• Jésus n’est pas né dans une grotte

    Contrairement à la façon dont on s’imagine parfois le contexte de la naissance de Jésus, celui-ci n’est pas né dans une grotte, selon la Bible. En fait, il n’est pas impossible qu’il l’ait été, mais ce n’est pas ce que les évangélistes racontent. Les textes du Nouveau Testament ne parlent jamais d’une grotte dans laquelle serait né Jésus.

    Naissance-de-Jesus.jpg

    La Nativité (Lc 2, 6-20)
    (gravure : Gustave Doré)

         En lisant un texte, peu importe lequel, on a tendance à y projeter notre précompréhension de celui-ci. C’est ce qui arrive souvent avec les textes bibliques. Un bon exemple est celui des récits de la naissance de Jésus, qu’on « complète » mentalement par l’image d’une grotte.

     

    Sans doute l’iconographie et le cinéma nous ont-il habitués à s’imaginer ainsi la scène de la naissance de Jésus, mais déjà au IIIe siècle, le père de l’Église Origène tombait dans le même piège : « Conformément à ce que l’Évangile raconte sur sa naissance, on montre à Bethléem la grotte où il est né et, dans la grotte, la mangeoire où il fut enveloppé de langes » (Contre Celse). Dès les premiers siècles les pèlerins chrétiens pouvaient en effet visiter à Bethléem une grotte que la tradition associait à la naissance de Jésus. On peut d’ailleurs encore visiter cette grotte aujourd’hui, ainsi que l’emplacement de la mangeoire, dans le sous-sol de l’église de la Nativité.


         Mais que dit l’Évangile du lieu précis de la naissance de Jésus? Dans l’évangile de Matthieu, Jésus semble être né chez Joseph, qui réside à Bethléem. Le texte dit simplement que Joseph « prit chez lui sa femme;  et il ne la connut pas jusqu’au jour où elle enfanta un fils qu’il appela du nom de Jésus » (Mt 1,25-26). À moins de s’imaginer que Joseph vivait dans une grotte, il n’y a pas lieu de supposer ici que Jésus soit né ailleurs que dans la maison familiale. Dans l’évangile de Luc, Joseph n’habite pas à Bethléem mais doit s’y rendre à cause d’un recensement. On ne dit pas où précisément Jésus vint au monde, mais on précise que par manque de place, la mère dût placer le nouveau-né dans une mangeoire (Lc 2,6-7). Peu importe le type de logis dont il est question ici (une auberge? une maison?), il n’est toujours pas fait mention d’une grotte. Quant aux évangiles de Marc et de Jean, ils ne relatent tout simplement pas la naissance de Jésus, alors pas de grotte là non plus.


         L’idée que Jésus soit né dans une grotte apparaît dans les textes environ cent cinquante ans après la naissance de Jésus. On la retrouve d’abord chez un apologète, Justin Martyr, et dans un évangile apocryphe, le Protévangile de Jacques, deux documents qui datent de la moitié du IIe siècle. Dans l’évangile apocryphe, c’est en route vers Bethléem, « à mi-chemin », que Marie dût accoucher. Joseph « trouva là une grotte » où Marie pu, avec l’aide d’une sage-femme, donner naissance à Jésus (Protévangile de Jacques, 18-21). Chez Justin, la Sainte Famille est déjà arrivée à destination lorsque Marie accouche : « Comme Joseph n'avait pas où loger dans ce village, il s'installa dans une grotte toute voisine de Bethléem, et tandis qu'ils étaient là, Marie enfanta le Christ et le plaça dans une mangeoire : à leur arrivée les mages d'Arabie l'y trouvèrent » (Dialogue avec Tryphon, 78).


         C’est vraisemblablement dans un contexte de concurrence entre religions qu’est apparue la légende selon laquelle Jésus serait né dans une grotte. Chaque religion, chaque culte s’empruntait des idées et il s’est opéré une sorte de jeu d’influences. Le christianisme a possiblement emprunté l’idée de la grotte au culte du dieu Mithra, un dieu indo-iranien très populaire dans l’Empire romain et qui était célébré dans une grotte. Et pour les chrétiens c’était tout à fait plausible que Jésus soit né dans une grotte, car dans les environs de Bethléem, contrairement au texte des évangiles, ce ne sont pas les grottes qui manquent.


    Chrystian Boyer

    Chronique publiée en collaboration avec la Société catholique de la Bible (SOCABI).

    Source www.interbible.com

    Autres articles...

    chrystian Boyer


    votre commentaire
  • Israélite

    Hébreu : Yisraʾel
    Grec : Israelitai

    Jacob---ange.jpg

    La lutte de Jacob contre l'ange
    Auguste Louis Leloir
    Huile sur toile, 1865
    Musée d’Art Roger-Quilliot

    Le nom le plus ancien pour décrire le peuple de la Bible est « Hébreu ». Puis, d’autres expressions ont été employées : fils d’Israël, enfants d’Israël ou Israélites. Ce nom fait référence à Jacob, un patriarche qui a été surnommé Israël après son combat avec l’ange (Gn 32,28). Ce récit indique que le sens à donner au nom Israël est « celui qui a lutté avec Dieu ». Les douze fils de Jacob ont donné leurs noms aux douze tribus. En fait, l’étymologie d’Israël est « Yisraʾel » signifiant que Dieu règne ou que Dieu éclaire.


