• Hommages à Jean Bastaire - E&E

    Hommages à Jean Bastaire

    © Stéphane OUZOUNOFF/CIRICPlusieurs articles dans la presse catho ont rendu hommage à Jean Bastaire. Voici ceux de La Croix et de La Vie. On lira aussi particulièrement l’hommage que rend Jean Claude Noyer à son ami.

    Jean Bastaire, précurseur de l’écologie chrétienne

    Agnès Chareton  - 26/8/13 Son rêve était de voir les jeunes générations reprendre le flambeau de l’écologie chrétienne, qu’il avait allumé. Jean Bastaire est décédé samedi 24 août 2013 chez lui, « entouré de Jean-Louis, un voisin généreux qui l’a pris en charge dans ses derniers jours, et de Michel Péguy », petit-fils de Charles Péguy, écrit Fabien Revol, un de ses amis proches. Ces dernières années, l’intellectuel vivait retiré, mais continuait à écrire des lettres passionnées à ses amis, grâce à sa vieille machine à écrire.Né en 1927 à Chamalières (Puy-de-Dôme), cet amoureux des lettres se passionne pour Claudel et Péguy. En 1946, il est journaliste cinématographique à Paris. Malade, il rencontre au sanatorium, Hélène, médecin de dix ans son aînée, qu’il épouse en 1950. Converti à l’écologie par sa femme, engagée de la première heure dans les réseaux écologistes, Jean Bastaire prône la défense de la Création par un renouveau de la spiritualité franciscaine – s’inspirant notamment du Cantique des créatures de saint François – dans plus d’une dizaine d’ouvrages.  « Des petits textes incisifs très stimulants, écrits d’une belle plume », relève le P. Dominique Lang, assomptionniste et journaliste à l’hebdomadaire Pèlerin, spécialisé sur les questions d’écologie chrétienne. « Il a beaucoup interpellé les franciscains sur ces questions », rappelle le P. Lang.Dans une lecture renouvelée de l’Épître aux Romains, il pose les fondements d’une « théologie de l’engagement écologique », analyse le journaliste Patrice de Plunkett, avec qui il a entretenu une correspondance dans les dernières années de sa vie. « Jean Bastaire a joué un très grand rôle dans la redécouverte de la dimension cosmique de la théologie. Pour lui, la promesse de salut n’est pas destinée à l’homme seul, mais à l’ensemble de la Création dont il est responsable. » « Il a mis l’accent sur un aspect de la foi qui est complémentaire de la mise en valeur de la personne humaine », appuie Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, proche de cet homme « pour qui la foi était le nœud de toute son existence ».Fidèle à ses engagements, Jean Bastaire vivait dans une grande proximité avec son épouse. Après la mort d’Hélène en 1992, il continue à cosigner ses ouvrages avec le nom de sa femme, dans « une collaboration indicible mais réelle, qui pour (lui) s’apparente à ce que l’on nomme la communion des saints », confiait-il à La Croix le 21 novembre 2012. Homme discret et fidèle, Jean Bastaire ne s’est jamais mis en avant. C’est peut-être en partie la raison pour laquelle son message n’a pas reçu l’écho qu’il espérait au sein de la communauté catholique. « Je rame depuis près d’un quart de siècle sur l’océan de l’écologie chrétienne dont on commence seulement à pressentir l’immensité temporelle et spirituelle », écrivait-il à Patrice de Plunkett. « J’ai dû me convaincre que ce que j’avançais était vraiment nouveau, tant je recueillais peu d’échos. » Jean Bastaire portait l’espoir de susciter une congrégation consacrée aux questions écologiques, les « Petits frères et petites sœurs de la Création ».

    Hommage à Jean Bastaire – Jean Claude Noyer

    Je n’aurai pas eu le temps de lui faire la joie d’une visite à son domicile, à Meylan, par amitié pour lui. Je n’ai pas su assez tôt que son heure était venue. Lors de son dernier appel téléphonique à mon domicile, il n’avait certes pas caché qu’il avait maintenant du mal à se concentrer sur ses travaux d’écriture et qu’il ne pouvait que difficilement se déplacer d’une pièce à l’autre de sa maison. Déjà, en novembre 2011, il n’avait pu honorer de sa présence nos Assises chrétiennes de l’écologie. C’était le grand absent de cet évènement sur lequel le père Jean-Luc Souveton et moi-même, assistés d’Elise Bancon (Scouts de France), avions travaillé d’arrache-pied. A défaut de l’avoir parmi nous, je lui avais passé commande d’un texte que j’avais lu en ouverture. « Je mesure le chemin parcouru depuis quarante ans, lorsque nous prenions notre première inscription, ma femme et moi, au WWF », écrivait-il. « Parmi nos camarades écologistes, nous faisions figure d’OVNI. Des chrétiens s’intéressant à la sauvegarde de la nature ? Cela paraissait étrange. Le plus curieux était que nous ne nous contentions pas d’être comme un petit nombre de personnes qui s’inquiétaient du sort de la planète pour des raisons humanitaires. Le souci que nous éprouvions était également dicté par notre foi en Christ ». Et de souligner, avec le lyrisme qui le caractérisait, que « l’écologie chrétienne, c’est le retour au Père d’une humanité dissipatrice des biens que Dieu lui a confiés. Le Créateur a consenti que sa créature le bafoue par une débauche aveugle. Le résultat est qu’elle n’aura même plus accès bientôt à l’auge aux cochons et qu’elle périra en masse comme une espèce nuisible ». Puis de conclure, dans le même registre : « Je souhaite un excellent déroulement à ces Assises. Qu’elles soient comme le festin où le père tue le veau gras pour célébrer la conversion du fils prodigue. » Avec 1700 entrées, son vœu a été largement exaucé et il en fut très heureux. C’est qu’il voyait dans cette assistance nombreuse, ainsi que dans le cercle de plus en plus large de ses admirateurs – dont de jeunes théologiens et des universitaires travaillant sur l’articulation entre écologie et spiritualité – la confirmation que son travail portait enfin du fruit. La discrétion de cet écrivain prolixe, éloigné des cercles parisiens, fit sans doute de l’ombre à son envergure réelle d’essayiste aux accents prophétiques. Puisse son talent de plume, au service d’une dénonciation constante de l’hérésie consumériste-productiviste, ravir des cercles toujours plus larges. Ce « mécontemporain » (Charles Péguy), poète et mystique amoureux de la beauté du monde, rêvait de la fondation d’une congrégation de Petits frères et de petites sœurs de la Création dont la mission eût été d’agir concrètement pour la défense des milieux naturels et la protection des animaux, dans le cadre de la sauvegarde de l’œuvre de Dieu. En s’appuyant sur une théologie et une spiritualité ad hoc. Celles-la mêmes qu’il n’a eu de cesse de promouvoir. Gageons encore que ce rêve inabouti se concrétisera tôt ou tard. Adieu donc cher Jean. Et plutôt que de te pleurer, réjouissons-nous de tes retrouvailles « au ciel » avec Hélène. L’épouse trop tôt « disparue » dont tu n’as jamais cessé de dire qu’elle t’accompagnait chaque jour dans l’intime de ta vie et de ton travail.

    Décès de Jean Bastaire, pionnier de l’écologie chrétienne

    Olivier Nouaillas  – La Vie – 26 aout 2013 (crédit photo : © Stéphane OUZOUNOFF/CIRIC )

    Philosophe discret, Jean Bastaire nous a quittés le samedi 24 août. Portrait de cet humble penseur de l’écologie chrétienne. C’était en octobre 2010, à l’auditorium du Monde, boulevard Blanqui dans le 13e arrondissement de Paris. A l’invitation de notre hebdomadaire et de la revue Prier, Jean Bastaire était venu donner une conférence sur le thème de « l’Ecologie, expression de la fragilité de la Terre ». Citant les grands penseurs qu’il affectionnait depuis toujours – François d’Assise mais aussi Charles Péguy et Hildegarde de Bingen – il réitéra son ambition intellectuelle de lier engagement écologique et démarche spirituelle. Pour lui « la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité sont inséparables de la prise de conscience que nous sommes tous des créatures de la Création ». Et de préciser : « Il nous faut donc unir, en tant qu’ écologiste chrétien, dans tous nos gestes et nos actions, le Ciel et la Terre ». Il avait d’ailleurs publié dans la revue Prier, en décembre 2008, un long texte intitulé « Priez pour la Terre ». D’ un niveau théologique élevé – ce que ne le rendait pas toujours accessible au grand public – Jean Bastaire a écrit de nombreux livres de référence sur ce thème. Parmi la vingtaine d’ouvrages, les plus marquants sont, sans conteste, Le chant des créatures (Cerf, 1996), Pour une écologie chrétienne (Cerf, 2004) et Pour un Christ Vert (Salvator, 2009). Très liée à sa femme Hélène, médecin homéopathe décédée en 1992, il continuera à signer ses livres les plus récents de leur deux noms, revendiquant avec elle « une communion des saints ». Très proche de la spiritualité franciscaine, Jean Bastaire collabora également à la revue Esprit de 1952 à 1981 et n’hésita pas pour autant à s’engager, dès les années 70, au WWF, une association de protection de l’environnement. Un engagement qu’il expliquait ainsi dans Les Essentiels de La Vie, publié le 26 novembre 2009 à la veille du sommet de Copenhague : « Nous voulions apporter une voix chrétienne aux écologistes et une voix écologique parmi les chrétiens ». Très discret (trop ?) il est décédé, samedi 24 août, à l’age de 86 ans, à Meylan, près de Grenoble. Sur le site du journaliste Patrice de Plunkett, qui lui rend hommage, le père Cardine, curé de la paroisse de Meylan confie : « J’ai donné vendredi soir à M. Bastaire le sacrément des malades. Il était si discret que j’ignorais sa présence sur ma paroisse ». Dans un de ses livres, très joliment titré Court traité d’innocence (Lethielleux 1977), Jean Bastaire n’ écrivait-il pas déjà ceci : « Il n’y aurait de triste que la mort du printemps, si le printemps devait mourir ».

    Compilation : DL

    Source http://ecologyandchurches.wordpress.com

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