• LA VOCATION DU FRANCISCAIN SECULIER - CIOFS

    Une erreur de programmation de ma part a fait que l'article LE CHARISME et  LA MISSION ... fut mis en ligne avant celui-ci. Désolé ! Richard

     


    CIOFSLA VOCATION, LE CHARISME,
    LA MISSION

    DU FRANCISCAIN SECULIER


      Je vous propose et ce avec l'autorisation de la Présidence du CIOFS - Conseil International de l'OFS, des extraits du programme de formation pour les formateurs, je remercie Benedetto Lino ofs, pour cette opportunité.

    .


     

     

    Benedetto Lino, OFS

    (Responsable de la formation initiale pour le CIOFS)

     


    La Vocation 

     

    ·          C’est Dieu qui appelle. Ce n’est pas nous qui choisissons.

    ·          Appelés à la vie.

    ·          Appelés à la vie dans le Christ. Accueil de la révélation.

    ·          Appelés à la sainteté: participation à la vie de Dieu.

    ·          Appelés à un état de vie : ordonné, religieux, séculier.

    ·          Appelés au mode de vie franciscain.

    ·          Discernement de la vocation.

     

     (Préface)

     

    Trop souvent, en particulier dans le passé, on entrait dans l’Ordre que “parce qu’on était de braves personnes” ou par sympathie envers un saint frère, par sympathie envers saint François.

    Souvent, encore, on entre dans l’Ordre parce qu’on se sent seul, ou parce qu’il y a des problèmes d’agrégation ou de simple dévotion.

     

    Bien entendu, cela ne suffit pas. Au contraire …

     

    Entrer dans une “forme de vie” comme la forme de vie franciscaine séculière n’est pas une “option”. c’est le résultat d’un appel précis de Dieu à être ainsi dans un but bien précis.

    Devenir Franciscains Séculiers est, et ne doit être que, le fruit d’une  authentique vocation.

    Cette vocation est accompagnée d’une mission précise, en communion avec toute la Famille Franciscaine, soutenue par le charisme même de François qui nous habilite à accomplir la mission dans notre condition séculière.

     

    Il faut redécouvrir et vivre cette dimension afin que l’Ordre vive entièrement de la grâce de la vocation dans tous ses membres.

     

    Il n’est plus possible de devenir Franciscains séculiers par pure sympathie. Voilà pourquoi il existe d’autres moyens d’association toujours ouverts pour y partager là notre vie et notre vocation avec ceux qui ne l’ont pas.

     

     


     

    LA VOCATION

     

    C’est la miséricorde que je veux, et non les sacrifices, c’est la COMMUNION avec MOI, dit le Seigneur.” (Antienne du Psaume 49, lundi III, Office des Lectures)

     

    Pour parler de vocation on ne peut pas faire abstraction de la communion. La communion est la finalité même de l’appel de Dieu (la vocation), elle est le fondement de notre espérance, l’objet de notre foi (la communion avec Dieu), la réalisation prochaine et ultime du sens de la vie (l’amour pour Dieu et pour les frères).

     

    Habituellement, quand on parle de “vocation” on se réfère à la vocation religieuse des frères et sœurs et à la vocation sacerdotale. Dans la meilleure des hypothèses, mais rarement, certains parlent aussi de la vocation du laïc comme d’une vraie vocation. (NMI § 54)

    Par contre, il ne m’est jamais arrivé de voir un exposé de ce thème qui commence par la vocation première, unique, compréhensible par tous dans l’absolu, qui est “l’appel à la Vie”.

    Cette approche est pourtant pour moi d’une importance fondamentale parce qu’elle nous introduit dans le thème du dessein eternel du Père (1Co 2, 6-10; Rm 16, 25-27; Ep 1, 3-14; Ep 3, 8-12; Col 1, 24-28, Jn 1, 1-18 etc.), qui constitue le fondement et le point de départ de toute la réflexion théologique sur la vocation, dans laquelle l’existence humaine acquiert son plein sens.

     

    Paul nous exhorte avec force dans ce sens:

    "Qu’il puisse vraiment illuminer les yeux de votre esprit, pour vous faire comprendre à quelle espérance il vous a appelés, quel trésor de gloire renferme son héritage parmi les saints…" parce que justement: "une est l’espérance à laquelle vous avez été appelés, celle de votre vocation" (Ep1, 18-19; 4, 4)

     

    A travers la Révélation, nous savons que Dieu est Amour.

    Le Père de toute éternité crée par le Fils, le Verbe Eternel. Tout a déjà été pensé dans l’Eternel (donc, une seule fois) et tout subsiste dans le Christ pour l’éternité. Donc, nous sommes déjà dans l’éternité, en Dieu.

    Mais, pour que l’amour de Dieu se réalise dans l’échange avec sa créature (l’autre que soi), il faut que la créature existe (ex-sistere = être hors de) pour elle-même, qu’elle s’autodéfinisse et exprime une volonté qui découle de sa libre altérité et non de Dieu lui-même.

    Ceci est le préalable de l’amour: la rencontre de deux volontés personnelles, et donc différentes, qui veulent le bien réciproque et qui désirent partager la même intimité de vie dans sa plénitude (la communion).

    Nous sommes donc appelés à sortir de la pensée de Dieu (dans laquelle nous sommes de toute éternité) pour exister pour nous-mêmes, dans la pleine conscience libre et subjective de l’être.

    Dieu nous appelle à la vie pour pouvoir exister comme autre face à Dieu, pour prendre conscience de nous-mêmes. L’homme doit s’autodéfinir, il doit s’ouvrir à la révélation de l’être, il doit décider de sa propre vie sur la base de la propre “expérience de soi”.

     

    Voilà donc le dessein du Père, incroyable, incompréhensible, inouï :

    Dieu, l’Eternel, l’Infini, qui nous pense de toute Eternité comme objet de son amour, nous appelle à la vie pour exister et pour partager éternellement Sa Vie, Sa Divinité !

     

    Dieu nous crée dans le Fils, et en Lui il “assume” notre Humanité tout entière, singulièrement et collectivement, pour que l’Humanité, singulièrement et collectivement, soit “divinisée” par sa Grâce, et devienne ainsi par Grâce ce qu’elle n’est pas par nature.

     

    Voilà à quoi nous sommes “appelés” de façon radicale. Voilà notre vocation.

    Et nous, frères et sœurs nous devons faire grandir cette conscience en nous, vivre d’elle. Mais nous devons y croire pour de vrai comme nous y exhorte saint Pierre: “appliquez-vous à affermir votre vocation et votre élection…” (2P 1,10)

    “… et votre élection …” Nous sommes appelés mais nous sommes aussi choisis, chacun de nous, pour un projet particulier. A chaque Vocation correspond un Projet de Dieu, pour soi et en faveur des autres.

     

    Dieu se révèle de bien des manières pour nous permettre de le connaître et d’accepter, et d’accomplir, dans la liberté des fils de Dieu (liberté qu’exige l’amour), son dessein, son projet sur nous.

    C’est seulement à travers notre libre adhésion à son projet, accueillant sa grâce et lui rendant son amour, qu’Il peut nous donner de partager sa propre vie.

     

    La vie biologique, incarnée[1], n’est qu’une phase transitoire en vue de ce grand miracle de l’amour de Dieu qui consiste à transformer ce qui est autre que Lui en consanguinité avec lui, capable de partager éternellement sa vie trinitaire (et donc rendu parfait[2], sans plus aucune nécessité de changement).

     

    Voilà notre vocation, l’appel irrévocable à la Sainteté, au partage de la vie avec Dieu.

    La créature, chaque créature, donc, au travers de sa propre histoire humaine, unique et jamais répétée, est appelée par Dieu à exercer une option fondamentale[3]: accepter ou refuser son projet, accepter ou refuser son amour; en pratique, accepter ou refuser Dieu lui-même.

     

    C’est donc bien l’appel (vocation) à la vie et au choix fondamental qui précède et fonde les particularités ultérieures de la vocation et leur donne sens.

    Je préfère cette expression (particularités ultérieures) à celle de « vocations spécifiques » parce que, de fait, nous ne recevons pas plusieurs vocations successives.

    La vocation est unique et personnelle pour chacun: c’est un tout unique.

    Dieu a "fait" pour chacun de nous des projets de toute éternité. Il nous a conçus éternellement dans son dessein éternel d’amour comme des éléments vivants et aimés, "essentiels" et jamais superflus. Chacun, y compris la créature la plus humble, handicapée, apparemment insignifiante, cachée, est suprêmement importante et essentielle au cœur de Dieu.

    L’Ecriture nous l’indique clairement.[4] 

     

    Nous poursuivons notre réflexion sur la vocation en méditant ensemble deux passages évangéliques: le jeune homme riche (Mt 19, 16-26) et le possédé gérasénien (Mc 5, 1-20) et (Lc 8, 26-39).[5] 

     

     LE JEUNE HOMME RICHE (Mt 19, 16-26) 

    Le jeune homme riche va trouver le Seigneur et lui demande ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle (Mt 19, 16-26). Observe les commandements, dit le Seigneur. Mais je les observe. Me manque-t-il quelque chose? Non, qui observe les commandements, accomplit ses devoirs, de bon père de famille etc. gagne la vie éternelle, va au Paradis. Il n’y a pas de doute.

    Le Seigneur le regarde et lui dit : il te manque une chose. Si tu veux être parfait (voilà le mot clef), va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres; puis viens et suis-moi.

    Il s’agissait d’une véritable vocation de sequela religieuse (vie à la suite du Christ). C’était le projet pour lui, de la part de Dieu.

     

    Le possédé gérasenien (Mc 5, 1-20) et (Lc 8, 26-39) 

    Ceux qui suivaient Jésus virent le possédé assis, habillé et sain d’esprit, lui qui avait été possédé par la légion de démons, et ils eurent peur. Ceux qui avaient été témoins, leur expliquèrent ce qui était arrivé au possédé et l’histoire des porcs. Et ils se mirent à prier Jésus de s’éloigner de leur territoire. Pendant qu’il remontait dans la barque, celui qui avait été possédé le pria de lui permettre de rester avec lui. Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit: "retourne dans ta maison, chez les tiens, et annonce-leur ce que le Seigneur a fait pour toi et la miséricorde dont il a fait preuve pour toi." Lui s’en alla et se mit à proclamer à travers la Décapole ce que Jésus lui avait fait, et tous en étaient émerveillés.

     

    Deux projets différents de la sequela. Le premier reçoit une vocation “religieuse”. Le second doit rester dans sa maison, et dans son milieu, pour annoncer les merveilles de Dieu. Il s’agit clairement d’une vocation “séculière”. Toutes deux viennent de Dieu, et sont donc toutes deux des vocations “parfaites”: si elles sont réalisées pleinement, elles conduisent à la “perfection”.

     

    La vocation est toujours et pour tous un appel a la perfection.

     

    En lisant l’histoire du jeune homme riche nous notons la difficulté du mot "parfait". Que veut dire "si tu veux être parfait"?

    Arrêtons-nous un moment sur cet important concept de "perfection".

     

    Le chrétien doit mûrir pour arriver à sa plénitude, à son “telos”, c’est-à-dire à la perfection. (Teleiwn=porter à son accomplissement)

    En ce sens tous les chrétiens sont appelés à être parfaits. Et si quelqu’un n’arrive pas à être tel, c’est qu’il a coupablement renoncé à réaliser le commandement du Christ dans l’Evangile: “soyez parfaits (téleioi) comme votre Père céleste est parfait” (Mt 5, 48).

    Ainsi donc, les parfaits sont ces chrétiens, jusqu’aux plus simples et les moins cultivés, qui sont arrivés, grâce à une foi profonde et une charité opérante, au plein développement de la vie selon le projet que Dieu a de toute éternité sur chacun et grâce aux dons que Dieu offre à chacun.

     

    Attention, cependant, avant même de naître, Dieu nous a prédisposés, il nous a sanctifiés, comme nous l’enseigne saint Paul (Rm 8, 28-30). Ainsi il n’existe pas, il ne peut pas exister, un état de vie ou un ministère “plus parfait” qu’un autre !

    Le Baptême ne comporte pas, en soi, l’appel au célibat et à la virginité, le renoncement à la possession des biens et l’obéissance à un supérieur, dans la forme propre des conseils évangéliques, mais la consécration baptismale met tous les disciples du Christ dans une condition commune sacrale basique, par laquelle chaque christifidelis obtient la possibilité de se réaliser pleinement selon son propre projet existentiel “pensé par Dieu” (laïc, clerc, religieux): voilà la vocation.

     

    Quel que soit l’engagement moral pris par l’homme sous le regard de Dieu, il «vit» de la grâce baptismale. Avec la grâce du baptême, l’homme peut parvenir à la réalisation de la charité parfaite, c’est-à-dire, il peut parvenir à la réalisation de la sainteté.

    La profession religieuse, en tant qu’engagement moral contracté avec Dieu (pacte d’alliance nuptiale) «vit» certainement de la grâce baptismale, comme aussi «vit» de la grâce baptismale la consécration du Sacrement de l’Ordre et la consécration du Mariage.

