• L'Évangile selon saint Matthieu (2/5)

    L'Évangile selon saint Matthieu (2/5)
         
    Matthieu et son récit de la Passion de Jésus

    http://ekladata.com/5QSQPbIeuC5OC-JaCgcVbK8L2cc.jpgD’entrée de jeu, la passion de Jésus est l’exécution de la menace qui pesait sur Jésus depuis la décision d’Hérode de faire périr le nouveau-né qu’il considérait comme son rival éventuel (Mt 2, 13.20). 

         Ceci étant dit, jetons un regard sur les particularités du récit de la passion selon Matthieu. On y trouve d’abord le même souci de montrer l’unité de la révélation. Il y a abondance de références aux prophètes, attestant ainsi l’accomplissement des Écritures. Le principe est exposé dans la scène de l’arrestation  (26, 51-56).

         Quelle est l’identité de Jésus qui souffre la passion? Matthieu n’évacue pas l’horreur et le scandale de la passion de Jésus. À partir de son principe que la passion accomplit les Écritures, Matthieu présente Jésus comme celui qui est maître de la situation. Il la connaît d’avance et l’accepte volontairement. Par exemple, à propos de la préparation de son repas pascal, Jésus donne comme motif que « son temps est proche » (26, 18); en même temps qu’il déclare que son temps est venu, le Sanhédrin se réunit et décide d’arrêter Jésus (26, 1-4). Il sait que Judas va le livrer (26, 25); il consent de son plein gré à son arrestation (26, 53). Matthieu donne une dimension cosmique et eschatologique à la mort de Jésus. Il ajoute d’autres prodiges à ceux de Marc, comme l’ouverture des tombeaux, le fracassement des rochers, la résurrection des saints, phénomènes propres à la littérature apocalyptique (Ez 36, 12-13; Dn 12, 2). La mort de Jésus signe l’avènement de l’ère finale du salut promis dans le Premier Testament.

         Matthieu est lui aussi un témoin de la valeur sacrificielle de la mort de Jésus, telle qu’on la trouve dans le récit de la Cène. À la différence de Marc, il ajoute que son sang sera versé pour la rémission des péchés : Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant: « Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (26, 27-28). Cette idée avait déjà été annoncée dans la signification du nom de Jésus : Elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus: car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (1, 21).

         Il faut aussi souligner une autre caractéristique de la passion selon Matthieu : Jésus accomplit lui-même ce qu’il demande à ses disciples, en particulier dans le discours sur la montagne. Lui qui affirme que ses disciples doivent faire la volonté du Père (7, 21) et prier pour qu’elle se fasse sur terre comme au ciel (6, 10), finira par ce soumettre lui-même à cette volonté au moment de l’agonie: Que ta volonté soit faite (26, 42). Lui qui interdit toute violence (5, 38-42), agira de même lorsqu’un de ses disciples tranche l’oreille d’un serviteur du grand prêtre (26, 52). Lui qui déclare heureux les persécutés pour la justice, se verra déclaré juste par la femme de Pilate qui en a eu connaissance dans un songe : Or, tandis qu'il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire: «Ne te mêle point de l'affaire de ce juste; car aujourd'hui j'ai été très affectée dans un songe à cause de lui» (27, 19).

         Matthieu considère comme les autres évangélistesque les autorités juives sont les responsables de la mort de Jésus. Il l’indique lorsqu’elles négocient la somme versée à Judas (26, 14-16) et que, par la suite, elles refusent de reprendre l’argent, déclarant que c’est le prix du sang (27, 6). La foule sera entraînée par eux. Ayant rejeté le Fils, Israël voit le royaume de Dieu s’écarter de lui et être offert aux nations. Cet accès des païens est esquissé dans le récit de la passion, avec la femme de Pilate, mais aussi avec la profession de foi des soldats : Quant au centurion et aux hommes qui avec lui gardaient Jésus, à la vue du séisme et de ce qui se passait, ils furent saisis d'une grande frayeur et dirent: « Vraiment celui-ci était fils de Dieu! » (27, 54). On trouve la même formule que l’on trouve dans la bouche des apôtres quand Jésus s’avance vers eux sur la mer (14, 33), dans la confession de foi de Pierre (16, 16) ou dans la déclaration de Jésus devant le Sanhédrin (26, 63-64).

    Yves Guillemette, ptre

     source www.interbible.org

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