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Par Serviteur-ofs le 17 Janvier 2017 à 22:02
Tes chefs sont rebelles et s’associent avec des voleurs, ils aiment les pots-de-vin et courent après les récompenses. Ils ne défendent pas les droits de l’orphelin et demeurent sourds à la cause des veuves. (Ésaïe 1,23)
Les reproches d’Ésaïe à la Jérusalem du 8e siècle avant notre ère pourraient s’appliquer à nos sociétés et à certains politiciens (pas tous, heureusement) : faire carrière pour s’enrichir, ne pas se préoccuper des plus vulnérables… Rien de nouveau !
La corruption ou l’actualité internationale peut nous faire douter de l’engagement dans le service public et pour la communauté. Il est si facile de se désintéresser de la chose publique, de ne plus se préoccuper que de sa propre existence sous prétexte que « Plus ça change, plus c’est pareil », « Tous pourris ! », « C’est inutile »... Si notre monde, 27 siècles plus tard, est encore vivable malgré les injustices et les malversations, c’est justement parce que des milliers de personnes, dont beaucoup de chrétiens, restent debout et se battent pour la justice et pour un monde meilleur.
Malgré tout ce qui se passe dans les nouvelles par les temps qui courent, l’heure n’est pas au découragement, mais à se retrousser les manches pour travailler encore plus fort pour les valeurs auxquelles nous croyons. Il ne faut pas cesser de croire en Dieu qui agit dans le monde, ni de croire en l’humanité. Le monde a plus que jamais besoin de nous !
source www.interbible.org
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Par Serviteur-ofs le 19 Janvier 2017 à 12:17
Est-ce que Jean et Jésus étaient cousins?
La Vierge, sainte Anne et l’enfant Jésus bénissant Jean le baptiste
Léonard de Vinci
Carton préparatoire, circa 1501
National Gallery, LondresSi Jean est le cousin de Jésus, pourquoi sait-il si peu de choses sur lui ? (Claude de Québec)
La tradition chrétienne a retenu l’idée que Jean le baptiste et Jésus étaient des cousins. Or, il n’y a qu’un texte qui fait un lien de parenté entre les deux. Les autres textes du Nouveau Testament n’affirment pas spécifiquement le contraire. Cependant, tous les autres passages qui traitent de Jean et Jésus semblent en effet présupposer qu’ils ne sont pas de la même famille. Qu’en est-il ?
De proches parents
Le récit de la naissance de Jésus en Luc est à l’origine de la tradition d’une parenté entre Jean et Jésus. Dans ce récit, Élisabeth et Marie, les mères des deux enfants à naître sont décrites comme parentes (suggénès) en Luc 1,36. Ce mot évoque l’idée d’un lien familial vague entre femmes. Les deux premiers chapitres de Luc racontent la naissance Jésus en parallèle avec celle de Jean. La comparaison entre les deux est toujours à l’avantage de Jésus.
Deux prophètes avec une mission commune
Les évangiles de Marc, Matthieu et Jean ne laissent aucune trace d’un lien de parenté entre Jean et Jésus. Lorsqu’ils se rencontrent, dans certains passages, Jean semble avoir une connaissance de l’identité profonde de Jésus. Par exemple, c’est le baptiste qui désigne Jésus comme « l’agneau de Dieu » (Jean 2,29). Pourtant, dans le verset suivant il dit aussi : « Moi-même, je ne le connaissais pas... » Selon l’évangile de Jean, le baptiste a reçu une révélation particulière en voyant l’Esprit descendre sur lui. Jean atteste que Jésus est le Fils de Dieu, mais il affirme aussi qu’il ne le connaissait pas avant cette scène du baptême.
La suite de l’Évangile selon Luc ne revient pas sur le lien de parenté évoqué dans le récit de naissance. En effet, le baptiste va même jusqu’à demander à Jésus par l’entremise de ses disciples : « Es-tu celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre ? » (Lc 7,20) Donc, l’Évangile de Luc n’évoque plus de liens parentaux entre Jean et Jésus en dehors des récits de naissance.
Lorsqu’on tient compte de l’ensemble des évangiles, il n’y a donc que peu d’appui à la tradition qui fait de Jean et de Jésus des cousins. Par ailleurs, les évangiles sont unanimes pour présenter la continuité entre les deux prophètes. Leurs missions respectives et leurs prédications se ressemblent beaucoup. S’ils ne sont pas parents, ils sont certainement animés du même Esprit.
source www.interbible.org
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Par Serviteur-ofs le 28 Janvier 2017 à 12:32
L’arbre de la connaissance
Tentation d'Adam et Ève
Le Titien ou Tiziano Vecellio, circa 1550
Musée du Prado, Madrid (photo : Wikiwand)L’arbre de la connaissance est un élément symbolique très important du récit du jardin de la Genèse (2,9.17). C’est le seul arbre dont les humains ne peuvent manger le fruit. Par deux fois, il est qualifié par les adjectifs bon et mauvais. En quoi est-ce que cette connaissance peut-elle être bonne ou mauvaise? Voici quatre hypothèses qui montrent comment les lecteurs du livre de la Genèse comprennent habituellement ce symbole.
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La connaissance sexuelle. Manger du fruit de cet arbre symboliserait le désir sexuel. Le commentateur juif Ibn Ezra représente cette option. Ses arguments sont qu’Adam couvre sa nudité après avoir mangé du fruit de cet arbre et qu’il « connaisse » sa femme Ève avant de concevoir Caïn (Gn 4,1). Aussi, la connaissance du bien et du mal est associée dans la Bible à la puberté (Dt 1,39; Is 7,15-16). La théologie du péché originelle a popularisé cette interprétation.
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L’omniscience. Consommer le fruit de cet arbre donne toutes connaissances. Certains récits bibliques utilisent ensemble l’expression le bien et le mal pour désigner la totalité de quelque chose. Par exemple, en Gn 24,50, Laban dit : « Nous ne pouvons pas vous dire rien de mal ou de bien. » C’est-à-dire nous ne pouvons rien dire du tout.
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Le discernement moral. Manger du fruit de l’arbre de la connaissance permet aux humains d’évaluer ce qui est bien de ce qui est mal. Salomon, roi associé à la sagesse, demande au Seigneur de pouvoir discerner entre le bien et le mal (1 R 3,5-9).
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La sagesse divine. Dans cette optique, la vraie sagesse provient de Dieu et implique le respect de ses commandements, et non d’une connaissance personnelle.
Cet arbre a donc été vu comme un symbole de sexualité, d’omniscience, de discernement et de sagesse divine. Puisque la Bible ne parle de l’arbre de la connaissance que dans deux versets, il n’y a pas assez d’information pour préciser de quoi il s’agit. Le mieux est sans doute de voir cet arbre comme un symbole pouvant être interprété de plusieurs façons.
NDLR : Les informations de cette chronique ont été trouvées dans Marc Girard, Symboles bibliques langage universel, Montréal, Médiaspaul, 2016.
source www.interbible.org
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Par Serviteur-ofs le 6 Février 2017 à 19:31
Le sel et la lumière
La Lumière du monde (1854) par William Holman Hunt
Le sel et la lumière : Matthieu 5, 13-16
Autres lectures : Isaïe 58, 7-10; Psaume 111(112); 1 Corinthiens 2, 1-5Le Seigneur invite les chrétiens et les chrétiennes à ne pas rester passifs dans le monde. Ils doivent constamment lutter pour la dignité humaine et pour la justice sociale. Ainsi, en aimant comme le Christ, ils deviendront le sel de la terre et la lumière du monde.
L'Évangile débute avec le pronom « Vous ». Jésus met ses auditeurs devant un fait accompli. En devenant ses disciples, les enfants de Dieu n'ont pas à se baser sur leurs propres capacités ou mérites pour aimer comme le Père. En devenant des baptisés, le Christ leur donne l'Esprit Saint et les rend ainsi aptes à introduire la miséricorde divine dans le monde. Ils sont immédiatement capables de devenir le sel de l'univers et la lumière divine dans le milieu où ils vivent.
Le sel
Dans ses paraboles, Jésus choisit toujours des symboles simples et universels qui peuvent être compris dans toutes les cultures. Sur la terre, la plupart des gens ont salé leurs aliments pour leur donner du goût ou pour les conserver. Dans l'Ancien Testament, le sel symbolise aussi la sagesse de Dieu. En utilisant le sel comme symbole, Jésus conserve cette signification. Les héritiers de la Nouvelle Alliance seront désormais les personnes qui concrétiseront cette sagesse du Père dans les affaires humaines.
Cette sagesse divine est infinie. Elle s'oppose à la sagesse humaine qui est limitée. L'amour divin ne peut pas être quantifié. Les ouvriers de la dernière heure recevront un salaire identique aux travailleurs qui ont oeuvré toute leur vie à répandre l'Évangile. L'amour du Père surpasse aussi l'amour humain qui est dirigé souvent vers leurs amis. Dieu, qui aime infiniment, appelle les baptisés à aimer sans limite leurs ennemis et à toujours leur pardonner. Le sel a aussi un autre sens dans l'Ancien Testament. Il est la saveur privilégiée de Yahvé. Les sacrifices faits au Temple doivent être salés (Lv 2, 13) pour plaire à Dieu. Jésus, en reprenant le symbole, s'inscrit donc dans la tradition biblique et il l'accomplit car il sera dorénavant celui qui va mettre le grain de sel divin sur la terre. Le sel est aussi un ingrédient qui empêche la pourriture de dégrader les aliments. En utilisant cette allégorie, Jésus indique que les baptisés, en répandant l'Évangile, empêcheront le monde de se dégrader sous l'effet du péché.
La lumière
Les baptisés sont désormais, grâce à l'Esprit, la lumière du monde. La communauté ecclésiale est la ville située sur la montagne de la parabole. Par son action pour la justice sociale et les démunis, elle témoigne du Père. Le Christ affirme aussi que ce nouvel éclairage ne doit pas être caché sous un boisseau. Il faut préciser que le terme utilisé par le Seigneur dans sa parabole est très fort. La lumière n'est pas cachée par un simple abat-jour aux dimensions régulières. La clarté est plutôt obscurcie par un immense contenant qui est désigné par la quantité qu'il contient: un boisseau Cette ancienne mesure correspond aujourd'hui à 12,5 litres. Un immense poids pèse donc sur cette lumière. Dans les premiers siècles du christianisme, les enfants du Père étaient torturés ou exécutés à cause de leur foi. Ils refusaient de pratiquer la religion officielle de l'Empire romain qui faisait de l'Empereur un dieu. Lorsque le christianisme est devenu la religion de l'Empire au 4e siècle, le témoignage scandaleux de plusieurs clercs, évêques et papes ont nui à la diffusion de la lumière évangélique. Les fidèles se détournaient de personnes qui prêchaient un message et qui, dans leur vie, faisaient le contraire de ce qu'ils disaient. Aujourd'hui les deux éléments se côtoient. Dans une société où la science est devenue la nouvelle religion, la foi est ridiculisée à cause de quelques croyances qui contredisent les découvertes scientifiques (la virginité de Marie, les miracles, etc.). De plus, les abus commis par des responsables dans toutes les familles chrétiennes (pédophilie, crimes financiers, etc.) ont détourné les gens de l'Église.
Enfin, certains croyants diront que cette parabole de Jésus contredit d'autres éléments évangéliques comme la consigne de prier, de jeûner et de donner aux pauvres en secret (Mt 6, 1-18). Le boisseau qui cache la lumière serait donc le bienvenu. L'opposition apparente entre ces deux propositions disparaît lorsqu'on cerne la motivation à la base de ces pratiques. Jésus fait remarquer que les gestes des pharisiens servent à leur propre gloire. En étalant devant un public réceptif leur piété qui semblait remarquable, ils se forgeaient une excellente réputation dans leur communauté. L'opinion favorable du monde à leur égard leur vaut admiration et même pouvoir sur les consciences. Ils ne sont pas comme l'apôtre Paul dans la deuxième lecture qui, en arrivant à Corinthe, se sent faible et craintif. Paul représente l'antithèse des pharisiens. Après avoir constaté sa vulnérabilité, les Corinthiens seront surpris de sa force lorsqu'il proclamera la Bonne Nouvelle. Ainsi, intégrés, ils demanderont la source de sa force. Paul pourra leur indiquer que le Christ lui permet de dépasser ses limites humaines. Donc les chrétiens et les chrétiennes qui agissent pour témoigner de la puissance divine doivent éclairer le monde. Les baptisés qui agissent dans le but d'être reconnus dans le monde devraient plutôt se cacher.
La charité
La première lecture définit la composition du sel et de la lumière chrétienne. C'est la miséricorde divine dont la particularité est de s'intéresser à toute l'humanité : riches, pauvres, dominants, dominés, savants, ignorants. Dieu a cependant un amour privilégié pour les démunis et les exclus qui ont souvent Dieu comme seule richesse. Dieu ne rejette pas les bien-nantis. Quand ils partagent leur richesse sans une compagne de relations publiques qui glorifient leur don, Dieu les bénit. Quand ils utilisent les ressources qu'ils ont à leur disposition pour lutter contre l'injustice, Dieu les bénit. Quand, patrons, ils traitent leurs employés avec justice, Dieu les bénit. Les riches et les puissants doivent devenir des témoins du Père qui donnent au monde une nouvelle saveur et un éclairage nouveau.
Certains chrétiens ne partagent pas la vision d'Isaïe. Pour eux, la charité n'est pas essentielle au salut. En se basant sur plusieurs extraits bibliques, ils soutiendront que la foi est le seul élément nécessaire au salut. Quand une personne accepte le Christ comme Sauveur et Seigneur, elle fait désormais partie de la grande famille des enfants de Dieu. La mission de chaque enfant serait de transmettre cette conviction et d'amener les êtres humains au baptême. La charité, dans cette interprétation du message du Christ, est souhaitable mais secondaire. L'Église catholique a toujours soutenu une autre interprétation. La foi et la charité sont également nécessaires pour être sauvé. Une personne ne peut se prétendre disciple du Christ si elle amasse une fortune sans tenir compte du bien commun. Actuellement, en ce XXIe siècle, les inégalités sociales et économiques n'ont jamais été aussi présentes. La charité est plus que jamais indispensable. Les sacrements et la liturgie restent importants pour que la conscience humaine soit pleinement nourrie de la grâce divine qui permet d'aimer comme Jésus. Mais les baptisés ont plus que jamais la tâche de soulager la misère humaine et ainsi de répandre la miséricorde divine, le sel et la lumière de la Nouvelle Alliance.
Source : Le Feuillet biblique, no 2519. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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Par Serviteur-ofs le 9 Février 2017 à 06:30
Esclaves, obéissez à vos maîtres!
Mosaïque d’époque romaine montrant des esclaves au travail
Aujourd’hui, il va de soi que l’esclavagisme est une pratique inhumaine. Or, au temps des premiers chrétiens, l’esclavage faisait partie de l’organisation sociale. Le modèle socioéconomique de l’Empire romain était basé sur l’utilisation d’esclaves. C’est ainsi que quelques textes du Nouveau Testament montrent l’esclavage, non seulement comme allant de soi, mais recommandent aux esclaves d’être de bons esclaves!
5 Esclaves, obéissez à vos maîtres d’ici-bas avec crainte et tremblement, d’un cœur simple, comme au Christ, 6 non parce que l’on vous surveille, comme si vous cherchiez à plaire aux hommes, mais comme des esclaves du Christ qui s’empressent de faire la volonté de Dieu. 7 Servez de bon gré, comme si vous serviez le Seigneur, et non des hommes. 8 Vous le savez : ce qu’il aura fait de bien, chacun le retrouvera auprès du Seigneur, qu’il soit esclave ou qu’il soit libre. 9 Et vous, maîtres, faites de même à leur égard. Laissez de côté la menace : vous savez que, pour eux comme pour vous, le Maître est dans les cieux et qu’il ne fait aucune différence entre les hommes. (Ephésiens 6,5-9)
Obéir au Christ
À première vue, cette lettre attribuée à Paul incite les esclaves à obéir à leur maître. Elle les encourage même à servir d’une façon particulière : comme si leur maître était le Christ. D’autres lettres de Paul évoquent cette image. Pour lui, tous les chrétiens sont appelés à être serviteurs et servantes du Christ.
Subvertir les divisions sociales
Une lecture plus attentive de notre extrait révèle que ce texte a peut-être bouleversé les idées reçues de l’époque. Le verset 8 indique que, devant la mort, les personnes libres et les esclaves ont la même dignité. Le verset 9 avertit même les maîtres de ne pas user de menaces, car Dieu ne fait pas de différences entre les humains, qu’ils soient libres ou esclaves. Cette affirmation est révolutionnaire. À l’époque, les esclaves appartenaient à leur maître et ils étaient perçus comme des sous-hommes qui ne sauraient pas quoi faire de leur liberté, le cas échéant. Ils avaient besoin de maîtres pour les diriger. La société était très hiérarchisée. Il y avait plusieurs niveaux entre l’empereur et les esclaves. Chacun avait sa place. Et les autorités, en haut de cette pyramide, faisaient tout pour qu’il n’y ait aucune contestation sociale possible.
Ce texte est le reflet d’une société divisée entre humains libres et esclaves. Mais pour Dieu, cette distinction n’existe pas. Notons que, dès les premiers siècles de notre ère, le christianisme a eu un grand succès auprès des classes sociales inférieures, car il leur offrait une dignité égale à celle des autres membres de la société. Avec notre regard du 21e siècle, ce texte semble justifier l’esclavage, mais au contraire, il vient remettre en question un principe fondamental de ce système, en affirmant que, devant Dieu, tous sont égaux. Comme le dit Paul, dans la Lettre aux Galates (3,28) : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec; il n’y a plus ni esclave ni homme libre; il n’y a plus l’homme et la femme; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ. »
Réfléchir sur l’esclavage avec le pape François
Le 1er janvier 2015, le pape François a lancé une invitation à lutter contre les diverses formes d’esclavage, dans son message intitulé : Non plus esclaves, mais frères.
Il y a eu des époques, dans l’histoire de l’humanité, où l’institution de l’esclavage était généralement acceptée et régulée par le droit. Mais l’esclavage, n’est-ce pas un fléau du passé? Si le pape a pris la peine de dénoncer ce phénomène, c’est que ce n’est pas le cas. Quels sont les visages de l’esclavage aujourd’hui? Ils sont très variés, mais je pense spontanément aux travailleurs et travailleuses, mêmes mineurs, asservis dans divers secteurs économiques tels que le travail domestique, l’industrie manufacturière, le travail agricole, le secteur minier, etc.
Je pense aux nombreux émigrants qui fuient des situations difficiles. Lors de leur voyage, ils doivent faire face à de nombreux périls. Ils sont souvent privés de liberté, dépouillés de leurs biens ou même victimes d’abus. Arrivés à destination, ils sont parfois détenus dans des conditions inhumaines. Ils acceptent alors de vivre et de travailler dans ces conditions, car ils sont sans papiers et ne peuvent pas travailler de façon légale.
Je pense à l’esclavage lié à la sexualité. Des personnes, en particulier des mineures, sont contraintes de se prostituer et de devenir des esclaves sexuels. Il y a aussi des femmes vendues dans des mariages forcés. Je pense aussi aux enfants-soldats et aux prisonniers de groupes terroristes. Toutes ces personnes sont les esclaves d’aujourd’hui.
Il y a aussi un visage moins connu de l’esclavage, auquel nous contribuons largement. Nos achats de biens et de services proviennent souvent de compagnies qui utilisent l’esclavage sans que nous le sachions. Par exemple, le cacao utilisé au Canada provient de pays de l’Afrique de l’Ouest tels que le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Nigéria, qui le récoltent à l’aide d’enfants vivant dans des conditions inhumaines. Lorsque nous achetons une barre de chocolat (non équitable), nous contribuons directement à leur esclavage, sans nous en rendre compte. Autre exemple : nos fonds de pension mettent souvent à profit le travail des enfants, dans des mines, en Amérique centrale. Plus de la moitié des compagnies minières du monde ont leur siège social au Canada. Les profits qu’ils font, par l’exploitation des ressources, reviennent dans les poches de leurs actionnaires, c’est-à-dire nous. Et plusieurs rapports montrent que cette exploitation fait fi de l’environnement et des droits des personnes qui y travaillent.
L’appel du pape François est signifiant, autant pour les croyants que pour les non-croyants. En effet, il utilise la métaphore de la fratrie pour nous rappeler les liens qui unissent tous les êtres humains. Pour lui, nous sommes comme des frères et des sœurs. Ainsi, nous devons respecter la dignité, l’autonomie et la liberté des autres, pour lutter contre l’exploitation de l’homme par l’homme.
Extrait de : Sébastien Doane, Zombies, licornes, cannibales… Les récits insolites de la Bible, Montréal, Novalis, 2015.
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Par Serviteur-ofs le 14 Février 2017 à 19:18
Passer de la Loi à L'Évangile!
Sermon sur la montagne par Jan Brueghel l'Ancien (1568–1625)
La vengeance : Matthieu 5, 38-48
Autres lectures : Lévitique 19, 1-2.17-18; Psaume 102(103); 1 Corinthiens 3, 16-23
Pour un quatrième dimanche consécutif, nous poursuivons notre lecture du Sermon sur la Montagne. Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui (Mt 5,1-2). Jésus y apparaît comme un nouveau Moïse qui, du haut de la montagne, ne nous transmet plus la Loi divine, mais bien plutôt la charte du Royaume des cieux.Après les béatitudes, Jésus déclarait : Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir (Mt 5,17). Les antithèses que nous lisons depuis dimanche dernier le montrent bien. Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… Eh bien ! moi, je vous dis… (voir Mt 5,21-22.27-28.33-34). En Jésus, Dieu vient accomplir sa Loi et nous donner son Évangile.
La loi du talion
Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent (Mt 5,38). Vous ne serez pas surpris d’apprendre que la loi du talion avait été enseignée par Moïse. Ainsi, cinq chapitres après avoir lancé au nom de Dieu une invitation à la sainteté : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint (Lv 19,1), Moïse reprend : Si un homme provoque une infirmité chez un de ses compatriotes, on lui fera comme il a fait : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent. Telle l’infirmité provoquée, telle l’infirmité subie (Lv 24,19-20 ; voir Ex 21,24 ; Dt 19,21). Le principe selon lequel la punition du coupable doit être égale à sa faute a marqué un réel progrès dans le droit coutumier. « Il ne faut pas laisser notre sensibilité moderne s’effrayer de la dureté d’une telle législation. […] Le premier mouvement de celui qui se trouve outragé est bien de se “ venger ”, c’est-à-dire de rendre davantage »1.
Une règle à suivre en famille seulement ?
Fait à noter, que ce soit la loi de la sainteté ou la loi du talion, Moïse parle d’abord et avant tout des rapports des Juifs entre eux. Par exemple, quand il précise ce que signifie la sainteté à laquelle est appelé le peuple choisi, il dit : Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple (Lv 19,17-18ab). De même, la loi du talion s’applique entre compatriotes. (Voir cependant Lv 19,34 : L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un israélite de souche, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte). Jésus, de son côté, ne limite pas les préceptes de l’Évangile au peuple juif ou aux membres de l’Église. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant (Mt 5,39a), peu importe sa race, sa religion, son genre ou son rang social. On ne peut que se réjouir de cet élargissement opéré par la chartre du Royaume des cieux.
Tendre l’autre joue
Non seulement Jésus vise un auditoire élargi, mais il est fort exigeant, voire trop exigeant. Comment ne pas riposter au méchant ? Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre (Mt 5,39). Or, dans un monde où tous doivent se servir de leur main droite dans leurs gestes du quotidien, gifler sur la joue droite signifie frapper du revers de la main, un geste particulièrement violent et méprisant. Tendre l’autre joue ne reviendrait-il pas à encourager la violence ?
Il importe de ne pas prendre cette injonction à la lettre. Jésus lui-même le montrera bien quand il recevra une gifle à l’heure de sa passion : Un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : “C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre !” Jésus lui répliqua : “Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal ? Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?” (Jn 18,22-23).
Des gestes irraisonnables ?
Comment ne pas riposter au méchant ? Jésus en donne trois autres exemples. Les deux premiers sont des cas d’injustice. Dans la Bible, la tunique est le vêtement du pauvre (voir Ex 22,25-26). Prendre la tunique est donc un geste d’exploitation éhontée. Si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas… (Mt 5,42). Autre acte violent : En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus (Mt 27,32). Enfin, à qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! (Mt 5,42). C’est faire œuvre de miséricorde que prêter à son prochain disait Ben Sirac (29,1). Ici, le prêt fait place au don.
L’amour des ennemis
La dernière antithèse va dans le même sens. Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent (Mt 5,43-44). Pour un auditeur juif de l’époque, le prochain ne peut être qu’un autre Juif et l’ennemi vise surtout l’étranger, le païen. « Jusqu’à présent on mesurait sa charité aux bons et aux justes, à ceux qui vous aimaient, maintenant il faut l’étendre aux ennemis, et aux persécuteurs, aux méchants et aux injustes, aux publicains et aux païens »2.
Imiter la folie de Dieu
Ce que propose Jésus ce dimanche semble irréalisable. C’est une folie ! Qui peut être à la hauteur de ces préceptes ? Pourtant, comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu (1 Co 3,18-19a). N’est-ce pas cette folie que propose Jésus à ses disciples ce dimanche ? Une folie que Jésus lui-même a choisie et pour laquelle il a donné sa vie.
Il semble bien que oui. Jésus invite à suivre ce chemin difficile afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux (Mt 5,45). Or notre Père des cieux ne limite pas ses bienfaits au peuple juif ou encore à la communauté chrétienne. Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (Mt 5,45). Dieu est universelle tendresse, amour sans frontières 3.
Que votre lumière brille devant les hommes
La charte du Royaume des cieux, que nous propose Jésus, peut paraître impossible à vivre. Impossible pour les hommes, mais pas pour Dieu. Rien n’est impossible à Dieu. Gardons en mémoire les paroles que Paul adressait aux Philippiens. C’est Dieu qui agit pour produire en vous la volonté et l’action, selon son projet bienveillant. Faites tout sans récriminer et sans discuter ; ainsi vous serez irréprochables et purs, vous qui êtes des enfants de Dieu sans tache au milieu d’une génération tortueuse et pervertie où vous brillez comme les astres dans l’univers, en tenant ferme la parole de vie (Ph 2,13-16a).
Comme votre Père
Comme il l’a fait lui-même, Jésus nous invite donc à imiter notre Père des cieux. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? […] Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? […] Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt 5,26-28).
1 Lucien Deiss, « La loi nouvelle », dans Assemblées du Seigneur, no 38 (1970), p. 60-78 [63].
2 Lucien Deiss, « La loi nouvelle », p. 69.
3 Lucien Deiss, « La loi nouvelle », p. 70.Source : Le Feuillet biblique, no 2521. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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Par Serviteur-ofs le 18 Février 2017 à 03:24
Le Dôme du Rocher
Le Dôme du Rocher, aussi appelé injustement mosquée d’Omar (photo : Sébastien Doane)
L’édifice que l’on voit ci-dessus, et qui représente si bien Jérusalem, c’est le Dôme du Rocher. Ce n’est pas une mosquée à proprement parler, mais plutôt un lieu de mémorial. Mais qu’est-ce donc que ce fameux rocher dont on parle tant. Qu’a-t-il de si spécial pour qu’on le convoite autant, tant chez les Juifs que chez les Musulmans? Rien, si ce n’est qu’il attire à lui un tas de traditions religieuses qui se sont développées au cours des siècles.
Certains considèrent que c’est sur ce rocher qu’Abraham aurait été sur le point de sacrifier Isaac. Le texte de Gn 22 dit qu’Abraham s’est rendu sur le mont Moriah. On ne sait pas où se trouve ce mont Moriah, mais la tradition l’a localisé ici, où devait être construit le temple de Jérusalem (2 Ch 3,1).
D’autres considèrent que c’est sous ce rocher qu’Arauna conservait ses récoltes et que c’est cette aire que David aurait achetée pour y faire construire le temple de Jérusalem (2 S 24,16-24). Le rocher sera donc longtemps associé au temple, même si on ne sait pas exactement où il se trouvait sur l’esplanade. Il n’est pas impossible que ce rocher ait servi d’autel des sacrifices à l’époque du second temple. Quant à sa présence dans le temple de Salomon, là, c’est une autre histoire. Des thèses diverses s’affrontent à propos de son emplacement précis. On ne saura sans doute jamais la réponse exacte à cette question, Hadrien ayant fait raser la place en 135 de notre ère. Même ce rocher, on le voit bien quand on l’observe de haut, comme sur la photo, a servi de carrière pour la construction de divers édifices dans la ville.
Vue en plongée du rocher (photo : Internet)
Pour les Musulmans, le rocher est associé à Abraham, certes, mais surtout à Mahomet. C’est de ce rocher qu’il serait monté au ciel. Comme dans l’église de la Nativité à Bethléem pour le rocher de la grotte de la naissance de Jésus, ou dans le Saint Sépulcre pour le rocher du Calvaire, on invite les pèlerins à toucher le rocher sur lequel on serait censé reconnaître la forme du sabot de Bouraq, la jument du Prophète (ou la main de l’ange Gabriel retenant le rocher qui tente de partir avec Mahomet !). Un petit édicule conserve aussi une relique du Prophète : un poil de sa barbe.
Ce rocher est percé sur le dessus. Ce trou donne sur une cavité, sous le rocher. Pour ceux qui pensent que le rocher était l’autel des sacrifices du temple de Jérusalem, cette cavité aurait servi à recevoir le sang des victimes. Pour les Musulmans, il représente le puits des âmes. C’est ici qu’elles seraient en attente du jugement dernier. (Petite parenthèse : la puissante odeur de pieds qui se dégage des tapis de cette minuscule cavité, où l’on peut descendre, enlèverait à toute âme le goût d’y passer plus de deux minutes !)
Dôme du rocher ou mosquée d’Omar ?
Le Dôme du Rocher (ou de la Roche) est habituellement appelé « mosquée d’Omar ». Or, cette construction n’est pas une mosquée, et elle ne remonte pas au calife Omar. Sur l’esplanade, la mosquée c’est el-Aqsa. C’est vers elle que les Musulmans viennent pour prier le vendredi. Le Dôme du Rocher est plutôt une sorte de chapelle, un monument commémoratif, qui protège le rocher vénéré qui se trouve en son centre. Ce qui n’exclut pas que des Musulmans puissent aussi venir y prier devant le mihrab orienté vers la Mecque. Mais ce n’est pas sa vocation première.
Le Dôme du Rocher a été construit par le calife Abd el-Malik. Commencée en 687, la construction s’est terminée en 691, ce qui en fait le plus vieil édifice religieux de tout l’Islam. Aujourd’hui encore, l’essentiel de sa décoration intérieure est originale, ce qui offre aux historiens de l’art des exemples clairs de l’art omeyyade tel qu’il se pratiquait au 7e siècle.
Vue en plongée montrant la forme octogonale de la construction (photo : Bible.ca)
Une structure parfaite
Ce qui frappe avec le dôme du Rocher c’est le sentiment de perfection qui se dégage de ses dimensions. Tout a été calculé pour s’agencer au rocher central. Un coup d’œil sur les plans vous permettra d’en apprécier la perfection mathématique.
L’octogone obtenu par les murs extérieurs, que l’on voit bien de cet angle sur la photo plus haut (notez aussi que l’esplanade elle-même dessine un heptagone autour de l’édifice), est repris à l’intérieur par une série de huit piliers et seize colonnes qui forment un premier déambulatoire. Le tambour du dôme, quant à lui, repose sur quatre grands piliers qui forment un carré central parfait entre lesquels s’intercalent trois colonnes, pour un total de douze. On obtient ainsi un deuxième déambulatoire entre le premier, externe, et le rocher représenté par le cercle au centre. Les quatre portes de l’édifice sont orientées vers les quatre points cardinaux et s’ouvrent, à l’intérieur, directement sur la colonne au centre de chacun des côtés du carré central. Chaque mur extérieur a la même longueur (20,5 m) que le diamètre du tambour central, et le tout entre dans un cercle extérieur parfait dont le centre est le milieu du rocher.
Le plan (celui de gauche) montre la convergence des hauteurs et des angles vers le centre d’un cercle fictif. Ce dernier tient dans un carré central formé par la hauteur du plancher jusqu’au début de la coupole, et par la distance entre les colonnes qui supportent le tambour. Ce cercle offre la même proportion en hauteur que celle qui était représentée par le cercle central sur le plan de droite.
Même quelqu’un qui n’est pas très familier avec les dessins d’architectes comprendra, en voyant ceci, que nous avons affaire à une construction extrêmement bien conçue, par laquelle on a cherché un équilibre parfait. C’est sans doute pourquoi on ressent, sans le savoir, cette harmonie au contact de cette construction. Et, pour ajouter à ce sentiment, la décoration vient combler le regard qui, où qu’il se porte, se trouve envahi par l’équilibre, la finesse et le bon goût. Vraiment, une expérience étonnante, mystique.
Vue extérieure (photo : Sébastien Doane)
L’extérieur du Dôme du Rocher
Il ne reste rien de la décoration extérieure originale du dôme du Rocher. Des textes anciens signalent que la partie du bas était recouverte de marbre et, la partie du haut, de mosaïques aux motifs végétaux. Malheureusement, les intempéries ont eu raison de ces mosaïques. C’est pourquoi Soliman le Magnifique les fit remplacer en 1545 par des tuiles, plus susceptibles de braver la température de Jérusalem où il pleut, fait froid et neige parfois. Ces tuiles, qui devaient être permanentes, seront elles-mêmes remplacées par les autorités jordaniennes entre 1956 et 1962 pour y apposer les tuiles que nous voyons aujourd’hui. Heureusement, les motifs de cette dernière restauration respectent ceux de l’époque ottomane.
Trois éléments ressortent de la décoration extérieure. D’abord les plaques de marbre de la section inférieure. L’agencement des nervures dans le marbre et du découpage de ce dernier, forme des figures géométriques diversifiées qui se répondent comme en miroir sur une même façade.
Vue extérieure (photo : Sébastien Doane)
La partie médiane, ainsi que le tambour sous la coupole, sont fait de tuiles en faïence perse. Les seules couleurs autorisées, bleu vert et jaune, s’agencent les unes par rapport aux autres dans des motifs géométriques qui privilégient les losanges et les carrés. Les arabesques, qui font tout le tour supérieur de la partie du bas, reprennent le récit de la sourate XVII du Coran intitulée « Le voyage nocturne de Mahomet ». Au moins quatre lignes de texte se chevauchent, formant un entrelacement qui donne l’impression de dentelles.
La coupole, originellement en or pur, est maintenant faite d’aluminium anodisé. Ses dimensions sont d’environ 20 m de diamètre par 10 m de hauteur.
Source www.interbible.org
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Par Serviteur-ofs le 22 Février 2017 à 09:25
Les trésors et les préoccupations
Dieu le Père par Cima da Conegliano (1499)
Ou Dieu ou l'argent : Matthieu 6, 24-34
Autres lectures : Isaïe 49, 14-15; Psaume 61(62); 1 Corinthiens 4, 1-5
Dans ce passage, Jésus place l'être humain devant un choix, soit Dieu, soit l'Argent, littéralement Mamon. Ce terme sémitique, qui désigne l'argent ou l'ensemble des richesses matérielles dans le judaïsme du 1er siècle de notre ère, personnifie, s'il est écrit avec une majuscule, l'argent comme une puissance qui s'asservit le monde, comme une puissance que l'homme risque de vénérer. Qui idolâtre l'Argent et s'en fait l'esclave ne peut aimer Dieu (1 Jn 2,15), ni penser à la souveraineté de Dieu (Lc 12,15-21) ni accomplir sa volonté (Mt 19,21-22) puisque, selon les termes de l'Alliance, Yahvé est un Dieu, un Dieu qui ne supporte aucun autre dieu à ses côtés (Ex 20,3; Dt 6,4). Par conséquent, le « service à Dieu » est total, indivisible. Pour Jésus, l'argent est la place où est le cœur d'une personne, quand il n'est pas avec Dieu ou avec le « trésor du ciel ». Voilà pourquoi il faut choisir ou Dieu ou l'Argent, car l'un comme l'autre exige tout l'être humain. Selon Jésus, il est impossible d'aménager un compromis, car l'individu serait dans la situation peu enviable de l'esclave appartenant à deux maîtres, ce qui arrivait parfois à l'époque. Mais compter sur les seuls « trésors » de Dieu, n'est-ce pas s'exposer à l'angoisse incessante du lendemain? Le développement qui suit relate les réflexions de Jésus à ce sujet.Les préoccupations (vv. 25-34)
Dans cet exposé, Jésus recourt à divers éléments de la nature, témoins de la providence divine. Si Dieu nourrit les oiseaux du ciel (v. 26), si Dieu habille merveilleusement les plantes périssables qui poussent à l'état sauvage et qui sont destinées à passer éventuellement au four, Dieu ne fera-t-il pas davantage pour les êtres humains (v. 30)? Ici, Jésus invite les individus à mettre leur confiance en Dieu de sorte qu'ils ne soient pas partagés entre le service de Dieu et la recherche anxieuse des biens nécessaires à leur subsistance. Cela ne signifie pas que Jésus invite les gens, riches comme pauvres, à l'insouciance ou au rejet des responsabilités. Il s'en prend au travail poursuivi dans l'anxiété ou l'angoisse du lendemain, puisqu'un piège menace autant le riche que le pauvre. Pour le riche, la sécurité que les biens matériels semblent lui assurer et le souci de la conservation et de la croissance de ses biens font en sorte qu'il oublie le Royaume de Dieu. Pour le pauvre, comme le pain et le vêtement ne lui semblent pas assurés, tellement il en possède peu, le souci de se donner des garanties pour le lendemain, en augmentant ses maigres ressources, peut occuper le champ de son esprit au point qu'il n'est plus assez libre pour penser au Royaume de Dieu.
Jésus continue son discours et explique qu'il est futile d'amasser de l'argent et de s'attacher aux biens matériels, car une fois le terme de sa vie arrivé, l'être humain en sera privé (v. 27). Toute cette richesse devient donc inutile! Dans cet enseignement, Jésus ne veut-il pas rappeler à ses auditeurs une parole des sages : Comme il est sorti du sein de sa mère, nu, il s'en retournera comme il est venu : il n'a rien retiré de son travail qu'il puisse emporter avec lui (Qo 5,14; Jb 1,21; voir Ps 49 (48,18).
Au v. 31, Jésus commande pour une deuxième fois à son auditoire de ne pas s'inquiéter des trois besoins normaux, la nourriture, le boire et le vêtement. Encore une fois, il ne désire point reprocher à ses disciples de se préoccuper des nécessités fondamentales, mais de les ressentir avec inquiétude. Il souhaite leur faire comprendre que la foi devrait leur faire découvrir en Dieu leur Père : un père prend soin de ses enfants, il veille sur eux et pourvoit à leurs besoins. Jésus demande à ses adeptes d'être confiants en la Providence et l'amour du Père, non pour qu'ils sombrent dans la paresse (Pr 6,6-11), mais pour les libérer de certains soucis. Ainsi, ils pourront chercher le Royaume et la justice de Dieu (v. 33). En tant que prédicateur, ne désire-t-il pas indiquer que cet enseignement est en lien avec diverses instructions qu'il a données? D'abord, avec la prière du Notre Père qui parle en premier lieu du Royaume de Dieu (6,9-10) et ensuite des besoins de l'être humain (6,11-13). Puis, avec le Sermon sur la montagne qui s'adresse aux affamés de la justice (5,6), c'est-à-dire ceux qui ont faim de correspondre à ce que Dieu attend d'eux par le travail et la patience. Autrement dit, la justice requise de tout être humain recherchant le royaume doit correspondre à la pratique concrète de la justice divine : la droiture dans l'agir. Que les païens (v. 32), qui sont sans espérance et sans Dieu dans le monde (Ep 2,12), se tourmentent du lendemain et recherchent avec passion les biens qui satisferont leurs besoins, la chose se comprend.
ésus termine son discours en disant, ne vous inquiétez pas du lendemain, car le lendemain s'inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine! (v. 34). Ces paroles, qui font écho au proverbe de la sagesse ancienne (Pr 27,1), gagnent un nouveau sens. Selon Jésus, l'anxiété pour le lendemain est folie parce que le tout-puissant Père des cieux est Seigneur du futur. Les préoccupations de la vie quotidienne sont superflues, car l'individu qui s'abandonne à Dieu, le Père céleste le libère des préoccupations (Mt 16,5-12; 1 P 5,7).
L'enseignement de Jésus dans son contexte
Prêchant dans un contexte eschatologique, ce discours sur les préoccupations n'est pas adressé à toutes les personnes qui écoutent les enseignements du Galiléen, mais à certaines gens en particulier. Ces individus sont des hommes et des femmes, car, par la mention que les oiseaux « ne sèment ni ne moissonnent (v. 26), Jésus fait allusion à deux travaux attribués à l'homme de l'époque; par celle que les lis ne peinent ni ne filent (v. 28), il renvoie à des tâches assignées aux femmes. Ces gens, qui ont entendu parler du Royaume, ont, comme Jésus, quitté leur métier et/ou leur famille à cause du Royaume. Cependant, ils s'alarment pour leur subsistance quotidienne et des jours suivants en raison du manque de confiance en la bienveillance du Seigneur. Par cet enseignement, Jésus désire réconforter et encourager ces « gens de peu de foi » qui ont peur d'être privés des nécessités de la vie et qui s'inquiètent du lendemain.
L'enseignement de Jésus dans le contexte contemporain
Dans le contexte actuel, l'attitude commandée dans cet enseignement de Jésus est-elle réaliste et praticable? Peut-on vivre dans notre monde sans travailler pour assurer sa subsistance et sans prévoir pour l'avenir? Prêtons attention à l'exigence du v. 33 : Cherchez d'abord le Royaume et la justice de Dieu; tout cela vous sera donné par surcroît, commandement qui fait écho à d'autres enseignements évangéliques. Dans la prière du Notre Père, n'est-il pas question du souhait de la venue du Règne de Dieu et du respect de sa volonté (6,10), et de l'obtention du pain quotidien (6,11)? Dans le Sermon sur la montagne n'est-il pas question du thème de « la justice de Dieu »? Dans ce discours, « chercher la justice de Dieu », c'est chercher la conduite qui correspond à la volonté divine, non seulement dans sa relation aux autres (5,20-48) et à Dieu (6,1-18), mais aussi dans sa relation aux biens matériels (6,19-34), c'est-à-dire en ne recherchant que l'essentiel. Le disciple de Jésus du XXIe siècle se doit de chercher le Royaume, la justice et sa propre subsistance à la fois par la prière et par ses efforts humains. Cet enseignement de Jésus ne proscrit pas, mais plutôt comporte un souci légitime pour les besoins fondamentaux de l'existence. Le disciple de Jésus du XXIe siècle qui recherche en premier lieu le Royaume de Dieu et sa justice ne se laissera pas maîtriser par l'anxiété face aux biens nécessaires à sa subsistance, mais s'abandonnera à la Providence car il sait que Dieu pourvoira à ses véritables besoins.
Source : Le Feuillet biblique, no 2522. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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Par Serviteur-ofs le 16 Mars 2017 à 17:57
Une femme en quête, une femme témoin
Jésus et la Samaritaine, par Jean-François de Troy,
peint en 1742, Musée des Beaux-arts, LyonL'eau vive et le culte nouveau : Jean 4, 5-42
Autres lectures : Exode 17, 3-7; Psaume 94(95); Romains 5, 1-2.5-8De ce splendide récit de Jean, on ne retient souvent que le thème de l’eau vive et l’accueil de Jésus envers une triple exclue : femme, samaritaine et pécheresse. Ce dernier point est un jugement trop rapide. Les Samaritains suivent la Loi de Moïse; donc cette femme qui a eu cinq maris a été répudiée cinq fois. Peut-être volage? ou stérile? mauvaise cuisinière? ou trop de caractère? On l’ignore et le récit ne s’y intéresse pas. Par contre, il met en valeur l’intuition et l’audace de cette femme. Grâce à quoi ce récit original devient le plus long dialogue des Évangiles.
Les "blind date" bibliques
Les histoires d’amour d’Isaac, Jacob et Moïse, aux origines d'Israël, ont commencé au bord d’un puits : ces rencontres fortuites entre un homme assis là et une femme venant puiser sont perçues comme un peu arrangées par Dieu (Genèse 24; 29; Exode 2). En Jean 4 on a l’homme, la femme et le puits, et deux allusions claires à la vie conjugale. La plus connue : Jésus dit à la femme d’aller chercher son mari. Et avant la scène au puits, l’auteur préparait le lecteur (ignorant que nous lirions son livre en petits bouts sortis de leur contexte). Jean le baptiseur vient de parler ainsi de Jésus : Celui qui a l’épouse, c’est l’époux. Mais l’ami de l’époux se tient là, il l’entend et la voix de l’époux le comble de joie. C’est là ma joie, elle est totale (Jn 3,29).
L’évangéliste tient donc à introduire la symbolique conjugale. Il se souvient du prophète Osée qui, huit siècles plus tôt dans la région de Samarie, évoquait les relations houleuses entre Dieu et le peuple avec cette symbolique. Osée présente l’image d’un Dieu amoureux fou, qui renonce à la colère dans l’espoir de séduire à nouveau celle qu’il aime et qu’il refuse de perdre (Osée 2). On pourrait dire qu’à travers Jésus et cette femme au puits, Dieu est présenté comme celui qui cherche à ramener à lui la Samarie.
Ce contexte conjugal invite à voir symboliquement les cinq maris. Après la conquête du pays par l'Assyrie en 722, des populations étrangères déportées en Samarie y ont amené leurs dieux. En 2 Rois 17, on dénonce le syncrétisme religieux de ces gens, qui honorent à la fois le Dieu d'Israël et cinq dieux étrangers. La Samaritaine de notre récit manifeste, par ses questions et réactions, sa foi réelle au Dieu unique. Mais on pourrait dire que cette foi n’est pas « régularisée ». Dieu n’est pas tout à fait son « mari ».
L’image de l’Époux ajoute à la richesse du récit où se dévoile peu à peu l’identité de Jésus. Son dialogue avec la femme, construit avec habileté, va favoriser cette révélation progressive.
Curiosité pour Jésus ou soif de Dieu?
La femme voit d’abord en Jésus l’homme juif, qui ne devrait pas lui parler. Les Juifs jugent les Samaritains comme schismatiques et infidèles à l’alliance. Elle aurait dû se taire et vite lui donner à boire pour qu’il parte. Mais elle ose plutôt exprimer sa surprise, ce qui permet à Jésus de l’amener sur un registre plus symbolique: il est, lui, source d’une eau vive jaillissant en vie éternelle. Elle comprend d’abord au premier degré, sans entrer dans le sens symbolique. Mais elle a déjà introduit leur héritage religieux commun dans la conversation, en mentionnant Jacob, père d'Israël. Comme pour voir où ça va mener... cet étranger agissant un peu hors norme, qu’a-t-il à dire sur la religion?
Après la parole de Jésus sur ses cinq maris, plutôt douche froide, elle devrait partir, gênée. Au lieu de cela, elle entame carrément un débat religieux. Ça n’est surtout pas la place d’une femme! Mais voyant en Jésus un possible prophète, elle l’interroge sur un point central de la foi d'Israël, qui est aussi la sienne : le culte rendu au Dieu unique. Et sur ce qui les sépare, lui juif et elle samaritaine: le lieu approprié pour l’adorer. Chez nous ou chez vous? Rien ne justifie un tel saut dans la profondeur de l’échange, sinon que cette question l’habite déjà. Comme si elle avait quelques doutes sur ce qui devait être évident pour ses coreligionnaires.
Jésus va la suivre sur ce terrain qui lui permet d’aller beaucoup plus loin: peu importe votre temple ou le nôtre, car Dieu cherche des adorateurs en esprit et en vérité. Réponse qui devrait être déconcertante? ou justement le genre de réponse qu’elle espérait confusément en posant la question : c’est au plus profond de soi-même et de sa vérité qu’on rencontre le vrai Dieu.
Femme intuitive? elle le sollicite à aller plus loin avec un nouveau thème : la venue du messie, espoir de tous les enfants d’Abraham et de Jacob, celui qui « nous fera tout connaître ». Jésus valide sa quête d’intelligence spirituelle et lui répond bien au-delà de son attente : ce messie que tu espères, c’est moi! Ayant entendu cela, elle laisse sa cruche et court en parler aux gens de sa ville.
Mission réussie
Le retour des disciples (v. 27) ouvre une nouvelle étape du récit. Curieusement, le narrateur mentionne d’abord leur arrivée avant d’indiquer la fin de la première étape, le départ de la femme, et le début de la troisième étape : les gens sortent de la ville et se dirigent vers Jésus (28-30).
Dans cette deuxième étape, les paroles de Jésus aux disciples mettent en valeur sa mission, plutôt que son identité : ce qui le nourrit, c’est d’accomplir l’oeuvre de Dieu. La nourriture fonctionne ici sur le registre symbolique, comme l’eau au début. Les disciples restent au premier degré, comme la femme dans sa première réaction. Jésus donne alors un enseignement sur sa mission, évoquée par l’image de la moisson. Même si la saison réelle des moissons est dans quatre mois, dit-il, levez les yeux et regardez: déjà les champs sont blancs pour la moisson!
Que verront les disciples, s’ils lèvent les yeux? les gens de la ville qui s’approchent. Ils sont justement la moisson, i.e. le résultat des semailles qui viennent d’être faites. Le récit a bien imbriqué ces deux étapes, en annonçant l’arrivée des gens avant les paroles de Jésus. Il a lui-même semé, en allant très loin dans la révélation à cette femme intelligente et motivée. Elle aussi a semé à son tour : elle a témoigné de sa rencontre et invité ses concitoyens à venir vers cet homme qui pourrait être le messie. Sur sa parole, les gens viennent accueillir l’enseignement de Jésus. Ce récit est donc doublement original : non seulement il offre le plus long dialogue des Évangiles, mais c’est aussi le seul récit complet d’une collaboration féconde et efficace de quelqu'un à la mission de Jésus.
À travers ces gens que la femme a attiré à Jésus, et qui iront encore plus loin qu’elle en le proclamant « sauveur du monde », c’est toute la Samarie que le récit évoque symboliquement comme l’épouse retrouvant, heureuse, son Dieu qui la cherchait.
Ce Dieu nous cherche aussi, au détour des rencontres fortuites. Il espère notre quête d’intelligence de la foi et nos doutes sur les routines religieuses, qui ouvrent un espace intérieur où il pourra se révéler. Et il mise sur notre témoignage, qui invitera encore d’autres gens à venir le rencontrer.
Source : Le Feuillet biblique, no 2525. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
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Par Serviteur-ofs le 21 Mars 2017 à 21:32
Et la lumière fut
Le Christ soignant un aveugle, par Nicolas Colombel, 1682
Jésus, la lumière du monde, donne la vue à un aveugle : Jean 9, 1-41
Autres lectures : 1 Samuel 16, 1.6-7.10-13; Psaume 22(23); Éphésiens 5, 8-14Les troisième, quatrième et cinquième dimanches de l’année liturgique A, nous lisons les évangiles dits de l’initiation chrétienne. On les appelle ainsi parce qu’ils comportent les éléments essentiels de la catéchèse baptismale. En d’autres termes, ces trois longues lectures témoignent du cœur de la foi chrétienne. Le troisième dimanche, c’est le récit de la Samaritaine, le quatrième, celui de l’aveugle-né et le cinquième, le retour à la vie de Lazare. Ainsi apparaissent déjà trois composantes majeures de la veillée pascale : l’eau (la Samaritaine), la lumière (guérison de l’aveugle) et la victoire de la vie sur la mort (Lazare).
Sur le banc des accusés
Le récit du quatrième dimanche, la guérison de l’aveugle-né, est typique de l’évangéliste Jean. La trame narrative de l’ensemble de son évangile est agencée à la manière d’un procès. Jésus est accusé de diverses fautes par ses adversaires (que Jean appelle généralement « les Juifs »), mais leurs accusations se retournent contre eux et ils finissent par prononcer leur propre condamnation. Ce procédé littéraire apparaît nettement dans le récit de la guérison de l’aveugle-né. Le « procès » se déroule en trois temps; on interroge l’homme à qui Jésus a ouvert les yeux (vv. 13-17); les gens discutent du cas et hésitent à se prononcer (vv. 18-23); les pharisiens interrogent de nouveau l’aveugle guéri et prononcent la sentence (vv. 24-34). On y distingue tous les éléments qui peuvent survenir lors d’une comparution devant un tribunal : accusations, témoignages, contre témoignages, interrogatoire, contre interrogatoire, rapport d’enquête, mauvaise foi de certains intervenants, etc.
« Qui a péché? »
Le récit est particulièrement vivant, après deux chapitres plus austères. Une mise en scène alerte fait intervenir plusieurs personnages qui s’interpellent, se menacent, se contredisent, s’interrogent, etc. L’élément déclencheur est une question des apôtres adressée à Jésus : Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Dans la mentalité du monde juif à l’époque, la maladie était vue comme la conséquence d’un péché, qui pouvait même avoir été commis par l’enfant dans le sein de sa mère! La formulation de la question est révélatrice. Les disciples ne demandent pas : Est-il dans cette condition en raison d’un péché? mais bien : Qui a péché? Pour eux, il va donc de soi que si cet homme se trouve dans cet état, c’est parce qu’il a quelque chose à se reprocher.
Jésus ne répond pas directement à la question. Il commence par contredire les apôtres quant à leur perception de départ : la cécité de l’homme n’est pas le résultat d’un quelconque péché. Puis il les emmène sur un autre terrain en spécifiant que le handicap en question servira à manifester la lumière du salut. Autrement dit, la condition malheureuse de cette personne permettra à Dieu de manifester ses œuvres en la personne de Jésus qui guérit les malades et apporte la lumière au monde pour éclairer les humains sur ce qu’ils sont appelés à devenir : des enfants de lumière.
Un peu de salive et de boue
Le miracle est raconté de façon très sobre et brève, en deux versets. Un détail a de quoi susciter la curiosité : le mélange de salive et de boue que Jésus applique sur les yeux de l’aveugle. Il est vrai que dans l’Antiquité on attribuait à la salive des propriétés curatives. Mais on va ici plus loin. Le Christ, en effet, mélange sa salive à de la boue, ce qui constitue une forme de travail (il transforme de la matière), ce qui suscitera les accusations des pharisiens. L’action se déroule en effet un jour de sabbat, au cours duquel tout travail est interdit. De plus, en mettant de la boue sur les yeux de l’aveugle, Jésus l’oblige à aller se laver à la piscine de Siloé, démarche hautement symbolique compte tenu du nom de la piscine. Comme le précise l’évangéliste, Siloé signifie « Envoyé ». En se trempant dans cette eau, l’aveugle plongera pour ainsi dire en celui que le Père a envoyé comme lumière pour les nations. Il n’est pas interdit d’y voir une allusion au rite du baptême.
Contrairement au général syrien Naaman, qui hésite à se tremper dans le Jourdain à l’invitation du prophète Élisée (2 Rois 5, 10-14), l’aveugle-né se précipite à la piscine. Il démontre déjà une confiance, une ouverture d’esprit qui va se déployer dans la suite du récit. Il se révélera d’ailleurs un redoutable orateur, doté d’un indéniable sens de la répartie, capable de tenir un discours théologique cohérent.
« Et lui, où est-il? »
Entre les versets 8 et 12, Jésus disparaît de la scène, mais il demeure néanmoins au cœur du récit, dans les réactions des témoins de la guérison. Certains se montrent favorables à lui, d’autres doutent, tous le cherchent. Mais Jésus ne se laisse rencontrer finalement que par l’entremise de l’aveugle guéri, qui représente ici les disciples du Christ. Celui-ci est jugé par l’intermédiaire de l’homme qu’il a guéri, tout comme il le sera par le monde à la lumière de la conduite des chrétiens.
L’aveugle guéri est alors soumis à un véritable interrogatoire par les témoins. Il répond sans peine aux deux premières questions et décrit dans le détail l’intervention du Christ à son égard. Mais il demeure sans réponse quand on lui demande où se trouve Jésus. Il n’en est qu’au début de son cheminement de foi. Il a reçu la lumière physique; il lui reste à accueillir pleinement la lumière du monde.
Le fait que la guérison, une forme de travail, soit survenue un jour de sabbat permet à l’auteur de signaler une première division à propos de Jésus. D’une part, puisqu’il contrevient à la Loi, il est forcément un pécheur. D’autre part, comme il vient de réaliser un acte inédit (donner la vue à un aveugle de naissance), comment pourrait-il être pécheur? L’aveugle guéri, quant à lui, prend résolument position : «C’est un prophète.»
La sentence
Conclusion du procès : l’accusé est déclaré pécheur pour avoir reconnu que Jésus vient de Dieu. Il est exclu de sa communauté, mais pas encore introduit dans la sphère des disciples de Jésus. Celui-ci devra venir à sa rencontre pour que cette nouvelle étape soit franchie. Il se présente effectivement à l’homme à qui il a ouvert les yeux pour l’interroger à son tour. L’ancien aveugle finit par l’appeler «Seigneur» et se prosterne devant lui, ce qui manifeste qu’il reconnaît sa divinité. Les pharisiens, pour leur part, se réfugient dans la Loi et le passé : « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse. » Du coup, ils se ferment à la nouveauté qui s’est manifestée dans le don de la vue à un homme qui en était privé. Refuser d’admettre qu’on ne possède pas la lumière et qu’on en a besoin, voilà le véritable péché. L’accusation des pharisiens se retourne contre eux et ils prononcent eux-mêmes leur condamnation : ils sont les véritables aveugles.
« Le Seigneur regarde le cœur »
La première lecture prépare bien le terrain à l’évangile de l’aveugle-né puisqu’elle souligne que Dieu voit au-delà des apparences. Samuel, envoyé pour désigner le nouveau roi d’Israël, aurait spontanément procédé à l’onction d’Éliab, fils aîné de Jessé. Le garçon, en effet, avait belle apparence et « haute taille ». Mais voilà, le Seigneur voit les choses différemment, il « regarde le cœur ». On a affaire ici à un thème biblique récurrent : Dieu préfère souvent ce qui semble faible, négligeable aux yeux des humains.
« Comme des enfants de lumière »
La deuxième lecture est courte, mais d’une remarquable richesse. Sans surprise, le thème central est la lumière. Paul invite ses destinataires à se conduire « comme des enfants de lumière ». Qu’est-ce à dire? Il s’agit d’accueillir et de mettre en œuvre tous les fruits que cette lumière produit, à savoir « bonté, justice et vérité ». Les pharisiens dans la lecture évangélique apparaîtront comme des contre-exemples en la matière. Aux yeux de Paul, ils comptent sans doute parmi ceux qui participent « aux activités des ténèbres ».
Source : Le Feuillet biblique, no 2526. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.
source www.interbible.org
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