•  * Titre donné par Serviteur-ofs- Pourquoi, la Bible semble-t-elle dire que Dieu est un Dieu guerrier ? Alors qu'IL est un Dieu de PAIX ! *

     

    La revue Parabole, une production de la  Société catholique de la Bible (SOCABI)

    Bonjour,

    C'est avec plaisir que nous vous informons que le plus récent numéro de la
    revue Parabole est maintenant disponible en ligne.

    Quiconque suit l’actualité depuis plusieurs mois est confronté à la dure réalité de la guerre, en Ukraine, à Gaza, mais également en Syrie, au Burkina Faso, en Somalie, au Soudan, au Yémen, au Nigéria et en Birmanie. Ces conflits armés nous troublent par leur violence et par la souffrance humaine qu’ils génèrent. Ils peuvent être particulièrement déroutants pour les croyants et les croyantes qui parcourent assidûment les Écritures. Comment en effet, peut-on jeter un regard critique sur les affrontements militaires d’aujourd’hui quand la guerre est mentionnée dans la majorité des livres de l’Ancien Testament? Comment peut-on comprendre les carnages de notre époque, deux mille ans après que le Ressuscité nous ait donné sa paix? Et que pourrait-on bien faire, à des milliers de kilomètres et avec des moyens financiers dérisoires comparativement aux budgets militaires des grandes nations, pour empêcher ces horreurs?

    C’est donc avec lucidité, circonspection et sollicitude que nous abordons, dans ce numéro, le sujet difficile, mais ô combien nécessaire, de la guerre et de la paix dans la Bible. Nous nous intéressons ainsi à la situation

    géopolitique stratégique de la Terre sainte afin de mieux comprendre pourquoi cette région fut le théâtre de tant de conflits armés au cours de l’histoire – et continue de l’être aujourd’hui. Nous abordons également la question troublante de la représentation de Dieu en tant que guerrier dans la Bible hébraïque. Nous nous tournons ensuite du côté de l’Évangile de Matthieu afin de voir comment Jésus nous invite à devenir artisans et artisanes de paix. Mais loin de tenter de peindre un tableau sombre de l’Ancien Testament et d’y opposer l’idéal pacifique du Nouveau, nous regardons de près ces passages où Jésus affirme qu’il n’est pas venu apporter l’harmonie, mais le glaive. Puis nous nous questionnons sur la nature et la portée de la paix proclamée par le Ressuscité. Finalement, et afin de répondre à notre désir d’engagement et d’action, nous voyons comment nos communautés de foi locales peuvent contribuer de manière concrète à la construction d’une harmonie à l’échelle globale.

    Toute l’équipe de Parabole vous souhaite d'enrichissantes lectures et une féconde montée vers Pâques !

    - Cliquez ici afin d'accéder gratuitement à la version électronique -

    Source  https://www.socabi.org/

    ----------------------------------------------------

    Articles les plus récents

     


    6 commentaires

  • Les messagers racontent à Job ses malheurs. William Blake (Wikipédia).

    2. Le prologue du livre de Job et le cri de sa souffrance

    1. Une introduction à la lecture du livre de Job - interBible.org Hervé Tremblay

    Connaître le livre de Job est une série d’articles où Hervé Tremblay nous introduit à un genre littéraire singulier et à une œuvre qui se démarque dans la grande bibliothèque qu’est la Bible.

    Dans notre première chronique, nous avons proposé une introduction rapide au livre de Job et invité à lire le livre. Nous allons maintenant commencer à commenter les différentes parties de l’œuvre.

    Le prologue en prose (Job 1–2)
    Comme nous disions dans l’article précédent, le livre de Job commence par un bref récit en prose qui contient les éléments suivants :

    Présentation de Job et de sa famille.

    Job n’est pas un Israélite ; il semble qu’il soit Édomite. Le pays de Uç est mentionné en Lm 4,21 en parallèle avec Édom. Le nom se trouve aussi dans la liste des rois d’Édom (Gn 36,28) et dans Jr 25,20 sans précision géographique.
    Job est riche selon les critères du monde ancien ; pas en argent mais en possessions dans une économie essentiellement agricole (troupeaux, terres, serviteurs, etc.).
    Job est « intègre et droit » (1,1). Nous avons interrogé la fois précédente cette intégrité et droiture de Job, puisque, n’étant pas Juif, il ne peut donc pas suivre la Torah. Son type de droiture n’est pas précisé autrement que par la formule générale qu’il « craignait Dieu et s’écartait du mal » (ce qui pourrait être considéré comme suffisant). Cependant, même si Job n’est pas présenté comme un Juif, les lecteurs du livre l’étaient. Est-il possible qu’ils comprennent, eux, l’intégrité et la droiture de Job par rapport à la Torah?
    Mais il y a plus. On a noté que la religion de Job est un peu discutable. En effet, en 1,5 Job offre des sacrifices pour ses enfants juste au cas où… Cela ne semble pas une foi marquée par la confiance. Cette petite note lance la question qui ne trouverait de réponse qu’à la fin du livre : Job change-t-il? Est-il le même à la fin de son expérience? À suivre…
    Puis on présente la cour céleste dans laquelle Dieu se vante de son serviteur Job. Mais il y a un être divin (appelé ici « fils de l’ / des élohim ») malveillant qui « accuse » Job de servir Dieu uniquement parce qu’il y trouve son avantage : c’est la signification même du mot satan. Dans une espèce de gageure bizarre, Dieu mise sur Job et permet au satan de l’éprouver pour vérifier la valeur de sa fidélité, pour savoir s’il sert Dieu gratuitement ou non. Il est clair que Dieu est le maître puisque le satan a besoin de sa permission pour agir. La question de l’intérêt personnel des croyants dans leur rapport avec Dieu a été posée à plusieurs reprises et de plusieurs manières au long des siècles et dépasse le cadre de cette chronique. Mais il est clair qu’elle vaut la peine d’être posée.

    En deux étapes où le même scénario se répète, le satan frappe d’abord Job dans ses biens matériels seulement. De riche qu’il était, Job devient pauvre en perdant tout par étapes : ses bœufs, ses moutons, ses chameaux, ses serviteurs, un peu à chaque fois. Enfin, ce sont les enfants de Job qui meurent. Job accepte tout et bénit Dieu (1,21-22).

