• L'écoute du coeur - art. 2 Suzanne

    L’ÉCOUTE DU CŒUR 

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    « Jamais nous ne devons désirer être au-dessus des autres ; mais nous devons être les serviteurs et les sujets de toute créature humaine à cause de Dieu » (François d’Assise L1 – A tous les fidèles)

     

    Pour François d’Assise, le destin des hommes se joue sur le terrain des relations humaines, de l’écoute et de la paix entre les hommes. Sa propre conversion s’est jouée dans sa relation aux autres, plus particulièrement en s’ouvrant à tous ceux dont il se tenait éloigné auparavant, les lépreux par exemple.

    François nous engage à traverser le monde en empruntant le chemin du cœur afin de cultiver nos dispositions naturelles qui peuvent nous rendre sensibles à ce que vit l’autre et ainsi devenir, au sens évangélique du mot, le prochain de tout homme.

     

    Mais, qui est mon prochain ?

    Cette question est essentielle pour pouvoir comprendre le grand commandement d’amour de Dieu.

     « Voici le premier : Ecoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur ; et : tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » (Mc 12, 28-31 ; Dt 6, 4)

     

    Si mon frère est un autre moi-même, mon prochain, lui, est un autre que moi, un autre qui, pour moi, peut devenir « autrui », mais qui peut aussi devenir un frère en vertu de l’amitié ou de l’amour.

    Jésus, en consacrant le commandement de l’amour « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » confirme que le prochain qu’il faut aimer, c’est « autrui » qu’il soit ou non un frère. Par là, Il nous montre aussi les conditions et les difficultés de cet amour. Il nous fait sentir combien l’acceptation de nous-mêmes tels que nous sommes est essentielle pour pouvoir aimer l’autre tel qu’il est. Jacques qualifie ce commandement de « loi royale » (Jc 2, 8)

     

    Ainsi, dès que deux hommes se rencontrent, ils sont l’un pour l’autre, le « prochain », indépendamment de leurs relations de parenté ou de ce qu’ils pensent l’un de l’autre. L’homme en difficulté, fut-il notre ennemi, nous invite à devenir son prochain. Dès lors, l’amour universel doit se manifester vis-à-vis de tout homme que Dieu met sur notre chemin.

    Ce n’est donc pas à nous de décider qui est notre prochain mais c’est à nous de choisir d’aimer. Nous rejoignons ainsi, le premier commandement qui est d’aimer Dieu : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. »

     

    Par ces deux commandements, Dieu nous donne la clef du bonheur (Ps 4, 7) ce que confirme saint Antoine le Grand : « Qui aime Dieu s’aime soi-même » et « Qui sait s’aimer soi-même aime aussi les autres »

    Il est clair que si l’homme s’aime dans ce qu’il est fondamentalement, il peut aimer son prochain spirituellement en tant que frère créé lui aussi à l’image de Dieu et appelé à lui ressembler.



    L’écoute est donc la première épreuve d’amour :

    Mais, savons-nous écouter ? L’écoute, bien connue des sciences humaines comme technique de communication, est incontournable mais il est nécessaire, pour répondre au premier commandement : « Ecoute Israël … » de donner à cette écoute la dimension supplémentaire d’amour qui lui permettra de dépasser le psychologique pour atteindre l’intelligence spirituelle. En un mot, l’intelligence du cœur.

     

    Lorsque nous écoutons, c’est la plupart du temps avec notre suffisance. Pleins de nous-mêmes, nous ne savons ni être simples, ni être pauvres, encore moins humbles. Ecouter avec son cœur, nécessite de laisser son intelligence se recueillir à l’intérieur d’elle-même, devenir plus petite, plus libre, afin de se débarrasser de ce qui fait obstacle à la relation et laisser la grâce descendre en nous.

    Le cœur est ce « lieu » au plus profond de notre être, il est le centre qui unifie et intègre toutes les autres parties : le corps, l’âme et l’esprit. C’est dans ce lieu que l’homme fait l’expérience de Dieu. Plus nous diminuons, plus nous déposons, plus il se révèle.

    Sans un travail de purification du cœur et de restauration de l’intelligence, nous prenons le risque d’une écoute déformée selon notre caractère passionnel. La passion déforme les paroles et nous n’entendons plus les choses comme elles sont, mais comme cela nous arrange. Si notre écoute reste une écoute purement intellectuelle, prisonnière de nos perceptions personnelles du monde ou des mouvements intérieurs de notre âme, elle fait alors obstacle à l’émergence de la véritable intelligence, celle qui ouvre les portes du cœur.

     

    Déformer les paroles de l’autre c’est, non seulement ne pas l’écouter et ne pas être attentif à l’esprit dans lequel il les prononce mais bien pire, c’est ne pas l’aimer, voire le mépriser.

    Déformer la Parole de Dieu, c’est refuser de nous laisser agir de l’intérieur par son Esprit. C’est ne pas l’aimer, voir le repousser.

    Aimer est un long et dur apprentissage qui demande une certaine disposition du cœur. L’amour ne tolère  ni partialité, ni partage. Il exige la pureté. C’est pour cela que la purification du cœur est si importante. Elle passe par diverses étapes : purification de nos croyances ou idolâtries, purification des sentiments humains, des liens charnels ou de nos penchants, de nos émotions et de nos passions, en fait, de tous nos sens. Ce n’est que lorsque le cœur est en état de vérité, que la Parole de Dieu y surgit et que notre pensée devient pure.

     

    « Dans la sainte charité qu’est Dieu, je prie tous mes frères, ministres et autres, de s’employer du mieux  qu’ils pourront, après avoir supprimé  tout empêchement, rejeté tout souci et tout tracas, à servir, à aimer, adorer et honorer le Seigneur dans la pureté de leur cœur et de leur esprit : car c’est la ce que lui-même désire par-dessus tout. » (François d’Assise – 1Reg. 23)

     

    Suzanne Giuseppi Testut ofs

    Article précédent de Suzanne ICI

     

    Information sur son dernier livre LA DÉPOSITION ici

    Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne dans les prochaines semaines.

    - Week-end de réflexion et de formation - OFS MIDI PYRENEES - Abbaye Bénédictine d'En calcat les 13 et 14 février

    - Animation du projet pastoral - Diocèse de Clermont Ferrand le 28 février

    - Temps de mission - Parcours spirituel (depuis un an) - Diocèse de la Vallée de la Cèze - les 7 mars et 25 avril

     Rencontre avec les Clarisses d'Orthez sur "la déposition"  et animation d'un groupe en "formation" OFS les 12-13-14 mars

    - Session sur "les passions" - Abbaye Bénédictine ND de Maylis du 14 au 21 mars

    - Week-end de formation franciscain et conférence les 17 et 18 avril à Saint Maurice en Suisse (invitée par  Brigitte Gobbé)

    - Rencontre avec l'aumônier de la prison de Genève sur "la déposition" le 19 avril (Je suis la correspondante d'un prisonnier ... qui fait une pub terrible et offre la déposition à plein de gens!)

    - Poursuite de la formation du groupe d'Orthez (Landes) les 30 avril - 1er et 2 mai

    - Conférence sur la déposition à Bordeaux le 6 mai

    - Conduite et animation du Pèlerinage à Assise avec le groupe de la Vallée de la Cèze du 23 au 31 mai

    - Partage sur la déposition avec les Clarisses Françaises d'Assise, début juin

    - Au Québec en Octobre 2010, plus de détails dans un proche avenir.

     

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