• Inscription en alphabet paléo-hébraïque où l’on peut lire le tétragramme YHWH (image © jw.org).

    Yahvé parmi les dieux : des dieux multiples au Dieu unique


    François Doyon

    Dans l’Ancien Testament, Israël est-il vraiment monothéiste dès ses débuts, ou les récits bibliques révèlent-ils des traces d’un passé polythéiste plus complexe?

    Dans l’Ancien Testament, bien que la religion d’Israël se développe historiquement comme un monothéisme, certains passages témoignent de traces de polythéisme ou, plus précisément, d’un monolâtrisme — c’est-à-dire la reconnaissance de l’existence d’autres dieux tout en exigeant la fidélité à un seul, Yahvé.

    Voici quelques exemples de passages qui révèlent une coexistence avec des croyances polythéistes.

    L’assemblée des dieux
    Dieu se tient dans l’assemblée de Dieu ;
    Il juge au milieu des dieux.
    Jusques à quand jugerez-vous avec iniquité,
    Et aurez-vous égard à la personne des méchants? Pause.
    Rendez justice au faible et à l’orphelin,
    Faites droit au malheureux et au pauvre,
    Sauvez le misérable et l’indigent,
    Délivrez-les de la main des méchants.
    Ils n’ont ni savoir ni intelligence,
    Ils marchent dans les ténèbres ;
    Tous les fondements de la terre sont ébranlés.
    J’avais dit : Vous êtes des dieux,
    Vous êtes tous des fils du Très Haut.
    Cependant vous mourrez comme des hommes,
    Vous tomberez comme un prince quelconque.
    Lève-toi, ô Dieu, juge la terre!
    Car toutes les nations t’appartiennent.
    (Psaume 82)

    Pour lire la suite c'est ICI

    Source  https://interbible.org/

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  • Vue aérienne du plateau (GPO / Wikipédia).

    Massada ne tombera plus

    Sylvain Campeau 

    Construite au premier siècle avant notre ère par le roi Hérode le Grand, la forteresse de Massada est située au sommet d’un plateau isolé, au cœur du désert de Judée. Deux mille ans plus tard, Massada demeure un symbole de la résistance juive devant l’envahisseur et de la lutte pour la liberté.

    Massada est devenue, pour de nombreux Israéliens, un lieu de pèlerinage parce que le site est considéré comme l’un des endroits les plus sacrés de l’histoire juive. C’est d’ailleurs à Massada que plusieurs familles célèbrent la bar mitzvah de leurs enfants, comme en témoigne la vidéo plus bas. C’est aussi sur ce site historique que les jeunes militaires israéliens prêtent serment en affirmant : « Massada ne tombera plus. »

    L’origine de cette formule n’est pas claire, mais elle remonte probablement à un poème épique de Yitzhak Lamdan (1899-1954) publié dans les années 1920, en Palestine, alors que le pays était sous mandat britannique. Elle sera reprise, sous une forme un peu différente – Plus jamais ça! – par les pionniers du mouvement sioniste. Elle fait alors référence à la Shoah mais il s’agit d’une appropriation évidente du récit de la résistance héroïque des rebelles juifs devant les légions romaines.

    Rappel historique
    En 66 de notre ère, une guerre est déclenchée par des révoltés juifs contre l’occupation romaine en Palestine. Les Romains ripostent avec un résultat désastreux pour la foi juive : Jérusalem et son temple sont détruits en 70. Les derniers rebelles se réfugient dans le désert en occupant le complexe palatial de Massada.

    Déterminés à éliminer toute forme de résistance, les Romains y envoie la Xᵉ légion (Legio X Fretensis) selon l’historien juif du premier siècle Flavius Josèphe. D’après une étude récente [1], le nombre de soldats était probablement plus important car on estime que les troupes mobilisées pour cette opération totalisent entre 6000 et 8000 hommes. En quelques semaines, les troupes réussissent à atteindre la forteresse après la construction d’une rampe d’accès encore visible aujourd’hui. Mais le Romains n’y trouvent que des cadavres. Les assiégés juifs ont choisi le suicide collectif plutôt que de capituler. Devant un événement aussi héroïque que tragique, il n’est donc pas surprenant qu’il soit devenu un mythe fondateur pour le peuple israélien.


    Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction. (InterBible)

    [1] Guy Stiebel et collab., « The Roman siege system of Masada: a 3D computerized analysis of a conflict landscape », Journal of Roman Archaeology (2024) 1-26.

    source https://interbible.org/

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  • Aucune description de photo disponible.

    Pape François : Ruth, l'indéfectible compagne auprès de sa belle-mère âgée


    Dans son message à l’occasion de la IVe Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, ce dimanche 28 juillet, le Pape François a longuement cité le personnage biblique de Ruth. Refusant d’abandonner sa belle-mère Noémi, Ruth reçoit de nombreuses grâces par les suites de sa fidélité.
    Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

    «Ne me force pas à t’abandonner» (Rt 1, 16). Cette première parole de Ruth dans le livre de la Bible qui porte son nom montre sa volonté de rester auprès de sa belle-mère, malgré les épreuves qui se succèdent pour ces deux femmes. Le Pape François a insisté sur le dévouement de Ruth envers celle qui est devenue membre de sa famille par le mariage, dans son message pour la IVe Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées.

    L’acte de liberté de Ruth
    Dans la tradition hébraïque, le livre de Ruth se situe juste après celui des Juges dans la Bible. «C'est l'époque noire d'Israël où il n'y a plus de dirigeants et la formule de gouvernement des Juges, qui a remplacé celle de Moïse et de Josué, dégénère progressivement. C'est l'époque où chacun faisait ce qui lui semblait bon à ses yeux», contextualise le père Jean-Pierre Sonnet, professeur d’exégèse de l’Ancien Testament à l’Université Grégorienne de Rome.

    Au début du livre de Ruth, Noémi, son mari Elimélech et ses deux fils fuient leur ville de Bethléem pour se rendre dans un pays étranger, celui de Moab, situé à l’est de la mer Morte. Dans cet exil, les deux fils de Noémi épousent deux femmes mohabites, Orpa et Ruth, «ce qui est un peu surprenant étant donné l'inimitié qui existe entre Moab et Israël», remarque le père jésuite.

    Or, les trois hommes, le mari de Noémi et ses deux fils, décèdent. Noémi décide alors de retourner dans son pays, Bethléem, qui signifie en hébreu «la maison du Pain». Mais, elle veut y retourner seule, sans ses belles-filles, qu’elle entend libérer des liens familiaux que le mariage a noué.

    Le pari de Ruth
    Aux demandes de Noémi de rentrer dans leur pays, Orpa obéit mais Ruth refuse et assure qu’elle sera toujours aux côtés de Noémi, jusqu’à ce que la mort les sépare. «Ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu», poursuit celle qui a quitté sa famille mohabite pour vivre selon les règles israélites.

    Fidèle au Dieu des juifs qu’elle a découvert et à sa belle-mère, Ruth émet pourtant un véritable pari. «Elle pressent que son avenir sera de ce côté-là, et non pas dans un retour à Moab. Elle quitte Moab comme une “nouvelle Abraham“. Mais alors qu'Abraham était fort de la promesse de Dieu, Ruth est toute entière remise à Noémi et à ce qui va se passer», souligne le père Jean-Pierre Sonnet.

    L’exil des deux femmes
    Figure de l’exil, Ruth décide de suivre sa belle-mère et de refaire sa vie en terre étrangère. Mais c’est surtout pour son affection indéfectible envers sa belle-mère que le Pape François a voulu la citer pour prendre un exemple du lien intergénérationnel.

    Lors du retour de Noémi à Bethléem, Ruth s’attache à prendre soin de sa belle-mère. Pour assurer leur subsistance, Ruth glane dans les champs, c’est-à-dire qu'elle ramasse les épis d’orge et de blé qui sont oubliés par les moissonneurs. Or, «par bonheur» rapporte la Bible, elle glane dans un champ appartenant à un riche propriétaire nommé Booz, lointain parent de Noémi. Ce dernier, impressionné par la fidélité de Ruth, finit par la demander en mariage.

