• Chemins de désert - InterBible

    Chemins de désert

    éclosion En ce temps de carême, nous avons 40 jours à notre disposition pour entrer en dialogue avec Dieu, pour approfondir notre foi en Jésus Christ, pour nous mettre à l'école de l'Évangile, pour reprendre contact avec l'essentiel.

         Et si, pour vivre ce temps de carême, nous prenions la route du désert? Mais attention! Lieu inhospitalier par excellence, le désert est pourtant un incontournable de l’univers géographique, historique et spirituel de la Bible. Impossible de se déplacer dans les territoires du Proche-Orient ancien (et même encore de nos jours) sans que le désert se trouve sur sa route. Durant l’exode, les Hébreux ont sillonné les déserts du Sinaï, du Neguev et de Juda. Heureusement les oasis et autres points d’eau constituent des haltes nécessaires pour qui veut survivre à une traversée du désert.

    La symbolique du désert

         Le désert est un lieu symbolique ambivalent. D’une part, c’est un lieu d’épreuve, de solitude et de sécheresse spirituelle, et le repaire des puissances maléfiques et hostiles à l’être humain. D’autre part, le désert est un lieu de rencontre et d’intimité avec Dieu, un lieu de préparation à une mission. Ces deux valeurs symboliques vont souvent de pair. La rencontre de Dieu est souvent accompagnée d’une mise à l’épreuve. La préparation à une mission est fréquemment accompagnée de la tentation de s’y soustraire ou de la détourner de ses fins.

         Le séjour au désert oblige au détachement, à l’humilité et à la confiance. La traversée du désert fut pour les Hébreux un temps de mise à l’épreuve de leur persévérance et de leur fidélité à marcher dans les voies du Seigneur : Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l'a imposée pour te faire connaître la pauvreté ; il voulait t'éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : est-ce que tu allais garder ses commandements, oui ou non ? Il t'a fait connaître la pauvreté, il t'a fait sentir la faim, et il t'a donné à manger la manne - cette nourriture que ni toi ni tes pères n'aviez connue - pour te faire découvrir que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur (Deutéronome 8, 2-3). Ce chemin ne fut pas parcouru sans murmures et sans tentation de retourner en arrière.

         Au désert l’être humain est confronté à lui-même et se trouve dans l’obligation d’entrer dans les profondeurs de son être, avec tout ce que cela comporte de découvertes tantôt réconfortantes tantôt décevantes. Les récits de séjours au désert nous montrent que la plupart du temps les gens y pénètrent forcés par les circonstances et avec un sentiment d'appréhension. Jésus y sera notamment conduit par l'Esprit. On compare par exemple une période de vie difficile à une traversée du désert, comme un temps d’épreuve, de réorientation de sa vie. Mais rassurons-nous! L'expérience du désert s'avère habituellement féconde. Qu’il soit matériel ou spirituel, ou les deux à la fois, le désert ne peut être traversé qu’en portant une espérance vrillée au cœur : espérance d’une terre accueillante et féconde; espérance de restauration et de conversion; espérance de rencontre de Dieu et de salut.

    Le désert et l’expérience spirituelle

         Il n’y a pas d’endroit plus propice que le désert pour susciter la soif de Dieu, ou à l’inverse pour éprouver pour son silence qui est souvent pris pour son absence. L’exode fut pour les Hébreux le temps de leur naissance comme peuple de Dieu, comme peuple témoin aux yeux du monde du projet de libération et de l’alliance que Dieu offrira un jour à toute l’humanité. Ce fut le temps de l’apprivoisement de la liberté, le temps de la croissance dans la foi avec ses moments intenses de communion et ses moments d’infidélité à l’alliance.

         Ne pourrait-on pas comparer l’ensemble de notre vie à un exode, à une longe marche où nous avons à nous maintenir fidèlement dans une relation vivante avec Dieu, à faire entrer en dialogue les divers événements de notre vie avec le dessein de salut que Dieu nous a révélé? Le carême nous est offert comme un temps de désert, d’approfondissement de notre foi et de purification de notre relation avec Dieu.

     

    Yves Guillemette, bibliste

    « Je vis dans un perpétuel émerveillement, une sorte d’enfance spirituelle - BrunoLa prière - Spiritualité franciscaine pour aujourd'hui, 2e semaine de Carême - Croire et Suzanne »

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