• Homélie du 20ème dimanche du temps ordinaire (14 août)

    Homélie du 20ème dimanche du temps ordinaire

    Abbé Jean Compazieu


    « Aie pitié de moi »

    Cananeenne.jpg Texte biblique : Lire

    L’évangile de ce dimanche a quelque chose de détonnant. Nous y voyons Jésus se retirer dans la région de Tyr et Sidon. Ces deux villes font partie du Liban actuel. A l’époque, cette région était complètement étrangère à la religion juive. Les habitants étaient considérés par les juifs comme des marginaux et des païens. Ils avaient l’habitude de les traiter « comme des chiens ». C’est dans ce contexte qu’il nous faut comprendre la rencontre des juifs avec la Cananéenne. Voilà donc cette femme qui se met à crier : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David. Ma fille est cruellement tourmentée par un démon ». Pour cette maman, c’est vraiment un cri de souffrance. Elle est déchirée par la maladie de sa fille et elle cherche tous les recours possibles. 

    En cette période de vacances, nous pensons aussi à tous ceux qui souffrent chez eux ou dans leur chambre d’hôpital. D’autres vivent enfoncés dans la précarité et l’exclusion. La jeune cananéenne dont nous parle l’évangile est l’image des hommes loin de Dieu. C’est moi, c’est chacun de nous chaque fois que nous nous éloignons de lui. Le démon guette, toujours prêt à nous entrainer dans des maladies dont Dieu seul peut nous guérir. Aujourd’hui, nous sommes invités à crier vers le Seigneur : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ». Comme la Cananéenne, nous sommes invités à insister dans notre prière. Cette demande a besoin d’être purifiée : le vrai Dieu ne correspond pas à l’image que nous nous faisons de lui. Il n’est pas un guérisseur qui fait appel à des pouvoirs magiques. Il est le « Tout Autre ».

    En ce jour, nous voyons la Cananéenne faire preuve d’une hardiesse inouïe. Elle est prête à tout pour sauver son enfant. Son cri de foi est tout à fait étonnant. N’oublions pas quelle est totalement étrangère à la religion d’Israël. De plus, elle ignore tout de la véritable identité de Jésus. Et pourtant, elle l’appelle « Fils de David » et « Seigneur ». Ceux qui connaissent la Bible savent que ce sont là des titres divins. Après un premier refus de Jésus, elle insiste. Et quand elle entend qu’on ne peut pas « donner le pain des enfants aux petits chiens », elle a une réponse admirable : « C’est vrai, Seigneur, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent sous la table de leur maître. »

    En entendant cette parabole, nous pouvons penser à la parabole du « mauvais riche » et du pauvre Lazare. Ce riche faisait des festins somptueux. Au dehors, Lazare se serait bien contenté des miettes tombées de la table du riche. Mais ce sont justement les chiens qui venaient lécher les ulcères du pauvre Lazare. De son côté, Jésus ne peut pas se mettre dans la situation du riche qui repousse un exclu. Il est venu pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Se tournant vers la Cananéenne, il lui dit : « Femme, ta foi est grande ; que tout se fasse pour toi comme tu le veux. »

    Cet évangile nous adresse un appel de la plus haute importance : il nous interpelle sur la manière dont nous prions. Bien souvent, nous avons l’impression que Dieu ne nous entend pas. Nous nous heurtons à son silence. Nous avons beau insister, prier encore et encore ; mais nous ne recevons aucune réponse. Aujourd’hui, c’est la Cananéenne, une étrangère à la foi, qui nous montre le vrai chemin : Elle nous apprend la pauvreté du cœur : « Heureux les pauvres de cœur, ils seront rassasiés ». Cette attitude nous rendra entièrement ouverts au don de Dieu ; Il nous promet de ne pas nous donner les miettes mais de nous faire asseoir à la table des enfants.

    Quand saint Matthieu écrivait son évangile, il s’adressait principalement à des juifs convertis. Des païens de tout bord adhéraient également à la foi. Parmi eux, il y avait aussi des anciens cananéens. Ils n’étaient pas toujours bien accueillis ; on les suspectait de manger le pain des judéo-chrétiens. Cette situation historique est dépassée aujourd’hui. Mais elle reste toujours d’actualité : aujourd’hui encore, des étrangers viennent frapper à la porte de l’Eglise. Nous les voyons lors des baptêmes, mariages ou sépultures. Beaucoup sont « mal croyants », marginaux de la foi. Certains ont adopté des superstitions qui les laissent insatisfaits. Et puis, nous pensons aussi à tous ces baptisés qui, pendant des années, se sont éloignés de la foi. Mais le Seigneur s’arrange toujours pour les mettre sur notre route. Alors, nous pouvons nous poser la question : qu’avons-nous à leur offrir ? Des miettes ou du pain ?

    En ce dimanche, l’Evangile nous invite à rectifier le regard que nous portons sur notre Dieu. Il n’agit pas que dans le cœur des bons catholiques. Pour Jésus, il n’y a plus ni juifs, ni païens. Il y a une fraternité universelle dans la foi. « Jésus Christ est le Seigneur de tous les hommes ». (Actes 10,36) C’est ce même message que nous trouvons dans la première lecture : « Ma maison sera appelée Maison de prière pour tous les peuples. » Plusieurs siècles avant Jésus Christ, cette parole a dû faire l’effet d’un brulot ; il était inimaginable que des étrangers puissent désormais appartenir au peuple de l’alliance. C’est l’amour universel de Dieu qui nous est annoncé. Il aime tous ses enfants comme un père. Il agit dans le cœur des étrangers comme dans celui de ses fidèles serviteurs.

    Nous te louons, Seigneur, pour cet amour universel que tu portes envers tous. Dans l’Eucharistie, tu nous donnes « le Pain des enfants ». Donne-nous d’accueillir en ton nom tous ceux et celles qui ont faim de ta présence. AMEN

    Source http://dimancheprochain.org

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