• La tendresse bouleversante de Dieu-Père

    http://www.centre-bethanie.org/images/pardon_prodigue_g.jpgLa brebis égarée : Luc 15, 1-3.11-32
    Autres lectures : Josué 5, 10-12; Psaume 33(34); 2 Corinthiens 5, 17-21

     

    La parabole d’un homme et de ses deux fils insiste sur l’incompréhensible miséricorde du père. Si on ne se laisse pas saisir par la grâce de Dieu, la conduite du fils aîné pourrait être la nôtre. Le Père offre gratuitement la vie et, les fils et filles que nous sommes, doivent recevoir avec une grande joie la prodigalité de son amour et de son pardon. Sans cesse nous sommes appelés à nous mettre en route, et à changer de mentalité.

    Un père avait deux fils

         Les premiers versets du chapitre de Luc expose le conflit qui se développe entre Jésus, les  pharisiens et les scribes qui se scandalisent de l’attitude du Maître, lequel se rend proche des pécheurs et de tous ceux que la bonne société méprise. Jésus, au lieu d’affronter par une logique abstraite ou polémiste les propos de ses adversaires, utilise le langage de la parabole. Celle-ci a l’avantage, peut-on dire, de situer les auditeurs sur un terrain neutre et de favoriser le dialogue. Ce récit d’un homme et de ses deux fils, souvent mis à l’avant-scène des célébrations du pardon, pourrait nous laisser penser que nous le connaissons parfaitement bien, mais n’y aurait-il pas plutôt toujours une facette ou l’autre à découvrir et à approfondir? En effet, aurons-nous fini un jour de sonder l’abîme infini qu’est la bonté miséricordieuse de Dieu?

    Le fils cadet

         Épris d‘indépendance, rongé par la cupidité, il demande sa part d’héritage du vivant de son père, soit le tiers des biens puisque le droit juif prévoit les deux tiers pour l’aîné (Deutéronome 21, 17). Ce faisant, il se comporte comme s’il souhaitait implicitement la mort de son père; en sorte, il dénie son identité paternelle. Il quitte donc sans connaître vraiment l’amour de son père. Une fois rendu en un pays lointain, soit en terre païenne, puisqu’on évoque l’élevage des porcs, animaux impurs pour les Juifs (Lévitique 11, 7), il dilapide sa fortune en menant une vie de désordre (v. 13), en dépensant son bien avec les filles (v. 30), dit l’aîné.

         Passant d’adulte fortuné à gardien de porcs, de la satiété à la faim, le cadet prend conscience de sa déchéance, et de façon intéressée, par motivation alimentaire, il pense au retour; sur l’heure il se met en route vers la maison, en reconnaissant sa culpabilité, conscient qu‘il ne peut revendiquer le statut de fils, mais plutôt celui d‘ouvrier (v. 19).

    Le fils aîné

         Il est celui qui reste avec le père, qui accomplit fidèlement son travail; de son point de vue, il est juste et irréprochable. D’ailleurs il est au champ lors du retour de son frère. Hélas! la jalousie, la colère, l’orgueil le dévorent: il envie l’accueil réservé à son frère qui n’en méritait pas tant. Il s’offusque des beaux vêtements et de la fête, ne comprenant rien à la miséricorde du père. Il refusait d’entrer. On ignore s’il va répondre à l’invitation d’être présent pour se réjouir avec son père.

         L’attitude de ce fils, comme elle ressemble à celle des pharisiens et des scribes qui récriminent contre Jésus : Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux (v. 2)! En fait, les deux frères se ressemblent. Car ils sont dans l’ignorance de la grâce offerte, c’est-à-dire d’être en lien profond avec leur père. Les deux sont appelés à la conversion en consentant à accueillir la miséricorde du père et à entrer dans sa joie.  À entrer dans le grand mouvement d’appel à la vie.

    L’accueil aimant du père

         Quel contraste entre l’attitude du père et celle des fils! Quel écart entre le donnant-donnant et l’ouverture, la gratuité, l’amour incommensurable et inaltérable !

         Au départ, le père ne refuse pas la demande du cadet bien que le contraire soit recommandé dans le livre de l‘Ecclésiaste : ...Fils ou femme, frère ou ami, à aucun ne donne pouvoir sur toi pendant ta vie. Et ne donne pas tes biens à un autre... Quand seront consommés les jours de ta vie, au moment de la fin, distribue ton héritage (vv. 20-24). Pendant l’absence du fils, il se met en état de veille constante. Puis, le récit  devient haletant, bouleversant, touchant. C’est lui le père qui, le premier, aperçoit le fils encore au loin. C’est lui qui accourt, qui devance, saisi aux entrailles, remué dans tout son être, (v. 20). Il ne se préoccupe pas des dispositions du cadet, ne l’assaille pas de reproches. Il l’accueille. Son allégresse explose dans l’accolade, la préparation d’un festin de noces, la bague au doigt, la musique, attitude et gestes qui manifestent sa bonté, son pardon, son bonheur. De plus, il sort pour rencontrer l’aîné et l’inviter à la fête. Ce père plein de bonté n’a pas de préférence: il aime intensément les deux et, ce qu’il donne avant tout, c’est la vie et l’amour.

         Cette parabole évoque Dieu, qui, en Jésus, se soucie souverainement des malheureux de Galilée et de Judée. Jésus  sait rendre la dignité aux personnes vivant à l’écart, sans titre social, sans réputation,  délaissées par les autorités religieuses à qui il arrive de faire peser un joug trop lourd sur leurs épaules.

    L’admirable échange: Nous sommes réconciliés
    avec Dieu dans le Christ - Interbible

         De la parabole, passons à Paul.  Réconcilier, réconciliation (2 Corinthiens 5, 17-21). En grec, le mot peut évoquer une amnistie, telle cette réconciliation offerte aux individus au passé compromis, comme ce fut le cas en 44 av. J.C., lors de la reconstruction de la ville de Corinthe. Ici, chez Paul, ce sont les apôtres eux-mêmes, les auditeurs croyants, les personnes de toutes les époques qui sont convoqués à la réconciliation dont ils peuvent être  gratifiés en Jésus Christ : Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu (v. 20).  Et devenez les ambassadeurs-témoins de la miséricorde de Dieu. Pour la joie des uns et des autres.

         Une expression de la lettre de Paul peut faire sourciller et commande d’être bien comprise : Dieu l’a fait péché pour nous (v. 21), rendue dans la traduction liturgique par Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes. Jésus est le Juste par excellence, il n’a pas commis le péché. Mais, il a assumé pleinement, en toute solidarité, la nature humaine, acceptant les oppositions, les refus, les conséquences du mal et du péché: la trahison, le reniement et la condamnation à mort.

    • Ne redoute pas que le Père refuse de t’accueillir...Il viendra en courant au-devant de toi... car le Seigneur redresse tous ceux qui sont courbés, il te donnera le baiser qui est gage de tendresse et d’amour, il te fera donner robe, anneau, chaussures.
    • Tu crains un affront, il te rend ta dignité.
      Tu as peur d’un châtiment, il te donne un baiser.
      Tu as peur des reproches, il te prépare un festin.

      (Saint Ambroise, Traité sur l’évangile de Luc).

     

    Juilenne Côté, CND

     julienne côté, cnd

    source www.interbible.org


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  • Toute une pêche!

    Jésus appelle ses premiers disciples : Luc 5, 1-11
    Autres lectures : Isaïe 6, 1-2.3-8; Psaume 137(138); 1 Corinthiens 15, 1-11

     

    Comp-de-SF.jpgIl y a une belle évidence au sein de la première communauté chrétienne observée par Luc. L’Esprit de Dieu y travaille activement. D’ailleurs le livre des Actes le confirme sans équivoque : Chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés (Ac 2, 47). Cette activité apostolique et les succès remportés par la prédication de la Parole n’ont d’autres origines que celle du Seigneur Jésus lui-même. Ce Seigneur, maintenant ressuscité d’entre les morts, a voulu dès le début de son ministère public s’adjoindre des hommes du peuple pour proclamer l’urgence de la conversion et le pardon des péchés en son nom. Ce ministère, il l’a inauguré d’abord en Galilée (Luc 4, 14-42) puis ensuite par toute la Judée.

    L’Église de Pierre

         Jésus s’était rendu dans un lieu solitaire, loin de la foule (Lc 4, 42). Puis il revient au bord du lac de Génésareth pour s’adresser à cette foule qu’il a voulu fuir. Comme s’il voulait mieux l’embrasser du regard, il emprunte la barque de Simon. Cette belle familiarité nous permet de faire des rapprochements symboliques avec la barque de l’Église dont Simon Pierre sera l’assise et le chef. Donc après avoir donné son enseignement, Jésus demande à Simon de retourner au large même si la nuit a été infructueuse (Lc 5, 4). Avouons que c’était beaucoup demander à des pêcheurs d’expérience, à des hommes qui connaissaient toutes les ficelles du métier que de retourner en mer. C’est que Luc, qui a le sens du théâtre, s’apprête à monter une magnifique mise en scène pour la suite des choses.  En effet, le miracle du filet qui se rompt sous les fruits de la pêche donnera à Pierre l’occasion de formuler une admirable prière d’adoration et un aveu touchant de sa condition pécheresse (v. 8). Aveu qui ressemble à celui d’Isaïe (Is 6, 5).

    L’invitation à la confiance

         Devant l’effroi de Pierre, Jésus prononce cette magnifique parole empreinte de tendresse : Sois sans crainte.  Puis il trace à ce dernier, son destin apostolique : Désormais ce sont des hommes que tu prendras (v. 10). Même si cet avenir ecclésial semble être celui de Pierre, il concerne aussi la mission des douze. La suite du récit le précise et le « désormais » en marque le début. Comme si la parole accomplissait déjà ce qu’elle annonce. Elle confirme un engagement qui sera celui de toute une vie : Laissant tout, ils le suivirent (v. 11).

         Cette invitation à avoir confiance, à ne pas craindre, nous ramène aux paroles que Luc mettra sur les lèvres de Jésus ressuscité après le départ des compagnons d’Emmaüs : Pourquoi avez-vous l’esprit bouleversé? (Lc 24, 38). Décidément, Luc a de la suite dans les idées!

    Le souci du pécheur

         Simon Pierre ne le sait pas encore mais il apprendra sous peu, de la bouche même de Jésus, que son Maître aura le souci du pécheur : Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs (Lc 5, 32). Paul l’atteste en affirmant que le Christ est mort pour nos péchés (1 Co 15, 3). L’aveu de l’apôtre l’avantage, si on peut s’exprimer ainsi. De pêcheur de poissons, il deviendra, à la suite de Jésus, pêcheur de ses frères et de ses sœurs pour les guider sur le chemin qui mène au Royaume du Père. Si Pierre avait fait valoir ses compétences, ses habiletés, sa longue expérience pour refuser de retourner en mer, il n’aurait pas reçu sa mission d’apôtre. Cependant, le chef de l’Église du Christ, restera ce qu’il est : simple, spontané, instable, prompt à s’enflammer autant qu’à se décourager. Ardent et lâche jusqu’à la trahison. C’est cet homme imparfait, ce pécheur semblable à nous et à beaucoup d’autres qui suivra Jésus pas à pas durant trois ans. C’est aussi ce même homme qui se verra confirmé dans son rôle de Chef.

    Le pardon sans mesure

         Jésus n’oubliera jamais l’aveu de Pierre de se reconnaître pécheur. L’aveu de se trouver indigne en sa présence. Plus tard, Jésus croisera le regard de son apôtre quelques instant à peine après la suprême trahison et il découvrira dans ses yeux un regret innommable pour sa faute. Faute que son Maître s’empressera d’effacer par un élan de miséricorde vaste comme la mer! Ce pardon sans mesure révélera à Pierre à quel point il est aimé. Et cela malgré et jusque dans sa chute! S’il n’avait été cet homme avec ses contradictions, il n’aurait jamais pu croire à un tel amour. Il n’aurait jamais pu témoigner de la résurrection de son Seigneur. Pierre ressemble en cela à tous ces gens qui doivent descendre dans les contrées les plus honteuses de leur être pour comprendre l’amour de Dieu. Il leur faut tomber très bas pour gravir ensuite les sommets.

    La leçon du miracle

         En lisant ce merveilleux récit, nous pouvons n’en retenir justement que le merveilleux. Ou encore rejoindre les sceptiques qui, sourire en coin, ajoutent que « c’est trop beau pour être vrai »? Aux uns et aux autres je pose la question : Comment survient dans nos vies l’extraordinaire, pour ne pas dire le miracle? Quand je suis découragé, à bout de ressources, déçu par des insuccès, est-ce qu’une parole d’encouragement à lancer à nouveau le filet n’est pas venue me redonner confiance? Quand j’ai pris des risques et que ces risques m’ont conduit à des résultats surprenants, n’est-ce pas un peu l’audace d’avancer au large malgré tout qui est responsable de mon succès?

         L’extraordinaire de ma vie ne sera jamais raconté mais il se manifeste, sinon à chaque jour, du moins à des périodes cruciales semblables à celles des pêcheurs du lac. Ils connaissaient la vie et la mer. Ils ont dû quitter les rives de la sécurité pour le large de l’imprévu. C’est simplement l’anecdote ou la situation qui changent…

    L’importance d’un lien

         Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends que deux skieurs égarés auraient pu avoir une triste fin s’ils n’avaient été reliés à la base d’où ils étaient partis. Quelques semaines auparavant, la mort d’un autre dépendait de ce manque : personne n’était au courant de son départ. Si cela est vrai pour les sportifs, qu’ils soient skieurs, alpinistes ou marins, la liaison est essentielle. Leur survie en dépend. Quand on peut compter sur d’autres lorsque survient le malheur ou une situation malencontreuse, l’aventure n’est plus un piège mais un défi qui permet le dépassement. Si la solidarité est un phénomène humain indispensable, la solidarité spirituelle l’est tout autant. On ne va pas à Dieu tout seul. On n’atteint pas le ciel en solitaire. Dieu nous a donné des relais, des lieux de halte. Il nous a donné surtout un Pain de réconfort, une Parole de vie, des pasteurs éclairés, même si ces derniers ne sont pas parfaits, pas plus que ne l’étaient Isaïe, Paul et Pierre, mais ils ont été consacrés pour accompagner, conseiller et soutenir leurs frères et sœurs. Et Dieu sait combien s’en rendent dignes!

     

     ghislaine salvail

    Source: Le Feuillet biblique, no 2216. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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  • Accompagner Jésus : Psaume 117(118)

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    (image sur Internet)

    L’impératrice sainte Hélène qui avait un amour de la Terrela Vierge Marie était présente à la vie de son Fils d’une manière ou d’une autre. Nazareth était leur village à tous deux. sainte semblable au nôtre, a fait édifier à Nazareth la chapelle Notre-Dame de l’effroi. Elle est située près de la colline du précipice. Souvenons-nous que Jésus, dans la synagogue, après avoir reçu des gens de chez lui des paroles d’admiration, a encouru le déplaisir de ses compatriotes; ils ont voulu le jeter en bas d’une falaise. La chapelle Notre-Dame de l’effroi rappelle qu’en toute circonstance, celle-là par exemple,

         Le carême est une démarche semblable : accompagner Jésus à tout moment et surtout en route vers le Calvaire. Sans pesanteur doloriste, mais sereinement, calmement. Faisons-le en récitant le psaume 117-118 qui par plusieurs strophes touche au mystère du Christ souffrant.


    Dans mon angoisse, j'ai crié vers le Seigneur,
    Et lui m'a exaucé, mis au large.
    Le Seigneur est pour moi, je ne crains pas;
    Que pourrait un homme contre moi?
    Le Seigneur est avec moi pour me défendre,
    Et moi, je braverai mes ennemis.
    Mieux vaut s'appuyer sur le Seigneur
    Que de compter sur les hommes;
    Mieux vaut s'appuyer sur le Seigneur
    Que de compter sur les puissants!

     

        La Vierge Marie est connue dans les Écritures par le mot « symballousa » (grec). Littéralement cela voudrait dire symboliser, mais ici cette explication savante ne nous satisfait pas. En fait, ce mot signifie lancer (ballein) ensemblerepassait ces choses dans son cœur (Luc  2, 51). Elle joignait dans son esprit la promesse de salut dite par un inspiré, le vieillard Siméon, qui, parlant de Jésus, avait dit de lui : Lumière pour éclairer les nations, et parlant de sa mère avait ajouté : Un glaive te transpercera l’âme. Le Fils de Marie allait mettre en lumière une vérité profonde : Dieu n’abandonne pas ceux qui sont accablés. Le psaume 117-118 dit : (sym), joindre deux réalités de haut niveau dans la méditation. Marie, dit l’évangile à propos d’événements étranges,


    Clameurs de joie et de victoire
    Sous les tentes des justes :
    Le bras du Seigneur est fort,
    Le bras du Seigneur se lève,
    Le bras du Seigneur est fort!
    Non je ne mourrai pas, je vivrai
    Pour annoncer les actions du Seigneur.


         Jésus, dans sa souffrance deviendra une consolation, un recours pour ceux qui sont portés au désespoir. Le psaume 117-118 dit :


    La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
    est devenue pierre d'angle :
    c'est là l'oeuvre du Seigneur,
    la merveille devant nos yeux.

     

        Accompagnons Jésus d’un regard de foi durant le temps du carême, et cela un peu à la manière de Marie. Nous le vivrons aussi comme un combat. La prière est désignée par saint Paul dans la lettre aux Romains, du nom de moyen de combat « suvagonisastai » (Romains 15, 30), car la lutte est souvent rude et difficile. La prière des psaumes est là pour nous aider à vaincre.

    http://www.interbible.org/interBible/images/collaborateurs/Pierre_Bougie.jpg

    Pierre Bougie, PSS

    Source www.interbible.org

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  • Une Bible, quelques canons et plusieurs traductions

    Bible.jpg

    Q  J’ai remarqué dans une réunion de partage biblique que nos bibles n’étaient pas tout à fait les mêmes. Pourquoi est-ce que toutes les bibles ne sont pas pareilles? (Serge, Laval)

    R  Plusieurs éléments font que les bibles ne sont pas toutes pareilles. D'abord, vous avez peut-être déjà fait l'expérience de lire ou d'entendre différentes traductions d'un même passage biblique. Comme les manuscrits que nous avons sont écrits en hébreu ou en grec, nous devons les traduire.

     

       Bien entendu, il y a plusieurs façons de traduire un texte. Certaines traductions de la Bible tentent de rester littérales, comme la traduction d'André Chouraqui. D'autres ont une approche visant la simplicité et la clarté du langage comme la traduction de la Bible en français courant. La Bible Nouvelle Traduction se démarque par sa visée de rendre le texte d'une façon plus littéraire. Finalement, il y a des traductions qui visent l'étude de la Bible, avec beaucoup de notes de bas de page comme la Traduction œcuménique de la Bible (TOB) et la Bible de Jérusalem. Il y a donc différentes traductions puisqu'il y a différents objectifs de traduction et qu'il y a diverses manières d'exprimer une même idée dans une langue.

     

         En plus des différences de traduction, il y a des distinctions dans la sélection des livres contenus dans la Bible. La liste de ces livres retenus est appelée « canon » du mot grec kanôn signifiant règle. La grande majorité des livres bibliques se retrouve dans toutes les bibles. Par contre, certains livres écrits en grec provenant du judaïsme tardif se retrouvent dans les bibles catholiques, alors qu'ils sont absents des bibles protestantes et hébraïques [1].

     

         Les catholiques reconnaissent ces livres comme deutérocanoniques, c'est-à-dire admis secondairement dans le canon, alors que les protestants les désignent comme apocryphes et ne les admettent pas dans leur canon. Il faut aussi dire qu'il y a d’autres divergences dans les canons des Églises orientales.

     

         L'histoire de la fixation du canon est très complexe d'autant plus qu'elle concerne les religions juive et chrétienne ainsi que les différents regroupements de ces religions.
    Les catholiques et les orthodoxes gardent plutôt la liste de la Septante, cette première traduction en grec de ce qu'on appelle aujourd'hui l'Ancien Testament. Cette traduction était employée par les communautés juives et chrétiennes du Ier siècle.

     

         Au IIe siècle, les autorités juives retravaillent le canon juif pour différentes raisons, dont l'interprétation chrétienne des Écritures. Par exemple, le Talmud nous transmet des discussions qui ont eu lieu pour savoir si on devait garder ou exclure le Cantique des cantiques du canon juif. Le canon juif qui est sorti de ces discussions est dit « massorétique », du nom de ses derniers éditeurs les « massorètes » (groupe d'érudits et de scribes du IIe siècle au IXe siècle).

     

         Les bibles protestantes ont choisi de prendre la même liste que ce canon juif. Les livres de l'Ancien Testament, dont on dit qu’ils n'auraient pas été écrits originellement en hébreu, les apocryphes ou deutérocanoniques sont donc exclus de cette liste.

     

         En résumé, il y a une diversité de bibles, mais malgré les différences, ces bibles restent fort similaires.

    [1] Le livre de Judith, le livre de Tobie, le premier et deuxième livre des Maccabées, le livre de la Sagesse, l'Ecclésiastique ou le Siracide et la lettre de Jérémie. Des passages du livre de Baruch, du livre d'Esther et du livre de Daniel.

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    Source www.interbible.org

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    Sébastien doane


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  • Appui à la souveraineté alimentaire
    Un appel à l’action de Développement et Paix
    (au Canada D-P représente la Caritas Internationalis)
          http://www.interbible.org/interBible/source/justice/2010/bjs_100219a.jpg

    Image © Courtoisie de Développement et Paix

    Comme le Canada se prépare à accueillir la rencontre du G8 en juin 2010, c’est l’occasion pour les Canadiens et les Canadiennes de demander à leur gouvernement d’appuyer la souveraineté alimentaire et les petits agriculteurs dans les pays du Sud.

         Dans les années 60, le surplus du commerce des produits agricoles des pays du Sud se chiffrait à sept milliards de dollars américains par an. Aujourd’hui, 75% de ces pays sont des importateurs nets de produits alimentaires. Ce changement peut être attribué en grande partie aux politiques de prêts et de commerce des pays du G8.
                
         Le G8 regroupe actuellement les dirigeants des pays les plus riches, les plus développés et les plus puissants du monde (États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Canada, Japon, Italie et Russie. Ces pays doivent reconnaître le tort que leurs cibles et leurs subventions pour les agrocarburants causent aux populations des pays du Sud. Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production d’agrocarburants menace le droit à l’alimentation d’au moins trois façons :

    • en faisant augmenter le prix des aliments,
    • en augmentant la concentration de la terre et donc en privant les petits agriculteurs et les paysans sans terre des moyens d’existence dont ils ont besoin.
    • en causant des problèmes environnementaux.

         Les populations locales sont chassées de leurs terres pour faire place aux cultures pour les agrocarburants qui occupent de plus en plus d’espace dans le monde entier, qui menacent de détruire leurs cultures en les obligeant à vivre dans des grandes villes. En Indonésie, selon l’ONU, cinq millions de personnes risquent d’être déplacées à cause de l’expansion des cultures pour les agrocarburants.

         Une façon simple pour le Canada et les pays du G8 d’appuyer les petits agriculteurs dans les pays du Sud consiste à réduire, voire à éliminer, tout appui et toute subvention des gouvernements pour les agrocarburants.

    Développement et Paix

    Agissez contre la faim dans le monde 
    woeijfwoeijfEnvoyez une carte au premier ministre Harper qui recevra le G8 en juin.

    Texte biblique : Lévitique 25 ou l'année de la libération

    Vous laisserez s'écouler sept périodes de sept ans, soit quarante-neuf ans. Ensuite, le dixième jour du septième mois, le grand jour du pardon des péchés, vous ferez retentir dans tout le pays une sonnerie de trompette accompagnée d'une ovation. De cette manière vous manifesterez que la cinquantième année est consacrée à Dieu, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. Cette année portera le nom de Jubilé. À cette occasion, chacun d'entre vous pourra rentrer en possession de ses terres et regagner sa famille. C'est ainsi que vous célébrerez tous les cinquante ans l'année du Jubilé…

    Lors de l'année du « Jubilé », chacun de vous pourra rentrer en possession de ses terres. Si vous achetez ou vendez du terrain à un compatriote, ne lui causez pas du tort…

    Manifestez votre respect envers moi, le Seigneur votre Dieu, en ne causant aucun tort à votre compatriote. Mettez en pratique mes lois et prenez bien soin d'observer les règles qui viennent de moi ; alors vous habiterez en sécurité dans ce pays. La terre donnera des récoltes assez abondantes pour vous nourrir, et vous pourrez y vivre sans soucis.

    Une terre ne pourra jamais être vendue de manière définitive, car la terre m'appartient, à moi, le Seigneur, et vous serez comme des étrangers ou des hôtes résidant dans mon pays. C'est pourquoi, dans tout le pays que je vous donnerai, vous fixerez les règles permettant à quelqu'un de racheter une de ses terres.

    (Lire le chapitre)

    La terre est un don pour la vie des peuples, non pas une marchandise

    http://www.interbible.org/interBible/source/justice/2010/bjs_100219b.jpg

    Image © Courtoisie de Développement et Paix

         La terre est le thème central de la foi biblique; elle est promesse pour les sans-terres comme Abraham et ses gens, promesse pour les esclaves en Égypte qui mangent un pain d’amertume fournissant des efforts considérables pour faire vivre leurs maîtres. La terre est un don de Dieu et nous n’en sommes que des hôtes résidants. Le lien qui relie un paysan à sa terre ne devrait jamais être rompu définitivement; il doit pouvoir récupérer son lopin pour y vivre en paix avec sa famille.

         Moïse a donné à son peuple une législation d’une grande sagesse pour s’assurer que les paysans de son peuple ne soient pas dépouillés de la terre définitivement et qu’ils puissent voir leurs dettes pardonnées et leur terre récupérée.

         Développement et Paix nous rappelle en ce carême que la crise alimentaire actuelle touche un habitant de la planète sur six. Les politiques agricoles internationales ont favorisé durant des années le développement, dans les pays du Sud, d’une agriculture d’exportation aux dépens d’une agriculture vivrière pouvant assurer la souveraineté alimentaire des populations. Le résultat est que les pays qui vivaient d’agriculture doivent maintenant importer la majeure partie de leur nourriture achetée à grand frais sur les marchés mondiaux. Par exemple, la palme africaine occupe déjà plus de dix millions d’hectares en Indonésie, superficie développée en rasant les forêts dont la biodiversité est perdue à jamais, et cela pour produire du diésel pour les moteurs.

         La terre doit être cultivée pour la vie des peuples, non pas pour produire du carburant. La souveraineté alimentaire, qui privilégie l’agriculture communautaire à petite échelle et les produits cultivés pour les marchés locaux, est une approche élaborée par les petits exploitants agricoles des pays du Sud. Elle vise notamment à combler les besoins locaux d’une manière écologiquement viable et appuie les petits exploitants.

         Dans un monde qui produit assez de nourriture pour que chaque homme, chaque femme et chaque enfant puisse obtenir tous les jours une alimentation saine, 860 millions de personnes n’ont pas assez à manger pour mener une vie productive. Cent millions d’autres pourraient bientôt s’ajouter à ce nombre. C’est scandaleux!

         Il faut prioriser partout la production locale et la mise en avant d’une agriculture paysanne et familiale et donner à ceux et celles qui produisent les aliments l’usage et la gestion des terres, territoires, eaux, semences, bétail et biodiversité. Sur tous les continents surgissent des mouvements paysans qui revendiquent ces droits.

         Nous sommes ici au cœur même de la foi biblique. Dans le texte programmatique de Jésus en Matthieu, il se réfère à tous ceux et celles qui sont bafoués dans leur droit à la terre. L’auteur juif André Chouraqui traduit ainsi les béatitudes :

    « En marche, les humiliés du souffle! Oui, le royaume des ciels est à eux!
    En marche les endeuillés! Oui, ils seront réconfortés!
    En marche les humbles! Oui, ils HÉRITERONT LA TERRE!
    En marche les affamés et assoiffés de justice! Oui, ils seront rassasiés! » Mt 5,1-6

         C’est ainsi que Jésus proclame l’année de libération, le Jubilé, l’année de grâce. Les gens qui sont invités à se mettre en marche, ce sont les paysans pauvres, à bout de souffle, dépossédés de leurs terres en Galilée, que l’on retrouve dans les paraboles attendant qu’un maître avare les engage pour un travail de journalier en plein soleil, sans même valoriser leurs efforts. Et malheur à celui qui ose élever la voix pour dénoncer l’injustice!

         Quand, dans la synagogue de Nazareth, Jésus proclame l’année du jubilé en commentant le texte d’Isaïe « pour renvoyer libres les opprimés et proclamer une année de grâce par Yahvé » en ajoutant « aujourd’hui, cet écrit s’est accompli » (Lc 4,21), sa parole a le même effet que lorsqu’il entre en catastrophe dans le sanctuaire en culbutant les banquiers et les changeurs. Il annonce ses couleurs : « Il fait descendre les puissants des trônes, mais relève les humbles; il remplit de biens les affamés, et les riches, il les renvoie, vides. » (Lc 1,52) Il sera exécuté.

         Tout dans le message de Jésus est centré sur la libération de la paysannerie, sur le droit à la terre et à la nourriture. C’est la volonté de Dieu de donner la terre à ses pauvres qui en sont spoliés. D’ailleurs la prière que Jésus nous enseigne consiste à demander pour tous le pain de chaque jour, la remise des dettes prescrite par le Lévitique tous les sept ans et de nous délivrer du criminel. Nous avons préféré une traduction moins dérangeante et plus abstraite parlant de péchés et de mal. Écoutons Amos, un prophète paysan comme Jésus nous parler des criminels : « Écoutez donc ceci, vous qui piétinez le pauvre, vous faites chômer les humiliés de la terre. Vous diminuez la mesure, vous falsifiez les poids, vous faussez la balance. Vous vendez à vos clients jusqu'aux déchets de votre blé. Vous récupérez comme esclaves des malheureux pour un peu d'argent qu'ils n'ont pu rembourser, des pauvres pour une paire de sandales ».

         Disciples de Jésus, nous sommes aujourd’hui interpellés par ces paroles prophétiques très concrètes. Les problèmes dénoncés par Jésus, les rêves qu’il a rêvé avec les siens sont d’une actualité criante. À l’œuvre et vite, ça presse!

    http://www.interbible.org/interBible/images/collaborateurs/Claude_Lacaille.jpg

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    Sautez de joie!

    Des foules viennent à Jésus : Luc 6, 17.20-26
    Autres lectures : Jérémie 17, 5-8; Psaume 1; 1 Corinthiens 15, 12.16-20

     http://www.actuabd.com/IMG/jpg/ChrisTomSev02-2.jpg

          Quelles que soient nos conditions de vie, notre âge, notre santé, notre situation d’emploi, nos relations familiales ou amicales… nous avons des bons jours et des mauvais. Nous nous souhaitons d’ailleurs le « bonjour » lors de nos rencontres quotidiennes, en espérant que cela se réalise, ce qui n’est pas toujours le cas. Mais même lorsque nous profitons des belles journées, et que nous sommes joyeux, rares ou exceptionnelles sont les fois où nous « sautons de joie ». Ce n’est pas fête à tous les jours – dit-on! Les débordements de bonheur appartiennent aux jours de grandes nouvelles, de grandes réalisations ou de grandes surprises. Qui aurait l’idée saugrenue de sauter de joie quand ça va mal? Assurément, personne! Pourtant, c’est la recommandation de l’Évangile d’aujourd’hui.

    D’où vient ce mystérieux élan de bonheur?

         Le jour où nous sommes pauvres, où nous avons faim, où nous pleurons, où nous sommes repoussés, insultés, rejetés, voire même haïs… voilà le jour pour se réjouir et sauter de joie, selon Jésus. Le prophète de Nazareth aurait-il perdu la tête? Sans doute, les nombreux disciples qui étaient « sur la plaine » ce jour-là (contrairement à Matthieu, Luc ne place pas ce sermon « sur la montagne ») doivent s’être posés sincèrement la question. Comment sauter de joie quand ça va mal? Et surtout, pourquoi? D’où nous viendrait ce mystérieux élan de bonheur?

     

        En bon maître juif, Jésus répondrait sans hésiter : « De la foi en Dieu ». Le Seigneur est la véritable source de bonheur, d’un bonheur qui dure et qui tient bon malgré les mauvais jours. S’éclater de joie à propos d’heureux événements ou d’une bonne chance, quoi de plus normal, mais aussi quoi de plus mondain, voire quoi de plus païen? Si nous tirons notre bonheur des aléas de la vie, nous nous laissons emporter par la fatalité et nous laissons le hasard dicter notre part de bonheur dans la vie. Il y aurait les chanceux et les malchanceux en ce monde, tout comme les jours de chance et les jours de malchance. Nous devenons alors des pions sur une table de jeu, livrés au jeu de la concurrence et des forces en conflit.


         Est-ce que Jésus prêche alors l’indifférence ou le détachement de ce monde? D’aucuns pourraient aspirer au bonheur en le dissociant des succès et des ratés de la vie en ce monde. Par une sorte d’ascèse, on pourrait dévaluer la part de joie associée au bien-être, puis se tenir stoïquement en retrait de tout ce qui fait rire ou pleurer les humains…

     

        Non, Jésus ne minimise pas l’importance de la nourriture, de la santé, des vêtements, de la sécurité physique et de tout ce pourquoi les humains se débattent et travaillent d’arrache-pied à obtenir. Le bonheur que Jésus propose prend racine dans ce monde, même s’il vient effectivement d’ailleurs.

    Le bonheur des humains lui tient à cœur

         Jésus déclare que Dieu tient à cœur le bonheur des humains, particulièrement celui de ceux et celles qui sont les plus mal pris. Heureux, vous les pauvres : le Royaume de Dieu est à vous! Ceux qui n’ont rien hériteront de tout; ceux qui ont faim seront rassasiés; ceux qui pleurent riront à gorge déployée. Le renversement du sort des malheureux peut s’effectuer dès leur vivant ou bien attendre dans l’au-delà : la foi au Dieu des vivants enlève la frontière de la mort comme horizon limite à la réalisation du Règne de Dieu. Mais il ne s’agit pas de se moquer de la souffrance humaine sur terre en renvoyant le bonheur au ciel. Jésus annonce que le bonheur est possible dès ici-bas sur terre parce que Dieu nous aime depuis le ciel.


    Pauvres, affamés et malheureux peuvent commencer à se réjouir de ce qu’ils sont la priorité de Dieu, qui vient jusqu’à eux pour les accompagner à vivre leur situation de détresse présente. Même dans ton malheur, Dieu t’aime et il vient jusqu’à toi, pour t’aider à tenir et pour t’accompagner vers des jours meilleurs. Tiens bon et réjouis-toi!
    Mais il y a plus. La proclamation de cette bonne nouvelle change effectivement la réalité. Ceux et celles qui entendent Dieu se soucier du malheur d’autrui, peuvent-ils rester indifférents ou s’en laver les mains? S’ils reconnaissent en Dieu leur Roi, s’ils souhaitent ardemment la venue de son Règne, ne doivent-ils pas se faire les ministres de Dieu et porter secours aux malheureux? En orientant le Règne de Dieu vers le soutien de ceux et celles qui souffrent, les béatitudes ne sont pas seulement un réconfort adressé aux malheureux, mais un appel à la conversion de ceux et celles qui jouissent des biens de ce monde et un appel à tous à se réjouir de l’amour que Dieu a pour nous. Quand les béatitudes changent les cœurs et les situations de vie en ce monde, il y a en effet de quoi sauter de joie, même au cœur des difficultés!   

    Enracinés en Dieu

    Béni soit l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur, dont le Seigneur est l’espoir (Jérémie 17,7)

         Les béatitudes sont à juste titre la charte chrétienne, mais elles n’en sont pas moins trempées dans la spiritualité des prophètes juifs. À preuve, ce merveilleux passage du prophète Jérémie, qui loue quiconque met sa confiance dans le Seigneur, plutôt que dans un mortel. Mettre notre confiance dans le Seigneur nous oriente « vers le courant » des eaux qui peuvent vraiment nous désaltérer. Selon Jérémie, étendre nos bras, notre volonté, nos « racines » vers Dieu, cela nous permet non seulement de traverser les périodes de sécheresse, mais mieux encore, cela nous rend capables de porter du fruit par mauvais temps! N’est-ce pas justement la bonne nouvelle du Royaume que de renverser la tendance de ce monde à l’échec et de produire les tout premiers fruits du monde nouveau?  

    Un bonheur qui doit éclore au beau jour de Dieu    

    Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes (1 Corinthiens 15,19).

         L’apôtre Paul reconnaît que la bonne nouvelle chrétienne ne saurait se contenter d’un bonheur terrestre, somme toute éphémère. Après avoir porté du fruit sur cette terre, le Christ ne serait pas source de foi s’il ne s’était relevé d’entre les morts. Le bonheur qui doit commencer sur cette terre grâce à notre engagement généreux les uns envers les autres est un bonheur qui doit éclore au beau jour de Dieu.

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    Source: Le Feuillet biblique, no 2217. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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  • Saint Jean : auteur du quatrième évangile et de l'Apocalypse?

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    QuestionJe me demandais si le Jean de l’Apocalypse est la même personne que Jean de l’Évangile selon saint Jean. (Françoise, Guadalajara Mexique)

    RéponseNous ne savons pas exactement qui est l’auteur du quatrième évangile. Tout ce que nous savons, c’est qu’il se nomme lui-même le disciple Bien-Aimé et que ce disciple est le fondateur de la communauté johannique. Il a pourtant, d’après le vocabulaire de l’évangile, un certain nombre de caractéristiques :

    • Il est de Judée :
      • Contrairement aux synoptiques, il fait partir Jésus de Judée pour aller vers la Galilée (Jn 1,43; 4,47.54).
      • Jésus exerce son ministère, non pas en Galilée, mais en Judée et particulièrement à Jérusalem, sauf aux chapitres 6 (situé en Galilée) et 21 (troisième finale de l’évangile).
      • Son vocabulaire pour décrire la Judée est très précis. L’utilisation de ce vocabulaire technique aurait été impossible à un Galiléen.
    • Le disciple Bien-Aimé n’apparaît qu’à Jérusalem au chapitre 13. Serait-il un disciple que Jésus a connu à Jérusalem lors de son passage avant la passion?
    • Il n’est pas l’un des douze car le vocabulaire de cet évangile est raffiné alors que Jean, le Fils de Zébédée était peu instruit. C’était un pécheur. La communauté johannique est différente des communautés apostoliques qui se réclament des douze. Il n’y a pas de liste de douze dans cet évangile et nous découvrons au milieu du ministère galiléen que, parmi l’ensemble des disciples, il y a, entre autres, les douze (Jn 6, 67.70). Ce sont d’ailleurs les deux seules fois où ils sont mentionnés dans cet évangile. Luc, dans son livre des Actes, a essayé de simplifier les origines du christianisme en le réduisant aux douze, mais les origines du christianisme sont beaucoup plus complexes que cela. Le chapitre 21 montre que les communautés johanniques se relieront finalement aux communautés apostoliques et reconnaîtront le rôle pastoral de Pierre.

     

         On reconnaît habituellement plusieurs couches rédactionnelles au quatrième évangile. Le document le plus ancien aurait été écrit par le disciple Bien-Aimé avant les années 50, disciple qu’on a confondu avec Jean, l’apôtre. Viendrait ensuite Jean le Presbyte (l'ancien) qui écrivit aussi les épîtres, vers les années 60-65. Un autre remaniement eut lieu vers les années 90. Puis, au début du IIe siècle, un autre Jean élargie le cadre de l’évangile pour y inclure les gentils.

     

         Jusqu’au siècle dernier, on a cru que le disciple que Jésus aimait, au pied de la croix (Jn 19, 26) était le même que Jean, l’auteur de l’Apocalypse (Jn 1,4). Comme Boismard l’explique [1], cette méprise provient d’Irénée de Lyon qui, dans son livre Contre les hérésies affirme que Jean est demeuré auprès d’eux jusqu’aux temps de Trajan (empereur de Rome de 98 à 117 ap. J.C.). Tout le monde a donc, depuis ce temps, pensé que Jean, le fils de Zébédée, avait vécu très vieux, qu’il était mort longtemps après tous les autres apôtres. Mais nous savons maintenant qu’Irénée a confondu Jean l’apôtre avec Jean l’Ancien.

     

         Cependant, Boismard démontre, dans ce petit livre que  nous venons de citer, que Jean, l’apôtre, le fils de Zébédée serait probablement mort sous la lame d’Hérode Agrippa I, avec son frère, Jacques (Ac 12,2), mais que la tradition aurait omis de le dire car l’Église d’Éphèse voulait donner au quatrième évangile, une autorité apostolique. Effectivement, le problème était de taille! Comment une personne morte entre l’an 43 et 44 ap. J.C. aurait-elle pu écrire un évangile que l’on sait être plus tardif que les autres?

     

         Une liste impressionnante de témoins syriens, africains, prygiens, ou de Pères de l’Église comme Papias, Grégoire de Nysse et Jean Chrysostome l’affirment cependant et ils ne sont pas les seuls. Déjà au début du siècle dernier, Wellhausen faisait remarquer que la prophétie que Jésus adresse aux fils de Zébédée, en Mc 10,39, les concerne tous les deux pareillement.  Leurs martyrs, aussi officiellement annoncés, contrediraient l’existence d’une longue vieillesse en Asie de l’un d’entre eux.


         Jean et Jacques, apôtres à Jérusalem apparaissent dans la liste des martyrs d’un martyrologe syriaque datant de 411 ap. J.C. Dans la littérature patristique, Papias, évêque de Hiérapolis en Phrygie écrit que Jean le théologien et Jacques son frère furent mis à mort par les Juifs confirmant la réalité du martyre de Jean consignée dans les évangiles. Grégoire de Nysse dit que Jean, le fils de Zébédée a fini sa vie dans l’eau bouillante. Pour Jean Chrysostome, évêque d’Antioche de 386 à 397, Jean est mort de mort violente. Pour Aphraate, évêque d’Édesse en 344, Jacques et Jean marchèrent sur les traces de leur Seigneur Jésus. Pour Quodvuldeus, successeur de saint Augustin, Jean fait partie de ceux qui ont consacré l’Église dans leur sang.

     

         Si Jean, le fils de Zébédée n’a pas écrit l’Évangile de Jean, dû moins dans la forme finale, il est clair qu’il n’a pas non plus écrit l’Apocalypse.

         Alors, la question demeure : qui est donc l’auteur de l’Apocalypse? Contrairement au quatrième évangile, ce livre est l’auteur d’un seul homme qui a vécu à la fin du règne de Domitien (90-95 ap. J.C.) et qui a connu, avec ses frères, la persécution. Il écrit : Moi Jean, votre frère, coparticipant dans l’épreuve et le royaume et la constance en Jésus (Jn 1,9). Il s’appelle donc Jean (Ap 1, 1.4.9) et définit son rôle non pas en terme d’autorité, mais en terme de solidarité avec ceux qui souffrent dans sa communauté.

     

         C’est un prophète (Ap 10,7; 11,18; 22,6-9) qui aurait eu ses visions dans le pénitencier de l’île de Pathmos, dans la mer Égée, entre la Grèce et la Turquie, où il aurait été enfermé. Il va encourager sa communauté à persévérer concrètement dans l’épreuve. La solution aux problèmes qu’ils vivaient n’était pas une fuite dans l’au-delà, mais dans une prise de position dès l’ici-bas. Pas de récompense dans l’au-delà sans implication ici-bas. L’Apocalypse vise à lutter contre le danger de sortir de l’histoire parce que le Christ s’est précisément incarné dans l’histoire.

    [1] M.-É. Boismard, Le martyre de Jean l’apôtre, Paris, Gabalda, 1996, 86 p.

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    Yolande girard

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  • Temple

    Hébreu : hekal
    Grec : hieron

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    Reconstitution du Premier Temple.

    La plupart du temps, lorsqu’on parle de Temple dans la Bible, on se réfère à celui qui est à Jérusalem bâtit par Salomon en l’honneur de YHWH (1 R 6).

         Avant sa construction, l’Arche de l’alliance reposait dans la tente de la rencontre (Ex 26). L’idée de la construction d’un Temple semble avoir été controversée. La tradition retient que David voulait construire un Temple, mais que le Seigneur par l’intermédiaire du prophète Natan lui dit non :

    Ainsi par le Seigneur : Est-ce toi qui me bâtiras une Maison pour que je m’y installe? Car je ne me suis pas installé dans une maison depuis le jour où j’ai fait monter d’Égypte les fils d’Israël et jusqu’à ce jour : je cheminerais sous une tente et à l’abri d’une demeure. (2 S 7,6)

         C’est finalement Salomon, le fils de David qui construisit le Temple de Jérusalem. Ce Temple était considéré comme la demeure de Dieu sur terre. Plus tard, certains prophètes remettent en question le rapport au Temple.

    Jérémie reçut du Seigneur cette parole : Place-toi à l'entrée du temple et proclames-y le message que voici : « Vous tous, gens de Juda qui passez par cette entrée pour participer au culte, écoutez ce que dit le Seigneur. Voici donc ce que déclare le Seigneur de l'univers, le Dieu d'Israël : Conduisez-vous et agissez comme il convient ; alors je vous laisserai vivre dans ce pays. Ne croyez pas à ce slogan trompeur : « C'est ici le temple où demeure le Seigneur, le temple du Seigneur, oui, le temple du Seigneur ». Conduisez-vous et agissez plutôt comme il convient : rendez une vraie justice entre deux hommes en procès, renoncez à profiter de la faiblesse de l'émigré, de l'orphelin ou de la veuve, cessez de mettre à mort ici même des innocents, et de vous attacher, pour votre malheur, à des dieux étrangers. (Jr 7,1-6)

         Ce premier Temple fût détruit en 587 par les Babyloniens. En exil à Babylone, les Juifs espéraient rebâtir le Temple, mais apprit à vivre sans celui-ci. Par ailleurs, un autre groupe de juifs avait fuit en Égypte et on bâtit un autre temple à Éléphantine.

         Au retour de l’exil, un deuxième Temple est bâti à Jérusalem entre 537 et 515. Il est financé par Cyrus et Darius, rois perse. Ce Temple n’abritera pas l’Arche de l’alliance qui a disparu avec la destruction de Jérusalem par les babyloniens.

         Au premier siècle av. J.C., Hérode le Grand va rebâtir et agrandir le Temple qu’on nomme parfois 3e Temple. C’est celui que fréquentera Jésus. Il sera lui aussi détruit en 70 après J.C. par les Romains.

         Notons qu’il y avait aussi d’autres temples israélites en Palestine. Avant l’exil, il y avait plusieurs endroits comme Dan, Bersadbée, Lakish et Arad qui avaient des temples plus ou moins importants. En Samarie, il y avait un temple sur le mont Garizim. Ce temple était en concurrence avec celui de Jérusalem pendant la séparation des royaumes du nord et du sud.

         Dans les lettres de Paul, l’Église est le vrai Temple de Dieu et remplace le Temple de pierres puisque l’Esprit de Dieu repose en elle (1 Co 3,16). Pour l’évangile de Jean, c’est Jésus qui est le Temple de Dieu.

         Aujourd’hui, le Mur occidental est la seule partie du Temple qui reste encore présent à Jérusalem. Chaque jour, des centaines de pèlerins s’y retrouvent pour prier et y laisser leurs intentions de prière.

     

    http://www.interbible.org/interBible/images/collaborateurs/Sebastien_Doane.jpg

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org


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  • Jour2.gif2.gif Face à l'échec


    «...aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays» (Lc 4, 24).


    Abraham Lincoln fut défait sept fois à des élections avant d'être élu président des États-Unis. Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des plus grands présidents de l'histoire américaine.

      Vincent van Gogh a mené une vie très pauvre et n'a obtenu que 85 $ pour la vente de ses tableaux pendant qu'il vivait. Un siècle plus tard, longtemps après sa mort, une de ses peintures s'est vendue à 82,5 $ millions (Mark Link).


    LIEN: Comme Lincoln, van Gogh et plusieurs autres, Jésus aussi a été rejeté, non seulement par les gens de son village, mais aussi par les chefs religieux de son temps. Mais Jésus n'a pas laissé ce mouvement de rejet gouverner sa vie et l'empêcher de faire ce qu'il croyait être juste. Il a accompli la mission de son Père jusqu'au bout. Ses disciples sont appelés à la même liberté intérieure.

     


    Source: http://www.interbible.org/  
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  • Selon les Écritures

    Bible.jpg La volonté de connaître et de comprendre les textes bibliques n’est pas apparue à l’époque moderne; elle a toujours fait partie de la tradition biblique. Par exemple, le clergé israélite exilé à Babylone s’est engagé, après la chute de Jérusalem en 587 avant Jésus Christ, dans une relecture de l’histoire de l’alliance rendue nécessaire par la crise provoquée par la destruction du Temple et la disparition des institutions civiles et religieuses. Ils ont ainsi produit ce que nous appelons « l’histoire sacerdotale » qui débute majestueusement avec le récit de création de Genèse 1, 1-2, 4a.

         L’auteur du livre de la Sagesse, issu de la diaspora juive d’Alexandrie, s’est lui aussi livré à une relecture de la tradition religieuse d’Israël. Cet auteur de la fin du 1er siècle avant Jésus Christ se distingue par son intention de montrer que la foi israélite, fondée sur la Loi divine, n’est pas dénuée de sens philosophique et qu’elle peut entrer en dialogue avec la pensée philosophique grecque sans pour autant renier ses racines. Une partie du livre est consacrée à une relecture de l’histoire d’Israël : l’auteur s’applique à montrer que  la Sagesse divine, personnifiée, y est à l’œuvre.

    L’intelligence des Écritures

         Arrêtons-nous toutefois à une autre entreprise de relecture de l’histoire du salut, réalisée cette fois par la première génération chrétienne. Ici aussi, on peut parler d’une entreprise provoquée par une crise, celle de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus. Le récit des disciples d’Emmaüs en est sans doute l’exemple le plus éclairant (Luc 24, 13-35). Après avoir écouté Cléophas et son compagnon raconter les événements de la passion et de la mort de Jésus, et surtout leur déception devant la fin brutale des espoirs de libération politique qu’ils avaient placés en lui, le marcheur inconnu (que Luc nous avait révélé être Jésus lui-même), entreprend de relire toute l’histoire de l’alliance en fonction de lui : « Ô cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu'ont annoncé les Prophètes! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire?» Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait (Luc 24, 25-27).

         Jésus répétera la même « leçon d’histoire » avec les apôtres après le retour à Jérusalem de ces deux disciples : « Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous: il faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures, et il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d'entre les morts le troisième jour, et qu'en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (Luc 24, 44-47). Le livre des Actes des Apôtres témoigne de ce même travail d’interprétation des Écritures, réalisé cette fois par les apôtres. Leur but était de comprendre le dessein salvifique de Dieu révélé à travers l’histoire de son peuple et de confesser leur foi en Jésus, Christ et Seigneur, que Dieu, en le ressuscitant des morts, a désigné comme le Saint, le Juste, le Vivant. Cet extrait du discours de Pierre où il proclame la mort et la résurrection de Jésus Christ offre un bel exemple de ce travail d’interprétation du projet de Dieu : Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, alors qu'il était décidé à le relâcher. Mais vous, vous avez chargé le Saint et le juste; vous avez réclamé la grâce d'un assassin, tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l'a ressuscité des morts: nous en sommes témoins.Actes 3, 13-15) (

         Par ce travail de relecture des Écritures, les premiers chrétiens ont pu situer l’œuvre et le message de Jésus dans un espace historique plus vaste que le segment espace-temps où il avait vécu. Ils ont également reconnu que l’histoire du salut avait atteint son plein accomplissement par le don que Jésus avait fait de sa vie dans une obéissance fidèle et créatrice à l’amour du Père pour l’humanité. Les Écritures apparaissent alors comme le chemin qui conduit à l’ensemble de la personne de Jésus.

     

      Yves Guillemette ptre
    source www.interbible.org
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