    Une bible.
    Une bible.
    «Le lien de Ruth avec sa belle-mère devient le lieu d’une relation profonde, d'une amitié. C'est d’ailleurs un des sens possibles du nom de Ruth, qui signifie la compagne, l'amie. Elle se fait la compagne de sa belle mère» souligne le professeur d’exégèse.

    Journée des personnes âgées
    Le Pape François a souligné les fruits qu’a reçu Ruth à travers sa fidélité à sa belle-mère. «Ruth a choisi de rester près de Noémi et a été bénie: par un mariage heureux, une descendance, une terre», a écrit le Saint-Père, encourageant chacun à l’imiter.

    «En étant proches des personnes âgées, en reconnaissant le rôle irremplaçable qu’elles ont dans la famille, dans la société et dans l’Église, nous recevrons nous aussi de nombreux dons, de nombreuses grâces, de nombreuses bénédictions!», a ainsi assuré le Souverain pontife.

    Journée des grands-parents et personnes âgées, le regard tendre du Pape

    Bible: Ruth, l'indéfectible compagne auprès de sa belle-mère âgée - va
    27/07/2024
    Journée des grands-parents et personnes âgées, le regard tendre du PapeChaque 26 juillet, l'Église universelle célèbre les saints Joachim et Anne, grands-parents du Christ. Au fil de son pontificat, depuis onze ans, François a toujours souligné 

     

     

     

    Source  https://www.vaticannews.va/

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  •  Société catholique de la Bible (SOCABI)

    Chers lecteurs- lectrices, c'est avec plaisir que nous vous informons que le plus récent numéro de la revue Parabole est maintenant disponible en ligne.

    Nos abonnés à la version papier recevront leur copie par la poste au cours des prochains jours.

    - Cliquez ici afin d'accéder gratuitement à la version électronique -

    - Cliquez ici pour consulter gratuitement les numéros passés de la revue -


    La Bible est un livre fascinant. On peut penser la connaître et savoir tout ce qu’elle a à dire, mais elle ne cesse jamais de nous surprendre, révélant des trésors de connaissance insoupçonnés. Dans la tradition juive, les rabbins affirment d’ailleurs que les Écritures sont comme un désert fait de poussière d’or. Elles sont riches en surface et continuent de l’être à mesure que nous creusons.

    C’est l’expérience que nous avons faite, au comité de rédaction de la revue Parabole, avec la préparation de ce numéro de juin. Pour chaque édition estivale, nous choisissons un thème plus léger qui cadre bien avec la belle saison. Nous nous disions que parler de la figure du berger dans la Bible conviendrait bien aux paysages champêtres que plusieurs d’entre nous verront au cours des prochains mois. Nous savions qu’il s’agit d’un sujet omniprésent dans les Écritures, d’Abel le berger dans la Genèse jusqu’à l’Agneau dans l’Apocalypse. Mais nous étions loin de nous douter de la richesse de cette thématique! Nos découvertes furent nombreuses et substantielles; nous sommes heureux de les partager avec vous.

    Toute l’équipe de Parabole vous souhaite un été agréable et ressourçant!

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  • (Jingda Chen/ Unsplash)

    Le 25e anniversaire… en rattrapage

    Sylvain CampeauSYLVAIN CAMPEAU | 1ER JUILLET 2024

    Au cours des derniers mois, le 25e anniversaire du site interBible.org a été souligné de diverses manières. Vous pouvez, à partir de cette page, regarder les événements organisés pour souligner l’événement ou écouter l’entrevue qui a été accordée à Radio VM.

    Dans le cadre de son émission hebdomadaire (Questions d’aujourd’hui) du 6 mai 2024, Mario Bard accueillait le frère Guylain Prince (franciscain), l’un des fondateurs du projet de site biblique francophone et premier responsable de la rédaction. Il était accompagné de Sylvain Campeau, bibliste et actuel responsable de la rédaction.

