• Homélie du 5ème dimanche du Carême

    Abbé Jean Compazieu 

    « Nous voudrions voir Jésus »

    Textes bibliques : Lire


    bible2Tout au long de ce Carême, nous entendons la Parole de Dieu qui ne cesse de nous appeler à revenir vers lui. Avec la première lecture, nous découvrons qu’il a fait alliance avec son peuple. Mais ce dernier n’a pas respecté le contrat. Il a préféré faire confiance à d’autres divinités ou même à sa propre force. En se détournant de son Dieu, il rejette sa protection ; il court à sa perte. Ce texte est toujours d’actualité. Il nous renvoie à notre vie et à celle de notre monde. La tentation est grande de se tourner vers d’autres dieux qui s’appellent argent, recherche du pouvoir, désir de posséder toujours plus. Mais le prophète continue à nous renvoyer à l’essentiel : le Seigneur mettra sa loi au fond de nous-mêmes. C’est en nous tournant vers lui que nous trouverons le vrai bonheur.


     

    Or voilà que dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons cette promesse en train de se réaliser. Quelques grecs venus à Jérusalem vont trouver Philippe pour lui dire : Nous voudrions voir Jésus. Ce dernier va le dire à André et tous deux vont le dire à Jésus. Ces Grecs, ce sont des étrangers. A travers eux, c’est toute l’humanité qui s’exprime. Elle dit sa soif de l’essentiel. Comme Philippe et André, nous venons à Jésus pour lui présenter tous ces hommes et femmes en quête de vérité. C’est cela qui doit orienter notre prière.


    « Nous voudrions voir Jésus. » Nous voudrions voir celui qui parle comme aucun homme ne l’a jamais fait, celui qui a « les parole de la Vie Eternelle ». Un jour, à Nazareth, il a annoncé qu’il est venu apporter la bonne nouvelle aux petits, aux pauvres et aux exclus. En lisant les évangiles, nous voyons également qu’il fait miséricorde aux pécheurs. Avec lui, le chemin du salut est ouvert à tous. Lui-même nous dit qu’il n’est pas venu pour juger le monde mais pour le sauver. Pour nous comme pour ces grecs, l’important c’est de venir à lui. Il est toujours là pour nous accueillir et nous redire son amour.


    « Nous voudrions voir Jésus. » Cette demande c’est aussi celle de notre monde égaré dans les guerres et les violences de toutes sortes. Nous assistons à des conflits qui n’en finissent pas de durcir les cœurs et de semer l’inimitié. C’est au nom de tous ces hommes, femmes et enfants que nous nous tournons fers le Seigneur. Leur quête d’espérance c’est aussi la nôtre. Nous allons à Jésus pour espérer ce qui semble impossible aujourd’hui. Nous avons besoin de quelqu’un qui nous aide à sortir de la logique de la rancune et de la haine. Lui seul peut nous apprendre à aimer comme lui et à pardonner. Lui seul peut nous délier du mal. Alors oui, cela vaut la peine d’aller à sa rencontre.


    Nous avons pu être déconcertés par la réponse de Jésus à cette demande : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. » En réalité, ces paroles rapportent la pleine réponse aux Grecs : ils veulent voir Jésus ; or voilà qu’il leur montre quelqu’un qui donne sa vie par amour, quelqu’un qui veut être le grain pour donner beaucoup de fruit. Et il explique : « quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il accepte d’être élevé sur la croix pour attirer tous les hommes et les élever vers le Père.


    La lettre aux Hébreux nous dit précisément que Jésus ressuscité est l’intermédiaire parfait qui nous mène vers Dieu. La mort de Jésus était une offrande parfaite pour nous entrainer vers lui : « Il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du Salut éternel. » En présentant à Dieu sa prière, Jésus montre que sa souffrance n’est pas subie mais offerte à Dieu pour le salut de tous les hommes. Comme les grecs dont nous parle l’évangile de ce dimanche, nous allons à Jésus car ses paroles sont celles de la Vie Eternelle.


    Nous qui sommes venus dans cette église, nous sommes de ceux qui voudraient voir Jésus. Oui, mais nous ne pouvons pas aller à lui sans les autres. En ce 5ème dimanche du Carême, le CCFD Terre solidaire nous montre les petits, les pauvres, les affamés. Chaque année, nous sommes invités à soutenir les projets des partenaires qui cherchent à sortir leur peuple de la misère. Ils donnent de leur temps et de leur énergie pour construire un monde plus juste et plus solidaire. Ils témoignent ainsi d’un amour plus fort que la haine. « Nous voudrions voir Jésus » ; oui d’accord, mais en nous rappelant qu’il nous renvoie vers les autres. Il nous invite à nous détacher de cette vie pour la donner à Dieu et aux autres. Etre chrétien, c’est suivre Jésus sur le chemin de l’amour et du don de soi.


    En ce jour, nous te prions Seigneur : Fais-nous découvrir le bonheur qu’il y a à donner sa vie pour ceux qu’on aime. Transforme notre cœur et notre esprit pour que triomphe dans nos vies le désir de te suivre jusqu’au bout. Amen

    Sources : Revues liturgiques Signes et Feu Nouveau, plaquette du CCFD, La parole de Dieu chaque jour de 2012 (Vincenzo Paglia)

    Source http://dimancheprochain.org

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  • Saint Joseph

    Abbé Jean Compazieu

     

    st-Joseph-ouvrier-et-jesus.jpgTextes bibliques : Lire


    Dans nos églises, on trouve beaucoup de tableaux ou des vitraux qui évoquent « l’annonce faite à Marie ». On y voit l’ange Gabriel qui rend visite à Marie et la réponse de cette dernière. Mais nous ne trouvons rien sur « l’annonce faite à Joseph », rien sur ces choses surprenantes qui lui ont été révélées. Les évangiles ne nous rapportent aucune parole de cet homme. Et pourtant, le récit que nous venons d’entendre nous en dit bien plus que nous ne pouvons l’imaginer. Il nous apprend à ECOUTER. C’est une attitude absolument essentielle. Joseph peut nous servir d’exemple et nous y entraîner.