         Les textes bibliques qui racontent la période de la monarchie divisée vont employer le nom d’Israélites pour désigner les habitants du royaume du Nord appelé Israël. Les habitants du royaume de Juda, au sud, sont appelés Yehoudi (Judéens). Après la chute du royaume du Nord (722 av. J.C.), les habitants du royaume de Judas furent eux aussi appelés Israélites. De son côté, Yehoudi devint un nom commun désignant les anciens, puis donnera le mot « juif ».

         Dans le Nouveau Testament, le mot « Israélite » souligne l’appartenance religieuse au peuple de Dieu (Jn 1,47; Ac 2,22; Rm 9,4; etc.). Dans les lettres de Paul, Israël désigne le peuple de Dieu. Il fait une distinction entre le « vrai » Israël, les chrétiens, et l’Israël selon la chair, les descendants des Hébreux (Ph 3,5).


         Au XVIIIe siècle, les juifs d’Europe centrale et de l’Ouest ont commencé à utiliser les mots « Israélite » et « Hébreu » pour éviter le mot « Juif » qui revêtait dans ce contexte une connotation péjorative.

         Aujourd’hui, dans certaines langues comme le français, le mot « Israélite » est parfois employé comme synonyme du mot « Juif » ou du mot « Hébreu ». Pourtant, ils ont des origines distinctes et réfèrent à des réalités différentes lorsqu’ils sont employés dans la Bible.


         Il faut distinguer « Israélite » et « Israélien ». Comme nous l’avons expliqué, « Israélite » fait référence aux descendants de Jacob/Israël aux temps bibliques alors qu’« Israélien » désigne les habitants du pays moderne d’Israël créé en 1948.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

    autres articles biblique ici


    votre commentaire
  • « Vous qui piétinez les malheureux » (Amos 8, 4-7)

    Lire Amos 8, 4-7

    Amos, campagnard originaire du royaume de Juda, au sud, vient mettre le feu aux poudres à Samarie, au nord, aux environs de 750. Y règne le grand Jéroboam II. Période d'accalmie politique et militaire. Période de prospérité, d'expansion économique et de mégalomanie. Samarie se couvre de demeures cossues.

    prophete-Amos.jpg

         Mais un profond déséquilibre s'installe : les « classes sociales » apparaissent, ce dont témoignent d'ailleurs les fouilles archéologiques à Tirça, l'ancienne capitale. Au niveau du Xe siècle, lors de la fondation du dit royaume du Nord, les maisons familiales ont toutes les mêmes dimensions et le même aménagement. Au VIIe siècle, le quartier des maisons riches et spacieuses est séparé de celui où s'entassent les masures des défavorisés.

         Avec l'expansion monarchique sont apparus le fonctionnariat, le système de la finance, et la hausse du standard de vie des privilégiés au détriment des autres. Les riches commerçants de Samarie faussent les balances et s'organisent pour faire de l'argent même avec les résidus de céréales. Les petits paysans s'endettent et se trouvent étouffés entre les griffes de leurs créanciers. Amos stigmatise une situation sociale réelle, dans le cadre d'une contestation systématique du style de vie en Israël, le royaume du Nord. Il fulmine contre l'escroquerie comme telle, doublée d'hypocrisie religieuse. Le parallèle avec notre monde est frappant : on a un peu l'impression, sous la plume d'Amos, de lire l'éditorial d'un de nos journaux.

    Situation religieuse

         Le royaume du Nord a connu plus d'une période d'idolâtrie débridée et de dangereux syncrétisme religieux. Pourtant, au temps où Amos intervient, la foi yahviste est officiellement rétablie depuis près d'un siècle, sous l'impulsion de Jéhu tout spécialement. On le voit dans notre texte, les riches marchands observent le repos prescrit tous les mois, à la fête de la nouvelle lune, et toutes les semaines, le septième jour. Mais le cœur n'y est pas. Les fêtes chômées ne représentent qu'une trêve de 24 heures dans leurs opérations d'extorsion. Amos ne s'y laisse pas prendre : Baal est officiellement disparu de la carte religieuse, mais c'est l'Argent, l'idole Mammon, qui l'a remplacé.

    Marc Girard

    Source www.interbible.org

    autres articles biblique ici


    votre commentaire
  • Dernière Cène et pain levé

    la-scene.jpg

    Dans le tableau de la Dernière Cène de Léonard de Vinci, on utilise du pain levé et non du pain azyme.

    À la Dernière Cène, Jésus a-t-il utilisé du pain azyme ou du pain ordinaire? La réponse est variable. Si Jésus a célébré le Seder pascal, la réponse est affirmative. Si le dernier repas de Jésus n’était pas un Seder, alors il aurait utilisé du pain levé.

    Chez les chrétiens orthodoxes, on utilise toujours du pain levé pour célébrer l’eucharistie, car selon eux, la Dernière Cène n'était pas le Seder. Selon une observation de saint Jean, Jésus a été crucifié la veille de Pâque qui est tombé « un sabbat, cette année-là » (Jn 19,31), donc un vendredi. Selon cette précision, le repas de Jésus - la Dernière Cène - n'était pas le repas pascal lequel fut pris, cette année-là le vendredi soir. D’ailleurs, saint Jean ne dit nulle part que ce dernier repas de Jésus était le Repas pascal. Par contre, les évangiles synoptiques associent la Dernière Cène avec le Repas pascal (Seder). Une hypothèse serait que Jésus aurait devancé le repas pascal au jeudi. Mais cet argument n’est pas très solide [1].

    [1] Annie Jaubert, La date de la Dernière Cène. Calendrier biblique et liturgie chrétienne, Paris, 1957.

