• 2012, calendrier maya et autres apocalypses


    À certaines périodes historiques, il est possible d’observer une recrudescence des « prophéties » annonçant une imminente fin des temps.  Le film états-unien 2012 l’illustre à merveille.  S’il convient de reconnaître que nous sommes la première génération à pouvoir exercer l’autodestruction par des armes nucléaires, biologiques ou la crise socioécologique, existe-t-il néanmoins une réelle « révélation » maya, biblique ou autre, décrivant le déroulement du futur?  Ne convient-il pas de situer ces prophéties dans leur contexte social et théologique? 

         À la différence de la perception courante, le mot prophète (en hébreu nabî, signifie littéralement « quelqu'un qui annonce » d'où le grec prophetes « quelqu'un qui parle au nom de ». Le terme le plus proche en français est héraut. Les prophètes ne sont donc pas concernés par le futur mais par le présent. Le terme nabî n’est jamais employé pour désigner une personne dévoilant l'avenir. Lorsqu'ils/elles se réfèrent au futur, c'est pour mettre uniquement en relief  leur espérance pour le moment présent. Par exemple, l'oracle d'Isaïe 7,14, n'annonce pas la naissance de Jésus mais tout simplement celle d'un fils ; signe du soutien divin au roi Achaz. Une relecture chrétienne y a perçu une figure messianique. Il en va de même pour le livre de l’Apocalypse. Son auteur cherche avant tout à réconforter des communautés chrétiennes persécutées par l’Empire romain.

         Si l’Apocalypse est associée spontanément à une « prophétie de l’avenir », elle « clôt » une « prophétie du passé », selon l’expression d’André Beauchamp [1], constituée des premiers récits de la Genèse. Les textes apocalyptiques et ceux de la Genèse représentent des images traduisant la conviction que la divinité donne le sens ultime de l’histoire. Les livres de l’Apocalypse et de la Genèse sont avant tout des métaphores et non des faits éprouvés.

         Autrement dit,  la « venue finale » du Christ, dépeinte dans l’Apocalypse, s’avère tout aussi symboliquement vraie, mais non factuelle, que la création vétérotestamentaire de la première femme et du premier homme. Concrètement, cela implique que si l’humanité procède au suicide collectif, la Terre et l’univers poursuivront leur destin respectif sans les êtres humains. Il ne demeurera de nous que des vestiges matériels ou immatériels, mais il n’y aura plus personne pour les interpréter.

         À l’heure des défis inédits, ne convient-il pas de renouer avec l’essence du message évangélique : oeuvrer contre les forces de mort, qu'elles soient économiques, politiques ou sociales afin de construire ensemble le projet, toujours inachevé, d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle (Ap 21,1)?

    [1] André Beauchamp, L’église et l’environnement, Montréal, Fides, 2009.

     

     

     

     

     

    Source : www.interbible.org

     


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  • Nous le pouvons!

    La demande de Jacques et de Jean: Marc 10, 35-45 
    Autres lectures : Isaïe 53, 10-11 ; Psaume 32(33) ; Hébreux 4, 14-16

     

    «Comment puis-je vous aider?» La question est connue, car nous l’entendons souvent : à chaque fois que nous arrivons dans un magasin, dans un bureau, à l’accueil ou aux renseignements. Les commis ou préposés, à leur poste de travail, veulent nous rendre service, faciliter nos démarches. C’est leur gagne-pain et certains s’acquittent de cette tâche avec brio, avec sollicitude. Ils méritent amplement leur modeste rémunération. Pourquoi nous montrer avares de compliments à leur égard? C’est fou ce qu’un sourire authentique et de l’amabilité peuvent changer une journée morose en une «bonne journée».

    Le cœur sur la main

         «Laisse-moi t’aider.» Entre parents et amis, la phrase s’entend souvent, aussi. Elle témoigne de l’affection toute spéciale que nous avons pour nos êtres chers. Leur bonheur nous tient à cœur et si nous pouvons y contribuer, cela nous réjouit. Pourtant, nous essuyons parfois des refus à notre générosité spontanée. Se laisser aider par un proche, ce n’est pas toujours facile. C’est s’exposer à une critique, aussi constructive soit-elle. En effet, la familiarité donne cours à des commentaires pas toujours bienvenus sur nos diverses façons de faire les choses. L’aide apportée se surcharge de conseils qui alourdissent les relations.

         «Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous?» La question nous est adressée par un parfait étranger qui nous voit en mauvaise posture, par la suite d’un accident ou parce que visiblement nous avons besoin d’assistance. Civilité et amabilité sont purement gratuites dans ce cas. Notre «bon samaritain» ne s’attend à aucune récompense et son offre vient ouvrir notre cœur. Dans la société de robots dans laquelle nous vivons, l’humanité est encore possible! Merci, mille fois merci, pour le coup de main et pour le coup d’œil sur la nature des personnes, qui ravive notre espérance!

    Une ambition démesurée

         Jésus Christ présente une disponibilité semblable envers ses disciples, lorsqu’il leur pose la question : Que voudriez-vous que je fasse pour vous? Jacques et Jean, les frères fils de Zébédée, pêcheur galiléen, voudraient siéger aux côtés du Christ glorieux, ni plus ni moins. Encouragés par leur proximité avec le maître et par l’humble disponibilité de ce dernier, ils dévoilent l’ambition qu’ils chérissent par-dessus tout. Ils aimeraient participer au triomphe de leur «idole». Pourquoi pas? Après tout, ils ont renoncé à tant de choses pour le suivre… Seulement, Jésus ne veut pas être pris pour une idole. Lorsque Jean et Jacques s’envolent en pensée vers les cieux, Jésus les ramène droit sur terre. Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé? leur dit-il. Impossible de dissocier la gloire céleste du sacrifice terrestre. La coupe et le baptême renvoient à l’offrande que Jésus va faire de sa vie sur la croix. Jésus va boire à la coupe amère de la mort et il recevra le baptême du sang au Calvaire. Sa gloire céleste n’a ni plus ni moins que le poids de son témoignage terrestre. Les disciples naïfs que sont les fils de Zébédée peuvent-ils porter le poids de leurs ambitions?

    La gloire et la croix

         Nous le pouvons!, répondent-ils avec conviction. Devant leur enthousiasme, Jésus approfondit davantage son enseignement. Même en témoignant de leur vie, même en versant leur propre sang, les disciples ne peuvent pas «acheter» leur place aux côtés du Christ glorieux. Leur ambition invalide tout simplement leur témoignage. On ne boit pas à la coupe de la Cène et on ne reçoit pas le baptême du sang pour mieux briller aux côtés du Seigneur… Si on consent à livrer sa vie, c’est parce que l’on ne pourrait pas être en paix avec sa conscience et jouir de la vie sans souci. La souffrance et la mort ne sont pas une monnaie d’échange pour la gloire céleste. Souffrir et mourir n’est pas à rechercher comme si c’était le but de la vie. Jésus ne veut pas de religion masochiste! Le martyre est un événement malheureux, qu’il serait inapproprié de rechercher, car cela traduirait alors une soif de pouvoir que le Christ condamne. Le véritable témoin dépose sa vie lorsqu’il y est contraint par la situation où il se trouve, afin de ne pas renier sa foi, ses convictions profondes ou sa relation à Dieu. Le véritable témoin vit son sacrifice comme une épreuve douloureuse à laquelle il choisit de ne pas se dérober, pour ne pas trahir ses engagements, pour ne pas fausser le sens de sa vie. Le véritable martyr offre sa vie pour ne pas la pervertir et pour ne pas la perdre, finalement! S’il pouvait rester fidèle sans mourir, il le ferait! Ce n’est qu’acculé au dilemme d’être lui-même ou de se laisser corrompre, que le martyr consent à livrer sa vie.

    Servir à la suite de Jésus

         Les grands font sentir leur pouvoir, nous dit Jésus. Ils ne veulent pas toujours notre peau. Parfois, ils veulent juste infléchir un peu notre conscience, la plier à leurs intérêts, obtenir de nous des compromis, ou notre silence complice. Être témoin, c’est accepter de sacrifier ce qui est en jeu : un bénéfice, une position avantageuse, un emploi lucratif, une promotion ou un honneur… qui seraient au prix de notre intégrité morale et de nos valeurs profondes. En discernant ce qui est juste et vrai, en consentant au sacrifice en cause, nous pouvons tous devenir des témoins du Fils de l’homme crucifié, qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. Voilà ce que nous pouvons faire, pour Dieu, pour le Christ, pour nos semblables et pour nous-mêmes, si nous voulons servir à la suite de Jésus.

    Jésus, le Serviteur souffrant

    Le serviteur a plu au Seigneur (Isaïe 53,10)
               
         Les premiers chrétiens ont eu tout un défi à relever, en essayant de comprendre le mystérieux dessein de Dieu, qui laissait son Fils mourir sur une croix. Le beau chant d’Isaïe sur le Serviteur témoin leur a permis d’approfondir la mort de Jésus comme une offrande d’amour, de vérité et de fidélité, agréé par le Père et transformée par lui en source de salut.

    Jésus, le médiateur                         

    Avançons-nous donc avec pleine assurance (Hébreux 4,16)

         Même lorsque nous ne réussissons à être fidèles, l’auteur de l’Épître aux Hébreuxnous encourage à nous avancer vers Dieu avec la pleine assurance d’obtenir miséricorde, puisque le Christ, par le don de sa vie, a percé le voile qui nous séparait des cieux.

     

     

    Source www.interbible.org

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  • Le titre (La science visite la foi...) est de votre serviteur.


    « S’ils ont poussé la science à un degré tel qu’ils sont capables d’avoir une idée sur le cours éternel des choses, comment n’ont-ils pas découvert plus vite Celui qui en est le Maître? » Sagesse 13,9


    Il y a déjà plus de deux mille ans, l’auteur du livre de la Sagesse s’émerveillait de la science de son temps et s’étonnait de l’incapacité des savants à reconnaître le Seigneur de l’univers. Les progrès scientifiques d’aujourd’hui n’ont guère amélioré ce difficile rapport entre science et foi.


    Le haut-savoir conduit-il à l’incroyance? Pas nécessairement! L’expérience religieuse est d’un autre ordre que celui des expériences scientifiques. Mais alors que l’expérience religieuse requiert une bonne dose de confiance, d’ouverture, d’introspection et d’abandon, l’expérience scientifique exige rigueur, calcul, contrôle, méfiance envers les opinons acquises, etc. À chaque objectif correspond le moyen approprié. Et tout le monde n’a pas la même souplesse pour passer d’un registre à l’autre. Heureux les scientifiques en quête de Dieu! Heureux les croyants qui cherchent à comprendre, en quête de science comme le sage!


    Rodolfo Felices Luna
    Bibliste, Université de Sherbrooke

    Source www.interbible.org


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  • La plus vieille église


    Des archéologues jordaniens affirment avoir découvert la plus ancienne église chrétienne au monde.  Elle aurait été construite entre 33 et 70 de notre ère. Elle est située à Rihab, à 50 km d’Amman, la capitale de la Jordanie. Les vestiges de cette église primitive ont été trouvés dans une grotte sous l’église Saint-Georges construite vers 230. Selon les mosaïques, elle aurait été construite en l’honneur des « 70 divins bien-aimés de Dieu ». Il pourrait s’agir des 70 disciples dont parlent les évangiles (Luc 10,1). Ils auraient fui la persécution des chrétiens à Jérusalem, et seraient venus dans le nord de la Jordanie. Ces chrétiens auraient quitté leur clandestinité lorsque la religion chrétienne fut acceptée par les dirigeants romains.

        

    Gérard Blais
    directeur du Centre biblique Har'el
    Saint-Augustin, QC

    Source www.interbible.org


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  • Quels changements le concile Vatican II a-t-il instauré, concernant la Bible et la liturgie?

       

    Vatican II a été l’occasion d’une prise de conscience de la pauvreté du nombre et du choix des textes qui étaient proclamés durant la liturgie à cette époque. Les Pères du concile ont souhaité « redonner la Parole » aux catholiques, leur permettre d’en être nourris davantage, selon l’idée que la foi vient de l’écoute de la Parole, comme le rappelle la lettre aux Romains (10,17).

         

    Le lectionnaire qu’on emploie à la messe contient une sélection de textes bibliques, et non toute la Bible. Le lectionnaire utilisé jusqu’au concile Vatican II datait du concile de Trente, au XVIe siècle. Il était organisé sur une seule année et comprenait deux textes par dimanche, pour un total de 120 lectures qui revenaient tous les ans. La première lecture ne provenait jamais de l’Ancien Testament, sauf parfois durant la Semaine sainte, avant Pâques. Elle était plutôt tirée des lettres du Nouveau Testament ou de l’Apocalypse. La deuxième lecture était extraite des évangiles.

         

    Vatican II souhaitait que la Bible serve le plus possible tout au long des liturgies. Pour constituer le nouveau lectionnaire issu du concile, on a consulté les lectionnaires d’avant le concile de Trente. Il est organisé sur une période de trois ans, chacun correspondant aux évangiles de Matthieu, Marc et Luc, appelés « synoptiques » parce que semblables en structure et en contenu. Matthieu est lu pendant l’année A, Marc l’année B, et Luc l’année C. L’évangile de Jean est utilisé durant le temps pascal, le Carême, et l’année B, particulièrement pendant l’été pour pallier la brièveté de Marc. En fin de compte, tous les évangiles sont là.

         

    Nous sommes aussi passés de deux à trois lectures, ce qui a permis d’inclure beaucoup de textes de l’Ancien Testament, en guise de première lecture. Ils ont été choisis en relation avec l’Évangile du jour, et selon les anciens lectionnaires. La deuxième lecture provient des autres écrits du Nouveau Testament et permet une lecture semi-continue. La préparation du nouveau lectionnaire a duré une dizaine d’années.

     

    Jean-Yves Garneau, SSS
    directeur de la revue Prêtre et Pasteur

     

    Source: www.interbible.org

                           


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  • Comment se comportent des chrétiens de confessions différentes face à la Bible ?

    Mon engagement au sein de la Société biblique canadienne* comme membre du Bureau des gouverneurs me permet de côtoyer des délégués d’une grande variété de confessions chrétiennes, de partout au Canada. Ils ont en commun de considérer la Bible comme centrale dans leur vie et leur foi, mais les attitudes et les émotions varient d’un groupe à l’autre.

        

    J’ai connu un évêque anglican qui avait le don fantastique de prier avec la Bible en lien avec les événements de notre vie. Il faisait des rapprochements éclairants entre la Bible et la vie de foi. Il m’a appris que la Bible change la vie.

        

    Je pense aussi à un pentecôtiste, qui représente une culture fonceuse et dynamique. Les pentecôtistes développent la pastorale biblique en explorant des créneaux inattendus.

        

    Les gens de confession baptiste sont des enthousiastes : lorsqu’ils ouvrent la Bible, c’est clair pour eux qu’ils peuvent y rencontrer Dieu. C’est fascinant de voir cette certitude d’un rapport à Dieu sans complexité.

        

    Il y a aussi un journaliste appartenant à une petite église de mouvance évangélique. Il fait des liens avec plein de nouveaux projets de communication, créatifs et actuels. J’admire l’immense respect qu’il manifeste pour le nom de Jésus. Il termine toujours ses lectures bibliques et ses prières par une phrase telle que « en l’honneur du nom très précieux de Jésus ». C’est un choc culturel, à côté des sacres et blasphèmes qui polluent même le langage des médias au Québec!

        

    Lorsque je regarde la tradition catholique, j’ai l’impression que la Bible est noyée ou perdue dans l’immense diversité des familles et des options spirituelles dans lesquelles nous pouvons choisir de nous insérer. Je pense que nous perdons souvent de vue la Bible au milieu de cette diversité, alors qu’elle devrait toutes les fédérer. Du côté des autres confessions chrétiennes, les variétés spirituelles au sein d’une même Église sont parfois moins perceptibles, et la Bible est alors beaucoup plus centrale et visible dans leurs interventions. Ils font vraiment la promotion de la Bible, dans le sens d’un marketing intelligent.

        

    Comme catholiques, nous avons besoin de redécouvrir la place de la Bible dans notre tradition et nos rites. La réforme liturgique de Vatican II a mis en évidence la place centrale de la Bible dans nos célébrations. Nous lisons la Bible à la Table de la Parole (l’ambon), qui devrait être, physiquement parlant, le pendant de la Table du Pain consacré (l’autel). Mais allez voir dans nos églises… le lieu de la Parole est encore trop souvent un petit lutrin banal.


    * La Société biblique canadienne (SBC) est multiconfessionnelle et au service de toutes les Églises chrétiennes qui le désirent. Elle est membre de l’Alliance biblique universelle, qui rassemble toutes les sociétés bibliques dans le monde ayant pour but de traduire et de diffuser la Bible. À la SBC, un volet s’ajoute : celui d’encourager l’usage de la Bible.







    Source : Haute Fidélité, « Comme un livre ouvert », Volume 127, numéro 1, 2009, p. 36.

     

    source: www.interbible.org


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  • « Effata »

     

    « Les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : ' Effata! ' c'est-à-dire : ' Ouvre-toi '.» (Marc 7, 34)Je me souviendrai toujours de cet été-là au camp de vacances. Comme j'étais parmi les plus vieux, on m'avait confié la responsabilité de quelques moniteurs. Et lorsque ceux-ci se présentèrent au camp quelques jours avant les enfants, mon attention fut attirée par une jeune fille qui m'apparaissait crispée et fermée sur elle-même. Je me suis dit : « C'est sûrement la gêne du début ». Et de fait, au bout de quelques jours, cette jeune monitrice semblait très heureuse avec les enfants. Cependant, elle gardait ses distances avec les autres ...    

     

    Vers le milieu de l'été, alors que je parcourais le camp avant d'aller dormir le soir, en passant près de l'ancienne chapelle, j'entends des pleurs. J'avance lentement en me demandant qui j'allais trouver là. C'était justement ma jeune monitrice. Je lui parlai doucement cherchant à savoir ce qui n'allait pas. Elle ne répondit pas. Je ne savais trop que faire. Je lui demandai si elle préférait que je la laisse seule : elle me fit signe que non. Et finalement, au bout d'un bon moment, elle décida d'aller dormir.   

     

    Quelques jours plus tard, alors qu'elle se trouvait en excursion avec ses campeuses, j'allai les visiter. Et alors, elle commença à me parler de ce qui n'allait pas. Et petit à petit, jusqu'à la fin de l'été, elle me raconta un peu de sa vie ... avec ses nombreuses blessures. J'avais l'impression que cette jeune fille ouvrait son cœur pour une des premières fois de sa vie ...   

     

     J'ai gardé contact avec elle. Je suis même allé la visiter à l'hôpital l'été suivant alors qu'elle se faisait traiter pour sa terrible maladie. Et aujourd'hui, elle se prépare à fonder une famille avec un garçon qu'elle aime et avec qui elle réussit à ouvrir son cœur.

     

    LIEN : La plupart d'entre nous avons vécu de ces situations où nous passons d'un « engagement passager » à une « adhésion résolue » avec une personne. Nous avons la joie de constater que par notre présence et notre écoute, cette personne a pu s'ouvrir en nous faisant confiance. Nous sommes alors animés de l'Esprit de Jésus et nous « faisons des miracles ». La foi nous permet de reconnaître la Présence de l'Esprit Saint dans de telles rencontres.

     

    Source : www.interbible.org

     

     


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  • On cite la Bible plus souvent qu’on ne le pense

    La langue française comporte beaucoup d’expressions ayant leur origine
    dans la Bible. On en entend et on en utilise à peu près chaque jour.
    En voici quelques-unes avec des liens hypertextes permettant de les relire
    dans leur contexte biblique*.

    * La traduction de la
     Bible en français courant à laquelle renvoit les liens
    hypertextes ne maintient pas toujours la forme du texte biblique.
    N'hésitez-pas à consulter aussi d'autres traductions.

     

    Samson enlève les portes de Gaza (Jg 16,1-3)
    (gravure : Gustave Doré)

     

      Certaines expressions à connotation biblique sont très connues : être fort comme Samson, dont la force était une énigme (Jg 16,4-21), agir en bon Samaritain, comme celui de la célèbre parabole (Lc 10,30-37), prendre une année sabbatique, en référence au jour de repos obligatoire (Ex 20,9-10) ou faire des jérémiades, du nom du prophète à qui on a longtemps attribué le livre des Lamentations (Lm 1,1ss).

         Beaucoup d’expressions sont évidemment tirées des évangiles, comme s’en laver les mains, en référence à Pilate qui se dissocie de la condamnation de Jésus (Mt 27,24), ou encore pleurer comme une Madeleine, dont le lien avec le personnage n’est pas évident (Lc 7,37-47). Plusieurs sont même tirées de propos attribués à Jésus : beaucoup d’appelés, peu d’élus (Mt 22,14), rendre à César ce qui appartient à César (Mc 12,14-17), jeter la première pierre (Jn 8,7), crier sur les toits (Mt 10,27), ne pas jeter des perles aux cochons (Mt 7,6), la paille et la poutre (Mt 7,3).

         Mais l’origine biblique de beaucoup d’expressions n’est pas toujours connue : qui sème le vent, récolte la tempête (Os 8,7), chaque chose en son temps (Qo 3,1.17), séparer le bon grain de l’ivraie (Mt 13,24-30). Il faut dire que toutes n’ont pas une sonorité biblique : une arme à double tranchant (Pr 5,4), le nombril du monde (Jg 9,37; Ez 38,12),se mordre les lèvres (Pr 16,30), n’avoir que la peau sur les os (Ps 102,4-6), être blanc comme neige (Ps 51,9 et ailleurs).

         Plusieurs expressions sont des citations directes, elles viennent tout droit de la Bible : rien de nouveau sous le soleil (Qo 1,9), deux poids deux mesures (Pr 20,10), pour une bouchée de pain (Pr 28,21). D’autres ne se retrouvent pas telles quelles dans la Bible mais sont plutôt inspirées de passages ou de thèmes bibliques : un paradis terrestre (Gn 2,8), un colosse aux pieds d’argile (Dn 2,31-45), discuter sur le sexe des anges (Mc 12,25), apporter sur un plat d’argent (Mt 14,6-12).

         Adam et Ève, les premiers humains, sont l’objet d’expressions bien connues : être encostume d’Adam, ne connaître ni d’Ève ni d’Adam, ou encore, la fameuse pomme d’Adam. Mais d’autres personnages bibliques ont su inspirer des expressions : vieux comme Mathusalem, le grand-père de Noé mort à 969 ans, dernier personnage biblique à vivre aussi longtemps (Gn 5,27); pauvre comme Job, dont le livre biblique du même nom raconte comment Dieu a éprouvé cet homme intègre; le baiser de Judas, ce geste d’amitié qui cache la trahison (Mc 14,44-46).

         D’autres expressions de la langue française sont issues de la Bible par le biais de la Vulgate, la Bible traduite en latin. Ainsi avoir la tête dure est la traduction latine d’une expression hébraïque qui se traduit littéralement par « avoir la nuque raide » et qui désigne, dans la Bible, celui qui refuse de baisser la tête, c’est-à-dire, de se soumettre. Ainsi, les Israélites qui refusent de mettre leur confiance en Yahvé sont qualifiés par Moïse de « peuple à la nuque raide » (Ex 32,9 et ailleurs).

         Il y aussi des expressions qui sont utilisées dans un sens bien différent de celui qu’il a dans la Bible. Qu’on pense au terme capharnaüm, qui signifie aujourd’hui « endroit en désordre »; on voit difficilement le lien avec la ville mentionnée dans les évangiles et où Jésus a résidé (Mt 4,13-15); peut-être l’expression a-t-elle pris ce sens par rapprochement avec un terme semblable en ancien français (« cafourniau » : « débarras obscur »). Quant au mot holocauste, qui désigne dans la Bible le sacrifice d’un animal brulé en entier sur l’autel en offrande à Dieu (voir Ex 29,18 et ailleurs), son utilisation aujourd’hui pour désigner le massacre de millions de Juifs par les nazis crée un contresens épouvantable. D’ailleurs les Juifs eux-mêmes préfèrent utiliser le terme hébreu « shoah », qui signifie littéralement « catastrophe ».

         Notre vocabulaire aussi comporte des mots qui trouvent leur origine dans la Bible. Le terme sémite, par exemple, tiré du nom d’un personnage biblique, Sem, un des trois fils de Noé, et qui désigne les populations issus du groupe ethno-linguistique dont font parti les Juifs et les Arabes (Gn 10,21-32). L’expression tohu bohu vient aussi de la Bible; on la retrouve même telle quelle en hébreu dans le texte de la Bible, bien qu’elle soit souvent traduite en français par « informe et vide » (Gn 1,2).

         Que notre langue emprunte à la Bible n’est pas si surprenant. La Bible, par le biais du christianisme, a influencé différences facettes de la société occidentale, y compris notre façon de parler.

    Chronique publiée en collaboration avec la Société catholique de la Bible (SOCABI).

    Source www.interbible.org

     

     


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  • L'arbre de la Genèse et la sexualité

     

    Le jardin d'Éden
    Michelange, fresque de la chapelle Sixtine (Vatican)

    Q J'aimerais connaître la signification de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Certains disent que c'est le rapport sexuel. Est-ce vrai ? (Kouame)

    R Si l’on veut comprendre la signification de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal », il faut retrouver le texte du livre de la Genèse qui en parle (Gn 2,16-3,8). Il fait partie des grands récits de la Genèse qui racontent – sous la forme de récits mythiques – les origines du monde et de l’homme. C’est un genre littéraire particulier, que l’on retrouve dans d’autres cultures de l’époque (VIe siècle av. J-C), qui offrent au lecteur des réponses aux grandes questions existentielles qui se posent depuis toujours à l’humanité, sous toutes les latitudes : D’où venons-nous? Qui est-ce qui est l’origine du monde qui nous entoure? D’où vient le mal, la difficulté à se comprendre, la violence qui se déchaîne si souvent entre les humains? Pourquoi la relation homme/femme est-elle, certains jours, si difficile à vivre?

         Les grands récits scientifiques d’aujourd’hui ont repris pour une grande part de ces questions et nous fournissent des explications passionnantes sur l’origine du monde et les lents processus qui sont à l’origine de la vie et de la diversité des espèces. Personnellement je fais confiance au scientifique lorsqu’il décrit la lente hominisation de l’homme, mais je reste frappé par son refus d’y voir un sens autre que celui du Hasard et la Nécessité. Quand je lis la Bible, je découvre, au travers des grands récits des origines, une réponse qui éclaire le sens de ma présence au monde, une réponse qui garde une étonnante actualité, pour autant que je les lise avec les instruments que nous possédons aujourd’hui pour décrypter le message que nous adressent ces récits. Celui qui désire approfondir la question, d’un point de vue psychanalytique, peut lire le très beau livre de Marie Balmary : La divine Origine, éditions Grasset 1993. Le regard de cette psychanalyste sur ces vieux récits en montre bien l’étonnante actualité.

         Ceci dit, nous pouvons reprendre la question posée au départ et tenter d’y apporter une réponse la plus claire possible, en procédant par étapes.

    Lorsqu’il crée l’être humain (homme et femme), Dieu le place devant un interdit

         On trouve ce récit au chapitre 2 de la Genèse, dans le deuxième récit de la création. Après avoir façonné l’humain avec la glaise du sol, Dieu met en lui une haleine de vie. Puis, il le place dans « le jardin d’Éden » où il trouvera tout ce qui lui est nécessaire pour vivre. Mais Dieu ajoute une condition à ce bonheur : le respect d’un interdit.

    Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort. (Gn 2,16-17)

         Dans la suite immédiate de ce verset donné, notons-le bien, à « l’adam » - qui signifie le glaiseux mâle et femelle - vient un acte nouveau qui crée une situation nouvelle. Lisons la suite du récit :

    Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria : « Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair! Celle-ci sera appelée "femme", car elle fut tirée de l'homme, celle-ci! » (Gn 2,21-23)

         Ce texte met en place divers éléments qui me semblent essentiels dans toute existence humaine. Il ne suffit pas d’être « homme mâle ou femelle », ce qui est le propre de l’existence animale. L’être humain doit naître à son identité propre dans la reconnaissance de son vis-à-vis différent et pourtant semblable. On le découvre dans la première parole humaine. C’est un cri de reconnaissance : « Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair! Celle-ci sera appelée "femme", car elle fut tirée de l'homme, celle-ci! » Le  même et le différent sont au cœur d’un processus de reconnaissance mutuelle. N’est-ce pas, décrit avec un langage très imagé, ce que nous trouvons dans le processus de toute relation amoureuse? C’est bien cette direction qu’indique le verset suivant : « C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » (Gn 2,24)

         L’amour n’est pas décrit ici comme un simple processus physiologique, mais bien comme un processus relationnel. De la reconnaissance mutuelle naît une sorte de nouvelle entité, le couple humain dans lequel l’un et l’autre se découvrent à la fois semblables et différents. Ils sont bien deux êtres de relation mais sont appelés – comme une exigence fondamentale de tout amour humain – à ne former qu’une seule chair.

         La question du début rebondit à ce niveau : que vient faire l’interdit donné à l’humain? Pourquoi ne doit-il pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal sous peine de mort? C’est à ce niveau que l’écoute psychanalytique est intéressante. Marie Balmary ne parle pas d’interdit, mais d’« inter-dit » en deux mots. L’inter-dit de manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, sous peine de mort, n’est rien d’autre que l’expression imagée d’une loi humaine fondamentale, la loi de relation. L’inter-dit est l’espace nécessaire à la naissance de la parole, ce qui se dit entre deux humains qui vivent une relation de liberté. Pour que soit possible la parole entre eux deux, l’un et l’autre doit respecter l’inter-dit ou l’espace qui rend possible la vie et la liberté de chacun. Manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ou refuser la loi de relation, c’est créer une relation fusionnelle ou favoriser la main mise de l’un sur l’autre. Dans la réalité de la vie du couple humain, c’est le mettre en grave danger de mort. Pour subsister dans la durée, ce dernier doit respecter la loi de relation : ni fusion, ni soumission de l’un à l’autre ou vice-versa. C’est ce que la suite du récit de la Genèse nous suggère toujours de manière aussi imagée.


    Source: www.Interbible.org  


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  • RESSOURCEMENT SPIRITUEL

     

    La vie de Jésus, le Christ
     

     Exposé – Synthèse
     

     « Jésus est un homme ... mais il est Dieu »
     


     
    Arrivé dans la région de Césaré de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question: « du dire des gens, qui est le Fils de  l'homme? »

    Ils dirent: « Pour les uns, il est Jean Baptiste; pour d'autres encore, Jérémie ou quelqu'un des prophètes. »

    « Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je? » Mt 16, 13-15

     «La source de ces témoignages, c'est Jésus, sa personnalité et son message oral. Jésus a parlé ... Il a agi ... A tous, il annonce en paroles et en actes : Dieu vient vers nous : changez votre cœur et acceptez le message du salut. »

     
     
    Donald Thompson, prêtre Personne-ressource

     
    JÉSUS 
     
    VRAI HOMME - VRAI DIEU

     
     
    Cette dernière rencontre constituera une synthèse. Nous présenterons une clé de lecture des Évangiles, illustrée à partir des paroles de Jésus, tout en gardant toujours en tête cette conception tellement importante du Christ ressuscité-exalté, conception qui est au coeur de la vie chrétienne.


    Un laïc


     
    Jésus était un laïc. Il est important d'avoir en tête cette réalité. Il n'était pas quelqu'un qui faisait partie de la haute société ou qui avait une fonction officielle dans son peuple. C'était un simple laïc, un ouvrier, non pas parmi les plus pauvres cependant, puisqu'il avait un métier. Il n'était pas de ceux qui, comme dans la parabole des ouvriers de la onzième heure, attendaient sur la place publique en espérant être employés par les grands propriétaires. Non, il avait un métier, son établi, sa clientèle, une certaine aisance, sans être riche. C'était quelqu'un de très humble, originaire d'un petit village, Nazareth. Jésus devait expliquer ses origines, comme c'est souvent le cas des gens qui sont nés en dehors des grandes villes. Il y a quelque chose d'humiliant à devoir situer géographiquement un petit village inconnu. Nazareth n'est jamais mentionné ni dans l'Ancien Testament, ni chez Flavius Josèphe, ni dans les écrits rabbiniques. La seule raison pour laquelle on connaît Nazareth aujourd'hui est que Jésus y a vécu. Rappelons-nous cette parole en Jn 1,46: "De Nazareth, lui dit Nathanaël, peut-il sortir quelque chose de bon?"

     Jésus est donc un laïc, un homme ordinaire qui vient d'un petit coin d'une province méprisée, d'un petit peuple qui n'avait pas très bonne réputation dans l'Empire romain.


     
    Un disciple


     
    Jésus, on ne sait trop dans quelles circonstances, entendit parler un jour du fait que Jean-Baptiste avait commencé à prêcher, à parler de Dieu en Judée. C'était un événement extraordinaire car depuis plusieurs siècles il n'était pas apparu de si grand prophète en Israël. Le peuple s'attendait donc à ce qu'un grand prophète se fasse entendre de nouveau.

     Jésus ne pouvait pas rester insensible à un tel événement. Il se rendit donc à une centaine de kilomètres au sud de la Galilée pour entendre Jean-Baptiste. Sensible à la prédication de cet homme qui réveille en lui des intuitions profondes, Jésus est confronté à la voix de Dieu qui vivait en lui depuis longtemps. Les paroles de Jean-Baptiste lui révélaient un visage parlant de Dieu, l'invitaient à accomplir une tâche à laquelle il se préparait plus ou moins consciemment depuis plusieurs années. Jésus est tellement impressionné par Jean qu'il le considère comme le plus grand être humain apparu sur la terre (Mt 11,11). Il manifeste son appréciation en acceptant de se soumettre à l'invitation de Jean de changer de vie; effectivement, il changera de métier et deviendra prophète itinérant. Il ne retournera plus vivre dans son village, car toute son existence sera transformée et aboutira à la passion-résurrection.


     
    Un baptisé
     

     T
    rois versets de l'évangile de Marc sont consacrés au baptême de Jésus, un événement historique dans la vie de l'homme de Nazareth.

     "Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. À l'instant où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe, descendre sur lui. Et des cieux vint une voix: "Tu es mon Fils bien-aimé, il m'a plu de te choisir" (Mc 1,9-11).

     De façon plus littérale, on traduirait la finale ainsi:

     "C'est toi mon Fils le bien-aimé, de toi j'ai été content". Dans les Actes, Luc nous disait que c'est au cours de la résurrection-exaltation que Jésus a été fait Messie et Seigneur. En Rm 1, 3-4, Paul nous a rappelé que Jésus a été fait Fils de Dieu à partir de la résurrection. Ici, un texte rapporte qu'au baptême, l'Esprit se manifeste et une voix descend du ciel qui dit: "C'est toi mon Fils le bien-aimé, de toi j'ai été content." La parole de Dieu considère ici toute la vie de Jésus, tout ce qu'il a fait dans le passé, et exprime la joie de Dieu devant le déroulement de cette vie. C'est une reconnaissance fondamentale, totale de la part de Dieu. Pour comprendre ce texte et l'ensemble des Évangiles, il faut toujours garder en tête les deux aspects de la vie historique de Jésus et de la résurrection-exaltation.

     Quand l'auteur a conçu le texte du baptême, il ne pouvait prévoir qu'un jour Marc utiliserait ce texte pour l'insérer dans un ensemble beaucoup plus large qu'on appelle Évangile. Il ne pouvait soupçonner, non plus, que deux mille ans plus tard, des gens comme nous se poseraient la question suivante: comment un texte qui rapporte un événement du début de la vie de Jésus peut-il présenter celui-ci comme Fils de Dieu, alors que d'autres textes déclarent qu'il a été établi Fils, Seigneur ou Roi à partir de la résurrection?

     Justement, parce que l'Évangile a été rédigé à partir de la tradition orale, il nous faut, à deux milles ans de distance, en reprendre les textes et les resituer dans le temps pour mieux les comprendre. Lors de la première rédaction du texte du baptême, l'auteur fait, pour ainsi dire, une catéchèse à une communauté chrétienne afin de lui donner le sens de l'ensemble de la vie de Jésus. Pour ce faire, il part des débuts de la vie publique de Jésus, soit la rencontre avec Jean-Baptiste. Ce texte veut dire à peu près ceci: "la mission de Jésus a commencé avec l'arrivée de Jean-Baptiste. Jésus a été baptisé par Jean, a vécu sa vie, puis Dieu s'est exprimé sur le sens de cette vie qu'il a reconnue conforme à sa personnalité profonde." Voilà le sens de cette citation:

    "C'est toi mon Fils bien-aimé, de toi j'ai été content." Dieu a tellement été content de la vie de Jésus, du baptême jusqu'à la fin, qu'il l'a ressuscité et exalté, lui confiant ainsi la tâche de continuer sa révélation dans l'histoire.


    Un prophète. un homme d'action. un enseignant


     
    Ce Jésus a donc été baptisé par Jean pour manifester son accord avec l'invitation que ce dernier lui avait lancée. Il est parti sur les routes de Galilée et est devenu prophète du Règne de Dieu. Il a été celui qui, en paroles comme en gestes, a cherché à définir les caractéristiques fondamentales de la personnalité du Dieu vivant, à savoir sa passion pour la liberté, son amour profond pour les pauvres. Témoigner de cette tendance profonde, présente au coeur de Dieu, devient la tâche des croyants du christianisme, l’essentiel de la foi chrétienne.

     Jésus a été prophète par son action avant de l'être par sa parole. Il a parlé, certes, mais ses paroles étaient toujours l'expression de ses gestes. Il est important d'en prendre conscience pour comprendre Jésus, la foi chrétienne et la catéchèse. Jésus n'a pas d'abord été un enseignant, mais un homme d'action. De même, le but de la communauté chrétienne n'est pas d'abord de dispenser des connaissances sur Jésus ou sur le Dieu vivant, mais plutôt d'agir, dans l'histoire, avant d'expliquer le sens de son action. De la même façon, la catéchèse doit être fondée sur la vie; si la parole précède la vie, il peut en résulter des conséquences désastreuses.

     Un laïc qui vient d'un petit coin perdu, rencontre un prophète fascinant qui s'appelle Jean. Il accepte d'être radicalement transformé, change de vocation pour devenir prophète itinérant en Galilée, tel qu'on le voit dans les Évangiles. Il est important de garder, de façon très concrète, la densité de cette vie. Un jour Jésus se plaint que le Fils de l'homme n'a pas où reposer la tête. Parcourir un coin de pays, envoyé par le Dieu vivant, sans savoir où on va loger le soir, si on va être accueilli et si on va pouvoir manger, peut être une aventure stimulante à vingt ans, mais plus difficile à trente-cinq ou quarante ans, à l'âge où l'on a besoin d'avoir un toit, une certaine sécurité. Jésus a certainement connu des moments éprouvants.


     
    Un faiseur de miracles


    Cet homme, un jour, s'est découvert un don. Ce fait a dû le surprendre, l'étonner. L'artisan de Nazareth n'était sûrement pas un faiseur de miracles. Mais un jour, au hasard d'une rencontre sans doute, en parlant à un malade, il pose un geste de façon toute naturelle et s'aperçoit que le malade est guéri. Jésus vient de découvrir qu'il avait en lui cette capacité de faire du bien à l'autre. Comme il est dit dans les Actes: "il est passé parmi nous en faisant le bien." Il a été thaumaturge, non pour étonner, pour sa gloire ou sa renommée, mais pour faire du bien, pour donner de l'espérance à des gens qui n'en avaient pas. On trouve donc ici, dans ce don de faiseur de miracles, un autre élément extrêmement important.

     À ce propos arrêtons-nous brièvement à quelques chapitres de l'évangile de Matthieu. Dans les chapitres 5 - 7, se trouve le sermon sur la montagne. Dans ces chapitres, Matthieu veut nous présenter le Messie ou le Prophète de la parole, le nouveau Moïse. Jésus monte sur la montagne, comme Moïse l'avait fait autrefois pour recevoir la révélation de Dieu. Il s'agit donc pour Matthieu de présenter la révélation nouvelle à sa communauté. la communauté de Matthieu vient d'être exclue du Judaïsme et il est important pour l'évangéliste de lui dire qu'elle ne doit pas regretter Moïse, car le nouveau prophète est présent parmi elle. les chapitres 5 - 7 présentent donc le "nouveau Moïse" de la parole. les chapitres 8 - 9 vont présenter le "nouveau Moïse" en gestes dans dix miracles de Jésus qui rappellent les dix plaies d'Égypte.

     Cette réflexion nous donne déjà une clé de lecture des miracles. Quand Matthieu rapporte des récits, raconte des miracles, il ne nous décrit pas factuellement les miracles de Jésus, il ne fait pas à proprement parler de compte-rendu des miracles de Jésus, mais se base sur des récits déjà existants pour nous parler d'abord et avant tout de l'activité du Seigneur qui fait des choses merveilleuses dans sa communauté. Et ce qui est vrai pour Matthieu, l'est également pour ceux qui composaient les récits des miracles dans la tradition orale ou écrite. Jésus a fait des miracles, mais ne les a pas racontés lui-même. les narrateurs ou rédacteurs des miracles ne sont pas d'abord intéressés à parler des actions de l'homme de Nazareth. Ils sont surtout intéressés à parler du Christ-ressuscité qui agit dans leur communauté. "Comme il descendait de la montagne, de grandes foules le suivirent. Voici qu'un lépreux s'approcha et prosterné devant lui, disait: "Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier" (Mt 8,1-2).

     Dans ces versets on parle de Seigneur. Qui est ce Seigneur? Ce n'est certes pas le Jésus de Nazareth de jadis. La communauté chrétienne ne s'adressait pas à Jésus de Nazareth, mais elle se situe devant le Christ-ressuscité en l'appelant "Seigneur". En lisant les chapitres 8 et 9 de Matthieu, il est bon de noter à quelle fréquence on rencontre le titre de Seigneur. Par exemple, aux versets 6 et 7: "Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie ... Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit..."

     Au verset 15, la belle-mère de Pierre est guérie. "II lui toucha la main, et la fièvre la quitta; elle se leva et se mit à le servir." En présentant ce trait, Matthieu a probablement en tête le service du Seigneur, les fonctions de diacres ou de diaconesses de l'Église primitive. Matthieu parle également beaucoup de foi dans ses textes. "En vérité, je vous le déclare, chez personne en Israël je n'ai trouvé une telle foi" (v. 10). Le récit du miracle est raconté en gardant présente à l'esprit la foi de la communauté chrétienne. On n'avait pas foi en l'homme de Nazareth. La foi, au sens strict, commence à partir de la résurrection-exaltation. On a foi dans le ressuscité; on avait confiance en un thaumaturge. La foi commence avec Pâques. Quand il est dit: "chez personne en Israël je n'ai trouvé une telle foi", il ne s'agit pas de la foi qui aurait pu exister au temps de Jésus, mais de la foi qui existe dans la communauté chrétienne. Quand un évangéliste dit: "gens de peu de foi", il n'est pas question de la petite ou de la grande foi des disciples de jadis, mais de la petite ou de la grande foi de la communauté qui lit le récit.

     Nous devons toujours essayer de lire les Évangiles en ayant les deux dimensions de Jésus-Christ en tête. La dimension des événements qui se sont passés au temps de Jésus et la dimension de la foi de la communauté qui lit ou· entend le récit de ces événements.


     
    Un homme


     
    Quand on parle de Jésus en rapport avec la foi chrétienne, il est important d'aborder la question de l'homme de Nazareth et non seulement celle de Jésus, Seigneur, Fils de Dieu, Messie ou Roi. N'est-ce pas le sens de l'affirmation de foi en Jésus, vrai Dieu et vrai homme? L'humanité de Jésus est à prendre au sérieux. Jésus a été un être humain en tout semblable à nous, sauf en ce qui a trait au péché. Il y a des portraits de Jésus qui ne sont que des caricatures, surtout celles qui nous imposent une grille de lecture des Évangiles à partir du fait qu'il était Dieu. Il n'aurait pas vécu les choses à la façon d'un être humain parce qu'il était Dieu. Il nous faut reprendre la question de Jésus en tant qu'homme, la densité de l'homme de Nazareth. Tout être humain est un mystère à ses propres yeux. L'être humain est beaucoup plus complexe qu'on peut le penser. Souvent nous nous identifions en nous nommant, en décrivant notre emploi, en racontant notre vie. Mais il est plus difficile de parler de notre identité profonde, de ce que nous sommes fondamentalement comme être humain, de ce qui nous distingue profondément des autres êtres humains. Nous ne savons pas vraiment qui nous sommes. Le mystère profond de notre être nous apparaît inaccessible. Selon cette dimension fondamentale de notre être, si nous avons une identité, une conscience, c'est parce que nous sommes en dialogue profond avec le Dieu vivant. Mais nous ne pouvons atteindre directement cette dimension, ce lieu de nous-même en dialogue avec le Dieu vivant et où se fait l'emprise de la foi. Nous n'avons pas de contrôle sur ce dialogue; nous ne pouvons pas nous donner la foi. C'est le Seigneur qui, de l'intérieur, nous interpelle, nous dynamise, nous pousse en avant et nous pouvons seulement prendre conscience de ce dynamisme qui nous oriente. Nous le partageons avec d'autres et dirigeons notre vie avec plus ou moins de facilité en découvrant ce dynamisme à mesure que nous avançons. Nous sommes donc un mystère à nos propres yeux. Souvent, notre esprit ou notre conscience de nous-même sont les derniers à apprendre ce qui se passe dans notre vie. Il suffit de penser à l'expérience de l'amour. On peut tomber amoureux et ne pas en prendre immédiatement conscience. Autrement dit, notre être a pris une certaine direction que notre conscience ignore encore. Ces situations sont très courantes dans nos vies d'êtres humains; elles font partie de la nature de l’être humain.

     Il convient donc de regarder Jésus dans cette perspective. Jésus était un mystère à ses propres yeux. La divinité de Jésus doit être située au coeur du "je" humain de Jésus, en une partie de lui-même à laquelle sa conscience d'être humain n'a pas directement accès, pas plus que notre conscience d'être humain n'a accès au noeud vivant où se joue la foi en nous. Jésus a donc eu à prendre conscience de l'emprise de Dieu sur lui, comme nous avons à prendre conscience de l'emprise de la foi sur nous. Autrement dit, notre foi est l'équivalent pour nous de l'expérience de Dieu chez Jésus. De même que la foi nous apparaît très mystérieuse, ainsi sa divinité a dû lui apparaître très mystérieuse. Assurément, il faut partir du fait que Jésus a été un être humain au sens strict. Il ne faut absolument pas projeter chez lui la science de Dieu. Il n'a pas à sa disposition le pouvoir de Dieu, qu'il aurait pu contrôler. Jésus est un être humain interpellé de l’intérieur par le Dieu vivant. De plus, il n'avait pas la chance, comme nous, d'être entouré d'autres croyants semblables à lui qui l’auraient aidé à comprendre et à interpréter sa vie. Les autres, autour de nous, nous aident à saisir l'existence humaine et nous aident aussi à mieux discerner et à mieux vivre.

    Jésus était seul pour apprendre comment vivre quand on est complètement de Dieu. Il ne s'est probablement jamais posé la question de sa divinité. Un grand mystère habite Jésus et le pousse à orienter sa vie dans une certaine direction. Il n'a personne pour l'accompagner et l'aider à discerner les choses extraordinaires qu'il vit. Il n'a personne pour le confirmer dans sa fidélité et lui expliquer le peu d'enthousiasme de son entourage.

     Il est donc un mystère à ses propres yeux, comme c'est le cas de tout être humain. Il a fait l'apprentissage de la vie et de sa croissance comme tout homme. Il a subi l'influence de ses proches, l'influence de Marie, de Joseph, l'influence de sa famille immédiate, de ses amis, de Jean-Baptiste, comme un être humain. Il avait les connaissances d'un Juif du premier siècle. En tout il était semblable à nous, sauf en ce qui a trait au péché.


     
    Un être humain parmi d'autres



     
    Jésus étant un être humain comme tous les êtres humains, avec un caractère et une personnalité, ne pouvait posséder tous les caractères et toutes les personnalités. Il avait donc une façon de réagir bien à lui qui était celle d'un homme prompt, radical; celle d'un homme d'action. Par exemple, Jésus n'a pas été un contemplatif mais un homme d'action. Certes, on le voit prier, aller à la synagogue comme nous allons à l'église le dimanche. Quand il doit prendre une décision importante, il se retire pour réfléchir, comme nous le faisons. Mais la prière n'a pas été chez Jésus un trait dominant qui aurait frappé la communauté à ses débuts. La communauté a plutôt remarqué son sens de la justice, son amour des pauvres, son radicalisme et sa fidélité à son genre de vie. Jésus a prié, mais il n'a pas été un contemplatif. Il a été un homme d'action qui faisait son expérience de Dieu en agissant, en rencontrant des gens et en réfléchissant sur sa vie. C'est un type spirituel qui ne nie aucunement la valeur des autres types spirituels. Mais Jésus ne pouvait cumuler toutes les personnalités sur le plan spirituel. Il avait ses défauts et ses qualités, ses hauts et ses bas, ses difficultés à aimer. Ces affirmations sur Jésus n'ont rien de surprenant, car c'est ainsi que vivent les êtres humains.


     
    Un homme devant Dieu


     
    Jésus subit donc l'influence de ses proches et se situe par rapport à Dieu. Il parle de Dieu, il parle de son Père et va réagir fortement à quelqu'un qui l'appelle: "Bon Maître". Seul Dieu est bon. Parce qu'il est un être humain, Jésus a à se situer par rapport au Dieu vivant. Il est donc important pour comprendre Jésus de faire une distinction entre conscience et être. L'être de Jésus a dû monter lentement à sa conscience. Et nous pouvons saisir ce qu'est la conscience de Jésus en gardant à l'esprit cette nécessaire distinction entre un être humain et Dieu. Parce que Jésus est un être humain, il se situait par rapport à Dieu comme par rapport à une autre personne, une personnalité qui était autre que sa propre personnalité humaine. Il est important d'attribuer à Jésus la nécessaire liberté qui est l'apanage de tout être humain qui a à se faire dans l'histoire. En tout semblable à nous, sauf en ce qui a trait au péché. Il y avait chez Jésus une transparence vis-à-vis du Dieu vivant. Mais il faut laisser à Jésus cette humilité qui l'empêchait de se prévaloir de ce privilège d'être sans péché. La conception du fait que Jésus a été complètement correct aux yeux de Dieu, nous la formons à partir de la foi en l'expérience de Jésus ressuscité. À la résurrection, le Dieu vivant déclare s'être complètement reconnu en Jésus. Mais Jésus lui-même devait se comporter de façon très humble et très simple face au Dieu vivant; et chaque soir il devait se questionner sur la valeur de sa journée et la pertinence de son action: "Ai-je bien fait de m'éloigner de la foule pour aller prier car je devenais impatient?" Il y a toujours ce nécessaire discernement entre les exigences de la vie, les exigences de ceux qui nous entourent et l'exigence de se maintenir à la hauteur de sa tâche. Il y a donc en Jésus une sorte de transparence quotidienne vis-à-vis du Dieu vivant.


     
    La divinité de Jésus et du Dieu de la Bible


     I
    l est donc important de situer la divinité chez Jésus au coeur de l'expérience d'un être humain, et de ne pas projeter sur Jésus ou en Jésus une expérience ou une conception de Dieu qui n'est pas judéo-chrétienne. Nous devons nous méfier de nous-mêmes qui avons parfois tendance à concevoir Dieu de façon païenne. Le Dieu tout-puissant, le Dieu omniscient, le Dieu désincarné n'est pas le Dieu de Jésus. Le Dieu de Jésus est un père qui a des enfants et est tourmenté à la pensée que certains sont malheureux. Il a dans la conscience, si on peut parler ainsi de Dieu, une sorte d'obsession vis-à-vis de ses enfants qui sont malheureux. C'est là le Dieu de Jésus, le Dieu du Règne. Le Dieu en lutte contre les lois qui rendent l'être humain esclave et qui font mal à la vie humaine. Ce Dieu scandaleux est bien le Dieu de la révélation judéo-chrétienne, en guerre contre l'autre Dieu que nous avons tendance à nous fabriquer parce qu'il nous interpelle moins.


     
    Le martyr


     
    Jésus, comme nous le savons, a été fait Seigneur, Roi, Messie au cours de sa résurrection-exaltation. Il a reçu la tâche de revenir oeuvrer dans l'histoire mais a connu, avant cette mission, l'expérience de la mort d'un martyr. Il y a des interprétations erronées de la mort de Jésus qui font tort à l'image de Dieu. Ainsi, celle selon laquelle Dieu aurait voulu faire souffrir son fils et l'aurait lui-même envoyé à la mort. Jésus est mort parce qu'il était un prophète qui a contesté le monde politique, social et religieux de son temps. Ce faisant, il a dérangé des personnes, nuit à des intérêts, apeuré des gens. Il a vécu d'une grande liberté, trop éblouissante aux yeux de certains. Il a défié les puissants, c'est pourquoi on a jugé bon de le faire disparaître. En fait, si Jésus est mort, c'est parce qu'il a été fidèle à introduire dans l'histoire une conception de Dieu difficile à accepter pour les sociétés humaines, qui véhiculent d'autres valeurs. Il a subi le sort de beaucoup de prophètes dignes de ce nom. Il est mort martyr, mort comme quelqu'un qui a été fidèle jusqu'au bout.


     
    Les débuts


     
    Il est diffICile de parler de Jésus sans aborder la question délicate des récits de l'enfance. Voyons le chapitre premier de l’évangile de Luc.

     Un ange dit à Marie: "Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il règnera pour toujours sur la famille de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. Marie dit à l'ange: "Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge?" L'ange lui répondit: "L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu" (Lc 1, 31-35).

     Dans ce texte, nous devons remarquer le vocabulaire: «Fils du Très Haut, Seigneur Dieu» et les verbes au futur: «il règnera, son règne n'aura pas de fin». Dans ce passage très intéressant, il faut reconnaître dans la bouche de l'ange, la théologie de la résurrection-exaltation que Luc reprendra dans les Actes au chapitre deuxième. Autrement dit, range Gabriel dans le récit de l'Annonciation, sous la plume de Luc, annonce ce qui sera réalisé au moment de la résurrection-exaltation. C'est comme si Luc faisait prédire par l'ange dans le récit de l'Annonciation ce qui s'est réalisé après la mort de Jésus. Quand Luc dit: "c'est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu", il tire la conclusion des événements de la fin de la vie de Jésus et réinterprète la vie de l'homme de Nazareth à la lumière de ces événements. La résurrection-exaltation nous permet de comprendre que la vie de Jésus, depuis le baptême de Jean jusqu'à la fin, a été révélation fidèle du Dieu vivant actif en Jésus.

     Luc, dans son récit de l’enfance, fait un pas de plus et reporte cette réalité au tout début de la vie de Jésus. Luc conclut que l'événement de la résurrection-exaltation permet d'interpréter toute la vie de Jésus, depuis le début, comme étant une vie qui a été entièrement consacrée au Dieu vivant. Pour cette raison, les biblistes s'entendent pour dire que les récits de l'enfance sont parmi les derniers à avoir été rédigés dans les Évangiles. Ils sont porteurs d'une vision théologique, d'une compréhension de Jésus, qui est le fruit de plusieurs décennies de réflexion, d'interprétation, de méditation et de prière sur le sens de la vie de cet homme.

     Il ne s'écrit plus de vie de Jésus depuis plusieurs années, parce que depuis quelques décennies on a pris conscience de la difficulté d'une telle entreprise. Nous n'avons pas assez de données sur la vie de Jésus. Nos connaissances sur Jésus se résument à bien peu. Nous ne pouvons en savoir plus parce que les membres des communautés primitives, tout comme les évangélistes, n'étaient pas intéressés à faire oeuvre d'historiens et à nous parler en termes purement historiques de Jésus de Nazareth. Marc, par exemple, dans son évangile, ne nous décrit ni le physique de Jésus, ni son caractère. Marc ne répond pas à notre curiosité parce qu'il ne connaissait pas ces détails sur Jésus et que les communautés précédentes n'avaient pas été intéressées à les raconter. Ce qui les fascinait. c'était d'abord et avant tout l'activité du Christ au sein de leur communauté.

     Aujourd'hui, nous ne pouvons donc dire que très peu de choses sur les événements de la vie de Jésus ou sur sa psychologie. Ainsi le récit des vendeurs chassés du Temple se trouve à la fin de la vie de Jésus chez les Synoptiques, mais au début de sa vie publique chez Jean. Qui peut dire le moment et les détails de cet événement? Bref, nous ne pouvons plus écrire des vies de Jésus à la façon dont on les écrivait jadis.

     Finalement, la vie de Jésus est une existence historique relue à la lumière de la foi. La foi chrétienne pourrait se résumer ainsi: Dieu a tellement été satisfait de la vie de Jésus de Nazareth, qu'il l'a ressuscité des morts. Il l'a fait Seigneur et lui a donné le pouvoir d'agir dans l'histoire au moyen de son souffle. Jésus accomplit cette tâche de Messie, de Roi, de Seigneur, de Fils de Dieu en réunissant des hommes et des femmes dans des communautés qui sont chargées de le continuer dans l'histoire. La foi n'est pas une théorie ou une pensée philosophique, mais une sorte de dynamisme orienté que des hommes et des femmes ressentent dans leur vie et qui les met en rapport avec l'existence historique d'un homme qui a vécu il y a deux mille ans et qui les oriente dans l'histoire.


     FIN DE CE COURS

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