• Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire

    Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire

    Abbé Jean Compazieu

    Passe derrière moi

    christ croix Textes bibliques : Lire

    Dimanche dernier, l’évangile nous rapportait la merveilleuse profession de foi de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Et aussitôt, Jésus le déclarait « heureux » ; cette découverte ne venait pas de lui ; c’est sous l’inspiration du Dieu que Pierre a parlé. Il s’est entièrement ouvert à son Maître et il l’a suivi avec beaucoup d’enthousiasme. Il a été témoin des miracles de Jésus ; il l’a vu « clouer le bec » aux prétentieux qui disaient respecter la loi. Pour Pierre, c’était quelque chose de merveilleux et il aurait voulu que ça dure.


    Mais avec l’évangile de ce jour, nous voyons les choses se gâter. Les apôtres étaient de tranquilles pêcheurs ; les voilà entraînés dans une aventure douloureuse. Jésus leur annonce en effet sa Passion et sa mort sur une croix. Nous comprenons bien la réaction contrariée de Pierre : « Non, cela ne t’arrivera pas. » Mais Jésus n’accepte pas que Pierre parle ainsi et il le remet durement à sa place : « Passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». C’est aussi de cette manière que Jésus avait réagi lors des tentations au désert. Mais celle d’aujourd’hui est encore plus terrible : Jésus doit se défendre contre ses amis les plus chers, en particulier contre Pierre.


    Comprenons bien ; en passant par la mort et la résurrection, Jésus ouvre à tous les hommes un chemin vers le Père. L’apôtre Pierre se voit confier les clés du Royaume des cieux pour qu’il soit vraiment ouvert à tous. Or voilà que la première parole de Pierre est une parole de fermeture. Il veut barrer la route au Christ au moment même où il envisage de nous l’ouvrir. Nous comprenons mieux pourquoi Jésus est très fâché. Il se met vraiment en colère. Nous avions l’habitude de le voir accueillir les pécheurs, les pauvres, les petits. Mais il n’accepte pas ceux qui le prennent pour un roi puissant et invincible. Sa mission est ailleurs.


    Cet évangile nous interroge sur notre foi : qui est vraiment Jésus pour nous ? Comme Pierre, nous risquons fort de nous égarer. Aujourd’hui, il nous fait comprendre qu’il ne correspond pas à l’image que nous nous faisons de lui. Il est le « Tout autre ». Il est celui que nous sommes invités à suivre. C’est pour nous un appel à purifier notre prière. Trop souvent, nous nous tournons vers lui quand tout va mal. Et nous voulons qu’il fasse quelque chose pour que tout aille mieux. Nous n’avons pas à dicter à Dieu ce qu’il doit faire. Dieu n’est pas attaché à notre service. Il n’est pas notre boy. Certains ne prient plus ou ne vont plus à la messe parce que, disent-ils, cela ne sert à rien. Et c’est là qu’on se trompe. On ne prie pas, on ne va pas à la messe pour soi mais pour Dieu. Quand on aime, on ne pense pas d’abord à soi mais à l’autre.


    « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il m suive. » Et nous qui pensions que l’Evangile était une bonne et heureuse nouvelle, nous voilà bien remis en place. D’autant plus que l’apôtre Paul en rajoute une dose : « Je vous exhorte, par la tendresse de Dieu à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu. » Certains peuvent se poser des questions : Serions-nous dans une religion de souffrance ?


    La volonté du Seigneur n’est pas que nous soyons malades ni que nous souffrions. Lui-même nous a dit qu’il est venu pour que tous les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. C’est vrai, dans la Bible, on trouve le mot « sacrifice ». Mais dans ce mot, il y a « sacré ». C’est l’amour infini de Jésus pour son Père qui le fait sacré par excellence. Jésus a entraîné dans sa mort la plénitude de l’amour. Sa mort est l’aboutissement de toute sa vie d’amour. Le sacrifice de Jésus, ce ne sont pas ses souffrances, mais l’accueil de l’amour du Père. Le christianisme n’est pas une religion de souffrance. C’est celle de la vie habitée par l’amour.

    L’évangile de ce jour nous adresse un commandement très fort : « Passe derrière moi ! » C’est un appel à changer notre regard sur Dieu et sur le sens que nous donnons à notre vie. Le plus important ce n’est pas la réussite matérielle, la promotion, la mise en valeur du moi. Jésus voudrait nous orienter vers une autre logique, celle de l’amour vrai, du don de soi, de la gratuité. C’est sur ce chemin que nous sommes appelés à le suivre. En choisissant le Christ, nous choisissons la Vie. La vraie joie est au terme d’un dépassement. Le Christ vient déposer en nous une soif d’aller toujours plus loin dans sa recherche, dans le cœur à cœur avec lui au service des plus pauvres.

    En ce jour, nous te prions, Seigneur. Tu viens nous combler de ta vie et de ton amour. Garde-nous de faire obstacle à ta volonté. Affermis notre courage. En te suivant sur le chemin de la Croix, nous pourrons partager ta gloire pour les siècles des siècles. Amen

    Source http://dimancheprochain.org

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