     

    Gérard Blais
    directeur du Centre biblique Har'el
    Saint-Augustin, QC

    Source www.interbible.org

     

    Source www.interbible.org

    autres articles biblique ici

     


    votre commentaire
  • Une royale miséricorde Jesus-roi.jpg

    Jésus en croix est insulté : Luc 23, 35-43
    Autres lectures : 2 Samuel 5, 1-3; Psaume 121(122); Colossiens 1, 12-20

     

    Voici ce que vous ne m’entendrez pas dire sur cette fête du Christ, roi de l’univers : « Jésus est roi, mais pas à la manière des rois de la terre; venu pour servir et non pour être servi; sa couronne est d’épines, son trône est une croix… ». Vous savez, ce genre de trucs? Je ne les dirai pas en homélie, non que ces idées soient injustes, mais vous les connaissez déjà, car c’est toujours ce que l’on dit. Que vous dirai-je donc? Partons du texte de l’Évangile et voyons ce qu’on peut en dire d’un peu nouveau!

    Une passion « royale »

         D’abord, c’est un morceau de la passion selon saint Luc que la liturgie choisit de nous servir en ce dimanche qui clôt notre année liturgique, plus précisément cet entretien entre les trois crucifiés du Golgotha. Pourquoi ce choix? Parce qu’on trouve, dans le court extrait choisi, de nombreux motifs royaux : les moqueries de la part des chefs religieux, des soldats et d’un des crucifiés donnent ironiquement à Jésus les titres de Messie ou de roi, le libellé de sa condamnation placée sur la croix fait de même, tandis que le larron repentant, dans sa demande à Jésus, fera mention de son règne devant venir.

    La touche de Luc

         Les quatre recensions de la passion et de la mort de Jésus, offertes par chacun des évangélistes, se ressemblent étrangement. Cette ressemblance est sans doute l’indice d’une tradition qui s’est fixée très tôt. On imagine bien qu’aux lendemains des événements « mort et résurrection » de Jésus, ce sont ces derniers moments de sa vie que les disciples se sont d’abord racontés. Or, même dans la tradition orale, bien avant la mise par écrit, un récit peut se figer, se stéréotyper rapidement. Les évangélistes reçoivent cette tradition déjà bien figée et l’intègrent dans leur évangile, d’où leur ressemblance. Pourtant, la comparaison en synopse 1 nous fait voir des différences significatives entre les « passions » de chacun des évangélistes : des ajouts, des omissions, des changements de vocabulaire, etc. Chacun apporte au récit, sa  touche personnelle et ces différences sont révélatrices tout à la fois de la personnalité de l’évangéliste, de son souci pastoral à l’égard de la communauté particulière à laquelle il s’adresse et encore de son interprétation théologique originale de la mort de Jésus. Ainsi, si  Matthieu et Marc montrent sans pudeur le rejet des foules et le sentiment de déréliction de Jésus sur la croix 2, si Jean nous montre, au contraire, un Jésus vivant sa passion et sa croix comme un triomphe, comme une élévation dans la gloire, Luc, pour sa part, jette une rosée de douceur et de miséricorde sur les événements de la croix. Quelles sont ces gouttes de douce miséricorde? Des foules hagardes et plus repentantes qu’hostiles devant le supplice de Jésus (Lc 23,27.35.48); un Jésus qui, sur son chemin de croix, plaint les femmes de Jérusalem (Lc 23,28-31); un Jésus qui demande au Père de pardonner à ceux qui, le crucifiant, ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23,34) et, finalement – c’est là la pointe de notre extrait – un Jésus qui fait entrer au paradis le supplicié repentant qui se tourne vers lui (Lc 23,43).

    Une miséricorde « jusqu’au bout »!

         Mais sera-t-on surpris que Luc nous rende compte de la miséricorde de Jésus jusqu’à son dernier souffle? Jusqu’à son agonie, même cloué, il offre pardon et salut au crucifié coupable qui se tourne vers lui! En sera-t-on surpris? Luc n’est-il pas l’évangéliste de la miséricorde, celui qui nous dépeint le Jésus le plus proche des pauvres, des pécheurs, des exclus? À preuve : Luc n’est-il pas le seul des évangélistes à nous raconter les paraboles du bon Samaritain (Lc 10,29-37), du Père miséricordieux (ou du fils prodigue, Lc 15,11-32), de Lazare et du mauvais riche (Lc 16,19-31)? Luc n’est-il pas le seul à nous rapporter des rencontres bouleversantes de Jésus avec certains pécheurs notoires: Zachée (Lc 19,1-10) et la femme pécheresse (Lc 7,36-50)? Avec le Jésus de Luc, il n’est jamais trop tard pour se tourner vers Dieu. C’est ce que comprendra ce converti du Golgotha : Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.

    Aujourd’hui!

         Il y a dans l’œuvre de Luc des « aujourd’hui » significatifs! Des aujourd’hui à partir desquels rien ne saurait plus être de même, des aujourd’hui à partir desquels tout bascule dans du « neuf », dans du « salut »! Qu’on pense à cet aujourd’hui de l’annonce de l’ange aux bergers (Lc 2,11) ou à celui que Zachée entendra deux fois de la bouche de Jésus (Lc 19,5.9).

         Cet aujourd’hui n’est pas que dans la vie de ceux dont il raconte l’histoire, cet aujourd’hui de Luc n’est pas que destiné à sa communauté d’origine à qui il adresse son évangile, cet aujourd’hui, il est pour le croyant de tout époque qui lit cet évangile de miséricorde. À chacun de saisir cet aujourd’hui du salut qu’apporte Jésus à sa vie.