    Entrevue de Radio VM ICI 

    Le 5 juin, une activité grand public a été insérée dans le programme des séminaires connectés organisés par SOCABI et la Chaire en exégèse biblique de l’Université Laval. Intitulée « Femmes d’évangile », cette causerie à trois voix nous a permis d’entendre Micheline Gagnon, Odette Mainville et Christiane Cloutier-Dupuis sur un sujet qu’elles connaissent bien et qui a marqué leur enseignement ou leur pratique.

    Et le 14 juin, Yves Guillemette et Sylvain Campeau recevaient les fondateurs, les collaborateurs et les collaboratrices, les partenaires et les donateurs du site interBible.org. L’événement était organisé chez les Prêtres des missions étrangères à Laval et diffusé en direct sur Zoom. L’animation était assurée avec brio par Sabrina di Mateo. Vous pouvez écouter les différentes prises de parole lors de cet événement festif.

    Sylvain Campeau, responsable de la rédaction

    Source https://www.interbible.org/

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  • Une “Journée de Jérusalem” sous haute tension dans la Vieille Ville.
    Vianney Buguet et Augustin Bernard-Roudeix
    6 juin 2024 

                                                 Crédit - ©Augustin Bernard-Roudeix

    La Marche des drapeaux s’est tenue mercredi 5 juin dans le cadre de la Journée de Jérusalem. Cet événement est l’occasion régulière de revendications nationalistes des éléments les plus radicaux de la société israélienne. Nous avons suivi le cortège depuis Jérusalem-Ouest jusqu’à la porte de Damas, entre slogans anti-arabes et intimidation de la presse.

    La Journée de Jérusalem a rassemblé un public nombreux, venu pour la célébration annuelle de la “réunification” de la ville dans le sillage de la Guerre des Six jours en 1967. Ses participants les plus extrémistes ont convergé vers les quartiers arabes de la Vieille Ville pour défiler à travers le quartier musulman. Le contexte de la guerre en cours à Gaza a cependant amené les autorités israéliennes à déployer un important dispositif de sécurité de près de 3000 policiers. Les tensions entre populations juives et arabes sont au plus haut depuis le 7 octobre. La société israélienne elle-même se fracture sur la conduite des opérations militaires.

    Des violences ont éclaté dès le matin en amont du lancement officiel de la marche alors que des groupes de juifs radicaux ont investi les quartiers arabes de la Vieille Ville scandant des slogans tels que “Mort aux Arabes”, “Victoire ultime” ou encore “Que vos maisons brûlent”. Les commerçants ont été contraints de fermer leurs boutiques, la police n’ayant pas la capacité d’assurer la sécurité des habitants sur l’itinéraire de la marche. Le trajet prévu, traversait le quartier musulman depuis la porte de Damas jusqu’au Mur des Lamentations.

    Au cours de l’après-midi, de jeunes nationalistes-religieux ont progressivement investi le parvis de la porte de Damas. Une foule compacte s’est formée dès 18h. Sous la chaleur du mois de juin, l’ambiance s’est tendue avec l’exfiltration par la police de cinq individus ciblant des groupes de journalistes avec des bouteilles. Les interventions des forces de sécurité se sont déroulées sous les huées de l’assistance. Les rares Palestiniens présents sur les lieux ont également été intimidés et pris à partie sous les encouragements des manifestants. La police a procédé à 18 interpellations au total pour des faits de violences, menaces et troubles au milieu d’un rassemblement majoritairement formé de jeunes hommes. Des jeunes adolescents et des familles avec des poussettes étaient également présents.

    Parmi la foule on distinguait de nombreux t-shirts évoquant un troisième temple juif sur l’Esplanade des Mosquées. Ces groupes militants plaident pour la destruction de la Mosquée Al-Aqsa et du Dôme du Rocher pour reconstruire le temple de Jérusalem sur ce lieu qui cristallise le conflit israélo-palestinien.