    Comme Dieu est encore très content de son serviteur Job et constate qu’il a misé sur le bon joueur, le satan continue ses accusations ; il passe des biens à la propre vie de Job. Avec une seconde permission de Dieu, il frappe alors Job d’une maladie mortelle. Job pense donc qu’il va bientôt mourir. Cette certitude de la mort prochaine va influencer tous les discours de Job avec ses « amis » dans le reste du livre. Encore une fois, Job accepte la volonté de Dieu et non seulement ne maudit pas Dieu mais, en réponse aux provocations de sa femme dont on ne connaît pas le sort final, au contraire le bénit (2,10).

    Les malheurs de Job sont donc décrits en deux panneaux parfaitement parallèles :

    suite... Le texte complet et la suite-  ICI

    source  https://www.interbible.org/

    --------------------------------------

    Articles les plus récents

    votre commentaire
  • Job et sa famille. William Blake (Wikipédia).

    1. Une introduction à la lecture du livre de Job


    1. Une introduction à la lecture du livre de Job - interBible.orgHervé Tremblay 

    Connaître le livre de Job est une série d’articles où Hervé Tremblay nous introduit à un genre littéraire singulier et à une œuvre qui se démarque dans la grande bibliothèque qu’est la Bible.

    Le livre de Job est l’un des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale, l’un des grands textes spirituels de l’humanité, un livre d’une grande beauté littéraire et spirituelle. C’est paradoxal de méditer sur la souffrance dans des textes aussi beaux. Pour apprécier le livre de Job, il faut aimer la littérature puisque tous les personnages s’y expriment longuement, en multipliant les exemples et les figures de style.

    Malgré ce qu’on lit souvent, le livre de Job ne parle pas de la souffrance ou du mal comme tels. Il parle de la souffrance non méritée. En effet, selon le principe de rétribution, les anciens croyaient que chacun recevait sur terre ce qu’il avait mérité : le juste était récompensé sur terre avec une longue vie, des richesses, de nombreux enfants, une bonne réputation, une longue vieillesse et une mort dans la paix. Tandis que le méchant était puni par une vie courte et misérable, sans enfant. La croyance en une vie dans l’au-delà est relativement tardive dans la Bible (2e siècle avant notre ère), de sorte que la certitude que justice puisse se faire sur terre a longtemps été considérée nécessaire.

    Cadre historique


    Le personnage principal du drame, Job, n’est même pas un juif! Jamais le livre ne fait allusion aux grandes traditions d’Israël : pas un mot sur la Torah, sur l’expérience de l’Exode, sur les rois, sur le temple, sur l’alliance, etc. Job est un humain qui souffre injustement, c’est tout. Son histoire est universelle et concerne tout le monde. Job est présenté comme un semi-sédentaire. Il aurait vécu à l’époque des patriarches, à Ouç, aux confins de l’Arabie et du pays d’Édom, dans une région dont les sages étaient célèbres (voir 1 R 5,10 ; Jr 49,7 ; Ba 3,22-23 ; Ab 8) et d’où viennent aussi les trois « amis » de Job. La tradition se souvient de lui comme d’un homme resté fidèle à Dieu lors d’une épreuve extrême (voir Éz 14,14.20).

    Auteur et date...

    -- pour lire la suite, c'est ICI

    Source : https://www.interbible.org/

    -----------------------------------------------

    Articles les plus récents

    votre commentaire
  • (photo : Canva)

    La transmission de génération en génération

    Sylvie Gagné  EN COLLABORATION | 12 FÉVRIER 2024  

    Une activité intergénérationnelle a été proposée par l’ACRB dans le cadre de la Semaine de la Parole 2024.

    En effet, depuis quelques années, les transmetteures de l’ACRB proposent des activités intergénérationnelles, regroupant des appreneurs de tout âge. Le but de ces activités est de transmettre un récitatif qui rallie les différentes générations présentes. Certains moments sont vécus en même temps par tout le groupe (savoir-faire, célébration). À d’autres moment, les animatrices proposent deux activités différentes, ajustées aux principaux groupes d’âge présents.

    Le 20 janvier dernier à Montréal, une telle activité a été vécue par une douzaine de personnes rassemblées en l’église Sacré-Cœur de Jésus. Ont participé à cette activité intergénérationnelle une maman avec son fils de 7 ans, ainsi que d’autres femmes dont l’âge variait entre 40 et 80 ans. Le vicaire de la paroisse, père Justin, s’est joint au groupe pour la première heure d’animation.

    L’apprentissage dans la journée (savoir-faire)

    Au cours de la première heure, tous ont appris la parabole du trésor caché dans un champ (Mt 13,44), apprentissage ponctué de quelques arrêts sur gestes. Après un dîner fraternel, la suite de la parabole, l’homme qui cherchait des perles (Mt 13,45-46) a été enseignée à tout le groupe.

    Vitamine et intégration personnelle (savoir et savoir-être)

    (pour tout lire c'est ICI)

    Conclusion

    L’équipe des transmetteures de l’ACRB demeure ouverte et disponible pour animer d’autres activités intergénérationnelles dans les régions où elle sera invitée. Le choix du récitatif biblique correspond aux préférences des milieux qui nous accueillent.

    Jennifer Rego-Galvao est appreneure, Hélène Boudreau est transmettrice et Sylvie Gagné est transmettrice et présidente de l’Association canadienne du récitatif biblique.

    Source https://www.interbible.org/

    --------------------------------------

    Articles les plus récents

    3 commentaires
  • Le Carême pourrait être favorable à la découverte de la Bible. Je vous propose, un document archivé sur interBible.org.

    (photo © Marie-Armelle Beaulieu / CTS)

    Marie-Armelle BeaulieuMARIE-ARMELLE BEAULIEU (2021)

    Arrivé à Jérusalem il y a 50 ans, et venu à l’archéologie en partie par hasard, le frère Jean-Baptiste Humbert compte aujourd’hui parmi les éminents archéologues chrétiens de Terre Sainte. Lors d’un entretien, il revient sur ce qui le fait vivre.

    Bien que ce soit l’automne, il fait encore très chaud à Jérusalem au moment de rencontrer Jean-Baptiste Humbert. L’achat d’une bière fraîche devrait aider le dominicain à se prêter à l’exercice qu’il déteste entre tous : rencontrer un journaliste.

