• Entretien avec le card. Piacenza - Vatican II (2/2)

    Entretien avec le card. Piacenza (2/2)
    Vatican II : mettre l'accent sur la réforme liturgique

    Propos recueillis par Antonio Gaspari

    ROME, mercredi 12 septembre 2012 (ZENIT.org) – Pour une juste réception du Concile Vatican II, le cardinal Piacenza invite à mettre l’accent sur « la réforme liturgique » qui touche « la visibilité de l’Eglise même ». Elle est en effet « lieu dans lequel se réalise pleinement l’Eglise elle-même ».

    Nous publions ici la seconde partie de l’entretien de Zenit avec le cardinal Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé (cf. Zenit du 11 septembre 2012 pour la première partie).

     

    Zenit – Eminence, il est notoire que vous avez toujours parlé du Concile Vatican II avec grand enthousiasme. Qu’est-ce qu’il a représenté pour vous ?

    Card. Mauro Piacenza - Comment ne pas être enthousiaste devant un événement aussi extraordinaire qu’un Concile Œcuménique ! En lui, l’Eglise resplendit dans toute sa beauté : Pierre et tous les évêques en communion avec lui se mettent à l’écoute du Saint-Esprit, de ce que Dieu a à dire à son Epouse. En lui, ils cherchent à redire – selon les vœux du bienheureux Jean XXIII – dans l’aujourd’hui de l’histoire, les vérités révélées immuables et à lire les signes de Dieu dans les signes des temps et les signes des temps à la lumière de Dieu ! Dans sa solennelle allocution d’ouverture du Concile, le 11 octobre 1962, ce pape disait : « transmettre pure et intègre la doctrine, sans altérations ni déformations […], cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, doit être approfondie et présentée d’une manière qui corresponde aux exigences de notre époque ».

    Pendant les années du Concile, j’étais jeune étudiant puis séminariste et j’ai exercé mon ministère sacerdotal, dès le début, à la lumière du Concile et de ses réformes. J’ai été en effet ordonné prêtre en 1969. Je ne peux donc que me considérer fils du Concile qui, grâce également à mes maîtres, a cherché à accueillir, dès le début, les indications conciliaires, selon une herméneutique naturelle d’unité et de continuité. Cette réforme dans la continuité, je l’ai toujours personnellement perçue, vécue et, comme professeur, enseignée.

     

    En tant que préfet du Clergé, vous pensez que les prêtres ont bien reçu le Concile ?

    Certainement, en tant que portion choisie du Peuple de Dieu, les prêtres sont ceux qui, dans l’Eglise, connaissent le mieux et ont le plus approfondi les enseignements conciliaires. Il me semble toutefois que les problématiques dont nous parlions auparavant, tant dans l’ordre de la juste herméneutique de la réforme dans la continuité que dans celui de la nécessaire approche « non émotive » de l’événement conciliaire, ne sont pas absentes du milieu clérical. Si, en cette Année de la Foi, nous avions tous l’humilité et la bonne volonté de reprendre les textes du Concile et de voir ce qu’ils ont réellement dit, plutôt que de s’arrêter à une « vulgarisation » qui en a fait une certaine publicité, nous découvririons comment le Concile Vatican II a été vraiment prophétique. Nous découvririons aussi comment beaucoup de ses indications sont encore devant nous, comme horizon à scruter et but à atteindre, avec la grâce de Dieu. Pour y arriver, il faut sûrement une bonne dose d’humilité et une certaine capacité de suspension de tout jugement préfabriqué pour pouvoir recueillir une vérité qui, peut-être depuis trop longtemps, semblait différente.

    Sur quels points faudrait-il encore centrer la réception des documents conciliaires ?

    Je signale une source de tension particulière avec la réforme liturgique, sachant qu’elle touche la visibilité de l’Eglise même. Le Serviteur de Dieu Paul VI, le Bienheureux Jean-Paul II et le Saint Père Benoît XVI ont plusieurs fois souligné l’importance de la Liturgie, comme lieu dans lequel se réalise pleinement l’Eglise elle-même et, malheureusement, tout le monde peut constater qu’on est encore loin d’un équilibre en ce domaine. Une lecture désacralisée, ou réduite à une « représentation humaine » où s’estompe jusqu’à disparaître la dimension christologique et théologique, n’est certainement pas ce que la lettre et l’esprit de Sacrosanctum Concilium voulaient. Ceci ne justifie pas, cependant, la position de ceux qui, épousant à leur tour l’herméneutique de la discontinuité, refusent la réforme conciliaire en la considérant une « trahison » d’une « véritable Eglise » à laquelle on rêve.

     

    Existe-t-il des innovations plus importantes que celles liturgiques ?

    Vu le caractère central de la Liturgie, « source et sommet » de la vie même de l’Eglise (cf. SC, 10), je ne parlerais pas d’importance plus grande. Le Concile a certainement voulu valoriser certaines vérités évangéliques, qui constituent aujourd’hui le patrimoine commun de la catholicité entière : il suffit de penser à l’heureuse insistance sur la vocation universelle de tous les baptisés à la sainteté. Cela a favorisé la naissance et le développement de tant de nouvelles expériences ; qu’on pense aussi à l’ouverture vers les chrétiens qui appartiennent à d’autres confessions, ce qui a fait ressortir, dans toute sa beauté, la valeur de l’unité, en tant qu’attribut nécessaire de l’Eglise et don gratuitement offert par le Christ, qui reste à accueillir sans cesse, à travers une purification permanente de ceux qui Lui appartiennent. L’importance de la Collégialité épiscopale, qui fait partie des expressions les plus efficaces de la communion ecclésiale, montre au monde comment l’Eglise est nécessairement un corps uni. Enfin, la compréhension elle-même, organique, du Ministère Ordonné, au service du sacerdoce baptismal, qui voit les prêtres et les diacres, intimement unis à leur évêque, comme expression de la communion sacramentelle dans le service de l’Eglise et des hommes, représente un développement heureux et objectif de la compréhension du visage de l’Eglise, comme Notre-Seigneur a voulu le façonner.

     

    L’Eglise s’apprête à ouvrir le Synode sur la nouvelle Evangélisation et l’Année de la Foi. Si vous deviez adresser une seule parole aux Prêtres, que diriez-vous ?

    A la lumière de la foi : Prêtre, deviens chaque jour ce que tu es !

     

    Source www.zenit.org

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