• Chemin d’errance - revue Message

     

    (EXTRAIT page 7-9- mars-avril 2013)

     

    oeuf-paque.jpgChemin d’errance

     

    Pourquoi te désoler, ô mon âme et gémir sur moi,
    Espère en Dieu ! De nouveau je rendrai grâce :
    Il est mon sauveur et mon Dieu. (Ps 41)


    Parfois je croise sur ma route des personnes qui geignent sans cesse sur leur vie au lieu de la vivre, qui quémandent autour d’elles la pitié au lieu de marcher avec courage un petit bout du chemin. Dans la violence qui se lève en moi et m’emporte contre elles, je sais que je me reconnais en elles, c’est une part de moi que je déteste en elles : je déteste en elles l’enfant plaintif que je suis devant Dieu.
    Je suis devant toi, Seigneur comme un enfant triste qui ne cesse de se plaindre : il se tient debout à demi caché dans le recoin d’un mur et il contemple, enfermé en lui même, les autres emportés dans l’allégresse de la danse, la danse de la vie. Il est là à pleurer sur lui au lieu de se lancer dans le tohu-bohu joyeux de la vie. Il est chétif, timide, envieux, il n’ose pas, il ne sait pas ; il se tient là gémissant, plaintif…
    Que peut-on faire de cet être sans joie, cette tête à claques aux yeux tristes, cet empoté empêtré dans ses infinies hésitations, ce repoussoir à vie, cet éteignoir de joie ? (Comme les mots me viennent facilement pour le dénigrer, l’écraser !) Que faire mon Dieu, avec cet enfant tendu par le désir, paralysé par la peur ?
    Quels bras généreux et volontaires l’emporteront malgré lui dans la farandole ? Quelle âme charitable l’entraînera de force et le lancera dans le tournoiement sans fin de la vie ? Pas d’autre solution sinon il moisira sur place !

     

    Je vois dans le lointain un bel homme aux cheveux roux qui tourbillonne au son des tambours et de la lyre, qui danse sans retenue pour son Dieu :
    Ah ! si j’avais la fougue et la passion du roi David,
    Qui dansa sans vergogne devant l’arche d’alliance :
    Quel amour, quelle ferveur à en oublier toute convenance !
    A danser jusqu’au bout du souffle en Dieu et pour Dieu,
    Quelle liberté, quel abandon, quelle joie !
    Ah ! Si j’avais seulement la moitié de la fougue du roi David !

     

    Je vois, plus près de moi, ce beau couple, si beau qu’un cercle d’admirateurs s’est formé autour d’eux, et pourtant ce n’est pas l’éclat de leurs habits qui éblouit (ils portent des vêtements ternes et rapiécés), mais la douceur et la grâce de leurs pas, ni la fraîcheur et la jeunesse de leurs visages (ils sont marqués par la maladie et le manque) mais la clarté qui en émane et la tendresse divine qui les lie :
    Ah ! Si François me prêtait sa partenaire
    Pour quelques tours de danse,
    Si légère et frêle, si libre et joyeuse,
    Je m’envolerai, je crois, dans ses bras,
    Et je trouverai le rythme juste de la vie
    Pour quelques tours de danse !
    Dame pauvreté ne se prête pas, ni ne se donne à moitié : elle se donne toute entière à tous ceux qui veulent l’étreindre tout entière. Es-tu prêt pour la séduire et la connaître à quitter les richesses fanées de tes demeures anciennes ?
    Plus je regarde ces gens qui tournent autour de moi, les yeux brillants de la joie de la danse, plus je me sens lourd, pesant, incrusté, définitivement immobile.
    Seigneur, Je suis comme un arbre de chez nous qui enfonce ses racines noueuses dans le sol
    caillouteux et séchard ; il a dû chercher l’eau si loin qu’il est devenu comme indéracinable, accroché aux fissures profondes des rochers par la multitude de ses radicelles.
    Seigneur, les arbres peuvent-ils danser ?

    (N’as-tu jamais lu la Parole ?)
    Joie au ciel ! Exulte la terre !
    Les masses de la mer mugissent
    La campagne tout entière est en fête.
    Les arbres des forêts dansent de joie
    Devant la face du Seigneur, car il vient,
    Car il vient pour juger la terre. (Ps 95)





    Alors là, Seigneur, si tu fais danser les arbres et chanter la terre, me voici sans voix devant toi ; je ne peux que te tendre mes bras et te laisser m’entraîner à la danse :
    Mon coeur est prêt, mon Dieu,
    Mon coeur est prêt !
    Je veux chanter, danser, jouer des hymnes !

    Tu as changé mon deuil en une danse
    Mes habits funèbres en parure de joie
    Ils danseront mes os que tu broyais.
    Eveille-toi ma gloire !
    Eveillez-vous, harpes, cithare,
    Que j’éveille l’aurore !
    Ton amour me fait danser de joie. (Ps 30)

    André

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