• Bruit de paroisse - Élisabeth

    Bruit de paroisse.


    bougie lampe

     

      C'est la Chandeleur, à l'entrée de l'église, on vend des cierges, un euro. En mettant la main à sa poche, il s'aperçoit  confus qu'il n'a pas un sou sur lui. La femme, une septuagénaire maigre et rigide, le toise d’un œil sévère  ramenant vivement  la bougie contre sa poitrine.


    -          Si tu l’avais vu ! raconte t-il  à un ami peut de temps après,  vraiment pas aimable la dame patronnesse !  Je me suis senti comme un lépreux, pire qu’un mendiant ! Le seul à ne pas avoir de cierge ! par délicatesse, elle aurait pu me l’offrir ! Tu vas à l'église, tu t'attends à ce qu'on pratique l'amour du prochain et rien. Pas un sourire ! C'est révoltant ! Tu comprends ça toi ?


    -          Oui. Elle ne t'a pas reconnu.


    -          - ?.


    -          Elle n’a pas su voir en toi son frère.


    - Oui on est tous frère et bla-bla-bla et bla-bla-bla. Tu parles d'une rengaine. Tu ne m’apprends rien de nouveau et ça n’explique rien.


    -          Aussi  ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. L'amour du prochain, cette dame, elle connaît. Elle le pratique même. Je suis sûre qu’elle donne beaucoup de son temps à la paroisse. Elle sait voir en l'autre un frère, mais pas »son « frère, Est-ce que tu saisis  la différence ? Si elle avait su voir en toi son propre frère ou son époux ou son enfant, elle  se serait montrée plus indulgente et elle t'aurait donné et le cierge et le sourire et la lumière

    .

    -      Elle n'est pas près d'y arriver !


    -Et nous, le sommes nous ?


                  - Tu exagères !  Je l’'aurais donné moi le cierge. Qu’est-ce qu'un euro !


      - oui je n'en doute pas. Tu l’aurais donné parce que ce n’est pas un problème pour toi, mais placé dans une autre situation, aurais tu su voir ton frère dans l’autre. Tiens, sans chercher bien loin, si tu  avais reconnu en elle,  disons,    ta grand-mère les choses se seraient passées autrement  Non, je te le dis, c’est malheureux mais c’est comme ça,  on ne sait pas faire avec l’autre, tout de suite, on se ferme, on juge et on condamne. On ne sait pas le rendre  proche  jusqu’à ce qu’il devienne  un membre de notre famille, jusqu’à ce qu’il devienne moi, car pour celui qui me fait face l’autre c’est moi. L’autre est en moi.  Sans cette transmutation, on ne peut pas l’aimer en vérité.  On ne sait faire que son devoir, c'est pourquoi Saint Paul a pu dire  dans son cantique sur la charité des paroles  aussi étonnantes et effrayantes que celles-ci. «  J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne sert à rien. » On ne peut que frémir en les entendant. Et pour nous chrétien,  depuis l’incarnation du Verbe de Dieu, le prochain, c’est encore plus que cela.  C’est lui,   le Christ, venu habiter notre humanité, prendre le visage de chaque homme pour nous apprendre à aimer jusqu’à donner sa vie.

     

    Élisabeth


    Autres dossiers

    « Homélie - Mercredi des Cendres -13 fév 2013Incarnés, mais moins carnés - E&E »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :