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    Aux lueurs pascales

    La Résurrection de San Francesco al Prato, par Le Pérugin,

    La Résurrection de San Francesco al Prato,
    par Le Pérugin, vers 1499,
    Pinacothèque vaticane, Rome (Italie) 

    Le tombeau vide : Jean 20, 1-9
    Autres lectures : Actes 10, 34.37-43; Psaume 117(118); Colossiens 3, 1-4 ou 1 Corinthiens 5, 6-8

     

    Parce qu’elle cherche à lier les fidèles toujours plus étroitement à son Seigneur, la liturgie de l’Église est sensible à la « vérité du temps ». Cette sensibilité se manifeste notamment dans le choix des textes de l’Écriture qu’elle fait entendre aux fidèles selon les fêtes du calendrier liturgique et même selon les heures de célébration d’une même fête 1. Ainsi, en ce dimanche matin de Pâques, c’est aux toutes premières lueurs pascales que la liturgie nous convie par son choix d’évangile, histoire de nous faire ressentir – en temps réel – l’expérience et les réactions des premiers disciples ayant trouvé, de grand matin, le tombeau de Jésus ouvert et vide. Il faudra attendre les autres messes du temps pascal pour faire, à travers l’évangile proclamé, la rencontre du Ressuscité. Pour l’instant, nous restons, comme ces disciples, devant le signe équivoque du tombeau vide…

    Vision originale du mystère pascal selon Jean

        Quelle que soit l’année liturgique en cours, c’est l’Évangile selon Jean que nous entendons à la messe du matin de Pâques. Jean a sa vision bien personnelle et très originale du mystère pascal qui mérite de s’y attarder. Tout l’évangile de Jean tend vers l’heure de Jésus et tout y culmine ! Dans la première partie de son évangile (les 12 premiers chapitres), cette heure n’est pas encore venue. Lorsque Jésus entre avec ses disciples dans la nuit de la dernière cène, il sait que son heure est venue (à partir de Jn 13,1). Cette heure de Jésus, c’est l’heure de passer de ce monde au Père et, pour Jean, ce passage se fait précisément sur le calvaire. Le calvaire est le lieu de son élévation. Jean joue sur le double sens du verbe grec qu’on traduit par éléver 2 : sur le calvaire Jésus sera élevé (c’est-à-dire, hissé) sur la croix, mais il sera surtout élevé dans la gloire du Père (glorifié). Pour Jean tout est achevé à la croix, la croix étant l’instrument de gloire – non pas de mort – qui lui permet de retourner vers le Père. Relisez le choix des mots de Jean (Jn 19,30) pour décrire le moment où Jésus trépasse :   

    Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit.

        Jésus ne meurt pas sur la croix, il remet l’Esprit… Au calvaire, tout est déjà là symboliquement : sa mort, sa résurrection (élévation) et la remise de l’Esprit, fruit de son retour au Père (Jn 16,7). Il ne reste qu’à déployer les conséquences de la résurrection sur les disciples, ce à quoi s’affaireront les récits de résurrection qui s’ouvrent ici par la découverte étonnante de Marie.

    Marie Madeleine

        Le premier jour de la semaine, avant même le lever du jour, Marie se rend au tombeau de Jésus. Contrairement aux recensions des autres évangélistes, elle n’est accompagnée d’aucune autre femme3. C’est l’amour seul et sa dévotion pour celui qu’elle aime qui la pousse, et non l’obligation des rites d’embaumement du corps4 qui, selon la version de Jean de la passion de Jésus, ont déjà été accomplis le jour même de sa mort par Joseph d’Arimathie et Nicodème. Autre détail signifiant qui se démarque des autres évangélistes : « c’était encore les ténèbres » lorsque Marie entreprend son cheminement vers le tombeau vide. Ces ténèbres sont plus symboliques que physiques. Il faut entendre : elle est encore dans la nuit, tant que ne s’est pas levée, en son cœur, la lumière de la foi en la résurrection de Jésus. À preuve, à la seule vue de la pierre roulée, sans même un regard jeté à l’intérieur du sépulcre, elle conclut à un enlèvement du corps de son maître. C’est fort de cette conviction qu’elle court vers l’Église, représentée par Simon-Pierre et l’autre disciple.

