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    L'Évangile selon saint Marc (2/6)

     

    Date, lieu et destinataires de l'évangile

    Plusieurs commentateurs retiennent deux événements importants po st marc ur dater la rédaction de l’évangile : les persécutions de Néron en 64 et la destruction de Jérusalem en 70. C’est en 64 que débutent les persécutions de Néron contre les chrétiens de Rome, dans le but de détourner sur eux les soupçons qui pesaient sur l’empereur après l’incendie de Rome. Pierre y aurait trouvé la mort. On peut déceler dans l’Évangile selon saint Marc des allusions à cette persécution. Sur la manière de suivre Jésus, il est seul à préciser que la persécution peut survenir à cause de l’Évangile, dont la prédication poursuit l’œuvre de Jésus : Appelant à lui la foule en même temps que ses disciples, il leur dit: «Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Évangile la sauvera. Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il ruine sa propre vie? Et que peut donner l'homme en échange de sa propre vie? Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges» (Mc 8, 34-38 ; voir aussi 4, 17 ; 10, 29 ; 13, 12).

         L’autre date, 70, est celle de la destruction du Temple de Jérusalem par les armées de Titus, mettant ainsi un terme à la révolte juive de 66-70. Dans le contexte de l’annonce de la ruine du Temple par Jésus (Mc 13), l’invitation : Que le lecteur comprenne (v. 14), pourrait être une allusion soit à l’évocation de la prophétie de Daniel, soit à la destruction du Temple. Il est donc possible que l’évangile ait été écrit après cet événement. Quoi qu’il en soit, la destruction du Temple a exercé une influence déterminante tant chez les Juifs que chez les premiers chrétiens. Ces derniers y ont peut-être discerné le « jugement » divin sur Israël qui avait refusé de croire en Jésus, signe de l’avènement final du règne de Dieu.

         On fixe généralement le lieu de rédaction à Rome, en raison de l’association de Marc à Pierre. Même si les destinataires ne sont pas mentionnés, comme c’est le cas dans les autres évangiles, plusieurs indices montrent que l’œuvre est adressée à des chrétiens de culture étrangère. Le rédacteur doit leur traduire des expressions araméennes, telles que Talitha Qoum (« Jeune fille, lève-toi », en 5, 41) ou Effata (« Ouvre-toi », en 7, 34). Il explique également des coutumes juives, comme la présence de l’ami de l’époux aux noces dans la controverse sur le jeûne (2, 19), les purifications rituelles avant les repas (7, 3-4), les préparatifs du repas pascal (14, 12) et la nécessité d’ensevelir le corps de Jésus avant le début du sabbat (15, 42). On remarque aussi la transcription littérale en grec de mots latins, comme centurion (kentyriôn : 15, 39), légion (legiôn : 5, 9.15), denier (dènarion : 6, 37 ; 12, 15 ; 14, 5), prétoire (praitôrion : 15, 16).

         Enfin, rappelons que l’évangile était destiné à être lu dans le cadre de l’assemblée liturgique de la communauté chrétienne. La lecture d’un extrait, appelé péricope, était suivie d’une explication aidant à mieux connaître la personne de Jésus Christ et à mieux comprendre les exigences de la vie de disciple dans un temps troublé. L’évangile devenait alors une source de réconfort, de persévérance et d’espérance.

         À la lumière de ces informations, on comprend mieux que les évangélistes ne prétendent pas saisir un instantané de la personne de Jésus, comme le ferait un photographe. Ils ne rédigent pas un reportage journalistique en rapportant les faits sur le vif. Ils n’écrivent pas non plus un récit biographique relatant dans les moindres détails les paroles et les actes de Jésus. Que font-ils alors ? Ils agissent plutôt comme le ferait un peintre. Une lecture en parallèle, ou synoptique, de Matthieu, Marc et Luc nous révèle que chacun d’eux, à partir d’un fonds commun et de matériaux propres, utilise sa palette de couleurs pour nous faire entrer dans le mystère de Jésus, reconnu Christ et Fils de Dieu, à la lumière de l'événement fondamental de sa mort et de sa résurrection.

     

    Yves Guillemette, ptre

    Source www.interbible.org

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