• L’ACTE DE DEPOSITION DANS LA TENTATION DU DESESPOIR -Suzanne (prise 2)

    L’ACTE DE DEPOSITION DANS LA TENTATION DU DESESPOIR

     

     

     

    L’acte de déposition du Christ à Gethsémani est décisif pour l’humanité car il réconcilie l’homme avec Dieu le Père, et lui ouvre ainsi la voie du Salut.

     

    Suzanne-Oliviers-d-Assise--8.jpgJésus à Gethsémani.

    « Là-dessus, Jésus alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémani, et il dit aux disciples : Asseyez-vous ici, pendant que je m’éloigne pour prier. Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, et il commença a éprouver de la tristesse et des angoisses. Il leur dit alors : Mon âme est triste jusqu’à la mort, restez ici et veillez avec moi. Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. Et il vint vers les disciples, qu’il trouva endormis, et il dit à Pierre : vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ! Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. Il s’éloigna une seconde fois, et pria ainsi : Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! Il revint, et les trouva encore endormis ; car leurs yeux étaient appesantis. Il les quitta, et, s’éloignant, il pria pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles … » (Mt 26,36-44)

    … Plus tard, Jésus dit à Judas : « Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le. » (Mt 26,50)

     

    Comme nous allons le voir, l’acte de déposition peut nous éviter de succomber à la tentation du désespoir :

    « Il commença à éprouver de la tristesse et des angoisses. »

    Jésus souffre. Il dit : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » Cela est l’expression même du désespoir. Jésus est « familier de la souffrance » : Il souffre de la foule « incrédule et pervertie » (Mt 17,17) ; il souffre du rejet des siens « qui ne l’ont pas reconnu » (Jn 1,11) ; il pleure devant Jérusalem (Lc 19,41 ; Mt 23,37). Jésus pleure sur toute la souffrance des hommes, conséquence du péché. Mais ici, à Gethsémani, il est troublé à la pensée de sa passion. Sa souffrance devient alors une détresse mortelle, une agonie, un combat dans l’angoisse et la peur. Jésus est dans une situation de désespoir. Que fait-il ? Il entame un processus de déposition.

    « Il se jeta sur sa face et pria. »

    Etait-ce pour masquer son trouble, ses larmes ? C’est en tout cas un acte d’urgence accompli dans la plus grande humilité. Non seulement, Dieu est descendu jusqu’à nous, jusqu’à la dernière marche de l’échelle, mais il s’agenouille même face contre terre et se frotte à la poussière !

    « S’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ! »

    Ce n’est pas un ordre que lance Jésus, c’est une demande claire, précise, un appel direct qu’il adresse à son Père. C’est une supplication. Jésus ne recherche pas la souffrance, il est tenté de repousser cette épreuve et il l’exprime. Par cet acte de déposition, il ose en faire part à son Père. Il dépose sa souffrance. C’est l’humilité de cette plainte qui arrache le Christ au désespoir. Elle exprime le lien indissoluble qui l’unit au Père et l’engage vis-à-vis de sa volonté.

    « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » … « Que ta volonté soit faite ! »

    C’est cet acte de déposition qui a permis à Jésus d’entrer librement dans sa Passion et d’échapper au désespoir. Il accepte la volonté du Père et il la fait sienne car il sait « pour qui » et « pour quoi » il l’accomplit. Il peut aller maintenant jusqu’au bout de sa promesse et, jusqu’au golgotha, il témoignera qu’il est aussi vrai Homme en éprouvant jusqu’au bout les sentiments humains tout en s’abandonnant et en obéissant à la volonté de son Père.

    « Ce que tu es venu faire, fais-le. »

    Ici, Jésus donne un ordre ! Par cet ordre il prouve que son acceptation est totale. Il ne résiste pas et pose l’acte qui, ici et maintenant, va dans le sens de la volonté de son Père. Dans ce dernier acte de déposition, il montre comment l’union des deux volontés s’accomplit. Nous assistons là au déroulement du plus bel acte de déposition que l’on puisse imaginer. Il choisit de s’unir à la volonté du Père c’est-à-dire à l’Amour qui connaît le bon chemin pour sortir des embûches humaines. Il est en total accord avec cette volonté et il dit « oui » car il sait que refuser la croix, c’est refuser de pardonner ; refuser la croix, c’est refuser la liberté ; refuser la croix, c’est dire oui à la mort et non à la vie. Dieu dit tout quand il se tait pour mourir, la Croix est parole de révélation.

     

    Il nous faut aimer sans restriction, l’Amour de celui qui nous a beaucoup aimés ! Il est remarquable de noter comment, à travers sa passion, le Christ nous met sur le chemin de la déposition afin d’éviter le désespoir :

    Voir et nommer sa souffrance. Surtout ne pas la nier.

    Prier dans l’humilité.

    Adresser au Père une demande claire et précise tout en acceptant de ne pas être exaucé.

    Accepter la volonté du Père et la faire sienne.

    Poser un acte en conséquence.

    Affirmer son oui.

    Se re-poser en Dieu, le Père, pour aimer jusqu’au bout.

    Entrer dans le silence et prier.

    La déposition est essentiellement un cheminement du cœur, un acte d’amour librement consenti, qui s’accomplit sous le regard de Dieu. (sugg. reprendre l'article en cliquant sur - Vivre la relation de Dieu à l’homme du 17.02.2010)

     

    Nous pouvons nous aussi, au cœur de notre déposition, trouver refuge dans cet acte suprême de confiance. Nous saurons alors que nous sommes « entre ses mains », qu’elles nous soulèvent et nous portent. Ayant vécu sa Passion, Jésus ne peut être insensible à la douleur humaine. Il ne peut être témoin d’une souffrance sans en être profondément ému d’une miséricorde divine (Mt 9,36 ; 14,24 ; 15,323). Et, parce que le Christ a connu le comble de la souffrance, il peut devenir le Confident, le Consolateur, l’Ami qui va nous aider non seulement à la porter mais aussi à la transformer, peut-être même jusqu’à la joie, la joie parfait de la « révélation » (Jn 11,4)

     

    L’homme, par la déposition, est en mesure d’entrer en relation personnelle et vitale avec Celui qui s’est fait homme. C’est à travers notre désir, notre amour, notre obéissance à la Personne du Christ que se parfait l’union à Dieu.

     

    « Si tu veux arriver à posséder le Christ, ne le cherche jamais sans la croix. Celui qui ne cherche pas la croix du Christ ne cherche pas la gloire de Dieu. » (Ermitage de Cordoue/Espagne)

     

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

     

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