    D’autres jeunes arboraient de larges kipas en laine tricotée, caractéristiques des sionistes-religieux en Cisjordanie. “Repentance +  guerre + expulsion + colonisation = victoire” pouvait-on aussi lire sur certains stickers collés dans la Vieille Ville par des militants. Ce slogan sans équivoque est celui du Kach, un parti extrémiste juif illégal en Israël.  Le journal de gauche Haaretz a, par ailleurs, fait état de la violente agression de son journaliste Nir Hasson par des jeunes activistes. Le journaliste palestinien indépendant Saif Kwasmi a également été attaqué par un groupe de militants à proximité de la porte de Damas.

    Le ministre israélien de la Sécurité nationale et dirigeant du parti d’extrême droite Force Juive, Itamar Ben-Gvir, s’est rendu sur les lieux en début de soirée pour une déclaration : « Jérusalem est à nous, la porte de Damas est à nous, le Mont du Temple est à nous. Aujourd’hui, grâce à mon action, des Juifs sont entrés librement dans la Vieille Ville et des Juifs ont prié librement sur le Mont du Temple. Nous le disons le plus simplement possible : c’est à nous ».

    « Laissons nos soldats héroïques se battre et restaurer la fierté et la sécurité nationale pour permettre à nos valeureux résidents de rentrer à la maison. » lançait Bezalel Smotrich, ministre des finances, classé à l’extrême-droite. Un message direct à l’adresse du premier ministre Benjamin Netanyahou afin de continuer la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.

    Jérusalem-Est est considéré par l’ONU comme un territoire occupé et illégalement annexé. L’Etat d’Israël, quant à lui, qualifie Jérusalem de capitale « unifiée et indivisible » du peuple juif. La Marche des Drapeaux et sa traversée du quartier musulman de la Vieille Ville est un événement vécu comme une provocation hostile par la population palestinienne de Jérusalem. Elle est l’occasion régulière d’actes de violence.

    Source https://www.terresainte.net/ ICI

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  • Jésus contre Satan

     

    Marc GirardMARC GIRARD | 10E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (B) – 9 JUIN 2024

    Jésus, Béelzéboul et sa famille : Marc 3, 20-35
    Les lectures : Genèse 3, 9-15 ; Psaume 129 (130) ; 2 Corinthiens 4, 13 – 5,1
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

    « Ah! non! », diront certaines personnes. « Vous ne nous parlerez toujours bien pas de Satan puis des démons! » — Que voulez-vous? L’Évangile en parle. Jésus lui-même en parle. Plus, il faut l’avouer, que nos catéchismes récents! De fait, on avait peut-être besoin de laisser dormir quelque peu une certaine manière, trop superficielle et épeurante, de traiter ces sujets. Mais ils sont si fondamentaux dans l’expérience humaine que, tôt ou tard, ils nous rejaillissent inévitablement à la figure, comme ces polichinelles à ressort enfermés dans une boîte. Au fil des jours, en effet, notre existence s’affronte au mal.

    Satan
    Tous les chrétiens d’un certain âge connaissent sur le bout du doigt le vocabulaire biblique des forces du mal. Ce qu’on sait moins, c’est le sens original des mots employés. « Satan », souvent employé dans l’Ancien Testament avec l’article, signifie, en hébreu : « l’opposant ». Un être humain peut donc être un Satan. Qu’on se rappelle la rude semonce de Jésus à Pierre, qui s’objecte à l’annonce de la Passion : « Arrière, Satan »! Le mot « diable », plutôt dérivé du grec, veut dire la même chose : « celui qui se jette de travers », pour faire obstacle. Grec lui aussi, le mot « démon » désigne un être mystérieux, invisible, qui n’est ni divin ni humain : dans la mythologie, certains démons sont favorables aux humains, mais la plupart sont nuisibles ; la Bible n’a retenu pratiquement que cet aspect négatif. Enfin, on connaît l’expression « esprit mauvais » ou « impur » : dans le symbolisme oriental, on désigne par là des forces obscures qui agissent comme de l’air souillé, pollué, porteur de microbes dangereux et même de germes mortels, pour le corps comme pour le cœur humain.