     

    L’Evangile nous dit que l’Ange du Seigneur lui apparaît « en songe ». C’est souvent que, dans la Bible, on évoque le songe. Dans le langage biblique, cela n’a rien à voir avec un rêve. C’est une façon imagée de rendre compte d’une aventure intérieure où quelque chose d’essentiel est engagé. Dire que l’ange du Seigneur lui apparaît en songe, c’est une manière de dire que le Seigneur lui a parlé au cœur. Ce que Joseph a entendu c’est un appel à prendre chez lui Marie son épouse : « L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »


    Tout cela n’allait pas de soi. Imaginons un peu Joseph complètement brisé et tourmenté par ce qui lui arrive. Ce qui allait de soi, c’était de répudier Marie. C’était conforme à la loi de Moïse et à la tradition. Mais la Parole de Dieu a été plus forte que ses réticences. Il a eu le courage de changer de projet de se faire le serviteur d’un mystère qu’il ne comprend pas.


    Joseph est un homme de silence, un homme capable d’écouter Dieu lui parler et capable de changer sa vie à la lumière de la parole qu’il a entendue. Il découvre que cet enfant vient d’ailleurs. Il n’est pas de lui, ni d’un autre, ni même de Marie. Il est l’Envoyé de Celui qui est le « Tout Autre ». C’est ainsi que Joseph est introduit peu à peu dans la Lumière d’un immense mystère qui devra un jour être proclamé à toute la Création.


    Voilà une leçon absolument essentielle pour nous chrétiens de 2012. Nous vivons dans un monde bruyant et agité. Aujourd’hui, Joseph nous apprend à ECOUTER ce qui se passe en nous, à faire le point, à prendre du recul pour accueillir une parole qui vient d’ailleurs. C’est parfois difficile car bien souvent nous avons tendance à trop parler, la plupart du temps pour ne rien dire. Nous ne pourrons entendre le Seigneur parler à notre cœur que si nous prenons des moments de silence et de recueillement.


    Prendre le temps de se taire pour faire silence et pour écouter, c’est absolument essentiel si l’on veut rester un homme. Car c’est dans le silence que Dieu parle à notre cœur par l’Esprit Saint. En d’autres circonstances, on nous a dit que la vie chrétienne ne peut se concevoir sans un engagement résolu contre la misère, l’injustice et la violence qui dégradent l’homme et défigurent le projet d’amour de Dieu sur l’humanité. Aujourd’hui, nous découvrons que nous ne pouvons pas être chrétiens sans un engagement déterminé pour retrouver le chemin du cœur.


    En cette période de Carême, nous découvrons que préparer Pâques, c’est d’abord prendre du temps pour le silence, la prière, la lecture de l’évangile. Comme Joseph, nous écoutons une parole et nous apprenons à nous rendre dociles à ce que Dieu nous suggère. Comme lui, nous sommes invités à nous faire les serviteurs d’un mystère qui nous dépasse. Tout l’Evangile nous dit que le Seigneur nous conduit sur des chemins que nous n’avions pas prévus. Mais les Paroles qu’il nous adresse sont celles de la Vie Eternelle.

     

    Source http://dimancheprochain.org

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  • Homélie du 4ème dimanche du Carême

    Abbé Jean Compazieu

     

    Dieu veut le Salut de tous les hommes

     

    Crucifix-s.-Damien-transp.gifTextes bibliques : Lire


    Nous continuons notre montée vers Pâques. C’est un chemin de conversion de tous les jours et de tous les instants. C’est en permanence que le Seigneur nous appelle : « Revenez à moi de tout votre cœur… Convertissez-vous et Croyez à la bonne nouvelle… » Chaque année, le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement est là pour relayer cet appel à la conversion.


     

    La 1ère lecture est tirée du livre des Chroniques. Elle nous rappelle que le peuple « multipliait les infidélités en imitant les sacrilèges des nations païennes. » Ce constat est toujours actuel. Nous vivons dans un monde imprégné par l’indifférence et l’incroyance. Nos idoles d’aujourd’hui, nous les connaissons bien, c’est l’argent roi, la course au profit, le désir de paraître. Nous oublions alors que Dieu nous a donné ce monde pour que nous y vivions ensemble comme des frères. Au lieu de cela, nous assistons à une montée de la violence, de l’exclusion et du racisme. Chaque jour, nous sommes horrifiés par les souffrances causées par les guerres. Il y a de quoi être épouvantés par toutes ces images de mort.


    Mais en ce temps du carême, Dieu nous offre son amour généreux. Alors que la situation semble désespérée, il intervient pour nous offrir le Salut et la joie. Le second livre des Chroniques nous montre toute la générosité et la patience de Dieu. Il ne cesse de nous envoyer des messagers pour nous indiquer le vrai chemin de la conversion. C’est à ce prix que nous trouverons la paix et la joie. S’il agit ainsi c’est parce qu’il aime son peuple. « Je ne veux pas la mort du pécheur, dit-il, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. » Voilà un appel auquel nous sommes invités à répondre de toute urgence.


    Malheureusement, nous dit le livre des Chroniques, le peuple n’a pas écouté les appels de son Dieu. Son péché l’a entraîné à la catastrophe. Le Temple de Jérusalem a été détruit par l’armée étrangère. Les habitants de Ninive ont été déportés à Babylone (l’actuelle Bagdad). Ils sont devenus esclaves du roi et de ses fils. Mais malgré son péché, Dieu n’abandonne pas son peuple. Il reste toujours fidèle à son amour. Plus tard, l’apôtre Paul dira : « Là où le péché a abondé, la grâce (l’amour) a surabondé »


    Dans la seconde lecture, l’apôtre Paul insiste précisément sur cette bonne nouvelle : « Dieu est riche en miséricorde. A cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ. » Voilà cette bonne nouvelle qui nous est annoncée tout au long du carême. Dieu est amour. Il nous aime tous d’un amour passionné. Mais rien ne sera possible sans notre réponse personnelle. Dieu fait sans cesse le premier pas vers nous. Son grand projet c’est de rassembler toute l’humanité en Jésus Christ. C’est pour cette raison que Paul annonce l’Evangile aux Juifs et aux païens. Et nous-mêmes, nous sommes envoyés pour témoigner de cette bonne nouvelle dans notre monde d’aujourd’hui. Notre mission n’est pas de le convertir mais de dire et de témoigner de la foi qui nous anime.


    L’évangile fait allusion à un événement qui s’est passé au temps de Moïse. Les hébreux avaient récriminé une fois de plus contre Dieu. Ils ont été mordus par des serpents venimeux et beaucoup sont morts. Ils sont alors convaincus qu’ils sont punis à cause de leur péché. Ils demandent à Moïse d’intercéder auprès de Dieu. Moïse s’est fabriqué un serpent de bronze et l’a dressé au sommet d’un mât. Celui qui le regardait était sauvé. Il ne s’agissait pas d’une magie mais d’un acte de foi au Dieu unique. Dans le langage de la Bible, le verbe regarder signifie adorer. En regardant le serpent de bronze, c’est Dieu qu’on adorait.


    Or voilà que l’Evangile nous invite à « regarder » vers le Fils de l’homme élevé sur la croix. Nous nous tournons vers lui car la croix est la manifestation la plus grande de l’amour de Dieu. Cet amour a pour origine le cœur du Père qui veut notre Salut. Il ne s’agit pas du salut de quelques-uns, mais celui de toute l’humanité. C’est là tout l’enjeu du Carême : lever les yeux vers le Seigneur alors que si souvent, nous regardons ailleurs. Ne nous laissons pas attirer par ce qui nous tente et nous aveugle. Le Seigneur nous appelle tous à nous ouvrir à son amour et à sa miséricorde.

    En ce jour, nous venons à toi Seigneur : Tu nous élèves avec toi ; tu nous remets debout, en état de marche. Entraîne-nous à ta suite pour que nous aimions jusqu’au bout. Amen


    Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, La Parole de Dieu chaque jour 2012 (Vincenzo Paglia), lectures bibliques des dimanches (Jean Vanhoye), plaquette du CCFD

    Source http://dimancheprochain.org

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  • Homélie du 3ème dimanche du Carême

    Abbé Jean Compazieu 

    Le Temple nouveau


    Jesus-chasse-les-vendeurs.jpgTextes bibliques : Lire


    En ce 3ème dimanche du Carême, nous sommes à mi-chemin de notre montée vers Pâques. Depuis le mercredi des Cendres, nous avons entendu des appels très forts : « Les temps sont accomplis. Convertissez-vous et croyez à l’évangile. » Ne laissons pas passer ce temps sans réponse de notre part. Le Carême est un temps favorable pour rentrer en nous-mêmes. Il ne s’agit pas d’accomplir des performances spirituelles extraordinaires. Le plus important c’est d’accueillir le Seigneur et de lui redonner toute sa place dans notre vie.


     

    La première lecture fait partie du livre de l’Exode. Le Peuple Hébreu, esclave en Egypte, vient de passer la Mer Rouge. Sur la montagne du Sinaï, Dieu donne les dix commandements à Moïse, dix paroles de vie. Trois sont orientées vers les relations avec Dieu et sept vers celles avec nos frères. Pour bien vivre avec Dieu, il faut bien vivre avec nos frères. Dans notre monde bouleversé par tant de haine, de violences et de guerres, il est urgent de remettre ces repères en valeur. Nous ne pouvons pas dire que nous aimons Dieu si nous n’aimons pas nos frères. Il nous appartient d’éliminer de notre vie tout ce qui est égoïsme, rancune, critique négative et toutes les formes de méchanceté. C’est ainsi que nous apprendrons à vivre en vrais disciples du Christ.


    Le psaume est une prière qui nous fait chanter cet enseignement du Seigneur : « La loi du Seigneur est parfaite qui redonne vie. » Cette loi, c’est bien plus que des commandements. Avec Jésus, nous découvrons que les paroles de Dieu sont celles de la Vie Eternelle. Alors oui, nous pouvons chanter notre joie et notre action de grâce pour cette nourriture que Dieu nous donne. Tout au long du Carême, nous avons cette possibilité d’y revenir. Chaque fois que nous lisons l’Evangile, c’est Dieu qui nous parle pour nous redire son amour.


    Dans sa lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul nous dit jusqu’où va cet amour : « Nous proclamons un Messie crucifié. » Pour les gens de Corinthe, c’était de la folie. Mais ce qui est folie aux yeux des hommes est sagesse de Dieu. L’amour vrai ne se contente pas d’un « programme minimum ». Ce serait bien d’y repenser durant notre retraite du Carême. Aimer, c’est tout donner, c’est se donner. Jésus nous apprend qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. C’est en levant les yeux vers le Christ en croix que nous commençons à comprendre la grandeur et la folie de cet amour.


    L’Evangile nous rappelle un autre aspect de cette conversion qui nous est demandée. Cela se passe au Temple de Jérusalem. Jésus chasse les vendeurs ainsi que leurs brebis et leurs bœufs. Pourtant, ce commerce était bien commode car il permettait de trouver sur place tout ce qu’il fallait pour offrir des sacrifices.  Mais Jésus ne veut pas que la Maison de son Père devienne une maison de trafic. Comprenons bien : Le Temple c’est d’abord le lieu de la présence de Dieu. De même, nos églises doivent être des lieux de prière et de rencontre avec Dieu. Nous faisons tout pour qu’elles soient belles et accueillantes et nous avons raison.


    Mais il y a un autre marché auquel nous devons faire très attention : c’est celui qui se déroule à l’intérieur de nos cœurs. C’est en effet notre cœur qui est le temple véritable où Dieu veut habiter. Or, trop souvent, nous sommes englués dans la recherche de nos intérêts personnels à n’importe quel prix. Il y a des herbes vénéneuses qui s’appellent l’arrogance, la voracité, l’insatiabilité. Tout cela ne peut nous rendre heureux ; bien au contraire, cela ne fait que rendre notre vie et celle des autres de plus en plus amère. C’est de tout cela que nous avons à nous libérer si nous voulons faire de la Maison du Père une demeure digne de ce nom.


    Or voilà que Jésus entre dans notre vie comme il est entré au Temple de Jérusalem. Il renverse tout ce à quoi nous donnons la priorité. Il bouscule les étals de nos intérêts personnels. Il vient nous rappeler que Dieu doit être remis à la première place dans notre vie. Ce Dieu nous aime tous d’un amour jaloux ; et il ne veut pas que notre existence soit polluée par tous ces poisons. Vivre le Carême, c’est nous ouvrir à cet amour qui est en Dieu et nous laisser transformer par lui.


    Chaque dimanche, l’Evangile devient ce « fouet à cordes » que Jésus utilise pour changer notre cœur et notre vie. Le Seigneur est là pour chasser de nos cœurs l’attachement à nous-mêmes. Il renverse la ténacité que nous avons dans la poursuite de nos affaires à n’importe quel prix. Pour lui, il n’y a pas de bonheur contre les autres ni sans les autres. Et s’il n’y a pas de place pour Dieu dans notre vie, il n’y en aura pas pour nos frères non plus. L’Evangile nous est donné pour qu’il change nos cœurs. Ayons le courage de faire le « ménage de Pâques » pour accueillir dignement le Christ ressuscité.


    En ce jour, nous nous tournons vers toi pour te confier notre désir de conversion. Fais-nous revenir vers toi. Et pour que chaque jour nous soit profitable, ouvre nos esprits à l’intelligence de ta loi. Amen

    Sources : Revues liturgiques Signes et Feu Nouveau, la Parole de Dieu chaque jour 2012 (Vincenzo Paglia) Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye)

    Source  http://dimancheprochain.org

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  • 1er dimanche du Carême

    Abbé Jean Compazieu

    Le Dieu de l’Alliance

     

    Christ-meditation.jpg Textes bibliques : Lire

     

    Depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne savent pas très bien ce qu’est cette période. Quand nous en parlons, beaucoup pensent privations, jeûne, sacrifice, mortifications. Certains le comparent au Ramadan des musulmans. Mais le Carême, ce n’est pas le Ramadan. Pour le comprendre et le vivre, il nous faut revenir à la Parole de Dieu. Les textes bibliques de ce dimanche sont très parlants.

     

    Ce qui est premier dans le Carême, c’est de redécouvrir que Dieu fait alliance avec les hommes. C’est le message de la première lecture : Dieu apparaît comme unique. Il a le souci de communiquer avec l’humanité. Il s’engage en faisant alliance. L’arc en ciel que tous peuvent voir en est le signe. Dieu créateur veut se faire partenaire de l’homme et devenir son compagnon de route. Il veut partager sa vie. Vivre le carême, ce n’est pas d’abord faire des sacrifices ; c’est regarder vers ce Dieu, c’est prendre conscience de sa présence active, de son engagement ferme et de son amour indéfectible. Si nous comprenons bien cela et si nous l’intégrons dans notre vie, notre carême sera rempli de cette présence de Dieu.


    Cette certitude, nous la retrouvons dans la prière du psaume. Nous comprenons désormais que nous pouvons nous adresser à Dieu personnellement. Il nous aime au point de se communiquer à nous pour nous « enseigner ses voies ». Il est le Dieu qui nous dirige avec tendresse pour nous sauver. Sa bonté est offerte à, tous, même aux pécheurs qui se sont éloignés de lui. Les humbles profitent particulièrement de son alliance. Ils sont libérés de cet orgueil qui les aurait empêchés de l’accueillir. Tout au long de ce Carême nous nous tournons vers le Seigneur pour contempler son visage de bonté. Il est là pour nous montrer le chemin vers la Terre promise, le lieu de la Paix. Il importe que nous ayons assez d’humilité pour remettre nos mais dans ses mains dans une totale confiance.


    La première lettre de saint Pierre nous invite à faire un pas de plus. Elle nous montre Jésus Christ et Sauveur. C’est par sa mort et sa résurrection que nous sommes introduits auprès de Dieu. Désormais, plus personne ne reste prisonnier de la mort. Mais n’oublions pas, si le Christ nous sauve, il ne nous sauve pas sans nous. Vivre le carême c’est s’engager fermement sur le chemin qu’il nous ouvre, c’est se mettre à l’écoute de Dieu. C’est à ce prix que nous pourrons entrer dans l’alliance de Pâques.


    L’évangile de sait Marc nous montre que ce chemin de conversion est un combat contre les forces du mal. Après son passage à travers les eaux du Jourdain, Jésus se retrouve quarante jours au désert. Cet épisode nous rappelle le passage du Jourdain au temps de Moïse ; le peuple d’Israël est resté quarante ans au désert. C’est aussi dans le désert que Jésus se retrouve « propulsé » par l’Esprit. C’est comme une force contraignante qui pousse Jésus à affronter Satan. La présence de l’Esprit en Jésus l’oblige à se dévoiler. Satan se trouve contraint de l’affronter sans échappatoire possible.


    On comprend mieux la hâte de l’Esprit et de Jésus. Pour que le règne de Dieu arrive, il faut déposséder celui qui se croit le maître du monde. Il faut remporter sur lui la victoire décisive. Marc ne se donne même pas la peine de désigner le vainqueur. La suite de l’évangile va nous rapporter des expulsions de démons. Désormais avec Jésus, l’adversaire est définitivement vaincu. Quand saint Marc écrit son évangile, les chrétiens sont persécutés. La victoire du Christ sur les forces du mal est une bonne nouvelle qui vient raviver leur espérance et la nôtre. Quand tout va mal, il est là. Nous pouvons toujours compter sur sa présence et son amour.


    Il est urgent que tous puissent entendre et accueillir cette bonne nouvelle. Immédiatement après les tentations, Jésus part pour la Galilée et se met à annoncer l’Evangile de Dieu. Il appelle les hommes à la conversion et à la foi : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle. » Cet appel nous est également adressés à tous au début de ce Carême. Nous avons tous besoin de prier pour une conversion continuelle. Se convertir c’est laisser de côté certaines choses secondaires et nous diriger avec fermeté vers ce Dieu qui n’a jamais cessé de nous aimer. Lui seul peut nous donner le bonheur véritable.


    Pour nous guider sur ce chemin de conversion, nous avons l’Evangile.  Nous y trouvons « les paroles de la Vie éternelle ». Quand nous le lisons, c’est Jésus qui est là et qui nous parle. « Durant ce temps de grâce du Carême, change notre cœur, Seigneur Jésus ! Rempli-le de ton amour pour le Père et pour tous les hommes, nos frères. »  Amen

    Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye), La Parole de Dieu chaque jour 2012 (Vincenzo Paglia)

     

    Source http://dimancheprochain.org

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  • Mercredi des Cendres

    Christ-et-emaus.jpgAbbé Jean Compazieu 

    « Changez vos coeurs »


    Textes bibliques : Lire


    Nous sommes aujourd’hui au premier jour de carême. Ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui ne savent pas très bien ce que c’est. Beaucoup pensent d’abord aux privations : on jeûne, on ne mange pas de viande. Les enfants ajoutent même qu’on ne mange pas de bonbons. Beaucoup comparent cette période au Ramadan des musulmans. Ces derniers ne mangent rien de toute la journée. Pour eux c’est un temps de purification. Le carême chrétien, c’est différent. Pour le comprendre, il nous faut revenir aux textes bibliques qui viennent de nous être proposés.

     

    Le grand message du Carême c’est d’abord que Dieu est Amour. Il ne sait pas être autre chose. Il nous aime d’un amour passionné qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Toute la Bible ne cesse de nous renvoyer à cette bonne nouvelle. Dieu est merveilleux parce qu’il n’est qu’amour. Nous pouvons tous nous abandonner à lui. Il n’a d’autre justice que celle de sa miséricorde. Nous sommes tous envoyés pour témoigner de ces merveilles de Dieu. Et comme pour les apôtres au jour de la Pentecôte, ce témoignage joyeux doit susciter l’émerveillement.


    Le problème c’est que trop souvent, nous sommes loin de Dieu. Nous organisons notre vie en dehors de lui, sans tenir compte de lui. Dieu voit cela et il en souffre. Quand nous voyons quelqu’un qui ne cesse de commettre des imprudences, nous comprenons qu’il va ruiner sa vie. Nous faisons tout pour l’en empêcher et pour le protéger. Si nous agissons ainsi, c’est parce que nous tenons à lui, surtout si c’est un membre de notre famille. Nous nous sentons tous responsables les uns des autres dans notre famille et au niveau des diverses relations que nous pouvons avoir.


    Cet amour que nous avons les uns pour les autres nous dit quelque chose de celui de Dieu pour nous. Il nous voit nous enfoncer dans le péché et nous détourner de lui. En ce début du Carême, il nous adresse un appel solennel : « Revenez à moi de tout votre cœur. » C’est une supplication pressante de Dieu. Il est encore temps de nous engager, de faire un retournement à 180 degrés. Nous prenons conscience de nos fautes et de notre responsabilité. Il ne s’agit pas de nous y complaire. L’essentiel c’est de poser notre regard sur Dieu « car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Dieu n’est pas là pour nous punir mais pour nous sauver et nous combler de ses bienfaits.


    Le psaume 50 est précisément la prière de celui qui se reconnaît pécheur. Il témoigne de l’amour et de la miséricorde du Seigneur. Cette faute et cette offense ne pèsent rien face à l’amour et à la miséricorde infinis de Dieu. C’est avec lui et en lui que nous retrouverons la joie d’être pardonnés. Et du coup, nous retrouvons l’intimité avec notre Dieu. Nous pouvons lui rendre grâce pour cette merveille qu’il réalise dans notre vie.


    La lecture de saint Paul aux Corinthiens va dans le même sens. Il nous supplie : « Au nom de Jésus Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Il ne faut jamais oublier que Dieu fais sans cesse le premier pas vers nous. Il a envoyé son Fils pour nous ramener vers lui. Mais rien n’est possible sans notre réponse personnelle. C’est pour cela que Paul nous recommande de ne pas refuser cette réconciliation nous est offerte. Ce temps du Carême est donné pour redécouvrir cette tendresse et cette miséricorde de Dieu. « Là ou le péché a abondé, la grâce (l’amour)  a surabondé »


    L’évangile nous montre ce que doit être une vie de converti. Il s’adresse à ceux qui veulent « vivre comme des justes ». Le « juste » ce n’est pas seulement celui qui est équitable ; c’est  celui qi vit en conformité à la volonté de Dieu. Le mot « justice » est équivalent de sainteté. C’est à cela que nous sommes tous appelés. Dieu nous aime tous gratuitement et sans mérite de notre part. Notre réponse doit être gratuite et sans arrière pensée.


    Concrètement, si nous jeûnons, si nous prions, si nous faisons l’aumône, ce n’est pas pour être vus des hommes ; c’est parce que nous avons découvert un trésor bien plus grand. Ce trésor, c’est Dieu lui-même, c’est son amour gratuit. Ce qui fait la valeur de la prière, de l’aumône et du jeûne, c’est l’amour que nous y mettons. « L’aumône ouvre le cœur et les mains vers l’autre ; la prière dirige le cœur et les mains vers Dieu ; le jeûne nous aide à ne penser qu’à Dieu et à tendre nos mains vers nos frères. (Extrait de Prions en Eglise) L’idéal serait que, durant ce carême, nous posions chaque jour un acte que seul notre Père du ciel connaîtra.


    Vivons ce carême comme une marche joyeuse vers la vie et vers Pâques. Car c’est vrai, il s’agit véritablement d’un temps de joie. Seul le péché est triste. Mais ces quarante jours nous sont offerts pour nous bruler au feu de l’amour de Dieu. Nous t’en prions Seigneur : que ce temps de conversion nous tourne d’avantage vers toi et vers le service des hommes. Amen


    Sources : Prions en Eglise, Signes, Feu Nouveau, Hors série de Magnificat, Carême pour les cancres 2012.

    Source http://dimancheprochain.org

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  • Homélie du 7ème dimanche du temps ordinaire

    Abbé Jean Compazieu

    La foi des porteurs


    guerison-paralitique.jpg Lectures bibliques : Lire


    L’évangile de ce dimanche nous montre Jésus en train d’accomplir sa mission : il est envoyé par le Père pour porter la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Dans la maison où il se trouve il y a tellement de monde qu’on ne peut plus se frayer un chemin pour accéder à Jésus. Arrivent des gens qui veulent lui amener un homme paralysé. Marc nous raconte le stratagème qu’ils utilisent : ils montent sur la terrasse, découvrent une partie du toit et laissent descendre le paralysé devant lui.


     

    Jésus, voyant leur foi, dit au paralysé : « Tes péchés sont pardonnés. » Comprenons bien, il ne s’agit pas de la foi du paralysé mais de celle des porteurs. C’est grâce à eux que cet homme est sauvé. C’est important aussi pour nous : quand le prêtre est appelé pour donner le sacrement des malades à une personne éprouvée par la maladie, cette dernière n’est pas toujours consciente. Bien souvent, elle n’est pas en état de comprendre ce qui se passe. Mais le plus important c’est l’attitude de l’entourage. C’est la foi et la prière des porteurs qui sauve le malade. Leur mission, notre mission à tous, c’est de l’amener à Jésus. L’apôtre Paul nous le dit à sa manière : « Portez les fardeaux les uns des autres. »


    Et pourtant, si nous y regardons de près, nous voyons bien que cette foi des porteurs pose un problème. En amenant le paralysé à Jésus, ils s’adressent à lui comme à un guérisseur. Encore aujourd’hui, ils sont nombreux ceux qui courent vers ceux qui ont des pouvoirs. Aujourd’hui, Jésus voudrait nous inviter à faire un pas de plus sur le chemin de la foi. Il ne se contente pas de répondre à l’attente des hommes. Il a bien plus et bien mieux à donner. Il commence par le pardon (le « don par-dessus tout ») C’est ainsi que se réalise la prophétie d’Isaïe (1ère lecture). C’était l’annonce d’un monde nouveau pour les captifs en exil. Dieu leur donne son pardon gratuitement et sans mérite. La justice de Dieu c’est de pardonner.


    Si Jésus commence par donner le pardon c’est parce que le péché est le premier de tous les malheurs. Le premier mal de cet infirme ce n’est pas d’être immobilisé par sa paralysie. Le plus grave c’est d’être cloué dans son mal intérieur. C’est vrai aussi pour chacun de nous. Nous pouvons être paralysés par la rancune, l’égoïsme, l’orgueil. Nous devenons alors incapables d’aller vers les autres, incapables d’aimer, de partager, de pardonner. Un geste de paix nous libèrerait, mais nous n’y arrivons pas. Oui, une fois ou l’autre, nous nous reconnaissons tous, dans ce paralysé.


    C’est alors que nous pouvons nous demander qui sont nos porteurs. Nous n’en avons pas toujours conscience : quand tout va mal, il y a des personnes qui peuvent nous apporter à Jésus. Elles voient ce qui ne va pas bien dans notre vie ; elles souhaiteraient que nous soyons plus vivants et plus saints. Ces porteurs, c’est la famille, la communauté paroissiale, une communauté religieuse, un groupe de prière, des collègues, des voisins… En nous portant dans leur prière, Ils ont compris que le Christ seul peut nous libérer de nos péchés ;  ces péchés paralysent la libre circulation de l’amour entre les hommes. Ils ratatinent les cœurs endurcis par l’égoïsme. Seul l’Amour peut vaincre le péché et redonner vie aux hommes.


    Nous pouvons aussi nous reconnaître parmi les porteurs. Il y a, en effet, autour de nous des pécheurs paralysés qui ne peuvent pas se sauver eux-mêmes. C’est dans la prière d’intercession que nous les portons à Jésus. Ne craignons pas de nommer dans notre prière tous ces gens que nous voulons lui présenter. Nous souffrons tous de voir tant de haine, de guerres et de violences dans notre monde. Nous sommes désemparés devant tant de souffrances et de catastrophes. Tout cela, nous le portons dans notre prière et nous le remettons entre les mains du Seigneur. Pour lui, il n’y a pas de situation désespérée. A partir d’un mal, il peut toujours faire surgir un bien.


    L’évangile de ce jour se termine par un appel : « Prends ton brancard et rentre chez toi. » C’est une manière de remettre les choses à leur juste place. Jésus ne veut pas que nous dépendions des objets. C’est eux qui doivent dépendre de nous. Jusque là, l’homme paralysé était dépendant de son brancard. Désormais, c’est le brancard qui est remis entre les mains de l’homme. Cette guérison c’est l’image de ce qui se passe dans le pardon : nous sommes libérés de ce péché qui paralyse notre cœur. Avec toute la communauté chrétienne, nous pouvons nous remettre en marche sur le chemin que le Christ nous a ouvert. Nous devenons disponibles aux appels de l’Esprit Saint. Ce pardon nous rend libres pour aimer Dieu car la santé de l’âme c’est d’abord l’amour de Dieu.


    « Tous… rendaient gloire à Dieu en disant : Nous n’avons jamais rien vu de pareil. » Nous aussi, nous te rendons grâce Seigneur pour ton amour toujours présent et pour tous les bienfaits dont tu nous combles. Nous t’en prions, donne-nous d’en être les témoins émerveillés et actifs chaque jour. Amen


    Source http://dimancheprochain.org

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  • Homélie du 6ème dimanche ordinaire

    Abbé Jean Compazieu 

    Dimanche de la santé

    jesus-console.jpg Textes bibliques : Lire

    En ce dimanche, les textes bibliques nous montrent la situation dramatique des lépreux au temps de Jésus. Ils étaient bannis de la société. En raison de leur maladie, on les considérait comme impurs. Ils représentaient un danger dont il fallait absolument se protéger. Ils étaient donc obligés de partir loin de leur famille et de leur milieu de vie. Ils se trouvaient donc condamnés à la solitude et au désespoir. Nous savons actuellement que la lèpre n’est plus une cause d’exclusion. Elle est même devenue une cause de générosité. Chaque année, une collecte est organisée pour donner plus de moyens à ceux qui luttent pour éradiquer cette maladie. Dans le passé, et encore aujourd’hui, des missionnaires se sont engagés pour que ces malades soient soignés et traités dignement.

     

     Mais quand nous lisons l’évangile, nous pensons à d’autres exclus d’aujourd’hui. Ils sont nombreux ceux et celles qui sont mis à l’écart. Pour certains, c’est parce qu’ils représentent un danger dont il faut se protéger. Pour d’autres, c’est parce qu’ils nous mettent mal à l’aise. Nous n’oublions pas  la course au profit qui fait que les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ; Pensons aussi à la montée du racisme, du chômage et de la précarité. D’autres sont exclus à cause de leur passé et de leur réputation ou encore parce qu’ils ont fait un séjour en prison. La société les enfonce et ne leur laisse aucune chance.

    L’Evangile de saint Marc voudrait nous aider à changer notre regard et notre attitude. Il nous montre Jésus qui circule dans les lieux inhabités, là précisément où sont les lépreux. Il ne craint pas de prendre le risque de les rencontrer ; et c’est ce qui arrive : « Un lépreux vient trouver Jésus ; il tombe à genoux et le supplie : Si tu le veux, tu peux me purifier ».  Jésus aurait dû s’écarter loin de cet homme. La loi de Moïse le lui imposait. Mais quand nous lisons les évangiles, nous voyons que Jésus ne se dérobe jamais à la souffrance et au mal. Il veut communier à la détresse de l’homme pour le libérer. Il est le bon Pasteur qui ne cesse de partir à la recherche de la brebis perdue.

    Le lépreux dont nous parle l’évangile reconnaît son impureté, son péché. Mais en se tournant vers le Christ, il a confiance. Il est sûr qu’il peut être purifié. Il nous faut reconnaître l’audace de cet homme dont le contact rendait impur. Mais avec Jésus, c’est la pureté qui devient contagieuse et non la lèpre. En le touchant, Jésus ne devient pas lépreux. C’est le lépreux qui devient pur au contact de la divinité de Jésus. Voilà une bonne nouvelle de la plus haute importance pour notre monde d’aujourd’hui.

    Ce que Jésus a fait autrefois en terre de Palestine, il le continue aujourd’hui. Il nous rejoint dans toutes les lèpres qui bouleversent notre vie et celle de notre monde : lèpres corporelles, les maladies, les cancers, le sida, l’alcoolisme, la drogue… Il y a aussi les lèpres psychologiques et morales qui ont fait des nœuds dans les  cœurs : nous pensons aux divorces, aux avortements. Nous chrétiens, nous n’oublions pas la lèpre du péché qui nous ronge et nous enferme sur nous-mêmes. Quelle que soit notre situation, l’évangile de ce jour nous montre un lépreux qui nous apprend à nous tourner avec confiance vers le Seigneur. Lui seul connaît vraiment notre détresse et peut nous relever.

    Aujourd’hui, Jésus nous entraîne vers l’essentiel l’amour du prochain. Il se fait proche de celui qui est dans le besoin pour le restaurer dans sa dignité. Depuis notre baptême, nous sommes membres du Corps du Christ. Nous avons tous  pour mission d’être Jésus auprès des autres. Nous sommes tous appelés à aimer et à rayonner son amour audacieux et libre. En ce dimanche, nous pensons à tous ceux qui sont au service de la santé et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes à cette cause : le Service Evangélique des malades, les aumôneries d’hôpitaux, de cliniques et de maisons de Retraite, les médecins, les infirmiers et infirmières, les familles et même les malades (car il y a toujours plus malade que soi). A travers tous ces gestes d’accueil et de service des uns et des autres, c’est l’amour du Christ qui doit rayonner.

    Saint Paul nous fait entendre le message qu’il adressait aux chrétiens de Corinthe : « Mon modèle c’est le Christ. » Cette parole caractérise tout chrétien. Comme lui, nous avons tous à prendre le Christ pour modèle. La loi d’amour qu’il est venu instaurer est bien plus forte que tous les interdits imposés par la société. Quand Jésus touche le lépreux, c’est Dieu qui abolit toutes les distances. C’est le Père qui se fait proche pour le remettre dans le monde de la vie et des autres.  

    En venant célébrer l’Eucharistie, nous allons nous remplir et nous imprégner de cet amour qui est en toi, Seigneur. Puis à la fin, nous sommes envoyés pour prolonger à notre tour ta tendresse dans nos relations avec les autres. Fais de nous des témoins de ta bonté  et de ta victoire sur le mal pour que tout homme en reçoive une espérance.  

    Sources : Revues Feu Nouveau et Signes, Plaquette du dimanche de la santé, Avec saint Marc (Claire Patier), Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye)
     Source http://dimancheprochain.org

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  • Homélie du 5ème dimanche du temps ordinaire

    Abbé Jean Compazieu

    Une journée de Jésus


    jesus au jardinTextes bibliques : Lire


    Cet évangile nous propose de suivre Jésus toute une journée jusqu’à l’aube le lendemain matin. C’est un jour de Sabbat c’est-à-dire la samedi, jour consacré au Seigneur. Jésus rejoint les fidèles à la synagogue. Il y vient pour prier et enseigner. Et le lendemain, bien avant l’aube, il se retire dans un endroit désert pour prier. A travers ce choix, c’est une leçon qu’il nous donne. Il voudrait nous apprendre à toujours commencer toutes nos journées par un temps de prière. C’est absolument indispensable si nous voulons qu’elles soient vraiment ajustées à l’amour du Père.


     

    La journée de Jésus continue par une visite chez Simon. Or la belle-mère de ce dernier est malade. Jésus la prend par la main et la fait lever. C’est l’image de ce qu’il veut faire pour chacun de nous lorsque nous sommes paralysés par la fièvre du péché. Il est proche de nous par son Incarnation. Il reste présent tous les jours par ses sacrements. Il nous nourrit de sa Parole et de son Eucharistie. C’est ainsi qu’il continue à nous prendre par la main. En ce jour, nous lui demandons qu’il nous donne de garder notre main dans la sienne et de nous laisser guérir par lui. Il veut nous remettre debout pour que, nous aussi, nous puissions servir. C’est cela qu’il réalise par le ministère de son Eglise.


    Lorsque la chose vient à se savoir, de nombreux malades et possédés sont amenés à Jésus. Saint Marc nous dit que « la ville entière se presse à sa porte ». Avec une attention infatigable, Jésus se met au service de ces malades et de ces possédés. Il les guérit de leur mal. Le même Jésus se fait proche de toutes les détresses qui accablent notre monde d’aujourd’hui. Des hommes, des femmes et des enfants sont douloureusement éprouvés par la maladie et la souffrance. Beaucoup s’interrogent : Pourquoi moi ? La question n’est pas nouvelle. Bien avant Jésus, la première lecture nous raconte la situation de Job. C’est le cri douloureux d’un homme cruellement éprouvé qui n’attend plus rien de la vie. Mais si nous lisons le livre de Job jusqu’au bout, nous voyons que finalement sa révolte n’aura pas le dernier mot. Malgré tout ce mal qui l’accable, il garde sa confiance en Dieu jusqu’au bout.


    C’est vrai que la prière de Job commence par un cri de révolte. Mais à la fin, cette plainte se fait prière. Job entre progressivement dans une autre manière de voir. Cette prière l’a aidé à s’ajuster à Dieu. Il nous arrive d’entendre des personnes qui disent : « Je suis tellement fatigué que je n’arrive plus à prier. » Job nous apprend que lorsque tout va mal, nous pouvons toujours CRIER vers le Seigneur. C’est ce que nous montre le psaume 129 : « Des profondeurs je crie vers toi Seigneur… que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière. » De nombreux textes d’Evangile nous montrent que Jésus est saisi de pitié devant toutes les souffrances qu’il rencontre. Lui-même nous adresse un appel à être solidaire de celui qui souffre. Il veut nous apprendre à ouvrir notre cœur au monde entier.


    Voilà donc une journée de Jésus. C’est une journée épuisante qui s’est poursuivie tard dans la nuit. Le Christ aurait pu profiter de son succès. Au lieu de cela, il se retire dans un lieu désert pour prier. Les gens cherchent un guérisseur. Mais Dieu fait homme nous révèle qu’il est venu pour annoncer la bonne nouvelle. Il est urgent qu’elle soit proclamée à tous les désespérés du monde. Jésus se présente comme le bon berger qui part à la recherche de la brebis perdue. Son grand désir c’est de rassembler tous les hommes dans son Royaume. Nous chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de cet amour passionné de Dieu qui veut sauver tous les hommes. C’est notre mission et notre responsabilité à tous. Un jour, nous aurons à en rendre compte.


    C’est précisément ce que nous rappelle saint Paul dans la seconde lecture : nous ne pouvons pas nous contenter de bénéficier passivement de la bonté de Jésus.  Comme lui et à sa suite, nous sommes envoyés vers ceux qui souffrent. Paul était un passionné de l’annonce de l’Evangile. Son seul but, c’était de gagner le plus grand nombre au Christ. Lui-même disait : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile. » Nous n’oublions pas que ce mot signifie « heureuse nouvelle. » Le pape Jean-Paul a souhaité pour notre monde une nouvelle évangélisation. Quand on voit nos paroisses cela peut apparaître comme un défi impossible. Mais ce qui est impossible pour les hommes, est toujours possible pour Dieu.


    En ce jour, nous te suivons Seigneur dans ta prière. Nous accueillons pour nous l’annonce de ta bonne nouvelle ; et nous te prions pour qu’elle nous transforme au plus profond de nous-mêmes pour mieux l’annoncer aux autres. Amen

    Sources : Revue Signes, Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoyes), Homélies de l’année liturgique B (Simon Faivre), Vers dimanche

    Source http://dimancheprochain.org/

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  • Homélie du 4ème dimanche du temps ordinaire

    Abbé Jean Compazieu

    Jésus parle et agit avec autorité


    jesus-temple.jpgTextes bibliques :  LIRE


    Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un message d’espérance très fort. Elles nous révèlent un Dieu passionné par l’humanité qu’il veut sauver. La première lecture nous rapporte une parole de Moïse à son peuple : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » (Dt 18). Tout au long des siècles, Dieu en a envoyé des prophètes. Il lui fallait mettre son peuple en garde contre l’idolâtrie, les injustices et les divers abus possibles. Il lui fallait également réagir contre l’ignorance religieuse et la méconnaissance de la Parole de Dieu.


     

    Cet appel est également important pour notre monde d’aujourd’hui. Ils sont nombreux ceux et celles qui ont abandonné toute pratique religieuse. Pour eux, la foi est devenue quelque chose de secondaire. Mais un autre constat s’impose : Quand on chasse le côté religieux de notre vie, il revient sous sa forme la plus perverse. Les superstitions occupent un terrain de plus en plus important. On court après ceux qui ont des pouvoirs, ceux qui prédisent l’avenir, les voyants, les gourous en tous genres. C’est de ce danger que le Seigneur veut nous prévenir. Et il s’arrange pour mettre sur notre route des hommes et des femmes qui portent son enseignement.


    L’Evangile nous révèle que Jésus est ce prophète annoncé par Moïse. Il est un prophète puissant par ses paroles et ses actions. Son enseignement est nouveau. Saint Marc nous le dit : « Il enseignait en homme qui a autorité. » L’Evangile de saint Matthieu insiste encore plus fortement sur ce point dans le sermon sur la montagne ; à plusieurs reprises, nous lisons cette parole du Christ : « vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… Moi je vous dis… » L’enseignement de Jésus est vraiment nouveau. Il ne se contente pas de répéter ce qu’il a étudié. Il parle avec l’autorité de Dieu.


    L’Eglise d’aujourd’hui a reçu pour mission d’annoncer cette parole de Dieu. Dans un monde enchaîné par la haine, la violence, l’égoïsme, la précarité, c’est plus que jamais nécessaire. Ce monde a besoin d’entendre une parole qui libère et qui redonne espérance. Nous sommes tous envoyés pour crier la bonne nouvelle à temps et à contretemps. Bien sûr, cela doit se faire dans le respect des personnes. Il serait mal venu de les culpabiliser avec un évangile qui parle du pardon. On ne peut pas non plus l’imposer de manière autoritaire. Ce serait contraire à Jésus qui dit : « Si tu veux… » Quand il appelle, il attend une réponse libre et généreuse. Comme Bernadette de Lourdes, nous ne sommes pas chargés de faire croire mais de dire. Le reste ne dépend pas de nous mais de Dieu.


    Jésus ne s’est pas contenté de parler. Il a agi avec autorité. L’évangile nous parle de cet homme possédé par un esprit mauvais qui était venu dans la synagogue. Cet esprit impur s’adresse à Jésus en vociférant : « Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu ». Cette sainteté qu’il reconnaît en Jésus est une déclaration de guerre contre le mal. Jésus libère cet homme par une formule forte d’exorcisme. Il lui fait retrouver sa grandeur dans la contemplation de Dieu.


    Cette bonne nouvelle nous concerne tous. Jésus est venu nous libérer de l’esprit mauvais. Il ne cesse de nous apporter la liberté des enfants de Dieu. La guérison de ce possédé nous montre que l’heure de notre libération est arrivée. Cet homme dont parle l’évangile dont parle l’évangile c’est l’humanité entière. Ce que Jésus a commencé à Capharnaüm, il va le continuer tout au long de son ministère en Palestine. Et il continue à la faire tout au long des siècles par son Eglise. C’est lui qui parle quand on lit dans l’Eglise les Saintes Ecritures. C’est lui qui donne la vie quand on baptise. Il est toujours à l’œuvre dans le monde d’aujourd’hui.


    Si nous voulons être des messagers de la bonne nouvelle, il faut que toute notre vie soit imprégnée de cet amour qui est en Dieu. Nous ne pouvons parler que de ce que nous vivons avec Jésus. Pour cela, nous commençons par nous nourrir de la Parole de Dieu ; nous nous laissons transformer par elle. Il est important que notre vie soit en accord avec cette Parole que nous avons à annoncer de la part de Dieu.


    Quand nous lisons l’Evangile, nous trouvons des paroles de Jésus qui relèvent et redonnent confiance. Nous en avons tous besoin tout au long de notre vie. Pour grandir, le petit enfant a besoin des mots d’amour de ses parents. Il en est de même pour les couples. Un amour sans parole ne peut exister. Il y a des paroles qui redonnent force, courage et confiance. D’autres  peuvent causer des dégâts très graves dans la vie d’une personne. La Parole du Seigneur est vérité et sa loi délivrance.


    Dans la deuxième lecture, saint Paul nus recommande d’être attachés au Seigneur sans partage. Les vocations sont différentes mais nous sommes la même Eglise de Jésus Christ. Nous nous sommes rassemblés pour accueillir la Parole de Dieu et nous nourrir de son Eucharistie. A la fin de la messe, nous seront renvoyés pour en être les témoins et les messagers par nos paroles et nos actes. En ce jour, nous te prions, Seigneur : que ton Eglise et chacun de ses fidèles puissent vivre et partager chaque jour cette Bonne Nouvelle.  


    Sources : Signes, Feu Nouveau, Homélies de Simon Faivre, Avec saint Marc (Claire Patier), lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye) 

    Source http://dimancheprochain.org

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