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    Babylone acclame Cyrus   4/5

    Babylone, novembre 539 (av. J.C.) Le nouveau prophète dont je vous ai parlé depuis quelques semaines croyait que la fin de Babylone ressemblerait à celle de Jérusalem, en ceci que la ville serait vaincue et humiliée par les armées victorieuses. Eh bien! sur ce point, il s'est trompé. Non seulement la ville n'a pas été attaquée, mais sa population a littéralement accueilli le conquérant perse Cyrus en libérateur! Voici ce qui s'est passé.

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         Les provinces sont d'abord passées aux mains des Perses. Le gouverneur de celle d'Élam notamment, le général Gubaru, s'est même rangé aux côtés de Cyrus et a lui-même dirigé une partie des attaques. Terrifié, le roi de Babylone, Nabonide, est revenu précipitamment après tant d'anées et a essayé par tous les moyens de retourner la situation à son avantage. Il a tenté de se regagner l'estime et l'appui de la population en remettant à l'honneur le festival du Nouvel An, au printemps (festival qui avait dû être annulé depuis plusieurs années à cause, justement, de son absence). Ce fut peine perdue. Il a ensuite essayé, comble du désespoir, de mettre de son côté tous les dieux qu'il avait négligés : pour ce faire, il a fait prendre leurs statues dans les villes des environs et les a apportées ici, à Babylone, dans l'espoir que cela donnerait plus de protection à la capitale. Encore une fois, peine perdue : les habitants des villes qui s'étaient fait prendre leurs dieux étaient encore plus en colère, et les autres (dont les Israélites) se sont moqué de Nabonide. L'armée babylonienne a été écrasée à Opis, près du fleuve Tigre, et c'est sans combat qu'en octobre, le général Gubaru a pris le contrôle de Babylone, suivi quelques semaines plus tard par Cyrus lui-même qui a été accueilli triomphalement par la population. Nabonide, qui s'était enfui, a été rattrapé et fait prisonnier.

         Cyrus a été à la hauteur de la réputation que la propagande lui avait faite. Son armée a respecté la population, les villes n'ont pas été abîmées, et les statues que Nabonide avait volées aux temples des environs ont toutes été retournées à leur lieu d'origine. Et en fin politicien, Cyrus s'est présenté comme l'envoyé du grand dieu pour redonner à chaque dieu, justement, l'hommage qui lui était dû. Les prêtres de Mardouk jubilent et proclament à qui veut les entendre qu'ils avaient raison depuis le début. Quant au nouveau prophète d'Israël, il se contente de répéter calmement que tout cela est l'œuvre du Seigneur Yahvé et que le salut d'lsraël n'est pas loin...

    Pour en savoir plus  

         C'est au chapitre 47 du livre d'lsaïe qu'on peut lire comment le Second Isaïe imaginait, avant les événements, la chute et l'humiliation de Babylone. La Bible ne décrit pas l'entrée de Cyrus à Babylone.

    Bertrand Ouellet

    Source www.interbible.org


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  • Voir et ne pas voir

    Jésus, la lumière du m ouvres-toi.jpg onde, donne la vue à un aveugle : Jean 9, 1-41
    Autres lectures : 1 Samuel 16, 1.6-7.10-13a ; Psaume 22(23); Éphésiens 5, 8-14

     

    Ce que nous appelons miracle, Jean le nomme signe. Le signe ne prouve rien par lui-même. Il peut tout au plus éveiller à la foi les témoins. Jésus appelle ses adversaires à écouter d’abord sa parole. C’est le seul signe qu’il veut vraiment que l’on prenne au sérieux. Le merveilleux, le désir de lui voir faire des miracles ne l’intéresse pas. D’ailleurs, ce n’est pas seulement Jésus qui accomplira des miracles en son temps (Lc 9, 49-50). D’autres aussi le feront en d’autres temps. Le miracle c’est l’irruption de la Bonne Nouvelle dans une action et un moment précis. Le miracle est un signe prophétique. Il annonce que quelque chose de nouveau est en train de s’accomplir. Le miracle exige la foi. Il ne produit rien dans le cœur des incroyants.

    Qui est Jésus pour les acteurs de ce drame?

         Dans le récit de la guérison de l’aveugle-né, les pharisiens ne considèrent pas Jésus comme un Envoyé de Dieu : Celui-là ne vient pas de Dieu (Jn 9, 16). Ils vont même jusqu’à l’assimiler à un pécheur (vv. 16. 24). L’aveugle, lui, le considère comme un prophète, comme le Seigneur (vv. 17.38). Rien de surprenant d’ailleurs car Jésus vient de le guérir d’une infirmité de naissance. Quant aux disciples, ils considèrent  Jésus comme un Rabbi, entendons un Maître. Et à cause de ce titre ils s’attendent à ce qu’il leur explique la cause de la cécité de l’homme qui passe devant eux. Ils partagent, pour la plupart, la croyance populaire qui veut que l’infirmité vienne d’une faute secrète. Pour dissiper toute ambiguïté à son sujet, Jésus se présente comme l’Envoyé du Père (v. 4) et il ajoute sans ambages : Je suis la lumière du monde (v. 5). Avouons qu’il y a dans ces quelques lignes, matière à engager une discussion assez costaude!

    Trois catégories de réponses

         Disons que dès les premières lignes commence un interrogatoire qui exige évidemment des réponses. Je diviserais ces réponses en trois catégories. Je parlerais d’abord d‘une réponse close en ce qui concerne celle des pharisiens. Rien de surprenant enfermés qu’ils sont dans la rigoureuse observance de la Loi. Puis viendra une réponse ouverte, venant de l’intéressé, en l’occurrence l’aveugle. Ce dernier découvre la divinité de Jésus en même temps que la lumière du jour. Enfin, une réponse claire, qui est donnée celle-là, par Jésus, centre de la controverse. Elle viendra révéler à son entourage un aspect de sa personnalité divine, et non le moindre : Je suis la lumière du monde (v. 5).

    Trois types de personnages

         Les pharisiens sont des êtres ligotés. Ils sont emprisonnés dans le cadre rigoureux de la Loi qui défend de poser des gestes jugés non essentiels le jour du Sabbat, ne serait-ce que celui de guérir. Les apôtres, sont des questionneurs. Ils cherchent dans les Écritures ce qui est dit à propos des infirmes de naissance. L’aveugle, quant à lui, est un nouvel homme, un croyant. Et cette métamorphose s’est accomplie lorsqu’il a obtempéré à la demande de Jésus d’aller se laver à la piscine de Siloé (v. 7).

    Le personnage Jésus

         Jésus se présente lui-même comme étant le Fils de l’homme (v. 35), celui que l’on attend depuis si longtemps, le Messie de Dieu. Cette déclaration fera jaillir spontanément la profession de foi du cœur de l’infirme guéri : Je crois Seigneur et cette profession de foi sera suivie du geste sublime de l’adoration : Il se prosterna devant lui (v. 38). Quelle belle conclusion à ce long récit! La vie vient de triompher. La clarté a crevé les ténèbres. Le péché n’a plus rien à voir avec la maladie ou l’infirmité. La Loi nouvelle sera dorénavant celle de l’amour.

    Deux regards guérisseurs

         L’évangile nous montre comment Jésus s’y prend pour guérir. Il procède en deux étapes, car il guérit deux cécités. Le premier regard que l’aveugle retrouve est celui de voir le monde et les humains. C’est le regard le plus évident, le plus obvie diront les commentateurs. Parce qu’il lui manquait cette capacité depuis sa naissance, les gens l’appelaient aveugle. Pour restituer ce premier regard Jésus lui-même caressera les yeux de l’aveugle avec deux éléments originels, la terre et l’eau : Il cracha sur le sol et avec la salive il fit de la boue (v. 6). Car c’est en Lui que le Père a créé toute chose. Mais il y a un second regard qui sera rétabli à l’heure où l’aveugle guéri fera face à Jésus, et grâce auquel il le reconnaîtra comme prophète (v. 17). Au sujet de ce deuxième regard, Jésus constate que très peu soupçonnent qu’ils en sont privés. Ils croient voir, alors qu’ils sont aveugles (v. 41).

    Un regard toujours présent

         Jean de la Croix, ce maître spirituel dira à propos de Jésus : « Depuis que lui-même a parcouru le monde, il l’a revêtu d’un éclat de beauté. » Donc, Jésus est la Lumière de notre regard charnel. Nous avons besoin d’emprunter ses yeux pour regarder le monde et y trouver ce qui est beau et nous convaincre que nous baignons dans un océan d’amour. Nous refusons souvent de nous attarder à ce mystère du regard. Pourtant Jésus nous enveloppe de son regard tout autant qu’il nous séduit  par ses gestes et ses paroles. Nous vivons dans un monde racheté. Tout ce que nous admirons, tout ce que nous voulons conserver, tout ce que nous voulons protéger a été sauvé dans la mort et la résurrection de Jésus.

    Celui qui te parle

         Si le regard de Jésus est toujours posé sur nous, sa parole aussi ne cesse de nous interpeller. Quand, comme dans un murmure, il nous dit comme à l’aveugle : C’est lui qui te parle (v. 37), nous sommes certains qu’en cet instant, les yeux du cœur sont atteints. Il y a, pour ainsi dire, chez l’aveugle double miracle. Ce jour sera pour lui un jour de pure grâce, de pure gratuité. Souvent, cette faveur spirituelle nous est donnée, à nous aussi, lors d’une retraite, d’une grande joie, d’une épreuve même. Souvent, pour certains, elle surgira juste avant la mort. Ils pourront alors fermer leurs yeux de chair pour ouvrir leurs yeux purifiés et entrer ainsi dans la pleine lumière de leur éternité.

    Le jugement des pharisiens

         La personne de l’aveugle et de son entourage prend tellement de place dans le récit que nous n’avons pu élaborer beaucoup sur le jugement des pharisiens. Je veux toutefois m’y attarder un peu. Jugement en grec se dit krisis. Jésus paraît dans notre histoire comme un personnage qui suscite une crise. Dans le récit qui nous occupe les pharisiens sont interpellés dans leurs options les plus fondamentales concernant le sacro-saint Sabbat. Aussi, ce n’est pas Jésus qui les jugera, ils se jugeront eux-mêmes en s’enfonçant dans leur aveuglement, dans leur entêtement.

    Une nouvelle naissance

         En soulignant que l’aveugle l’était depuis sa naissance, l’auteur suggère que sa guérison le fait naître à nouveau mais d’une nouvelle naissance. C’est ainsi d’ailleurs que l’on présente le baptême aux catéchumènes. Le baptême qu’ils se préparent à recevoir fera d’eux des êtres neufs, des êtres nouveaux, des personnes vouées à une jeunesse éternelle en Christ. La parole de Paul aux Éphésiens se prête bien pour décrire cette merveilleuse transformation : Autrefois, vous n’étiez que ténèbres; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière (Éphésiens 5, 8).

     

    Ghislaine Salvail, SJSH

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2267. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.


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  • Matilde

    Que sera cet enfant Oui, le Père cherche des gens qui l'adorent de cette façon. Ils doivent l'adorer avec l'aide de l'Esprit Saint et comme le Fils l'a montré (Jean 4, 24).
     
    On la connaît comme la fille à la cruche. Par ses rares temps libres, elle vend de la « chicha » (boisson bon marché) dans les rues. Elle aime causer et tout le monde la connaît. Son nom est Matilde. Elle habite un réduit grand comme la main, où son petit de deux ans reste enfermé à clef pendant qu'elle est au travail.

     

         Chez la patronne, elle a tout à faire, depuis le gros ménage jusqu'au bain des deux chiens en passant par les courses au marché, la cuisine, le lavage de l'auto et de la camionnette, et le soin des cinq enfants mal élevés. Pour elle, les congés et les fins de semaine n'existent pas. Parfois elle trime depuis tôt le matin jusqu'à tard dans la soirée. À la fin du mois, on lui verse à peine la moitié du salaire minimum; en plus, bien sûr, de la pitance de tous les jours. Le patron a un gros magasin et la patronne, un restaurant, mais ils se plaignent de ne pas faire d'argent; et Matilde les croit. Elle leur est reconnaissante lorsqu'ils l'assurent qu'ils pourraient se passer d'elle et que s'ils l'embauchent, c'est seulement pour lui rendre service.

     

         Malchanceuse en amour, Matilde s'est fait abandonner deux fois par des fainéants qui buvaient et la battaient. Marquée par la honte de ses échecs, elle n'ose pas aller à la messe le dimanche; mais quand l'église est vide, la semaine, il lui arrive de s'y faufiler pour allumer une chandelle aux saints et leur faire une courte prière. De l'avis de la patronne, il s'agit là d'une religion d'ignorante; mais Matilde s'en défend bien puisque, d'après elle, ce qui compte c'est le cœur. Sur ce sujet, l'avis de la patronne ne l'impressionne pas, car depuis l'arrivée du nouveau curé, elle ne met plus les pieds à l'église; elle dit que des sermons qui parlent de Bible et de justice, elle en a soupé. Quant au patron, il n'est pas méchant, au dire de Matilde, puisqu'il lui permet d'acheter à crédit à son magasin; mais elle l'aime moins, lorsque, pour effacer ses comptes qu'elle est incapable de payer, il lui propose de faire en cachette des choses avec lui, que la patronne serait furieuse d'apprendre. Malgré tout, Matilde est convaincue que les patrons cherchent son plus grand bien et elle fait grand cas d'eux lorsqu'ils lui recommandent de se tenir loin des personnes louchent qui parlent de syndicat.

     

         Matilde, cependant, n'est pas tout à fait heureuse. Elle se sent fatiguée, et elle s'inquiète pour son petit qu'elle laisse enfermé pendant les heures de travail, parce qu'elle n'a personne pour le garder et que la patronne ne veut pas le voir chez elle. Bientôt il aura trois ans et il ne parle pas encore un seul mot; il n'a même pas fait ses premiers pas. Matilde se sent coupable (R. Roy, Les Matilde de Tilcara dans Missions Étrangères, 1989, no 12).

    LIEN : Deux femmes, que des siècles d'humanité séparent, mais qui se ressemblent comme deux sœurs : Matilde et la Samaritaine. Toutes les deux fatiguées de leur vie déréglée, toutes les deux à la recherche d'un répit, toutes les deux lourdement chargées du poids de leurs échecs, du rejet des « bonnes gens », toutes les deux assoiffées d'amour, elle vont « à lasource » quand il y a le moins de danger pour elles d'être regardées de travers et d'entendre les sarcasmes des « gens corrects » qui leur tournent le dos. L'ensemble des signes chez l'une comme chez l'autre nous laisse soupçonner qu'elles sont de ces « petits » à qui le Royaume des cieux est promis en partage.

     

         L'attitude de Jésus qui ne dédaigne pas de bavarder avec une femme que la société a mise au ban doit nous inviter à nous faire accueillant à toutes les personnes que la vie place sur notre route. Jamais nous n'avons à nous élever en juges ou en interprètes de leurs intentions : le Seigneur seul peut lire dans les cœurs et, quoi qu'Il y voie, Il aime inconditionnellement. À nous aussi, le Seigneur veut dire ce matin « je te donnerai une eau vive ». Le carême est une occasion de faire un arrêt au puits; il nous y attend, nous avons tous besoin de nous retrouver en présence de l'amour du Seigneur. Il y a en chacun de nous une soif de bonheur, de sérénité et d'amour que seul le Seigneur peut étancher.


    Mon amaryllis
    Une boîte négligemment renversée,
    entrouverte, ça pique la curiosité.
    Je m'y suis laissé prendre.
    À l'intérieur, un vase, du terreau,
    un bulbe d'amaryllis en mauvaise posture, l'air piteux.
    Un court examen me fit voir qu'il y avait encore de la vie :
    Une pointe jaunâtre, piteuse, assoiffée.
    Le mieux possible, je le remplaçai en terre
    et la fit boire généreusement.
    Un mois plus tard, deux hampes florales.
    Six magnifiques fleurs d'un rouge riche capable de faire
    rêver la reine la plus exigeante!
    J'ai pensé qu'il pouvait en être ainsi pour les cœurs desséchés...
    Qui sait? L'eau promise à la Samaritaine ça ressuscite
    même un cœur cinq fois blessé...