    Jean-Baptiste Humbert, natif de Mâcon, est venu à l’archéologie parce qu’on le lui a « demandé ». Il avait 29 ans. Mais comment? « Mai 68 a été une kermesse vulgaire où je ne suis pas entré. Nos couvents ont été en révolution. Il y eut un petit bénéfice. Le système académique avait été ébranlé, il fallait reconstruire la façon d’étudier. Il fut admis que des études profanes bénéficieraient à la théologie, j’ai choisi l’archéologie préhistorique parce qu’elle pose la question : Qu’est-ce que l’homme? L’archéologie dominicaine était à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, où je suis arrivé le 15 août 1969. L’archéologie préhistorique n’intéressait pas l’École biblique, on m’a demandé ce que je savais faire, j’ai commencé par balayer les locaux, puis par dessiner des tessons, à recoller les ossuaires fracassés pendant la guerre de six jours. J’ai été volontaire sur des chantiers américains. J’ai commencé comme ça. Le premier séjour en 1969-1970 a été prolongé les étés suivants par les fouilles que l’École commençait en Galilée. »

    Sur le terrain, son sens de l’observation, l’originalité de son approche ont produit leurs fruits et son installation définitive en 1973. L’archéologie est une science d’observation et de longue patience : « Il faut regarder les pierres, la couleur de la terre et sa consistance. » L’aptitude au terrain a compensé d’être autodidacte. L’archéologie comme telle n’est cependant qu’un métier. N’allez pas croire que cet archéologue ne soit qu’un passionné de vieilles pierres. Sa passion à lui c’est Jésus incarné et par voie de conséquence l’homme puis l’humanité. Alors l’archéologie doit être une anthropologie puisque « le but de l’archéologie c’est l’homme ».

    Jean-Baptiste Humbert

    Jean-Baptiste Humbert et un assistant sur le site de Gaza (photo © EBAF)

    De la vérité de la Bible

    L’anthropologie a deux regards. Le premier regarde les objets parce que ce sont des hommes qui les ont faits. Le tout début de l’histoire d’un vase est le geste qui l’a fabriqué. Avec le geste il y a l’outil. L’ethnologue Leroi-Gourhan avait mis en avant un principe fort : Le geste précède l’outil. « En arrière du vase, il y a l’outil et avant l’outil, le geste. En arrière du geste il y a le potier qui est une personne humaine. Avec le second regard, l’archéologue ne peut s’arrêter aux choses, il doit tout restituer du potier, son art, sa société, sa vie et sa mort, un peuple, une nation, enfin un paysage, un climat, un pays. En un mot ce qu’il a été et tout qui l’a entouré, mais il reste le centre. Encore faut-il aller l’y chercher. La Bible est un livre qui contient tout ça et l’archéologie est permise. »

    Pourtant pour le frère Jean-Baptiste, Bible et archéologie ne font pas toujours bon ménage. Il y a de fausses voies : « L’archéologie biblique qui est née pour prouver que la Bible a dit vrai est un outil teinté d’idéologie parce que cette discipline-là s’arrête à l’histoire, et que l’histoire dans la Bible est aussi mince qu’une toile peinte dans le fond du théâtre. Il reste que l’on n’a pas besoin de l’archéologie pour dire que la Bible a dit vrai, parce que la vérité de la Bible est dans la Bible et pas dans l’archéologie. » La vérité de la Bible n’est pas dans la lecture de surface mais au fond. Chaque siècle y a projeté sa propre culture. « David, au Moyen Âge sous saint Louis, était habillé comme le roi saint Louis et au XVIIe siècle comme Louis XIV. Le XIXe siècle a cassé le moule. On a attendu que l’archéologie retrouve la source, de mettre au jour le palais de David à l’image de ceux que l’on découvrait en Mésopotamie. Le père Lagrange – qui a fondé l’École biblique – a suggéré que la ville de David n’était que le petit éperon tout en bas, qui fait 200 m de long sur 80 m de large, c’est tout. Il ne faut pas chercher dans l’archéologie la réplique d’un récit littéraire dont le but n’était certainement pas de décrire, parce que ça ne marche pas. »

    En islam la croyance est un bloc imperméable, un détail que l’on critiquerait invaliderait l’ensemble. Le judaïsme se glorifie dans les pratiques en décalque du Texte. « Mais dans le christianisme le sens est plus important que la forme du récit. Ce que la Bible raconte ne se retrouve guère sur le terrain, et l’archéologie peut même affirmer le contraire. La Bible est un ensemble théologique qui raconte Dieu. Dieu parle mais ce sont les hommes qui écrivent ce qu’ils ont entendu ou compris. La Bible dit Dieu (théologie) et l’anthropologie raconte ceux qui ont écrit (archéologie). » Ce que le frère Jean-Baptiste appelle son « entrée dans la Bible ».

    « Quand je lis l’Évangile, la question est : qui est derrière? Sous le texte, il y a un bouillonnement humain. Il ne faut pas en rester à la surface, il faut passer dessous. La clé? Le mystère décisif, fondamental est l’incarnation. L’incarnation convoque l’anthropologie. Pour toi, qu’est-ce que Dieu? Pour moi, Dieu est un homme : Jésus qui n’était pas une icône, ne faisait pas semblant. Qui tout simplement courait pieds nus en Galilée, qui avait faim et soif, la migraine ou mal à l’estomac. Qui est mort comme le dernier des hommes. Il faut repartir de là. Là est l’essence du christianisme qui se distancie des deux autres monothéismes : Dieu marche sur la terre avec les hommes. Pour moi le Jésus de l’histoire a renversé le système. J’ai eu une fois une expression – malheureuse peut-être – que Jésus est venu nous débarrasser de la religion. Il est en tout cas venu nous libérer de la colère de Dieu, faire de nous des hommes nouveaux pour vivre sur la terre la paix qu’il inaugurait. »

    Les silences de Jean-Baptiste alternent entre saillies et hésitations. Il se donne mais se retient. « Certains ne comprennent pas que notre foi offre la vraie liberté qui est si forte qu’elle peut choquer. » Et de poursuivre sur ce qui le fait vivre. « Je revendique une entière humanité du Christ, qui fut un vrai homme. Vrai Dieu mais vrai homme. La sacralisation est une échappatoire. »

    Un homme qui a séduit cet autre homme aujourd’hui archéologue et qui continue de se nourrir des textes pour ce qu’ils sont « sémitiques pour un appel aux juifs de son temps, prisonniers du pharisaïsme (la loi avant l’esprit), et dont la portée est devenue universelle ».

