• Célébrer la Parole
    À quel moment ont-ils reçu l'Esprit Saint?
    par Sébastien Doane, bibliste

    Vous savez sans doute que le récit des Actes des Apôtres raconte que la venue de l’Esprit saint a lieu lors de la Pentecôte, soit cinquante jours après Pâques. Mais, avez-vous déjà pris conscience que l’Évangile de Jean propose une chronologie différente? Lire ces deux textes lors d’une même célébration soulève cette question : À quel moment ont-ils reçu l’Esprit Saint? Je vous propose de « remettre les pendules à l’heure » pour voir comment comprendre cette différence.

    ====================

    Verset de la semaine
    par Jonathan Bersot, pasteur
    professeur à l'Institut biblique du Québec

    « Le Seigneur est ma lumière et mon salut; de qui aurais-je crainte? Le Seigneur est le rempart de ma vie; devant qui tremblerais-je? J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m’attacher à son temple. Écoute, Seigneur, je t’appelle! Pitié! Réponds-moi! Mon cœur m’a redit ta parole : « Cherchez ma face. »  Psaume (Ps  26 (27), 1, 4, 7-8)

     Les psaumes ont toujours joui d’un statut particulier dans la Bible par le simple fait qu’ils connectent facilement avec le lecteur. En effet, il est assez facile de s’identifier avec la frustration, la crainte, la peur, la tristesse ou la joie du psalmiste qui ouvre son cœur de façon transparente. Ce qui est plus difficile est le décalage entre l’émotion ressentie et la situation vécue. Quand on passe par le deuil, il est logique d’être triste, ou quand on aime, la joie illumine naturellement le cœur. Dans les lectures du lectionnaire du 28 mai 2017, le psaume ci-dessus est suivi d’une deuxième lecture issue de la première lettre de saint Pierre : Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous (1 Pi 4.14). La difficulté ici est de se considérer comme heureux quand on est insulté. L’oxymore de la situation a de quoi laisser perplexe. Comment en effet se réjouir de ce qui devrait naturellement nous attrister? Comment se considérer comme heureux quand on nous insulte ouvertement? Le psalmiste est alors d’une aide précieuse, devant par sa proximité avec le lecteur, un exemple de réalisation. En effet, celui que nous considérons comme semblable à nous dans sa gamme d’émotion est aussi celui qui proclame que le Seigneur est lumière et salut, quelles que soient les circonstances : Qu’une armée vienne camper contre moi, mon cœur est sans crainte; qu’une guerre éclate contre moi, j’ai là ma confiance (FBJ Psaumes 27,.3). Sans aucun doute, David à qui l’on attribue la composition du psaume est dans cette grande confiance paradoxale face à la situation. Malgré la menace d’une armée à son encontre, malgré même une guerre contre lui, son cœur reste en paix et serein parce que le Seigneur est sa lumière et son salut. Par extension, aujourd’hui encore, ce psaume nous invite à ne pas forcément vivre l’émotion naturelle de la situation présente, mais à être dans un surnaturel divin qui décale l’émotion par sa simple présence, comme la lumière éclaire, réchauffe et change l’ambiance. Notons enfin que la suite du psaume donne la recette en insistant sur la nécessité de la communion avec le Seigneur au point de désirer d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de sa vie. Ce point est encore souligné dans l’expression hébraïque « cherchez ma face » où la face (פָּנֶה, paneh) est le terme idiomatique pour parler de la présence de Dieu. Chercher la face du Seigneur peut être ainsi synonyme de chercher sa présence (face à face). Pour conclure, quand on est dans la présence du Seigneur, la joie peut se substituer à la tristesse et le bonheur peut remplacer la frustration de l’insulte. Bref, sa présence change tout!          

     Jonathan Bersot, pasteur

    source www.interbible.org

    --------------------------

     Articles récents- OFS-Sherb


    votre commentaire
  • Entendre le cri de Job et y répondre

    Capture de l’Inca Atahualpa par Pizarro à Cajamarca

    Capture de l’Inca Atahualpa par Pizarro à Cajamarca
    (peinture fantaisiste de Juan Lepiani)

    Le 16 novembre 1532, le conquistador Francisco Pizarro rencontrait l’Inca Atahualpa, à Cajamarca dans les montagnes du Pérou actuel. On raconte que le dominicain Vicente de Valverde aurait tendu la Bible au souverain inca, en l’enjoignant d’obéir à la Parole de Dieu. Ayant rapproché de ses oreilles le livre, mais n’entendant rien, il aurait jeté à terre cet objet qui ne signifiait rien pour lui. Ce jour-là, les conquistadors ont fait prisonnier Atahualpa, en criant au blasphème, et massacré 7000 Incas.

    Cet épisode révèle une terrible trahison à laquelle ont souvent succombé les chrétiens. La Bible est devenue une arme au service des pouvoirs, instrument de carnage et de domination. Une parole de vie mise au service de la mort. La Bible comme la croix accompagnant l’épée, les fusils, les bombes.

    Mais au-delà de cette instrumentalisation de la Bible, comme de la religion en général, à des fins de pouvoir et de richesse, toujours actuelle, cet épisode de la Conquête des Amériques met en scène une attitude commune à trop de chrétiens encore. C’est celle du prêtre espagnol pour qui la Bible n’a pas besoin d’être lue, elle doit être seulement obéie aveuglément. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le fondamentalisme. Le fétichisme de la lettre, du texte. Comme s’il s’agissait de chiffres à additionner pour en avoir la somme. Lecture comptable, déconnectée de la vie, tournant le dos à l’esprit de la lettre (2 Corinthiens 3,6), étrangère à l’herméneutique, pour mieux répéter, asséner comme une arme conquérante, une vérité éternelle.

    La Bible devient véritablement parole de Dieu quand le récit s’entrelace à notre existence et prend chair, quand elle épouse les formes de la vie et du monde. Saint Augustin disait qu’il y a deux livres qui nous permettent de connaître la Parole de Dieu : notre vie et la Bible. L’Action catholique et les communautés ecclésiales de base en Amérique latine se sont mise à cette école : voir-juger-agir – le moment « juger » correspondant à la lecture biblique qui éclaire notre analyse de la réalité et nous aide à agir.

    La Bible se révèle véritablement parole de Dieu quand elle est lue comme s’il s’agissait d’un combat vital, où se joue le sens même de notre existence. Pas une existence coupée du monde, comme nous a y habitués une modernité rationnelle avec son « individu » isolé, sans attaches, autosuffisant. Mais une existence enracinée dans la vie, dans l’histoire, dans le monde dont elle est partie intégrante, et sans laquelle la Bible serait inaudible aujourd’hui.

    Job selon Jacob Jordaens

    Job selon Jacob Jordaens, circa 1620
    Huile sur bois, 52 x 67 cm
    Detroit Institute of Arts

    Le cri de JobLa vie est toujours première, jamais la Bible. C’est elle qui déploie le sens des récits bibliques et qui en fait un livre ouvert jamais achevé. L’histoire de Job en témoigne : un livre dans la Bible qui rappelle que Dieu est toujours au-delà du Dieu de la Bible. Que la parole de Dieu excède ce qu’on peut en dire. Un livre qui empêche la Bible de se refermée sur elle-même.

    Le cri de Job, comme l’épreuve du mal et de l’injustice, le sang innocent, les souffrances, replonge la parole de Dieu dans le silence d’où elle émerge. Il réveille les gestes et les paroles humaines, l’amour et la solidarité, le combat et la résistance – et  la vie dans sa beauté et sa fragilité – comme ce qui doit témoigner que Dieu n’est pas une idole mais Dieu de la vie.

    Le livre de Job met en scène un procès où l’accusé semble être Job accusant Dieu de ses souffrances injustes – et accablé par ses amis, l’accusant de blasphémer contre Dieu. Mais en fait le véritable accusé, c’est le grand absent, Dieu lui-même, avec ses avocats : les hommes du Livre, de la Loi, de la Parole de Dieu devant laquelle on ne peut que se soumettre. Plaidoiries inégales : la fragilité de l’homme face à la toute-puissance de Dieu. D’un côté celle d’une victime innocente, de l’autre celles des représentants de Dieu, de l’ordre divin. Au moment même où l’acquittement semble inévitable, il se produit un coup de théâtre : Dieu, le grand absent, entre en scène, il prend parti contre toute espérance pour Job, pour l’abandonné de Dieu. Pour l’esprit qui vivifie contre la lettre qui tue. Pour la vie contre la fatalité. C’est que la toute-puissance de Dieu a plus à voir avec la fragilité de la vie et avec la liberté qu’avec le pouvoir des rois, qui contrôlent et soumettent leurs sujets à la dure loi de la domination. Elle est puissance infinie de libération, de compassion et de solidarité.

    Ce cri de Job, qui rappelle au cœur de la Bible le silence de Dieu, nous empêche de nous réfugier dans le seul culte, le seul rituel, la seule lecture de la Bible. Il nous anime dans le combat contre l’injustice. Rappelons-nous le cri de Dieu dans Isaïe : « Cri à plein gosier… Le jeûne que j’aime : détacher les chaînes injustes, dénouer les liens du joug, renvoyer libres ceux qui sont maltraités, rompre tous les jougs… » (Isaïe 58, 1-14). Car il revient aux hommes et aux femmes – et non à un livre, fût-il sacré – de rendre présent le Dieu du silence et de la parole, à travers leur vie, leur agir, comme Jésus l’évoque d’une manière si troublante dans la parabole du Jugement dernier (Matthieu 25).

    Qu’est-ce en effet la Bible sinon des histoires qui relatent cette réponse, cette quête, ce combat, en de multiples variantes, en de multiples contextes. Elles n’ont pas pour but de clore le chemin mais de le maintenir ouvert et d’aider à poursuivre ces réponses, ces quêtes, ces combats, personnels et collectifs, aujourd’hui comme demain, en continuant d’écrire au présent la Bible.

    Une parole qui fait vivre

    « J’ai vu la misère de mon peuple… J’ai entendu son cri… » (Exode 3). Alors Dieu se révèle lui-même : « YHWH : Je suis celui qui serai… Va, maintenant, je t’envoie  ». La Bible rend compte, de diverses façons, du déploiement de ce nom divin, qui nous appelle à assumer notre responsabilité humaine, à répondre en son nom aux cris des hommes et des femmes de notre temps. À devenir ce que Caïn à refuser d’être, le gardien de son frère, de sa sœur, de la Terre.

    C’est pourquoi une lecture biblique essentielle, qu’aucune lecture individuelle ne saurait remplacer, consiste à lire en communauté, à pétrir le pain de la parole avec les histoires de nos vies. Alors de ce partage, de ce tissage de récits et d’expériences, du lointain et du proche, surgit le sens comme un souffle qui nous aide à vivre et à agir.

    La meilleure façon, par ailleurs, de rendre inaudible la Bible, c’est de refuser de la traduire pour notre temps, de peur de la trahir. Rester prisonnier de formules anciennes. Attitude paresseuse, conformiste, légaliste. Lire la Bible est exigent au contraire, cela oblige de se rapporter à la vie, de se laisser ébranler par elle. De se mettre aux côtés des laissés-pour-compte. De préférer toujours la liberté à la soumission. Le courage d’être à la peur de vivre. Et d’aimer la parole vivante qui vivifie les mots.

    Dans les années 1937-1938, la grande poète russe Anna Akhmatova a dû, durant dix-sept mois, faire la queue devant les prisons de Leningrad (Saint-Pétersbourg) où était détenu son fils, comme tant d’autres accusés de comploter contre Staline. Elle raconte cet épisode dans la dédicace à son recueil Requiem :  

    Un jour, quelqu’un a cru m’y reconnaître. Alors une femme aux lèvres bleuâtres qui était derrière moi et à qui mon nom ne disait rien, sortit de cette torpeur qui nous était coutumière et me demanda à l’oreille (là-bas, on ne parlait qu’en chuchotant) :
    – Et cela, pourriez-vous le décrire?
    Et je répondis :
    – Oui, je le peux.
    Alors, une espèce de sourire glissa sur ce qui avait été jadis son visage. 

    C’est un miracle que les récits bibliques accomplissent. Ils ont cette puissance de la résurrection : celle de redonner le sourire, le courage, la joie ; celle de sortir de la torpeur, de l’aveuglement, de l’endormissement ; celle de guérir d’une souffrance sans espoir, enfermant vivant dans la mort, et d’engager de nouveau le vivant, le lecteur, l’écoutant – celui ou celle qui était prostré et qui soudain se lève, porté par un souffle – sur les chemins de la vie. Ils ne remplacent pas la vie, mais aident à vivre, à lutter, à mourir. À espérer, contre toute espérance parfois, et à faire notre part. À persévérer dans la beauté et dans la bonté.

    Jean-Claude Ravet

    source www.interbible.org

    ---------------------------

     Articles récents- OFS-Sherb


    votre commentaire
  • Saint-Sépulcre : quand les découvertes archéologiques concordent avec les récits évangéliques


    votre commentaire
  • Vous êtes en moi et moi en vous... et vous vivrez

    Descente du Paraclet sous la forme du Saint-Esprit cinquante jours après avoir été promis par Jésus (Apocalypse de Bamberg, ~1010).

    Descente du Paraclet sous la forme du Saint-Esprit
    cinquante jours après avoir été promis par Jésus
     (Apocalypse de Bamberg, (1010). 

    Le Paraclet, Jésus et le Père viendront vers ceux qui aiment Jésus : Jean 14, 15-21
    Autres lectures : Actes 8, 5-8.14-17; Psaume 65(66); 1 Pierre 3, 15-18

     La péricope évangélique de ce dimanche se situe à l'intérieur du discours d'adieu de Jésus, lequel est plein de promesses (13, 31-14,31). Toute personne qui accompagne la fin de vie d'un père, d'une mère, d'un frère ou d'une sœur, sait recueillir les dernières paroles prononcées; les derniers moments sont précieux et les  regards échangés  imprègnent  sur une longue durée l'esprit et le cœur. Au fil des jours qui passent, l'absence est transcendée. La connaissance de l'être cher disparu s'approfondit; une proximité intérieure s'accroît. Ce vécu  nous permet de saisir un peu plus ce que fut, pour les disciples,  la mort de leur Maître. Terrassés, effrayés, ils vont, petit à petit, découvrir, expérimenter et s'imprégner au fond d'eux-mêmes des paroles de Jésus. L'ultime discours de Jésus nous fait voir ce cheminement effectué dans la vie des premières communautés chrétiennes, ce passage de la présence physique de Jésus puis de son absence, à sa présence invisible mais bien réelle.

        L'évangéliste, au chapitre 14, versets 4-11, présente le chemin de Jésus vers son Père, un sujet de préoccupation pour les disciples, bientôt orphelins. Les versets 12-14 évoquent la promesse d'œuvres  plus grandes (v. 12), et également cette autre promesse d'une prière qui sera exaucée : Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai (vv. 13-14).

    L'observance des commandements

        Jésus invite ses disciples à rester fidèle à ses commandements, à sa Parole (v. 15). Il leur fait comprendre que l'amour qu'on lui porte est premier et que sa mise en pratique en est une conséquence. C'est l'amour du Christ pour ses disciples qui constitue la base de la fidélité à garder la Parole (14, 23s; 1 Jean 2, 4-5). Reconnaître que  nous sommes aimés, de jour en jour, dans la foi, la confiance et l'action de grâce et répondre par amour. Et cet amour réciproque fait vivre, engendre des actions généreuses et désintéressées, des gestes significatifs. Cet engagement total, on le comprend, va au-delà de la pratique des commandements donnés à Moïse, il comporte les instructions de Jésus et la totalité de son agir.

    L'envoi du Paraclet, l'Esprit de vérité

        Dans le discours après la cène, contrairement au reste de l'Évangile, l'Esprit est désigné par le terme Paraclet, employé cinq fois. Le mot grec -paraklètos, «celui qui est appelé auprès de»-renvoie généralement au défenseur, à l'avocat du pauvre ployant sous le poids de difficultés, d'où sa connotation juridique. Au chapitre 14, le terme  désigne différents rôles de l'Esprit, qui s'éclairent par le contexte.  Ce titre de Paraclet qui désigne une fonction, occupe le premier plan et est explicité par l'expression Esprit de vérité (14, 17; 15, 26; 16, 13) : Moi, je prierai le Père: il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de vérité...mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous (14,16-17).

    Je vous ai dit cela tandis que je demeurais auprès de vous. Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, celui-là vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit (14, 25-26; aussi 15, 26-27; 16, 7-11.13-15).

    C'est votre intérêt que je parte, car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous, mais si je pars je vous l'enverrai (16, 7).

    Mais quand il viendra, celui-là, l'Esprit de vérité, il vous guidera dans la vérité toute entière; car il ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu'il entendra, il le dira et il vous expliquera les choses à venir (16, 13).

        Comme l'explique l'exégète Xavier Léon-Dufour, la tâche du Paraclet  se résume à trois fonctions : être avec et dans les disciples, enseigner et faire comprendre le destin historique du Christ et  les enseignements qu'Il a donnés pour les rendre mémorables, et témoigner de Jésus, c'est-à-dire s'engager au service de la vérité. On le constate,  la dimension de la Parole  est soulignée avec force.

        Mais par qui l'Esprit vient-il aux chrétiens? Il est dit que l'envoi  repose sur l'initiative de Jésus lui-même, qui prie le Père d'envoyer l'Esprit (14, 16-17). Ailleurs, Jésus affirme, qu'après son départ, il enverra l'Esprit (16, 7). À la lecture, on aura noté la mention d'un autre Paraclet, c'est-à-dire un second, désignant celui qui vient dans la période post-pascale. C'est dire qu'il y en a eu un premier qui est Jésus lui-même, habité par l'Esprit de Dieu.  Dans la Première épître de Jean, il est affirmé clairement : Mais si quelqu'un vient à pécher, nous avons un Défenseur devant le Père, Jésus Christ qui est juste (2, 1). Le sens à donner au mot dans ce contexte est celui «d'intercesseur en raison de son sacrifice.» Cette promesse ne peut que réconforter et raffermir  les chrétiens qui rencontrent oppositions, hostilités et persécutions au sein du monde qui se ferme à  la bonne nouvelle de Jésus, Lumière du monde (14,17).

        À qui est offert l'Esprit? L'Esprit est offert aux croyants, aux communautés chrétiennes. Cinquante ans et plus après le départ de Jésus et de la plupart des premiers témoins, l'Église reconnaît et vit de la présence de l'Esprit: Mais quand il viendra, celui-là, l'Esprit de vérité, il vous guidera dans la vérité tout entière; car il ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu'il entendra,  il le dira et vous expliquera les choses à venir (16, 13). Une présence qui sait faire surgir le sens ultime des paroles de Jésus et les actualiser. En définitive, « Il donne naissance à une nouvelle parole de ce même Christ » (J. Zumstein).  Comme on le constate,l'Esprit de vérité rend hommage à la personne du Christ présenté comme le chemin, la vérité et la vie (14, 6; 18, 37); il enseigne la fidélité (14, 21) à Celui qui a vécu parmi les siens dans une période de temps limité,  Celui qui, dans sa vie parmi les siens, sa mort, sa résurrection, a fait voir et connaître le Père, Dieu-Amour (1 Jean 4, 8,16). Il y a une unité d'amour entre le Père et le Fils, une unité d'amour entre Jésus et les croyants grâce à l'Esprit qui ouvre les cœurs. L'Esprit ne peut être pensé indépendamment de la personne du Christ comme l'exprime si bien Jean Grosjean : « Le Fils nous donne sa respiration de Fils, après ses jours de Messie viennent les jours de son Souffle ».  

        L'Esprit se préoccupe de la vérité de chaque être humain, laquelle se manifeste de multiples façons, au gré des jours et des rencontres, dans la manière d'être à l'égard des autres, particulièrement envers les plus démunis. Chaque jour, le Souffle de Dieu sait soutenir, réconforter, insuffler un nouvel élan lorsque la lassitude ou le doute tentent des'installer. Chaque jour, il est à demeure en nous pour faire surgir une créature nouvelle.

    L'Esprit donne audace et persévérance

        Après la Pentecôte, où les Apôtres ont été les premiers destinataires de l'Esprit, les témoins de la résurrection vont poursuivre la mission de Jésus dans la capitale juive, Jérusalem. Avec le martyre d'Étienne, les membres de l'Église naissante vont se disperser. Ainsi, Philippe, un des sept diacres (Actes 6, 3) se rend en Samarie, en toute connaissance de l'hostilité existant entre les Samaritains et les Juifs. Inspiré, il proclame le Christ, et accomplit des gestes qui font vivre. Les cœurs s'ouvrent et les Apôtres Pierre et Jean vont imposer leurs mains sur ces baptisés qui à leur tour recevront l'Esprit (1ère lecture : le Livre des Actes 8, 5-8.14-17).

        Ce courage de témoigner est évoqué également dans la deuxième lecture (Première lettre de Pierre 3, 15-18). Elle s'adresse à des chrétiens d'Asie Mineure, convertis du paganisme, des chrétiens  que l'Esprit anime et vivifie, et qui sont appelés à manifester à travers leur vie la douceur et le respect, la droiture et un amour authentique, durable et actif, jusque dans l'épreuve. Ainsi ils rendent visible l'espérance qui est en eux.

      Source : Le Feuillet biblique, no 2534. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    source www.interbible.org

    ----------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • Découverte d’une voie romaine près de Beth Shemesh

    vue arienne

    Vue aérienne du site à proximité de la route 375

    Comme c’est souvent le cas en Israël lors de travaux d’excavation, un chantier a été interrompu il y a plusieurs semaines pour permettre des fouilles de sauvetage. Une compagnie locale s’apprêtait à installer un aqueduc près d’une autoroute pour amener de l’eau à Jérusalem quand ils ont dégagé ce qui semblait être les vestiges d’une ancienne route. Les ouvriers ont alors cédé la place aux archéologues de l’Autorité israélienne des antiquités qui ont dégagé un tronçon d’environ 150 mètres d’une voie romaine qui reliait Bethletepha (Beit Natif) à la route principale qui permettait la circulation entre Jérusalem et Eleutheropolis (Beit Guvrin).

    Le tronçon se trouve à proximité de la route 375 et suivait un itinéraire semblable. D’une largeur atteignant parfois les 6 mètres, on évalue que le tronçon couvrait une distance d’environ 1,5 kilomètre. On pense qu’il devait relier la colonie romaine installée près de Beit Natif pour rejoindre la « route de l’empereur », une route construite avant la visite de l’empereur Hadrien dans le pays, vers 130 de notre ère ou peu après, pendant une période trouble de l’histoire d’Israël connue sous le nom de révolte de Bar Kochba (132-135 de notre ère). L’association entre Hadrien et cette route est confirmée par des fouilles antérieures, plus loin sur la route, qui ont révélé des bornes gravées du nom de cet empereur.

    monnaies

    Monnaies d'époque romaine trouvées pendant les fouilles (photo : Clara Amit/AIA)

    Mais des indices laissent penser que le tronçon découvert au Sud de Beth Shemesh a été construit avant cette artère principale car on ont trouvé, entre les pierres de la route, des pièces de monnaie datant de la deuxième année de la révolte contre Rome (67), une monnaie frappée par le préfet romain Ponce Pilate de l’an 29 et une autre pièce frappée par le dernier roi juif Agrippas I en 41.

    À l’époque romaine, la plupart des routes dans le pays étaient des pistes improvisées. Mais les Romains ont rapidement compris l’importance stratégique d’un bon réseau routier pour faciliter le déplacement et le ravitaillement des troupes. Ces routes ont également favorisé le commerce intérieur et l’exportation de certains produits.

    Les 150 mètres de la voie romaine dégagée pendant ces fouilles seront préservés comme attrait touristique pour les randonneurs du Sentier national d’Israël qui passe à proximité.

    Sylvain Campeau

    source www.interbible.org

    --------------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • Suivre le Chemin, témoigner de la Vérité, entrer dans la Vie

    Chemin de Jésus

    Jésus, chemin vers le Père pour ceux qui croient en lui : Jean 14, 1-12

    Autres lectures : Actes 6, 1-7; Psaume 32(33); 1 Pierre 2, 4-9

     Chaque jour j’entends dire : « Où est-il ton Dieu ? » (Ps 41,4) 1

         Disciples du Christ, nous marchons à sa suite. Mais de nos jours, cela ne va pas sans peine. Nous sommes femmes et hommes de foi. Nous croyons en Dieu et en son Fils Jésus ressuscité d’entre les morts. Nous nous laissons guider par l’Esprit Saint. Pourtant, il est parfois difficile de percevoir leur présence dans notre monde. Il y a des jours où nous hésitons à « présenter une défense devant quiconque nous demande de rendre raison de l’espérance qui est en nous » (1 P 3,15).

    Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu ! (Ps 41,6)

         Mais le Seigneur veut nous rassurer. Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi (Jean 14,1). Jésus sait de quoi il parle. À trois reprises déjà nous l’avons vu bouleversé. Devant Marie, la sœur de Lazare, quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleurait aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé (Jn 11,33). Devant l’imminence de sa propre mort, il déclare : Maintenant mon âme est bouleversée (Jn 12,27). Pendant son dernier repas, Jésus fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : “Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera” (Jn 13,21). Chaque fois Jésus se relève en s’appuyant sur sa foi : Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! (Jn 12,27-28). Il nous invite à faire de même.

    « Que cherchez-vous? » (Jn 1,38)

         Pour que ses disciples continuent de s’appuyer fermement sur Dieu et sur lui, Jésus les ramène vers les premiers pas de leur vocation de disciples. Quand deux disciples de Jean Baptiste se mirent à suivre Jésus, celui-ci leur dit : “Que cherchez-vous ?” Ils lui répondirent : “Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ?” Il leur dit : “Venez, et vous verrez” (Jn 1,38-39a). Cette recherche de la demeure du Christ, qui les a mis en marche, ne s’arrêtera pas là.

    Un long chemin

         L’entrée dans la demeure compte plusieurs étapes. Il y a d’abord cet engagement à suivre le Christ qui permet d’entrer une première fois dans la demeure : Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent [demeurèrent] auprès de lui ce jour-là (Jn 1,39b). Mais pour que ce jour se prolonge, il faut que Jésus affronte son heure. Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout (Jn 13,1). Cette seconde étape, Jésus la franchira seul : Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. […] Simon-Pierre lui dit : “Seigneur, où vas-tu ?” Jésus lui répondit : “Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard” (Jn 13,33.36).

    Un chemin qui conduit « à ta montagne sainte, jusqu’en ta demeure » (Ps 42,3)

         La troisième et dernière étape intègre « à la fois l’existence postpascale et le futur ultime de la communauté » 2. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi (Jn 14,2-3).

    Suivre le chemin du Christ

         Pour atteindre cette heure exquise où nous serons ensemble auprès du Seigneur ressuscité dans la maison du Père, pour que Jésus nous amène dans une des demeures de la maison de son Père, nous avons nous aussi un passage à franchir, une Pâque à vivre. Pour aller où je vais, vous savez le chemin (Jn 14,3). « Le lecteur passe de la contemplation de la maison du Père à l’exigence de croire au Fils, et de l’annonce du résultat à celle du moyen pour l’atteindre » 3. Celui qui déclare demeurer en lui doit, lui aussi, marcher comme Jésus lui-même a marché (1 Jn 2,6). Cela n’est pas toujours évident, comme en témoigne la question de Thomas : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? (14,5). La réponse de Jésus est aussi fameuse que déroutante : Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14,6a).

    Chemin, Vérité, Vie

         Comme dans l’Évangile du Bon Pasteur, l’image est difficile à saisir. Dans un premier temps, le berger, c’est-à-dire Jésus, est celui qui passe par la porte (Jn 10,2). Puis il est la porte par laquelle passent les brebis (Jn 10,7.9). De même ici, Jésus doit d’abord emprunter un chemin pour retourner dans la maison de son Père, un chemin qui passe par la croix et qui débouche sur la gloire de la résurrection. Ce faisant lui-même il devient le Chemin vers le Père : Personne ne va vers le Père sans passer par moi (Jn 14,6b). En empruntant ce chemin, le croyant découvre la Vérité et la Vie, c’est-à-dire Dieu lui-même. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu (Jn 14,7).

    Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. (Ps 41,2)

         Quand Jésus nous parle de connaître le Père, il utilise en même temps le passé, le présent et le futur : vous l’avez vu, vous le connaissez, vous le connaîtrez (voir Jn 14,7). Il y a de quoi y perdre son latin. Nous sommes tentés de dire avec Philippe : Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit (Jn 14,8). Mais il n’y a pas de raccourci pour « voir le Père ». Il s’agit d’abord d’apprendre à connaître Jésus. En marchant avec lui, en écoutant sa parole et en découvrant ses œuvres, nous entrons dans l’intimité du Père. Mais cette intimité ne sera complète qu’à la fin des temps. Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi (Jn 14,3). Quand nous serons auprès du Christ pour l’éternité, nous serons avec lui dans le sein du Père et nous verrons Dieu tel qu’il est.

    Je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête (Ps 41,5).

         En attendant, nous ne pouvons choisir l’oisiveté. Jésus nous invite à marcher sur le chemin de la foi et il compte sur nous pour que sa parole continue d’être entendue, pour que son œuvre soit accomplie. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père (Jn 14,12). Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ (1 Jn 1,2-3).

    1 Sur le lien entre Jean 14 et les psaumes 41 et 42, voir Xavier Léon-Dufour, lecture de l'Évangile selon Jean, III, Les adieux du Seigneur (chapitres 13-17), (Parole de Dieu), Paris, Seuil, 1993, p. 89.
    2 Xavier Léon-Dufour, Lecture de L'Évangile selon Jean, III, p. 94.
    3 Xavier Léon-Dufour, Lecture de L'Évangile selon Jean, III, p. 95-96.

     

    Yvan Mathieu, SM 

    Source : Le Feuillet biblique, no 2533. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    source http://www.interbible.org/

    ----------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • Des femmes diacres et des épiscopes avec enfants

    femmes influentes

    Femmes influentes des premières communautés chrétiennes

    Le mot grec episcopos signifie littéralement « celui qui surveille ». À la fin du premier siècle, l’épiscopat n’était pas encore un ministère très structuré, mais il désignait la tâche de responsables des communautés chrétiennes.

    En ce sens, les épiscopes sont les ancêtres des évêques qui, encore aujourd’hui, sont les responsables des diocèses. Un passage de la lettre à Timothée énumère les qualités requises pour un bon épiscope.

    1 Elle est digne de confiance, cette parole : si quelqu’un aspire à l’épiscopat, c’est une belle tâche qu’il désire. 2 Aussi faut-il que l’épiscope soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, pondéré, de bonne tenue, hospitalier, capable d’enseigner, 3 ni buveur, ni batailleur, mais doux; qu’il ne soit ni querelleur, ni cupide. 4 Qu’il sache bien gouverner sa propre maison et tenir ses enfants dans la soumission, en toute dignité : 5 quelqu’un, en effet, qui ne saurait gouverner sa propre maison, comment prendrait-il soin d’une Église de Dieu? 6 Que ce ne soit pas un nouveau converti, de peur qu’il ne tombe, aveuglé par l’orgueil, sous la condamnation portée contre le diable. 7 Il faut de plus que ceux du dehors lui rendent un beau témoignage, afin qu’il ne tombe pas dans l’opprobre en même temps que dans les filets du diable. (1 Timothée 3, 10-7)

    Un élément de ce passage peut surprendre les lecteurs contemporains. Non seulement la lettre à Timothée témoigne-t-elle du fait que les épiscopes pouvaient être mariés, mais elle spécifie également qu’ils devaient avoir une seule femme. Les règles de conduite sont habituellement énoncées pour recadrer une pratique. On peut donc imaginer qu’il y avait des épiscopes polygames, mais que ce n’était pas vu comme quelque chose de bien. La façon dont l’épiscope gouvernait sa famille était importante, c’était perçu comme un reflet de sa façon de s’occuper de l’Église. Plus largement, le célibat n’était pas une pratique courante chez les premiers responsables ecclésiaux. Les évangiles transmettent l’information que Jésus a guéri la belle-mère de Pierre. Celui qui est considéré a posteriori comme le premier pape avait donc une femme. L’importance du célibat pour les ministres de l’Église commence vers le ive siècle, mais il faut attendre le xiiie siècle pour que le célibat ecclésiastique devienne une règle appliquée de façon stricte [1].

    Le texte de la première lettre à Timothée se poursuit avec des recommandations du même ordre pour les diacres :

    8 Les diacres, pareillement, doivent être dignes, n’avoir qu’une parole, ne pas s’adonner au vin ni rechercher des gains honteux. 9 Qu’ils gardent le mystère de la foi dans une conscience pure. 10 Qu’eux aussi soient d’abord mis à l’épreuve; ensuite, si on n’a rien à leur reprocher, ils exerceront le ministère du diaconat.

    11 Les femmes, pareillement, doivent être dignes, point médisantes, sobres, fidèles en toutes choses.

    12 Que les diacres soient maris d’une seule femme, qu’ils gouvernent bien leurs enfants et leur propre maison. 13 Car ceux qui exercent bien le ministère de diacre s’acquièrent un beau rang ainsi qu’une grande assurance fondée sur la foi qui est dans le Christ Jésus. (1 Timothée 3,8-13)

    Les consignent concernant les diacres semblent un peu moins contraignantes. Par exemple, nulle mention d’une discipline quelconque par rapport à leur enseignement. Probablement parce que leurs responsabilités étaient moins grandes que celles des épiscopes. Par ailleurs, la recommandation d’avoir une seule femme revient aussi pour eux. Il y a cependant une grande différence pour les diacres. Le verset onze introduit des remarques particulières concernant les femmes. S’agit-il des épouses de diacres ou de femmes qui étaient elles-mêmes diacres? Ce passage est équivoque. On peut justifier les deux interprétations. Il faut cependant savoir que d’autres textes bibliques mentionnent des femmes diacres. La plus célèbre est Phébée, une collaboratrice de Paul.

    1 Je vous recommande Phœbé, notre sœur, diacre de l’Église de Cenchrées. 2 Accueillez-la dans le Seigneur d’une manière digne des saints, aidez-la en toute affaire où elle aurait besoin de vous. Car elle a été une protectrice pour bien des gens et pour moi-même. (Romains 16,1-2)

    Un autre élément frappe le lecteur moderne de la lettre à Timothée par son absence : celle-ci donne des recommandations aux hommes et aux femmes de l’assemblée, aux épiscopes et aux diacres, mais elle ne mentionne pas les prêtres, jadis appelés presbytres (anciens). La raison en est que ce n’est qu’avec le temps que les ministères de l’Église prendront les formes que l’on connaît aujourd’hui. Il ne faut pas faire l’erreur de projeter sur le premier siècle chrétien la structure actuelle des ministères dans l’Église.

    Les responsabilités en Église

    Une bonne connaissance de l’histoire de l’Église nous permet de voir l’évolution de la conception des ministères. Les responsabilités, titres et critères ont bien changé, avec le temps. Quels sont les ministères ecclésiaux dont a besoin l’Église d’aujourd’hui? Tout le monde voit qu’il y a une crise des vocations, en Occident. Que faire? Il n’y a pas de solutions simples, mais je pense qu’une bonne connaissance des textes bibliques et de l’histoire des ministères peut nous aider à y réfléchir. Le modèle des ministères de l’Église catholique actuelle n’a pas toujours été tel qu’il est aujourd’hui et il continuera d’évoluer avec le temps. D’ailleurs, le dialogue œcuménique pourrait permettre à l’Église catholique de s’inspirer d’Églises qui ont des structures ministérielles très différentes.

    [1] Pour plus d’informations sur ce sujet, je vous suggère : Elizabeth Abbott, L’histoire universelle de la chasteté et du célibat, Fides, 2001.

    Extrait de : Sébastien Doane, Zombies, licornes, cannibales… Les récits insolites de la Bible, Montréal, Novalis, 2015.

    Sébastien Doane

    source www.interbible.org

    -----------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • Les croix de chemin

    Jacques Cartier à Gaspé, 1534

    Jacques Cartier à Gaspé, 1534
    Source: Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 2896921

    On estime à près de 3000 le nombre des croix de chemins qui sont érigées le long des routes québécoises, surtout en milieu rural. D’abord considérées comme des objets religieux, on leur ajoute aujourd’hui une valeur patrimoniale qui est reconnue dans plusieurs régions du Québec.

    La première fonction des croix de chemin a été de signaler la prise de possession de la terre. En 1534, l’explorateur Jacques Cartier élève les premières croix dans la vallée du Saint-Laurent pour affirmer la prise de possession du territoire au nom du roi de France. Cette coutume sera reprise par les premiers colons pour marquer la fondation d’un village ou la prise de possession d’un lopin de terre. On peut dénoncer aujourd’hui cette pratique colonialiste et ce rapport à la terre mais ils font parti de notre histoire.

    Des croix ont également été érigées afin d’obtenir une faveur ou en signe de reconnaissance pour une faveur obtenue. À cette fonction où s’exprime la foi populaire, on peut aussi inclure les croix élevées tout près des champs cultivés pour implorer la protection divine contre les fléaux naturels qui affligent les récoltes.

    Une autre fonction importante de la croix de chemin était de rassembler les gens pour la prière du soir. Symbole par excellence du christianisme, la croix est au cœur de la foi pascale. Elle rappelle aux croyantes et au croyantes que la mort et la résurrection du Christ sont indissociables : « Quant à nous, nous prêchons le Christ crucifié : c’est un message scandaleux pour les Juifs et une folie pour les non-Juifs. » (1 Co 1,23) Surmonter cet apparent paradoxe, c’est reconnaître que Dieu manifeste souvent sa présence d’une manière déroutante. Si Dieu a relevé Jésus d’entre les morts et lui a donné le pouvoir d’intervenir dans l’histoire, nous avons raison d’espérer pouvoir traverser les pires difficultés que nous rencontrons dans le parcours de notre vie.

    Sylvain Campeau

     source www.interbible.org

    --------------------------

     Articles récents- OFS-Sherb


    votre commentaire
  • Vivre

    Anastasis

    Fresque de la résurection (anastasis)
    où le Vivant attire à lui Adam et Ève
    église byzantine Saint-Sauveur-in-Chora, Istanbul
    (photo : Wikipedia)

    Hébreu : Hâyâh Grec : zaô

    Ah la vie! Parfois si belle, parfois si injuste. Comme l’unique alternative à la vie est de mourir, le mieux est de trouver la meilleure façon de la vivre. Regardons comment la Bible nous présente la vie, don de Dieu et symbole de la résurrection à venir. 

    La vie, don de Dieu

    Dans la Bible, Dieu est l’auteur de la vie en créant tout être dans le ciel et sur la terre. Il est le vivant par excellence. Vivre devant Dieu, en sa présence, c’est avoir sa bénédiction durant le cours de sa vie (Gn 17,18). Une longue vie est signe de cette bénédiction. Les humains sont appelés à choisir la vie afin de vivre (Dt 30,19) en acceptant l’alliance offerte par Dieu. La relation avec Dieu est en lien direct avec la vie des humains.

    La vie éternelle

    En général, les textes de l’Ancien Testament ne parlent pas d’une vie après la mort. L’alliance avec Dieu se vit sur terre. Certains textes tardifs comme le livre de Daniel et ceux des Maccabées orientent vers une vie éternelle, c’est-à-dire une vie avec Dieu pour toujours (2 M 7,36; Dn 12,2). Le contact avec la culture grecque et le contexte de martyrs ont favorisé l’émergence de cette croyance.

    Le Nouveau Testament va utiliser le vocabulaire de la vie pour parler de la résurrection de Jésus. Le ressuscité est appelé « le vivant » en Lc 24,5. La résurrection est aussi décrite par d’autres expressions comme le vocabulaire de l’exaltation et celui du levé ou du réveil.

    Le Nouveau Testament utilise aussi la vie comme un symbole pour tout ce que Dieu promet aux croyants. L’accomplissement de cette promesse est relié à la fin des temps, à la venue du Royaume de Dieu, à la résurrection. Cependant, cette vie promise ne concerne pas seulement l’au-delà. Par exemple, Paul écrit : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vie en moi. » (Ga 2,20)

    On peut se demander s’il y a une vie après la mort, mais demandons-nous aussi s’il y a une vie avant la mort! C’est à chacun de chercher comment vivre pour goûter intensément à la vie qui nous est offerte.

    Sébastien Doane

    source http://www.interbible.org

    ----------------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • Heureux de croire sans le voir encore

    Jésus apparaît aux disiciples, aquarelle de William Hole

    Jésus apparaît aux disciples, aquarelle de William Hole

    Jésus apparaît à ses disciples : Jean 20, 19-31
    Autres lectures : Actes 2, 42-47; Psaume 117(118); 1 Pierre 1, 3-9 

    Le texte de ce dimanche de Pâques présente les extraits de l'Évangile selon Jean relatifs aux apparitions de Jésus à ses disciples (20,19-23) et à Thomas (20,24-29), récits suivis d'une conclusion rapportant le but de l'évangéliste (20,30-31).

    L'apparition de Jésus à ses disciples (20,19-23)

         La scène se déroule dans une maison dont les portes sont verrouillées, le soir du premier jour de la semaine, c'est-à-dire le dimanche, jour du rassemblement liturgique des premiers chrétiens, temps privilégié pour réactualiser la fraction du pain. Les disciples, soit les Onze, vivent dans la peur et l'enfermement par crainte des autorités juives (Jn 1,19; 9,22; 12,42; 16,2). Or, c'est dans ce milieu clos que surgit Jésus. Paix à vous! (Shalom) leur dit-il (v. 19). La paix qu'il leur souhaite a pour but de les réconforter et de les rassurer dans l'état d'angoisse où ils se trouvent (voir Jn 16,33ab). Ce Shalom, salut ordinaire des Juifs (Jg 19,20; 2 S 18,28), n'est pas seulement un souhait de courtoisie qui équivaut pour ceux qui l'entendent à une possibilité, à une éventualité, mais un don accordé par Dieu lui-même comme dans la prophétie (Is 40,9) ou dans l'Évangile (Mc 1,15; Jn 14,27). En parlant, Jésus montre les traces de la crucifixion sur ses mains et sur son côté (v. 20a). En agissant ainsi, Jésus désire affermir la foi de ses apôtres, se faire reconnaître pour celui qui a souffert et qui a été crucifié, et pour celui qui est à jamais avec eux (He 2,18). Lui qui vient de faire l'expérience de la mort se révèle ici maître de la vie. Certes, la présence physique ordinaire de  Jésus a pris fin. Cependant, celui qui est là au milieu d'eux est leur maître Jésus exalté, c'est-à-dire la même personne qu'ils ont connue et aimée, mais désormais transfigurée par la résurrection. Jusque-là craintifs, les disciples sont comblés de joie (v. 20b). Ils ont maintenant la certitude que Jésus est vivant. Ainsi s'accomplit pour la première fois, la promesse que Jésus leur a faite avant sa mort, en leur annonçant que la joie suivra de près la douleur (Jn 16,33).

    La mission de rendre Dieu présent dans le monde

         L'apparition du Ressuscité n'est pas une fin en soi. Elle débouche sur une mission. Au v. 21, Jésus répète le salut pour en marquer la haute signification. Ici, le souhait de paix du Ressuscité est un bien spirituel, un don intérieur qui est relié à la mission des apôtres et au don de l'Esprit. Le mandat conféré aux disciples par le Ressuscité s'enracine dans la mission que le Père a confiée à Jésus selon le vocabulaire usuel de Jean (13,20; 17,17-19), mission qui correspond à leur investiture comme prédicateurs et témoins en Matthieu 28,19-20 et Luc 24,47-48. Les disciples devront rendre présente dans le monde l'œuvre de salut accomplie par Jésus lors de son séjour terrestre. Le souffle de Jésus et le don de l'Esprit (v. 22) évoquent divers passages bibliques. À l'instar de Dieu qui a insufflé son esprit de vie sur Adam (Gn 2,7; Sg 15,11), à l'instar de l'Esprit qui est descendu sur Jésus (Jn 1,33-34), le Christ ressuscité insuffle la puissance de l'Esprit sur les apôtres (Jn 14,26), puissance de salut que les disciples manifesteront désormais en communion avec Jésus (Jn 15,26-27; 17,17.19). Le Seigneur Jésus les crée donc à nouveau et leur confie la responsabilité de rendre Dieu présent dans le monde. À l'écoute de leur témoignage, les hommes croiront ou se scandaliseront. Comme Dieu, puis comme son envoyé Jésus, les apôtres peuvent remettre ou retenir les péchés (v. 23) par le baptême auquel conduit la prédication. L'Esprit les relie tellement étroitement à Dieu, que lorsqu'ils pardonnent aux hommes ou maintiennent leurs péchés, c'est Dieu qui, par eux,  absout et retient les péchés.

    L'apparition de Jésus à Thomas (20,24-29) 

         Thomas, l'un des Douze, est absent  lors de la venue de Jésus. Il est sur la pente de l'incrédulité. Il refuse de croire à la résurrection de Jésus sur la parole des autres disciples. Il veut vérifier par lui-même. Il veut comme eux expérimenter la présence du Ressuscité, d'un « voir » qui devienne un toucher sensible. Il exige des preuves palpables pour confesser sa foi en Jésus ressuscité (vv. 24-25). Le dimanche suivant, (la répétition de cette journée valide la pratique cultuelle des chrétiens le  premier jour de la semaine), Jésus apparaît une deuxième fois à ses disciples qui sont à nouveau réunis dans la maison. Cette fois-ci, Thomas est présent. Le v. 26 décrit cette seconde venue de Jésus dans les mêmes termes que la première (v. 26). Au v. 27, Jésus accorde à Thomas l'expérience sensible qu'il exigeait et lui adresse une invitation à croire. Or, sans qu'il soit dit que Thomas ait touché les plaies, Thomas croit maintenant parce qu'il a vu Jésus vivant, qu'il l'a entendu et qu'il a reçu de lui la leçon dont il avait besoin par le biais de sa parole Cesse d'être incrédule et deviens un homme de foi (v. 27b). Ici, l'incroyance de Thomas est fortement soulignée, puisqu'elle s'exprime quasiment dans les mêmes termes qu'en 4,48 : Si vous ne voyez signes et prodiges, vous ne croirez donc jamais. La foi retrouvée de Thomas l'incroyant va au-delà de celle des disciples. Il confesse que Jésus ressuscité est pour lui Seigneur et Dieu (v. 28). Parmi tous les titres de Jésus qui se sont déclinés entre le premier chapitre Et le Verbe était Dieu (1,1) et celui-ci, nous arrivons à un sommet que les définitions dogmatiques ultérieures ne dépasseront pas. À la déclaration de Thomas, Jésus lui dit :  Parce que tu m'as vu, tu as cru; bienheureux ceux qui croient sans avoir vu! (v. 29). Cette béatitude constitue une conclusion de tout l'évangile et une reprise d'un thème majeur du judaïsme : entre le voir et le croire, le spectacle et l'écoute, la monstration et la parole, c'est le second terme qui constitue la condition normale et idéale du croyant. Par ces paroles, Jésus proclame heureux les croyants, non seulement ceux du 1er siècle, mais aussi ceux des âges à venir, qui doivent croire à travers le témoignage de l'Église qui transmet la tradition des premiers disciples. Telle est la leçon que donne le Ressuscité sur la « tradition » dans laquelle nous naissons à la foi, leçon aussi sur l'impossibilité de demander des démonstrations personnelles pour croire.

    L'épilogue (20, 30-31)

         Dans la conclusion de son évangile, Jean donne deux précisions importantes. Il reconnaît avoir volontairement fait une sélection dans les faits concernant Jésus et il souligne la richesse inépuisable de son sujet (v. 30). L'incrédulité de Thomas lui permet de réaliser divers objectifs. D'abord, celui d'instruire les chrétiens de sa communauté en leur révélant le sens profond des faits et des enseignemnents de Jésus. Puis, celui de conforter ses disciples qui sont aux prises avec les objections des Juifs, que Jésus est vraiment le Messie promis par les Écritures et Fils de Dieu, afin qu'en demeurant dans la foi, ils aient la vie éternelle (v. 31).

    Que retenir? 

         Dans le récit de l'apparition à Thomas, ce compagnon de Jésus symbolise tous les disciples qui ont hésité avant de croire à la résurrection de Jésus (Mt 28,17; Mc 16,11-14; Lc 24,11). À l'instar des destinataires de l'évangéliste à la fin du 1er siècle qui n'ont pas « vu » le Ressuscité, les lecteurs d'aujourd'hui doivent lire ce texte comme un récit qui leur est adressé, car eux aussi ne verront pas le Ressuscité à la différence des disciples privilégiés. 

         En ce XXIe siècle, est-il possible de croire, puisqu'on ne peut plus voir? Sur quoi la foi peut-elle s'appuyer? Pour nous, les lecteurs qui vivons dans le temps de l'absence physique du Christ, le livre est là, disponible pour que, de la rencontre entre nous et le livre, naisse la Vie par la foi en Jésus, Messie et Fils de Dieu. Néanmoins, en tant que destinataires de l'évangile, nous devons accepter par avance les lectures de demain et d'après-demain qui peut-être condamneront ce qui a été dit ici, mais qui confirmeront en tout cas que nous sommes devant un texte toujours ouvert, qui nous offre sans cesse de nouvelles perspectives. 

    Béatrice Bérubé, bibliste

     Source : Le Feuillet biblique, no 2529. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    source http://www.interbible.org

    --------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique