• Une nouvelle preuve de l'apogée des Samaritains au Ve siècle

    par Christophe Lafontaine | 28 février 2019

    Une nouvelle preuve de l'apogée des Samaritains au Ve siècle - Terra Santa

    L'ancien pressoir de Tzur Natan et son inscription grecque © Israel Antiquities Authority/Yitzhak Marmelstein.

    Un pressoir et une inscription grecque du début du Vème siècle ap. J.C., mis à jour récemment, illustrent l’âge d’or des Samaritains dans la plaine de Sharon (Israël) avant la répression de leurs révoltes contre Byzance.

    « Seul Dieu vient en aide à la belle propriété de Maître Adios, amen. » Cette inscription a été découverte en grec sur une mosaïque du début du Vème siècle à Tzur Natan, près de Netanya dans le sud de la plaine de Sharon (région centre de la côte israélienne). Une région réputée pour être fertile.

    La mosaïque, retrouvée quasiment intacte, est rattachée à un pressoir de la même époque, découvert aussi lors de fouilles terminées cette semaine, a indiqué le 27 février dans un communiqué de presse, l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI). Tout semble indiquer que la cuve faisait partie d’un grand domaine vinicole « à une période au cours de laquelle les Samaritains ont atteint le sommet de leur pouvoir et de leur prospérité dans le sud de la plaine de Sharon », précise l’AAI.

    Cependant, « ce n'est que le deuxième pressoir de ce genre découvert en Israël avec une inscription de bénédiction associée aux Samaritains », a déclaré Hagit Torge, directrice des fouilles pour le compte de l’Autorité foncière israélienne en vue de la construction d'un nouveau quartier à Tzur Natan. Le premier exemple de ce genre a été découvert il y a quelques années à Apollonie près d'Herzliya (dans la plaine de Sharon au nord de Tel-Aviv).

    Le pressoir de Tzur Natan semble avoir été la propriété d’un homme aisé. Près de l’installation, les archéologues ont en effet découvert des carrières de pierre avec des dépressions rocheuses utilisées pour la culture de la vigne, faisant apparemment partie du domaine du maître Adios. D’ailleurs ce terme de « Maître » était un titre honorifique donné aux membres les plus âgés de la communauté et témoignait du haut statut social des propriétaires terriens. L’archéologue Hagit Torgue ajoute que le pressoir était situé près du sommet de Tel Tzur Natan, où des restes d’une synagogue samaritaine ont été découverts dans le passé. Cette proximité de la synagogue témoigne également du statut élevé d'Adios. Pour l’heure, son domicile n’a pas été retrouvé.

    Cette récente découverte du pressoir et de son inscription viennent confirmer les preuves de l’intense activité agricole des Samaritains installés dans la région à l’époque byzantine. Selon un rapport de 1994 de la Texas Foundation for Archaeological & Historical Research (TFAHR) Tzur Natan, environ 120 pressoirs à vin, 50 pressoirs à olives, 50 citernes et une multitude de terrasses agricoles datant de la même période ont été recensés dans la région. Le Times of Israel fait remarquer que l'érosion du substrat rocheux de la zone crée un sol « particulièrement bénéfique pour les vignes et les olives. » Plus précisément à Tzur Natan, jaillissent en plus les sources de Dardar, qui ont contribué au développement continu de la région depuis le pré-néolithique.

    D’après le Times of Israel encore, les fouilles menées par la TFAHR entre 1989 et 1994 à Tzur Natan, ont mis à jour à proximité du pressoir, un vaste complexe agricole-industriel samaritain. Avaient alors été découverts de grands espaces et salles pour la production de vin, d’huile et de farine. L’une des installations a été un moulin à âne pour moudre le blé, où une menora a été taillée, a précisé l’AAI dans son communiqué.

    Rébellions et déclin

    Les Samaritains qui disent descendre des tribus d’Ephraim et de Manassée et aussi de Lévi concernant la famille sacerdotale, étaient initialement installés près du mont Garizim, leur centre religieux (aux abords de l’actuelle ville de Naplouse en Cisjordanie). Bien qu'ils se considèrent comme une émanation du judaïsme, les Samaritains estiment que leur culte est la véritable religion des anciens Israélites d'avant la captivité babylonienne. Voyant leur population augmenter, ils se sont alors installés dans la plaine de Sharon. La communauté samaritaine a prospéré au cours des IIIème, IVème siècles et début du Vème siècle, conservant ses coutumes et traditions particulières. Avant que les Samaritains ne se révoltent plusieurs fois contre le pouvoir chrétien de l’empire byzantin en place. Pour tenter de conserver leur identité et refuser les conversions de force. Les insurrections ont été sévèrement réprimées (principalement en 529 et 555) et la population samaritaine s’est vue considérablement diminuée. C’est à cette même époque que l’ancienne synagogue samaritaine de Tzur Natan fut transformée en église.

    Après les révoltes, la communauté samaritaine qui restait est retournée dans la région du mont Garizim. Une communauté samaritaine y vit toujours ainsi que dans la ville de Holon au sud de Tel Aviv.

    source http://www.terrasanta.net

    -------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • Le sacrifice d’Abraham. Rembrandt, 1635. Huile sur toile 193 x 132 cm. Musée de l’Ermitage, Saint-Petersbourg (Wikipedia).

    Dieu et la violence

    Sylvain Campeau  HERVÉ TREMBLAY | 11 FÉVRIER 2019

    QuestionPlusieurs textes de l’Ancien Testament parlent de Yahvé comme d’un guerrier et certains textes ont élaboré la notion de « guerre sacrée ». Qu’est-ce que ces textes nous révèlent sur Dieu et/ou sur nous? Comment les comprendre aujourd’hui? (Robert)

    RéponseOui, c’est vrai. L’Ancien Testament et, dans une moindre mesure le Nouveau, sont remplis de scènes de violence, de guerre et de combat. Il ne s’agit pas ici d’en faire la liste, qui serait fort longue! Le pire, c’est quand cette violence vient de Dieu ou est ordonnée par Dieu. Le choc entre la foi en un Dieu Père bon et miséricordieux et ces pages de la Bible est fracassant. Comme on suppose qu’une lecture littérale de ces pages est absolument exclue, de même qu’un rejet pur et simple (ces pages sont partie intégrante de la Bible), la seule option qui reste est de replacer les textes violents dans le contexte et de les réinterpréter à la lumière d’éléments nouveaux. Suivons ces deux étapes.

    Mise en contexte

    Dans le but d’y voir plus clair, plusieurs mises au point s’imposent.

    • Le chrétien contemporain a tendance à lire les textes bibliques à partir de son point de vue et de son époque. C’est compréhensible mais c’est une première erreur. Les textes de l’Ancien Testament ont été écrits plusieurs siècles avant notre ère. Ils ont donc au moins 2000 ans. Le monde dans lequel vivaient ces humains était similaire au nôtre, certes, mais il n’est pas possible d’imaginer que les humains de cette lointaine époque pensaient comme nous ou voyaient les choses comme nous. Cela s’applique aux réalités familiales, sociales, politiques, économiques et, évidemment, religieuses.
    • Pour faire bref, disons que le monde ancien est caractérisé par une pensée préscientifique. Les anciens avaient une connaissance empirique du monde, c’est-à-dire venant du concret et de l’expérience. Ce n’est pas le cas pour nous. Sans que ce soit toujours conscient ou explicite, nous abordons le monde à partir d’une pensée scientifique. Pour nous, croyant ou non, l’univers est régi par des lois que les diverses sciences ont bien exposées : la physique, la chimie, la biologie, l’astronomie, la météorologie, etc. Il faut que cela soit bien conscient chez nous. Même pour les croyants d’aujourd’hui, l’univers est autonome et est régi par ses propres lois qui, d’une certaine façon, ne dépendent pas de Dieu. Pas pour les anciens qui se rendaient bien compte de la régularité de certains phénomènes (alternance des saisons, des jours) mais attribuaient tout à l’action directe des divinités.
    • La conséquence de cette façon de voir, c’est que les anciens adhéraient au principe philosophique du Deus sive natura. C’est-à-dire que pour eux, le monde représentait exactement les œuvres des divinités. Autrement dit, le monde n’avait aucune autonomie et on considérait tout ce qui arrivait comme l’œuvre directe d’une ou de plusieurs divinité(s). Même si certains croyants aujourd’hui voient encore les choses de cette façon, on convient généralement que le monde a son autonomie et fonctionne selon ses propres lois. Cela force à penser autrement les rapports entre Dieu et lui. Autrement dit, il est possible, voire normal, de penser que quelque chose peut arriver dans le monde, même quelque chose issu d’un acte de liberté humaine, qui ne vienne pas de Dieu ou ne soit pas selon son plan ou sa volonté. Le soutenir ferait de Dieu un monstre, eu égard aux événements de notre histoire. Pour les anciens, si quelque chose se passait, c’est que la divinité l’avait produite ou le voulait. On comprend que la question du sens a été pour eux cruciale, mais c’est une autre question.
    • Autre problème que nous avons, c’est de ne pas bien comprendre le polythéisme ancien. Nous avons tendance à prendre le Dieu unique, éternel et tout-puissant auquel nous croyons et à la multiplier en autant de dieux. Or, les anciens concevaient plutôt les dieux comme des forces de la nature ou des réalités mystérieuses de leur monde. Ces dieux n’étaient donc pas « personnels ». Les dieux n’aimaient pas les humains, et les humains ne les aimaient pas. Ils entraient dans une espèce de relation forcée parce que les uns ne pouvaient pas se passer des autres.
    • Les divinités du monde ancien ne sont donc pas nécessairement « grandes » ou « édifiantes ». À l’image du monde où elles agissent, elles étaient souvent vues comme capricieuses, imprévisibles, tantôt bonnes tantôt méchantes, etc. La conséquence la plus marquante, c’est que ces divinités reflètent davantage les humains et leur monde. Autrement dit, ces dieux du monde ancien sont très « humains » et pas vraiment « divins », du moins de la manière où nous entendons ces mots après plusieurs siècles de christianisme.
    • Autre point très important : les anciens n’avaient pas la même relation au monde et à l’univers que nous aujourd’hui, surtout en Occident. Puisque les anciens ne contrôlaient pratiquement rien et étaient à la merci des éléments, le monde était plus souvent considéré comme menaçant.
    • Le monde ancien n’était donc pas vraiment intéressant. Avec toutes les avancées scientifiques, technologiques et médicales, notre monde a radicalement changé par rapport à celui des anciens. Nous vivons mieux, plus longtemps et en bonne santé et dans de bonnes conditions. Les anciens eux, vivaient dans un monde sans médecine, sans technologie (sans électricité, sans téléphone, sans internet, sans voiture / train / avion). Les gens vivaient donc beaucoup moins longtemps, en moins bonne santé, en travaillant très dur pour de maigres résultats. Ils ne pouvaient pas résister aux forces de la nature. Ils étaient constamment aux prises avec les guerres, les épidémies, les maladies, etc.
    • Si on trouve que notre monde est violent, on n’a rien vu. Le monde ancien était encore plus violent. On comprend donc que les anciens aient imaginé que cette violence venait de divinités violentes, qui œuvraient à côté de ou contre des divinités plus bienveillantes. Les anciens avaient aussi établi un rapport entre les actes violents qui les frappaient et leurs actions. C’est ce qu’on a appelé le « principe de rétribution ». Selon ce principe, chacun reçoit en ce monde ce que ses actions lui ont mérité. S’il a fait de bonnes actions (morales et / ou cultuelles), il recevra des bénédictions comme une longue vie, de nombreux enfants, de nombreuses richesses, une bonne position sociale, etc. Au contraire, s’il a fait de mauvaises actions (morales et / ou cultuelles), il sera puni (lui ou ses enfants après lui) par une courte vie marquée par la maladie, la pauvreté, le rejet social et la solitude.
    • Les textes de l’Ancien Testament qui parlent de violence doivent être lus dans ce contexte général qui permet de comprendre leur terreau originel, c’est-à-dire leur première écriture. Le peuple de la Bible ainsi que sa religion ont évolué sur plusieurs siècles. Il serait immature de croire que tout aurait été donné au début et serait demeuré inchangé sur une si longue période. Les textes bibliques représentent un mélange de textes de diverses époques, de diverses tendances ou sensibilités religieuses, de diverses théologies ou spiritualité. L’élément commun qui les unirait est difficile à identifier…
    • Cela signifie que le peuple de la Bible a don cru en un Yhwh violent qui acceptait ou promouvait la violence dans le but de défendre son peuple face aux autres. Les autres divinités faisaient de même pour leur peuple, de toute façon. Cela peut se voir dans les oracles contre les nations des prophètes.
    • C’est dans ce contexte que se comprend la « guerre sainte » avec ses règles. Puisque c’est la divinité nationale qui ordonne et règle les guerres, c’est donc que ces guerres ont un caractère sacré qui exige certaines règles. Bien évidemment, cela est très loin de notre façon de penser aujourd’hui.
    • En effet, il est clair que tous ces textes ont été écrits dans cet esprit et dans le contexte que nous venons d’exposer brièvement. Il ne reste donc que deux options pour celui / celle qui lit ces textes aujourd’hui. Soit il les lit de façon littérale (il a alors l’image d’un dieu violent qui promeut ou accepte la violence), soit il les relit ou les réinterprète selon d’autres principes. Pourquoi faire appel à ces autres principes? Tout simplement parce que la lecture littérale est inacceptable aujourd’hui, à la fois pour les croyants issus du christianisme et du judaïsme. La raison est simple : la foi a évolué, surtout à la lumière du Nouveau Testament et de l’enseignement de Jésus. Un travail de réinterprétation est donc une nécessité.

    Analogie de la foi

    Entre la Bible et nous il y a la distance critique, notre intelligence et la foi.

    • Disons quelques mots sur la distance critique. Qu’est-ce que c’est? Il s’agit de lire les textes bibliques non plus en acceptant tout au premier degré, mais en posant des questions. Un premier degré de lecture des textes dont nous parlons ici serait une attitude qui accepterait ces textes et les mettrait de quelque façon en pratique. Une attitude critique pose une distance avec les textes et permet de poser la question du sens pour aujourd’hui.
    • Cette distance dans la lecture du texte est objet de discussion et est à la base des différentes confessions chrétiennes. Le catholicisme, comme l’orthodoxie et mutatis mutandi le judaïsme, pose deux sources égales de révélation : la Bible et la Tradition. Selon cette façon de voir, les textes écrits ne sont pas un absolu mais sont mis en contexte par une longue tradition interprétative. Comme les textes sont anciens et reflètent une autre façon de voir et de croire, les nouvelles données venant des siècles suivants illuminent le sens littéral des textes. Le résultat de ce processus (qui peut être compris comme une simple lecture intelligente des textes anciens) peut être triple : soit on continue de lire le texte de façon littérale; soit on change quelque chose tout en continuant d’accepter l’essentiel d’un texte; soit on abolit complètement ce texte.
    • Quant aux églises issues de la réforme protestante, elles adhèrent au principe de la scriptura sola, ou « l’Écriture seule ». Cela signifie que l’unique source de révélation est la Bible, et rien d’autre. Si certaines églises maintiennent ce principe strictement (on pense aux églises « évangéliques »), la plupart abordent les textes de façon intelligente en faisant appel (sans toujours le dire) à une certaine tradition de lecture ou en contrebalançant un texte plus difficile par un autre texte plus clair ou plus facile.
    • Le problème théologique (que nous ne réglerons pas ici), c’est la façon de concevoir l’inspiration biblique. Si toute la Bible est « divinement inspirée », selon quels principes peut-on la réinterpréter, surtout quand ladite réinterprétation dit le contraire de la lettre d’un texte? On peut voir que nous avons affaire à des problèmes qui dépassent la stricte question posée ici mais que nous ne pouvons pas développer ici.

    Comment lire ces textes aujourd’hui

    Aujourd’hui, deux options d’offrent donc à nous en ce qui concerne les textes violents dans la Bible.

    • Soit on oublie complètement les textes qui parlent de violence, la promeuvent ou la soutiennent. Quand on rencontre ces textes ou qu’on les lit, on n’en tient aucun compte parce qu’ils sont inacceptables et dépassés.
    • Comme cette première option est difficile à réaliser pratiquement (les textes sont encore là comme partie intégrantes de notre Bible), il reste la réinterprétation par des sens spirituels. De cette manière, un texte sur la violence pourra illustrer combien Dieu déteste le mal, combien il aime avec passion, combien il veut détruire le mal, etc.
    • Évidemment, ces relectures sont des lectures de remplacement, faute de mieux. Il faut que cette option de lecture soit consciente et explicite. Ce n’est pas ce que l’auteur avait en vue lorsqu’il les a écrits. Mais quelle est l’alternative? Quelles sont les solutions de rechange? Puisque la lecture littérale de ces textes violents est inacceptable et hors de question, la relecture est la seule option de qui veut, justement, les « lire ». Bonne lecture!

    Membre de l’Ordre des Frères prêcheurs (Dominicains), Hervé Tremblay est professeur d’Ancien Testament au Collège universitaire dominicain d’Ottawa.

    source http://www.interbible.org

    -------------------------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • L'un des plus anciens portraits du Christ révélé à Shivta
    par Christophe Lafontaine | 14 novembre 2018

    Le trait noir permet de reconstituer le visage du Christ. © Emma Maayan-Fanar

    Très rare ! Des chercheurs israéliens ont découvert à Shivta l’une des plus vieilles représentations du visage de Jésus en Terre Sainte. Datant de l’époque byzantine, elle se rapproche plutôt de l'iconographie orientale.

    Cheveux mi-longs, bouclés. Le visage long et ovale d’un jeune homme adulte. De grands yeux. Le nez allongé et les joues rasées de frais. Tels sont les traits qui dépeignent selon toute vraisemblance un portrait du Christ, remontant au VIème siècle ap.J.-C, d’après les estimations d’Emma Maayan-Fanar, historienne de l’art en collaboration avec les archéologues Ravit Linn, Yotam Tepper, Guy Bar-Oz de l’Université de Haïfa, auteurs de cette découverte dans une église de Shivta. Un ancien village agricole byzantin dans le désert du Négev (sud d’Israël) à environ 40 km au sud-ouest de Be’er Sheva fondé au Ier siècle après J.-C. par les Nabatéens, ayant atteint son apogée à l’époque byzantine avant de perdre de l’importance au début de la période islamique (VIIème siècle). Dans cette cité, s’élèvent trois églises, et le dessin du visage présumé de Jésus figure dans l’église dite du nord.

    La découverte a été rapportée dans la revue scientifique consacrée à l’archéologique mondiale, Antiquity : « Le visage du Christ révélé à Shivta ». L’équipe de recherche a qualifié la découverte d’« extrêmement importante. »

    Le fond de la question n’est pas de savoir s’il s’agit là d’un visage se rapprochant de celui du Christ. D’ailleurs, les évangiles ne décrivent pas l’apparence de Jésus et les artistes des époques ultérieures ont plus souvent voulu insister sur le message évangélique à transmettre que sur une figuration précise des traits qu’aurait eus Jésus. Ce qui retient l’attention de cette découverte est le fait que l’art primitif chrétien a très peu (voire presque pas) survécu en Terre Sainte et a fortiori les premières représentations de l'apparence physique de Jésus. Or le portrait de Jésus à Shivta est un témoignage d’autant plus précieux qu’il a été retrouvé à moins de 250 km à la ronde des lieux que Jésus a parcourus durant sa vie publique.

    A ce jour, le plus vieux portrait que l’on connaisse du Christ a été retrouvé à l’est de la Syrie. Il s’agit d’une peinture murale autour du baptistère de la Domus ecclesiae (maison d’église) sur le site archéologique de Doura-Europos remontant à la première partie du IIIème siècle ap. J.-C. La première peinture représente un Jésus (jeune aux cheveux courts), comme le Bon Pasteur, portant un mouton sur son épaule ; la seconde relate l’épisode de la guérison du paralytique par le Christ qui apparaît là aussi jeune et imberbe. Ces représentations offrent les mêmes caractéristiques physiques que le portrait retrouvé à Shivta. Ce qui fait dire que la découverte israélienne est une représentation répondant aux canons de l’iconographie de type orientalde l’époque, s’éloignant ainsi de la tradition byzantine. « Il appartient au schéma iconographique d'un Christ aux cheveux courts, particulièrement répandu en Egypte et en Syro-Palestine, mais qui a disparu de l'art byzantin plus tard », a déclaré l'équipe de recherche dans Antiquity. De fait, ces autres conceptions représentent souvent Jésus aux cheveux longs et tombants, et parfois avec une barbe. Ces détails sont des importations spécifiques de l'iconographie du monde gréco-romain.

    Un visage peut en cacher un autre

    « J'étais là au bon moment, au bon endroit avec la bonne lumière et, d'un coup, j'ai vu des yeux. C'était le visage de Jésus en plein baptême, qui me regardait », explique Emma Maayan-Fanar au quotidien Haaretz, le 12 novembre. Comme s’il s’était agi d’une apparition.

    Mais c’est grâce à son mari Dror Maayan, photographe professionnel qui a pris des clichés de très haute résolution, que l’image vieille de 1500 ans aux marques rouges peu visibles à l’œil nu, après avoir traversé des siècles d’histoire et de poussière de sable, s’est clarifiée, a pu être examinée et reconstruite par Emma Maayan-Fanar en personne. A noter que le cou et la partie supérieure du visage sont également observables. Des archéologues qui avaient exploré le site dans les années 1920 avaient cru deviner quelque chose mais ne s’étaient finalement pas attardés sur la question, explique l'historienne de l'art à Haaretz. A cause de sa mauvaise conservation notamment.

    Le portrait mural qui nous intéresse se trouve dans la voûte en cul de four de l’abside qui abritait un baptistère, juste à l’extérieur de l’église du nord à Shivta. Cette position en hauteur explique peut-être qu’il soit passé au travers des fouilles du site durant des années. A gauche de la figure du Christ, se décèle un autre visage plus grand que celui du Christ et moins jeune. Suivant les conventions iconographiques de la période chrétienne primitive, c’est ainsi qu’étaient représentés Saint Jean-Baptiste et Jésus pour illustrer le baptême de ce dernier dans le Jourdain. Le Christ recevant le baptême avait des traits jeunes pour symboliser la renaissance à la vie. Les deux dessins découverts dans l’abside d’un baptistère semblent confirmer cette hypothèse. Des traces de peinture suggèrent par ailleurs que ces visages faisaient partie d'une scène plus large, avec des personnages supplémentaires. Selon l’équipe de chercheurs, cette représentation est la première scène de baptême du Christ de la période pré-iconoclaste retrouvée en Terre sainte.

    L’an dernier, la technique de l’imagerie par luminescence induite visible (VIL) a permis de mieux comprendre une autre scène murale se trouvant aussi à Shivta dans une autre église (l’église du sud) - celle de la Transfiguration découverte en 1914 - en révélant les rayons de lumières sortant du corps du Christ et illuminant les autres personnages, illustrant alors parfaitement cet épisode central des évangiles. Malheureusement, le visage du Christ, n’a pas survécu aux siècles et n’est plus visible.On ne connaissait jusqu'à l'année dernière que deux images de sa transfiguration à la période antérieure à l’iconoclasme ayant survécu au temps et aux destructions : l’une à Ravenne, en Italie (mais le Christ et ses disciples ne sont pas représentés avec des figure humaines); et l’autre au monastère Sainte-Catherine du Sinaï (datant de 548-565). La plus connue.

    source http://www.terrasanta.net/

    ---------------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • (photo : Matt Collamer / Unsplash)

    Mort

    SYLVAIN CAMPEAU | 12 NOVEMBRE 2018

    Hébreu : mawet
    Grec : thanatos

    Au mois de novembre, les arbres sont dépouillés de leurs feuilles et la lumière décline à un tel point que c’est la période de l’année où l’on enregistre les plus faibles taux d’ensoleillement. Au niveau symbolique, ce passage vers l’hiver est associé à la mort, une réalité qui n’épargne personne. Dans notre tradition, novembre est d’ailleurs souvent présenté comme le « mois des morts » et commence avec deux solennités qui justifient cette expression : la Toussaint (1ernovembre) et la commémoration des défunts (2 novembre).

    Les Israélites de la période biblique ne connaissent pas ce genre de fêtes car la mort est comprise comme une perte de toute vitalité où le défunt continue à mener une vie sans joie au « séjour des morts ». La perte du souffle vital, don de Dieu, réduit le défunt à survivre comme une ombre, dans un genre de léthargie complète, dans un sommeil sans rêves.

    Cet état du défunt se caractérise aussi par l’absence de toute relation personnelle avec Dieu : après la mort, l’Israélite ne pense plus à Yahvé ni à ses actions éclatantes (Ps 6,688,13), il n’a plus la capacité de louer sa bonté et sa fidélité (Ps 30,1088,12115,17Is 38,18). On comprend alors que la mort était une réalité terrible pour la personne pieuse.

    Cette manière d’envisager la mort est liée à la conception selon laquelle Yahvé est le Dieu Vivant, la source de la vie (Ps 36,10). La mort est par conséquent absence de Dieu. D’autre part, la bienveillance de Yahvé envers son peuple laissait peu de place à l’individu. L’Israélite bénéficiait de la bienveillance de son Dieu parce qu’il était membre du peuple choisi. La mort l’arrachant à cette communauté, le défunt était aussi écarté de la bienveillance divine.

    Cette conception communautaire va toutefois évoluer car on voit dans le Ps 73,26 l’espérance d’une union avec Dieu après la mort : « Si ma chair et mon cœur sont usés, ma part, le roc de mon cœur, c’est Dieu pour toujours. » On ne peut pas parler ici de la genèse de la croyance en la résurrection. Cette croyance ne viendra qu’à l’époque hellénistique et caractérisera l’espérance des sadducéens à l’époque de Jésus.

    Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.

    source http://www.interbible.org/

    --------------------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

     


    votre commentaire
  • Statue de Quito (photo © Francis Lacharité)

    Une femme enceinte lutte contre un dragon

      SÉBASTIEN DOANE | 22 OCTOBRE 2018

     

    Le livre de l’Apocalypse est écrit dans un genre littéraire qui nous semble très étrange. La compréhension de ce texte est difficile à cause, notamment, de l’accumulation d’images, de symboles et d’allusions aux textes de l’Ancien Testament. Pourtant, ces éléments concourent justement à rendre ce mystérieux livre si attirant, même pour les non-croyants.

    1 Un grand signe apparut dans le ciel : une femme, vêtue du soleil, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. 2 Elle était enceinte et criait dans le travail et les douleurs de l’enfantement. 
    3 Alors un autre signe apparut dans le ciel : C’était un grand dragon rouge feu. Il avait sept têtes et dix cornes et, sur ses têtes, sept diadèmes. 4Sa queue, qui balayait le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le dragon se posta devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance... (Lire la suite Apocalypse 12,1-17)

    Qui est cette mystérieuse femme enceinte du livre de l’Apocalypse, vêtue de soleil, qui a la lune sous ses pieds et la tête couronnée de douze étoiles? Comme bon catholique, j’ai tendance à dire à haute voix : « C’est Marie ». Mais est-ce si évident ?

    D’abord, notons qu’il y a certainement, dans ce passage, un lien avec le chapitre 3 de la Genèse où le narrateur promet à la descendance de la femme de remporter la victoire sur le serpent. La Bible commence avec un récit qui montre comment la femme a été trompée par le serpent et se termine par un autre où c’est la femme qui terrasse le dragon. 

    Ensuite, il est aussi possible de voir la femme comme une représentation du peuple de Dieu, qui engendre le messie et les croyants. Tout comme le peuple qui a vécu l’exode, cette femme passe un temps au désert, guidée par la providence de Dieu. Les prophètes Isaïe (54 et 60) et Osée (2, 21-25) ont déjà utilisé la figure d’une femme pour présenter le peuple comme l’épouse du Seigneur. Ici, dans le contexte du Nouveau Testament, il pourrait s’agir d’une figure féminine représentant l’Église, peuple de Dieu.

    Enfin, puisque cette femme est enceinte d’un enfant qui réalise un rôle messianique, on peut naturellement aussi y voir une représentation symbolique de Marie.

    L’autre protagoniste, le dragon, est clairement identifié comme celui qui représente donc le mal. On le nomme aussi « l’antique serpent », puisqu’il symbolise les forces maléfiques primordiales.

    Marie versus la femme de l’Apocalypse

    Que signifie cette scène? L’Apocalypse fait le récit de visions perçues par Jean, un homme en exil sur l’île de Patmos. Par son compte-rendu rédigé dans un langage symbolique, il tente de dire l’indicible, c’est-à-dire des réalités inaccessibles au commun des mortels. Naturellement, le résultat en est un texte qui se prête à diverses interprétations. Peu importe alors l’identité de la femme, l’important est d’y voir la victoire de Dieu et la défaite du mal. On peut donc lire ce texte pour s’en inspirer, dans la lutte contre les diverses formes que prend le mal aujourd’hui.

    Lors d’un voyage organisé avec mes élèves, en Équateur, nous avons vu l’une des célèbres représentations de la femme de l’Apocalypse. Elle trône sur le sommet de la plus haute colline de Quito, la capitale du pays. Elle est facile à reconnaître avec sa couronne de douze étoiles, le croissant de lune sous ses pieds et le dragon bien enchaîné qu’elle écrase. Cette grande dame de quarante-et-un mètres surplombe la ville comme un rappel symbolique de son importance pour la foi catholique.

    La statue de Quito représente bien la grandeur et le rôle presque cosmique de la femme de l’Apocalypse. Mais représente-t-elle Marie de façon appropriée? Tout dépend de notre façon de voir la mère de Jésus. Pour ma part, j’avoue que ma représentation préférée de Marie est celle qui s’exprime dans le Magnificat de l’Évangile selon Luc (1,46-56). Avez-vous déjà porté attention au contenu de cet hymne? Marie y exprime toute sa joie devant les œuvres du Seigneur. Loin d’être une prière dans « les nuages », ce cri de joie contient un réel souci de justice sociale : « Il [le Seigneur] a jeté les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles; les affamés, il les a comblés de bien et les riches, il les a renvoyés les mains vides. » (Luc 1,52-53) Dans ce passage, Marie est montrée comme une femme qui ose prendre la parole pour glorifier la justice de Dieu, une justice qui déstabilise le pouvoir économique et politique de son époque. Contrairement à la grande statue qui domine la ville de Quito, la Marie du Magnificat se présente comme une humble servante qui compte sur l’intervention de Dieu, face aux injustices perpétrées par les puissants.

    Claude Lacaille, prêtre missionnaire dans la dictature du Chili, a redécouvert le visage de Marie avec un groupe de femmes. Elle avait un visage semblable à celui de ces femmes, travaillant comme domestiques pour des salaires de famine. Comme Marie, ces femmes vivaient du même espoir que le Seigneur détrône les puissants. Je vous invite à lire son article : « En marche! Vous n’êtes pas seules! »

    Je ne suis pas une femme, je ne vis pas sous une dictature, je ne suis pas pauvre, mais j’ai des yeux assez clairs pour voir qu’il y a des situations inacceptables, dans notre monde et même au Québec. Je me tourne vers les paroles prophétiques de la Marie du Magnificat pour avoir le courage de dénoncer ce qui est inacceptable, pour lutter contre les dragons du mal de notre société.

    Sébastien Doane est professeur d’exégèse biblique à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (Québec).

    Extrait de : Sébastien Doane, Zombies, licornes, cannibales… Les récits insolites de la Bible, Montréal, Novalis, 2015.

    source http://www.interbible.org

    ---------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • (photo : Ion Chiosea / 123RF)

    Interpréter l’évangile... pour sauver ses REÉR?

    Interpréter l’évangile... pour sauver ses REÉR? - InterBibleSÉBASTIEN DOANE | 28E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (B) – 14 OCTOBRE 2018

    L’appel du riche : Marc 10, 17-30
    Les lectures : Sagesse 7, 7-11 ; Psaume 89 (90) ; Hébreux 4, 12-13 
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

    J’ai toujours eu beaucoup de difficulté à lire le récit de la rencontre entre Jésus et le jeune homme riche. Comme plusieurs, j’ai tendance à me reconnaître dans ce personnage qui suit les commandements, veut se joindre à Jésus, mais qui ne parvient pas à poser le geste radical qui lui est demandé. Une question troublante me hante à chaque lecture : Est-ce qu’il est possible d’être riche et d’avoir accès à la vie éternelle? À deux reprises les disciples réagissent aux propos de Jésus. Ils sont d’abord stupéfaits, puis déconcertés! Si vous êtes comme moi, vous êtes aussi bouleversés que les disciples. 

    Naturellement, mon instinct est de chercher comment interpréter cet extrait tout en gardant mes REÉR [1]. J’aimerais bien envisager la vie éternelle, mais je veux aussi garder ma maison et mon travail à l’université.

    Interpréter ce récit... pour ne pas le lire

    De tout temps, les lecteurs et lectrices de ce texte ont réagi en adoucissant les propos de Jésus puisqu’ils ne correspondent pas à leur style de vie. Clément d’Alexandrie, au 3e siècle, se demande : « Qui parmi les riches peut être sauvé? » Il rassure ses lecteurs que la richesse n’est pas un obstacle absolu à la vie éternelle. Sa stratégie est de chercher un sens spirituel caché à ce texte. Selon lui, en parlant des richesses matérielles, Jésus exprime plutôt, à mots couverts, l’importance d’épurer les passions qui peuvent nous séparer de Dieu.

    Au Moyen-Âge ce texte était un des fondements de la distinction entre les religieux, religieuses, et les laïcs. Les uns devaient renoncer à la richesse pour atteindre la perfection par le vœu de pauvreté alors que les autres n’avaient pas à se soucier de cette directive. 

    Au 16e siècle, Martin Luther interprète ce passage à la lumière d’un des fondements de la Réforme : seule la foi peut justifier (sauver) quelqu’un. Il présente le jeune homme comme un « bon gars » très proche de la cible, mais qui ne réussit pas à voir la divinité de Jésus et qui croit pouvoir se sauver par ses propres œuvres. Luther recommande donc de libérer son cœur de ses possessions matérielles et de mettre sa foi en Jésus.

    Appelons un chameau... un chameau

    Le meilleur exemple des stratégies pour dévier l’interprétation de ce texte se trouve autour de l’image du chameau et du trou de l’aiguille. On a imaginé qu’il se trouvait dans les remparts de Jérusalem une porte qui s’appelait « la porte de l’aiguille » et qu’elle était juste assez grande pour qu’un chameau y passe avec un peu de difficulté. Avec cette image inventée de toute pièce, on réussit à faire dire au texte que les richesses ne sont pas idéales, mais qu’elles ne sont pas un obstacle à la foi et au salut.

    Pourtant, le chameau est le plus grand animal en Terre sainte. À l’inverse, le trou d’une aiguille est une image de l’ouverture la plus petite qui puisse être imaginée. On retrouve une hyperbole prophétique similaire dans le Talmud (6. Berakot 55b) ou même dans un rêve, un éléphant ne peut passer par le trou d’une aiguille. S’il est déjà impossible de faire passer un chameau par une ouverture si petite, le récit indique qu’il est encore moins possible pour un riche d’avoir la vie éternelle.

    D’ailleurs, le récit du jeune homme riche montre un rapport de causalité entre ses richesses et le fait qu’il s’en alla triste au lieu de suivre Jésus. Il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens

    Le récit a été interprété pour trouver des façons de ne pas exclure les riches de la vie éternelle. Pourtant, si on revient au texte biblique, la visée même de ce récit semble être de montrer l’opposition entre les richesses et la suite de Jésus.

    L’inégalité socio-économique de la Galilée

    Il y avait un important enjeu de déséquilibre économique en Galilée au premier siècle. Cette tension se voit entre les régions rurales juives et les villes gréco-romaines de Sepphoris et Tibériade. Le pouvoir politique était concentré dans les mains de ces villes où habitaient les riches qui exploitaient les régions rurales. Je vous invite d’ailleurs à aller visiter les ruines de Sepphoris et de Capharnaüm pour les comparer. Dans la ville riche de Sepphoris, on retrouve une rue marchande des plus belles de l’époque, du marbre blanc et même sur les planchers, des mosaïques si belles qu’une de celles-ci a été surnommée la Joconde de la Galilée. À l’inverse, à Capharnaüm les maisons de pierre de basalte noire sont empilées les unes à côté des autres. Aucune mosaïque... puisqu’il n’y avait pas d’autre plancher que de la terre battue. Capharnaüm était le camp de base de Jésus et de ses disciples. Ce n’est pas sans raison que les évangiles ne mentionnent aucun séjour de Jésus dans les riches villes de Galilée. 

    Et si dans ce monde marqué par l’injustice économique, Jésus avait condamné les riches? Pratiquement aucun commentateur n’ose s’aventurer dans cette direction, pourtant le récit du jeune homme riche et ce qu’on sait de la réalité économique de l’époque nous orientent vers cette interprétation littérale. Peut-être que c’était même un des moteurs du succès du message de Jésus? Il annonçait prophétiquement un renversement complet de la situation économique de son époque.

    Cette interprétation invite à inverser la théologie de la rétribution qu’on retrouve dans plusieurs textes bibliques. Traditionnellement, la richesse était vue comme un signe de la bénédiction de Dieu (Dt 8,18). Le Psaume 112,3 rapporte que celui qui suit les commandements recevra la richesse. Ainsi, la pauvreté était vue comme un signe de malédiction relié au péché. L’entretien de Jésus avec le jeune homme riche renverse cette théologie. Observer les commandements n’était pas suffisant. Être riche, c’était prendre part dans l’inégalité sociale.   

    Dois-je devenir itinérant pour être sauvé?

    S’il est clair qu’il fallait laisser sa famille et ses possessions pour suivre Jésus sur les routes de la Galilée, il n’en va pas automatiquement de même pour nous. En lisant ce récit, on peut décider de :

    • l’ignorer complètement,
    • vivre la « simplicité volontaire »,
    • utiliser ce que l’on possède pour aider son prochain.

    Personnellement, j’oscille entre toutes ces options.

    Le royaume de Dieu dont Jésus parle concerne d’abord et avant tout les exclus, les malades, les pauvres, les prostituées, les publicains, les laïcs et les enfants. Cette constatation me permet de voir que pour le suivre, je dois sortir vers les périphéries, car c’est là que Dieu nous attend. C’est d’ailleurs le message du pape François qui connaît bien ces réalités que nous refusons souvent de voir.

    La nature du royaume de Dieu fait qu’il est plus difficile pour un riche d’y entrer que pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille. Ce royaume s’opposait de façon radicale au modèle économique de l’époque. Jésus a donné un défi au jeune homme riche : laisser ses richesses pour embarquer dans sa communauté alternative. La bonne nouvelle, c’est que des communautés alternatives comme celle de Jésus existent encore... Si ça vous intéresse, allez voir du côté des Arches de Jean Vanier.

    Sébastien Doane est professeur d’exégèse biblique à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval (Québec).

    [1] Régime enregistré d'épargne retraite.

    Source : Le Feuillet biblique, no 2589. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal. 

    Source http://www.interbible.org/

    --------------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • Franchir le seuil de la foi

    Cène

    Jésus enseignant entouré de la foule. François-Alexandre Verdier (1651-1730).

    Crayon noir et rehauts de craie blanche, lavis gris, 26,3 x 35 cm. Musée Albertina, Vienne.

    Jésus, Béelzéboul et sa famille : Marc 3, 20-35
    Les lectures : Genèse 3, 9-15 ; Psaume 129 (130) ; 2 Corinthiens 4, 13 – 5,1
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

     

    Il y a près de quatre mois, le 11 février dernier, nous célébrions notre dernier dimanche du temps ordinaire. Après les quarante jours du Carême et les cinquante jours de Pâques, nous avons célébré les solennités de la Sainte Trinité (27 mai) et du Saint-Sacrement (3 juin). Voici que nous reprenons aujourd’hui notre lecture suivie de l’Évangile selon saint Marc. Or, cette reprise marque un véritable choc. Nous avions assisté le 11 février à la purification d’un lépreux par Jésus (Mc 1,40-45). Nous retrouvons aujourd’hui Jésus en proie à une forte opposition. Les gens de chez lui veulent se saisir de lui parce qu’ils croient qu’il a perdu la tête. Les scribes descendus de Jérusalem l’accusent d’être possédé et d’expulser les démons par le chef des démons. Les gens de sa famille interviennent ensuite pour tenter de faire cesser son ministère. Comment en sommes-nous arrivés là?

    Une série de controverses en Galilée

    Après la purification d’un lépreux, qui clôturait le chapitre 1 de son évangile, Marc raconte cinq récits de controverses, qui se passent toutes à Capharnaüm. Les deux premières disputes concernent le pouvoir qu’a Jésus de pardonner les péchés (2,1-12.13-17). Les deux dernières concernent son autorité sur le sabbat (2,23-28 ; 3,1-6). Comme l’indique la controverse centrale (2,18-21), ces confrontations révèlent que Jésus est l’Époux de la fin des temps présent au milieu de son peuple. Pourtant, des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé (2,20). Et au terme de ces controverses, les pharisiens se réunirent en conseil avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr (3,6). Déjà la croix se dresse à l’horizon de la vie de Jésus.

    Un nouveau peuple de Dieu

    En réponse à cette menace, Jésus se retira avec ses disciples près de la mer, et une grande multitude de gens, venus de Galilée, le suivirent. De Judée, de Jérusalem, d’Idumée, de Transjordanie, de la région de Tyr et de Sidon vinrent aussi à lui une multitude de gens qui avaient entendu parler de ce qu’il faisait (3,7-8). Cette foule où se côtoient Juifs et Gentils préfigure l’Église d’après Pâques. Ce rassemblement précède immédiatement l’institution des Douze. Nouveau Moïse, Jésus gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui, et il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle (3,13-14). La persécution de Jésus et sa mort sur une croix n’auront pas raison de la mission du Fils de l’Homme. Après sa résurrection, cette mission se poursuivra par l’entremise de sa nouvelle famille spirituelle, ceux qui sont avec lui, accompagnée d’une grande multitude, qui formeront ensemble l’Église, nouveau peuple de Dieu, chargé de proclamer l’Évangile.

    Difficile reprise de la mission

    Mais il reste encore une dizaine de chapitres avant que ne s’amorce le drame de la Passion (Mc 14–16). La mission initiale est loin d’être terminée. C’est pourquoi Jésus revint à la maison avec ses disciples, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était pas possible de manger (3,20). La situation rappelle celle où nous avions laissé Jésus le 11 février dernier (6e dimanche B) : Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui (1,45). On se rappellera aussi le premier retour de Jésus à Capharnaüm : tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, pas même devant la porte (2,2). Aujourd’hui encore, Jésus est victime de son succès.

    La famille naturelle de Jésus

    Cette situation dérangeante a pour effet de raviver l’opposition à Jésus. Interviennent d’abord « les gens de chez lui » (3,21) ou, comme le traduit la TOB, « les gens de sa parenté ». Ils apparaissent pour la première fois dans la trame de Marc. Il est donc difficile de savoir qui ils sont. Chose certaine, ils font contraste avec les douze qui viennent tout juste d’être choisis pour qu’ils soient avec lui (3,14). Les gens de chez lui ne sont pas avec Jésus, mais plutôt contre lui. Ils cherchaient à se saisir de lui, car ils affirmaient : “Il a perdu la tête”(3,21). Par un geste de violence, ils veulent en quelque sorte le protéger de lui-même.

    Les scribes de Jérusalem

    Puis ce sont les scribes […] descendus de Jérusalem (3,22) qui accusent Jésus de deux choses : Il est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons(3,23). L’accusation est grave. Jésus ne serait plus l’envoyé de Dieu, mais l’instrument de Satan. L’opposition déjà manifeste dans les controverses (2,1 – 3,6) s’accentue, elle est totale : tout en lui est du démon. L’affaire est d’autant plus sérieuse que la double accusation provient de gens qui ont autorité et qui, plus tard, condamneront effectivement Jésus à mourir et à mourir sur une croix.

    La réponse de Jésus

    Jésus ne refuse pas la confrontation. Il appelle ses opposants près de lui et leur offre une réponse en parabole. Il commence par montrer l’absurdité de leur dernière accusation. Comment Satan peut-il expulser Satan? (3,23). C’est impossible. Mais supposons pour un moment que les scribes aient raison. Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui (3,24-26). Effectivement, c’en est fini de Satan, mais pas pour les raisons invoquées par les scribes. « La vraie défaite de Satan ne vient pas d’une division interne au monde du mal, mais de la victoire d’un plus fort que lui » [1]. Ce plus fort est Jésus qui, poussé par l’Esprit Saint, restaure le Règne de Dieu.

    Les conséquences d’un refus

    Jésus conclut : Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes […]. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours (3,28-29). Le péché irrémissible est celui de méconnaître l’action de l’Esprit Saint, source de l’action de Jésus.

    Deuxième tentative de la famille de Jésus

    En 3,21, la famille de Jésus avait disparu. Elle réapparaît en 3,31, accompagnée cette fois par sa mère, dans un effort pour mieux le convaincre. Ils restent dehors et l’appellent pour « l’éloigner à la fois de sa mission et de ceux qu’il va lui-même présenter comme sa parenté spirituelle » [2]. La réponse de Jésus est un appel implicite à franchir le seuil de la maison pour faire partie de ceux et celles qui font « la volonté de Dieu » (3,35).

    Franchir le seuil

    Marc ne raconte pas comment a réagi la parenté naturelle de Jésus. À nous d’écrire par nos vies la suite du récit. Confrontés au mal, nous sommes appelés à reconnaître en Jésus ressuscité celui qui, habité par l’Esprit Saint, est plus fort que le mal et veut nous en délivrer. Accueillons son invitation à franchir le seuil pour faire partie de sa parenté spirituelle en l’entourant, en écoutant sa parole, et en faisant la volonté de Dieu. Quelle belle façon de reprendre l’« ordinaire » de notre vie chrétienne!

    Yvan Mathieu

    [1] Camille Focant, L’évangile selon Marc, Paris, Cerf (CBNT, 2), 2004, p. 149.

    [2] Ibidem, p. 151.

    Source : Le Feuillet biblique, no 2580. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

    source www.interbible.org/

    --------------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • Un souper presque parfait

    Cène

    La Cène, Pierre Paul Rubens, circa 1632. Huile sur toile, Milan, Pinacothèque de Brera

    (photo : Wikimedia Commons). 

    Le repas pascal : Marc 14, 12-16.22-26</fb:like>

    Les lectures : Exode 24, 3-8Psaume 115 (116) ; Hébreux 9, 11-15
    Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

    Vous connaissez l’émission « Un souper presque parfait »? À tour de rôle, cinq inconnus doivent se recevoir les uns les autres pour un repas convivial et une soirée de divertissement. Celui qui saura se présenter comme le meilleur hôte remporte les honneurs! Si cette série permet rarement un échange profond entre convives, le dernier repas de Jésus était si marquant qu’on en parle encore après deux millénaires.

    De Pâque aux Pâques

    Par une simple lettre, la langue française permet de distinguer deux concepts à la fois rapproché et distinct. Pâque réfère à la fête juive commémorant la sortie d’Égypte. Ajouté un « s » à la fin de ce mot et vous obtenez le nom de la fête chrétienne de la résurrection de Jésus.  

    En Marc, le dernier repas de Jésus avec ses disciples a lieu lors d’un rituel important pour la tradition juive : le seder. Ce repas est marqué par le partage de nourritures et de boissons symboliques qui rappellent l’alliance de Dieu avec son peuple. Un des moments les plus importants est la question d’un enfant qui permet de raconter le récit fondateur de la sortie d’Égypte. L’idée n’est pas simplement de lire comme un événement passé, mais de fusionner les limites du texte et de la vie courante pour que les participants du seder puissent s’identifier aux Hébreux de l’Exode. Bénédictions, chants de psaumes et prières d’action de grâce marquent aussi cette liturgie vécue autour d’un repas familial. L’agneau, le pain, les herbes et les multiples coupes partagés symbolisent le renouvellement de l’alliance entre Dieu et son peuple.  

    Une préparation mystérieuse

    La première partie du récit raconte la préparation du repas dans des détails étonnants. Jésus semble doué d’une certaine prescience, une faculté qui entre rarement en jeu dans les autres récits évangéliques. En effet, Jésus sait d’avance que les disciples rencontreront un homme portant une cruche d’eau et que celui-ci les mènera au propriétaire de la salle où se déroulera le repas. Ce genre de rencontre dans une Jérusalem envahi de pèlerins pour célébrer la Pâque ne va pas de soi. De même, les salles devaient toutes être réservées. Ici Jésus semble maître de la situation.

    Des convives plus ou moins à la hauteur...

    Les versets 17 à 21 ne sont pas lus ce dimanche. Ils annoncent qu’un disciple trahira Jésus. De même, les versets 28 à 31 qui annoncent l’abandon des disciples et la trahison de Pierre sont également omis. La liturgie ne proclame pas ces éléments du récit afin de faire plutôt porter toute l’attention sur le repas comme tel et non sur la suite de la passion de Jésus. Pourtant, ces deux groupes de versets sont importants puisqu’ils soulignent que les convives de Jésus ne sont pas assis avec lui à cause de leur mérite. Jésus partage le repas le plus important de sa vie avec des personnes qui vont le trahir, le renier et l’abandonner! Il n’y a pas que le personnage de Judas qui joue un mauvais rôle. Tous ceux qui partagent le pain et la coupe vont tous abandonner Jésus. La perfection de ce souper ne tient certainement pas dans la sainteté des convives. Si ce repas se veut une alliance, il faut en comprendre que ce climat d’alliance ne dure même pas le temps d’une soirée. C’est très biblique comme thème. L’Ancien Testament est un recueil de texte autour des alliances conclues et brisées.

    Le pain et la coupe

    Les actions et les paroles de Jésus autour du pain et de la coupe proviennent d’une tradition cultuelle importante pour les premiers chrétiens. Déjà la lettre aux Corinthiens (1 Co 11,23-26) transmet cette tradition une vingtaine d’années avant la composition de l’Évangile selon Marc.

    Les actions que pose Jésus qui prend, bénit et rompt le pain sont naturelles pour un repas dans le contexte de l’époque. Par contre, la parole ne va pas de soi : Prenez, ceci est mon corps.  La parole de Jésus relie son corps au pain partagé. Comme le pain, son corps sera bientôt brisé par la mort violente. Pourtant, dans le partage de ce pain, les disciples et les premiers chrétiens vont découvrir une véritable communion qui transcende l’absence corporelle de Jésus. Par ce pain rompu, Jésus se donne à ses disciples.

    Contrairement au seder le récit du dernier repas n’indique pas la symbolique de plusieurs coupes. Jésus rend grâce, donne et boit la coupe. Encore une fois, c’est une parole étonnante qui donne un relief à cette action habituelle. Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude. Cette parole fait référence au sang du sacrifice scellant l’Alliance au Sinaï : Ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclue avec vous. (Ex 24,8) Cette notion d’alliance et de multitude fait écho à la dimension communautaire du partage du pain. La parole de Jésus indique que le vin est son sang. Dans le contexte du récit de la passion, ce sang versé ne peut qu’évoquer le sang de la mort violente qui vient. Dans le contexte biblique, il évoque aussi le sang comme symbole de vie offert lors des sacrifices pour entrer en relation avec Dieu. La violence de la mort de Jésus ouvre à quelque chose de plus grand.  Paradoxalement la mort d’un individu permet l’intégration d’une multitude dans une nouvelle alliance avec Dieu.

    Le repas du Royaume

    Cette scène de repas se termine par l’évocation d’une promesse. La mort vient et avec elle, l’arrêt de toute consommation de nourriture ou de boisson. Cependant, Jésus évoque l’espoir d’un banquet céleste où il pourra boire le vin nouveau du Royaume de Dieu. Cette image rappelle celle des banquets évoqués dans la tradition biblique. Isaïe (25,6-8) utilise l’image du festin pour annoncer le repas messianique de la fin des temps. Pour ce banquet, le Seigneur prépare des viandes grasses et de bons vins. Il essuie les pleurs de tous les visages, il fait disparaître la mort et il réunit toutes les nations. Si ce texte n’est pas cité explicitement, il permet aussi de faire un chemin de la mort à la vie.

    La participation au repas du Royaume n’est peut-être pas aussi lointaine qu’elle paraît. Le dernier repas partagé entre Jésus et ses disciples, dont nous faisons mémoire en chaque eucharistie, anticipe ce festin de la fin des temps rassemblant le peuple de Dieu et toutes les nations. Et ça sera certainement un souper presque parfait.

    Sébastien Doane

    Source : Le Feuillet biblique, no 2579. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

    Source http://www.interbible.org

    -------------------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire
  • « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

    Jean 6, 28-29

                                                             (image ajoutée par OFS Sherbrooke)

    « Que devons-nous faire? » La même question est posée à Jean Baptiste dans l’Évangile selon saint Luc, à trois reprises. Chaque fois, il répond par des recommandations bien terre-à-terre : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même! […] N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. […] Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort; et contentez-vous de votre solde. » (Luc 3,11.13-14)

    Alors que la réponse de Jésus à cette même question est d’ordre assez générale, presque théorique (croire « en celui qu’il a envoyé »), celle du Baptiste est tout ce qu’il y a de plus concret. Elle se situe dans la sphère de l’éthique : faire preuve d’honnêteté et de respect à l’endroit des autres. Les propos de Jean peuvent éclairer, d’une certaine manière, la réponse de Jésus. Si on combine les deux, on peut en déduire que « travailler aux œuvres de Dieu », c’est travailler ses relations avec les autres et, par le fait même, avec le Christ, « celui qu’il [le Père] a envoyé ».

    Et comment travailler sa relation avec le Christ autrement qu’en se montrant attentif aux autres et en leur prêtant secours? « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25,40)

    Jean Grou

    source http://www.interbible.org/

    ------------------

    Articles récents- OFS-Sherb

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique