• Et Dieu créa le père

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    La fête des Pères

        Quand Dieu décida de créer le père il fit d'abord une structure grande et robuste. Un ange alors s'approcha et lui demanda : « Mais quelle espèce rare de père est-ce cela? Si tu ne fais les bébés pas plus hauts que trois pommes, pourquoi leur donner un si grand papa? Il ne pourra pas jouer aux billes avec eux sans se mettre à genoux. Il ne pourra border la couverture de leur lit sans se plier en deux ni même les embrasser sans s'incliner profondément! » Dieu sourit et dit : « C'est vrai, mais si je les faisais aussi petits qu'un enfant, les enfants n'auraient personne vers qui élever leur regard! »

         Quand Dieu façonna les mains du père, il les fit assez grandes et musclées. L'ange secoua la tête et dit : « Mais... des mains aussi grandes ne pourront jamais ouvrir et fermer une épingle de sûreté, ni boutonner ou déboutonner les petits boutons et encore moins tresser de petites nattes ou sortir une écharde d'un doigt! »

         Dieu sourit et dit : « Je le sais, mais elles sont assez grandes pour pouvoir contenir tout ce qu'on peut trouver dans les poches d'un enfant et elles sont assez petites pour pouvoir serrer dans leur paume son délicat petit visage. »

         Dieu était en train de créer la plus grande paire de pieds qu'on n'ait jamais vue, quand l'ange éclata de rir e: « Ce n'est pas approprié! Tu crois vraiment que ces deux péniches seront assez lestes pour sauter promptement du lit dès que le bébé pleure dans la nuit? Tu crois qu'elles pourront se frayer un chemin à travers une nichée d'enfants qui jouent, sans en écraser l'un ou l'autre? »

         Dieu sourit et dit : « T'en fais pas! Ces pieds iront très bien. Tu verras: ils seront capables de tenir en équilibre un enfant qui veut jouer au petit cheval, ils pourront chasser les souris dans la maison de campagne ou arborer des chaussures que personne d'autre ne pourrait porter. »

         Dieu travailla toute la nuit, donnant au père peu de mots, mais une voix ferme parlant avec autorité, des yeux perspicaces qui voyaient tout, mais restaient pourtant calmes et tolérants. Et pour finir, après un bon moment de réflexion, Dieu ajouta une dernière touche : les larmes. Puis il se tourna vers l'ange et demanda : « Et maintenant, es-tu convaincu qu'un père peut aimer tout autant qu'une mère? »

    Source http://www.interbible.org/

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  • Une découverte insolite (Deir 'Alla)

    Au printemps de 1967, l’archéologue hollandais H.J. Franken fit une découverte inusitée sur le site de Deir Alla, dans la vallée du Jourdain, à mi-chemin entre le lac de Tibériade et la mer Morte. Dans les débris d’un bâtiment détruit par un tremblement de terre, de grands fragments de plâtres recouverts de textes écrits à l’encre noire et rouge avaient traversé les calamités et les intempéries des siècles.

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         Ils avaient probablement appartenu à quelque monument commémoratif (stèle); d’après le niveau de leur découverte et le caractère des lettres, il faut dater ces inscriptions à la fin du VIIe siècle ou au début du VIe siècle av. J.­C. Le professeur J. Hoftijzer a publié un rapport sur ces fouilles [1] provoquant une nouvelle surprise : une partie de ces textes, du moins, rapporte un discours dans le style prophétique, attribué à un certain Balaam, fils de Beor!

     

         Le Livre des Nombres a aussi conservé une tradition autour de Balaam, fils de Beor, que le roi de Moab veut utiliser pour arrêter la marche des armées israélites par une malédiction au nom de Yahvé (Nb 22,2–24,25). Balaam, qui paraît plus devin que prophète, reçoit son mandat divin au cours de la nuit, à l’occasion de sacrifices; il le transmet au matin : ce n’est pas une malédiction qu’il doit prononcer sur Israël, mais une bénédiction qui nous est conservée en quatre fragments. Israël est un peuple à part et innombrable (23,7-10); la puissance d’Israël vient d’un seul vrai Dieu, d’où aucun sortilège ne peut l’affecter (23,18-24); ses victoires le conduiront nécessairement en Terre Promise (24,3-9); un roi issu de Jacob vaincra Moab et Edom (24,15-19). Ce devin étranger, enfin, qui semble être d’origine araméenne (23,7), vit pour l’instant un peu au nord de Moab. Voilà, en gros, ce que la tradition biblique nous raconte sur son compte.

    inscription de Deir Alla

         Les textes de Deir Alla sont aussi l’œuvre d’un Balaam, fils de Beor; comme ils sont rédigés en araméen, l’origine de l’auteur ne fait pas de doute : il s’agit des royaumes araméens de Syrie, bien qu’il exerce son activité en Transjordanie, comme le Balaam de la Bible. Rien dans ces textes ne laisse entendre qu’il ait eu quelque affinité avec la religion israélite : il paraît être aussi un devin (« voyant des dieux »), et cette fois, il est nettement polythéiste. Chose étrange, il reçoit aussi ses oracles au cours de la nuit, qu’il ne transmet que le matin. Comme ces oracles sont la volonté d’une déesse en colère qui veut détruire le pays par le feu, Balaam en est profondément troublé. Il pleure abondamment, ce qui l’amène à assister au conseil des dieux (un autre trait du prophète israélite : Is 6 et Jr 23,18), qui tâchent d’attendrir la déesse; au lieu de transmettre l’oracle de destruction, Balaam fait donc un pressant appel à la conversion! La malédiction que la déesse ordonne est donc changée en espoir de survie. Toutefois, il faut reconnaître que la malédiction était parfois inévitable puisqu’une liste d’oracles du genre, écrits à l’encre rouge, a pu être déchiffrée. Mais le contexte en est irrémédiablement perdu.

     

        Voilà donc une découverte qui jette beaucoup de lumière sur un épisode quelque peu obscur de l’histoire d’Israël. Ce que nous pouvons conclure, c’est qu’une tradition autour d’un prophète araméen de Transjordanie a été assumée en partie par la foi israélite. Nous devrons donc ré-examiner, d’une manière plus serrée, les relations d’Israël avec ses voisins plus immédiats non seulement sur le plan socio-politique, mais aussi dans le processus de la formulation de sa vie religieuse.

    [1] H.J. Franken, Aramaic texts from Deir Alla, Leiden, 1976.

    Source : Parabole II/2, décembre 1979.

    Guy Couturier

    Guy Couturier, csc

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  • Il eut faim

    La tentation de Jésus : Luc 4, 1-13
    Autres lectures : Deutéronome 26, 4-10; Psaume90(91); Romains 10, 8-13

     

    Sr-emmanuelle.jpg Jésus est rempli de l’Esprit Saint après son baptême (Luc 4,1), mais il a le ventre vide. L’Esprit l’a conduit au désert. Là où on ne trouve rien, là où nulle vie n’est possible, Jésus est confronté à lui-même et à ce qu’il porte à l’intérieur.

    Au désert, l’épreuve de la rencontre de soi

         La rencontre de soi-même dans la solitude peut être un temps bénéfique, un temps de découverte de soi, loin des bruits et des distractions de toutes sortes. Mais on n’est finalement pas tout seul au désert, loin de là. On porte en soi ces voix déjà entendues, venues d’ailleurs, qui rendent la tâche ardue, de distinguer ce qui vient de Dieu, ce qui vient de nous, ce qui nous habite vraiment et ce qui n’est que mirage. Accepter d’entendre toutes ces voix et entrer en dialogue avec elles, c’est consentir à traverser le désert comme une épreuve. C’est relever le défi d’être soi. Cela exige une force de caractère et un bon discernement.

    Les Écritures au cœur de la vie de Jésus

         Au désert, Jésus a faim. La confrontation avec soi demande du temps. Le temps s’écoule et les besoins humains se font pressants. C’est dans ces circonstances critiques que le vrai caractère de la personne sort au grand jour. Lorsque nous sommes mal pris, seul et sans moyens, voilà l’occasion de connaître ce que nous avons dans le cœur, qui nous sommes vraiment. Les besoins nous pressent à les combler, quitte à nous comporter comme quelqu’un d’autre, quitte à nous trahir, quitte à ce que nous devenions autre chose…

         Le démon nous dit alors : « Si tu te prends pour un autre, tu sauras combler tes besoins ». Dans le cas de Jésus, cela se traduit par : Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. Jésus répond à l’aide des Écritures qui le nourrissent. Il cite le livre du Deutéronome (8,3) : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre (Luc 4,4). Jésus est affamé, mais il ne laisse pas sa faim le diriger ou lui imposer une identité autre que la sienne. Nourri par la Parole de Dieu, il ne se prend pas pour un dieu; il vit sa faim d’homme et il laisse la pierre être pierre.

         Le démon change alors de stratégie. Il promet au Christ tous les royaumes de la terre, en échange de sa soumission. Jésus veut faire du bien autour de lui; il s’inquiète de la souffrance d’autrui. Peut-être qu’en détenant le pouvoir absolu sur terre, il pourrait régler tous les problèmes des autres…? Le pouvoir de faire du bien autour de soi est très tentant, mais c’est un leurre. On ne peut pas décider pour tout le monde, même Dieu s’en abstient! La tentation de détenir le pouvoir est un mensonge. Rien de tout cela n’appartient vraiment au démon, il ne saurait en disposer. Seul Dieu est le tout-puissant. Toute la terre et ses royaumes lui appartiennent. Pourtant, si Dieu en personne se garde de tout gérer comme un roi, ses enfants seraient bien fous de s’y essayer… Une seconde fois, Jésus s’appuie sur le livre du Deutéronome (6,13-14) pour reconnaître la souveraineté et la sagesse de Dieu : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c’est lui seul que tu adoreras (Luc 4,8). Jésus veut porter secours à son prochain, mais il ne se prend pas pour Dieu; il suit plutôt son exemple, humblement. Et il ne suivra pas le démon dans ses délires de grandeur.

         Le démon a bien saisi le poids que Jésus accorde à la Parole de Dieu. Il cite donc le Psaume 90,11-12 (que nous prions ce dimanche, de façon tout à fait appropriée). Si Jésus croit à la Parole de Dieu, il devrait se jeter en bas du Temple de Jérusalem, car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l’ordre de te garder; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre (Luc 4,9-11). Le démon saisit l’occasion de troubler Jésus à partir de ce qu’il valorise le plus : la Parole de Dieu. Il cite l’Écriture en la défigurant, en la détournant de son sens pour servir à ses propres fins. Parce que Jésus connaît l’ensemble des Écritures, il perçoit le stratagème et il cite un autre passage du livre du Deutéronome (6,16) qui démasque le jeu du démon : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu (Luc 4,13).

         Jésus a faim, mais le démon est épuisé. Le Christ a su se centrer sur sa faim réelle et l’accepter, plutôt que d’essayer de fuir sa réalité dans les mirages de pouvoir et de grandeur que le démon mettait sous ses yeux. Affamé, le Christ a su discerner ce qui le nourrirait vraiment. Il a traversé l’épreuve avec brio et les mirages se sont d’eux-mêmes estompés.

    Le souvenir, pour une foi vivante
    Deutéronome 26, 4-10

    Tu prononceras ces paroles (Deutéronome 26,5)

         La première lecture est tirée du livre du Deutéronome, que Jésus a brillamment cité pour contrer les ruses du démon. Lorsque les Israélites prendront possession du sol que Dieu leur offre, après leur libération du joug égyptien, ils se souviendront des merveilles accomplies par Dieu à leur égard. Les Écritures Saintes servent à se rappeler l’expérience d’avoir été sauvés, où, quand, comment, pourquoi et par qui. Si les Hébreux prononcent fidèlement ces paroles contenues dans les livres saints, génération après génération, ils en feront un rite sacré. Ils auront alors un guide intérieur pour se prémunir contre toutes les tentations possibles qui se présenteront. Les aléas de la vie ne les mèneront pas comme des feuilles au gré du vent. Ils demeureront solidement centrés sur la vérité qui les fait vivre.

    Proche est la Parole
    Romains 10, 8-13

    La Paroleest près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur (Romains 10,8)

         Saint Paul rassure les chrétiens qui sont à Rome : personne ne devrait se sentir démuni devant l’épreuve, indigne d’être sauvé par Dieu. Le Seigneur est généreux envers tous ceux qui l’invoquent, comme le disait le prophète Joël (3,5). Ceux et celles qui mettent leur confiance en Dieu ne le regretteront pas, selon le prophète Isaïe (28,16). Orienter sa conscience selon les vues divines est possible, même à l’heure de l’épreuve, car la Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, selon le livre du Deutéronome (30,14). N’est-ce pas ce que Jésus a fait au désert? Alors qu’il risquait de succomber devant ses besoins, en entendant les paroles trompeuses du démon, c’est son désir de Dieu qui l’a gardé dans le droit chemin. En invoquant Dieu, nous trouverons la Parole qui nous sauve.

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    Rodolfo felices luna

    Source www.interblible.org

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  • Perdre et sauver sa vie

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    Profession de foi de Pierre : Luc 9, 18-24
    Autres lectures : Zacharie 12, 10-11; 13, 1; Psaume 62(63); Galates 3, 26-29

     

    Perdre pour gagner : en économie, on dirait un investissement; en jargon militaire, ce serait un repli stratégique; en politique, ce peut être une concession au parti de l’opposition qui vous assure de conserver le pouvoir. La survie appelle à consentir des efforts, à encaisser certaines pertes, en vue d’un gain plus important. Mais une chose est de perdre «quelque chose» à soi et une toute autre est de perdre sa propre vie… Lorsqu’on perd sa propre vie, tout gain éventuel devient futile, puisqu’on ne sera pas là pour en profiter. Or, le Christ m’invite à perdre ma vie pour la sauver. Comment est-ce possible?

    Un pari sur la vie dans l’au-delà?

         Sans doute le premier indice à suivre est-il la promesse d’une autre vie que celle-ci. Si je perds ma vie en ce monde « pour lui », il me redonnera une vie meilleure dans l’au-delà, à la résurrection des morts. De ce point de vue-là, la résurrection du Christ devient la « garantie » qui m’est offerte d’une vie nouvelle, une vie qui m’échappe autrement et qui se présente comme une vie enviable, désirable : sans souffrance, sans perte, sans fin… Suivre les pas du Christ en ce monde, porter ma croix chaque jour et « renoncer » à moi-même ici-bas seraient le prix à payer pour jouir de la vie meilleure après. Il s’agit pourtant d’un pari risqué : je renonce au bonheur ici et maintenant dans l’espoir d’un bonheur demain et ailleurs, un demain et un ailleurs que je ne connais pas. Le jeu en vaut-il la chandelle?

    La vie nouvelle est commencée

         La bonne nouvelle que Jésus annonçait ne saurait se réduire à ce genre de pari. Il y avait certes des gens souffrants, dont les conditions de vie pouvaient difficilement s’améliorer et pour qui la possibilité d’une toute autre vie était source d’espoir. Nous-mêmes aujourd’hui, lorsque nous sommes confrontés à la mort, nous espérons la vie, envers et contre tout. Néanmoins, le message de Jésus n’était pas de nous consoler de nos malheurs parce que Dieu allait nous récompenser après notre mort. Jésus n’aurait guère suscité d’enthousiasme autour de lui avec pareil enseignement. Ce n’est pas une sagesse cynique que Jésus prêchait, où chacun devait retourner chez-soi et se contenter de ce qu’il avait, sans trop s’y attacher. Le prophète de Nazareth ouvrait plutôt la porte du bonheur dès ici-bas et maintenant, sans plus attendre. Les foules accouraient et les gens tissaient des nouveaux liens entre eux, tous joyeux de pouvoir vivre autrement leur présent, quel qu’il fût.

    La fidélité de Jésus à lui-même

         Comment tisser des liens nouveaux avec ceux et celles que nous côtoyons depuis un certain temps? En renouvelant notre regard sur ces personnes que nous croyons déjà connaître. En acceptant de les voir sous un autre jour. En les libérant du joug de nos étiquettes. Jésus apprenait à ses disciples à se déprendre des idées toutes faites, surtout au sujet des gens! La foule le prenait pour Jean Baptiste, ou Élie, ou un autre prophète revenu à la vie. Ses propres disciples croyaient qu’il était le Messie de Dieu. Jésus, lui, assumait consciemment et courageusement le rejet qu’il allait subir de tous, parce qu’il ne se reconnaissait pas dans ces voies toutes tracées à l’avance et parce qu’il voulait demeurer fidèle à lui-même, à l’appel qu’il avait reçu de Dieu, à sa propre destinée.

         Se conformer au regard des autres, c’est courir le danger de se perdre de vue, de se perdre soi-même dans le regard et les attentes d’autrui. Le Messie de Dieu était sensé libérer le peuple et régner victorieusement, à la manière des grands de ce monde. Jésus n’aurait jamais voulu devenir un tel Messie, lui qui se mettait au service des petites gens, des plus pauvres et des malades des régions, loin de la vie des grands de ce monde. Lorsqu’il fera son entrée à Jérusalem, ce sera à dos d’âne, pas monté sur le cheval des rois.

    Sauver sa vie

         À bien y réfléchir, finalement, Jésus nous invite à oser vivre notre vie, pas celle que les autres attendent de nous. Il ne s’agit donc pas de renoncer à qui nous sommes, en vue d’être acceptés de Dieu, loin de là. Il s’agit plutôt de renoncer aux titres, aux étiquettes et aux idées toutes faites, pour risquer de vivre l’inédit : la vie unique que nous n’avons pas encore vécue et que personne ne peut deviner ou choisir à notre place. Vouloir sauver sa vie, n’est-ce pas protéger l’illusion d’une vie toute faite, que l’on n’a pas encore vécue? Prendre sa croix chaque jour et suivre Jésus, n’est-ce pas renoncer aux acquis et se mettre en route vers demain, s’appuyant seulement sur le Seigneur? La vie nouvelle commence maintenant; elle vient de Dieu et nous conduit à lui. La souffrance fait partie du parcours; elle ne saurait être évitée, même par le Messie. À la suite de Jésus, être sauvé, c’est ne plus ressentir l’urgence de se sauver. À la suite de Jésus, celle ou celui qui perd sa vie toute faite s’ouvre à la vie sans fin de Dieu.

    Une figue du Christ souffrant

    Ils feront une lamentation sur lui comme sur un fils unique (Zacharie 12,10)

         Le prophète Zacharie espérait lui aussi un changement de regard de la part de son peuple. Un jour les habitants de Jérusalem lèveraient enfin les yeux vers celui qu’ils auraient transpercé. Au lieu de voir en lui une personne maudite par Dieu, les gens pleureraient amèrement comme s’ils avaient perdu un premier-né, comme s’il s’agissait de leur fils unique. Les premiers chrétiens ont relu cette prophétie à la lumière de la crucifixion de Jésus et y ont vu son accomplissement. Jésus a été perçu premièrement comme le Messie attendu. Cloué sur la croix, il a été bafoué comme un criminel maudit. L’Esprit que Dieu a répandu sur ses disciples aura permis de changer de regard sur lui et de le percevoir plutôt comme le Fils unique offert par amour pour réconcilier le monde.

    Appeler à l’unité dans le Christ            

    C’est vous qui êtes la descendance d’Abraham (Galates 3,29)

         Ce changement de regard sur soi et sur l’autre devant soi permet aussi de renouveler sa compréhension du plan de Dieu. Saint Paul a profondément vécu cette conversion du regard. Si celui qu’on croyait maudit par Dieu sur la croix est en fait le Fils de Dieu envoyé pour le salut du monde, alors tous ceux et celles qui l’imitent deviennent ses frères et sœurs, descendants d’Abraham et héritiers des promesses divines. Si un homme crucifié peut être le Messie des juifs, alors des païens au regard converti ne sont plus des païens. Ils deviennent eux aussi des enfants d’Abraham! Aux yeux dessillés de Paul, toutes les étiquettes et les catégories tombent : Esclave? Homme libre? Femme? Tous deviennent les enfants chéris d’un Dieu qui veut nous ouvrir les yeux, pour que nous vivions la vraie vie « sans étiquette », « sans fin », la vie belle et authentique, celle qui ne déçoit pas.

     

    Rodolfo Felices Luna, bibliste

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2235. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

     

    Source www.interbible.com

     

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  • Deux testaments : l’ancien et le nouveau

    testament.jpgQuestionOn parle de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament.  Que signifie alors le mot « Testament »? Est-ce un terme biblique? Par ailleurs, je constate que, de plus en plus, on emploie les expressions Premier Testament / Première Alliance et Deuxième Testament / Alliance Nouvelle. Pourquoi ce changement? (J.B.)

    RéponsePour comprendre le mot Testament, il faut se rappeler que la Bible, écrite en hébreu et en grec, nous est parvenue par l’intermédiaire du latin. Durant des siècles, en Occident, presque personne n’avait accès aux textes bibliques dans leur langue d’origine. C’est seulement à l’époque de la Renaissance (XVe siècle) qu’on a commencé à retrouver les textes originaux, non seulement de la Bible mais aussi des grands auteurs de l’Antiquité grecque. Jusque là, toute l’Église d’Occident - essentiellement européenne - lisait la Bible dans la traduction latine de la Vulgate réalisée au IVe siècle. L’usage répandu dans toutes les langues ouest-européennes provient directement du choix du mot Testamentum pour rendre les termes grec et hébreu que nous traduisons aujourd’hui, le plus souvent, par Alliance.

    Le livre de l’Alliance

         Il ne convient pas ici d’élaborer une théologie de l’Alliance; rappelons-nous toutefois que le mot latin testamentum était un bon choix à cause de son sens plus large que celui du mot français dans l’usage actuel. Il s’applique à toute disposition dont le caractère juridique repose sur l’initiative d’un sujet plutôt que sur l’accord mutuel des parties. Cette traduction met en évidence le fait que l’Alliance est due à l’initiative de Dieu : Il choisit Israël et fixe Lui-même les conditions d’existence de cette Alliance. Ce n’est pas un contrat négocié entre deux partenaires mais un don gratuit fait par Dieu au peuple élu.

     

         Avant d’être un écrit, l’Alliance - ou Testament - se veut d’abord un événement qui détermine un état de vie pour le peuple qui en bénéficie. Dans la Bible elle-même, on trouve quelques indices quant à l’usage de l’expression : le livre de l’Alliance (voir 1 M 1,57; Sir 24,23) et, dans un texte sur lequel nous allons revenir, Paul mentionne la lecture de l’Ancien Testament (2 Co 3,14). On peut conclure que dès avant l’ère chrétienne, on associait, selon l’usage, l’Alliance à un écrit; cet usage s’est perpétué dans l’Église lorsqu’on a désigné les Écritures comme Ancien et Nouveau Testament, c’est-à-dire ancienne et nouvelle Alliance.

     

         Le seul texte des Écritures hébraïques qui mentionne explicitement une Nouvelle Alliance est Jr 31,31 - que la Vulgate a rendue par foedus novum plutôt que par testamentum novum - et le prophète précise que cette alliance, contrairement à la précédente, sera écrite dans le cœur des croyants; donc, elle ne reposera pas sur un écrit matériel. Dans les Écritures chrétiennes, la formule Novum Testamentum apparaît aux récits de l’institution eucharistique (Lc 22,20 et 1 Co 11,25), dans l’épître aux Hébreux, commentant le texte de Jr 31,31 (voir Hé 8,8; 9,15) et surtout en 2 Co 3,6, en relation avec le Vetus Testamentum de 2 Co 3,14.

    Depuis le IIe siècle

         Ces versets de Paul se situent directement à l’origine de notre usage des expressions Ancien et Nouveau Testament. Ils appartiennent à un passage difficile (2 Co 2,12 - 4,6) où Paul réaffirme la supériorité de l’Alliance nouvelle sur l’ancienne : l’une conclue dans l’Esprit Saint, l’autre écrite sur des tables de pierre (voir 2 Co 3,6-7). Lorsque Paul se réfère à l’Ancien Testament  (2 Co 3,14), il pense à un écrit qui peut être lu, mais il n’en va pas de même pour l’Alliance nouvelle. Au moment où il rédige ces pages, des Écritures chrétiennes n’existent pas; quelques unes des lettres de Paul lui-même étaient sans doute déjà en circulation; on était, par ailleurs, au tout début du processus de mise par écrit des évangiles mais la notion d’un Nouveau Testament tel que nous le connaissons demeure totalement étrangère à Paul comme à ses correspondants. Ce n’est qu’une ou deux générations plus tard, au début du IIe siècle, qu’on a commencé à rassembler les écrits chrétiens en une collection qui s’est appelée Nouveau Testament par comparaison à l’Ancien dont Paul fait mention.

     

         À une époque récente, apparaît l’idée que l’appellation Ancien Testament est péjorative à l’égard des Écritures juives et du Judaïsme. Voilà pourquoi on parle volontiers de Premier Testament et de Première Alliance, reprenant ainsi une expression de Hé 9,15. Les deux formules : Premier Testament et Ancien Testament prennent leur origine dans les écrits du Nouveau.

    Source : Bible pas à pas, no 28, Parabole, mars-avril 2004.

    Jérôme Longtin

    source www.interbible.org

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  • Le visage de Dieu


    Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Luc 9, 13).

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        En 1987, un photographe journaliste a été envoyé en Équateur pour couvrir le tremblement de terre qui avait détruit une partie du pays. Au milieu des souffrances causées par cette catastrophe, il fut témoin d'une simple scène de compassion qui le remua profondément. Le photographe écrivit ceci :

     

        « La file était longue mais avançait rapidement. Et dans cette file, à la toute fin, se tenait une petite fille d'environ 12 ans. Elle attendait patiemment, pendant que ceux qui étaient en avant, recevaient un peu de riz, une conserve et un petit fruit. Lentement, mais sûrement, elle avançait tout près du comptoir de distribution, plus près de la nourriture. De temps en temps, elle jetait un coup d'œil vers la rue. Elle ne remarquait pas l'inquiétude croissante de ceux et celles qui distribuaient la nourriture. La nourriture se faisait de plus en plus rare. Leur anxiété était visible mais la petite fille ne s'en apercevait pas. Son attention semblait toujours être tournée vers ces trois figures sous les arbres de l'autre côté de la rue.

     

    Au moment où elle put enfin recevoir sa nourriture, il ne restait qu'une seule banane. Les travailleurs étaient gênés de lui avouer que tout était déjà distribué. Elle ne semblait pourtant pas agressive ni amère de n'avoir qu'une seule banane. Avec précaution, elle prit le précieux cadeau et courut de l'autre côté de la rue où trois enfants l'attendaient, peut-être ses deux sœurs et son frère. Elle pela la banane et la divisa très soigneusement en trois parts égales. Elle plaça le précieux fruit dans les mains des trois enfants en disant : « une part pour toi, une part pour toi et une part pour toi ». Puis, elle s'assit.

     

        À ce moment là, je le jure, j'ai vu le visage de Dieu (John Jackson, ).


    LIEN: Tant de besoins frappent à nos écrans, nos journaux et parfois jusqu'à notre porte. Des enfants, des femmes, des hommes dont nous perdons le visage dans la foule anonyme, « renvoyés » de nos mémoires, dépersonnalisés par le sentiment d'impuissance ou plus simplement par indifférence.

     

        Pourtant, comme nous, ils font partie de cette foule harassée par la marche de la journée portant au creux du ventre leur faim de pain, au creux du cœur leur faim de tendresse, leur faim de dignité, leur faim de sens. Le partage commence simplement avec ce que nous avons à portée de mains et de cœur.

     

    Source www.interbible.org


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  • Quand l'amour conduit au pardon

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    Fête dans la maison de Simon le Pharisien; Pierre Paul RUBENS; vers 1618 huile sur toile, Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg

     

    La pécheresse aimante et pardonnée : Luc 7, 36 - 8, 3
    Autres lectures : 2 Samuel 12, 7-10.13; Psaume 31(32); Galates 2, 16.19-21

     

    À huit jours du début officiel de l’été, nous lisons ce dimanche un épisode de l’Évangile qui commence comme plusieurs de nos rencontres de vacances. Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table (Lc 7,36). Voilà de quoi nous faire rêver à ces repas entre amis qui font les délices des belles soirées d’été. Mais ce qui s’annonçait comme un repas amical est interrompu par un incident imprévu. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum (vv. 37-38).

    De la visite inattendue

         En entendant parler de cette femme, notre mémoire se met en marche. À cause d’une certaine tradition, nous pensons tout de suite à Marie de Magdala. Nous pensons aussi au repas que Jésus a pris à Béthanie peu de temps avant sa mort. Pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête (Marc 14,3 ; voir Matthieu 26,6-13 ; Jean 12,1-8). Mais si nous laissons ainsi aller notre imagination, nous risquons de passer à côté du message de l’Évangile. Luc ne nous révèle ni le nom de cette femme, ni la nature de son péché. Il insiste plutôt sur le malaise suscité par l’entrée de cette femme dans la salle du repas. Voilà le mouton noir du village qui arrive sans avoir été invité ! Pire encore, ses gestes sont inacceptables. Elle qui est impure s’approche et mouille de ses larmes les pieds de l’invité d’honneur, lui communiquant ainsi son impureté. Elle dénoue ses cheveux, ce qu’une femme ne fait pas en public dans la société de l’époque. Avec ses cheveux, elle essuie les pieds de Jésus. Elle les couvrait de baisers et y versait le parfum (Luc 7,38). Avec tout cela, on peut facilement comprendre la réaction de Simon le pharisien.

         Une surprise nous attend cependant quand Luc nous rapporte ce que Simon se dit en lui-même. Le jugement du pharisien ne porte pas tant sur la femme que sur Jésus qui se laisse ainsi approcher. Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse (v. 39). La venue de cette femme dans la salle de banquet nous apprend donc quelque chose de nouveau. En voyant un pharisien inviter Jésus, nous aurions pu le croire favorable à celui-ci, mais vu la suspicion qui monte au cœur du pharisien, on peut mettre en doute les motifs de son invitation. Dès que Jésus laisse cette femme le toucher, le pharisien met en doute son identité. Je croyais que c’était un prophète, mais il n’en est rien.

    Une parabole qui tombe à point

         La situation est tendue et Jésus le sent bien. Pour désamorcer le tout, il prend la parole et raconte une parabole. Rien de tel qu’une bonne histoire pour détendre l’atmosphère. Mais c’est une arme à deux tranchants. « On sait qu’une parabole a pour but de faire réfléchir quelqu’un sur la situation qu’il vit, mais sans qu’il en ait conscience. Nous avons bien du mal à être objectifs quand il s’agit de nous-mêmes. Une parabole nous présente notre propre histoire, mais la raconte comme s’il s’agissait d’un autre »1.

         C’est vraiment le cas ici. À première vue, la parabole que raconte Jésus a peu à voir avec la situation qu’il cherche à dénouer. Un créancier avait deux débiteurs; le premier lui devait cinq cents pièces d'argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait rembourser, il remit à tous deux leur dette (vv. 41-42). Qui peut être identifié au créancier? À qui pense donc Jésus quand il parle de deux débiteurs? Il s’agit, à première vue, d’une histoire neutre qui ne regarde en rien ce qui vient de se passer autour de la table du pharisien. D’ailleurs, Jésus ne demande pas à son hôte de se prononcer sur l’identité des débiteurs : Lequel des deux l’aimera davantage? (v. 42). Simon le pharisien répond que le débiteur à qui l’on remet la plus forte somme aimera davantage le créancier généreux qui fait grâce. Tu as raison, lui dit Jésus » (v. 43). Mais en quoi cela vient-il éclairer le geste de la femme envers Jésus et le jugement négatif du pharisien provoqué par le fait que Jésus se laisse toucher par elle?

    Cet homme, c’est toi ! (2 S 12,7)

         Pour que Simon le pharisien puisse faire le lien entre cette parabole et ce qui vient de se passer chez lui, il doit changer son regard. Il ne voyait en cette femme qu’une pécheresse. Et à cause de l’action de celle-ci, il ne voyait plus en Jésus qu’un maître (v. 40) dont il fallait se méfier parce qu’il n’était pas un véritable prophète. Jésus l’invite à regarder de nouveau : Tu vois cette femme…? En même temps, il l’invite à se voir lui-même avec un regard neuf. En ne traitant pas Jésus comme on le faisait à l’époque avec les hôtes de qualité, il a fait preuve de peu d’amour. La femme, elle, a su montrer un amour qui ne se laisse pas arrêter par les convenances. D’où la conclusion de Jésus : Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c'est à cause de son grand amour (v. 47).

         Simon n’est pas le seul qui est invité à regarder cette femme avec des yeux nouveaux. Nous qui accueillons cette parole dans nos cœurs aujourd’hui recevons la même invitation. Comme le pharisien de l’Évangile, toutes les fois que nous venons à l’église célébrer l’eucharistie, nous accueillons Jésus à notre table. Contrairement à Simon le pharisien, nous ne doutons nullement de la qualité de prophète de Jésus. Il est, nous le savons bien, le maître qui ne cesse de nous donner sa parole de vie. Bien plus, nous confessons qu’il est Christ et Seigneur. Et cela est très bien.

         Pourtant, comme Simon et ses invités, nous ressentons parfois un malaise en face du pardon des péchés. Trop souvent, à cause de mauvaises expériences vécues dans le cadre du sacrement de la réconciliation, ne nous arrive-t-il pas de fermer nos cœurs au fait que nous sommes pécheurs ? Ne nous arrive-t-il pas aussi de nous priver de l’amour miséricordieux de notre Dieu, lui qui ne cesse de nous offrir son pardon et sa guérison ? Le Seigneur Jésus aimerait tant nous voir lui donner plus souvent l’occasion de nous redire : Tes péchés sont pardonnés… Ta foi t’a sauvée. Va en paix! (vv. 48.50).

         Quand il nous raconte ce qui s’est passé chez Simon le pharisien ce jour-là, saint Luc ne nous dit pas quelle fut la réaction de Simon et de ses convives. Ont-ils changé d’idée par rapport à Jésus? Ont-ils appris à regarder cette femme avec les yeux de Dieu? Sont-ils entrés en eux-mêmes pour se reconnaître pécheurs? Sont-ils rentrés chez eux en ayant goûté au pardon et à l’amour de Dieu qui se manifeste en Jésus son Fils? À nous d’écrire dans le quotidien de nos vies le reste de cette page d’Évangile. Puisse notre amour être à la mesure du cœur du Christ.

    _________________

    1 Étienne Charpentier, « Le prophète ami des pécheurs », dans Assemblées du Seigneur, 42 (1970), p. 89.

     

    Yvan Mathieu, SM

     yvan mathieu

    Source: Le Feuillet biblique, no 2234. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

     

    Source www.interbible.org

     

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  • http://herve.delboy.perso.sfr.fr/jonas.jpgLe signe de Jonas

     

     

     

     

    QuestionJésus leur avait répondu : « Il vous sera donné de miracle que celui Jonas » (Ce dernier avait passé trois jours et nuits au sein de l'abime). Les trois jours, entre la mort et la résurrection de Jésus, sont-ils des jours littéraux de 24 heures ou un symbole? (Müller)

    RéponsePour éclairer cette question, commençons par retrouver le texte dont il est ici question. Par deux fois, dans l’évangile de Matthieu, Jésus parle du signe de Jonas, chaque fois dans le contexte particulier d’une demande de « signe » faite par les scribes et les pharisiens. Commençons par la première citation en Mt 12,38-41 :

    Alors quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et lui dirent (à Jésus) : « Maître, nous désirons que tu nous fasses voir un signe. » Il leur répondit : « Génération mauvaise et adultère! elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. De même, en effet, que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits. Les hommes de Ninive se dresseront lors du Jugement avec cette génération et ils la condamneront, car ils se repentirent à la proclamation de Jonas, et il y a ici plus que Jonas! »

         Un peu plus loin, en Mt 16,1-4, Jésus se retrouve face à des pharisiens et des sadducéens qui lui demandent de leur faire voir un signe venant du ciel. La réponse est aussi cinglante que la première. Jésus leur reproche de savoir parfaitement lire les signes du temps qu’il fera, mais d’être incapables de reconnaître « les signes des temps messianiques » dans les miracles qu’il fait. Et il conclut : « Génération mauvaise et adultère! elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. »

         Le contexte de ces paroles est clairement polémique. Les autorités religieuses et politiques – pharisiens, scribes et sadducéens – sont gênées par les paroles et les faits et gestes de Jésus. Ces hommes voient et entendent des choses surprenantes et les signes accomplis par le rabbi de Nazareth n’ont rien de répréhensible. Ils sont obligés de reconnaître le caractère prophétique de ses actions, mais ils sont incapables de se décider pour ou contre lui. Ils aimeraient avoir des preuves irréfutables avant de croire en Jésus et d’admettre qu’il agit et parle au nom de Dieu. Ils ne recevront pas de signe absolument probant; ils n’entendront que sa parole. C’est sur la base de ce qu’il dit à tous ceux qui le suivent et de ce qu’il fait, qu’ils ont à se décider pour ou contre lui. La foi en Jésus proclamé « Christ et Seigneur » est un acte de confiance qu’on lui donne. Cet acte ne relève pas d’une « preuve scientifique » mais d’une décision personnelle que l’on prend au plus intime de soi-même, sur la base de ce que l’on découvre auprès de lui. Ainsi Pierre en Jn 6,57-58 : Jésus voit une partie de ses disciples le quitter à la suite des paroles qu’il dit sur le pain de vie. Il pose la question à ses disciples les plus proches : « Voulez-vous partir, vous aussi? » Pierre prend la parole et prononce ce magnifique acte de foi : « Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle! » Sa foi en Jésus repose sur ce qu’il a entendu, des paroles assez riches de sens pour bouleverser sa vie.

    Le signe de Jonas

    Jonas rejeté par le poisson

    Jonas rejeté par le poisson
    bas-relief de la cathédrale d'Amiens (France)

         Revenons à la question posée au départ. Jonas est le héros d’un petit livre du Premier Testament, que l’on classe parmi les livres prophétiques, mais qui n’en a pas la forme. C’est un récit tardif qui nous présente la vie d’un prophète récalcitrant. Il n’apprécie pas du tout, mais pas du tout, la mission que Dieu lui confie. Alors il tente d’y échapper, en prenant le bateau. Mais la tempête se déchaîne et le sort le désigne comme responsable de ce qui arrive. Passé par-dessus bord, Jonas est avalé par un gros poisson qui le recrache sur le rivage, trois jours plus tard, et le renvoie à sa mission qui est  d’annoncer le châtiment de Dieu à la grande ville païenne de Ninive. Contrairement à toute attente, la ville, du plus petit jusqu’au plus grand, accueille favorablement la parole du prophète et fait acte de repentance. Alors Dieu renonce au châtiment, ce qui suscite la colère du prophète qui s’était installé sous un petit arbre pour voir le spectacle...

         Ce petit livre n’a rien d’historique. Il est écrit dans une perspective étonnamment universaliste, ouverte aux païens, sur le mode d’une grande parabole à destination des Juifs revenus d’exil, qui s’installent à Jérusalem en s’enfermant dans leur propre particularité. Avec beaucoup d’humour et d’ironie, l’auteur de ce livre fait de Jonas la figure symbolique de ce judaïsme fermé sur lui-même qui découvre que Dieu ne rejette pas les païens qui se tournent vers lui. Si Jésus parle du signe de Jonas, c’est aussi dans cette perspective. Il donne en exemple, aux scribes et aux pharisiens, les habitants de Ninive qui se convertissent après avoir entendu la parole de Jonas. C’est le seul signe que donne le prophète : une parole forte annoncée au nom de Dieu. Jésus ne fait pas autre chose. Il a refusé à toute forme de stratégie médiatique visant à séduire ceux qui le voient. Il parle, annonce le Royaume, apaise les cœurs blessés, libère les consciences qui ploient sous le poids de la culpabilité, relève l’humain condamné, accueille le rejeté... Ce qu’il dit et fait ouvertement est la seule base qu’il donne à ses adversaires pour juger de sa mission. À vous de décider, leur dit-il! Cette invitation est aussi adressée à chacun de nous!

         Reste la question des trois jours. Dans le langage biblique, le chiffre trois définit un temps ou une période réduite ou limitée. Le séjour de Jonas dans le ventre du poisson appartient au genre littéraire de ce type de récit. Il a une valeur symbolique. Dans son évangile, Matthieu en fait le symbole de l’événement de la résurrection. Au matin du troisième jour, les femmes découvrent le tombeau vide et sont, les premières, les témoins d’un événement qui échappe à toute forme de mainmise humaine. Les disciples ne savent que penser. Ils hésitent entre le doute et l’incompréhension. Puis, à leur tour, ils font l’expérience d’une rencontre qui les bouscule et les transforme intérieurement. Ils n’ont aucune preuve, si ce n’est le signe d’une Parole dont ils se souviennent et qui va bouleverser leur vie. Aujourd’hui encore cette Parole nous arrive, relayée par le témoignage de celles et ceux qui en ont fait une source d’amour et de vie. Elle peut le devenir également pour celles et ceux qui l’accueillent et acceptent de l’entendre en profondeur. À vous d’en décider! Il n’y aura pas d’autre signe!

    Roland Bugnon

    roland bugnon

    Source www.interbible.org

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  • Editorial

    L’ANNONCIATION sans la NATIVITÉ a-t-elle un sens ?

    par Maurice Saliba

    http://preprod.meltem-int.com/marie/blog/wp-content/uploads/2010/03/botticelli_annonciation.jpg

     

    ______Suite à une requête présentée par une délégation interreligieuse, le gouvernement libanais vient de décréter que le 25 mars, jour où les chrétiens célèbrent l’Annonciation, soit désormais une fête nationale islamo-chrétienne, donc officielle et fériée dans tout le pays. Il considère que la vénération de la Vierge Marie tant par les chrétiens que par les musulmans, pourrait contribuer à la cohésion nationale et consolider le rapprochement entre les deux religions. Or, la question qui demeure, c’est de savoir si ce message prometteur permet d’ouvrir les esprits vers une meilleure compréhension et aller plus loin.
     

     

    ______La mère de Jésus bénéficie dans le Coran d’une place exceptionnelle et privilégiée. Son nom y est répéta trente-quatre fois. Le texte reconnaît de multiples faveurs à ses ancêtres. Il décrit élogieusement sa naissance miraculeuse. Il la suit jusqu’à son entrée au Temple où le grand prêtre, Zacharie, la reçoit et prend soin d’elle.
     

     

    ______Quand à l’Annonce, citée dans le Coran, que l’ange a faite à Marie à propos de la naissance prodigieuse et virginale de Jésus, « un garçon pur », elle dévoile tout le mystère du Christ, « Verbe de Dieu… Esprit de Lui…, illustre dans ce monde et dans la vie future ».
     

     

    ______Les « théologiens musulmans » ont largement développé l’importance de Marie en islam, mais sans oser approfondir le mystère de Jésus et clarifier tout ce que le Coran en dit. Ainsi, ils ignorent tous les titres qui lui sont conférés dans le Coran, tels que : « un VERBE de Lui… un ESPRIT de Lui…son nom est le MESSIE… un SIGNE pour les hommes… une GRÂCE de notre part… l’un des INTIMES de Dieu ». Tout ceci ne constitue-il pas une annonce d’un plan divin ? En raison de ce plan divin annoncé dans le Coran, les exégètes musulmans confirment la naissance merveilleuse de Jésus comme l’œuvre de la toute-puissance de Dieu. Ils s’obstinent, cependant, à ne voir en lui qu’un prophète comme tous les autres prophètes venus avant lui.
     

     

    ______N’a-t-on pas le droit de s’interroger quant aux mobiles qui les empêchent d’en tirer des leçons plus pertinentes et d’aller au fond du texte ? Ne sont-ils pas censés se demander pourquoi Jésus n’est-il pas venu à l’existence comme le reste du monde ? Quelle est la raison pour laquelle Dieu s’est intervenu directement dans sa naissance ? Quelle est la finalité de cette intervention divine ? Les savants et les docteurs ès sciences islamiques ont toujours, hélas, occulté de telles questions par des réponses évasives.
    _

    _____Or aujourd’hui, une brèche est atteinte. Le fait que des musulmans libanais, beaucoup plus sensibles à l’ouverture aux non musulmans, aient décidé de célébrer avec les chrétiens la fête de l’Annonciation de Marie, augure une nouvelle ère de compréhension du message divin de la Vierge de la part de certains intellectuels musulmans. Cependant, si cette initiative demeure sans suite séquentielle et logique, elle se révélera infructueuse voire éphémère. On ne peut vénérer l’Annonciation et la séparer de la Nativité de Jésus, de sa destinée exceptionnelle, de son élévation au ciel, comme du rôle unique qu’il a joué dans l’histoire du salut.

     

    ______Espérons qu’un réveil théologique sérieux en islam secoue les consciences et fasse découvrir rapidement aux musulmans du monde entier l’indispensable association entre le Noël chrétien et l’Annonciation. Cette perspective pourrait bouleverser la dogmatique islamique. Ne nous serait-il pas alors possible de concevoir et de préparer dès maintenant une célébration commune à Paris entre chrétiens et musulmans à la prochaine fête de l’Annonciation et de la couronner par une célébration également commune de la Nativité ?


    source http://www.eecho.fr

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  • Un don d'amour

    Multiplication des pains Luc 9, 11b-17
    Autres lectures : Genèse 14, 18-20; Psaume 109(110); 1 Corinthiens 11, 23-26

     

    Aujourd’hui l’Église catholique romaine célèbre une richesse spirituelle qui a été déclarée récemment par le pape Benoit XVI comme le sommet du catholicisme : le sacrement de l’Eucharistie. Dans ce sacrement, les catholiques croient que le Christ devient mystérieusement présent dans le pain béni par le prêtre lors de la messe. Sour la forme du pain eucharistique, Jésus devient encore aujourd’hui accessible à nos sens. Les croyants et les croyantes peuvent le voir, le goûter et, depuis le concile Vatican II, le toucher. Ce mystère, une réalité que la raison humaine n’a jamais fini d’approfondir, montre bien à quel point Dieu nous aime. Après l’ascension de son Fils, Dieu aurait pu laisser ses enfants démunis, sans aucune réalité concrète pour nous lier à lui. Il n’a pas fait ce choix. Au contraire il a offert à l’humanité plusieurs cadeaux : sa Parole que plusieurs membres du Corps du Christ considèrent contenue totalement dans la Bible, les sacrements comme l’Eucharistie, ses témoins, etc.

    Un don contesté

         Certains théologiens ont trouvé simpliste la formule des trois blancheurs pour énoncer ce qui caractérise la famille catholique parmi les autres familles chrétiennes (orthodoxes, protestants, anglicans) : la papauté, la Vierge Marie et  l’Eucharistie. Les différentes branches de l’arbre enraciné dans le Christ n’ont donc pas la même conception de l’Eucharistie. Plusieurs affirment que la majesté du Christ, le Fils du Père, ne peut pas se réduire à une forme aussi indigne que du pain. Cette différence doctrinale est devenue, au fil des siècles, un facteur majeur qui a semé la division parmi les enfants de Dieu. Le don d’amour de la Trinité a été transformé en élément de discorde et, parfois, en élément de haine.

    Au-delà de la discorde

         Au-delà des divergences sur la présence du Christ dans le pain eucharistique, tous les fidèles sont d’accord sur le sens profond du geste institué par le Seigneur lors de la Cène : une nouvelle alliance a été inaugurée entre Dieu et l’humanité grâce au Christ qui est mort sur la croix et qui est par la suite ressuscité. Lors du miracle de la multiplication des pains, relaté dans l’Évangile de cette célébration, Jésus pose des gestes semblables à ceux qu’il fera lors du dernier repas pris avec ses apôtres. Ces actes illustrent la profondeur de l’union qui existe désormais entre la Trinité et sa création.

         D’abord, comme dans la dernière Cène, le pain est présenté par des hommes, les disciples. Ce pain symbolise l’univers matériel de la création et l’action humaine qui le transforme. En effet, le blé, le levain et l’eau, éléments de la nature, deviennent du pain à cause du travail du boulanger. Après un geste fait par l’être humain qui signifie aussi son libre choix de s’unir à Dieu, Jésus prend le relais en bénissant le pain.

         Cette action du Christ signifie en premier lieu sa propre acceptation de s’unir au monde humain car, en bénissant le pain, le Sauveur l’introduit dans son domaine : le Royaume des cieux. Mais le Seigneur n’en reste pas là. Il veut bien faire comprendre que le salut chrétien ne doit pas rester enfermé dans l’intériorité de chaque personne. Il doit être diffusé, partagé. Jésus brise donc le pain. Il met donc la nourriture dans un état pour qu’elle soit partagée. Par la suite, Jésus ordonne la répartition du pain rompu. Il faut remarquer que la distribution du pain se fait sous l’initiative du Seigneur. Sans lui, le salut ne se produirait pas. La Nouvelle Alliance n’aurait simplement pas débuté.

         Après avoir initié le partage du pain, les disciples exécutent la volonté du Seigneur. Ils passent à travers la foule et offrent le pain, aliment essentiel à la vie. En effet, une personne qui ne mange pas meurt. Le pain, symbole de la Nouvelle Alliance, exprime bien que le salut du Christ est orienté vers la vie, la vie éternelle. En plus, en confiant la distribution du pain aux disciples, le Sauveur dévoile son intention de mettre à contribution ses sœurs et frères humains dans la construction de l’Église, son Corps sur terre. Le lien entre la Trinité et l’humanité se continue donc dans l’action. La transformation du cœur humain devient ainsi une transformation du monde extérieur.

         Après cette distribution, le processus sacré se termine avec le repas. Tous les actes précédents ne serviraient à rien si les individus ne s’unissaient pas au Sauveur en mangeant le pain béni et rompu par Lui. Un refus des personnes rendrait le processus antécédent stérile, sans conséquence. Luc signale dans la narration du miracle que la foule a été rassasiée. Ce détail n’est pas anodin car l’évangéliste veut dire ici que le salut chrétien va assouvir tous les appétits humains : amour, bonheur, etc. En acceptant de devenir membre du Corps du Christ, l’être humain connaîtra le bonheur parfait et sentira l’amour de la Trinité que rien ne peut surpasser ou détruire.

    Une illustration séculaire

         Souvent les croyantes et les croyants font des liens dans l’Écriture. Ici le peuple élu, Israël, a vu dans la rencontre entre Abraham, le père des croyants, et Melkisédek, un païen, l’hommage que la nation sainte rendrait à Yahvé à Jérusalem. En effet, Melkisédek est roi de Salem ou, selon les érudits de l’Ancienne Alliance, de Jérusalem. Les premières communautés chrétiennes ont plutôt perçu dans le pain apporté par le roi une annonce de l’Eucharistie. En effet, Melkisédek est aussi grand-prêtre, qui fait office de médiateur entre la divinité et l’humanité. Dans notre épisode, il bénit le pain et le vin comme l’ultime grand-prêtre, Jésus, lors de la dernière Cène. Les premiers amis de Jésus ont donc vu dans ce texte de l’Ancienne Alliance une préfiguration de ce qui se produirait dans la Nouvelle.

    Un témoignage important

         Aujourd’hui la plupart des scientifiques qui étudient la Bible admettent que les Évangiles ont été écrits plusieurs décennies après la mort et la résurrection du Sauveur. Cet argument permet souvent aux détracteurs de la foi de remettre en question la véracité historique du contenu évangélique. L’être humain oublie. La vérité historique peut donc être modifiée surtout si celle-ci n’est pas immédiatement rapportée sur un support quelconque dans un délai très court après l’événement. Le témoignage de Paul contrecarre en partie les critiques qui voudraient remettre en question l’authenticité historique de l’Eucharistie. Dans l’extrait proclamé aujourd’hui, l’apôtre des Gentils raconte que les premières communautés chrétiennes célébraient l’Eucharistie selon un rituel qui aurait été fixé par le Sauveur lui-même. Quand Paul écrit, il rapporte ce qu’il a vu et entendu à son époque. Les historiens ont donc ici un document qui répond à des critères de vérité historique puisque Paul ne rapporte pas des événements qui auraient eu lieu dans un passé lointain. L’Église peut donc avec certitude célébrer un rite qui a été pratiqué par les premières communautés chrétiennes et qui a été attribué par elles au Seigneur lui-même.

     

    Benoît Lambert

    Benoit Lambert

     

    Source: Le Feuillet biblique, no 2233. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

     

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