    Jésus passe pour un « Satan »
    Jésus opère des miracles, attire les foules, ne se barre pas trop les pieds dans les mille et une minuties de la Loi juive. Or, tout cela ne fait pas du tout l’affaire des officiels, bien assis sur leurs codes religieux. Ils l’accusent d’être à la solde du « chef des démons ». Pourquoi? Parce que Jésus, dans son agir et ses paroles, donne l’impression de « s’opposer » aux dirigeants de son peuple ; il « se jette de travers », comme un beau « diable ». Intolérable! À ses détracteurs, Jésus oppose un triple enseignement.

    1. D’abord un petit raisonnement, pour les réduire à quia : si, en chassant les démons, je travaille pour Satan comme vous le dites, c’est donc que Satan travaille contre lui-même!

    2. Suit une mini-parabole : Jésus se compare à un cambrioleur qui force l’entrée d’une maison et ligote « l’homme fort » (désignation de Satan, ici) pour prendre possession de la maison (le corps et le cœur du malade, du possédé).

    3. Il termine par une sentence de jugement : le pire péché, irrémissible, impardonnable, consiste à confondre Jésus et Satan, c’est-à-dire à prendre l’esprit super-bon (l’air pur et saint) qui vient de Dieu pour l’esprit super-mauvais (l’air souillé et pollué qui détériore et fait mourir le cœur de l’homme) ; voilà ce que Jésus appelle un « blasphème contre l’Esprit saint ».

    Une « diable » de famille
    Non seulement les scribes, mais la parenté même de Jésus lui mène le « diable ». Autrement dit, elle « se jette de travers » sur son chemin. Ses proches, de fait, viennent pour se saisir de lui. Il n’a même plus le temps de manger, pensez donc! Le diagnostic est vite trouvé : « Il est fou raide! » Un peu de repos auprès de maman lui fera grand bien! Pour le sortir des cures instantanées qu’il prodigue (guérisons), on propose une cure douce et lente, une vacance, quoi! Marc est seul parmi les évangélistes, à nous rapporter les faits aussi crûment. Pauvre Marie, qui se laisse elle aussi embarquer! Que ne ferait pas un cœur de mère inquiété, pour rééquilibrer la diète de son fils suroccupé! Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au dehors... Voilà touché le problème! La famille est en dehors de la « maison », hors de portée de la Parole (à ce moment-là, du moins) ; elle se comporte comme si elle était étrangère à la mission de Jésus.

    Un rajustement s’impose. Une question incisive, suivie d’une réponse lapidaire : « Celui qui fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère ». Jésus se fait ainsi l’éducateur de sa famille, y compris sa propre mère. Au vrai, mieux que tout autre disciple, Marie a admirablement su devenir sœur et mère de Jésus en plénitude, à travers les inquiétudes successives de la maternité, dont le point culminant allait coïncider avec le drame de la croix.

    Dans son dialogue vigoureux avec les scribes, Jésus venait justement de parler de « Satan divisé » : « si une famille est divisée, ajoute-t-il, cette famille ne pourra pas tenir ». Eh bien! justement, Marie est devenue, à travers le dur et long apprentissage de sa mystérieuse maternité, la rassembleuse de la famille humaine dans la « maison » de Dieu elle qui, par excellence, a fait la volonté de Dieu et n’a jamais eu de cesse d’écouter sa Parole.

    Ne serions-nous pas nous-mêmes un peu « Satan »?
    On ne saurait nier Satan. Oui, il existe un Mal supérieur et extérieur à l’homme. Mais il y a danger de ne voir l’Opposant qu’au-dessus et en dehors de nous. Dans l’Évangile de ce dimanche, « l’opposant », le « diable », n’est-ce pas d’abord les scribes qui prennent le blanc pour du noir (Jésus pour un possédé), puis, les frères et sœurs de Jésus qui ne comprennent rien à sa mission et qui s’inquiètent de l’opposition croissante des autorités de Jérusalem à son endroit? Ces cousins et cousines tentent de réaliser une opération « sauvetage », mais ils manquent leur coup royalement. Chaque fois que nous nous « jetons de travers » pour faire obstacle à Jésus et à son œuvre, ne sommes-nous pas un peu Satan?