    Et Jean-Baptiste de relire l’épisode de la femme adultère, ou celui de Marie-Madeleine au jardin de la Résurrection. « Il est permis de la comprendre comme l’allégorie des pharisiens. Quand Jésus dit aimez vos ennemis, la chose est impossible puisque l’amour ne se commande pas. Ceux qui l’écoutaient savaient qu’il s’agissait des pharisiens et entendaient que ceux-là aussi ont droit à la miséricorde. Ne les méprisez pas, aimez-les. La théologie christologique est toujours positive, elle veut la réconciliation, elle promeut la charité. La première communauté chrétienne qui en a compris le sens profond nous montre le pharisaïsme en Marie-Madeleine, par le péché de la chair qui est dans l’Ancien Testament la métaphore de l’idolâtrie. Jésus taxe d’idolâtrie le judaïsme de son époque. Marie-Madeleine pardonnée exprime le vœu du Christ de réconcilier les pharisiens. Ils étaient les premiers invités, elle est la première à témoigner du Christ ressuscité. La boucle est bouclée. »

    Il y a dans l’Évangile deux lectures : une anthropologique, profondément humaine, et en même temps une lecture théologique. Il faut les tisser ensemble pour toucher le sens profond.

    L’humanité de l’évangile

    « L’archéologie biblique a raté le rendez-vous. Elle plaque le texte au sol et manque le sens. Elle croit naïvement restituer le décor qui manque au récit, alors que monument et récit ne sont pas souvent contemporains. L’archéologie ne touche que le cadre de ceux qui ont écrit. Prenons le livre de Josué, ses récits terrifiants, ses conquêtes grandioses où l’on tue tout le monde… L’archéologie n’en a heureusement rien retrouvé. Il n’y a pas eu de guerres et personne n’a tué personne. Le livre ne relate pas une chronique à caractère historique, il est théologique. Il faut comprendre que les exilés qui reviennent de Babylone avec une religion reformulée veulent reconvertir le pays. »

    Il n’y a là rien de nature à distraire le dominicain ni à décourager l’archéologue. « Je dégage de formidables fortifications du VIIIe siècle av. J.-C., de brique rouge, des centaines de milliers de briques, mais je cherche à rejoindre tous ceux qui ont contribué à les édifier, qui ont fabriqué les briques, qui les ont montées, agencées avec art. Le travail humain est aussi considérable et plus riche en humanité que le monument que les pèlerins admirent.

    L’incendie de Notre-Dame peut aussi offrir l’occasion d’entrer dans cette démarche. Rappeler ceux qui ont voulu la cathédrale, un siècle de travaux, des milliers d’ouvriers, des architectes de génie. L’ouvrage contient aussi toute une humanité. L’évangile contient une humanité qu’il faut chercher. Encore faut-il le vouloir. »

    Marie-Armelle Beaulieu est rédactrice en chef de Terre Sainte magazine et correspondante du Monde de la Bible à Jérusalem.

    Source : Terre Sainte magazine 665 (2020) 18-21 (reproduit avec autorisation).

    source https://www.interbible.org/

    ----------------------------------------

    Articles les plus récents

    votre commentaire
  • (Mark Stebnicki / Pexels)

    Notre Père des travailleuses et des travailleurs étrangers

    Renaude GrégoireRENAUDE GRÉGOIRE | 15 JANVIER 2024

    Notre Père,

    Père des ouvrières et des ouvriers de la onzième heure… ces femmes, ces hommes, ces travailleurs étrangers temporaires et celles et ceux sans statut, qui viennent d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie.

    Que ton nom soit sanctifié, nom que nous osons dire parce que ton fils Jésus nous a révélé que tu es amour, accueil, compassion, pardon.

    Que ton Règne de justice vienne habiter nos cœurs et rejaillisse sur nos engagements envers celles et ceux qui ont été embauchés à la onzième heure pour répondre aux besoins de notre économie.

    Que ta volonté de voir la dignité de tous les êtres humains reconnue et respectée soit faite, que l’amour qui doit nous rassembler se concrétise sur la terre comme il se réalise au ciel.

    Donne-nous le pain, ce pain qui vient de ce que tu nous donnes gratuitement, ce pain qui est le fruit du travail des hommes et des femmes d’ici et d’ailleurs, ce pain que tu nous demandes de partager aujourd’hui.

    Pardonne-nous notre indifférence face au sort des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires avec ou sans statut, de celles et ceux qui travaillent, entre autres, dans nos champs, nos hôpitaux, nos maisons privées, sans avoir les mêmes droits et la même protection contre les abus, l’exploitation. Certains sont pris dans les filets de la traite des personnes.

    Ne nous laisser pas tomber dans la tentation de réclamer pour nous seuls les droits de ce qui doit être effectifs pour tous les humains, incluant les travailleurs migrants temporaires ou sans statut.

    Mais délivre-nous du mal qui élève des murs les uns envers les autres, qui nous empêche de nous voir comme une seule humanité.

    Renaude Grégoire est engagée dans des réseaux de justice sociale depuis une vingtaine d’années. Elle collabore à divers projets de justice sociale, de paix et de protection de l’environnement.

    source https://www.interbible.org/

    Pour partager cet article, copier/coller l'adresse suivante : http://fraternite-ofs-sherb.eklablog.com/-a215279219

    -------------------------------------

    Articles les plus récents

    votre commentaire
  • L’adoration des mages. Pierre Paul Rubens, c. 1617-1618.
    Huile sur toile, 251 x 328 cm. Musée des Beaux-Arts, Lyon (Wikipédia).

    Qui a le vrai pouvoir?

    Alain FaucherALAIN FAUCHER | ÉPIPHANIE (B) – 7 JANVIER 2024

    La visite des mages : Matthieu 2, 1-12
    Les lectures : Isaïe 60, 1-6 ; Psaume 71 (72) ; Éphésiens 3, 2-3a.5-6
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

    Pour célébrer dignement la fête liturgique de ce dimanche, il faut d’abord saisir son enjeu. Le nom de la fête est déjà un programme. Quoi de mieux que de remonter au grec ancien pour comprendre de quoi il est question dans l’Empire romain? Le mot « épiphanie » exprime l’idée de « faire paraître, faire voir ». En termes d’événement profane, une épiphanie, c’est la manifestation publique d’un grand personnage. On peut donc assister de temps à autre à l’épiphanie d’un héros de guerre qui étale son butin, d’un chef d’État qui met en scène son pouvoir. On peut aussi assister à l’épiphanie de Dieu, qui se manifeste dans la nature ou, plus convaincant encore, dans le témoignage de ses fidèles.

    C’est le cas pour la fête chrétienne de l’Épiphanie célébrée aujourd’hui. Elle exprime une conviction importante de notre foi commune. Dieu ne peut pas, ne doit pas être un secret bien gardé. Dieu se révèle publiquement, jusque dans les méandres de la vie en société. Cette mise en évidence de la présence divine dans notre monde devrait s’accompagner d’une reconstruction de la société, rien de moins. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous parlons d’une « doctrine sociale » de l’Église. Il n’est pas vrai que la foi en Dieu soit une affaire strictement privée. Cette foi transforme le quotidien, et donc les interactions entre les personnes. Cette visibilité de la foi est un des enjeux principaux de l’Évangile de ce dimanche.

    Cet Évangile est un récit décapant que nous croyons destiné aux enfants, avec sa touche miraculeuse d’une étoile qui guide de savants personnages… Le fil conducteur du savoir, de la reconnaissance s’accompagne d’une compétition pour le pouvoir! Le texte est plein d’enjeux auxquels nous ne sommes pas sensibles. Par exemple, on met en scène la tension entre l’Est et l’Ouest, entre des vieilles civilisations orientales et les conquérants romains ou leurs roitelets inféodés…

    Qui mérite d’être pris au sérieux? Qui est vraiment important? Le roi Hérode auto-institué comme descendant du roi Salomon ou le messager du Dieu d’Israël, né dans une bourgade modeste, dans une principauté discrète?

    Un évangile d’actualité

    Une telle célébration du « dévoilement », de la révélation de Dieu, est-elle encore intéressante? Dans notre univers interconnecté, tant de gens disent tout d’eux sur Internet. Alors que tant et tant de voix en Occident proclament l’insignifiance de Dieu, voire son inexistence, Dieu est de retour dans l’actualité de la planète. Dans le contexte actuel où pavoisent en certaines contrées des terroristes religieux, ce retour de Dieu n’est pas associé à des événements heureux. Ceux et celles qui crient son nom avec férocité sont des colporteurs d’horreur et de malheur. Le beau et saint nom de Dieu, dans leur bouche, est entaché par leur condamnation à mort de tant d’enfants et d’honnêtes gens.

    L’instrumentalisation d’enfants-soldats, d’enfants-otages ou d’enfants-porte-bombes nous ramène à la barbarie de l’époque d’Hérode. Nous avons souvent fait des gorges chaudes devant le récit du massacre des Saints Innocents. Et voilà que la boucle est bouclée en notre temps. Notre bulletin de nouvelles rapporte des gestes terroristes qui sont aussi démesurés que le massacre commandé par Hérode. Soudainement, les malversations d’Hérode ne sont plus seulement des fabulations pour faire peur aux enfants turbulents.

    Oui, il y a encore à notre époque des têtes enflées qui exterminent des enfants pour assouvir leurs envies de contrôle et de domination. Tout cela en se réclamant de Dieu. Parfois même sous prétexte de hisser Dieu au pouvoir. Nous ne voulons rien savoir de ce genre d’épiphanies. C’est inadmissible d’utiliser aujourd’hui des moyens sanguinaires. Espérons qu’il y aura encore et toujours, comme dans les récits d’enfance de Jésus, des gens clairvoyants qui sauront contourner les directives abusives. Les mages de l’Évangile en sont un bon exemple. Malgré les invitations intéressées d’Hérode, ces savants ont eu le bon réflexe. Après avoir trouvé Jésus, ils sont rentrés à la maison par un autre chemin. Ce mépris de la demande du roi est un dénigrement puissant de ses prétentions à tout contrôler…

    La fête de l’Épiphanie proclame la pertinence et la beauté du don de Dieu dans notre monde terrorisé par des gens qui enlaidissent le visage de Dieu. Le dimanche de l’Épiphanie met en scène ce contraste violent. Dieu réussit à se faire voir au monde grâce à des gens qui savent chercher et trouver Dieu. Tel est un des messages que nous pouvons tirer de l’Évangile de la fête d’aujourd’hui. Ces propos pour croyants avertis résonnent fort dans l’absurdité de la société nord-américaine de consommation et d’égoïsme à outrance.

    Comme jadis dans le monde absurde du Proche-Orient d’Hérode le sanguinaire, Dieu se laisse reconnaître. Dieu s’est installé à demeure parmi nous en prenant corps en Jésus. Dans la présence réelle de l’Emmanuel, Dieu se donne toujours à voir en notre temps, grâce à notre adoration et à notre engagement.

    Quelques ingrédients de l’évangile

    Plusieurs éléments symboliques de l’évangile mettent en valeur le rôle-pivot de Jésus comme épiphanie, comme manifestation de Dieu. Ces symboles puissants sont bien connus. Nous nous contentons de les évoquer brièvement. Ainsi l’or célèbre la royauté de l’Enfant-Dieu. L’encens évoque sa divinité. La myrrhe, ingrédient utilisé pour l’embaumement, évoque sa mort éventuelle.

    Mieux encore, le rôle social des mages met en valeur la grandeur de Jésus. Les mages n’ont rien à voir avec les astrologues qui alimentent les chroniques de certains médias. Des gens qui voyageaient en caravane avaient nécessairement un statut socio-économique élevé. Leur motivation est alimentée par un phénomène céleste. Leurs préoccupations sont donc d’ordre politique et cosmique. Leur démarche auprès d’Hérode est d’ailleurs respectueuse des conventions politiques. Ils s’attendent à trouver de bonnes informations auprès du pouvoir en place. Ce n’est pas le cas. Les rôles sont inversés. Des étrangers deviennent plus compétents que le Tout-Jérusalem. Quelle ironie!

    Cette attribution d’un rôle normatif à des personnes étrangères au peuple de Dieu est un écho des deux autres lectures bibliques. L’Épiphanie célèbre la disponibilité de la tendresse miséricordieuse de Dieu pour tous les peuples. Désormais, les nations ont accès à la même lumière que les descendants du peuple hébreu (Isaïe 60,3).

    L’étoile brille pour tous les peuples. D’ailleurs, l’étoile évoque un retournement amusant du livre des Nombres (chapitres 22-24). Un ennemi, Balaam, devait annoncer la mort du peuple de Dieu. Balaam entrevit le contraire : la montée d’un astre qu’on identifiera plus tard dans les synagogues à un roi, un libérateur et un chef. Autant de titres qui convenaient pour décrire le rôle futur de l’enfant de Bethléem!

    pour lire la suite  c'est ICI 

    Source https://www.interbible.org/

    ---------------------------------------------

    Articles les plus récents

    votre commentaire
  •  

    Bonjour, c'est avec plaisir que nous vous informons que le plus récent numéro de la revue Parabole est maintenant disponible en ligne.

    Nos abonnés à la version papier recevront leur copie par la poste au cours des prochains jours.

    - Cliquez ici afin d'accéder gratuitement à la version électronique -

    - Cliquez ici pour consulter gratuitement les numéros passés de la revue -

    Nous voici au dernier numéro de Parabole pour 2023, qui paraît au moment où nous nous préparons pour Noël et le jour de l’An. L’arrivée d’une nouvelle année dirige inévitablement notre regard vers l’avenir. Nous pensons à ce que les douze prochains mois nous réservent, nous prenons des résolutions, nous envisageons des projets, nous nous fixons des objectifs. De nos jours, penser à l’avenir devient cependant de plus en plus inquiétant, en raison de la crise environnementale, de l’inflation montante, des conflits armés qui perdurent, du climat social toujours davantage tendu, des inégalités grandissantes, etc. L’avenir semble alors menaçant, sombre, voire sans issue.

    L’équipe de Parabole a donc pensé qu’il serait profitable, pour ce numéro qui paraît à l’aube de la nouvelle année, de s’intéresser à ce que la Bible dit au sujet de l’avenir et de l’espérance, puis de voir de quelle manière les Écritures peuvent nous éclairer quant à nos craintes possibles pour l’avenir. Cette exploration montre que la Bible reconnaît les dangers que l’avenir peut comporter et ne cherche pas à taire les inquiétudes qu’il peut générer. Mais c’est dans ce contexte de grande lucidité que s’enracine l’espérance. Celle-ci n’est pas un évitement des difficultés du monde, mais une confiance en un avenir meilleur qui nait au cœur des épreuves bien réelles que nous vivons ou que nous aurons à affronter. Elle se vit collectivement, se déploie dans le temps et repose sur la conviction profonde que les promesses de Dieu vont se réaliser.

    Toute l’équipe de Parabole vous souhaite d'enrichissantes lectures, un joyeux Noël et un Nouvel An s’amorçant sous le signe de l’espérance!


    TOURNÉS VERS L'AVENIR - revue Parabole, déc. 2023Année après année, la Société catholique
    de la Bible poursuit sa mission de
    promouvoir, auprès des communautés chrétiennes et du public en général, la connaissance de la Bible et son interpré-
    tation en rapport avec les défis sociaux
    et culturels contemporains.

     

    Soutenir SOCABI, c’est semer l’espoir
    dans un monde parfois glauque; c’est
    mettre à la disposition des chercheurs
    et des chercheuses de sens une compré-
    hension intelligente de la Bible; c’est
    apporter la joie du partage en commun
    du Souffle des Écritures.

    Vous trouverez toutes les informations nécessaires pour faire un don par la poste,
    en ligne ou par téléphone en vous rendant au :

    www.socabi.org/financement-2023-2024

     

     

    source https://www.socabi.org/

    -----------------------------

    Articles les plus récents

    votre commentaire
  • 3ème dimanche de l’Avent

    Abbé Jean Compazieu

    Noël, une fenêtre qui s’ouvre à l’amour
    Un amour espéré et reconnu : changez vos cœurs !

     

    Pistes pour l’homélie
    Textes bibliques : Lire

    En ce 3ème dimanche de l’Avent, nous entendons des appels à la joie. Alors beaucoup se posent la question : comment être dans la joie avec tout ce qui nous arrive ? Ma maladie, la solitude, la précarité, les violences, les guerres, les persécutions ? Ils sont nombreux ceux et celles qui vivent dans le désespoir. Et pourtant, c’est là au cœur de nos épreuves et de nos inquiétudes  que la voix des prophètes vient nous rejoindre.

    C’est ce message que nous retrouvons dans la première lecture : bien avant la venue de Jésus, le prophète s’adresse à un peuple qui vient de vivre une situation dramatique. Ce peuple a été déporté en terre étrangère. Pendant cinquante ans, il y a souffert de l’injustice, de l’oppression et de la pauvreté. Or c’est là que le prophète Isaïe intervient : il annonce la bonne nouvelle aux pauvres, réconforte les cœurs brisés, libère les captifs et annonce un temps de grâce pour ceux qui mettent leur foi dans le Seigneur.

    Cette bonne nouvelle est toujours d’actualité dans le monde tourmenté qui est le nôtre : le Seigneur est là, au cœur de nos vies. Il est la bonne nouvelle annoncée aux pauvres, aux exclus et à tous ceux et celles qui souffrent. Il est venu rendre à tous les hommes leur liberté et leur dignité d’enfants de Dieu. Comme disait le pape Jean-Paul II, “il est celui qui a donné Dieu aux hommes et les hommes à Dieu”. C’est un don que lui seul peut nous faire.

    Voilà une bonne nouvelle qu’il faut faire circuler de toute urgence : “le Seigneur fera germer la justice devant toutes les nations”. Cette justice, cette paix et cette fraternité, c’est comme des graines qu’il nous faut cultiver avec beaucoup de soin. Cela se traduit par des gestes d’accueil et de partage envers celui qui est exclu. La joie chrétienne est un don de Dieu. Mais Dieu ne l’accorde qu’à ceux qui remportent la victoire sur leur égoïsme.

    La deuxième lecture est une lettre de saint Paul écrite pour une communauté persécutée. Il exhorte les chrétiens à puiser aux sources de la joie qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Pour obtenir cette joie, il faut prier sans relâche et la demander. C’est important car elle est avant tout un don de Dieu. C’est pour cela que Paul nous recommande de prier sans cesse. Il nous faut parvenir à faire de la prière une habitude quotidienne. C’est là que nous apprenons à être présents à Dieu dans nos paroles, nos silences, nos manières d’agir et de ressentir. Le Seigneur est toujours là, bien présent, mais trop souvent nous sommes ailleurs. En ce temps de l’Avent, il nous appelle à revenir à lui. C’est dans le contact régulier avec lui que nous trouverons la vraie joie.

    L’Évangile de ce dimanche est une annonce de Celui qui apporte la vraie joie au monde. Non, il ne s’agit pas de Jean Baptiste ; ce dernier n’est que le témoin de la Lumière. Sa mission, c’est de la montrer et de lui rendre témoignage : “Au milieu de vous, se tient celui que vous ne connaissez pas”. De même que l’arbre de vie était au milieu du jardin d’Éden, de même Jésus est au milieu de nous. Il se propose à tous. Tous peuvent avoir accès à lui. C’est l’abaissement d’un Dieu qui s’est fait homme et qui a vécu trente ans comme un homme.

    Jean Baptiste est venu annoncer la Lumière dans un monde de ténèbres. Il est venu annoncer la Parole dans un monde de silence. Il faut savoir que, depuis longtemps, il n’y avait plus de prophète pour parler de la part de Dieu. Mais l’Évangile de ce dimanche nous annonce le changement : En Jésus, c’est Dieu qui vient à nous. Il est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu. Avec lui, la bonne nouvelle sera annoncée aux pauvres, aux exclus, aux prisonniers. Plus tard, Jésus dira que le Fils de l’homme n’est pas venu pour les bien-portants mais pour les malades.

