• Le suicide du roi Saül
    (1 Samuel 31, 1-6 et 2 Samuel 1, 1-16)

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    La mort de Saül
    Gustave Doré

    Saül est le premier roi choisi par Dieu pour son peuple. À cette époque, les Hébreux étaient presque constamment en guerre avec les Philistins. C’est dans l’une de ces batailles que Saül trouva la mort. Ce décès est raconté dans deux passages distincts de la Bible et les deux versions sont aussi insolites l’une que l’autre. La première se trouve à la fin du premier livre de Samuel :

    Or, les Philistins combattaient contre Israël. Les hommes d’Israël s’enfuirent devant les Philistins et tombèrent, frappés à mort, sur le mont Guilboa. Les Philistins se mirent à talonner Saül et ses fils. Ils abattirent Jonathan, Avinadav et Malki-Shoua, les fils de Saül. Le poids du combat se porta vers Saül. Les tireurs d’arc le découvrirent. À la vue des tireurs, il eut un frisson d’épouvante. Saül dit à son écuyer :

    « Dégaine ton épée et transperce-moi, de peur que ces incirconcis ne viennent me transpercer et ne se jouent de moi. » Mais son écuyer refusa, car il avait très peur. Alors Saül prit l’épée et se jeta sur elle.

    Son écuyer, voyant que Saül était mort, se jeta lui aussi sur son épée et mourut avec lui. Saül, ses trois fils, son écuyer, ainsi que tous ses hommes, moururent ensemble ce jour-là. (1 Samuel 31,1-6)

         Dans cette première version, Saül sait qu’il va mourir, mais il ne veut pas être tué par un ennemi. Alors, il se suicide. Son écuyer s’enlève aussi la vie, après avoir refusé de transpercer le roi. Les Philistins qui trouvent le corps de Saül, lui coupent la tête et l’expédient partout dans le pays pour annoncer la mort du roi. Enfin, ils attachent son corps au rempart de l’une de leurs villes.

         Le suicide de Saül n’est pas décrit de façon négative. Ce geste a comme but de ne pas tomber vivant aux mains des ennemis ou de ne pas être tué par un ennemi. La Bible mentionne les cas de quatre autres personnes qui se sont suicidées : Abimelech (Juges 9,54), Achitophel (2 Samuel 17,23), Zimri (1 Rois 16,18) et Judas, le disciple de Jésus (Matthieu 27,5).

    Une seconde tradition de la mort de Saül

    Le troisième jour, un homme arriva du camp, d’auprès de Saül. Il avait les vêtements déchirés et la tête couverte de terre. Or, en arrivant auprès de David, il se jeta face contre terre et se prosterna.
    David lui dit : « D’où viens-tu? » Il lui dit : « Je me suis échappé du camp d’Israël. »
    David lui dit : « Comment la chose s’est-elle passée? Raconte-moi. » Il dit : « Le peuple a été mis en déroute; et puis, il est tombé beaucoup de morts dans le peuple; et puis, Saül et son fils Jonathan sont morts. »
    David dit à son jeune informateur : « Comment sais-tu que Saül est mort, ainsi que son fils Jonathan? » Le jeune homme lui dit : « Je me trouvais par hasard sur le mont Guilboa. Il y avait Saül, appuyé sur sa lance, et il y avait les chars et les cavaliers qui le serraient de près.
    Il s’est retourné et il m’a vu. Il m’a appelé et j’ai dit : “Présent!” Il m’a dit : “Qui es-tu?” Et je lui ai dit : “Je suis un Amalécite.” Il m’a dit : “Reste près de moi, veux-tu, et donne-moi la mort, car je suis pris d’un malaise, bien que j’aie encore tout mon souffle.”
    Je suis donc resté près de lui et je lui ai donné la mort, car je savais qu’il ne survivrait pas à sa chute. J’ai pris le diadème qu’il avait sur la tête et le bracelet qu’il avait au bras. Je les ai apportés ici à mon seigneur. »
    David saisit ses vêtements et les déchira. Tous ses compagnons firent de même. Ils célébrèrent le deuil, pleurèrent et jeûnèrent jusqu’au soir pour Saül, pour son fils Jonathan, pour le peuple du Seigneur et pour la maison d’Israël, qui étaient tombés par l’épée.
    David dit au jeune informateur : « D’où es-tu? » Il dit : « Je suis le fils d’un émigré amalécite. » David lui dit : « Comment! Tu n’as pas craint d’étendre la main pour tuer le messie du Seigneur? » David appela un des garçons et dit : « Avance et frappe-le. » Il l’abattit.
    David lui dit : « Que ton sang soit sur ta tête, car tu as déposé contre toi-même en disant : C’est moi qui ai donné la mort au messie du Seigneur. » (2 Samuel 1, 2-16)

         La bataille est la même que dans le premier texte, mais plusieurs éléments sont radicalement différents. En particulier, Saül ne se suicide pas de sa propre main. Il ne veut pas mourir ou être capturé par l’ennemi philistin, il préfère être tué par un Amalécite.

         La réaction de David à la nouvelle de ces décès est double. D’abord, il accomplit les gestes du deuil : pleurer, jeûner, déchirer ses vêtements, pour souligner la mort du roi et de son ami Jonathan. Ensuite, il fait exécuter cet Amalécite qui a tué Saül. On comprend le deuil, mais l’exécution nous semble terrible. Le pauvre garçon n’a fait que répondre au désir du roi. Pourtant, son attitude contraste bien avec celle de l’écuyer dans le premier récit de la mort de Saül. Celui-ci craignait de tuer le roi. David tue l’Amalécite parce qu’il n’a pas craint de tuer le messie [1] du Seigneur.

         Ce texte montre que David, bien qu’en compétition avec Saül, gardait un profond respect pour le roi. N’avait-il pas été choisi par le Seigneur pour régner sur son peuple?
    Rien ne permet de dire laquelle des deux traditions est la plus authentique. La Bible transmet donc deux histoires assez singulières sur la mort de Saül.

    Réflexions  

         En même temps qu’elle proclame que la vie est sacrée, la Bible raconte cette histoire du suicide du roi Saül. C’est bien la preuve qu’elle est loin d’être un livre édulcoré, dans lequel tout est beau, dans le meilleur des mondes. La violence fait partie des récits bibliques parce qu’elle fait partie des réactions humaines.

         Ce passage n’indique pas que le suicide est jugé comme une faute. D’ailleurs, la Bible n’offre pas de directives claires sur la question du suicide en général. Pourtant dans notre réflexion, nous pouvons être attentifs au fait que plusieurs textes bibliques, dont le début de la Genèse, affirment que la vie est un don de Dieu. Plusieurs personnes font référence au commandement « Tu ne tueras pas », pour l’appliquer au suicide.

         Traditionnellement, l’Église catholique enseigne que le suicide est un péché. Pourtant, aujourd’hui elle est consciente que ce geste est commis par des personnes en état de détresse, qui n’ont pas nécessairement « la pleine volonté de commettre le mal », comme l’exige l’une des conditions du péché grave.

    [1] Le titre de messie est appliqué au roi comme au représentant de Dieu sur terre.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

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  • L'Évangile selon saint Marc (3/6)

    Qui est cet homme?

    Comme les autres évangélistes, l’auteur de Marc témoigne de sa foi, de celle de sa communauté d’appartenance ou destinataire et de sa vision théologique. Ainsi chaque génération chrétienne peut partager une foi commune dans le Christ Jésus, en solidarité avec les premiers témoins, au-delà du temps et de l’espace. Dès lors, nous pouvons jeter un regard sur le portrait de Jésus que Marc a légué aux générations chrétiennes.

     

         Dès le premier verset, l’évangéliste annonce sa couleur dominante : Commencement de la Bonne nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu (1, 1). Ce commencement, c’est d’abord le titre qui introduit le recueil évangélique ; mais c’est aussi le début de l’œuvre du salut que Jésus a réalisé et que l’évangéliste se propose d’exposer. D’entrée de jeu, nous sommes en présence d’une Bonne Nouvelle, d’un Évangile, qui est une œuvre littéraire mais surtout une personne. Tout au long du récit, il faudra garder les yeux fixés sur l’homme Jésus. Mais le regard ne devra toutefois jamais se détourner de son mystère : il est Christ ou Messie, et Fils de Dieu. C’est à cette recherche que Marc convie ses lecteurs et lectrices.

     

         À la différence des autres évangiles, celui de Marc se présente en format compact. Sa brièveté notamment donne au récit une allure nerveuse, reflétée par les nombreux «aussitôt» qui scandent le récit. Par exemple, les nombreux déplacements effectués par Jésus lors de la journée inaugurale de son ministère (1, 1-34) suivent un rythme accéléré qui traduit bien l’urgence de proclamer le royaume de Dieu et de le rendre proche des humains. On remarque aussi l’empressement des disciples à répondre aux appels de Jésus.

     

         La simplicité de Marc contraste avec le style majestueux de Matthieu qui présente le Seigneur Jésus enseignant son Église, ou avec l’élégance de Luc qui reflète la beauté et la grandeur de la miséricorde divine. Le dépouillement de Marc nous fait plutôt approcher le mystère de Jésus qui se révèle toujours en clair-obscur, obligeant les hommes à un effort soutenu de discernement. En effet, toute la première partie de l’évangile (1, 14-8, 30) est traversée par la question de l’identité de Jésus : Qui est cet homme ? Celle-ci suscite l’étonnement, la stupéfaction, dans certains cas l’hostilité. Jésus ne laisse personne indifférent. Les foules sont d’abord frappées par l’autorité de son enseignement qui émane autant de ses actes que de ses paroles : elles n’ont jamais rien vu de pareil (1, 27 ; 2, 12). En revanche, les scribes et les docteurs de la Loi confrontent Jésus au sujet du jeûne (2, 18-22), du sabbat (2, 23-28), des traditions des pharisiens (7, 1-23), du mariage et du divorce (10, 1-12). Par sa manière de distinguer révélation divine et tradition humaine, Jésus ne fait qu’accroître l’hostilité des autorités religieuses qui ne voient en lui qu’un blasphémateur, voire un possédé (3, 22-30).

     

         Marc trace un portrait austère et mystérieux de Jésus. Il évoque avec sobriété sa tendresse et ses émotions, sa joie et sa peine devant les diverses situations des personnes rencontrées sur sa route, son affection et son attachement pour ses disciples (1, 40-44 ; voir aussi 10, 46-52). Jésus est un homme oui, mais investi d’une autorité surnaturelle qu’il détient de sa relation filiale avec Dieu.

     

         En effet, Jésus est Fils de Dieu, comme l’annonce le premier verset de l’évangile. Lors du baptême et de la transfiguration, la parole du Père déclare qui est Jésus: le Fils bien-aimé. Cette relation unique avec le Père lui confère une autorité divine, notamment lorsqu’il remet les péchés et se déclare maître du sabbat. Il exerce aussi un pouvoir souverain sur l'âme et le corps des personnes en les guérissant de leur maladie et en les libérant d’esprits mauvais, et sur la nature en maîtrisant les éléments déchaînés.

     

         Marc raconte donc le ministère évangélique, la mort et la résurrection de celui que l'Église reconnaît comme Fils de Dieu. Toute la vie du Christ atteste qu’il a reçu sa mission de Dieu. À travers la simplicité et le mystère dont il entoure Jésus, Marc veut susciter chez les croyants une recherche continuelle du Christ, le Fils de Dieu, en qui ils mettent leur foi.

     

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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  • L'Évangile selon saint Marc (2/6)

     

    Date, lieu et destinataires de l'évangile

    Plusieurs commentateurs retiennent deux événements importants po st marc ur dater la rédaction de l’évangile : les persécutions de Néron en 64 et la destruction de Jérusalem en 70. C’est en 64 que débutent les persécutions de Néron contre les chrétiens de Rome, dans le but de détourner sur eux les soupçons qui pesaient sur l’empereur après l’incendie de Rome. Pierre y aurait trouvé la mort. On peut déceler dans l’Évangile selon saint Marc des allusions à cette persécution. Sur la manière de suivre Jésus, il est seul à préciser que la persécution peut survenir à cause de l’Évangile, dont la prédication poursuit l’œuvre de Jésus : Appelant à lui la foule en même temps que ses disciples, il leur dit: «Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Évangile la sauvera. Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il ruine sa propre vie? Et que peut donner l'homme en échange de sa propre vie? Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges» (Mc 8, 34-38 ; voir aussi 4, 17 ; 10, 29 ; 13, 12).

         L’autre date, 70, est celle de la destruction du Temple de Jérusalem par les armées de Titus, mettant ainsi un terme à la révolte juive de 66-70. Dans le contexte de l’annonce de la ruine du Temple par Jésus (Mc 13), l’invitation : Que le lecteur comprenne (v. 14), pourrait être une allusion soit à l’évocation de la prophétie de Daniel, soit à la destruction du Temple. Il est donc possible que l’évangile ait été écrit après cet événement. Quoi qu’il en soit, la destruction du Temple a exercé une influence déterminante tant chez les Juifs que chez les premiers chrétiens. Ces derniers y ont peut-être discerné le « jugement » divin sur Israël qui avait refusé de croire en Jésus, signe de l’avènement final du règne de Dieu.

         On fixe généralement le lieu de rédaction à Rome, en raison de l’association de Marc à Pierre. Même si les destinataires ne sont pas mentionnés, comme c’est le cas dans les autres évangiles, plusieurs indices montrent que l’œuvre est adressée à des chrétiens de culture étrangère. Le rédacteur doit leur traduire des expressions araméennes, telles que Talitha Qoum (« Jeune fille, lève-toi », en 5, 41) ou Effata (« Ouvre-toi », en 7, 34). Il explique également des coutumes juives, comme la présence de l’ami de l’époux aux noces dans la controverse sur le jeûne (2, 19), les purifications rituelles avant les repas (7, 3-4), les préparatifs du repas pascal (14, 12) et la nécessité d’ensevelir le corps de Jésus avant le début du sabbat (15, 42). On remarque aussi la transcription littérale en grec de mots latins, comme centurion (kentyriôn : 15, 39), légion (legiôn : 5, 9.15), denier (dènarion : 6, 37 ; 12, 15 ; 14, 5), prétoire (praitôrion : 15, 16).

         Enfin, rappelons que l’évangile était destiné à être lu dans le cadre de l’assemblée liturgique de la communauté chrétienne. La lecture d’un extrait, appelé péricope, était suivie d’une explication aidant à mieux connaître la personne de Jésus Christ et à mieux comprendre les exigences de la vie de disciple dans un temps troublé. L’évangile devenait alors une source de réconfort, de persévérance et d’espérance.

         À la lumière de ces informations, on comprend mieux que les évangélistes ne prétendent pas saisir un instantané de la personne de Jésus, comme le ferait un photographe. Ils ne rédigent pas un reportage journalistique en rapportant les faits sur le vif. Ils n’écrivent pas non plus un récit biographique relatant dans les moindres détails les paroles et les actes de Jésus. Que font-ils alors ? Ils agissent plutôt comme le ferait un peintre. Une lecture en parallèle, ou synoptique, de Matthieu, Marc et Luc nous révèle que chacun d’eux, à partir d’un fonds commun et de matériaux propres, utilise sa palette de couleurs pour nous faire entrer dans le mystère de Jésus, reconnu Christ et Fils de Dieu, à la lumière de l'événement fondamental de sa mort et de sa résurrection.

     

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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  • L'Évangile selon saint Marc (1/6)


         
    Peut-on savoir qui est Marc?

    st-marc.jpg Somme-nous en mesure d’identifier l’auteur du deuxième évangile ? Bien que son nom apparaisse à quelques reprises dans le Nouveau Testament, est-ce que ce Marc a été un disciple de Jésus, et par le fait même un témoin oculaire ?

         Marc ne figure pas dans les listes d’apôtres. Un détail propre au récit de la passion selon Marc a conduit certains commentateurs à reconnaître l'évangéliste dans le personnage du jeune homme anonyme qui, ayant suivi Jésus lors de son arrestation, s'enfuit tout nu lorsque des soldats l'agrippent par son manteau pour l'arrêter (14, 50-52). Comme le « disciple bien-aimé » dans l'Évangile selon saint Jean, ce personnage évoquerait peut-être le disciple qui suit son Maître jusqu'au bout. C’est le choix de la Traduction œcuménique de la Bible.

