• Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (7 de 7) - Suzanne

    Compte rendu de mission au Maroc avril/mai 2013 (7de 7)

    Notre sœur Suzanne Giuseppi-Testut, ofs, arrive d’une mission au Maroc et nous partage ses découvertes, Merci Suzanne.

     

    partir mission


    (Photo d'archive)

     

    Il nous faut également parler de la fraternité des frères mineurs de Meknès.

    La Famille Franciscaine a fortement marqué l’Eglise au Maroc et ses représentants puisent aujourd’hui encore l’inspiration auprès de notre Père fondateur, saint François d’Assise. François recommandait aux frères allant parmi les Sarrasins, de « Ne faire ni disputes, ni querelles, mais d’ être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu et de confesser qu’ils sont chrétiens »

    La présence chrétienne à Meknès date d’environ cent ans. Un centre de rassemblement y avait été installé par les colons. Puis, ce centre est repris en 1940 par les frères franciscains qui, depuis ne l’ont jamais quitté. Or, ce lieu situé en plein cœur de la médina est facilement repérable car une croix, bien visible, est gravée au dessus de la porte d’entrée. Les frères commencent à jouer avec les enfants du quartier, puis à soigner les petits « bobos », puis ce sont des adultes qui se présentent pour des soins plus importants. Bref, un dispensaire s’ouvre. Puis les frères commencent à enseigner, gratuitement. De là nait un centre de formation - langue et plus tard informatique - qui peu à peu va accueillir des centaines de jeunes. Une solidarité s’installe. Devant la générosité des frères, les anciens élèves décident à leur tour d’enseigner gratuitement. Ils redonnent ce qu’ils ont reçu. Le centre est toujours très actif. Des jeunes frères ont rejoint l’ « Ancien », frère Joël, dont le visage rayonne François d’Assise.

    Conclusion : Le mystère de la présence chrétienne en terre musulmane.

    Extraits des Textes du Frère Jean-Pierre Flachaire – Prieur du monastère Notre-Dame de l’Atlas – Revue du Monastère Notre-Dame de l’Atlas « Hier et aujourd’hui » offerte à la suite de notre partage.

    Une Présence de Visitation selon Christian de Chergé.

    L’idée de rassembler les textes de Christian de Chergé sur le mystère de la Visitation m’est venue après avoir eu en ma possession deux textes où j’ai senti que, pour Christian, ce mystère exprime au mieux notre présence chrétienne en terre d’Islam. D’où un premier intérêt à étudier ce qu’il a dit ou écrit sur ce sujet.

    Premier extrait d’une lettre de Christian de Chergé à une sœur alors missionnaire au Yémen :

    « …Tous ces derniers temps, je me suis convaincu que cet épisode de la Visitation est le vrai lieu théologico-scripturaire de la mission dans le respect de « l’autre » que l’Esprit a déjà investi. J’aime cette phrase de Sullivan (dans : Matinales) qui résume bien tout cela : Jésus est ce qui arrive quand Dieu parle sans obstacle dans le cœur d’un homme. Autrement dit, quand Dieu est libre de parler et d’agir sans obstacle dans la droiture d’un homme, cet homme parle et agit comme Jésus : il fallait s’en douter !

    Et Christian conseille à la sœur : essaie d’être « sans obstacle » et tu ne cesseras de t’émerveiller … de t’Eucharistier … (hum : Pas très euphonique !) »

    Deuxième extrait :

    « Voici Marie jeune professe (son oui est tout récent). Elle se lance sur la route vers la montagne pour faire le noviciat de sa maternité universelle … Marie, vouée à porter le Christ en elle, hors de chez elle, comme chacun de nous. Et à servir humblement pour que l’Esprit fasse tressaillir l’enfant de Dieu encore en gestation en « tout autre ». Déjà, tu as su cela : il suffit d’être là, avec toute sa confiance pour que « l’autre » s’ouvre plus avant. Et tu pressens que l’Islam même peut se révéler dans son lien au Christ que tu aimerais lui porter, pour peu que tu lui offres, au creux d’une Visitation permanente, un cœur disponible à l’impossible qui nous vient de Dieu. »

    Dans le compte-rendu de la rencontre d’avril 2005 où le thème retenu était : « Je cherche son visage tout au fond de vos cœurs », Christian disait :

    « Si les évènements nous bousculent, laissons-les nous bousculer ! L’esprit Saint est celui qui fait sauter les frontières. Savoir reconnaître la présence de l’Esprit Saint agissant dans le cœur de « l’autre », ça lui donne du charme et quelque chose évolue et grandit en moi : « Tu n’es pas loin du royaume et tu m’as permis, à moi aussi de m’en approcher. » Nous sommes invités donc à être continuellement en état de Visitation, comme Marie auprès d’Elisabeth, pour magnifier le Seigneur de ce qu’il a accompli en « l’autre » et en moi.

    Christian évoque à nouveau le mystère de la Visitation aux Journées romaines, en septembre 1989 :

    « Ce mystère est bien celui de l’hospitalité réciproque la plus complète …[Il cite alors un ami musulman qui disait en contemplant le « chemin de Marie »] : L’Esprit Saint est toujours avec celui qui prend Marie chez lui.

    Ce mystère de la Visitation – ajoute Christian – il est bon que l’Eglise le mette de mieux en mieux, au cœur de la « hâte » qui la porte vers « l’autre » (qui désigne tout être humain) … Elle découvre alors sa mission. » [Et là, Christian cite l’ancien évêque du Sahara, Mgr Jean-Marie Raimbaud :] « La mission sous l’action de l’Esprit Saint est la confluence de deux grâces, l’une donnée à l’envoyé, l’autre à l’appelé … Le chrétien s’efforce de lire ce que Dieu lui dit par la personne … du non-chrétien, il s’efforce aussi d’être lui-même avec sa communauté un signe visible, une parole aussi claire que possible du Dieu, Père, Fils et Esprit. » Et Jean-Marie Raimbaud ajoutait : « Le Royaume de Dieu est là, au milieu de vous. Aurons-nous des cœurs de pauvres pour l’accueillir ? » Des cœurs de pauvres d’où peut jaillir le Magnificat infiniment repris en Eucharistie…

    (D’autres extraits sont lisibles dans la revue précitée.)

    Tous les mots employés par Christian, poursuit le frère Jean-Pierre, portent, sont importants pour cerner sa pensée quand on fait la transposition de ce qui s’est passé entre Marie et Elisabeth, entre Jésus et Jean-Baptiste, entre l’Eglise et l’Islam, entre nous et les musulmans…

    Christian a encore une réflexion forte et profonde, me semble-t-il. Il nous dit :

    « Si nous sommes attentifs, et si nous nous situons à ce niveau-là, notre rencontre » avec « l’autre » - le musulman – dans une attention et dans une volonté de le rejoindre … et aussi dans un besoin de ce qu’il est et de ce qu’il a à nous dire, vraisemblablement, il va nous dire « quelque chose » qui va rejoindre ce que nous portons (cette Bonne Nouvelle), montrant qu’il est de connivence et nous permettant d’élargir notre Eucharistie. Car, finalement, le Magnificat que nous pouvons, qu’il nous est donné de chanter : c’est l’Eucharistie. La première Eucharistie de l’Eglise … c’est le Magnificat de Marie.

    Terminons par cette histoire bien connue du puits. De ce jeune musulman, un voisin, qui avait demandé à Christian de Chergé de lui apprendre à prier… dans la foi musulmane.

    Un jour, Christian, pose en plaisantant cette question au jeune : « Au fond de notre puits, à ton avis, que va-t-on trouver : de l’eau chrétienne ou de l’eau musulmane ? »  Et le jeune qui n’avait pas pris, lui, la chose en riant, répondit : « Enfin, quand même, ça fait si longtemps qu’on est ensemble, et tu poses encore cette question ? Au fond du puits, on va trouver l’eau de Dieu… »  Je ne crois pas qu’il y ait de meilleure réponse, conclut Christian.

    Je remercie sœur Francesca Léonardi, responsable provinciale qui, en m’invitant à animer à nouveau des sessions en terre d’Islam, m’a permis d’aller encore plus loin dans « ma » Visitation, Je remercie toutes les sœurs pour la confiance qu’elles m’ont manifestée, particulièrement sœur Marie Vaillé qui, après avoir lu mon livre « La déposition » a suggéré à Sr Francesca de m’inviter. Je remercie toutes celles qui m’ont accueillie dans leurs fraternités (Casablanca, Rabat, Meknès, Midelt, Tatiouine) avec tant de tendresse et de générosité. Je remercie également les frères mineurs pour leur accueil et leurs témoignages. Je remercie le Frère Jean-Pierre Flachaire, Prieur  du monastère Notre-Dame de l’Atlas à Midelt, pour son accueil et le temps qu’il m’a accordé en tête à tête. Grand merci également à tous les amis marocains rencontrés.

    J’ai eu aussi la joie de retrouver  Corinne qui faisait partie de la fraternité Séculière d’Azille, en France et qui vit maintenant à Midelt tout près des sœurs et des frères.

    Joie également d’accueillir à la session, deux sœurs de Saint François d’Assise en mission à Mohamédia.

    Bien que cette mission fût très différente de celle vécue en Algérie, je ne peux que conclure de la même façon :

    Venez et voyez.

    Suzanne Giuseppi-Testut  -  ofs

    -FIN-

     

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  • Commentaires

    1
    frogie43
    Mardi 27 Mars 2018 à 12:20

    Ayant visité les soeurs de Meknès avec ma compagne Anne-Marie en mai 2017, j'eu le plaisir d'avoir des nouvelles de soeur Huguette, connue à Oujda lors de mon volontariat de prof de lettres belge au lycée Zaineb.

    Je donne les coordonnées de Kasbah Meriem à un ami marocain, Mehdi Ch., qui est très intéressé par l'agro-foresterie et le groupe australien "Regrarians" (Daren O'DOHERTY), vivant à Nice et compagnon d'une dame Orthodoxe et père de deux enfants, afin qu'éventuellment il rencontre soeur Huguette et lui parle de grands projets agro-forestiers dans le Moyen Atlas. Mehdi a repris des terres familiales de sa famille dans cette montagne.

    Yves.

     

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