    Simon-Pierre et le disciple que Jésus aimait

        La scène suivante voit l’entrée en scène d’une dualité entre deux protagonistes, Simon-Pierre et le disciple que Jésus aimait, appelé aussi l’autre disciple ; dualité que l’évangéliste Jean entretiendra au fil des récits de la passion et de la résurrection de Jésus. Sans les opposer l’un à l’autre, il est cependant clair que le narrateur de l’évangile - tout en respectant la primauté de Simon-Pierre reconnue depuis toujours par l’Église en raison d’un choix exprès de Jésus - a un parti-pris en faveur du second 5et induit le lecteur à voir en lui un modèle supérieur de foi, plus profondément ancré dans l’amour du Maître. Rappelons que c’est de ce disciple qu’il est dit qu’il « reposa la tête sur la poitrine de Jésus », lors de son dernier repas pris avec ses disciples (Jn 13,25). Loin d’être un détail sentimental, ce contact physique, du cœur du Maître à la tête du disciple, suggérerait l’acte d’une transmission profonde du mystère de Jésus à son disciple appelé à devenir le témoin privilégié (Jn 21,24).

        La course au tombeau est évidemment gagnée par le disciple bien-aimé, mû par la profondeur de sa communion à Jésus. Cependant, respectant la primauté du ministère ecclésial de Simon-Pierre, il laisse ce dernier entrer le premier au sépulcre. La description détaillée de la disposition des linges mortuaires intrigue et suggère que personne n’a pu bougé ces linges en essayant d’en extirper le corps pour l’enlever, ne laissant qu’une possibilité : le corps de Jésus s’en est mystérieusement extirpé de lui-même.

    Il vit, et il crut

        Les récits parallèles de la découverte du tombeau vide dans les autres évangiles font intervenir un ou des anges qui interprètent pour nous le signe avant même les apparitions du Ressuscité. La sobriété de la version de Jean laisse au contraire la place au mystère, laisse à chaque disciple – de chaque génération - le soin d’interpréter ce signe équivoque du tombeau déserté. Rien n’est dit pour l’instant de l’interprétation qu’en fera Simon-Pierre. Le cheminement de foi de Marie Madeleine nous sera dévoilé par la suite du récit. Mais en ce dimanche matin de Pâques, c’est celui qui reposa la tête sur la poitrine de Jésus qui nous est proposé comme modèle de foi.

    1 Si une messe du dimanche de Pâques est célébrée en soirée, toujours pour respecter la vérité du temps, c’est l’évangile des disciples d’Emmaüs (Lc 24,13-35) qui sera proclamé, car, selon l’évangile de Luc, cette rencontre du Ressuscité sur la route d’Emmaüs a eu lieu le soir même de la résurrection de Jésus.
    2 Le double sens du mot fonctionne en grec comme en français.
    3Le « nous » du verset 2 qu’elle emploie pour dire à Pierre et à l’autre disciple qu’elle ignore l’emplacement du corps de Jésus, est sûrement une trace d’un état plus ancien du récit qui comportait plusieurs femmes ; ce qui concorderait avec les recensions synoptiques de la découverte du tombeau vide.
    4 Comparez à Mc 16,1 ou à Lc 24,1
    5 Tous voient dans ce disciple anonyme l’évangéliste lui-même, le témoin source du 4e évangile.

     Patrice Bergeron, ptre

     Source : Le Feuillet biblique, no 2529. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    source www.interbible.org

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  • Commentaires

    1
    hoda
    Samedi 15 Avril 2017 à 21:06

    LE CHRIST est vraiment ressuscite ALLELUIA 

     

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