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    La vieille dame

    ... ton Père qui est là... (Matthieu 6, 18)

     

    Il y a longtemps que je l'observe. Elle est généralement assise sur un banc public entre les deux bouches de métro de mon lieu de travail. Elle attend ... ou bien, si elle en a besoin, elle quête en présentant une petite boîte rectangulaire pour qu'on y dépose notre don. D'abord je ne la vois pas, je suis trop pressé par mes courses. Puis, un jour, je croise furtivement son regard. Je suis mal à l'aise et je ne lui donne rien comme à la plupart des itinérants de la rue. Enfin, un peu plus tard, je m'approche et j'ose glisser quelques pièces de monnaie dans sa boîte. Son sourire et ses yeux brillants me remercient chaleureusement. Mon cœur bat un peu plus fort. Je reconnais mon père qui est là. Il me sourit et me remercie du regard. Ses yeux sont brillants.

     

    LIEN : Notre Père du ciel n'est pas un Dieu aveugle, il voit tout ce que l'on fait dans l'humilité et il sait nous le rendre ... souvent plus vite qu'on ne le pensait.

     

    * * * * *

    Le devoir du pommier

         Il était une fois un pommier qui se sentait peu apprécié. Les gens venaient prendre de ses fruits sans même lui dire un mot de gratitude. Un jour, un prêtre vient s'asseoir à l'ombre de l'arbre pour se reposer. Le pommier saisit donc cette chance de lui faire entendre ses doléances. « Je suis, comme vous pouvez le constater, un pommier. Les gens, jeunes et vieux, viennent et prennent de mes fruits sans même me dire un seul merci pour tous les efforts que je fais pour les produire. Comment peuvent-ils être si insensibles? »

         Le prêtre réfléchit un instant à la question, puis répond : « Les gens ne sont peut-être pas insensibles, leur manque de gratitude s'explique probablement de différentes manières. Comme ils s'attendent à ce que le soleil brille et que le vent souffle, ils s'attendent aussi à ce que vous produisiez des pommes. Il ne fait aucun doute que produire des pommes est votre devoir » dit le prêtre avec un sourire narquois. (Adaptée de William R. White, Stories for Telling, p. 75)

     

    LIEN : Comme le pommier, nous attendons souvent de la reconnaissance et de la gratitude des personnes qui sont autour de nous. Pourtant, notre Père qui est là voit tout ce que nous réalisons de beau et de grand. La certitude que son regard attentif est constamment sur nous devrait nous combler de paix.

    Source www.interbible.org

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  • Cyrus, c'est le Christ   2/5

    Babylone, 540 avant notre ère. Un nouveau prophète est apparu. Il s'attaque directement aux prétentions des prêtres de Mardouk qui affirment que c'est leur dieu qui guide le conquérant perse Cyrus.

    Cyrus-le-christ.jpg

    Dragon-serpent, symbole de Mardouk, le dieu tutélaire de Babylone.
    Fresque de la Porte d'Ishtar, 604-652 avant notre ère, briques émaillées.
    Detroit Institute of Arts, USA.

         « Il faut être aveugle, dit-il, pour croire que ce sont les dieux babyloniens qui ont fait venir Cyrus. Regardez-les, ajoute-t-il, ce sont des statues qu'il faut attacher solidement pour les empêcher de tomber! Elles ne peuvent même pas se déplacer par elles-mêmes, il faut les porter. » Il a raconté une sorte de parabole où des ouvriers se coupent des branches pour allumer un feu et faire cuire leur repas; une fois rassasiés, comme il leur reste du bois, ils décident d'en prendre un morceau pour s'en faire un dieu qu'ils adorent... Croyez-moi, les adorateurs de Mardouk n'apprécient pas ce genre d'humour en public.

         « Le Seigneur Yahvé, au contraire, n'est pas une statue impuissante », crie le nouveau prophète.  « C'est lui qui jadis nous a délivrés de l'esclavage en Égypte, c'est lui qui a fait le ciel et la terre, c'est lui qui fait bouger les étoiles : elles lui obéissent. » Voilà une autre allusion que les Babyloniens n'aiment pas : dans leur religion, en effet, les étoiles sont des divinités et ils les consultent pour connaître l'avenir en dressant des horoscopes. « Yahvé est le goël de son peuple », affirme encore le prophète, c'est-à-dire qu'il est comme un membre de la famille qui, selon les lois d'lsraël, a le devoir sacré de venir au secours de ses proches parents. « C'est à lui qu'il faut s'adresser, et non à des divinités étrangères qui ne sont que du vide, des statues tremblantes. »

         C'est alors qu'est venue l'affirmation la plus étonnante. Les Israélites se demandaient s'ils auraient de nouveau un roi choisi par le Seigneur, un roi qui serait consacré par une onction (un « oint », un « messie » ou « christ ») comme jadis David et tous ses descendants, un roi qui sauverait son peuple.

         « Eh bien, oui », proclame à celui veut l'entendre notre nouveau prophète, « le Seigneur Dieu, dans sa grande liberté peut choisir qui il veut pour être son messie et il a fait choix de Cyrus, le roi perse. Sans le savoir, celui-ci est l'instrument dont Dieu se servira pour libérer son peuple et mettre fin à l'exil. Jadis, le Seigneur a conduit nos ancêtres vers la liberté à travers la mer des Roseaux, aujourd'hui il nous guidera à travers les étendues désertiques qui séparent Babylone de Jérusalem. Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur! »

    Pour en savoir plus long 

         Nous ne connaissons toujours pas le nom de ce prophète. Nous l'appelons « le Second Isaïe » parce que ses paroles ont été conservées à la suite de celles d'Isaïe : ce sont aujourd'hui les chapitres 40 à 55 du livre d'Isaïe. Voir en particulier les textes suivants :

    Bertrand Ouellet

    source www.interbible.org

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    Cyrus, le conquérant   1/5

    cyrus.jpg

    Guerrier perse sur un bas-relief de Suse
    Musée du Louvre, Paris

    Babylone, 540 avant notre ère. Un nouveau nom est sur toutes les lèvres : celui de Cyrus. Il y a une dizaine d'années, ce n'était qu'un petit roi, en Perse, la région montagneuse située à l'est de la Babylonie et qui s'appellera plus tard l'lran. Par une série de campagnes militaires couronnées de succès, il a étendu son emprise jusqu'à la Méditerranée et s'est en quelques années taillé un empire gigantesque qui encercle Babylone.

         Mais la population babylonienne n'a pas peur. Au contraire, c'est la joie ! L'opinion générale, c'est que Cyrus va débarrasser le pays du roi Nabonide, celui-là même qui est responsable de l'annulation des fêtes du Nouvel An. Mais, me direz-vous, ce sera peut-être encore pire! Après tout, ce Cyrus sera un maître étranger. Qui sait à quelle servitude, à quel esclavage seront exposées les populations locales si les Perses prennent le pouvoir?

         Eh bien! c'est peut-être là l'élément le plus surprenant. Ce Cyrus semble être un conquérant nouveau genre. Il prônerait des politiques radicalement différentes, incluant notamment le respect des traditions religieuses et des lois des populations conquises. Ses partisans, de plus en plus nombreux même à Babylone, prétendent que son intention est de favoriser l'administration par des officiers locaux et de voir à renvoyer dans leurs pays respectifs les populations déportées par les rois de Babylone. Ce serait tout un changement, en effet. Un véritable bouleversement historique.

         Vous comprendrez facilement quels espoirs ce genre de rumeurs a pu susciter parmi les Israélites. Après un demi-siècle d'exil, la lumière luit au bout du tunnel. On peut même rêver de revoir Jérusalem!

         Le principal danger, encore une fois, est religieux, car ce Cyrus est un païen et les prêtres de Babylone voient en lui l'envoyé de leur dieu. À leur avis, en effet, Mardouk, aurait décidé de s'occuper lui-même de libérer sa ville des mains de ce roi qui ne s'occupe même plus des fêtes religieuses. Pour atteindre ce but, il aurait choisi Cyrus comme instrument. Et comme Cyrus est vainqueur partout où il passe, comme la prédiction des prêtres de Mardouk est sur le point de se réaliser, tout le monde est porté à les croire, même chez les Israélites. On en entend beaucoup dire de plus en plus fort que c'est la preuve finale que Yahvé n'est qu'un petit dieu, ou même qu'il n'est pas un dieu du tout. « Quand Jérusalem a été attaquée, jadis, Yahvé ne s'en est pas occupée », disent-ils. « Mais Mardouk, lui, est un vrai dieu qui s'occupe de sa ville et de ses affaires. Cyrus en est la preuve ».

         Les Anciens d'Israël sont vraiment inquiets, car depuis des siècles la principale façon de présenter le Seigneur Yahvé, c'est de dire qu'il est le Dieu libérateur, celui qui a jadis répondu à son peuple opprimé et l'a fait sortir d'Égypte sous la conduite de Moïse. Comment expliquer alors que l'exil dure depuis si longtemps et que ce soit les prêtres d'un autre dieu qui laissent entrevoir la libération?

    Le cylindre de Cyrus

    Le cylindre de Cyrus

    Babylonien, vers 539-530 avant notre ère
    Argile, 22,5 cm de longueur
    Découvert à Babylone, au Sud de l'Iraq
    © Trustees of the British Museem

         Un cylindre d'argile datant de l'époque de Cyrus a été trouvé à Babylone. Il porte des inscriptions qui sont l'œuvre de prêtres de Mardouk. Voici un extrait de ce remarquable document, aujourd'hui conservé au British Museum, à Londres :

    Mardouk examina et inspecta tous les pays à la recherche d'un prince droit, conforme à son cœur. Il prit par la main Cyrus, roi d'Anshan (en Perse). [...] Mardouk, le grand Seigneur qui prend soin de ses gens, regarda avec joie ses bonnes actions et son cœur droit. Il lui ordonna d'aller vers sa ville Babylone et lui fit prendre la route de Babylone. Il alla sans cesse à son côté comme un ami et un compagnon. Ses vastes troupes [...] s'avancèrent à son côté, ceintes de leurs armes. Mardouk le fit entrer à Babylone, sa ville, sans bataille ni combat. Il délivra Babylone de l'oppression, Il livra à sa main Nabonide, roi qui ne le craignait pas. Les gens de Babylone, [...] les princes et les gouverneurs s'agenouillèrent devant lui, lui baisèrent les pieds et se réjouirent de l'avoir pour roi [...] » (d'après Briend et Seux, Supplément au cahier évangile 69, p. 98, 1989).

    Bertrand Ouellet

    Source www.interbible.org

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    Moise et les prophètes Jésus savait-il écrire?

    QuestionJésus savait-il écrire, ou a-t-il refusé d'écrire pour une raison particulière? (Denis, Johannesburg, Afrique du Sud)

    RéponseÉcrire, à l'époque, est un métier réservé à un très faible pourcentage de la population. Au premier siècle, à Rome, il y avait à peu près 5 % de lettrés sachant écrire. Il faut savoir qu'être lettré est un métier, l'équivalent d'un fonctionnaire d'aujourd'hui, d'un avocat, d'un conseiller financier. Personne alors n'apprend à écrire pour le simple plaisir d'apprendre. Combien à Jérusalem? Combien en Galilée, dépouillée de toutes ses élites depuis l'invasion assyrienne du VIIIe siècle av. J.-C.? Combien à Nazareth, un petit village inconnu de la Bible, de Flavius Josèphe et de toute la littérature contemporaine? Pourquoi Joseph aurait-il déraciné Jésus pour l'envoyer étudier à Capharnaüm, Tibériade ou ailleurs, s'il n'était pas destiné à exercer le métier de scribe, mais celui de charpentier de village? Pourquoi apprendre à lire, s'il n'y avait rien à lire à Nazareth? La production d'un livre tel que l’évangile de Matthieu, par exemple, aurait coûté jadis l'équivalent de quelque 50 000 $ d'aujourd'hui? Qui pouvait se le permettre?

         Il faut sortir de nos schèmes et admettre que (nonobstant la scène à la synagogue de Nazareth créée de toutes pièces par Luc) Jésus ne savait ni lire ni écrire, comme tous les gens de son village et la plupart des gens de son milieu. Voir Actes 4,13 : Pierre et Jean y sont traités « d'illettrés ». Ils venaient du même milieu social que Jésus. Bien sûr que cela pose le problème de la rédaction de l'évangile de « Jean » et des lettres de « Pierre », ou de celle de « Jacques », censé être le frère de Jésus, illettré lui aussi.

         Cela dit, il faut faire attention : illettré ne dit pas inintelligent et sans culture. Ces gens-là, qui connaissaient leur histoire et leurs racines, étaient sans doute moins illettrés que bien des jeunes d'aujourd'hui qui ne savent rien du passé. Dernière chose, il faut se méfier de projeter en Jésus les connaissances du « Verbe » de Dieu. J'ai connu bien des gens qui s'imaginaient que Jésus, étant fils de Dieu, savait lire de toute éternité...

         J'espère que ces lignes rapides auront quelque peu répondu à la question, étant bien entendu qu'une vraie réponse à une vraie question amène toujours de nouvelles questions.

    André Myre

    Source www.interbible.org

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    Balado.jpg Noé : de l’ivrognerie à l’esclavage

    audioCapsule audio : 22 min. le lien est sous le texte suivant

     

    Après le Déluge, Noé plante une vigne. Il produit son vin et se retrouve complètement soûl. Puis alors qu’il est étendu nu par terre, Cham, son fils, voit la nudité de son père. Cette expression pourrait laisser entendre plus qu’on ne le croit… Devant tout ça, Noé maudit Canaan le fils de Cham et affirme qu’il sera l’esclave de ses frères. Au cours des siècles, la malédiction de Canaan a servi à justifier l’esclavagisme des Noirs. D’abord les arabes, puis les protestants ont interprété que les noirs étaient des descendants de Cham et que leur esclavage était dû à la malédiction de leur ancêtre. Aujourd’hui cette interprétation ne tient pas la route. Pour éviter les mauvaises interprétations de la Bible, saint Augustin dit : « Aime et fais ce que tu veux ». Pour lui, si une interprétation ne mène pas à l’amour de Dieu et des autres, elle ne peut être bonne, puisque l’essentiel de la Bible se résume à aimer Dieu et son prochain comme soi-même.

    Série « Récits insolites de la Bible » diffusée sur les ondes de Radio Ville-Marie (Montréal).


    Première diffusion le 11 janvier 2011 • Réalisation et animation : Sébastien Doane • Lectrice invitée : Andrée-Anne Laferrière • Technicien : Alain Primeau • Extraits musicaux : Loreena Mckennit, Prologue ; Mozart, Menuetto, Trio à cordes en mi bémol (KV563), Mozart, Grumiau/Janzer/Czako et allegro, Duo violon alto en sol (KV423), Grumiaux/Pellicia.

    Sébastien Doane, bibliste, est l'auteur de Mais d'où vient la femme de Caïn? Les récits insolites de la Bible (Novalis/Médiaspaul, 2010) dont la série s'inspire.

    Index des balados de la série Récits insolites de la Bible »

    * Le téléchargement est autorisé pour un usage privé seulement. Pour tout autre usage, veuillez nous contacter.

     

    Source www.interbible.org

    Émission précédente

    Noé : de l’ivrognerie à l’esclavage



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    « Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Marc 10,15


    Jesus enf dessein Nous nous attendrissons souvent devant les enfants, sans trop nous rendre compte de leur impuissance et de leur dépendance à notre égard. En tant qu’adultes, nous envions la jeunesse et la fraîcheur des enfants. Nous voudrions peut-être faire reculer le calendrier pour gagner du temps, mais nous ne voudrions pas perdre nos pouvoirs d’adultes, chèrement acquis.

     

    Jésus de Nazareth nous prévient : le royaume de Dieu, qu’il appelle de sa prière et de ses gestes, nous laisse tous impuissants, comme des enfants. Si les derniers seront premiers, alors nous ne pouvons rien faire pour assurer notre place, tout geste de puissance sera vain et perdu. L’abandon à la bonne volonté de Dieu et de nos semblables est très exigeant.

     

    C’est là que la naïveté des enfants, leur foi désarmante, devient héroïque et évangélique pour nous, les adultes.


    Rodolfo Felices Luna
    Bibliste, Université de Sherbrooke

    Source http://www.interbible.org

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  • La stèle de Mésha, roi de Moab

    Découverte en 1868, la stèle de Mésha livre un témoignage indirect sur l’histoire de l’ancien Israël. Son inscription ne confirme aucun récit biblique mais il éclaire un conflit entre le royaume d’Israël et un état voisin, Moab.

    stele-Mesha.jpg

         La stèle a été découverte à Dhiban (l’antique Dibôn), en Jordanie, sur la rive orientale de la mer Morte. Elle se caractérise par sa forme cintrée et l’absence de représentation figurée, une exception parmi les stèles du Proche-Orient ancien. Le texte compte 34 lignes qui se lisent de droite à gauche, dans un alphabet semblable au phénicien ancien et qui annonce déjà l’écriture des inscriptions hébraïques du VIIIe siècle. Elle est rédigée en moabite, un dialecte très proche de l’hébreu biblique.

    Plusieurs noms israélites

    Le tétragramme YHWH

         La stèle a rapidement retenu l’attention des épigraphistes (les spécialistes des inscriptions anciennes) à cause des noms propres qui y sont inscrits. En plus de la mention de Moab, on retrouve six fois le nom d’Israël et c’est la plus ancienne attestation en épigraphie ouest-sémitique. Le tétragramme YHWH apparaît (en rouge sur l'illustration) au début de la ligne 18. On retrouve également deux fois le nom du roi Omri (le seul roi d’Israël mentionné explicitement sur la stèle) et une fois celui de la tribu de Gad. La présence de tous ces noms propres en fait un document exceptionnel pour éclairer un volet de l’histoire d’Israël.

    Les règnes d’Omri et d’Achab

         Omri et son fils Achab ont régné sur Israël au IXe siècle avant notre ère. Il est probable que le début du règne de Kamoshyat (circa 885-855), roi de Moab mentionné au début de l’inscription, coïncide avec celui d’Omri. La Bible nous dit de ce dernier qu’il était le chef de l’armée (1 R 16,16) avant son accession au trône, mais elle ne parle pas de ses campagnes militaires. La stèle de Mésha comble cette lacune : Omri « opprima » Moab de nombreux jours (ligne 5) et il prit « possession » du pays de Mâdabâ (lignes 7-8).

         Le nom d’Achab n’apparaît pas sur la stèle. Certains spécialistes pensent que cette omission est intentionnelle. Le nom d’Achab est évoqué quand on parle du fils d’Omri qui a maintenu la même politique d’oppression sur Moab (ligne 9). Le roi de Moab a sans doute voulu taire le nom d’Achab à cause du tribut qu’il dû payer au roi israélite (voir 2 R 3,4); la stèle voulait honorer le nom de Mésha, pas celui d’un ennemi!

    Les règnes d’Ochozias et de Joram

         Le court règne d’Ochozias (853-852) n’est pas suggéré par la stèle, ni même celui de Joram (852-841). Mais ils sont peut-être visés à la ligne 7 quand on mentionne de la maison (dynastie) d’Omri. C’est sous le règne de ces rois que Mésha cessa de verser un tribut à Israël (2 R 3,5). Et c’est sous le règne de Joram que la tradition biblique situe une campagne militaire (2 R 3,5-27) pour rétablir l’assujettissement de Moab.
    Le texte de la stèle moabite appartient au genre des « inscriptions commémoratives » qui rappelle les hauts faits d’un souverain. Seuls les événements glorieux, les constructions monumentales et les grands travaux publics sont retenus. Il n’est donc pas étonnant qu’un épisode dramatique pour Moab  comme la campagne militaire israélite n’ait pas été retenu.

    Le règne de Jéhu

         Comme les rois précédents, Jéhu (841-814) n’est pas mentionné sur la stèle. Mais les victoires militaires du roi moabite décrites succinctement sur la stèle ont été accomplies sous le règne de ce roi israélite. En 841, Jéhu dut se soumettre à la puissance assyrienne et n’arrivait plus à contrer les attaques araméennes (voir 2 R 10,32-33). Ce sont probablement ces événements qui sont évoqués quand on lit sur la stèle : « Et Israël fut ruiné à jamais » (ligne 7). Mésha profita du déclin du royaume d’Israël pour reprendre les territoires et les villes annexés par son ennemi. Il va même jusqu’à étendre son territoire en prenant une ville israélite comme Nébôh et en exterminant toute la population (ligne 11) pour annexer le territoire de manière permanente.

    Un débat qui divise les historiens

         L’histoire de l’ancien Israël est un sujet qui divise les historiens depuis plusieurs années. Certaines positions sont irréconciliables. Certains chercheurs prétendent qu’il est impossible de reconstituer l’histoire d’Israël en nous appuyant sur le texte biblique, notre source principale. Ils considèrent la Bible comme un texte au service d’une idéologie religieuse. Et ce jugement négatif sur le texte biblique s’étend aussi à des textes comme l’inscription de la stèle de Mésha car on y parle beaucoup de Kamosh, le dieu national moabite [1].

         Les livres bibliques que nous avons pris l’habitude de qualifier d’historiques (Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2  Rois par exemple) ne sont pas des livres d’histoire au sens moderne du terme. Reconstituer l’histoire d’Israël à partir du texte biblique n’est pas une tâche facile quand on considère, par exemple, les réécritures successives qu’il a subies. Mais une source externe comme la stèle de Mésha est un document précieux pour éclairer l’histoire de Moab et celle de ses voisins à l’aube de l’extension de l’empire assyrien. L’inscription moabite est aussi intéressante parce que l’interprétation religieuse qu’elle propose des événements qui ont marqué le règne de Mésha est proche de la manière dont les auteurs bibliques ont compris leur propre histoire. De plus, la manière dont on décrit la relation qui lie Kamosh à son peuple ressemble beaucoup à ce que l’on retrouve dans la Bible entre Yahvé et son peuple.

    [1] Voir par exemple T.L. Thompson, The Bible in History : How Writers Create a Past, London, 1999.

    Sylvain Campeau

    Source www.interbible.org

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    « Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j’ai créés – et, avec les hommes, les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel – car je regrette de les avoir faits. » Genèse 6,7

    Deluge.jpg
    Ces paroles sont d’autant plus redoutables qu’elles viennent de la bouche de Dieu, selon le récit biblique qui précède le grand déluge. Si les humains croient en Dieu, est-ce que Dieu croit en l’humanité? Si Dieu ne croit plus en nous, inutile d’espérer. Y aurait-il une situation plus dramatique que le désespoir de Dieu à notre égard? L’auteur du récit de la Genèse place le regret de Dieu dans un passé mythique, préhistorique. Le pire qui pourrait nous arriver est déjà passé… et Dieu a aussi regretté le déluge par la suite. L’avenir de l’humanité est assuré parce que Dieu a déjà été tenté de détruire son œuvre et Il l’a regretté. En vivant le regret à deux reprises, l’exemple de Dieu nous apprend le chemin de la conversion, du pardon et de l’espérance. Dieu apprend à réaliser son plan de bonheur malgré nos horreurs et nos limites. Il apprend à composer avec nos erreurs au lieu de les effacer. Et dans son infinie patience, Il espère en nous plus que nous n’espérons en Lui.


    Rodolfo Felices Luna
    Bibliste, Université de Sherbrooke

    Source www.interbible.org

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  • Capsule audio  D'où vient la femme de Caïn?

    Caen.jpg Première capsule de la série Récits insolites de la Bible diffusée sur le ondes de Radio Ville-Marie (Montréal). Durée : 22 minutes.

     

    Adam et Ève ont deux enfants : Caïn et Abel. Caïn va tuer son frère puis il sera chassé vers le pays de Nod et y trouvera une femme. Mais d'où vient la femme de Caïn? Il y a des personnages dans le livre de la Genèse qui ne semblent pas être des descendants d'Adam et Ève. La femme de Caïn en fait partie. Son origine n'est pas racontée. C'est un blanc, un trou dans le texte. Probablement que les auteurs de ce texte la relient à d'autres peuples plus lointains qu'ils connaissent mal et qui auraient une origine différente. Quelques réflexions sur le dialogue entre la science et la foi. Comment comprendre le livre de la Genèse aujourd'hui, à lumière des données scientifiques actuelles?


    (cliquez sur le titre ci-dessous)

    D'où vient la femme de Caïn?
    http://www.interbible.org/interBible/images/collaborateurs/Sebastien_Doane.jpg 

    par Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

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  •                                                                                                                    Élie le prophète (6/6)
         
    Élie et l'idéal monastique

    On ne saurait terminer le portrait du prophète Élie sans évoquer l’inspiration qu’il a suscitée dans la tradition monastique. On a vu en lui l’homme qui se tient à l’écoute de la Parole et le guide vers la rencontre du Dieu vivant. Je vous invite à lire ce témoignage d’une carmélite : À l’écoute de Dieu.

         « Il est vivant, le Seigneur, en présence de qui je me tiens... »

         Par ce cri, Élie, le rude prophète de l'Israël du 9e siècle, nous interpelle encore. Qu'a-t-il à nous dire aujourd'hui, cet homme austère et ardent, solitaire en quête de Dieu et solidaire de son peuple divisé et infidèle?

         Sa présence à la Transfiguration du Christ active et confirme sa mission de guide vers la rencontre du Dieu vivant. La tradition monastique d'Orient et d'Occident ne s'y est pas trompée en le prenant pour modèle sur le chemin de la prière, car si nous pouvons désormais « contempler la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ », ce grand chercheur de Dieu peut encore nous en donner la soif, nous communiquer sa flamme !

         À nous qui refusons une prière sécurisante ou sentimentale, Elie montre que la recherche de Dieu est une expérience de foi vive, qui engage tout l'être, toute la vie au service de ce Seigneur et de son dessein de salut. Personne n'est plus libre, moins installé, plus vulnérable aussi, que celui qui accepte d'être mené par la Parole et l'Esprit de Dieu : c'est le sort d'Elie et des prophètes de tous les temps, comme de chaque chrétien qui se risque à vivre de sa foi...

         À nous qui cherchons à tâtons l'unité de notre vie, l'équilibre de la prière et de l'action, Elie indique la source jaillissante de l'une et de « autre : la relation personnelle, la communion à Celui qui parle, qui fait vivre et agir. La même Parole l'attire au désert et lui confie sa mission; elle résonne avec force dans des formules lapidaires : Va-t-en d'ici... cache-toi au torrent... lève-toi et mange... tiens-toi dans la montagne devant le Seigneur... va, retourne... - Et Élie, simplement, obéit : sans discuter, sinon sans faiblir; et sa faiblesse même est une parole pour nous; elle nous dit que l'homme de prière demeure un homme « semblable à nous »; il ne peut marcher vers Dieu que dans la force qu'il reçoit de Lui : « Soutenu par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb ».

         Nous, dont la foi est hésitante ou douloureuse, Elie nous engage à aventurer notre vie avec Dieu. Il ne s'agit pas d'abord de comprendre la Parole de Dieu, mais de l'écouter - donc d'en prendre les moyens de silence et de libération intérieure - et de la « faire », de lui obéir. Alors, sans doute, nous comprendrons... « Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique. »

         Nous qui sommes en quête de maîtres spirituels, avec Abraham et Moise, Élie peut nous guider sur le chemin de la prière : pour eux, comme pour nous, ce chemin passe par le désert où l'on quitte ses sécurités pour apprendre à marcher dans la force d'un Autre, et conduit à la rencontre silencieuse de Celui qui parle : dans la brise légère de l'Horeb comme dans la lumière du Thabor, Il parle de son amour pour les hommes, Il se révèle comme Celui qui sauve en se donnant Lui-même dans sa Parole : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-Le... »

    Yves Guillemette, ptre

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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