• La fin du monde, c'est pour quelle heure ?

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    « Cependant personne ne sait quand viendra ce jour ou cette heure,
    pas même les anges dans les cieux, ni même le Fils; le Père seul le sait. » (Mc 13,32)


    QuestionPourquoi est-ce que Jésus affirme que le Fils ne sait pas le jour et l’heure de la fin des temps (Mc 13,32)? Seul le Père le sait, mais Jésus n’était-il pas Dieu? (Egide)

    RéponseAu cours de l’histoire, plusieurs personnes ou groupes ont essayé de déterminer le moment de la fin du monde. Par exemple, les Shakers ont prédit que ça aurait lieu en 1792. William Miller, fondateur des Adventistes, croyait que ça serait entre 21 mars et le 22 octobre 1844. 1988 était l’année choisie par Edgar Whisenant (ancien ingénieur de la Nasa, devenu étudiant de la Bible) qui a vendu 5 millions de livres sur ce sujet. Il y a aussi des prédictions pour un avenir proche, comme celle de Harold Camping's, un pasteur ayant des émissions de radio et télévision aux États-Unis qui prédit que la fin aura lieu le 21 mai 2011.


         Les Églises catholiques et orthodoxes ainsi que les Églises protestantes plus traditionnelles ne placent pas l’accent sur le moment de la fin. En effet, on comprend que le genre littéraire apocalyptique est beaucoup plus symbolique que factuel. Les textes apocalyptiques ne sont pas à lire de façon littérale pour connaître la date précise d’un événement. Les textes du livre de Daniel ou de l’Apocalypse révèlent que Dieu va faire quelque chose et relever ceux qui souffrent. Ils veulent transmettre l’espoir en temps de crise.


         Le meilleur passage biblique pour comprendre qu’il ne faut pas chercher à trouver la date de la fin du monde se trouve dans l’évangile de Marc. On entend Jésus en Marc 13,32 avertir que la fin est proche, mais que le jour et l’heure, nul ne le connait, ni les anges, ni le Fils, personne, sinon le Père. Si le Fils de Dieu et les anges ne le savent pas, comment penser être plus fin qu’eux?


         En terminant, les chrétiens d’aujourd’hui reconnaissent que Jésus est Dieu, mais quelques siècles se sont écoulés entre la mort/résurrection de Jésus et la proclamation des chrétiens qu’il est vrai Dieu et vrai homme. L’évangile de Marc écrit avant cette proclamation et présente un Jésus très humain. Dans cet évangile, on voit qu’il est en communion avec Dieu, mais une lecture attentive de cet évangile et de ce passage en particulier indique que Jésus n’a pas la science infuse.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

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  • Un événement remarquable en 2010 fut le sauvetage de 33 mineurs...

            

    Pour se sortir du trou : la foi et la solidarité

    33 croix qui ne seront pas plantées
    par Hernán Rivera Letelier

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    Ce furent tout d’abord les tentes solitaires des familles. Elles sont arrivées à la mine avec des drapeaux, des images saintes, des bougies de deuil, des photographies de pères, d’époux, de frères, de fils enterrés là, en dessous. Alors que commençait le sauvetage, elles sont restées là, jour et nuit, priant, pleurant, blasphémant, exigeant justice, supportant le vent et la poussière inclémente, la chaleur durant le jour et le froid mordant la nuit. Et quand tout laissait supposer que le drame se terminerait comme toujours, que là, sur la mine convertie en fosse commune, allaient pousser 33 croix d’animitas, pareilles aux centaines qui se dressent tout le long du désert chilien, monte des profondeurs le message qui secoue tout le monde : les hommes sont vivants.

    Lire le texte complet et la nouvelle selon Le Monde diplomatique.

    Textes bibliques

    J’espérais, j’espérais IHVH.
    Il s’incline vers moi, entends mon appel.
    Il me fait monter de la fosse du tumulte,
    du limon du bourbier.
    Il hisse mes pieds sur le rocher, il affermit mes foulées.
    Il donne en ma bouche un poème nouveau,
    la louange de notre Élohim.
    Nombreux le voient, frémissent et se fient à IHVH.
    En marche, le brave qui met en IHVH son assurance
    et ne se tourne pas vers les superbes, les délateurs trompeurs.
    Tu as multiplié, toi, IHVH, Elohaï, les merveilles,
    tes pensées vers nous sans mesure.
    Je le rapporterai, je parlerai… Trop fort à raconter !
    ….
    Ils exultent, se réjouissent en toi, tous tes chercheurs,
    qui disent sans cesse :
    IHVH est grand !, les amants de ton salut.
    Et moi, l’humilié, le pauvre, Adonaï pense à moi !
    Mon aide, mon libérateur, toi, Elohaï, ne tarde pas !

    Psaume 40,1-6.17-18

    Des profondeurs, je crie vers toi, IHVH !
    Adonaï, entends ma voix !
    Tes oreilles seront attentives à la voix de ma supplication.

    Psaume 130,1 (traductions d’André Chouraqui)

    Commentaire

         Le vrai miracle dans cette histoire n'est pas technologique ni politique, mais réside dans la foi et la résistance de ces hommes du désert, rompus à des conditions de travail inhumaines, qui ont su résister au désespoir, s'organiser dans le fond du trou et survivre avec dignité. Ce miracle, près d'un milliard d'humains en ont été les témoins remués. « Au fond de la mine, j’ai vécu avec Dieu et le diable. C’est Dieu qui a eu le dessus », exprimait l’un des sauvés.

         Ce qui m’interpelle, c’est qu’à travers la médiation des nouvelles technologies, cette tragédie presque banale – plus de 400 mineurs sont morts dans les mines chiliennes durant les dix dernières années – a secoué l’humanité.

         Cet épisode tragique dont le dénouement heureux nous a inondés de joie comme si c’était chacun de nous qui venait de sortir de son trou. Car l’évènement dépasse la nouvelle; il est perçu comme une parabole de tout être humain qui, à certains moments de l’existence, se sent plongé au fond d’un gouffre dont il croit ne plus pouvoir s’extirper.

         89 des 150 prières consignées dans le livre des psaumes expriment un sentiment de détresse extrême et de désorientation. C’est un peuple, une communauté qui crie vers Dieu pour sa libération. Il y a dans ces supplications une dimension de solidarité profonde; en effet les psaumes ne s’arrêtent pas aux drames personnels uniquement; le croyant ou la croyante assume dans son expérience intime le destin de toute la collectivité.

         Dans les évènements de la mine San José du Chili, les mineurs coincés dans un refuge et sans aucun contact avec l’extérieur durant 17 jours, se sont nommé un chef et se sont organisés pour survivre, jeûnant et buvant peu pour pouvoir maximiser leurs chances de survie. Ces travailleurs ne se sont pas centrés sur leur malheur individuel, mais ils ont décidé de résister ensemble à la mort, de façon digne et organisée en lien avec leurs familles. Quant après plus de deux semaines, ils ont pu faire monter un message à leur proches, ils écrivaient : « Nous nous portons bien dans le refuge, les 33. »

         La solidarité de ces travailleurs du désert s’est forgée dans les luttes, les victoires et les défaites depuis des siècles. Ils croient en la justice de leur cause, ils croient à leur libération sociale, ils croient en leurs compagnons de travail. Ces hommes exilés dans le désert ont unis leurs efforts en s’organisant en syndicats et en s’inscrivant dans des partis politiques populaires.

         Plusieurs sont demeurés profondément croyants et lors de la fête de la Candelaria (la Chandeleur) à Copiapó, on peut voir les mineurs danser durant douze jours pour remercier la Vierge de sa protection. Les groupes de danseurs se succèdent, vêtus de costumes bigarrés, maintenant bien vivant à travers la dévotion catholique le vieux fond autochtone. La foi de quelques uns nous a touchés, alors qu’ils s’agenouillaient ou se signaient en signe d’action de grâce au sortir de la navette qui les ramenait à l’air libre.

         Nous sommes ici devant une communauté vivante où la vie concrète avec ses peines et ses joies est célébrée spontanément à travers des gestes de foi simples et authentiques. Une Église populaire, qui méconnaît les règles officielles mais exprime sa confiance inébranlable en un Dieu libérateur des petits et des humbles. Des croyants et croyantes qui savent que le salut naîtra de la solidarité humaine, de l’organisation, de la lutte quotidienne pour la survie et pour la justice avec une espérance entêtée et une confiance absolue dans le Dieu des pauvres.

         Impossible de ne pas terminer cette réflexion sans penser au frère André, modeste portier de couvent à Montréal, un homme qui a suscité par sa foi et son attachement à saint Joseph, le patron des ouvriers – étonnamment, la mine au Chili s’appelle « Saint-Joseph » –, qui a suscité, dis-je, un mouvement impressionnant de ferveur religieuse. Sans l’avoir recherché, il a mobilisé les travailleurs et travailleuses de son peuple dans une époque de grande crise sociale et d’extrême pauvreté. Plus d’un millions de canadiens-français s’étaient alors expatriés dans les manufactures de la Nouvelle-Angleterre pour survivre. Le frère André, discrètement, a su écouter les cris du peuple, lui redonner confiance et espoir et le remettre en marche.

         Que le Souffle qui a fait sortir de leur trou ces hommes du Chili nous stimule à ne pas céder à la tentation du désespoir et à chercher dans la solidarité une issue pour nos sociétés. Que cet évènement nous démontre qu’avec la volonté politique, la science mise au service de la vie et la solidarité sociale, nous pouvons inventer la navette qui permettra de sortir du trou de la pauvreté tant de nos frères et sœurs. Et que l’enthousiasme suscité par le frère André se traduise en communautés croyantes insérées dans la vie de notre peuple et solidaire des pauvres sans exclusions.

    Claude Lacaille

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  • Pour le respect des enfants du monde

    Amélie Lair-Guilbault, Murielle Banackissa et Thierry Lamy Brunelle
    Élèves de cinquième secondaire du collège Saint-Jean-Vianney
    .

    Enfants soldats

    Larskarface, album Enfants soldats

    Chaque année, 300 000 enfants rejoignent contre leur volonté les forces armées locales. Un million sont enrôlés dans le commerce du sexe. Cent millions exécutent des travaux pénibles et dangereux pendant lesquels ils sont gravement mutilés. N'est-ce pas un monde parfait dans lequel nous vivons? Quelle admirable façon de donner l'exemple, vous, chers adultes. Vous qui réclamez le respect de la part des plus jeunes, en prétendant qu'il vous est dû.

    À lire dans Le Devoir du 23 décembre 2010

    Tout humain sera prophète

    Pierre s’est levé avec les Onze et d’une voix forte s’est adressé à la foule présente : Vous tous, juifs et habitants de Jérusalem, écoutez-moi attentivement… Voici les paroles du prophète Joël : « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Souffle sur toute personne. Alors vos fils et vos filles prophétiseront. Les plus jeunes auront des visions et les anciens feront des songes. Oui, durant ces jours, je verserai mon Souffle sur mes serviteurs et mes servantes. Ils seront prophètes. Dans les hauteurs du ciel, je ferai apparaître des prodiges et, ici-bas, sur la terre, des signes tels que du sang, du feu et un nuage de fumée. Je rendrai le soleil obscur et la lune ensanglantée avant que ne survienne, grand et magnifique, le jour du Seigneur. Dès lors, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. 

    Actes des apôtres, 2, 14-21 passim. Joël, 3.

    Commentaire

         Nous sommes-nous jamais demandé qu’est-ce que Luc, l’auteur du récit évangélique de la nativité a vraiment voulu nous transmettre. Si nous laissions de côté pour un moment tout le sentimentalisme qui entoure le petit Jésus pour nous pencher sur la pertinence de ce message aujourd’hui?

    Êtes-vous désenchantés?

    • Désenchantés des Cancún, Copenhague, Kyoto, où l’on débat de l’avenir du vivant sur terre avec une inconscience aberrante et où l’on fonce tête baissée vers la catastrophe ?
    • Dépités  d’apprendre que la clientèle des comptoirs alimentaires a augmenté de 22% durant la dernière année et que l’augmentation des paniers de Noël témoigne de la détresse économique de plus en plus de compatriotes?
    • Préoccupés de voir les compagnies pétrolières, les gazières et minières creuser allègrement pour extraire nos richesses collectives qui rapporteront presqu’exclusivement à leurs riches actionnaires, et ce au prix de la destruction de notre environnement ?
    • Scandalisés de voir comment on fait de la politique dans nos parlementeries, sans éthique et sans transparence?
    • Choqués de voir les gouvernements venir au secours des banques en faillite à coup de milliards avec l’argent des contribuables et ensuite soumettre les populations à des régimes d’austérité et au chômage pour combler les déficits ?
    • Inquiets de voir notre système de santé public subir les assauts de la droite et se privatiser furtivement sous prétexte qu’il coûterait trop cher ?
    • Révoltés par les guerres et les violences de toutes sortes, par la militarisation et les dépenses militaires astronomiques, alors que des milliards d’humains sans pain, sans eau, sans soins, croupissent dans une misère sordide?
    • Horrifiés par la situation des enfants soldats,  des enfants victimes des pédophiles, des enfants obligés de travailler des heures interminables dans des conditions immondes pour enrichir des multinationales assoiffées de profits?

         Oui, il fait nuit dans notre monde. Noël, ça se passe la nuit, dans les ténèbres, parmi des gens qui vivent dehors au froid et aux intempéries et dont la vie n’a rien de romantique. « Près de là, des bergers passaient la nuit dehors à veiller sur leurs troupeaux. » C’étaient des êtres marginaux, vivant en marge de la société, exploités par des grands propriétaires qui les traitaient comme des esclaves. Garder les troupeaux faisait partie des travaux impurs et l’accès au Sanctuaire leur était interdit. Remarquons la datation du récit de Luc : lorsque César Auguste promulgua le recensement  de tout le pays. Cet évènement avait provoqué de nombreuses révoltes partout dans l’empire romain. On augmentait les impôts et comme toujours l’on prenait aux pauvres pour donner aux riches. Dans le contexte de l’occupation militaire des Romains, ce recensement fit déborder le vase et le pays fut à feu et à sang… comme aujourd’hui quand on déclare la guerre à l’Irak ou à l’Afghanistan. C’est avec raison que Joël annonce des signes de sang, de feu et de fumée.

    Une création nouvelle à partir du chaos existant

         L’évangile de Luc et ses Actes des apôtres forment une unité littéraire. Luc commence le récit évangélique en montrant comment la prophétie de Joël s’accomplit en Jésus et il reprendra au début des Actes des apôtres cette prophétie dans le discours de Pierre. Le message est fondamental : la Souffle de Dieu qui a créé le monde à partir du chaos vient souffler de nouveau sur l’humanité égarée dans les ténèbres.

    « Entête Elohîm créait les ciels et la terre
    la terre était tohu-et-bohu,
    une ténèbre sur les faces de l’abîme,
    mais le souffle d’Elohîm planait sur la surface des eaux.
    Elohîm dit : ‘Une lumière sera.’ » Genèse 1,1

         Le récit de Luc ne nous décrit pas comment Jésus est venu au monde; il annonce une humanité nouvelle en Jésus. Il s’agit d’un récit de création à partir du chaos de l’humanité : Au temps d’Hérode, roi de Judée… à l’époque du recensement de César.

    Elohîm dit : ‘Une lumière sera.’
    Et c’est une lumière.
    Elohîm voit la lumière : quel bien!
    Elohîm sépare la lumière des ténèbres. Genèse 1,2

         Le ciel dans son entier est descendu dans le champ des bergers et les anges viennent annoncer la paix si longtemps attendue. Les bergers sont illuminés par la présence de Dieu. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Isaïe, 9,2). Noël affirme qu’avec Jésus, un monde nouveau apparaît et c’est à des pauvres sans noms qu’est confiée l’annonce de la bonne nouvelle. La prophétie de Joël s’accomplit : toute l’humanité devient prophète; fait curieux dans la bible, pour l’une des rares fois, le texte de Joël repris par Pierre est féminisé : Alors vos fils et vos filles prophétiseront…. je verserai mon Souffle sur mes serviteurs et mes servantes. Jésus sera entouré d’hommes et de femmes qui le suivront jusqu’à la fin, à Jérusalem. Tous et toutes seront remplis du Souffle qui recrée le monde à partir du chaos. C’est Pierre qui cite ces paroles le jour même de la Pentecôte; il affirme que tous les disciples hommes et femmes sont des prophètes de Dieu. Les successeurs de Pierre feraient bien de reprendre à leur compte son homélie de la Pentecôte. Depuis des générations on prétend bâtir le monde à partir des puissants, des riches, et savants et des hommes! Le Christ Jésus nous invite à inventer un monde à partir de la parole des petits, des exclus, des pauvres, des femmes sans discrimination basée sur le sexe ou l’appartenance sociale ou ethnique.

    La prophétie de Joël : tous seront prophètes

         De façon imagée, comme dans une bande dessinée, Luc nous incite à relire le texte de Joël : il nous présente dans son premier chapitre de l’évangile un couple âgé qui donne la vie. Le prêtre Zacharie recouvre la parole à la naissance de son fils. Lui et son épouse prophétisent devant le surgissement inattendu d’une vie nouvelle. Le chant de Zacharie et l’exclamation d’Élizabeth lors de la visite de Marie sont deux moments d’émerveillement et d’action de grâces. Oui, les vieillards auront des songes et seront remplis de joie. À la fin du chapitre deux, Luc termine son histoire avec deux autres personnes âgées, Siméon et Anne qui prophétisent elles-aussi. ‘Maintenant tu peux laisser ton serviteur mourir en paix car j’ai vu l’avenir de l’humanité.’

         Dans nos sociétés où abondent les personnes âgées, mettons-nous à leur écoute pour les entendre ce qu’ils ont à transmettre. La vieillesse n’est-elle pas autre chose qu’une fatalité qui prépare à la mort prochaine? Nos vieux et nos vieilles sont invités à être prophètes en accueillant la vie nouvelle qui arrive et en redonnant espoir aux générations qui les suivent. Nos vieux sont une richesse pour l’avenir de l’humanité.

         Luc met au centre de son récit un jeune couple rempli d’une promesse : Joseph et Marie. Joseph (dont le nom évoque l’ancêtre qui avait été rejeté et vendu en esclavage par ses frères), deviendra le père du messie. Marie remercie Dieu d’avoir vu son humiliation; elle sera la femme à qui Dieu s’adresse directement, comme son homonyme Myriam, la sœur de Moïse à qui Dieu était apparu dans la tente de réunion et à l’instar de l’esclave égyptienne d’Abraham, Agar, qui avait été humiliée et chassée avec son fils dans le désert.

         Les jeunes gens et les jeunes filles sont invités à avoir des visions, à créer un monde nouveau avec enthousiasme. Dans une rencontre avec une douzaine de jeunes de 17 à 25 ans, on demandait avec quel personnage de la crèche ils s’identifiaient? « Je voudrais être comme le bœuf, nous dit l’un d’eux. J’aimerais passer ma vie à réchauffer les autres avec mon souffle et ma parole. » Un autre d’ajouter : « Je me sens comme l’enfant Jésus; je viens de passer des années noires à tourner en rond et aujourd’hui je commence une nouvelle vie; pour moi c’est naître à nouveau. » Le Souffle est sur les jeunes; ils prophétisent et annoncent un monde nouveau.

         Enfin Luc nous présente deux nourrissons remplis du Souffle divin : Zacharie prophétise que le petit Jean « sera prophète du Très-Haut ». Déjà dans le ventre de sa mère, il bondit à l’arrivée de Marie enceinte. Jésus et Jean seront des cousins spirituels, deux prophètes qui inciteront à sortir de Jérusalem, de son Temple, de son système de castes et d’exploitation, pour aller dans les endroits déserts, là où la vie du peuple est menacée. Deux bébés prophètes dès le sein maternel.

         Oui, durant ces jours, je verserai mon Souffle sur mes serviteurs et mes servantes. Ils seront prophètes. Un autre monde est possible, enfantons-le par le Souffle de Dieu ! Une autre Église est possible, une Église de Noël, où tous, hommes et femmes, vieillards et enfants sont prophètes du Seigneur. Enfantons-la avec enthousiasme! Et que ce soit Noël à l’année longue!

    Claude Lacaille

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    Sources www.interbible.org

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  • Es-tu Élie?                   Élie le prophète (1/6)

    Elie.jpg Jusqu’à maintenant dans le cadre de la chronique Découverte, nous vous avons présenté des livres bibliques peu connus. Au seuil d’une nouvelle année de publication, nous allons partir à la découverte des petits prophètes. Il y a les connus, tels Amos et Osée, et d’autres que nous connaissons à peine comme Aggée ou Abdias.


    Mais auparavant, nous vous invitons à découvrir Élie, le prototype de ces porte-parole de Dieu que sont les prophètes.


         Il suffit qu’un homme parle avec autorité pour qu’aussitôt s’enflamment les esprits et que s’emballe la machine à rumeurs. C’est un peu ce qui est arrivé en Judée et en Galilée lorsque Jean Baptiste et après lui Jésus se sont mis à prêcher l’avènement du règne de Dieu, et la nécessité de se convertir pour entrer dans le monde nouveau de Dieu. Il n’en fallait pas plus pour que l’on associe Jean et Jésus au prophète Élie dont le retour devait annoncer la venue imminente du messie de Dieu. Or l’attente du messie était fébrile dans la société où paraissent Jean et Jésus. N’incarneraient-ils pas Élie que le prophète Malachie avait présenté comme le précurseur du messie? : Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils, et le cœur des fils vers leurs pères, pour que je ne vienne pas frapper le pays d’anathème (Ml 3, 23-24).


         C’est dans ce contexte que la figure d’Élie le prophète apparaît dans les Évangiles. C’est à lui qu’on se réfère quand on cherche à connaître l’identité de Jean qui prêche la repentance et administre un baptême de conversion dans le Jourdain. « Es-tu Élie? », lui demandent les scribes venus de Jérusalem (Jean 1, 21). Jésus lui-même compare Jean Baptiste à Élie qui doit venir, une fois partis les envoyés de Jean qui étaient venus s’enquérir de l’identité de Jésus (Mt 11, 7-14; 17, 9-13). Peu après avoir fait décapiter le Baptiste, Hérode se demande si Jésus ne serait pas Élie (Mc 6, 14-16; Lc 9, 8)?  Le prophète Élie est l’une des réponses que les apôtres donnent à Jésus quand il veut savoir ce que les gens disent de lui (Mt 16, 14).

     

    À Nazareth Jésus évoque la figure d’Élie qui a été persécuté dans son pays, préfigurant ainsi ce qui lui adviendra (Lc 4, 22-26). Enfin, Élie est présent avec Moïse au moment de la transfiguration de Jésus (Mt 17, 3-4).


         Voilà quelques références qui démontrent l’importance du personnage dans l’univers biblique. Nous allons donc partir à sa découverte dans les prochains articles de cette chronique.

     

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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  •                                                                      Baptême du Seigneur A - 9 janvier 2011

     
          La manifestation du Serviteur de Dieu
    Bapteme de Jésus

    Le baptême de Jésus : Matthieu 3, 13-17
    Autres lectures : Isaïe 42,1-4.6-7; Psaume 28(29); Actes 10, 34-38

     

    Le baptême de Jésus est l’un des faits les moins contestés sur le plan historique. Même les critiques les plus radicaux admettent que les premiers chrétiens n’auraient pas inventé un événement aussi embarrassant. Avouer que Jésus avait été baptisé par Jean (ou par un de ses disciples) n’était-ce pas reconnaître aussi qu’il s’était mis à son école et, par conséquent, que Jean lui était supérieur? Chaque évangéliste a aménagé le récit à sa manière pour tenter de corriger cette impression. Il faut se rappeler qu’au moment où les évangiles sont mis par écrit, il existe encore des communautés qui se réclament de Jean comme leur maître (cf. Ac 19, 1-7).
    Baptiser dans l’Esprit saint et dans le feu (Mt 3, 11)

         Le découpage des péricopes d’évangile en fonction de la liturgie fait en sorte qu’on a lu la prédication de Jean Baptiste le 2ième dimanche de l’Avent, donc à peu près un mois avant la fête du Baptême de Jésus. Dans l’Évangile de Matthieu, les deux scènes se suivent immédiatement. Jean annonce la venue d’un plus fort qui accomplira un nouveau baptême dans l’Esprit saint et le feu, Jésus se présente à lui – sans aucun contact préalable entre eux – et Jean le reconnaît comme celui qui pourrait donner ce nouveau baptême dont lui-même a besoin (cf. v. 14). Il s’agit clairement d’une présentation théologique destinée à mettre en lumière le sens des événements et non pas d’un compte-rendu des faits tels qu’ils ont pu se dérouler.

         Pour mieux comprendre la signification du baptême – celui de Jean comme le baptême chrétien – il faut se rappeler que les mots de la famille baptô – baptizô signifient d’abord : plonger, être submergé. Même si nous ne savons pas exactement comment se déroulait le baptême de Jean, on est en droit de supposer que le baptisé descendait dans l’eau et s’y plongeait entièrement. Le rite signifiait une purification complète de ses péchés et le désir d’entreprendre une nouvelle vie (cf. Mt 3, 11).

         Lorsque le Baptiste annonce un baptême dans l’Esprit saint et le feu il n’envisage sans doute pas un rite où le sujet devrait plonger dans les flammes. Il s’agit d’une réalité nouvelle : être plongé dans l’Esprit saint et le feu signifie une transformation en profondeur de tout l’être par l’Esprit de Dieu : L’Esprit de Yahvé fondra sur toi (…) et tu seras changé en un autre homme (1 Samuel 10, 6). Il semble que Jean envisage pour les temps messianiques une expérience semblable à celle de Saül pour tous ceux qui recevront ce baptême. Par ailleurs le feu est souvent associé au jugement de Dieu (voir, par exemple : Isaïe 30, 33; 33, 11; Amos 7, 4). Il est aussi un signe de la présence de Dieu (cf. Exode 19, 18; 24, 17; Deutéronome 4, 12.15 etc.). Le Deutéronome va jusqu’à dire : Notre Dieu est un feu dévorant (Dt 4, 24). Le baptême dans le feu suppose donc une expérience exceptionnelle de la présence divine. Reconnaître Jésus comme celui qui peut donner ce baptême nouveau équivaut à proclamer qu’il est l’envoyé définitif de Dieu chargé de réaliser enfin les promesses du salut. C’est pourquoi Jean affirme qu’il a besoin d’être baptisé par Jésus (cf. v. 14) pour accéder lui aussi au Royaume espéré.
    Accomplir (remplir) toute justice (v. 15)

         Les commentateurs ont toujours été mal à l’aise avec cette expression. Même les traducteurs du Lectionnaire ont choisi d’employer une périphrase : Accomplir parfaitement ce qui est juste. La justice dont il s’agit n’est pas un concept juridique mais théologique. Lorsque, dans le discours sur la montagne, Jésus demande aux disciples de chercher d’abord le Royaume et sa justice (Mt 6, 33) il envisage un comportement en accord avec le projet de Dieu dans toutes ses dimensions, alors seulement la justice des chrétiens pourra surpasser celle des scribes et des Pharisiens (cf. Mt 5, 20). Porter à son plein accomplissement la justice, c’est accueillir totalement le projet de Dieu et s’y conformer. Jésus, qui se reconnaît comme le Serviteur de Dieu (cf. Mt 12, 15-21) et dont toute l’existence se déroule dans l’obéissance à son Père (cf. Mt 26, 39), commence sa carrière publique par un geste d’humilité, recevoir le baptême de conversion donné par Jean.
    Il vit l’Esprit de Dieu (v. 16)

         Le baptême – mentionné par un simple participe passé au début du v. 16 – n’est que le prélude à la scène suivante, la venue de l’Esprit. Le texte n’est pas parfaitement clair, surtout au v. 16. Matthieu a voulu, semble-t-il, laisser subsister l’ambiguïté concernant le sujet du verbe voir; est-ce Jésus ou Jean qui voit l’Esprit? Et à qui s’adresse la voix qui dit : Celui-ci est mon Fils … ?

         Après son baptême Jésus remonte de l’eau comme autrefois le peuple d’Israël était remonté du Jourdain pour entrer dans la Terre promise (Jos 4, 19). L’Esprit descend et vient sur lui. Les trois paliers de l’univers sont réunis : l’abîme, représenté par l’eau, le ciel d’où viennent l’Esprit et la terre où se produit la rencontre.

         Jésus a été conçu par l’action du Saint-Esprit (Mt 1,18). Il est en communion parfaite avec l’Esprit comme avec le Père. La scène qui suit son baptême révèle une réalité qui existe déjà. Elle désigne Jésus pour l’accomplissement d’une mission de la part de Dieu comme ce fut le cas pour les rois et les prophètes (cf. Nombres 27,18 : Josué; 1 S 16, 13 : David; Is 61, 1 : le messager de la bonne nouvelle etc.). La manifestation de l’Esprit sous une forme animale est un cas unique dans toute la Bible. Il s’agit probablement d’un rappel de la colombe qui a annoncé la fin du déluge et le début de la création nouvelle (Gn 8, 6-12). L’entrée de Jésus dans sa mission publique marque le début d’une ère nouvelle, celle de l’accomplissement des promesses de Dieu.
    Celui-ci est mon Fils (v. 17)

         Jean était déjà conscient, on l’a vu, du fait que Jésus était ce plus puissant qui allait venir (cf. Mt 3, 11). La voix céleste, qui, selon toute vraisemblance, s’adresse à lui, lui révèle une dimension nouvelle du mystère. Jésus n’est pas seulement un prophète d’une qualité exceptionnelle, il est le Fils de Dieu.

         Le titre de fils bien-aimé est rare. Jérémie l’attribue collectivement à Éphraïm (l’ancien royaume du Nord) (Jr 31, 20). Le seul fils désigné comme bien-aimé est Isaac dans le récit où il doit être offert en sacrifice (Gn 22, 2.12.16). Ce rappel annonce déjà le sacrifice de Jésus sur la croix.
    J’ai mis tout mon amour (v. 17)

         La parole du Père est une citation libre de Is 42, 1 : Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis tout ma joie.  On retrouve ce même passage en Mt 12, 18 (texte plus complet); 17, 5; 2 P 1, 17 et, adapté à la 2ième personne, en Mc 1, 11 et Lc 3, 22. On voit bien qu’il s’agit d’un texte important dont les premiers chrétiens se sont inspirés pour mieux comprendre la personne et la mission de Jésus. Cette citation appartient au premier des quatre poèmes qu’on appelle les chants du Serviteur (Is 42, 1-9 la 1ière lecture de ce dimanche; 49, 1-7; 50, 4-11; 52, 13—53, 12). Il paraît certain que Jésus lui-même s’est reconnu dans la personne de ce mystérieux serviteur et les auteurs du Nouveau Testament ont eu recours à ces textes pour mieux comprendre, en particulier, le paradoxe d’un Messie souffrant.
     
         Le premier chant présente le Serviteur. Dans la première strophe (vv. 1-4) Dieu décrit celui qu’il a choisi : Il a reçu l’Esprit (v. 1), il établira le jugement dans le pays (v. 4), il utilisera des moyens humbles et pacifiques (vv. 2-3). Dans la deuxième strophe (vv. 5-7) Dieu s’adresse au Serviteur pour lui rappeler sa vocation et le confirmer dans sa mission de devenir lumière pour les nations (v. 6) et de libérer ceux qui habitent les ténèbres (v. 7).

     Jérôme Longtin, ptre

    Jérôme Longtin, ptre

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2255. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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  • Marie, Joseph et l’Enfant nous font signe

      Sainte-famille-Bartolome-Esteban-Murillo.jpg

    Bartolome Esteban Murillo
    (Espagne, 1618-1682)
    La Sainte Famille
    Musée du Prado, Madrid

     

    Une femme, un homme, un enfant.
    Une famille où Dieu révèle son visage
    et s’avance sur la route des hommes.
    Une famille, comme des millions d’autres,
    jetée sur les routes de l’histoire humaine,
    obligée de creuser son sillon sur le sol du temps,
    mais liant ses choix au désir du Tout-Autre
    et cherchant son chemin avec une foi inébranlable.

    La tradition l’appelle la « Sainte Famille ».
    C’est une manière de dire que Dieu est là,
    que les promesses des prophètes sont accomplies.
    Que ce nom, pourtant, ne nous trompe pas;
    qu’il ne nous fasse pas croire que pour elle,
    tout est facile, puisque Dieu est là, dit-on!
    Ne l’oublions pas! Le chemin qui commence ici,
    pour l’enfant nouveau-né que porte sa mère,
    s’achèvera sur la croix, au terme d’une longue route
    semée d’embûches, de haine et de contradictions.

    Pour voir Dieu dans cet enfant, entendre sa parole,
    il faut regarder loin, dépasser ce qu’on croit savoir.
    Dieu est bien là, mais dans l’impuissance de l’enfant.
    Dieu s’invite parmi nous, non pas en s’imposant.
    Il quémande un peu de place, cherche un lieu d’accueil,
    se contente, dit Luc, d’un abri pour le petit bétail,
    entre sans bruit dans la grande histoire humaine,
    avec pour seuls témoins, des bergers des environs,
    et les choeurs des anges, pour soigner le décors...

    - Non, mais tu plaisantes! De quel Dieu tu parles?
    S’il veut venir, qu’il s’annonce clairement au monde!
    Chacun saura au moins qu’il existe vraiment...
    - Pas facile à admettre! Tu demandes des preuves
    qui correspondent à notre mentalité scientifique...
    Dis-moi, comment l’amour se prouve-t-il sûrement?
    L’amour ne se prouve pas, il fait signe simplement,
    Il espère la réponse d’un autre amour, une rencontre;
    il patiente, attend le moment favorable où il peut
    bouleverser une existence humaine et lui donner sens.

    Marie, Joseph et l’Enfant nous font signe...
    Leur oui donné à l’Amour et leur confiance en lui
    t’aideront peut-être à redire ton propre oui à la Vie.

    Espérant partager avec vous la joie de cette venue,
    espérant aussi garder vivante une amitié d'internautes,
    je redis à chacun mes voeux les meilleurs !

    Roland Bugnon

    Source www.interbible.org

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  •                                     Épiphanie du Seigneur A - 2 janvier 2011
     
    Dieu avec tout le monde

    Les-Rois-Mages.jpg

    La visite des mages : Matthieu 2, 1-12
    Autres lectures : Isaïe 60, 1-6; Psaume 71(72); Éphésiens 3,2-3a.5-6


     Le récit de la visite des mages fait partie de notre imaginaire religieux et culturel. Il a tout ce qu’il faut pour charmer un auditoire et capter son attention: une touche d’exotisme avec de mystérieux personnages venus d’Orient, un phénomène astronomique étrange, un roi jaloux de son pouvoir, une mère et son enfant… Mais cet épisode est plus qu’une scène de théâtre ou qu’un conte de fée. Il est au service d’un message théologique dont il faut tenir compte pour saisir toute la portée de la fête de l’Épiphanie.
    Manifestation

         Épiphanie signifie « manifestation », « révélation ». Il s’agit donc de célébrer Dieu qui se donne à voir au monde. Le temps de Noël, en effet, nous donne de célébrer non seulement l’incarnation du Fils de Dieu mais aussi sa manifestation. À la Nativité, les anges annoncent aux bergers la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur et leur donne un signe : un nouveau-né couché dans une mangeoire. Lors de la fête de sainte Marie Mère de Dieu (1er janvier), ces mêmes bergers se rendent à Bethléem et y contemplent l’enfant. À l’Épiphanie, les mages viennent à leur tour se prosterner devant lui. Puis le Baptême du Seigneur sera l’occasion de la première apparition publique du Fils de Dieu. Incarnation et manifestation constituent donc, pour ainsi dire, les deux fils conducteurs de tout le temps liturgique de Noël (25 décembre jusqu’au Baptême du Seigneur).
    Deux visions

         Mais voyons plus précisément comment cette manifestation se déploie lors de la fête de l’Épiphanie, avec le récit de la visite des mages. Pour bien le saisir, revenons d’abord au texte entendu lors de la messe de la nuit de Noël (Luc 2, 1-14). Saint Luc raconte que des bergers furent les premiers témoins de la naissance du Sauveur. Ce choix de sa part dénote une option théologique: l’évangéliste souligne ainsi que Dieu offre son salut en priorité aux gens des classes sociales inférieures. Les bergers, en effet, étaient des gens de modeste condition, pas toujours bien vus de leurs concitoyens. Luc en fait les premiers récipiendaires de la Bonne Nouvelle, ce qui s’harmonise bien avec les conditions humbles dans lesquelles Jésus vient au monde.

         Matthieu présente les choses de manière différente. Considérons d’abord le cas des mages, personnages assez difficiles à saisir. Le terme grec employé par l’évangéliste peut désigner, dans la littérature antique, un devin, un astrologue, un prédicateur ou un magicien. Compte tenu du rôle de l’étoile dans le récit, on peut supposer que Matthieu avait à l’esprit les astrologues babyloniens bien connus à l’époque. Quoi qu’il en soit, les mages, dans certains milieux, n’ont pas très bonne réputation, tout comme les bergers, mais pour des raisons différentes. Dans la Bible, on les considère comme des magiciens ou même des charlatans. Dans le récit évangélique, ils suivent d’ailleurs un signe ambiguë : l’apparition d’une nouvelle étoile dans le firmament. De plus, les mages, comme le précise Matthieu, sont «venus d’Orient». Il s’agit donc d’étrangers et de païens aux yeux de la population juive.
    Un long chemin

         Ce portrait des mages montre à quel point ils sont loin d’être un modèle de foi israélite. Ils vivent à des milliers de kilomètres du Temple de Jérusalem. Ils ignorent la loi de Moïse. Ils scrutent les cieux au lieu d’étudier les Écritures. Et pourtant, quelque chose leur a été révélé, puisqu’ils savent que le roi des Juifs […] vient de naître. Le signe – l’étoile – est équivoque, certes, mais le message est clair. Ils ne demandent pas à vérifier si le roi des Juifs est né, mais où ils peuvent le trouver. Et, un peu comme Abraham sur l’appel du Seigneur, ils entreprennent un long chemin hasardeux, dans l’espoir de se prosterner devant lui. Sur le chemin, guidés par l’étoile, ils éprouvent une très grande joie.
    Au-delà des frontières

         Tous ces éléments inattendus, étonnants en raison du contexte religieux de l’époque, se conjuguent pour transmettre un enseignement cher à l’évangéliste Matthieu. Pour celui-ci en effet, Dieu a choisi de faire éclater les limites ethniques et géographiques. Il a voulu manifester sa gloire et son salut à toutes les nations et aux personnes de toute allégeance spirituelle. Les mages en sont l’archétype : ce sont des étrangers qui ont recours à des procédés non orthodoxes pour découvrir et rencontrer le Sauveur. Dans le récit de l’annonce à Joseph de la naissance de Jésus, l’ange dit que le fils de Marie s’appellera Emmanuel, qui se traduit ‘Dieu-avec-nous’ (Matthieu 1, 23). Avec l’épisode de la visite des mages, l’évangéliste précise que « Dieu-avec-nous », c’est aussi, pour ainsi dire, « Dieu-avec-tout-le-monde ». Dieu se donne à rencontrer au-delà des idées, des lieux et des milieux dans lesquels nous  sommes tentés de l’enfermer.
    L’étoile et les Écritures

         Matthieu ne laisse cependant pas entendre que n’importe quel signe ou n’importe quelle voie peut conduire au Christ vivant. L’apparition de l’étoile a suffit aux mages pour les mettre en route et susciter leur désir de chercher « le roi ». Mais l’astre ne les a pas conduits à lui seul à destination. En effet, ils ont eu besoin de l’éclairage des Écritures pour diriger leurs pas vers Bethléem. L’intrigue comporte ici une touche d’ironie. Tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël décodent avec justesse les Écritures. Mais au lieu de se précipiter à Bethléem – pourtant située à quelques kilomètres seulement de Jérusalem – ils laissent aux mages le soin de mener la recherche. De plus, en apprenant la nouvelle de la venue d’un autre roi des Juifs, les gens de Jérusalem sont pris d’inquiétude. Les mages, au contraire, ressentent une grande joie à la vue du signe de cette arrivée hors du commun : l’étoile.

         On voit ici se profiler tout le drame de l’incompréhension entre le peuple juif et Jésus, qui conduira celui-ci à son tragique destin. Matthieu donne le mauvais rôle aux autorités religieuses de Jérusalem et à sa population en général. À l’inverse, il dépeint l’attitude des païens sous un jour favorable. Matthieu vivait sans doute douloureusement la déchirure entre sa communauté d’origine et sa condition de disciple du Christ. Il lui a fallu accepter que Dieu ne puisse limiter son salut à un peuple particulier et que le monde entier fût appelé à en bénéficier.
    La même promesse

         Dans la deuxième lecture (Éphésiens 3, 2-3a.5-6), saint Paul formule un constat semblable: Les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse. L’apôtre a franchi une étape : après l’échec de sa prédication en milieu juif, il se tourne vers les autres nations qui se montrent plus réceptives à l’Évangile. Pour la fête de l’Épiphanie, ce passage de la Lettre aux Éphésiens ne pouvait être mieux choisi. Elle prépare le terrain pour la lecture évangélique qui met en scène, effectivement, des «païens» qui cherchent et trouvent «le roi», contrairement à la population de Jérusalem.
    « L’or et l’encens »

         Le récit de la visite des mages est truffé d’allusions et de citations de l’Ancien Testament. Une des sources d’inspiration de l’évangéliste est certainement le passage du livre d’Isaïe retenu comme première lecture (60, 1-6). Le prophète dépeint l’affluence des nations vers Jérusalem, les bras chargés de présents, dont « l’or et l’encens ». L’accomplissement de cette prophétie surviendra quelques siècles plus tard, avec une nuance cependant: le lieu vers lequel convergeront les mages sera non pas la ville sainte mais l’humble Bethléem. Dieu se manifeste, oui, mais pas toujours où on l’aurait cru…
     
    Jean Grou, bibliste

    Jean Grou, bibliste

     
    Source: Le Feuillet biblique, no 2254. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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  •  

    Des géants dans la Bible (Genèse 6, 1-4)

    geant-bible.jpg (photo Internet) Nous connaissons bien le récit de la création du livre de la Genèse. Nous y voyons Dieu séparer le ciel et la terre, et appeler à la vie les plantes, les animaux, les humains. Mais il y a des créatures dans ce livre dont on ne parle jamais… probablement parce qu’elles font peur ou qu’elles ne sont pas très réalistes pour un lecteur moderne. Il s’agit d’une race de géants nommés Nephilim en hébreu. Voici leur histoire :

    Alors que les hommes avaient commencé à se multiplier sur la surface du sol et que des filles leur étaient nées, les fils de Dieu virent que les filles d’homme étaient belles et ils prirent pour femmes celles de leur choix.


    En ces jours, les géants (Nephilim) étaient sur la terre et ils y étaient encore lorsque les fils de Dieu vinrent trouver des filles d’homme et eurent d’elles des enfants. Ce sont les héros d’autrefois, ces hommes de renom. (Genèse 6, 1-2.4)

    L’origine des Nephilim

         L’élément le plus incongru de ce récit est sans doute l’origine de cette race. Ces géants sont le produit de relations entre « les fils de Dieu » et « les filles d’homme ». Les rapports sexuels entre les dieux et les femmes sont un thème largement répandu dans les mythologies grecques et proche-orientales. L’expression « fils de Dieu » sera plus tard appliquée aux rois d’Israël, mais ici il s’agirait plutôt de puissances divines subordonnées à Dieu. Qui sont ces « fils de Dieu »?


         Un écrit ancien qui ne figure pas dans la Bible peut nous éclairer sur cette légende [1]. Il s’agit du livre d’Hénoch, attribué à l’arrière-grand-père de Noé. Sa composition daterait du IIe siècle av. J.-C. La première section du livre décrit la rébellion des anges déchus et les voyages visionnaires d’Hénoch au ciel et aux enfers, en compagnie des archanges qui lui font diverses révélations. On y apprend que les « fils de Dieu » seraient des anges déchus qui se seraient accouplés avec de belles femmes, pour donner naissance à des géants qui mesuraient environ cent cinquante mètres de haut! Ils se mettent à manger tout ce qu’ils trouvent, humains et animaux!


         Dans la Bible, les géants sont exterminés par le fameux déluge qui détruit tout, sauf les animaux et les humains qui se sont réfugiés dans l’arche de Noé. Le court récit sur les géants figure tout juste avant l’annonce du déluge, au chapitre six. On peut en déduire qu’ils font partie des causes du fléau.


         Cela dit, on pourrait conclure que les géants sont morts dans le déluge. Pourtant, d’autres passages bibliques y font allusion par la suite lorsque le peuple hébreu rencontre des hommes de grandes tailles lors de l’entrée en Terre Promise.


         Que peut-on retenir de l’histoire des géants de la Bible? Elle ne peut certainement pas avoir de fondement historique. La Bible utilise les mythes populaires de l’époque et nous mène à une compréhension non littérale de la Bible. Les Nephilim appartiennent à des mythes populaires, probablement transmis par la Bible dans le but d’expliquer la grande taille de certains groupes ethniques rencontrés par les Hébreux. 


    [1] Le livre des Jubilées évoque aussi cette histoire (7, 21-25). Il appartient à la Bible de l’Église orthodoxe éthiopienne.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

     

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  • Pourquoi Noël est-il fêté le 25 décembre ?



    Nativite.jpg Seul évangéliste à évoquer la Nativité, Luc ne donne aucune date de naissance pour le Christ. Les rares éléments permettent d’estimer que la Nativité a probablement eu lieu vers l’an 5 ou 6 avant notre ère, mais sans qu’un jour précis soit connu. D’ailleurs, pour les premiers chrétiens, la fête de Noël n’existait pas : seule comptait Pâques, fête de la Résurrection…

    C’est vers 330 que Noël a commencé à être fêté à Rome le 25 décembre. Une date qui correspond à une fête païenne, la fête de Sol invictus, le Soleil invincible, fêté au moment où les jours commençaient à rallonger et au cours de laquelle on allumait de grands feux.

    Les chrétiens ont vite associé le Christ au soleil, et aujourd’hui la Tradition chrétienne résonne de ces symboles du Sauveur des nations désigné comme un « Soleil levant », comme le rappelle la liturgie de la nuit de Noël avec le texte d’Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9, 1).

    Noël n’est cependant pas fêté le 21 décembre, jour du solstice d’hiver. Une différence due au calendrier julien, institué en 46 av. J.-C. par Jules César, qui avait fixé le solstice au 25 décembre. C’est cette date officielle du solstice que le concile de Nicée (325) reprendra pour Noël.

    Pourquoi dit-on la « messe de minuit » ?

    Dès le VIe siècle, l’habitude s’est prise de célébrer trois messes à Noël. La première était célébrée à minuit, en accord avec la tradition selon laquelle Jésus serait né à cette heure là.

    Aujourd’hui, l’habitude s’est prise de célébrer une « messe des familles » en début de soirée, avec les textes de la messe de la nuit (et non ceux de la veille de Noël). La messe de la nuit insiste principalement sur l’événement de la naissance de Jésus à Bethléem et l’adoration des bergers avertis par les anges.

    Source http://la-croix.com

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  • Les évangiles apocryphes(3-3)

    Evang-apocr-3-3.jpg

    À travers les âges, les artistes ont souvent représenté Marie au Temple, son mariage avec Joseph, l'Enfant-Jésus entre le bœuf et l'âne, etc. Où ont-ils puisé leur inspiration? Ce n'est certes pas dans les évangiles qui se caractérisent par la discrétion et la sobriété, mais bien plutôt dans les écrits apocryphes.

     

         Qui dit « écrits apocryphes » dit « quelque chose de caché », que l'on tient secret. Plus généralement, on dénomme ainsi les écrits qui ne font pas partie du canon des Écritures. Parfois contemporains des textes canoniques les plus tardifs (90-100 après J. C.), bien que la plupart soient rédigés entre le IIe et Vle siècles, ces textes n'ont pas été reconnus par l'Église comme inspirés. Certains ont le goût du merveilleux et du romanesque, d'autres s'intéressent à l'enfance et à l'adolescence de Jésus; d'autres encore décrivent des phénomènes cosmiques surnaturels ou proposent une voie de salut accessible seulement à un petit nombre d'initiés. On classe ces écrits en trois familles.

     

         Les évangiles judéo-chrétiens. Dans cette catégorie, l'Évangile des Hébreux ou Nazaréens donne une importance très grande à Jacques et l'Évangile des Ebionites offre une version abrégée de l'Évangile selon saint Matthieu.

     

         Les évangiles gnostiques. Les découvertes de Nag-Hamadi, vers 1945, ont permis de les connaître davantage; ils sont pour la plupart de la deuxième moitié du IIe siècle. On fait souvent mention de l'Évangile de Philippe et de l'Évangile selon Thomas. Le premier, au confluent de deux grands courants philosophiques grecs, invite à une conversion qui est en fait un repli sur soi. L'Évangile selon Thomas, offre, pour sa part, un recueil de 114 paroles ou « logia », mises dans la bouche de Jésus. En mettant certaines de ces paroles en parallèle avec les Synoptiques, on constate un remaniement influencé par la gnose, avec condamnation de la sexualité et mépris du monde créé.

     

         Les évangiles-fictions enfin font peu de cas de la dimension historique. Ils se soucient de combler les silences des évangiles canoniques. Les Synoptiques et Jean s'intéressent peu aux 30 premières années de la vie de Jésus; ces évangiles-fictions le font et les anecdotes abondent.

     

         Dans les dernières années, des auteurs ont produit des œuvres sur Jésus en puisant largement aux écrits apocryphes. Connaître la source d'inspiration de ces auteurs, c'est se rendre capable de distinguer leurs propos souvent proprement gratuits, des discours qui prennent appui sur une science exégétique solide, éclairée par la foi et l'enseignement de la tradition.

    julienne côté

    Julienne Côté

    Source www.interbible.org

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