• Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (6 de 7) - Suzanne

    Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (6 de 7)

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

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              Midelt – l’intérieur du Monastère – devant l’entrée.

    La mission en 2013

    Les FMM sont implantées à Casablanca, la chapelle Notre Dame des Anges y a été inaugurée en 1936. Le jardin, décorée par sœur Elise Bertaut, est un vrai havre de paix.

    A Rabat, Tétouan/Mantil, Meknès.

    A Marrakech, Sainte Marie de Marrakech est la mère des églises du Maroc. Les Martyrs franciscains ont été canonisés par le pape franciscain sixte IV en 1481 ; L’église des Saints Martyrs voisine avec le minaret d’une mosquée.

    A Ouarzazate

    A Midelt, Tatiouine

    La présence des FMM est modeste mais très vivante. Certaines sœurs sont au Maroc depuis plus de 60 ans. D’autres en sont parties puis sont revenues. L’Institut des FMM est international ce qui explique les nombreux déplacements et les facultés extraordinaires d’adaptation de ces femmes. Citons l’exemple d’une sœur qui, à 91 ans accepte de changer de maison. Toutes ont une activité professionnelle et aucune n’hésite à se former pour répondre à un besoin. Très actives, je n’ai pas encore rencontré une FMM ayant le désir de prendre « sa » retraite, même après 90 ans ! La doyenne à Casablanca qui va fêter ses cents ans dans un mois, a tenu à assister à la session. Sœur Colette Meert, après 73 ans de présence, fait toujours du soutien scolaire.

    Même si les sœurs ont abandonné la direction des écoles, des dispensaires etc. leurs activités sont nombreuses. Leur repli dans les médinas, les palmeraies du sud ou dans les montagnes de l’Atlas leur assure encore de nombreuses charges. L’alphabétisation continue ainsi que le travail en atelier avec les femmes : apprentissage de la couture, de la broderie ou du tissage. L’enseignement, l’apprentissage des langues, le soutien scolaire à domicile – les petits garçons qui arrivent du bled dévorent les cours de math donnés … par une licenciée. Sœur Colette Rouillard a formé plus de 1500 élèves dans les nouveaux lycées marocains !

    La visite des prisonniers, le contact avec les enfants des rues, les soins médicaux en hôpitaux ou à domicile, le travail auprès des handicapés ou dans les orphelinats. Et même simplement donner le biberon aux bébés orphelins ou se transformer en raconteuse d’histoire pour les enfants etc. Mais aussi  garder le contact avec la population, approcher les familles, être à l’écoute des confidences, des difficultés ou des souffrances, s’attacher à redonner de la dignité aux plus défavorisés.

    Sans oublier une présence très active au SAM de Casablanca – Service d’accueil des migrants – où de nombreuses femmes se retrouvent avec leurs enfants. Un soutien éducatif leur est donné.

    Citons aussi le travail de sœur Huguette Gosset, chargée auprès du Ministère de l’agriculture de la recherche agronomique pour les exportations marocaines. Créer des hybrides marocains. Projet de chèvres laitières pour compenser la pauvreté. Création d’activités génératrices de revenus comme par exemple une fromagerie créée avec des femmes. C’est ainsi que Sr. Huguette est devenue madame « chèvre » et madame « safran ».

    Une constante, chez les Franciscaines Missionnaires de Marie : Vitalité, joie et rayonnement.

     

    Formation Permanente des Adultes :

    Accueil des femmes au centre Anfa Casablanca 

    Responsable sr. Claire HANTOUCHE, fmm

    A l’origine, un projet d’alphabétisation lancé il y a quarante ans par une enseignante canadienne, à la demande des mères de famille. Une FMM française a pris ensuite le relai et c’est maintenant sœur Claire qui en assume la responsabilité. C’est ainsi que, depuis quelques décennies, la communauté des Franciscaines Missionnaires de Marie a ouvert ses portes pour répondre à ce besoin, à travers la « Formation Permanente des Adultes ».

    Un parcours est proposé à chaque femme. Leur âge variant de 14 à 70 ans et plus, les capacités et motivations sont bien sûr différentes. Toutefois, le maître mot et le point commun de toutes ces femmes reste « motivation » pour franchir un pas important dans leur vie. Pour toutes, « acquérir le savoir est une nouvelle naissance »

    Pour celles qui sont analphabètes, le parcours commence par l’apprentissage de l’arabe. Il va pouvoir évoluer vers l’enseignement du français, du calcul et même donner accès à la classe d’informatique. Bien plus, certaines « apprenantes » qui ont fait un parcours important sont devenues enseignantes, telle Zoubida.

    Ma joie a été de les rencontrer et de partager avec elles. Leur désir est de se libérer de la marginalisation pour participer à la vie sociale. Pour certaines d’entre elles, les enfants grandissent et le décalage entre la mère et les enfants  qui sont scolarisés est de plus en plus grand. La femme, la mère, est rapidement marginalisée, déconsidérée. Dans leur vie de tous les jours, savoir lire et écrire et être en mesure de comprendre et de se faire comprendre facilite les relations et modifie le regard des autres ; savoir compter, vérifier un prix, une facture que ce soit dans les magasins ou dans sa propre famille, change la donne. Un argument important est avancé : « compter sur soi-même et ne pas avoir recours aux autres pour les démarches ». En un mot, gagner une certaine liberté.

    La majorité de ces femmes est issue de la couche sociale la plus démunie. Ce sont souvent des employées de maison. Mais il y a aussi parfois les femmes marocaines qui les emploient appartenant à une couche sociale « moyenne » mais qui n’ont pas pu aller à l’école. On retrouve donc sur les bancs, l’employée et l’employeur.

    Il faut souligner tout particulièrement le courage de ces femmes. Leur démarche n’est pas évidente dans cette société où elles se sentent souvent exclues. Elles vont cependant trouver sur place, non seulement des cours d’écriture ou de calcul mais aussi un espace de parole au cours des conférences menées par des psychologues, des médecins ou des avocats qui abordent le code de la famille. C’est dans ces rencontres où les grandes questions de la vie sont abordées, que parfois un très gros problème s’exprime publiquement et que les drames endurés se dévoilent. Les franciscaines assument alors bien au-delà de l’enseignement. C’est le cas d’une jeune « apprenante » subissant de terribles violences et qui arrive à se dire. Après plusieurs mois, elle finit par demander le divorce. Malgré la période difficile qui a suivi, elle fait face à tous les besoins de sa famille et, avec le soutien des sœurs, elle se lance dans la photographie. A ce jour elle est devenue une photographe professionnelle qui participe à de nombreuses expositions.

    Ces femmes qui, comme nous l’avons dit, vivent dans des conditions difficiles, assument de lourdes tâches et qui sont parfois responsables d’une famille entière, viennent au centre des FMM avec un enthousiasme peu commun. Certaines arrivent accablées parfois mais repartent souriantes et pleines d’espoir. En effet, beaucoup de liens se tissent au niveau humain, leur travail est affiché, reconnu, valorisé. Bref, ici, elles existent et elles savent que grâce à cela, elles vont pouvoir exister à l’extérieur du centre.

    Les « apprenantes » du cours d’arabe  - composé de femmes de tous âges - ont mis en place un « Projet éducatif sur l’eau ». Elément sensible et particulièrement vital au Maghreb. Chacune a pris en charge un thème selon sa sensibilité : protection de l’environnement, les barrages, l’écologie, le bon usage de l’eau au sein de la famille etc. Certaines de ces femmes, issues des campagnes, rationnées en eau, savent à quel point cet élément est capital pour la vie. Elles n’ont pas hésité à me conseiller de ne pas laisser couler inutilement le robinet d’eau … lorsque je me lave les dents ! L’économie commence par les petites choses !

    Sœur Claire Hantouche,  fmm, responsable du centre est attentive à tous les niveaux.  Elle veille sur le parcours de ces femmes qui n’est certes pas facile mais qui trace avec courage un chemin de défis et un combat contre l’ignorance sous toutes ses formes.

    Je remercie, sœur Francesca Léonardi, Provinciale – sœur Marie Josèphe Labrousse, Responsable de la Communauté de Casablanca et sœur Claire Hantouche de m’avoir permis cette rencontre.

    Je remercie les enseignantes et les toutes les « apprenantes » pour leur accueil et leur générosité.

    Si j’avais à émettre un seul avis, un seul témoignage envers ces femmes, un seul mot, je dirai :

    DIGNITE !

    (La suite suivra au 3- 4 jours)

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