         Les Actes des apôtres mentionne la présence d'un disciple du nom de Marc. C'était probablement dans la maison de sa mère que se rassemblaient les chrétiens de Jérusalem et c’est là que Pierre vint les retrouver après sa libération miraculeuse de prison : Et s'étant reconnu, il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où une assemblée assez nombreuse s'était réunie et priait (Actes 12, 12).

         Ce Jean, surnommé Marc, accompagnera Paul et Barnabé lors de leur premier voyage missionnaire. Mais il les abandonnera en Pamphylie pour retourner à Jérusalem (Actes 13, 5-13). Ce départ déplut à Paul et lorsque celui-ci proposa à Barnabé de retourner visiter les communautés qu’ils avaient fondées, il n’obtempéra pas à la suggestion de Barnabé de reprendre Marc, car il n’avait pas travaillé avec eux. C’est ainsi qu’ils se séparèrent ; Barnabé reprit Marc et Paul partit avec Silas (Actes 15, 36-40).

         Le nom de Marc apparaît à la fin de la Lettre aux Colossiens et dans la Première lettre de Pierre. Dans les deux cas, il fait partie de l’entourage des auteurs de ces lettres : Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des instructions : s'il vient chez vous, faites-lui bon accueil (Colossiens 4, 10) ; Celle qui est à Babylone, élue comme vous, vous salue, ainsi que Marc, mon fils (1 Pierre 5, 13).

         On peut difficilement affirmer que ce personnage de Marc soit hors de tout doute l’auteur de l’évangile. Cependant, à partir du 2e siècle, la tradition chrétienne est unanime pour attribuer le deuxième évangile à Marc. Saint Irénée et Clément d‘Alexandrie affirment que Marc est l’interprète ou le secrétaire de Pierre dont il aurait mis par écrit les mémoires. Justin, un philosophe chrétien qui a vécu à Rome au 2e siècle, ne cite pas Marc dans ses œuvres, mais il parle des « Mémoires de Pierre ». Le lien le plus explicite sera fait par Papias (vers 110), évêque d’Hiérapolis en Phrygie, dont le témoignage est rapporté par Eusèbe de Césarée (263-339) au 4e siècle :

        « C’est bien ce que le presbytre avait coutume de dire : Marc, ayant été l’interprète de Pierre, écrivit avec soin, quoique sans ordre, tout ce dont il se souvenait des dits et des faits du Seigneur. Car ce n’est pas le Seigneur qu’il avait lui-même entendu et suivi, mais Pierre, et cela bien plus tard seulement, comme je l’ai dit. Celui-ci donnait son enseignement selon les besoins, sans établir de suite ordonnée, dans les sentences du Seigneur. Ainsi, Marc ne commit-il pas d’erreur en écrivant d’après ses souvenirs. Il n’avait qu’une préoccupation : ne rien omettre de ce qu’il avait entendu et ne rien apporter de faux. » (Histoire ecclésiastique, Livre III, 39, 15-16).

         Ces divers témoignages révèlent que la tradition chrétienne attribue assez tôt à Marc la composition d’un évangile, sans pourtant en faire un disciple de Jésus, mais en le rattachant à Pierre. Ce lien permet d’assurer l’authenticité de l’œuvre.

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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  • Parole d'Évangile ?

     

    loupeQuestionPendant les dernières années, la publication de romans et de supposées découvertes archéologiques ont renouvelé l’intérêt du public vis-à-vis des écrits du Nouveau Testament. En quoi ces textes et ces artefacts anciens disent-ils vrai? (Anonyme)

    RéponseC'est presque devenu une chose courante aujourd’hui de remettre en question la crédibilité des textes des évangiles en affirmant que ce ne sont pas des textes historiques. Alors, beaucoup de personnes n’osent plus mettre leur confiance en des textes qui ont pourtant été une source de vie pour les chrétiens depuis vingt siècles.

     

         Il faut être honnête et reconnaître que nous ne connaissons pas tous les détails liés à la rédaction des quatre évangiles. Nous admettons généralement que Jésus a vécu durant les années – 6 avant notre ère jusqu’au 14 nizan (avril) de l’an 30. Les chercheurs ne trouvent pas sur le terrain de traces précises de la présence de Jésus parmi nous. Cette situation est normale puisque sa mission s’est déroulée dans le cadre géographique restreint de la Galilée. Jésus, selon les sources, n’était pas le fils d’une grande famille. Ses parents étaient des gens ordinaires, pour ne pas dire des inconnus. Il doit sa réputation au fait qu’il a été un prédicateur itinérant qui a séduit les gens par des propos neufs sur la relation entre Dieu et les hommes. Ses paroles proposaient aussi un renouveau dans la conduite des relations interpersonnelles au nom même de la relation que Dieu entretient avec l’humanité.

     

         Cette prédication a marqué des hommes et des femmes au point que la foule s’est intéressée de plus en plus aux propos de cet inconnu. Les autorités juives se posent cette question : d’où est-il? La réponse est simple : sa mère est connue parmi nous de même que sa famille proche. Il n’est pas apparenté à une famille sacerdotale. Plus encore, il n’a pas fréquenté les grandes écoles rabbiniques. L’attention qu’il porte envers des malades et des possédés devient la marque de commerce de sa présence parmi les plus petits. 

     

         Cette popularité va cependant le plonger au cœur d’une controverse. Les autorités juives se posent cette question : doit-on lui permettre de continuer à exercer son ministère au risque de se mettre à dos les Romains qui occupent tout le territoire d’Israël? Ils préfèrent le livrer à Pilate. Ce dernier, après avoir entendu les propos de Jésus de même que ceux du Grand Prêtre et du Sanhédrin, croit bon  de le condamner à mort. L’histoire aurait pu se terminer sur cet événement tragique. 

     

         Trois jours après sa mort, des témoins affirment avoir découvert son tombeau vide. Jésus s’est alors fait reconnaître vivant par ses disciples. Cette bonne nouvelle s’est répandue dans le cercle des proches : Jésus est ressuscité. C’est à partir de ce moment que son histoire devient une « histoire sainte » et qu’on va se souvenir des paroles qu’il a prononcées et des actes prophétiques qu’il a posés. Ce matériel a été réuni de manière à donner naissance aux évangiles.

    Une bonne nouvelle

         Le mot évangile est un mot grec et il signifie « bonne nouvelle ». Il faut savoir qu’à cette époque le mot évangile ne désignait pas un livre qui racontait la vie d’un individu. Ce mot signifiait plutôt « la proclamation d’une grande victoire militaire, la naissance d’un empereur ou son accession au trône ». Il s’agissait de proclamer une « grande nouvelle » qui était bonne pour le peuple.

     

         Saint Paul emploie le mot évangile dans les années 50 lorsqu’il rédige ses lettres. On peut lire en 1 Corinthiens 15, 1 : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé… »  Paul, par ce mot, évoque alors « tout ce que Dieu a fait en Jésus ». Pour saint Paul, cette Bonne Nouvelle se trouve dans le mystère de la mort-résurrection de Jésus. C’est pour proclamer cet Évangile que Paul s’est mis en route. Le passage de la mort à la vie devient pour lui comme pour les autres témoins une Bonne Nouvelle qui indique la route du salut.

     

         Les spécialistes des Écritures signalent que c’est seulement à partir du 2e siècle « que les chrétiens désignent sous le mot évangile des écrits qui relatent la « vie » de Jésus, sans doute parce qu’ils les reconnaissaient différents des vies des prophètes, des philosophes ou autres grands personnages connus de leur temps. Ils savaient que, nés de la foi, ces récits appellent une réponse de foi. Car, bien qu’ils en aient l’allure, les évangiles ne sont pas des récits biographiques au sens strict du terme, mais des témoignages de foi qui appellent une réponse de foi. Si les évangélistes « racontent l’Évangile », c’est en effet pour susciter et faire grandir la foi et donc conduire au salut. »

    Les quatre évangiles

         Le texte de Marc est considéré comme le plus ancien. Il aurait été rédigé à Rome entre les années 65 et 70 pour une communauté de citadins éloignée de la culture juive. Cette communauté chrétienne était menacée par les persécutions. C’est le plus court des évangiles.

     

         L’Évangile selon Matthieu a probablement été rédigé au début des années 80. Cet évangile a été celui qui au cours des siècles a le plus servi à l’enseignement de l’Église. Raymond Brown explique que cela est dû au talent d’organisateur de l’évangéliste de même qu’à la clarté de son style. Il rapporte les grands discours de Jésus, dont le discours sur la montagne qui a marqué la prédication chrétienne dès les premiers siècles. Cet évangile a probablement été rédigé dans la région d’Antioche. Il était destiné à des chrétiens venus du judaïsme qui connaissaient bien les Écritures. Cependant, ces nouveaux chrétiens sont en conflit avec ceux du judaïsme officiel. Matthieu est le seul à employer le mot Église.

     

         L’Évangile selon Luc s’adresse à des chrétiens qui viennent du monde païen. La tradition affirme que « ce médecin » aurait accompagné saint Paul durant quelques années. C’est le plus long des quatre évangiles. Cet auteur qui a un goût prononcé pour l’histoire – on peut le considérer comme le premier historien du christianisme – semble être un païen converti au christianisme. Il a écrit vers les années 85. Luc est aussi un théologien qui écrit pour conforter la foi des chrétiens, en particulier celle de son ami Théophile, comme il l’indique dans le prologue de son évangile.

     

         Pour sa part, l’évangile de Jean, le dernier de la liste, a été écrit au début des années 90 à Éphèse ou en Syrie. Cet évangile est complexe. Jean Marchadour explique que l’évangile de Jean s’adresse à toutes sortes de lecteurs, que ce soit des savants, des pauvres, des croyants ou des non-croyants. Dans son évangile, Jean présente « la foi qui s’épanouit dans l’amour ». On dit souvent que l’évangile de Jean est « l’évangile des signes ». Ce sont les signes que Jésus accomplit qui nous permettent d’entrer plus en avant dans le mystère de Jésus. Selon Raymond Brown, la théologie que nous trouvons dans cet évangile s’exprime ainsi : « Jésus est le fils de Dieu venu en ce monde apporter la vie même de Dieu, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle et soit donc déjà jugé. »

     

         Les évangiles ne sont pas les procès-verbaux des enseignements de Jésus, mais ces textes proviennent de personnes qui témoignent que cet enseignement a changé la vie de ceux et celles qui l’ont suivi. Pour les quatre évangélistes, la vie de Jésus est la source de la vraie vie.

    Jérôme Martineau

    Source www.interbible.org

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  • Un exhibitionniste dans l'Évangile

    balado Avez-vous déjà lu le récit de la passion de Jésus selon l’évangile de Marc? Si oui, avez-vous remarqué au passage un nu-vite (ou exhibitionniste)? Un homme qui part à courir tout nu pour ne pas se faire attraper des Romains. On va essayer de comprendre qui est-il, et pourquoi une anecdote aussi insolite se retrouve dans la Bible.

    Série « Récits insolites de la Bible » diffusée sur les ondes de Radio Ville-Marie (Montréal).
    Première diffusion le 3 mai 2011 • Réalisation et animation : Sébastien Doane • Lectrice invitée : Marie Laferrière • Technicien : Alain Primeau •  Extraits musicaux : Loreena Mckennit, Frühlingsrauchen, Sinding, Joseph Cooper; Sevillanas, Albeniz, Alicia de Larrocha.

    Sébastien Doane, bibliste, est l'auteur de Mais d'où vient la femme de Caïn? Les récits insolites de la Bible (Novalis/Médiaspaul, 2010) dont la série s'inspire.

     

    CLIQUEZ ICI  audioCapsule audio : 22 min.  (23 Mo)


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  • Pourquoi certains arbres sont toujours verts


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    Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez! (Marc 13: 37).

     

         Quand les plantes et les arbres furent créés, le Grand Mystère fit un don à chacun et chacune. Mais tout d'abord il fit un concours pour déterminer quel cadeau serait le plus utile à chacun et chacune.

         Il leur dit : « Je veux que vous restiez éveillés et que vous veilliez sur la terre pendant sept nuits ».

     

         Les jeunes arbres et les jeunes plantes furent si émerveillés qu'on leur confie une tâche aussi importante que la première nuit ils auraient trouvé bien difficile de ne pas rester éveillés. Mais la deuxième nuit ne fut pas aussi facile et juste avant l'aurore quelques-uns s'endormirent. La troisième nuit, les arbres et les plantes parlèrent tout bas entre eux dans le vent, tâchant de se garder éveillés, mais ce fut une tâche trop ardue pour certains d'entre eux. Il y en eut encore davantage qui s'endormirent la quatrième nuit.

     

         Quand arriva la septième nuit, les seuls arbres encore éveillés étaient le cèdre, le pin, l'épinette et le sapin.

         « Quelle endurance merveilleuse est la vôtre! » s'exclama le Grand mystère. « Vous aurez le don de rester verts pour toujours. Vous serez les gardiens de la forêt; même pendant la mort apparente de l'hiver, vos frères et sœurs vont trouver la vie protégée dans vos branches ». Et depuis lors, tous les autres arbres et toutes les autres plantes perdent leurs feuilles et dorment tout l'hiver, alors que les conifères restent éveillés (Histoire traditionnelle).

    *****

    LIEN: Cette histoire convient à l'Avent et à Noël. Elle établit un lien entre deux thèmes majeurs : rester éveillé au milieu de l'endormissement, être fécond en un temps de stérilité. Si vous ajoutez à cela les images de la lumière au milieu des ténèbres, de l'amour au milieu du rejet, vous avez les contrastes qui caractérisent Noël. Nous ne devenons pas aveugles à ce qui peut être négatif dans nos vies mais ce n'est pas cela qui a le dernier mot. À un moment ou l'autre notre santé peut être précaire, notre em-ploi stressant ou menacé, nos finances médiocres, nos relations en grand besoin d'être réparées, notre société éclatée. Mais nous ne nous abandonnons pas à ces forces. Nous ne leur concédons pas le dernier mot. Ce que nous sommes - avec l'amour de Dieu et la présence de Jésus - est encore plus grand que tout cela.

    « Restez éveillés et vos frères et sœurs vont trouver la vie protégée dans vos branches » (Commentaire de John Shea,

     

    The Legend of the Bells and Other Tales, ACTA, Chicago, 1996).

    Source www.interbible.org

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  • David et Jonathan : un couple gai dans la Bible?
      Samuel 19,1; 20,17 et 2 Samuel 1,26)

    David-et-Jonathan.jpg

    David et Jonathan
    Rembrandt van Rijn, 1642
    Huile sur toile, 417 x 500 cm
    Musée de l'Ermitage, Saint-Petersbourg (Russie)

    Saviez vous que certains lecteurs de la Bible voient en David et Jonathan un couple gai! Qu’en est-il? Cette histoire est rapportée dans les deux livres de Samuel. Il est à noter qu’elle se situe après le mariage de David et Mikal. Jonathan est le fils du roi Saül. Il entre en contact avec David après son combat avec le géant Goliath, une autre page insolite de la Bible. David est le plus jeune fils de Jessé. La Bible dit qu’il possédait « de beaux yeux et bonne apparence » (1 S 26,12). Encore jeune, il est amené à la cour et il est élevé auprès de Saül. Jonathan, le fils aîné de Saül, tombe sous le charme de David, dès leur première rencontre :

    Or, dès que David eut fini de parler à Saül, Jonathan s’attacha à David et l’aima comme lui-même. Ce jour-là, Saül retint David et ne le laissa pas retourner chez son père. Alors, Jonathan fit alliance avec David, parce qu’il l’aimait comme lui-même. Jonathan se dépouilla du manteau qu’il portait et le donna à David, ainsi que ses habits, et jusqu’à son épée, son arc et son ceinturon. (1 S 18,1-4)

         La popularité de David finit par provoquer la colère et la jalousie de Saül qui essaiera de le tuer à plusieurs reprises. Mis au courant de l’une de ces tentatives, Jonathan avertit David et lui recommande de se cacher, parce que « Jonathan, fils de Saül, aimait beaucoup David. » (1 S 19,1) David est forcé de fuir devant Saül pour protéger sa vie. Un moment, lorsqu’ils se retrouvent seuls, David dit à Jonathan : « Ton père sait très bien que je suis en faveur auprès de toi. » (1 S 20,3) Alors, Jonathan lui dit : « Ce que tu désires, je le ferai pour toi. » (1 S 20,4) Ils développent ensemble un plan et « Jonathan fit encore prêter serment à David, dans son amitié pour lui, car il l’aimait comme lui-même. » (1 S 20,17)

     

         David accepte de se cacher jusqu’à ce que Jonathan puisse affronter son père et s’assurer que son ami pourra revenir au palais en toute sécurité. Au cours d’un repas, alors que Jonathan prenait le parti de David, Saül laissa éclater sa fureur : « Fils d’une dévoyée! Je sais bien que tu prends parti pour le fils de Jessé [David], à ta honte et à la honte du sexe de ta mère! » (1 S 20,30)

     

         Jonathan en est si peiné qu’il en perd l’appétit. Le lendemain, il va trouver David dans sa cachette pour lui faire part de la situation. Il est clair que Saül veut tuer David, il vaut mieux qu’il quitte la cour du roi.

     

         David se leva du côté du midi. Il se jeta face contre terre, et se prosterna trois fois. Puis ils s’embrassèrent et pleurèrent ensemble jusqu’à ce que David eût pris le dessus. Jonathan dit à David : « Va tranquille, puisque nous avons l’un et l’autre prêté ce serment au nom du Seigneur : que le Seigneur soit entre toi et moi, entre ta descendance et ma descendance, à jamais! » (1 S 20,41-42)

     

         David quitte donc la région, tandis que Jonathan rentre chez son père. Saül continue de pourchasser David, mais celui-ci lui échappe constamment. Finalement, Saül se tue pour échapper à la main des Philistins et ses trois fils sont aussi tués dans la même bataille à Guilboa. Quand il apprend la mort de Jonathan, David pleure et laisse monter une complainte : « Que de peine j’ai pour toi, Jonathan, mon frère! Je t’aimais tant! Ton amitié était pour moi une merveille plus belle que l’amour des femmes. » (2 S 1,26)

     

         Avec cette histoire, on peut comprendre comment elle peut inspirer les chrétiens homosexuels. Les livres de Samuel racontent bien que David et Jonathan s’aimaient, mais peut-on parler d’une relation homosexuelle? Regardons deux opinions contraires.
    Pour le professeur suisse Thomas Römer, l’homosexualité de cour est attestée dans la Bible [1]. Elle correspond à un fait de civilisation dans les cours royales de l’époque. Il signale par exemple que, dans le récit de l’introduction de David à la cour de Saül, certaines expressions sont celles de l’introduction de la fiancée chez le mari. Il souligne aussi que, dans les pleurs de David sur la mort de Jonathan, le mot utilisé pour dire son amour est bien le même que celui qui est utilisé dans le Cantique des cantiques pour décrire la relation entre un amant et son amante. Römer repère dans le récit de la relation entre David et Jonathan des termes et des métaphores de l’érotisme.

     

         Pour le pasteur Innocent Himbaza [2], coauteur du livre Clarification sur l’homosexualité dans la Bible [3], donner un sens homosexuel au passage qui concerne David et Jonathan est faire violence au texte. Selon lui, rien ne permet de conclure à une relation érotique, pas même le fait que Jonathan embrasse David.

     

         Nous restons donc avec notre question et nous pouvons tout au plus conclure que le récit biblique présente simplement deux jeunes hommes qui s’aiment et partagent une cause commune.

     

         La question des relations homosexuelles reste encore taboue dans plusieurs milieux religieux. Quelques passages de la Bible condamnent l’homosexualité. Mais une interprétation littérale de ces textes s’avère impossible puisqu’ils recommandent de mettre à mort tous ceux qui pratiquent l’homosexualité [4]. Pour nous, lecteurs et lectrices de la Bible aujourd’hui, il faut nous demander comment comprendre la question et comment interpréter ces textes. Premièrement, notre interprétation doit prendre en compte les connaissances actuelles sur l’homosexualité. Elle n’est plus vue comme un désordre ou un choix, mais bien comme un état de fait, une donnée de la réalité psychosexuelle. Deuxièmement, notre interprétation doit aussi prendre en compte les principes d’amour et d’inclusion énoncés par Jésus, le Christ.

    [1] Professeur d’Ancien Testament à Lausanne, en Suisse, coauteur de L’homosexualité dans le Proche-Orient ancien et la Bible, Genève, Labor et Fides, Essais bibliques 37, 2005.

    [2] Innocent Himbaza, né au Rwanda, est pasteur et exégète de l’Église évangélique réformée en Suisse.

    [3] Jean-Baptiste Edart, Innocent Himbaza et Adrian Schenker. Clarifications sur l’homosexualité dans la Bible, Paris, Le Cerf, 2007.

    [4] Encore aujourd’hui, plus de 80 pays, situés principalement en Afrique et au Moyen-Orient, condamnent les homosexuels à des peines plus ou moins importantes, allant jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité ou à la peine de mort.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

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  • La construction d’un troisième temple à Jérusalem

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    Le Dôme du rocher à Jérusalem (photo : Wikimedia)

    QuestionJe voudrais savoir si le « Dôme du rocher » est à l’emplacement exact du premier temple juif. Si tel est le cas, devra-t-il être détruit pour que le troisième temple puisse être (re)construit? (Myrline)

    RéponseCe sont là deux questions assez simples, bien que la seconde soit un peu plus délicate.

    L’emplacement des temples

         L’emplacement du premier et du second temples de Jérusalem n’a jamais été réellement discuté. La ville de Jérusalem est construite sur deux éperons rocheux formés par les torrents du Cédron et du Tyropéon. Plus tard, on a comblé la vallée du Tyropéon (c’est plus ou moins le tracée du souk à partir de la porte de Damas actuelle). Le point le plus élevé à 800 mètres d’altitude, appelé le mont Ophel, est l’endroit où le temple de Salomon a été construit autour de 970 / 960 avant notre ère, bien qu’il y eut plusieurs restaurations et changements jusqu’à sa destruction par les Babyloniens en 587. C’est à ce même endroit que l’on construisit le second temple en 515 après le retour d’exil à Babylone. C’est ce temple qui sera restauré et agrandi par Hérode le Grand au Ier siècle avant notre ère puis détruit par l’armée romaine de Titus en 70 de notre ère, pour n’être plus jamais reconstruit. C’est ce temple qu’a connu Jésus. Le « mur des lamentations » actuel est une partie du mur de soutènement de l’esplanade. Sur l’immense esplanade, les musulmans ont construit en l’an 691 les deux mosquées actuelles, la mosquée al-Aqsa et le dôme du rocher avec sa coupole dorée, improprement appelé la mosquée d’Omar, situé juste au-dessus du sommet de l’Ophel, là où, selon une tradition musulmane, Mahomet serait monté au ciel.

         La tradition postérieure a rattaché deux événements à l’emplacement du temple. D’abord l’épisode appelé le « sacrifice d’Isaac » raconté en Gn 22. Selon 2 Ch 3,1 le mont Moriyya serait le même que l’Ophel. Également, l’épisode du recensement de David raconté en 2 S 24 // 1 Ch 21, sur l’aire d’Arauna, là où l’ange aurait cessé de frapper serait au même endroit.

    Un troisième temple?

         Un éventuel troisième temple serait vraisemblablement construit au même endroit. Mais il faut ajouter deux choses importantes. À ce que je sache, les partisans de la construction d’un troisième temple ne semblent représenter qu’une infime portion, voire très marginale, du judaïsme actuel. Il est très difficile d’imaginer au XXIe siècle la reprise du culte sacrificiel, abandonné au Ier siècle de notre ère et qui ne semble pas particulièrement manquer aux juifs. La deuxième chose importante, c’est que Jérusalem est le troisième lieu saint de l’islam. La construction éventuelle d’un troisième temple supposerait la destruction de deux mosquées magnifiques et très anciennes, sans parler de la réaction que cela provoquerait dans le monde musulman. Somme toute, on peut se demander quel avantage aurait la construction d’un troisième temple pour le judaïsme actuel qui, avec le culte synagogal, semble très bien s’en passer depuis des siècles.

    Hervé Tremblay

    Source www.interbible.org

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  •  

    L'essentiel, c'est de danser

     

    Jésus parlait à ses disciples de sa venue; il disait cette parabole: Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens (Matthieu 25, 14).


    Un grand chef de vi François violon llage avait trois garçons. Chacun possédait un talent particulier. L'aîné cultivait une oliveraie et l'huile de ses olives était recherchée par les grands chefs cuisiniers. Le deuxième élevait des brebis et la laine de ses moutons était vendue aux plus grands tisserands du pays. Enfin, le cadet était un danseur magnifique. Son art enthousiasmait les foules.

     

         Un jour, le chef partit pour un long voyage. Pendant son absence, le pays connut un hiver rigoureux à tel point que les vivres vinrent à manquer. Par humanité, le fils aîné du chef offrit le bois de ses oliviers pour que les gens puissent se chauffer et le deuxième tua ses moutons pour qu'ils puissent se nourrir. Malgré ces douloureux sacrifices, les villageois quittèrent peu à peu le village à la recherche d'un climat plus doux.

         Quand le chef fut de retour, il félicita ses deux fils aînés pour avoir mis leurs richesses et leur talent au service de leur prochain.

     

         Le cadet s'approcha et dit à son père: «Il eût été inconvenant de danser pendant une telle catastrophe; qu'auraient dit les pauvres gens s'ils m'avaient vu danser alors qu'ils souffraient de faim et de froid? De plus, papa, je voulais garder mes forces pour célébrer votre retour.» Mais quand il se leva pour danser devant son père, il resta sans mouvement car ses muscles s'étaient ankylosés pendant le long hiver. Alors le père lui dit: «Ce sont des gens courageux qui habitaient notre village. Ils auraient pu survivre malgré le manque de nourriture et de chauffage mais non au manque d'espérance. C'était à toi, par ta danse, de relever leur courage et leur espérance; parce que tu n'as pas mis ton talent à leur service, te voilà bien puni. » (Bill Bausch, A World of Stories for Preachers and Teachers).

     

    LIEN : Le passage de l'Évangile d'aujourd'hui nous invite à faire l'inventairede nos talents ou capacités et à les mettre au service des autres sans rechercher notre propre avantage. Il n'y a pas d'excuse à ne pas le faire. Dans le Royaume de Dieu, il n'y a pas de discrimination car celui qui a le moindre talent est aussi louangé par le Maître que celui qui en possède de grands. Il ne s'agit plus d'une recherche de sa propre reconnaissance mais du service à rendre avec ce dont Dieu m'a gratifié. Le talent qu'on n'utilise pas au service des autres s'atrophie et disparaît

    Source www.interbible.org

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