• "La Miséricorde : grâce transformante et mission" Assisants spirituels généraux OFS-JEFRA

    K O I N Ō N I A

    ...ensemble en chemin

    CONFÉRENCE DES ASSISTANTS SPIRITUELS GÉNÉRAUX OFS-JEFRA

                                                                                                        Année 23    nr. 92                                                                                              
    Introduction

    A la fin de notre parcours du thème principal : "La Miséricorde : grâce transformante et mission", nous dédions ce numéro à l’OFS et les œuvres de miséricorde aujourd’hui. Les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire aux assoiffés, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, visiter les malades et les prisonniers, ensevelir les morts ; et les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui doutent, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts, sont fondées sur l’Evangile et établies par le Catéchisme de l’Eglise Catholique. Nous voulons considérer dans un premier temps la nouveauté de l’actuelle Règle OFS en ce qui concerne les œuvres de miséricorde. Ensuite, nous allons considérer les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles dans l’actuelle législation de l’OFS.

    1. La nouveauté de l’actuelle Règle OFS

    La Règle OFS, approuvée par le Bienheureux Pape Paul VI par la lettre Apostolique Seraphicus Patriarca du 24 juin 1978, est profondément marquée par la réforme que le Concile Vatican II a introduite dans l’Eglise. Ladite Règle “a pour objet d’adapter l’OFS aux exigences et aux attentes de l’Eglise dans les conditions du monde actuel. »[1] C’est une application concrète de l’enseignement du Concile concernant surtout l’appel universel à la sainteté (cf. LG 5), et la place des laïcs dans la vie et dans la mission de l’Eglise (LG 4). On remarque immédiatement un élément révolutionnaire quand nous regardons ensemble la Règle de 1978 et les précédentes Règles des Tertiaires Franciscains, c’est la centralité du Christ et de l’Evangile. Repartir du Christ et de l’Evangile dans sa simplicité comme Saint François d’Assise, c’est la voie sûre pour une mise-à-jour de l’Eglise (aggiornamento) lancée par le Concile.

    Le premier article de l’ancienne Règle dite Memoriale Propositi est le suivant : “Les hommes qui seront de cette Fraternité se vêtiront d’étoffe modeste, sans teinture, dont l’aune ne dépassera pas en prix six sous (de Ravenne), à moins que …[2]. L’attention fut donc portée dès le début à la visibilité extérieure des membres. La même chose concerne l’abstinence, le jeûne, la manière de prier, les sacrements, la visite aux malades, les funérailles des membres, etc. Tout est normatif. Dans la Règle de Paul VI, au contraire les normes disparaissent. « La Règle et la vie des franciscains séculiers est la suivante : vivre l’Evangile de notre Seigneur Jésus Christ en suivant les exemples de saint François d’Assise, qui fit du Christ l’inspirateur et le centre de sa vie avec Dieu et avec les hommes. » [3] Comme principe, la Règle OFS ne prescrit pas une série de pratiques extérieures dévotionnelles ou caritatives à accomplir, mais l’Evangile et la Personne même de Jésus-Christ à observer. En effet, l’humanité ne peut se sauver elle-même même en faisant tout le bien dont elle est capable. Le salut nous est donné gratuitement par Dieu en Jésus-Christ ; « Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père » [4]. Lorsqu’une personne accueille Jésus-Christ comme son Seigneur et son Sauveur et qu’elle se laisse guider par son Esprit, les œuvres de miséricorde sont comme les fruits d’un bon arbre ; comme du bon vin qui déborde nécessairement d’un vase plein. Sans cette seigneurie de Jésus dans le cœur de l’homme, à cause de la perversité du cœur de l’homme, ces œuvres extérieurement bonnes peuvent facilement devenir une perversion de la charité qu’elles prétendent exprimer. Graham Hancock dénonce fortement ce qu’il appelle l’industrie de la charité qui finit par aggraver la misère des pauvres et accroitre la richesse des riches;[5] c’est une corruption de la bonté et de l’Evangile.

    Les Constitutions Générales affirment encore de façon plus claire la centralité du Christ : « La spiritualité du franciscain séculier est un projet de vie centré sur la personne du Christ, en suivant ses traces, plutôt qu’un programme détaillé à mettre en pratique. » [6] Ceci ne signifie pas donner moins d’importance aux œuvres de miséricorde, mais veiller à ce que le Sauveur ne soit pas délaissé pour un engagement de bienfaisance qui, par lui-même, ne peut sauver le monde. Le Règle invite donc les Franciscains à une conversion continue, une pénitence quotidienne, sans en préciser pour autant la forme ou la nature. C’est dans le cœur de l’Eglise que se réalise cette conversion, et les œuvres de miséricorde sont les fruits de la conversion : « Nettoie d’abord l'intérieur de la coupe et du plat, afin que l'extérieur aussi devienne net » (Mt 23:26).

    1. “J’avais faim et vous m’avez donné à manger” (Mt 25,35)

    L’OFS et les œuvres de miséricorde corporelles

     

    La prédication de Jésus nous présente ces œuvres de miséricorde

    afin que nous puissions comprendre si nous vivons ou non comme ses disciples[7]

    La vie en Fraternité dans un Ordre universel comme l’OFS permet de réaliser des œuvres collectives qui sont toujours plus grandes que la somme des œuvres que peuvent faire chaque membre individuellement. La Règle OFS établit que : « Les frais de toute nature (fonctionnement, honoraires, entraide etc.) occasionnés par la vie de la Fraternité seront pris en charge, dans un esprit communautaire et fraternel, par les frères et les sœurs qui apporteront chacun une contribution proportionnée à leur ressources. »[8] ; sous-entendue que la charité est exercée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Fraternité. Un article de l’ancienne Règle clarifie pour nous ce point : « Chacun d'eux donnera à l’économe un denier de la monnaie courante. L’économe recueillera (ces dons) et selon l'avis des ministres, il fera une distribution aux frères et sœurs pauvres, spécialement aux infirmes, et en faveur des défunts qui ne pourraient avoir de funérailles ; de ce qui reste, on donnera aux autres pauvres, et à l'église (où ils se réunissent) ».[9]  En effet, une fraternité qui va au secours d’autres personnes de l’extérieur quand ses propres membres manquent du nécessaire pour vivre, se contredit et court le risque de scandaliser ceux-là mêmes qu’elle devrait évangéliser ; « A ceci tous connaitront que vous êtes mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35). Le signe distinctif d’une communauté ecclésiale est l’amour réciproque ; « La Fraternité locale doit être instituée officiellement : elle devient cellule de base de tout l’OFS et signe visible de l’Eglise, qui est communauté d’amour. » [10] La charité dans la vérité a toujours des priorités. Aujourd’hui où le Pape François, par ses enseignements et son exemple, rappelle à tous l’attention à porter aux plus délaissés, l’appel est d’autant plus pressant pour toute communauté ecclésiale et encore davantage pour les Franciscains. Le Pape Benoit XVI enseignait déjà qu’une société qui ne prend pas soin de ses pauvres est une société mauvaise et déshumanisée. Sans limiter l’horizon de l’exercice de sa charité, mais parce que ses moyens sont limités, la Fraternité OFS a l’obligation de prendre d’abord soin de ses propres membres dans le besoin.

    Quelques exigences des Constitutions Générales OFS à ce propos : Les Franciscains Séculiers…

    • approfondiront les véritables fondements de la fraternité universelle et créeront partout un esprit d'accueil et une atmosphère de fraternité. Ils s'engageront fermement contre toute forme d'exploitation, de discrimination et de marginalisation, et contre toute attitude d'indifférence à l'égard des autres.
    • Ils collaboreront avec les mouvements qui promeuvent la fraternité entre les peuples : ils s'engageront à « créer les conditions d'une vie digne» pour tous, et à travailler pour la liberté de tous les peuples.
    • Ils soutiendront activement les initiatives visant à sauvegarder la création ; ils collaboreront avec ceux qui travaillent à prévenir la pollution et la dégradation de la nature, ainsi qu’à créer des conditions de vie et d’environnement qui ne soient pas des menaces pour l’homme.[11]

     

    • “En voyant les foules, Jésus eut compassion” (Mt. 9,36)

    L’OFS et les œuvres de miséricorde spirituelles

    Parmi les œuvres de miséricorde spirituelles, nous considérons ici seulement celle d’avertir les pécheurs. Un pécheur est en effet un aveugle qui court vers sa propre ruine et celle des autres qu’il entraine après lui. Voilà pourquoi l’avertir est un grand acte d’amour non seulement pour l’individu mais aussi pour la société, une grave responsabilité pour le prophète : « Si je dis au méchant: "Méchant, tu mourras certainement", mais que toi, tu ne parles pas pour avertir le méchant de quitter sa conduite, lui, le méchant, mourra de son péché, mais c'est à toi que je demanderai compte de son sang » (Ez 33,8). Le silence est complice. En ces jours profondément marqués par le relativisme et l’individualisme, il faut un amour encore plus grand et plus de courage pour avertir celui qui est dans l’erreur.

    La seconde partie de l’exhortation de Saint François aux frères et sœurs de la pénitence connue aussi comme "Lettre à tous les fidèles", qui constitue le prologue officiel de l’actuelle Règle OFS, est une forte admonition aux pécheurs : « Tous ceux et celles qui ne font pas pénitence, qui ne reçoivent pas le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ et qui vivent dans le vice et le péché …». Beaucoup aujourd’hui n’auront pas le courage de prononcer ces paroles devant un auditoire, mais tous peuvent les diffuser. Pour les Franciscains séculiers à qui la Règle est donnée par l’Eglise, diffuser cette Règle avec cet écrit de saint François est une façon de participer à l’œuvre du séraphique Père saint François qui désirait tant conduire tous les hommes au Ciel. Avertir une personne qui vit dans le péché, c’est chercher un bien plus grand non seulement pour la personne individuellement mais aussi pour la société. Saint François qui savait qu’il écrivait ces paroles sous l’impulsion du Saint Esprit, donnait aussi sa bénédiction à ceux qui les feraient parvenir à d’autres : « Tous ceux et toutes celles qui accueilleront ces paroles avec bienveillance, qui les méditeront et en adresseront à d'autres des exemplaires, s'ils persévèrent jusqu'à la fin à en observer les enseignements, qu'ils soient bénis du Père, du Fils et du Saint-Esprit» [12]    

    En guise de Conclusion; Une Miséricorde aux dimensions universelles

    En 2016, l’OFS a entre 250-300.000 membres répartis dans 116 pays du monde, parmi lesquels il y a 79 Fraternités nationales constituées. L’unité de l’Ordre permet à chaque membre et à chaque Fraternité OFS de pratiquer les œuvres de miséricorde au niveau mondial. Ainsi, depuis 2009, la Présidence CIOFS a pu envoyer une délégation pour consoler les frères et sœurs frappés par le tremblement de terre en Haïti. Par la suite, la Présidence est allée de l’avant avec le Projet Haïti transmettant les contributions de tout l’OFS pour aider des frères de ce pays en grande nécessité. Les Fraternités à divers niveaux, réalisent diverses initiatives d’œuvres de miséricorde. La charité vécue en Fraternité aux divers niveaux est aussi appelée solidarité et la pratique de la solidarité à l’intérieur de l’Ordre a permis la réalisation de beaucoup de projets en faveur des nécessiteux dans le monde. Enfin, il est toujours plus noble de prévenir que de guérir. La prévention de la misère est  plus noble que sa guérison. Ainsi pour l’Ordre Franciscain Séculier, aussi affin de prévenir la misère,  promouvoir la fraternité universelle, la justice et la paix, est une voie noble que l’actuelle législation de l’OFS propose à ses membres.

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