    Marc Girard est prêtre et professeur honoraire du département des sciences humaines de l’Université du Québec à Chicoutimi.

    Source : Le Feuillet biblique, no 2850 (première publication en juin 1991). Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

    Source https://www.interbible.org/

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  • Un diapason intérieur

    ANNE-MARIE CHAPLEAU | PENTECÔTE (B) – 19 MAI 2024

    L’Esprit de vérité : Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15
    Les lectures : Actes 2, 1-11 ; Psaume 103 (104) ; Galates 5, 16-25
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

    En musique, on dit des personnes dotées d’une perception exceptionnelle de la hauteur des sons qu’elles ont « l’oreille absolue ». C’est comme si elles avaient un diapason intégré à leurs oreilles. Se pourrait-il que l’Esprit Saint soit le diapason intérieur qui nous permet de parler avec justesse pourvu que nous le laissions ajuster d’abord notre écoute?

    De la loi extérieure au guide intérieur
    En ce jour de la Pentecôte juive (Actes 2,1), les disciples sont sur le point de vivre la naissance de l’Église et le lancement de la mission. Alors que la Pentecôte juive célébrait le don la Loi ou Torah à Moïse au mont Sinaï [1], la Pentecôte chrétienne célébrera le don de l’Esprit Saint.

    Paul, comme ici dans sa lettre aux Galates (5,16-25), revient souvent sur la question de la Loi. Sa pensée à ce sujet est complexe et ne peut être réduite à une seule dimension. Une chose est sûre : il rejette avec force cette conception erronée selon laquelle nous pourrions nous mériter nous-mêmes le salut par un respect sans faille des multiples prescriptions d’une loi extérieure. Paul rappelle constamment que le salut est offert et accompli gratuitement par le Christ. Voilà pourquoi il peut dire que « en ces domaines » que sont « l’amour, la joie, la bienveillance ou la patience » (v. 22), la Loi n’intervient pas. Ces vertus sont plutôt des fruits gracieusement offerts par l’Esprit Saint. Mais ce que donne aussi et surtout ce guide intérieur, c’est la capacité de parler juste.

    Une expérience immersive
    Le récit de la Pentecôte (Ac 2,1-11) convoque les sens de ses lectrices et lecteurs : il y a à entendre (du bruit), à voir (des langues semblant de feu) et aussi à « toucher » ou du moins à ressentir (un grand coup de vent). Tout cela vient du ciel et indique bien que les personnes présentes, sans doute de nombreux disciples hommes et femmes, incluant Marie, vivent une « théophanie », c’est-à-dire une manifestation divine. Cela, assurément, les dépasse et ne sera jamais complètement explicable ou assimilable. Ça ne l’est pas plus pour nous aujourd’hui, même si ce texte hautement symbolique nous dit des choses essentielles, dont entre autres que la présence de l’Esprit Saint s’expérimente d’une manière immersive. Les occupants de la maison, après s’être retrouvés plongés dans le vent qui remplit toute la maison, sont ensuite remplis d’Esprit Saint. Le Souffle Saint est en eux qui sont dans le vent de l’Esprit !

    L’effet est immédiat : ils se mettent à parler d’autres langues. Le texte précise bien que cette capacité à parler d’une manière qui déborde leurs propres habiletés langagières est un don de l’Esprit. Ce don a un effet secondaire inattendu : les murs de la maison où ils étaient rassemblés semblent se dissoudre. En effet, leurs paroles deviennent audibles pour une foule diversifiée qui afflue et les rejoint sans avoir à franchir de portes. Elle provient de la diaspora [2] juive venue en pèlerinage à Jérusalem à l’occasion de la fête.

    Une guérison de Babel
    Ces gens sont tout d’abord plongés dans la confusion [3] avant de parvenir à la stupéfaction et à l’émerveillement. La Pentecôte guérit les maux que dénonçait l’épisode de la tour de Babel (...)

    Pour la suite...

    Source https://www.interbible.org/

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