• Dieu est absent de notre vie ? - Élisabeth

    Tous les jeudis soirs, il y a partage d’Évangile au presbytère. Marie-Jo s'y rend régulièrement...

     Selon que ses jambes douloureuses la portent ou non.

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    Ce jour là, le prêtre  propose de réfléchir sur la présence ou l'absence  de Dieu dans nos vies. Ils sont une dizaine, tous des habitués. Peu d'hommes...Allons, soyons franches, il n'y a que des femmes. De son âge, la soixantaine et plus. Parfois un homme s'égare au milieu d'elles. Ça leur fait toujours plaisir. Elles se sentent alors plus intéressantes et plus fortes aussi surtout vis à vis de leur entourage  qui qualifie leur réunion de « réunion de grenouilles de bénitiers ». Après le temps de méditation silencieuse, elles prennent la parole à tour de rôle. C'est bientôt celui de Marie Jo, elle tente de rassembler ses idées parce que son esprit est embrouillé par tout ce qu'elle a entendu. Elle n'est pas d'accord, elle voudrait pouvoir protester, corriger mais elle ne dira rien. On lui a bien expliqué dès le départ : nous sommes ici pour partager et non pas disputer.


    Ses compagnes sentent toutes l'absence de Dieu dans leur vie, s’en plaignent mais comme de bons petits soldats restent cependant fermes dans leur foi. Sa voisine de droite, une dame un tout petit plus âgé qu'elle et qui a de sérieux problèmes de dos, se plaint plus particulièrement:

     

    - Oui Dieu est vraiment absent dans ma vie. Je ne l'ai pas du tout senti cette semaine. Je  n’ai fait que souffrir ! Je n'en puis plus, mais bon, je continue de prier.

    Ça alors ! N’a pu s'empêcher de penser très fort dans sa tête Marie Jo! Mais comment cette femme peut elle parler ainsi, elle qui est si entourée, si aidée et justement par la bonne âme qui est assise sur le banc à ses côtés. Une paroissienne toujours très prévenante et attentionnée qui la conduit où elle veut, l'aidant à la messe à se lever, à s'asseoir. Comment peut-elle dire que Dieu l'a oublié alors qu'il est  justement aux petits  soins avec elle!

     

    En entrant dans son minuscule mais  douillet petit deux pièces elle rumine encore les propos entendus. Ça la peine et ça la révolte toujours quand les gens parlent de l'absence de Dieu alors qu'il n'y a que lui. C'est nous qui n'y sommes pas.


    C'est avec une pointe de lassitude qu'elle se prépare à dîner dans sa cuisine d'une soupe et d'un yaourt nature. Elle dîne toujours léger. Elle ne se prive pas pour autant de dessert. C'est toujours le même, elle l'appelle sa petite douceur du soir, comme un rituel et c'est allongée dans son lit, un roman à la main qu'elle le prend: un mini gâteau accompagnée d'une infusion à la mente bien sucrée.


    Elle referme le livre qu’elle est en train de lire, elle n’accroche pas étant mécontente d’elle-même, de sa précipitation à juger car après tout,  il n'y a pas si longtemps, elle aussi parlait et pensait  comme toutes ces dames. Elle aurait voulu que la mer rouge s’ouvre pour elle, que Dieu entre d’une manière claire et fracassante dans sa vie, fasse un miracle, la guérisse et la délivre comme d’un coup de baguette magique de toutes ses douleurs, tous ces soucis. Mais rien ! Le silence, la souffrance. Un jour  il lui a été donné de comprendre  son aveuglement mais elle n'a pas osé partager une expérience qui lui paraissait trop intime...


    C'était il y a un an, elle devait subir une importante opération. Elle avait peur. Elle était là dans sa chambre d'hôpital, entourée du médecin, du chirurgien, de l'infirmière, son chapelet à la main, elle priait. Silencieusement, anxieusement, toute enfermée dans ses craintes, toute crispée sur ses, je vous salue Marie, tandis qu'ils se tenaient devant elles, gentils, prévenant, la rassurant de leurs paroles. Son médecin lui a même caressé la main. Mais elle ne les voyait pas, ne les entendait pas,  emmurée dans une prière qui la fermait à tout.


    C'est alors, au cœur même de son obscurité, qu'elle a eu la révélation, que ses yeux se sont dessillés et elle n'a pu que murmurer sans fin:

     - Oh mon Dieu, tu es là, tu es donc là, c'est donc toi! Et je ne te voyais pas! Merci de ton amour, merci, de ta présence, merci de ta tendresse.


    Elle avait compris comme une évidence, que c'était Lui qui prenait soin d'elle à travers ces hommes et ces femmes. Il lui souriait dans leur sourire, Il la caressait avec leur mains....En un délire délicieux de reconnaissance et d’amour, elle n’arrêtait plus de dire merci, merci....des larmes  coulaient de ses yeux, des larmes de joie.

     

    C'est dans l'émotion retrouvée du souvenir que Marie Jo, apaisée plongea dans le sommeil.

     

    Élisabeth

     

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