    Abbé Martin Lamarre,
    Mes saisons... Saisons de Dieu, 1995

     

    Source http://www.interbible.org

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  • La guerre s’acharne encore contre les femmes
    19 mars : Journée mondiale d’action contre la guerre

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    En juin 2010, lors la rencontre du G8, Stephen Harper affirmait vouloir faire plus pour améliorer la santé des mères, des nouveau-nés et des jeunes enfants dans les pays en développement. En ce 19 mars qui souligne la Journée mondiale d’action contre la guerre, il importe de rappeler à M. Harper ses propres contradictions. Le Canada se classe en effet parmi les champions mondiaux au chapitre des dépenses militaires : 23 milliards de dollars pour l’année en cours. Le Premier ministre a-t-il la moindre idée de ce que signifie la guerre pour les femmes et leurs enfants? Est-ce par les armes qu’il entend leur venir en aide?

    Pourtant, M. Harper, les femmes ne cessent de démontrer une force et une résistance extraordinaire pour traverser ces horreurs. Elles continuent à donner la vie, à la défendre avec véhémence, à la protéger au prix de leur santé. S’il vous plait, cessez vos entreprises guerrières et mettez notre argent - pour vrai - au service du développement des peuples. C’est ce que nous, Canadiennes et Canadiens attendons de notre gouvernement.

    Lire l'article au complet sur cette page »

    Lamentation des femmes (Jérémie 9, 16-22)

    Harangue du Seigneur Sabaôt :
    Comprenez donc, et convoquez les pleureuses, qu’elles viennent, qu’on vous envoie les sages, qu’elles viennent! Et qu’elles se hâtent, puis élèvent sur nous leur complainte,
    Que nos yeux coulent de bonnes larmes,
    Que nos paupières se remplissent de leur eau,
    Parce que l’écho de la complainte, on l’entend depuis Sion :
    Ruinés, voilà ce que nous sommes,
    Et tant de honte nous portons,
    Parce que nous avons quitté notre terre,
    Parce qu’ils ont mis à bas nos demeures

    Écoutez, femmes, la parole de YHWH,
    Qu’elle aille à vos oreilles, la parole de sa bouche,
    Apprenez à vos filles à faire complainte,
    Que chacun apprenne à sa voisine les lamentations :
    Parce que la mort désormais se montre à nos fenêtres,
    Elle est entrée aux palais,
    Elle a fauché l’enfant de la rue,
    Elle a fauché les adolescents des carrefours.
    Dis : Ainsi – sentence de YHWH – tombent les cadavres des hommes,
    Comme le crottin sur les champs,
    Comme le chaume après le moissonneur,
    Et personne pour glaner les restes!

    Réflexion

         Le carême commence par l’imposition des cendres, geste vidé de son sens aujourd’hui. Dans l’antiquité juive, les cendres sur la tête et des vêtements de grosse toile rugueuse accompagnaient les lamentations dans des moments de grande détresse. « On les entend crier contre toi, se plaindre amèrement. Ils se couvrent de poussière, se roulent dans la cendre, se tondent la tête et s’habillent de sacs. Ils pleurent sur toi, gémissant avec amertume. Ils entonnent sur toi, au milieu de leurs larmes, un chant funèbre. » (Éz 27,30-31)  

         Les Juifs célèbrent chaque année le grand Jour du Pardon, le Yom Kippur. En ce jour-là on évoque la double destruction de Jérusalem, d’abord par Nabuchodonosor en 587 avant notre ère et par les Romains en l’an 70 de notre ère. C’est alors qu’à la synagogue, on relit le livre des Lamentations, cinq poèmes d’une grande intensité qui décrivent les horreurs de la guerre, la destruction d’un pays et de ses institutions et l’humiliation de tout un peuple exilé en terre étrangère. Dans les Églises chrétiennes, ces textes sont lus au moment de rappeler le meurtre crapuleux de Jésus de Nazareth par les autorités de l’État.

         La lamentation des femmes que nous rapporte Jérémie devrait nous inspirer dans le carême qui vient de commencer. Nos gouvernements se sont impliqués dans des guerres d’occupation à l’autre bout de la planète et se sont lancés dans des dépenses militaires abyssales, nous qui vivons dans l’un des pays les moins menacés au monde.
    Or la guerre a des répercussions terribles particulièrement pour les femmes et leurs enfants. Le livre des Lamentations, proche parent dans son contenu de la prédication de Jérémie, témoigne de la grande détresse des femmes durant les guerres. « Les enfants demandent à leur mère : ‘ Où y a-t-il quelque chose à manger?’, tandis qu'ils défaillent, comme les blessés sur les places de la ville, et qu'ils expirent dans les bras de leur mère. » (Lm 2,12) Réalise-t-on le drame d’une femme pour alimenter ses petits quand les bombes pleuvent, que des kamikazes se font sauter dans les marchés ? Lors du siège de Jérusalem en 587, le prophète fut témoin de gestes ignobles : « Des mères, pourtant pleines d'amour, ont fait cuire elles-mêmes leurs enfants pour s'en nourrir, dans le désastre qui atteint mon peuple. » (Lm 4,10) La guerre déshumanise toute relation humaine. Elle détruit non seulement les corps des jeunes soldats, mais l’âme des deux camps : assaillants et assaillis. La mort des soldats laisse les femmes sans appui et vulnérables dans leur veuvage: « Nos pères ne sont plus là, nous voilà orphelins et nos mères veuves. » (Lm 5,3) Depuis toujours, le viol des femmes est une arme de guerre pour humilier l’ennemi et pratiquer le nettoyage ethnique : les victimes et leurs enfants nés de ces viols seront rejetés et exclus. « On fait violence aux femmes dans Sion, et aux jeunes filles dans les villes de Juda. » (Lm 5,11) Les millions de femmes déplacées qui ont perdu maison et champs, sans argent et avec le linge qu’elles ont sur le dos doivent fuir les combats avec leur marmaille, comme « des oiseaux errants chassés loin de leur nid. » (Is 16,2) « Ils verront leurs enfants écrasés, leurs maisons pillées, leurs femmes violées. » ( Is 13,16)  « Leurs maisons passeront à d'autres, leurs champs et leurs femmes aussi. » (Jr 6,12)

         Les médias, qui nous vendent la guerre et tentent de nous faire voir que c’est pour le bien des femmes que l’on se bat, se transforment malheureusement en faux prophètes lorsqu’on nous montre les cercueils de nos jeunes soldats morts pour défendre la « démocratie et la liberté». La vérité, c’est que nous acceptons de sacrifier nos enfants pour permettre à nos pays de pouvoir contrôler des territoires convoités; sacrifices humains sur l’autel du veau d’or. On rapporte le nombre de nos soldats morts au champ d’honneur, mais on tait systématiquement le nombre de civils tués par les tirs amis et ennemis : des millions au Congo, en Irak, des dizaines de milliers en Afghanistan. On cache aussi la souffrance des femmes qui survivent à ces guerres et on ne leur donne jamais la parole, on n’écoute pas leurs lamentations, leurs protestations. Pour elles le conflit s’étirera sur toute une vie et même sur plusieurs générations.

         La guerre est un péché énorme, un rejet de l’Auteur même de la Vie, un péché d’idolâtrie qui nous fait croire que le salut de l’humanité passe par la destruction et la mort. Les prophètes bibliques ont condamné avec force le militarisme d’État qui levait des armées pour agrandir le territoire. Osée, au VIIe siècle avant notre ère, affirmait l’inutilité pour un peuple d’avoir des chars et des chevaux et condamnait l’alliance scellée avec l’empire assyrien par le roi de Samarie. « Ce n'est pas l'Assyrie qui pourra nous sauver. Nous ne monterons plus sur des chevaux de guerre. Nos idoles sont seulement des objets fabriqués ; nous ne leur dirons plus qu'elles sont notre Dieu, car toi seul sais montrer de la bonté à l'orphelin. » (Os 14,4)

         Le militarisme est une idéologie qui prétend donner une valeur sacrée à la guerre alors qu’elle est menée uniquement pour prendre le contrôle d’un territoire, vendre des armements et faire beaucoup de profit. Ces dépenses militaires effectuées par le gouvernement du Canada et son alignement aveugle sur les politiques impériales étasuniennes sont contraires au bien commun du peuple canadien et de tous les peuples qui souffrent de la guerre à cause de nos politiques.

         L’expérience de la guerre au quotidien et la menace contre la vie de leurs enfants font des femmes de redoutables adversaire de la guerre et elle démontrent une force et une énergie invincible; les politiciens devraient en tenir compte s’ils ne veulent pas être précipités en bas de leurs trônes. Elles sont, nous dit Osée, « comme une ourse à qui l’on a pris ses petits. » Os 13,8 Pendant ce carême, essayons de nous mettre dans la peau des femmes qui vivent ces conflits que nous alimentons en combattant en Afghanistan et en vendant des engins de mort et demandons collectivement pardon en nous joignant à leurs lamentations et en disant NON À LA GUERRE!

    Claude Lacaille

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    Source www.interbible.org

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    Lapidation

    lapidation.jpg

    Le Christ et la femme adultère
    Lucas Cranach l'Ancien, 1532
    Huile sur bois, 82,5 x 121 cm
    Musée des Beaux-Arts, Budapest

    Hébreu : saqal
    Grec : lithazein ou lithobolein

    Le mot français lapidation provient du latin lapis (pierre) puisqu’il s’agit d’exécuter quelqu’un en lui lançant des pierres. C’est la méthode habituelle d’exécution pour le peuple de la Bible. La lapidation est citée dans l’Ancien Testament comme peine capitale pour plusieurs sortes de crimes :

    1. Relations sexuelles incestueuses ou adultères (Lv 18 et 20)
    2. Avoir des relations homosexuelles (Lv 20,13)
    3. Le blasphème (Lv 24,16)
    4. Maudire un de ses parents  (Dt 21,18–21)
    5. Ne pas respecter le Sabbat (Nb 15,32–36)
    6. Adorer d’autres dieux que YHWH (Dt 17,2–7)
    7. Pratiquer la sorcellerie (Ex 22,17), la nécromancie ou la divination (Lv 20,27)
    8. Sacrifier un de ses enfants (Lv 20,2)

         Les condamnations à mort et les exécutions étaient beaucoup plus fréquentes dans la culture de cette époque. Tous les peuples de la région avaient des pratiques similaires.
    La lapidation est également évoquée par le Nouveau Testament. Jésus empêche celle d'une femme adultère et demande à ses accusateurs : « Que celui d'entre vous qui est sans péché lui lance la première pierre! » Étienne le premier martyr chrétien est le plus connu de toutes les personnes lapidées de la Bible. Jésus se fait presque lapider (Jean 10,31). Saint Paul se fait lapider à Lystra par les juifs à qui il parlait du Christ. Il est laissé pour mort, puis il revient à la vie (Actes 14,19).

         Aujourd’hui, la grande majorité des autorités juives sont contre l’application de la peine de mort par lapidation. Au lieu de suivre à la lettre les textes bibliques, ils préfèrent les interpréter avec la loi orale moins radicale. Il y a tellement de restriction à appliquer pour exécuter quelqu’un que la peine de mort n’est plus utilisée dans la communauté juive. Aujourd’hui, la peine de mort est abolie en Israël.

         La lapidation est la seule méthode d'exécution par torture physique encore employée légalement aujourd'hui dans certains pays musulmans où est appliquée la charia : le Nigeria, l'Arabie saoudite, l'Iran, le Soudan, l'Afghanistan, le Pakistan, les Émirats arabes unis et le Yémen. Généralement, cette forme d'exécution est publique, le supplicié est jeté dans une fosse ou enterré jusqu’à l’épaule. À tour de rôle ou en groupe, les exécutants jettent des pierres jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'article 104 du code pénal iranien chiite précise : « Les pierres utilisées pour infliger la mort par lapidation ne devront pas être grosses au point que le condamné meure après en avoir reçu une ou deux. Elles ne devront pas non plus être si petites qu'on ne puisse leur donner le nom de pierre. La taille moyenne est choisie généralement afin de faire expier la faute par la souffrance ». Plusieurs groupes comme Amnistie Internationale dénoncent cette pratique.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

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  • Le furet biblique

    piscine-de-siloe.jpg Piscine de Siloé
    par Gérard Blais


    Depuis 2005, on a compris que la piscine de Siloé que l'on montrait à tous les pèlerins, n'était pas la bonne!

     

    En effet, lors des travaux de réparation des canalisations d'égouts, les travailleurs ont déterré des marches menant à un bassin qui devait mesurer au moins 225 pieds de large.

     

    Utilisant des détecteurs de métal, les archéologues ont déterré des pièces de monnaie imbriquées dans le plâtre qui leur ont permis de dater ce bassin à l'époque du Second Temple située entre 100 avant J.-C. et 70 après J.-C. Ils ont avancé l'hypothèse que la structure en question est le bassin de Siloé où Jésus avait guéri un homme aveugle dès sa naissance, tel qu'en fait état l'Évangile selon Jean (Jean 9).

     

    L'autre bassin, datant de l'ère byzantine avait été identifié comme étant le bassin de Siloé parce que l'on pensait que le site où il se trouvait était l'ancien bassin utilisé à l'époque de Jésus-Christ. Il semble maintenant que cette hypothèse soit incorrecte.

     

    D'après le Père Guy Couturier, archéologue de l'Université de Montréal, c'est l'une des découvertes bibliques les plus spectaculaires, après celle des manuscrits de la mer Morte.

     

    Source www.interbible.org

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  • Relevez-vous et n'ayez pas peur!

    La Transfiguration de Jésus : Matthieu 17, 1-9
    Autres lectures : Genèse 12, 1-4a; Psaume 32(33); 2 Timothée 1, 8b-10

     

    transfigurationDepuis dix jours déjà, nous sommes entrés en Carême. Depuis le Mercredi des Cendres, nous cheminons vers Pâques en nous efforçant de suivre Jésus de près. Ce faisant, nous voulons suivre le Christ jusqu’à la croix et, par delà la mort, nous voulons entrer avec lui dans la vie éternelle. Dans les deux premières étapes de notre marche vers Pâques, l’évangéliste Matthieu est notre guide. Dimanche dernier, Matthieu nous a montré comment Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le démon (Mt 4,1). Ce dimanche, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne (17,1).

         Il est dommage que le Lectionnaire ait coupé le début de ce verset : Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère… Six jours après quoi? En relisant le chapitre 16 de l’évangile de Matthieu, nous découvrons qu’une semaine avant la transfiguration, Jésus demandait à ses disciples : “Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? […] Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?” Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : “Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !”  (16,13.15-16). À partir de ce moment, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : “Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas” (16,21-22). Tous connaissent la réplique de Jésus : Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route…  (16,23).

    Se laisser prendre par Jésus

         Ce dimanche, comme Pierre, Jacques et Jean son frère, nous nous laissons prendre par Jésus qui nous emmène à l’écart, sur une haute montagne (17,1). Il importe que nous nous mettions dans leurs sandales, que nous comprenions ce qu’il y avait dans leurs cœurs ce jour-là. Comme les premiers disciples, à la suite de Simon-Pierre, nous reconnaissons en Jésus le Messie, le Fils du Dieu vivant. Nous le faisons à chaque eucharistie. Mais, comme les disciples des premières heures, nous avons bien du mal à suivre « le Messie » jusqu’à la croix. Nous avons peine à accepter le chemin du serviteur souffrant par lequel Jésus révèle comment il est « le Fils du Dieu vivant ». Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (16,24). Chemin bien difficile où nous marchons souvent à rebours. D’où l’importance du temps de Carême qui nous est donné pour nous retourner, pour nous convertir et relancer notre marche à la suite du Christ.

         Pour relever ce défi, il importe donc de nous laisser prendre par Jésus, comme l’ont fait Pierre, Jacques et Jean son frère. Jésus nous emmène aujourd’hui avec lui à l’écart. Il nous fait gravir « une haute montagne », lieu symbolique qui rappelle les grandes rencontres entre Dieu et son peuple. Comme Abraham dans la première lecture de ce dimanche, nous sommes invités à un détachement important : Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai. […] Abraham partit, comme le Seigneur le lui avait dit  (Gn 12,1.4). Si nous voulons contempler ce pays de bénédiction promis à Abraham, comme lui, comme Pierre, Jacques et Jean, il importe que nous laissions au pied de la montagne nos rêves de grandeur et de gloire. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons suivre Jésus sur cette haute montagne. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons contempler en lui « le Messie, le Fils du Dieu vivant ».

    Le visage de Jésus révélé

         Matthieu nous raconte comment Jésus fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière (17,2). Dans la Bible, le visage est reflet de l’identité profonde d’une personne. « Car le visage est le miroir du cœur » (Vocabulaire de théologie biblique, col. 429). L’image du vêtement est traditionnellement utilisée pour signifier la réalité profonde de l’homme (note de la TOB en Ap 3,4). Pensons à cette femme « souffrant d’hémorragies depuis douze ans [qui] s’approcha [de Jésus] par derrière et toucha la frange de son vêtement. Car elle se disait en elle-même : “Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée” (Mt 9,20-21). Pensons aussi aux gens de Génésareth qui suppliaient [Jésus] de leur laisser seulement toucher la frange de son manteau, et tous ceux qui la touchèrent furent sauvés (14,36). Ainsi Pierre, qui avait déjà reconnu l’identité de Jésus comme le Messie, le Fils du Dieu vivant, contemple maintenant avec Jacques et Jean le véritable visage de Jésus. Celui qui m’a vu a vu le Père (Jn 14,9) !

         Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui (Mt 17,3). Cet entretien symbolise la recherche de la volonté de Dieu en lien avec les Écritures. En relisant l’Ancien Testament à la lumière de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus, les disciples pourront accepter que « le Messie, le Fils du Dieu vivant » doivent passer par la mort pour entrer dans la vie éternelle. N’est-ce pas ce parcours que suivront les disciples d’Emmaüs? Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait (Lc 24,27).

    La croix sur le chemin

         Mais Pierre, Jacques et Jean n’en sont pas encore là. D’où l’intervention de Pierre : Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie (Mt 17, 4). Contrairement à Marc et à Luc, Matthieu ne précise pas que Pierre ne savait pas ce qu’il disait (Lc 9,33; voir Mc 9,6). Il raconte immédiatement l’arrivée de la nuée qu’il est le seul à qualifier de « lumineuse » (Mt 17,5). La voix de la nuée répète ce que la voix venue des cieux avait proclamé lors du baptême de Jésus : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour (3,17). Elle ajoute pourtant : Écoutez-le ! (17,5). Chez Matthieu, donc, la transfiguration est surtout un signe donné aux disciples pour qu’ils puissent accepter que la révélation de Jésus comme Messie et Fils de Dieu passe nécessairement par la croix.

         Il est consolant de constater que Dieu n’abandonne pas les disciples à leur manque de foi. D’autant plus que, comme eux, nous avons peine à écouter Jésus quand il déclare : Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera (16, 25). Or la délicatesse de Dieu ne s’arrête pas là. Matthieu continue : Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : “Relevez-vous et n’ayez pas peur !”  (17,7). À notre tour, laissons Jésus se faire proche de nous. Laissons-nous toucher par lui pour qu’il nous relève au moment où notre foi est mise à rude épreuve. Ainsi nous pourrons reprendre notre route de carême. Ainsi nous pourrons prendre notre part de souffrance pour l’annonce de l’Évangile (2 Tm 1,8).

     

    Yvan Mathieu, SM

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2265. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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  • Yahvé, Dieu pour toutes les nations   3/5

     

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    Babylone, 540 (avant J.C.) Le nouveau prophète dont j'ai parlé dans ma chronique précédente suscite toute une controverse dans les milieux israélites, une controverse qui pourrait révolutionner la conception qu'on se fait des relations de Dieu avec l'humanité.

     

         C'est une véritable guerre à finir que ce prophète a entreprise contre tous ceux et celles qui accordent quelque importance aux divinités étrangères, que ce soit par exemple au sujet de la création du monde ou du caractère divin des étoiles et de leur influence sur la vie humaine. Le prophète ne manque pas une occasion pour attaquer, contredire ou ridiculiser quiconque prétend que ces « dieux » ont un rôle à jouer dans le monde. De fait, personne avant lui n'avait tiré aussi clairement les conséquences profondes de la foi d'lsraël.

     

         Depuis le début de son histoire, en effet, le peuple d'lsraël n'adore qu'un seul Dieu. C'est Yahvé, le Dieu qui s'est choisi un peuple parmi tous ceux de la terre, qui l'a délivré de l'esclavage en le taisant sortir d'Égypte sous la direction de Moïse, qui a ensuite conclu une alliance avec lui au mont Sinaï, qui lui a donné une terre, puis un roi. Et les autres nations dans tout cela? Eh bien! on s'est toujours imaginé qu'elles avaient elles aussi leurs dieux, des dieux auxquels Israël ne devaient bien sûr rendre aucun culte.

     

         Mais aujourd'hui, le nouveau prophète prétend non seulement que ces dieux des autres nations n'ont rien fait et ne méritent aucun culte mais il affirme avec force qu'ils n'existent même pas! La vérité profonde qui était enfouie depuis toujours dans notre foi, dit-il, c'est que Yahvé est le seul Dieu, qu'il n'y en a pas d'autre, un point c'est tout. Tout ce qui a été attribué à d'autres puissances, c'est lui qui l'a fait: c'est lui qui a fait le ciel et la terre, c'est lui qui fait bouger les étoiles, et — voilà la controverse — c'est lui qui a fait toutes les nations.

     

         Cette dernière affirmation a ébranlé la foi de beaucoup d'lsraélites. Si c'est Yahvé qui a fait toutes les nations et s'il n'y a pas d'autres dieux, pourquoi le Seigneur les a-t-il faites, ces nations? Il n'y a qu'une seule réponse possible, celle que crie le nouveau prophète : « Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, tous les confins de la terre, car je suis Dieu et il n'y en a pas d'autre ». Yahvé n'est pas seulement le Dieu d'lsraël, il est et veut être le Dieu sauveur de tous. Le peuple de Dieu, c'est toute l'humanité.

    Pour en savoir plus long 

         Ces affirmations du Second Isaïe, étonnantes pour l'époque (six siècles avant l'évangile!) se trouvent dans le livre d'lsaïe : 42,1-12; 45,14-25; 49,1-6.

    Bertrand Ouellet

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  • Sodome-et-Gomorrhe.jpg

    Un patriarche soûlé et violé par ses propres filles

    (pour l'audio cliquer sur l'image)

     

    Après la destruction de Sodome et Gomorrhe, Loth reste seul avec ses deux filles. Celles-ci enivrent leur père pour coucher avec lui et lui donner une descendance. La clé de la compréhension de ce récit se trouve dans les derniers versets qui nous apprennent que les descendants de ces actes sexuels interdits sont les Moabites et Ammonites. Le but de ce texte est de décourager les Hébreux de se marier avec des femmes étrangères. Dans le but de garder un peuple uni. Cette histoire et son interprétation posent la question des mariages entre différentes cultures et ethnies. Une nation doit-elle préserver une pureté raciale à tout prix ou est-il possible de bâtir un pays dans la diversité ethnique? Quel est notre rapport aux cultures étrangères.

     

    Série « Récits insolites de la Bible » diffusée sur les ondes de Radio Ville-Marie (Montréal).
    Première diffusion le 18 janvier 2011 • Réalisation et animation : Sébastien Doane • Lectrice invitée : Andrée-Anne Laferrière • Technicien : Alain Primeau • Extraits musicaux : Loreena Mckennit, Prologue ; Polonaise et Badinierie de J.S. Bach Bamberg Philharmonic Orchestra.

    Sébastien Doane, bibliste, est l'auteur de Mais d'où vient la femme de Caïn? Les récits insolites de la Bible (Novalis/Médiaspaul, 2010) dont la série s'inspire.

    Index des balados de la série Récits insolites de la Bible »

    * Le téléchargement est autorisé pour un usage privé seulement. Pour tout autre usage, veuillez nous contacter.

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  • La fascination du soupçon


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    (image Internet)

    Le serpent dit à la femme: ... Vous ne mourrez pas! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal (Genèse 2, 4-5).

     

    L'histoire se passe pendant la guerre. Un prisonnier est libéré. Sa fiancée va l'attendre à la gare, avec une impatience dont on n'a peut-être plus l'idée aujourd'hui : retrouver son fiancé qui était prisonnier. « Voilà le moment de bonheur de mon existence » se dit-elle. Alors elle se regarde dans une glace. Et, tout à coup, elle se trouve horrible avec ses galoches du temps de guerre, crottées et lourdes. Elle les enlève et les enveloppe dans un journal qui traîne là, n'importe lequel, elle ne regarde même pas de quel journal il s'agit.

     

         Et son fiancé arrive ... enfin! Cela va être le moment de bonheur tant attendu. Mais voici que la première chose qu'il voit : c'est le journal. Et son visage change. Et dans l'instant, elle se rend compte que pour elle, son fiancé devient autre. C'est comme un coup décisif. Car il ne trouve à lui dire comme premières paroles que cette phrase : « Ah, tu lis le journal de l'ennemi? » Elle qui n'avait même pas vu que c'était le journal de l'ennemi! Elle ne répond rien, elle n'explique rien, elle ne se défend pas. Comment son fiancé a-t-il donc pu douter d'elle?

    LIEN: Que s'est-il passé dans l'histoire d'Adam et Ève (1ère lecture). Le récit du fruit défendu nous dit sous une forme imagée, simple mais d'une profondeur extraordinaire ce qu'est le drame du soupçon. Dieu avait laissé à Adam et Ève l'usage de tous les fruits du paradis, à l'exception de ceux de l'Arbre du bien et du mal. Alors survient le serpent. Et la femme vit que le fruit de l'arbre était bon à manger. Et vous savez la suite.

     

         Où se situe la faute? Très précisément au moment où Ève s'ouvre à la fascination du doute, à l'instant où elle a commencé à soupçonner l'autre d'une arrière-pensée ou d'une arrière-intention. « Ah, tu lis le journal de l'ennemi? ». La faute n'était pas d'avoir entendu le serpent, ni même d'avoir cueilli le fruit, mais dans le fait d'avoir prêté l'oreille, d'avoir enfin préféré l'hypothèse la plus improbable, la plus affreuse : qu'elle ait pu être le jouet de celui qui l'aimait, de Dieu. Ils ont cessé d'être innocents, au moment où ils ont accepté l'éventualité du doute sur l'autre (B. Bro, Surpris par la certitude, pp. 38-40).

     

         C'est en ce sens aussi que nous pouvons comprendre la seconde tentation de Jésus : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit: il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre (Matthieu 4, 6).

     

         Nous pouvons dire de cette tentation qu'elle est celle du soupçon : Qui te dit que tu es vraiment fils de Dieu? Exige un signe! Si tu es son fils, que Dieu le prouve! Elle consiste à mettre en doute la protection de Dieu et la confiance qu'on peut lui faire. Jésus refuse de mettre son Dieu à l'épreuve, de le soupçonner. Jésus reste ferme dans la confiance; il sait qu'il n'est pas le jouet de celui qui l'aime. Il a parfaitement conscience d'être le Fils et personne ne le détournera de cette certitude.

    source www.interbible.org

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