    ___________________

    1 Synopse vient du grec et signifie « voir d’un seul œil » ou « vue d’ensemble ». En Bible, une synopse est un ouvrage qui reproduit les quatre évangiles, non pas successivement, mais côte à côte, simultanément sur quatre colonnes, facilitant ainsi la comparaison des récits parallèles.

    2 Matthieu et Marc racontent la passion de Jésus en coulant celle-ci dans le moule préexistant de deux psaumes de l’AT qui parlent  d’un juste, injustement persécuté, rejeté par les siens à cause de son zèle pour le Seigneur, raillé par les foules : les Psaumes 22(21) et 69(68). Or, dans ces deux psaumes, on entend ce juste exprimer son sentiment d’être abandonné de Dieu. Mt et Mc reprendront mot pour mot le cri de déréliction de ce juste en le mettant sur la bouche du Christ agonisant : « Eloï, Eloï, lama sabaqtani? ». Comparez Mt 27,46 et Mc 15,34 à Ps 22(21),2. Ce faisant, Mt et Mc montrent que Jésus accomplit les Écritures. Luc, pour sa part, aime à taire ce qui pourrait paraître désavantageux pour l’image de Jésus ou des apôtres. Il omettra, par conséquent, les paroles de déréliction de Jésus sur la croix qui pourraient être interprétées, chez le lecteur de son œuvre, comme un manque de confiance de Jésus envers en son Père.

     

    Patrice Bergeron, ptre

    Source: Le Feuillet biblique, no 2248. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    Source www.interbible.org

    AUTRES ARTICLES BIBLIQUES ICI


    votre commentaire
  •  

    Yahvé, Dieu de la délivrance ou du quotidien ?  

    prot-geons-la-terre.jpg Le christianisme a repris sans hésitation la notion de Yahvé comme Dieu de la délivrance et du salut. Depuis, on vient souvent à Dieu pour le salut, qu’il s’agisse du salut de notre « âme » ou de la délivrance du péché ou des difficultés de la vie. Par conséquent, on accorde volontiers à Dieu la juridiction sur la délivrance, mais pas nécessairement sur les affaires quotidiennes.


         Dans la gestion de son argent ou dans son comportement au travail, en famille ou en voiture sur la route, on estime souvent en pratique que Dieu est hors de sa juridiction. De même, notre société exige que l’on garde la religion et la spiritualité dans la sphère privée, regardant avec méfiance toute mention ou intrusion du religieux dans la sphère publique. Cette attitude relève de l’absurde ou d’une forme de schizophrénie : je vais adorer chez moi ou à l’église le Dieu qui demande qu’on s’occupe des pauvres et des opprimés, mais je ne vais rien faire moi-même ni rien exiger de ma société pour améliorer le sort des pauvres et des opprimés! Une telle religion ressemble dangereusement au baalisme, qui n’exigeait de ses adorants qu’un culte (prières, sacrifices, etc.), sans aucun égard pour le comportement en société.


         Or, l’histoire d’Élie montre l’importance de soumettre à Dieu toutes les sphères de notre existence. Selon Élie, Dieu n’est pas seulement le dieu de la délivrance : il est aussi le dieu du quotidien. Il faut donc faire confiance à Yahvé pour tous les aspects de notre vie, et il faut accepter sa souveraineté sur toutes les sphères de notre vie. Cela veut dire en particulier vivre toute sa vie selon les principes éthiques exigeants donnés par Dieu dans la Bible, notamment dans le Nouveau Testament. Jésus dans les Évangiles appelle les gens à le suivre, à devenir ses disciples, donc à conformer leur vie à son enseignement. Il ne demande pas seulement aux gens de venir à lui pour « être sauvés ». La conversion, ce n’est pas seulement se tourner vers Dieu pour qu’il sauve notre « âme » : c’est d’abord reconnaître sa souveraineté dans nos vies, ce qui nécessairement implique que nous devons agir différemment par la suite.


         Notre monde a grand besoin de personnes qui font preuve d’intégrité, des gens qui intègrent ce qu’ils croient et ce qu’ils sont, qui intègrent ce qu’ils pensent et ce qu’ils font, pour être la même personne dans tous les domaines de leur vie. Notre monde a besoin de gens qui font de Dieu non seulement le Dieu du salut, mais aussi celui du quotidien, le Dieu de la famille, le Dieu de la communauté, le Dieu du corps, le Dieu de l’esprit (de l’intellect), le Dieu de l’environnement, le Dieu de l’abondance, le Dieu de l’économie, le Dieu de toute la création. Réduire Dieu à la délivrance, c’est rejeter sa souveraineté sur tout le reste de sa création.

    Marc Paré

    Source www.interbible.org

    Autres atrticles bibliques ici


    votre commentaire
  • Quelle solidité au cœur de mes fragilités?

    la-fin-des-temps.jpg Annonce de la destruction du Temple : Luc 21, 5-19
    Autres lectures : Malachie 3, 19-20a; Psaume 97(98); 2 Thessaloniciens 3, 7-12

     

    Nous avons construit le monde de belle façon depuis deux ou trois générations. Il est donc choquant de s’entendre dire : « La fin est proche »! Pourtant, quand on considère la dégradation de nos infrastructures d'aqueduc et d'autoroutes, quand on pense à nos ponts qui s'écroulent, ou quand on regarde un film comme 2012, on se dit qu'il n'y a pas grand-chose que nous construisons qui soit vraiment durable. Un volume récent, Homo disparitus, prévoit ce qui se passerait si notre espèce ne pouvait plus entretenir ses constructions. Tout ce que nous avons bâti ou fabriqué est voué à la disparition et à l’oubli en un demi-millénaire. Constat troublant!