    Voilà ce message de joie qui nous rejoint dans un monde qui souffre de la violence, de l’injustice et de l’égoïsme. Mais comme Jean Baptiste, nous sommes appelés à rendre témoignage à Celui qui est la source de toute joie. Notre mission c’est de les conduire à Jésus ; mais si nous voulons être crédibles, il faut que son passage dans notre vie l’ait transformée, libérée, illuminée. Pour resplendir de la lumière de Dieu il nous faut rester en relation constante et intime, “prier sans relâche”, toujours revenir à Dieu.

    Dans quelques jours, nous allons fêter Noël. Le plus important n’est pas de préparer une fête mais d’accueillir Celui qui vient chercher et sauver ceux qui étaient perdus. C’est là, dans le désert de nos vies, qu’il nous faut réentendre ce message de Jean Baptiste : “Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas”. Notre mission, c’est de révéler cette présence du Christ dans notre monde. Les plus beaux cadeaux, les plus fastueux réveillons ne peuvent pas vraiment nous combler. C’est seulement auprès du Seigneur que nous trouverons la vraie joie. Lui seul peut nous aider à évangéliser Noël car il en est le principal acteur. Nous sommes tous invités et attendus à la crèche. Que le Seigneur nous donne de répondre généreusement à son appel.

    Télécharger : 3ème dimanche de l’Avent B

    Sources : “La joie de l’Évangile (Pape François), Revues liturgiques, Commentaires de Claire Patier, Guide Emmaüs des dimanches et fêtes B (JP Bagot), Homélies pour l’année B (Amédée Brunot), Répertoire ADAP

    source https://dimancheprochain.org/

    ---------------------------------------------

    Articles les plus récents

    votre commentaire
  • L’objet de plomb du mont Ébal (photo © Michael C. Luddeni)

    Une inscription de malédiction retrouvée sur le mont Ébal?

    Éric BellavanceÉRIC BELLAVANCE | 11 DÉCEMBRES 2023

    En mars 2022, l’archéologue Scott Stripling et une équipe de l’Associates for Biblical Research (ABR) ont tenu une conférence de presse à Houston pour déclarer qu’ils venaient de trouver le plus ancien texte utilisant un alphabet proto-hébraïque qui, de plus, contenait le nom du Dieu d’Israël en forme abrégée (YHW).

    L’objet en question est une minuscule « tablette » de plomb d’à peine 2 cm par 2 cm qui, pour des raisons que l’on ignore, aurait été pliée en deux. L’inscription daterait d’environ 1200 av. J.-C., date à laquelle on situe habituellement la conquête de Canaan, à l’époque de Josué. Elle contiendrait des écritures tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. C’est grâce à une technique d’imagerie, la tomographie, que le contenu à l’intérieur de la tablette aurait été obtenu. Pas moins d’une quarantaine de lettres auraient été identifiées! Je vous rappelle que l’objet est très petit. Selon la traduction de l’équipe de l’ABR, nous aurions un texte de malédiction qui se lirait ainsi : « Vous êtes maudits par le dieu YHW, maudits! Vous allez mourir, maudits ; maudits, vous allez assurément mourir. Vous êtes maudits par YHW, maudits! »

    Si la découverte s’avère véridique, il s’agirait d’un objet tout à fait exceptionnel qui démontrerait que les Israélites maîtrisaient l’écriture avant même leur installation dans le pays de Canaan. Et que des textes bibliques auraient pu être mis par écrit à l’époque de l’Exode, de la « conquête » de Canaan, etc. [1] Cette découverte remet donc en question la tendance en études bibliques qui suggère que la majorité des textes bibliques n’ont pas été écrit avant le 8e siècle av. J.-C.

    Comme toujours, il faut être prudent et ne pas s’emballer trop rapidement. C’est pourtant le piège que l’équipe d’archéologues et d’épigraphes de l’ABR ne semblent pas avoir évité en annonçant la découverte de l’objet dans les médias traditionnels avant même d’avoir publié les résultats dans une revue scientifique. Cette hâte contribue à soulever des doutes quant l’authenticité de la tablette et de sa véritable valeur historique. Il est même possible, selon certains spécialistes, qu’il n’y ait tout simplement pas d’inscription sur l’objet en question…

    Avant de parler de la découverte et de l’objet lui-même, il est nécessaire de revenir brièvement sur les fouilles qui ont eu lieu sur le mont Ébal dans les années 1980. Ces travaux se sont déroulés sous la conduite de l’archéologue israélien Adam Zertal (1936-2015)  de l’Université de Haïfa. L’archéologue et son équipe ont découvert les fondations de ce qui pourrait avoir été un autel au sommet du mont Ébal. Le site aurait été occupé au 13e siècle pendant une brève période. Même s’il est à peu près impossible de déterminer la fonction exacte de cette construction, Zertal est d’avis qu’il s’agit de l’autel construit par Josué peu après l’entrée des Israélites en Canaan (voir Josué 8,30). Cette interprétation ne fait évidemment pas l’unanimité [2].

    L’annonce de la découverte

    Habituellement, avant de faire une déclaration publique, surtout pour une nouvelle de cette ampleur, les chercheur.e.s publient leurs découvertes dans une ou des revues spécialisées pour avoir l’avis de leurs pairs. Cette procédure n’a pas été respectée ici. Les résultats préliminaires ont été annoncés avant qu’une analyse sérieuse et indépendante ait été effectuée. Pourquoi avoir procédé ainsi? Selon les membres de l’équipe de Stripling, c’est parce que la découverte était trop importante et il fallait que le grand public en soit informé aussitôt. Encore une fois, cette manière de faire est plutôt inhabituelle. Par ailleurs, l’équipe a fait l’annonce d’une découverte et non pas d’une possible découverte. Lorsque la nouvelle a été annoncée, personne ne pouvait commenter. Parce que personne n’avait accès à l’objet et à la supposée inscription.

    Il a fallu attendre un peu plus d’un an pour que l’équipe de l’ABR publie le fruit de ses recherches dans la revue Heritage Science [3]. Mais seulement une partie de l’inscription y est présentée : celle à l’intérieur et non pas à l’extérieur. L’article est hautement spéculatif si bien que bon nombre de spécialistes sont toujours (ou encore davantage) sceptiques après la publication des résultats. Certains vont même jusqu’à prétendre qu’il est impossible d’identifier une seule lettre avec certitude! C’est le cas de l’épigraphe Christopher Rollston de l’Université George Washington qui est catégorique : il ne s’agit pas d’une inscription israélite du 13e siècle. Et le chercheur va encore plus loin : aucune lettre n’est réellement perceptible. Tout ne serait que spéculation puisque les lettres proposées ne correspondent pas aux images publiées…

    Mais la controverse ne s’arrête pas là. Le fait que l’équipe ait découvert une minuscule inscription contenant selon leurs dires une formule de malédiction, sur le mont Ebal, a de quoi faire sourciller. Qu’un texte de malédiction ait été trouvé sur un mont associé aux malédictions (voir Deutéronome 11,29) pourrait se justifier et constituer une découverte extraordinaire. Mais la rapidité avec laquelle Stripling l’a associée à un texte de malédiction est, à mon humble avis, un peu suspecte. En voyant la tablette – dont l’intérieur est illisible sans une analyse tomographique – lui et son équipe ont immédiatement su qu’ils avaient trouvé un texte de malédiction. Sur la montagne de la malédiction par surcroît [4]. Il faut savoir que l’objectif de l’ABR est de « démontrer la fiabilité historique de la Bible à travers la recherche archéologique et biblique ». Leur agenda n’est pas caché!

    Le fait que Zertal (qui a d’abord fouillé le site dans les années 1980) n’ait pas identifié l’objet pour en faire une analyse plus poussée pose aussi problème. Comment Zertal aurait-il pu manquer une inscription aussi importante? S’il s’agit bien d’une inscription… Et le fait que la découverte de l’objet ne s’est pas faite dans le cadre d’une fouille archéologique en bonne et due forme pose aussi problème. L’objet est donc impossible à dater avec certitude. Mais ce n’est pas assez pour ébranler les convictions de Stripling et de son équipe. Il affirme que les débris où l’objet a été trouvé devaient provenir de l’endroit où l’autel que Zertal datait du 13-12e siècle a été retrouvé. C’est possible, mais impossible à prouver. Le fait que lui et son équipe ne donnent pas dans les nuances est aussi problématique. Ils sont convaincus de la date, du contenu de l’inscription, etc. Et l’équipe rejette systématiquement toute critique ou remise en question. À leur défense, la communauté scientifique est généralement critique envers les découvertes potentiellement spectaculaires. On peut penser aux manuscrits de la mer Morte. Certains ont d’abord suggéré qu’il s’agissait de faux. On peut également penser aux « faux de Shapiro [5] ». À mettre dans la même catégorie? Sans doute, mais avec des nuances. L’objet retrouvé n’a pas été fabriqué. Mais il se pourrait que l’on ait « fabriqué » une signification à cet objet. Impossible à lire à l’extérieur, mais possible à lire à l’intérieur avant d’en faire l’étude…

    Reconstitution du texte

    Reconstitution du texte à l’intérieur de la tablette par Gershon Galil

    Les enjeux théologiques

    Il faut voir les enjeux théologiques derrière cette découverte. Les auteurs semblent vouloir démontrer que les anciens Israélites savaient écrire beaucoup plus tôt qu’on pouvait le penser. Et donc prouver que les récits bibliques sont plus anciens que ce qu’on affirme bien souvent. Bref, que certains récits auraient pu être composés directement à l’époque de Moïse, de Josué, etc. C’est clairement l’objectif de cette équipe. Selon le directeur des fouilles de l’ABR, Scott Stripling, cette inscription prouve que les Israélites avaient la capacité d’écrire les textes bibliques à partir d’une date très ancienne. Lors de la conférence de presse initiale, il affirmait que l’on ne peut plus prétendre sans détour que les textes bibliques n’ont été écrits qu’à l’époque perse ou à l’époque hellénistique. C’est un peu simplifier les choses, mais bon… En se basant sur cette inscription à peu près illisible, l’un des épigraphistes du projet, Gershon Galil de l’Université de Haïfa, va plus loin. Peut-être un peu trop loin même en affirmant que le scribe de cette tablette aurait pu écrire tous les chapitres de la Bible. Déjà à cette époque. Et tout cela basé sur un petit carré de plomb, à peu près illisible… Ne contenant que quelques lettres. Si ce sont bien des lettres…

    Il faut admettre que cette inscription pose problème. La mise en doute de la datation d’une inscription ou de son authenticité est chose courante. Mais, remettre en doute le fait qu’il y ait bel et bien une inscription sur un objet, une tablette, etc., est plutôt rare. Très rare. En fait, je n’ai pas d’autres exemples! Il faut admettre que les photos ne permettent pas de lire quoi que ce soit. Il faut vraiment faire preuve d’imagination. Au mieux, on pourrait dire qu’il y a des signes qui pourraient ressembler à des lettres, mais de là à faire la traduction d’un texte suivi, il y a une différence. Je conclurai en disant ceci : pour le moment, il y a peu de faits et beaucoup de spéculation… Et très peu d’objectivité de la part des « découvreurs ». Désolé chers lecteurs, chères lectrices, mais l’historien/exégète en moi n’est pas convaincu. Donc, à suivre!

    Éric Bellavance est historien et bibliste. Il est chargé de cours aux universités de Montréal, McGill et Concordia.

    [1] Nous mettons le terme « conquête » entre guillemets puisque l’idée voulant que les Israélites aient conquis militairement le pays de Canaan a été abandonnée depuis plusieurs années.
    [2] À ce sujet, vous pouvez lire l’article de Ralph K. Hawkins « Israelite Footprints. Has Adam Zertal Found the Biblical Altar on Mt. Ebal and the Footprints of the Israelites Settling the Promised Land? », Biblical Archaeology Review 42:2, Mars/Avril 2016, pp. 44-49.
    [3] Scott Stripling et al., « “You are Cursed by the God YHW:” an early Hebrew inscription from Mt. Ebal », Heritage Science 11:105 (2023).
    [4] Le contenu pourrait faire référence à la cérémonie du renouvellement de l’alliance sur le mont Ébal, décrite au chapitre 27 du livre du Deutéronome et du chapitre 8 dans le livre de Josué.
    [5] À ce sujet, lire mon autre article : « Archéologie et contrefaçon : d’hier à aujourd’hui ».

    Archéologie

    Archéologie

    Initiée par Guy Couturier (1929-2017), professeur émérite à l'Université de Montréal, cette chronique démontre l'apport de l'archéologie à une meilleure compréhension de la Bible. Au rythme d'un article par mois, nos collaborateurs nous initient à la culture et à l'histoire bibliques par le biais des découvertes archéologiques les plus significatives.

    SOURCE http://www.interbible.org/

    ----------------------------------------------------

    Articles les plus récents

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique