton populaire.  Je vous écrivais une première lettre le 7 novembre 2007, puis une deuxième, le 3 janvier 2010.  Je risque de nouveau une 3e lettre, avant votre départ pour les hauts lieux de la Ville éternelle.  Je ne voudrais pas que celle-ci en soit une de récriminations ou de lamentations.  Je désire plutôt mais vous réitérer, une fois de plus, mon amour pour cette Église que je voudrais tant à l’image de son Maître-Serviteur. 

     

    Votre passage à Québec n’a pas été de tout repos, je le sais, et peut-être ai-je été parmi les premiers à me mettre en travers de votre route...  Pardonnez-moi mes mots bousculants, ils n’ont jamais voulu vous blesser.  Et merci pour vos  deux visites à la Fraternité de l’Épi, où nous avons découvert en vous ce côté si fraternel. 

     

    Je voudrais revenir sur ce qui fait à la fois mon tourment et mon espérance:  ce Concile Vatican II qui a fait basculer ma vie du côté des pauvres.   Mon tourment, c’est  qu’il semble avoir été oublié, ou mis en veilleuse, accusé d’avoir entraîné les déboires subséquents de l’Église. Mon espérance, c’est au contraire que les nouvelles pousses qu’il a suscitées se multiplient, croissent même hors de l’enclos, et elles semblent  indéracinables. 

     

    J’avais 37 ans quand le Concile Vatican II est arrivé comme un « vent de Pentecôte ».  Ça sentait déjà le printemps.  Un retour à la source donnait le goût de l’eau vive. Une inspiration de fraîcheur évangélique soulevait un grand enthousiasme et des espoirs immenses. 

     

    Ce « banquet de grâce et de fraternité » fut pour moi le terreau où ma foi s’est nourrie et a grandi.  Je me sens vraiment un rejeton du Concile.  Un grand souffle d’espérance avait alors traversé l’humanité.  Plutôt que de condamner, l’Église s’ouvrait aux joies et aux espoirs, aux tristesses et aux angoisses de notre monde, ce monde que Dieu aime. Tout, vraiment tout, devait trouver écho dans son cœur : la miséricorde avant la sévérité !  Un grand élan nous a projetés sur des chemins nouveaux.  Des mots  comme « peuple de Dieu, collégialité, dignité humaine, dialogue, liberté de conscience, ouverture au monde » flottaient dans l’air comme une brise légère.  Ces mots, on ne les entend plus ou presque pas dans l’Église institutionnelle, mais ils résonnent encore tout au fond de nos consciences. 

     

    J’ai maintenant 87 ans.   Hélas, ce programme audacieux et prophétique a vite fait de s’essouffler. Après une période d’euphorie, la déception a pris le pas et la grande espérance s’est peu à peu estompée.  On a l’impression que les fenêtres grandes ouvertes par Vatican II se sont refermées une à une.  À nouveau, est revenue la tentation de retour en arrière et de repli au cœur de la forteresse bien gardée. 

     

    La petite fleur semée par Jean XXIII, vivace mais encore fragile, est battue en brèche par les vents de la peur, des faux-pas, des interdits, des condamnations, de la résistance à la nouveauté.  Elle a  bien du mal à se frayer un chemin, mais elle tient bon et, dans la certitude qu’elle est née de l’Esprit, elle continue de se faufiler subtilement  dans le cœur et dans la vie de beaucoup de chrétiens.  Cette humble petite fleur, toujours cachée, continue de hanter nos rêves. 

     

    Pendant des  années, j’ai vécu et travaillé sur le terrain blessé de l’Église.  Avec d’autres, au milieu des pauvres et des exclus de notre société, nous avons tâché  de mettre en pratique la Bonne Nouvelle de vie, de liberté et d’heureuse communion. Bonne Nouvelle de miséricorde, d’accueil, de pardon et de tendresse.  C’est à travers cette expérience au ras du sol que j’ai touché une Église vivante, une Église servante et pauvre, à l’image de Celui qui a dit :  « Je vous ai donné l’exemple afin que, comme j’ai fait, vous fassiez aussi » (Jn 13,15).  Cette Église, je la sens vivante aussi dans la multitude des réseaux de solidarité qui s’engagent pour un monde de justice et de fraternité.

    Mgr Ouellet, vous aurez une place privilégiée pour susciter un nouvel élan à notre Église.  Nous implorons l’Esprit de reproduire en vous le modèle de notre Maître et qu’il vous envahisse de son « pouvoir-faiblesse » !  C’est le signe qui doit être donné au monde.  Ce monde aimé de Dieu avant ses faiblesses et ses péchés.  Il le faut, pour la crédibilité d’une Église à l’image de son fondateur !

     

    Pour cela, nous implorons l’Esprit de mettre dans votre bouche les mots d’une  Bonne Nouvelle plus grande que les normes, les règlements et les dogmes; les mots d’un Évangile qui n’est pas une doctrine, mais une Personne, une Présence.  Le monde est en quête d’une expérience spirituelle qui ne se limite pas à des vérités à croire ou à une morale sexuelle, mais qui soit une profonde expérience de Dieu.

     

    Nous implorons l’Esprit de vous rendre agissant pour faire rajeunir au plus tôt des cadres et des structures qui deviennent anachroniques et mortifères dans notre monde postmoderne en évolution galopante. Non pas la répétition mais le renouvellement !  « Voici je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21 7).  À quoi bon s’accrocher à un illusoire « bon vieux temps » ?   La nouveauté évangélique, c’est le défi de l’amour envers et contre tout ; il n’y en a pas d’autre !  Jésus parla de vin nouveau, d’alliance nouvelle, d’une nouvelle Jérusalem, de vie nouvelle, d’une terre nouvelle et de cieux nouveaux. La foi chrétienne est une aventure toujours pleine de fraîcheur et de découvertes où rien ne se fige et qui ne s'arrête pas.  L’Esprit-Saint  est un souffle qui renouvelle.  

     

    Nous implorons l’Esprit de vous rendre partie prenante des grands défis du monde d’aujourd’hui : la paix, la pauvreté, la justice.  La majorité de la population du monde se trouve du côté des exclus, tandis qu’une minorité accapare les richesses et les ressources.  En tant qu'Église, le sens de la justice demande que cet écart soit traité et dénoncé au nom de la dignité et du bien-être de l'humanité.   Ce monde qui vient de Dieu porte l’empreinte de son visage.  Il a une dignité, une bonté et une beauté indéniables, même lorsque le péché a défiguré son visage. Le message de «réconciliation de toutes choses dans le Christ » (2 Cor,19) est une vérité que notre monde brûle d’entendre.  Une Église réellement catholique propose le message de salut à tout le monde, sans exception, sans distinction, sans exclusion, rejetant toute discrimination pour motif de genre, de culture et de race. Tous sont invités à la table du banquet du Royaume de Dieu.  Le véritable appel du Concile est celui d’une  mission qui soit réellement catholique.   C’est lui qui a le mieux abordé les problèmes du monde actuel.   « Reconnaître les signes des temps », c’est la condition  sine qua non  pour que l’annonce du Royaume de Dieu à une société postmoderne soit crédible. 

     

    Cher Monseigneur Ouellet, c’est de tout coeur que je vous souhaite de nous procurer par votre ministère des pasteurs à l’image de Celui qui a dit : « Mes brebis entendent ma voix et moi, je les connais et personne ne les arrachera de ma main » (Jn 10, 27).

     

    Que l’appel si souvent répété : « N’ayez pas peur ! », vous inspire pour nous proposer la présence vivante du Christ ami de la vie, lui qui est venu non pour juger mais pour sauver ce qui était perdu.  Présence qui nous donne le souffle et nous accompagne sur nos chemins. 

    Que le Ressuscité soit vraiment avec vous sur votre route !

    Laurette Lepage

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  • Bonjour !

    Les oies sauvages... C’est beau de les voir aller, comme si elles étaient habitées par une passion qui les tire par en avant !  Ensemble, pour une même cause, malgré le vent, la pluie, la fatigue !

    En les regardant, je me demande si notre foi est habitée de la même certitude, de la même passion... Notre monde a besoin « des bouches de Dieu, même gercées, semant la Parole... des mains de Dieu, même  sales, déployant la tendresse... des amis de Dieu, même chancelants... »  Retrouvons le souffle !

    "Signe de vie" fait relâche en juillet et août.  Bonnes vacances !  Avec tendresse,

    Laurette

     


    RETROUVER LE SOUFFLE

     

    volle-d-oie.jpg Il nous arrive  parfois d’avoir le souffle court, de manquer de souffle, d’être essoufflés.   Quand nous vivons cette expérience dans notre corps, il nous faut y voir, tant la vie est accrochée au souffle.    Mais l’image du souffle nous rappelle aussi ce que l’Esprit fait pour nous et ce qu’il désire accomplir par nous. Il nous donne du souffle, il fait respirer l'humanité, il fait respirer l'Église.

     

    Comme ce fut le cas des apôtres au sortir du Cénacle, l'Esprit les pousse de l'avant et les appelle à prendre des risques.  Il les rend audacieux et confiants dans l'avenir. Il appelle à l’ouverture et non au repliement.  Sensibles à une telle action de l'Esprit, les apôtres ont «donné du souffle» de Dieu à de nombreuses personnes.

     

    L’Église savait, en ce temps-là, que l’Esprit ne lui demandait pas de regarder en arrière mais d’inventer du neuf. L’Évangile n’est pas un écrit à recopier.  On voit avec quelle audace les Actes des Apôtres ont affronté les changements.    

    Le résultat devrait être le même pour nous.  La timidité que l’Église montre aujourd’hui fait contraste, nous étonne et souvent nous désespère. Elle donne l’impression qu’on ne peut rien changer, rien décider, comme si elle était figée dans une perfection où les choix d’hier sont éternels.  Elle devient même nostalgique de son passé : « Ah ! qu’il était beau ce monde aux églises pleines ! » 

     Les chrétiens d’aujourd’hui comme ceux d’hier savent que l’Esprit les appelle vers du neuf, que Dieu marche avec eux au pas de l’histoire.  Ils sont en droit d’attendre de l’institution les encouragements qui soutiennent leurs audaces.  Si l’Église donne l’image d’un chantier fermé, si le souffle de l’Esprit est prisonnier dans des outres sacrées, si le pape est seulement le gardien du passé, si les évêques ne sont chargés que du maintien de la discipline, si les curés n’ont de charge que d’offrir des services religieux à un peuple sans appétit… quelle Pentecôte pouvons-nous espérer ? 

    Pourtant, ne nous laissons pas glisser dans cette lassitude et cette résignation. Non, si l’on est attentif, on voit l’Esprit qui se donne au monde, dans la vie de notre époque, au-delà des statistiques officielles.  Il y produit des fruits inattendus : il fait lever la compassion et la fraternité, il donne à l’évangile de bouleverser des vies et de remettre debout !  

    Nous avons reçu l'Esprit d'amour. Si nous le laissons travailler en nous, nous serons une Église ouverte, accueillante, où l'on ne parlera plus la "langue de bois", où l'on vivra la diversité. Et, les murs étant tombés, il y aura beaucoup de gens qui désireront vivre de l'Esprit d'amour.

    Laurette Lepage

     

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  • canard.jpg Le temps que l’on prend

    pour se dire « je t’aime »,

    c’est le seul qui reste

    au bout de nos jours ».

    (Gilles Vigneault)

     

     

    Bonjour !

     

    De retour à la maison, après ce petit clin d’oeil d’éternité, un simple mot, pour vous dire MERCI de m’avoir portée dans vos prières, votre tendresse et votre support, au cours de la traversée de ce petit « ravin de ténèbre »... Cette réclusion de 10 jours à l’hôpital a été un temps privilégié pour vivre le moment présent, la

    confiance, l’abandon. Et je ne saurais vous dire à quel point j’ai senti cette communion qui nous unit. Christian Bobin dit que « nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons et de rien d’autre. » C’est peut-être ça, le Corps mystique ?

     

    Pour ce qui est de ma santé, il va sans dire qu’on ne refait pas à neuf une vieille machine... On a ajusté les médicaments au maximum pour éviter que ne se produisent d’autres embâcles, mais ne vit-on pas tous avec des risques ?

     

    Micheline-Laurette-Lepage-Richard.jpgAvec tendresse,

    Laurette

     

    Nous sommes heureux-ses de ton retour Laurette
    Merci d'être là !

    (photo Micheline, Laurette et Richard)

     

     

     

     

    N.B. On m’a dit que l’émission de « Second Regard » à Radio-Canada, sur « Pourquoi je reste dans l’Église? passera dimanche, le 16 mai, à 1h.30. J’y ai mon grain de sel.


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