    Au-delà des grandes peurs : Jésus!

         J’ai découvert cette limite de nos réalisations alors que je faisais la file pour entrer aux magnifiques Floralies de Montréal. Après deux heures d'attente au Vélodrome olympique, j'arrive enfin aux portes d'entrée. Soudain, un ouvrier de la construction qui était proche de moi passe la main sur une colonne de béton et se demande à haute voix : « Que va-t-il se passer si cette colonne s'effrite? » J’ai compris ce jour-là une triste réalité : le Stade olympique, ce n'est qu'un milliard de dollars de fragilité! J’ai saisi la pertinence pour l’évangile de dénoncer nos illusions. J’ai pensé justement à l’évangile de ce dimanche : Certains disciples de Jésus parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit : " Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre: tout sera détruit. (Luc 21, 6)

         À Jérusalem, on voit encore les blocs de pierre qui restent du Temple connu par Jésus. Ces blocs sont gros comme des maisons.  La vision d’avenir de Jésus ne faisait pas dans la dentelle!  L’échéance dont parle Jésus dans l'évangile doit être un événement énorme. Ce ne peut être seulement cette « fin du monde symbolique » que nous vivons lorsque nous connaissons un échec, lorsque nous vivons un deuil... C'est sans doute quelque chose de plus gigantesque que la nostalgie personnelle qui nous étreint en novembre. Parler de nos échecs, parler de notre mort individuelle, c’est une façon poétique d'aborder les propos de Jésus. Mais il faut aussi évoquer la dimension collective, communautaire qui se véhicule dans ses propos sur le témoignage. Ces dimensions, intégrées à notre témoignage personnel, serviront à gouverner notre vie de disciples, cette semaine et dans les mois à venir. À la manière des premiers disciples, le regard à long terme de Jésus influencera notre présent et notre futur immédiat.

    Au-delà du présent : l’avenir avec Dieu

         Au premier siècle de notre ère, dans le monde méditerranéen, l’immense majorité des gens partageait la sagesse paysanne.  Cette mentalité s’intéressait en priorité au présent immédiat.  Quand la vie accordait un peu de répit, on rêvait au très proche futur. Le reste semblait hors de portée. L’avenir appartenait à Dieu seul. Quiconque pouvait parler d’avenir en voyant démontrées ses affirmations devait nécessairement être un envoyé de Dieu.

         Tel est le contexte des propos terrifiants de Jésus rapportés par saint Luc. Ces propos sont mis par écrit après la destruction réelle de Jérusalem par les Romains en l’an 70. Les propos de Jésus qui prédisent la destruction de la ville s’avèrent exacts.  Cela confère une crédibilité accrue à son message global. Pour en savoir autant, Jésus doit vraiment être un homme de Dieu, un excellent porte-parole, littéralement : un prophète.

         L’évangile n’est pas un reportage en direct des propos de Jésus. C’est plutôt une mise en récit destinée à construire graduellement la crédibilité de celui qui a été rencontré bien vivant au-delà de sa mort en croix. Notre admiration pour cet homme de Dieu pourrait être diluée par notre compréhension des mécanismes de rédaction de l’évangile. En étant informés de cette procédure de rédaction, des gens vont déplorer que tout cela soit « arrangé avec le gars des vues ». Ce serait oublier que, oui, tout récit est une construction! Ce serait aussi oublier que tout récit évangélique entend faire partager une expérience positive de rencontre du Ressuscité. Ce genre de récit vise à inclure, pas à tromper et à exploiter! L’évangile, c’est une communication destinée à sauver les gens, à les faire grandir en communion avec Dieu.

         Cette communication est d’autant plus bénéfique qu’elle permet de faire face à des tensions terribles : les tensions vécues par les témoins de la Résurrection, puis par les témoins des témoins de la Résurrection… Certes, les disciples durent affronter avec leur peuple les grands malheurs de la domination romaine. Il leur fallut en plus affronter la méfiance suscitée par leur nouveau culte, leur nouvel ensemble de croyances, leur nouveau mode de vie, leur nouvelle manière de vivre les liens sociaux.

         Les affres du témoignage en faveur de Jésus furent plus compliquées à gérer que les désagréments logistiques du soulèvement contre les Romains. Encore une fois, l’évangile montre comment Jésus avait vu venir les contraintes des temps nouveaux où vivraient ses disciples. La crédibilité de Jésus repose davantage sur le réconfort offert aux disciples chargés de témoigner que sur ses seules prédictions quant au sort de la Ville sainte. Avec de tels avertissements, les disciples savent comment se comporter. Avec de telles prémonitions, les disciples ne sont jamais pris au dépourvu. 

    Au-delà du terrible présent : la persévérance

         On le constate, il y a dans l’évangile plus que des prédictions d’avenir. Il y a une sagesse adaptée à la relation Seigneur-disciples et au témoignage quotidien qu’elle exige. Cette sagesse peut équiper chaque personne qui décide d’inclure la présence du Ressuscité dans sa vie. Au bénéfice des alliés du Seigneur de l'univers, Jésus n’hésite pas à évoquer les tremblements de terre intérieurs qui accompagnent le témoignage (Luc 21, 12). Quand nous vivons l'opposition des proches, des parents, frères, de la famille, des amis à cause de notre attachement têtu à Jésus, nous vivons le mystère de fin et de recommencement décrit par Jésus.  Nous sommes alors à même d’attester la validité de ses annonces!

         Notre petit monde semble s’effondrer quand les repères de notre foi sont méprisés sur la place médiatique ou quand les balises de notre foi sont ridiculisées par le premier ignorant venu.  Pourtant, c’est le moment de tenir bon. Le moment d’affronter le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise (Malachie 3, 19) ne sera pas synonyme de destruction pour les alliés de Dieu. Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C'est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie (Luc 21, 17-19). Ainsi se confirme l’autre annonce (positive celle-là) contenue dans la première lecture : Pour vous qui craignez son Nom, le Soleil de justice se lèvera… (Malachie 3, 20).

         En 70, à la chute de Jérusalem évoquée dans l'évangile, « persévérer » a signifié se mettre en route. Laissant derrière eux les ruines de la Ville sainte, les chrétiens sont partis définitivement sur les routes du monde gréco-romain. Ils étaient convaincus de la maturité prochaine des temps et du retour imminent de Jésus comme Seigneur de l'univers. Nous vivons en chrétiens et en chrétiennes aujourd'hui grâce à cette lancée qui ne s’est jamais démentie.

     

    Alain Faucher, ptre

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2247. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

    Source www.internible.org

    Autre articles biblique ici


    votre commentaire
  •  

    Comme un diable dans l'eau bénite


    Ce sera pour vous l'occasion de rendre témoignage (Luc 21, 13).

     
    jésus libereIl s'appelle Jean-Luc et il est âgé de 28 ans. Il demeure à Montréal et comme tous les jeunes de sa génération il se démène comme un diable dans l'eau bénite pour réussir et se tailler une place dans cette société où règnent le chômage, l'endettement, la concurrence féroce et où l'insertion sociale se fait de plus en plus difficilement.


         Jean-Luc s'est marié il y a à peine un an, il a terminé ses études, mais malgré tout il s'impose des cours du soir dans d'autres disciplines pour augmenter ses chances de trouver un autre emploi si jamais il venait à perdre celui qu'il a présentement. Ce travail qu'il vient d'obtenir le satisfait beaucoup car il s'inscrit directement dans son champ d'études, ce qui est une véritable chance compte tenu du fait que bien peu de jeunes réussissent à se placer dans le domaine pour lequel ils se sont formés. Il travaille en réadaptation auprès des handicapés. Il aime son travail. Ce qu'il apprécie par-dessus tout, c'est d'avoir la possibilité et la compétence de redonner aux personnes handicapées un peu d'autonomie, donc de fierté et de satisfaction personnelle. En plus de tout cela, il fait du bénévolat auprès d'un regroupement de jeunes dont plusieurs présentent des difficultés familiales, de délinquance et de toxicomanie. Il n'arrête pas ...


         Quant à Jésus Christ, il le respecte et l'admire. Il reconnaît en lui l'incarnation de valeurs humaines et spirituelles fondamentales. Il reconnaît en lui un grand maître spirituel et en son message une source d'inspiration. Mais il ne s'y réfère que de loin. Les questions religieuses ne le préoccupent pas beaucoup. Ce qui compte avant tout pour lui, c'est la réussite professionnelle, sociale et familiale. Pas grand temps pour le reste!


    LIEN : Jean-Luc réunit en lui des caractéristiques nombreuses des jeunes de sa génération. Il est pour ainsi dire un cas type. Parce qu'il est pris de tout bord et de tout côté et apparemment loin de la vie de l'Église, est-ce une raison pour dire que lui et sa génération sont des incroyants? Il y a plusieurs façons d'être témoin. Jean-Luc n'est-il pas à sa façon un témoin de l'Évangile de libération? Permettre à quelqu'un d'acquérir de l'autonomie, n'est-ce pas là une façon d'incarner l'Évangile et d'être témoin d'une transcendance? Jean-Luc ne transmet-il pas dans les faits une bonne nouvelle, même si la référence à Jésus Christ n'est pas explicite? N'est-ce pas d'abord dans les événements quotidiens que Jésus lui-même a fait l'annonce du Royaume de Dieu? Quiconque est épris d'humanité trouve Dieu sur son chemin, devient témoin de Dieu. La référence à Jésus Christ devient claire quand l'action parle d'elle-même, qu'elle est synonyme de libération, d'amour, de justice.

    source www.interbible.org

    Autres articles bibliques ici


    votre commentaire
  • La chair du Christ, vraie terre promise (2/2)

    Tertullien, voulant prouver dans son De carnis ressurectione 26 que la chair doit ressusciter, assimile la terre à la chair de l'homme : « Les Juifs pensent que la terre sainte c'est leur propre sol, alors qu'il faut l'interpréter de la chair du Christ et par suite voir aussi une terre sainte chez ceux qui ont revêtu le Christ, une terre sainte par l'habitation de l'Esprit... si bien que cette terre est à la fois le temple de Dieu et Jérusalem ». À la terre sont liés les dons du pain, de l'huile, de l'eau et du vin qui deviennent chez Tertullien la préfiguration des sacrements.

         Hippolyte de Rome commente le texte de Genèse 49,15b : II vit que la terre était féconde : « Cette terre représente la chair de notre Seigneur qui est féconde, c'est-à-dire fertile, car c'est d'elle que coulent le lait et le miel » (CGS 1, pars 2, p. 63).

         La tradition apostolique, lorsqu'elle parle de l'offrande eucharistique, reprend le même symbolisme : « Il bénira le pain pour représenter la chair du Christ, la coupe où est mêlé le vin pour représenter le sang qui a été répandu pour tous ; pour l'accomplissement de la promesse faite à nos pères, lorsque Dieu dit : « Je vous donnerai une terre ruisselante de lait et de miel ». Or c'est le Christ qui nous l'a donnée, c'est sa propre chair dont se nourrissent les croyants comme de petits enfants » (23).

    La chair du Christ, la terre promise : sacrements de l'Église

    Terre-promise-2.jpg

    Nicolas Poussin (1594-1665)
    L'automne ou La grappe de Canaan, circa 1660/62
    De la série Les quatre saisons
    Huile sur toile, 118 x 160 cm
    Musée du Louvre (Paris)

         Josué avait envoyé des explorateurs avant la conquête de la terre. Ces derniers lui ramenèrent une grande grappe attachée à un bois. Clément d'Alexandrie applique ce symbole au Christ : « La grande grappe, c'est le logos pressé pour nous » (Ped 2,19,3). Le Christ est donc la grappe de la terre promise. Le repos, c'est-à-dire la terre promise, s'identifie au Christ signifié dans cette grappe.

         Pour Origène, Josué devient la figure du Christ par la ressemblance de son nom (lêsous) et aussi par sa fonction d'introducteur dans la terre promise. La typologie de Josué avait déjà été exploitée par la lettre aux Hébreux 3,7-4,11 et par Justin. Pour les Juifs nul n'est plus grand que Moïse. Les Chrétiens se plairont à montrer que dans la personne de Josué Dieu manifestait la supériorité de Jésus sur Moïse (Dialogue 75,1-2). Josué a ordonné une nouvelle circoncision, figure de la circoncision spirituelle opérée par le Christ (Dialogue 113,6).

         Origène greffe sur le thème de la terre promise celui de la chute de Jéricho avec l'épisode de Rahab qui reçut les envoyés de Josué et les sauva du roi de Jéricho. La tradition chrétienne avait célébré la foi de Rahab (He 11,31) et ses œuvres (Jc 2,25) et avait exploité la typologie du cordon d'écarlate (1 Clément 12). Rahab était ainsi élevée au rang de symbole des Gentils rachetés par le sang du Christ (Tertullien, Adv. Judaeos 10).

         De plus, la terre est à la fois le don définitif et le siège permanent des combats de Josué et du peuple. Elle symbolise l’âme chrétienne unie au Christ par les sacrements, car le Royaume est au-dedans de nous. La vraie guerre sainte se trouve à l'intérieur du chrétien. Des combats l'attendent après le baptême : « C'est en toi qu'est le combat qu'il faut livrer, à l'intérieur de toi l'édifice de malice qu'il faut détruire; ton ennemi sort du fond de ton cœur » (Origène, Hom 5,2 sur Josué). Comme les Cananéens demeurèrent en Ephraïm, de même l'ivraie demeurera dans l'Église jusqu'à la fin.

         Le chrétien doit tourner son regard vers la terre qui contient la Jérusalem d'en-haut. C'est là l'objet de son espérance (Hom 17,1 sur Josué). Au-dessus du monde planétaire Origène voit le vrai ciel et la vraie terre sur le modèle desquels ont été formés le ciel et la terre d'ici-bas. Le ciel et la terre d'ici-bas devraient porter le nom d'aride pour les distinguer du vrai ciel et de la vraie terre (Hom sur Ps 36,2,4).

    Jérusalem signifie vision de paix. Si nous avons construit Jérusalem dans notre cœur, c'est-à-dire, si nous avons établi dans notre cœur une vision de paix et que nous contemplions et conservions toujours dans notre cœur le Christ qui est notre paix, si vraiment nous sommes tellement fermes, tellement inébranlables dans cette vision de paix : nous pourrions dire que nous sommes dans Jérusalem et que seuls les saints habitent avec nous. (Origène, Hom 21,2 sur Josué)

         Jean Cassien dans sa quatorzième conférence revient sur ce thème : « Au sens historique Jérusalem sera la cité des Juifs; au sens allégorique. l'Église du Christ; au sens anagogique, la cité céleste qui est notre mère à tous; au sens tropologique, l'âme humaine que nous voyons souvent loué ou blâmé par le Seigneur sous ce nom. »

         Pour entrer en possession de la terre promise, il faut suivre Jésus le nouveau chef de l'Israël spirituel. Dans l'autel construit par Josué avec des pierres intactes, Origène voit les pierres vivantes du Christ mystique (Hom 9,1-2) et dans la lecture de la loi ordonnée par Josué il voit l'annonce de la loi nouvelle inscrite par Jésus sur les tables de chair de notre cœur (Hom 9,3). À travers les gestes de Josué se manifestent les mystères du Christ qui se poursuivent dans son Église : Jésus est le destructeur de Jéricho (7,1), celui qui rebâtit son héritage (13,3) et distribuera l'héritage éternel et donnera à la terre le repos (15,7).

         Cyrille de Jérusalem donnera lui aussi sur le cycle de Josué un résumé de catéchèse dans sa dixième catéchèse. Grégoire de Nysse invite également le chrétien au passage spirituel du Jourdain (De Baptismo PG 46,420C-421). La liturgie du lundi de Pâques chante : Le Seigneur vous a introduits dans une terre où coulent le lait et le miel. Ceux qui sont renés du baptême passent de la mort à la vie et sont introduits dans la terre promise aux pères.

     

    Frédéric Manns

    Retour à 1 de 2 ici

    Source www.interbible.org

    Autres articles bibliques ici

     


    votre commentaire
  • Spiritualité

    Une Bible interactive pour les 15-20 ans

    Une Bible interactive pour les 15-20 ans

    C’est une aventure spirituelle et intellectuelle qui a commencé il y a sept ans dans la tête d’une mère de famille. Élisabeth Terrien, qui vit alors dans un pays anglophone, découvre que son fils, un ado qui se déclare officiellement athée, se passionne soudainement pour la Bible. Il va même jusqu’à en promouvoir la lecture auprès de ses copains.

    Le secret de cet enthousiasme ? Le garçon a reçu d’un pasteur protestant une Bible en anglais, et la dévore selon un itinéraire suggéré de morceaux choisis, appelé "programme de lecture". Fascinée, Élisabeth – qui est catholique – découvre l’inventivité pédagogique des protestants anglo-saxons pour faire mordre à l’hameçon de la Bible des lecteurs légitimement intimidés par un corpus immense...

    L’idée germe en elle de faire quelque chose du même type pour des lecteurs francophones. Sa rencontre avec l’Alliance biblique française, institution bien connue pour sa capacité à relever de lourds défis éditoriaux dans le domaine de la vulgarisation des Écritures, sera déterminante. C’est le début d’un chantier d’une ampleur inégalée. 
Sept ans plus tard, Zebible, un ambitieux programme multimédia – Web et livre –, voit le jour. Son but : faire découvrir la Bible à la tranche des 15-20 ans en jouant sur l’interactivité.

    L’ambition du projet ne s’est pas limitée à la qualité des contenus, elle fut dès le départ œcuménique. L’Alliance biblique française, pilotée par Bernard Coyault, a ainsi recruté une centaine de rédacteurs catholiques, protestants et orthodoxes pour rédiger "l’appareil" pédagogique, en mélangeant allègrement les biblistes de métier et les responsables de la pastorale des jeunes, laïcs, prêtres et pasteurs.

    Elle a mobilisé également de nombreux partenaires sur toute la palette des confessions et des sensibilités : l’aumônerie de l’enseignement public, l’ordre franciscain, les Scouts et Guides de France, du côté catholique. Mais aussi l’Église réformée de France, les Éclaireuses et Éclaireurs unionistes (protestants), les Églises adventistes, les Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine. L’Assemblée des évêques orthodoxes soutient le projet. Du côté de l’épiscopat catholique, Francis Deniau, évêque de Nevers, accompagne le chantier. La communauté charismatique Fondacio, où travaille Élisabeth Terrien, est aussi partie prenante, tout comme la Fondation pasteur Eugène-Bersier et la Ligue, une association favorisant la lecture des Écritures.

    "Ce résultat est le produit d’un énorme travail d’équipe, extrêmement enrichissant entre des chrétiens d’origines différentes. Il a fallu trouver ensemble les formulations les plus pertinentes pour encadrer la lecture et aider les jeunes à s’approprier le texte biblique. Nous avons beaucoup parlé, échangé entre nous, explique Élisabeth Terrien. Il fallait éviter que les gens se sentent perdus face à ce corpus immense, et ne butent souvent sur des choses qu’ils ne comprennent pas. Zebible est donc une gigantesque boîte à outils qui multiplie les accès à la Bible : un mot expliqué, une notice géographique, une fiche thématique, le portrait d’un personnage sont autant de portes d’entrée qui facilitent la rencontre avec Dieu et avec les autres."

    Le but du jeu est aussi de familiariser le lecteur avec la navigation entre les textes de la Bible, qui résonnent souvent entre eux. Par exemple, le livre de Ruth (qui raconte l’histoire d’une jeune femme qui arrive en Judée en tant qu’étrangère), est accompagné dans Zebible de propositions qui permettent d’explorer d’autres textes bibliques ayant pour point commun le rapport à l’étranger ou le statut de la femme.

    Au final, l’idéal est de créer une communauté de jeunes via le site Zebible.com, déjà très charpenté. Commentaires sur les textes, forums de discussion, messagerie interne permettent aux internautes de confronter leurs opinions et de débattre. À terme, les développeurs du site veulent pouvoir "croiser" les thèmes de société ou d’actualité avec les textes bibliques. Reste maintenant à savoir si ces outils très intelligemment pensés trouveront leur public.

    Selon un sondage réalisé par Ipsos en janvier 2010, seulement 20 % des 15-25 ans lisent la Bible – contre 26 % pour la totalité des Français... Ce qui fait tout de même un jeune Français sur cinq. Affreusement insuffisant ? Ou déjà pas si mal que ça ? Rendez-vous sur Zebible.com pour installer le débat...

    Des déclinaisons multimédias

    • Le site Zebible.com permet depuis le mois de mai à une communauté d’internautes de se constituer autour de la découverte du texte biblique.

    • Zebible sera publiée en mai 2011 sous forme de livre, avec le texte intégral des deux Testaments (en "français courant") et un guide de lecture efficace.

    • Un parcours biblique en neuf étapes sera proposé d’ici à mai sur le site internet. Chacune des étapes est accompagnée d’un astucieux matériel à l’usage des animateurs. Le parcours a sa bande-son : un chant composé par le groupe de rock P.U.S.H., téléchargeable gratuitement en MP3. Un concours multimédia sur la Bible (photos, vidéo, audio) doit être lancé fin novembre pour stimuler l’intérêt des jeunes en vue du lancement.

     

    Source www.interbible.org

    et http://www.lavie.fr

    Autres articles bibliques ici


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique