• L’ASCESE -art. 25 Suzanne

     L’ASCESE[1]


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    L’ascèse et la psychologie.


    L’homme vit dans une confusion profonde et ignore tout des principes qui régissent son « économie » intérieure. Laissé seul, il s’enfonce dans les névroses et, dans les moments de solitude, aucune forme sociale ne protège ni ne résout les conflits profonds accumulés au fond de son âme. La méconnaissance des lois profondes mène ainsi vers des simplifications où le mal est réduit à l’imperfection et la lutte ascétique à l’hygiène. Système séduisant mais sans mystère et fermé sur lui-même.

    Or, l’homme, qu’il le veuille ou non, n’existe que dans sa relation à l’absolu. S’il n’accepte pas le transcendant, il absolutise l’immanent ou se pose lui-même en absolu. Deus non est, Deus est. Il lui faut donc choisir entre une idée instrumentale, une construction cérébrale, utile, mais à la fin, impuissante, et le Principe qui a tous les pouvoirs : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jean 7, 46)  Ainsi, dans sa quête de santé spirituelle, l’ascète chrétien cherche la restauration de la forme initiale – imago Dei – tendue vers Dieu. Gardant confiance en la vie, en son propre destin et sachant reconnaître le sens concret de sa vie particulière, il accepte le grand mystère évangélique de la croix personnelle.

     

    D’où vient l’homme et où va-t-il ?


    Question fondamentale qui accompagne l’homme de tous les temps. Faute de s’être laissé ouvrir les yeux et donc sans y voir clair, aucune confiance en la vie ne peut habiter l’homme. Sa dignité n’acceptera jamais de petites normes, de petites éternités immanentes et passagères. Seul l’Evangile contient la réponse très exacte : « je viens de mon Père  et je vais vers mon Père » (Jean 16, 28)  Et, face à la solitude redoutable de l’homme, il appelle l’Esprit Saint, l’avocat le consolateur (Jean 14, 16)  Quant l’homme se tourne vers Dieu, il y reconnaît celui qu’il cherche, qu’il avait cherché depuis toujours : c’est le tropisme naturel. Il existe dans la Bible un certain optimisme - l’homme aime ce qui est bon, aspire à la lumière, à la connaissance, à l’augmentation de l’être, il ne peut vivre et trouver la joie que dans les conditions existentielles définies par s. Paul : « Il n’y a que oui en Dieu » (2 Cor. 1, 20) - il n’y a qu’affirmation, intégrité, accroissement sans déclin. « Là où est votre trésor, là est votre cœur » (matth. 6, 21), mais le cœur dans l’immensité de sa soif n’est tendu que vers l’absolument désirable dont parle l’Apocalypse.

    L’ascétisme a toujours frappé puissamment l’imagination par contraste avec toutes les compromissions et les suffisances de la vie courante et médiocre. Les foules venaient jadis au désert contempler les stylites, pour graver dans leur mémoire la vision du pouvoir spirituel sur la matière et sur l’instabilité de la vie ; les gens emportaient des dessins maladroits pour se rappeler constamment la grandeur accessible à l’homme, l’image de la victoire la plus réelle sur le mal.

    La morale, limitée à ses seuls principes et hors de toute métaphysique, ne peut donc jamais résoudre les conflits de l’existence car, ces principes ne peuvent opérer de miracles ni conduire à la « seconde naissance » dans la joie. Ainsi, le « religieux » n’est pas une projection immanente du contenu de l’âme, mais la culture de « l’ouïe spirituelle ».  Les « enseignés par Dieu » reçoivent la suggestion la plus forte, car c’est Dieu qui suggère et qui invite à choisir : « Voici : j’ai mis devant toi la vie et la mort... choisis donc … » (Deut. 30, 15)

     

    L’ascèse.


    Le miracle des noces de Cana, le changement de l’eau en vin, offre l’image classique de la transformation de la nature humaine vers laquelle sont dirigés tous les efforts de l’ascèse. C’est la métanoïa, le bouleversement de toute l’économie de l’être humain ou la seconde naissance dans le monde de l’Esprit. Le rituel de l’exorcisme, lors du baptême, rompt avec le pouvoir du prince de ce monde ; et le rituel de la tonsure veut signifier que tout homme est devenu autre, différent dans sa nature même. C’est donc la rupture la plus radicale avec le passé, sa mort très réelle et l’avènement non moins réel de la nouvelle créature.

    Il y a une différence de nature entre l’ascétisme et le moralisme. Le moralisme règle la conduite en la soumettant à des impératifs moraux. Mais toute construction basée sur les seules forces naturelles est fragile, et une façade éthique peut bien cacher le pharisaïsme de l’ « orgueil des humbles ». Or, la « vertu » selon les ascètes est le dynamisme humain déclenché et vivifié par la présence de Dieu. « Les labeurs et les sueurs » de l’effort ascétique nous appartiennent et ne diminuent en rien la gratuité prévenante des charismes et leur priorité. Il ne faut donc pas voir dans les œuvres, uniquement l’action morale, mais l’agir humain au-dedans de l’agir divin. Au sujet de la drachme égarée, Nicolas Cabasilas note : « C’est le Maître qui s’est incliné vers la terre et a retrouvé son image ». Mais la grâce présuppose la liberté du vouloir. La liberté humaine et la grâce, dans leur synergie parfaite, se fécondent l’une l’autre.

    Ainsi, négativement et vu d’en bas, l’ascétisme est la lutte invisible, incessante, sans répit ; positivement et vu d’en haut, l’ascétisme est illumination, acquisition des dons, charismatisme. Les vierges folles de la parabole évangélique, par exemple, étaient pleines de vertus, car, folles elles étaient pourtant « vierges », mais elles étaient vides des dons de l’Esprit-Saint. C’est pourquoi demandons sans cesse à l’Esprit Saint de venir et de demeurer en nous et de nous purifier de toute souillure.

    Un ascète débute par la vision de sa propre réalité humaine : « Connais-toi toi-même », car « personne ne peut connaître Dieu s’il n’est pas connu d’abord lui-même » (s. Antoine le Grand)

    « Celui qui a vu son péché est plus grand que celui qui ressuscite les morts » et « Celui qui s’est vu soi-même est plus grand que celui qui a vu les anges ». (S. Isaac le Syrien)

    L’humilité, de plus en plus approfondie et cultivée, enveloppe toute la durée de la vie ascétique. Elle est la seule puissance qui détruit radicalement tout esprit de ressentiment, de revendication et d’égocentrisme… car, plus l’homme est vide - de Dieu - et plus il est rempli de lui-même ! L’humilité est la plus grande force car elle déplace l’axe de la vie de l’homme en Dieu ; ce n’est plus l’univers que l’homme fait tourner autour de son ego, mais c’est lui qui se situe dans le centre sacré de la proximité de Dieu et se trouve ainsi exactement à sa place … créature sous le regard de Dieu créateur.

     

    Suzanne Giuseppi Testut - ofs

    Pour cet article je me suis  inspirée de « La femme et le salut du monde » Paul Evdokimov

      Autres articles et Perles du jour de Suzanne 


     

    Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne prochainement



    -  Au Québec en Octobre 2010

      

    Sherbrooke le mercredi 13 octobre, Rencontre de ressourcement au Monastère Sainte Claire, 313 Queen, Sherbrooke. Accueil 8h30 fin 16h30, il y aura Eucharistie.  On vous suggère d'apporter votre diner et votre tasse, il y aura la possibilité de commander du poulet (env.10$)
    Contribution suggérée de 10$ et plus si c'est possible pour vous. Pour plus d'informations richard372000ARROBASyahoo.ca (remplacer ARROWBAS par @ )

     

     

    autres endroits au Québec et un en Ontario

     

    Samedi 2 octobre : Rencontre des OFS (Montréal : Responsable : Gilles Métivier).

    Dimanche 3 octobre : Messe de 9h00 (Sainte-Julie) et Messe de 10h30 : Fête paroissiale de S.F.A. (Saint François d’Assise) et repas communautaire avec les bénévoles.

    Mercredi 6 octobre : 19h30 Soirée de rencontre avec les Filles d’isabelle et Chevaliers de Colomb. Paroisse Sainte-Julie.

    Vendredi 8 octobre au dimanche 10 octobre : Horeb Saint-Jacques.  (Responsable : Nicolas Tremblay).

    Vendredi 15 octobre : Fin d’après-midi : Rencontre fraternelle des M.S.A. (Province du Canada).

    Dimanche 17 octobre : Messes de 9h00 ; 9h30 et 10h30 : (Unité pastorale Est Montagne)

    Dimanche 17 au mercredi 20 octobre : 19h30 retraite de l’Unité de l’Est de la Montagne.

    Vendredi 22 octobre : 19h30 : Rencontre avec le Groupe de partage de foi Renouveau- Paroisse de Saint-Constant.

    Samedi 23 octobre : 15h30 : Rencontre à Orléans ONT. Groupe de responsables nationaux de l'OFS (Responsable : Gilles Métivier).

    Dimanche 24 octobre : Visite du Sanctuaire Marie-Reine-des-Cœurs (Chertsey).

    Jeudi 28 octobre : 10h30 : nous aurons la messe à la Résidence Saint Louis et à 14h, une rencontre spéciale conférence sur la spiritualité avec François d'Assise

    Vendredi 29 octobre : 19h30 Café-Rencontre Séminaire de Saint-Hyacinthe avec les couples membres de Week-End Amoureux.

    Samedi 30 octobre : Fondation Père Ménard (40è anniversaire). 10h30 Messe à la Cathédrale Marie-Reine du Monde. Lunch-Conférence à l’Hôtel Reine Élisabeth.

     

     

     

     



    [1] Pour cet article je me suis  inspirée de « La femme et le salut du monde » Paul Evdokimov

    « La Perle du jour - audio - 1,14Homélie- 22ème dimanche du temps ordinaire (29 août 2010) »

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