• L’EGLISE D’ALGERIE UNE EGLISE DE BÂTISSEURS DE PAIX (3) -Suzanne

    Suite (3) Un reportage de Suzanne Giuseppi Testut de sa récente mission en Algérie.. c'est à lire et relire ! Merci BEAUCOUP SUZANNE

     

    L’EGLISE D’ALGERIE

    UNE EGLISE DE BÂTISSEURS DE PAIX (3)

     

      Retour à Alger 

    C’est en taxi de groupe que je rejoins Alger. Je retrouve mes sœurs FMM avant de me rendre au centre de Ben SmenBen Smen chez les pères Jésuites. Le vendredi une messe est célébrée au centre diocésain en présence de Monseigneur Ghaleb BADER. Sept baptêmes et huit premières communions y sont célébrés dans la plus grande discrétion mais en présence d’une bonne partie de la communauté Française d’Algérie.

    Je vais ensuite animer la rencontre sur « François et le Sultan » à Ben Smen. Le lieu est sympathique, l’accueil extrêmement chaleureux et de nombreux jeunes s’y rencontrent. Avant le début de ma session, de jeunes comédiens algériens très doués ont donné avec beaucoup de vérité et d’humour, un petit spectacle relatant différentes scènes de la vie quotidienne en Algérie. Un partage vrai et vivant a suivi.

    Tebessa – accueil par les FMM. Tava-sri-lankaise, Thérésa-coréenne, Pilar-espagnole, Juliette-française.

    Départ à 20h30 et voyage toute la nuit. Au bout d’une heure trente de route, le car tombe en panne sur l’autoroute. Il tombe des trombes d’eau. Cela ne me rassure pas. Je suis la seule femme dans un car bondé d’hommes.  Nous attendons une bonne heure puis les gens commencent à sortir du car pour essayer de prendre celui qui a quitté Alger après le nôtre. Le chauffeur me fait signe de descendre. L’autre car étant complet, je décide d’attendre sans bouger à l’intérieur du car qui est en panne. Au bout d’une heure, une réparation de fortune est faite. Nous repartons. Vers quatre heures du matin, nous retombons en panne. Nous changeons de car. Après une nuit très éprouvante, des routes sinueuses qui me rendent malade et cette insécurité lourde à gérer, j’arrive enfin à Tebessa à 8h du matin. Les FMM n’ont aucune difficulté à me trouver sur le grand parking de la gare routière situé à l’extérieur de la ville, j’ai été repérée … comme la « petite nouvelle » et tout le monde leur indique où je me trouve. 

    Il fait très froid à Tebessa mais heureusement les sœurs ont mis un petit chauffage dans ma chambre. La maison à étage est très simple, c’est l’ancien presbytère. De ma chambre j’ai vue sur l’église, transformée en musée, et sur les remparts. Elle est située au cœur de quartiers très pauvres. Les sœurs « ramassent » tous les enfants et leur donne des cours de français, de musique, de tout ! Il suffit de marcher dans les rues pour entendre « Bonjour ma sœur ! » « Bonjour ma sœur ! » …

    Tebessa est très proche de la frontière tunisienne. Il y a beaucoup de trafic dans cette ville et des files interminables de voitures tunisiennes qui viennent faire le plein d’essence. Les sœurs sont très connues et appréciées pour l’aide importante qu’elles apportent aux plus pauvres. Elles ont su tisser des liens fidèles et durables. Je visite plusieurs familles et découvre au cœur de cette misère, beaucoup de dignité. Une jeune femme, malade, probablement atteinte de tuberculose, n’ose pas accepter l’aide des sœurs qui lui proposent une visite médicale car dit-elle, elle a déjà trop reçu d’elles. Sa reconnaissance est immense. Sa joie est de nous offrir un café, de me confier sa petite fille de deux mois dans mes bras, de prendre une photo avec moi, de m’offrir un collier et de me parfumer avant de la quitter. J’espère que les sœurs la convaincront de se laisser conduire chez un médecin.  

    J’ai rencontré une femme artiste peintre que les sœurs ont aidée. Son frère, l’a empêchée de poursuivre des études d’art mais les sœurs ont réussi à ce qu’elle ait son atelier et maintenant elle expose. Femme très belle, très digne et il me semble de grand talent.

    A Tebessa aussi, les visites sont nombreuses et les sœurs sont souvent sollicitées. Vivant, et accueillies au cœur de ce peuple pour lequel l’hôte  est un hôte de Dieu, leur vocation s’inscrit, elle aussi, dans la rencontre et l’hospitalité.

     Chechar – accueillie par les FMM. Thérésita-indienne, Mouinia-maltaise, Elisabeth-française née à Alger.

    Calins à Aïn et n SefraJe suis accompagnée en voiture par Thérésa jusqu’à Chechar. Deux femmes seules sur des routes de montagnes, ce n’est pas courant ni très recommandé ! Nous sommes arrêtées par un barrage de police. Nous traversons des grands plateaux désertiques mais grandioses où seuls les bergers avec leurs moutons peuvent survivre. La neige recouvre quelques sommets.

    Pays des nomades, quand les sœurs se sont installées à Chechar, il n’y avait que quelques habitations. C’est maintenant une ville avec hôpital, dispensaire pour les enfants abandonnés, écoles, immeubles etc. Les sœurs ont enseigné la broderie aux jeunes filles nomades et ont réussi à ce qu’elles soient maintenant autonomes. Elles ont su tisser des liens de communion et de fraternité profonds. Leur présence est discrète mais laisse des traces autour d’elles. Le dialogue avec la population et la convivialité les conduisent en permanence au dialogue des cœurs où Dieu est présent.

    Que ce soit à Tiaret, à Aïn Sefra, à Sidi Bel Abbès, à Tebessa, à Chechar ou à Alger, j’ai été reçue dans la Famille. Je me suis comportée comme étant de la Famille avec toutes les implications et la responsabilité que cela suppose. J’ai vécu avec frère Hubert des moments d’une grande complicité   fraternelle où chacun sait qu’il peut se dire dans un cœur à coeur. Chaque fois que nous disposions d’un peu de temps, le matin tôt, l’après-midi ou le soir après dîner, nous organisions avec les sœurs des partages sur des sujets spirituels. « La Déposition » et « Les Mouvements Intérieurs de l’Ame » se prêtent aux exigences de la vie missionnaire. Vie souvent de grand dénuement, parfois austère et très exigeante  spirituellement car les sœurs n’ont pas toujours un prêtre auprès d’elles pour célébrer ni pour les soutenir ou les accompagner. Souvent isolées, rarement visitées, elles doivent assumer pratiquement seules leur fatigue et leurs fragilités.  Vie où toute notre faillibilité humaine est exacerbée. Nos partages ont été d’une rare beauté, pris souvent sur le vif des évènements quotidiens. Je me sentais totalement avec mes soeurs. Vie d’une beauté inexprimable. J’engage mes frères et sœurs de la Famille Franciscaine à oser cette expérience et à rechercher avec saint François une relation vraie avec les musulmans  … dans la mesure où ils « acceptent l’imprévu de Dieu » et sont prêts à « se donner avec amour ». Tout le reste est pris en charge par le Seigneur.

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