     

    Dans l’optique de la réalisation baptismale de tous les disciples du Christ, chaque christifidelis se réalise pleinement en raison de la vocation-mission ecclésiale à laquelle il a été appelé.

     

    Se réaliser pleinement (être teleios), signifie doncréaliser pleinement le projet de vie, que Dieu a «pensé» pour chaque homme de toute éternité.

     

    Dans l’Eglise, tous les baptisés doivent répondre aux attentes de Dieu, en raison de leur vocation personnelle: ils réalisent leur propre projet existentiel de vie (d’initiative divine), en raison des forces spirituelles dont ils disposent, selon le don qu’ils ont reçu (Ep 4,7).

     

    Le Pape Jean-Paul II a eu des expressions surprenantes et très claires sur ce point dans le message adressé aux jeunes en 1998. Cela mérite d’être rapporté :

     

    Le don de l'Esprit rend actuel et accessible à tous l'antique commandement de Dieu à son peuple: "Soyez saints, car moi, Yahvé votre Dieu, je suis saint" (Lv 19, 2). Devenir saint semble un objectif difficile, réservé à des personnes tout à fait exceptionnelles, ou adapté à celui qui veut rester étranger à la vie et à la culture de son époque. Devenir saint est en revanche un don et un devoir enraciné dans le Baptême et dans la Confirmation, confié à tous dans l'Eglise, à chaque époque. C'est le don et la tâche des laïcs ainsi que des religieux et des saints ministres, dans le domaine privé comme dans la vie publique, dans la vie des particuliers comme dans celle des familles et des communautés.

    Mais à l'intérieur de cette vocation commune, qui appelle chacun à ne pas se conformer au monde mais à la volonté de Dieu (cf. Rm 12, 2), les états de vie sont différents et les vocations et les missions multiples.

    Le don de l'Esprit se trouve à la base de la vocation de chacun. Il est à la racine des ministères consacrés de l'évêque, du prêtre et du diacre, qui sont au service de la vie ecclésiale.

    C'est encore Lui qui forme et qui modèle l'âme de ceux qui sont appelés à une vie de consécration spéciale, les configurant au Christ chaste, pauvre et obéissant. C'est à ce même Esprit, qui à travers le sacrement du mariage entoure et consacre l'union des époux, que la mission des parents, appelés à faire de la famille la première œuvre fondamentale de l'Eglise puise sa force et son soutien...

     

    C'est pourquoi le devoir incontournable de chacun est de chercher et de reconnaître jour après jour la route sur laquelle le Seigneur vient personnellement à sa rencontre. Chers amis, posez-vous sérieusement la question au sujet de votre vocation, et soyez prêts à répondre au Seigneur qui vous appelle à occuper la place qu'il vous a préparée depuis toujours.

     

     

    Vocation en fonction du salut universel[6]

     

    Comme nous l’avons déjà dit: à chaque Vocation correspond un Projet de Dieu, pour soi et en faveur des autres.

    La vocation est toujours en faveur de. Elle n’est jamais seulement pour soi-même. N’oublions pas que le Dessein du Père nous appelle à la Communion totale, avec Dieu et, dans le Fils, avec tous les hommes. La vocation nous rend donc instruments (quel que soit notre projet) en particulier en faveur de ceux qui pour le moment n’ont pas encore été appelés.

    La vocation biblique, assumant le Christ comme modèle, est expropriation d’une existence privée en fonction du salut universel: devenir propriété de Dieu, pour être, par Lui, livrés au monde à racheter, et être utilisés et consommés dans l’événement de la rédemption.

    Chaque vocation biblique est premièrement personnelle, pour pouvoir ensuite (à partir d’un oui personnel à Dieu) être utilisée de manière fonctionnelle (le projet spécifique en faveur de).

     

     

    vocation comme disponibilité totale

     

    La vocation vient de Dieu, par conséquent elle ne peut qu’être orientée vers Lui.

     

    L’unique façon par laquelle l’homme peut correspondre à Dieu qui se révèle, est celle de la pleine et inconditionnelle disponibilité à tout ce pour quoi Dieu veut se servir de celui qu’il appelle (Gn 12, 1; 1S 3, 9; Is 6, 8; Ac 9, 6).

    La vocation exige toute la vie de l’homme et requiert une réponse totale correspondante.

    Ceux qui, au moment de leur réponse à l’appel et de l’engagement à le vivre, ou progressivement, mettraient des conditions et des limites à cet engagement, prouveraient qu’ils n’ont au minimum pas compris les bases théologiques élémentaires et fondamentales de la vocation.

    Cette disponibilité est la condition de la fécondité sotériologique[7] d’une vocation, en quelque "état" ecclésial et en quelque forme concrète de réalisation elle se manifeste secondairement.

     

    Chaque réalisation de l’appel s’accomplit dans l’Esprit, invoqué sans cesse, fidèlement, avec ardeur.

    Seule une docilité inconditionnelle rend le cœur ouvert au souffle de l’Esprit : accueillir la vocation c’est se laisser conduire comme une feuille au vent de la Pentecôte…

    Vivre la vocation comme une vie selon l’Esprit équivaut à se destiner aux autres dans l’amour, dans cet exode sans retour dans lequel seul il nous est donné de parvenir à l’accomplissement de notre être et de notre agir selon le dessein de Dieu: “appelés pour l’amour des non-appelés pour réaliser la communion avec Dieu”.

     

     

    La vocaTion specifiQUE francIscaInE.

     

    Ce thème exige un développement prévu dans charisme de saint François et dans spiritualité franciscaine; il trouve sa cohérence dans cette optique.

    Commençons, cependant, à mettre au clair certains points essentiels.

     

    François est toujours actuel parce qu’il nous présente le Christ Jésus intégral.

    C’est en soi un bien absolu, mais parfois cela peut constituer une difficulté sur le plan vocationnel, parce que beaucoup, se sentant naturellement attirés par François, croient avoir une vocation franciscaine. Malheureusement il n’en est pas toujours ainsi. Voyons pourquoi.

     

    Chaque homme a besoin de trouver un sens à donner à sa vie, de retrouver la source de sa vie, de trouver un géniteur, un père, le Père. Sa recherche, au niveau inconscient, ou mieux, non encore parfaitement explicitée, est celle de celui qui “se rappelant presque de l’Origine”, aspire à la Patrie trinitaire. L’homme, en définitive (d’une manière ou d’une autre), cherche le Père, la source de la Vie et de sa réalisation parfaite. Or, nous savons que seul le Fils, Jésus, nous conduit au Père.

    Cependant, c’est Jésus, voie, vérité et vie, que nous cherchons et désirons, consciemment ou inconsciemment.

     

    Quelque soit celui qui nous conduit au Christ, il est pour nous un motif de stimulation, de saine inquiétude. Le monde cherche le Christ et en François il en trouve une représentation au naturel, en forme, historique et humaine, parfaitement compréhensible et il se sent attiré.

    Tout ce que François a fait, et ce qu’il est devenu, est le résultat de son imitatio Christi. François, de fait, est devenu un alter Christus.

    C’est cela qui a fait aimer, chercher François en tout temps: son être devenu un véritable et efficace sacrement de Jésus. Il est donc parfaitement compréhensible d’être attiré par François: il est sym-pathique[8] au Christ et à nous!

    Le fait d’être attiré ne signifie cependant pas nécessairement qu’il y ait une vocation à entrer dans un engagement franciscain spécifique et définitif. Il faut un discernement. Il faut comprendre, avec l’aide de Dieu, ce que Lui veut de nous.

     

    On peut être inspiré par François mais on peut aussi ne pas être destiné a servir selon sa modalité.

    François a été suscité par Dieu, comme exemplarité et modèle, non seulement pour les “franciscains” mais pour tout le Peuple de Dieu, pour toute l’humanité.

     

    Donc, pour comprendre si nous avons une vraie vocation franciscaine, il est essentiel de connaître François, de se confronter à lui. Il faut sortir des généralités, du romantisme et du sentimentalisme et se confronter existentiellement au projet de François pour comprendre si notre propre projet va dans cette direction.

     

    Avoir une véritable vocation franciscaine, veut dire être appelés à entreprendre ce même chemin d’identification et de conformation intégrales que fit François avec son Christ.

    Avoir une authentique vocation franciscaine, qu’elle soit religieuse apostolique, contemplative, ou séculière, signifie ceci: vérifier sa propre disponibilité à embrasser intégralement ce chemin.

     

    En synthèse extrême, la modalité franciscaine

     

    • est fondamentalement marquée par l’integralité de la sequela, pour recevoir, faire vivre et croitre en nous le même charisme que François, le diffusant dans le monde avec la même simplicité et dans son intégralité,

     

    et se caractérise par

     

    • une très intense spiritualité eucharistique (kénose),
    • une communion fraternelle nettement marquée,
    • la simplicité,
    • l’amour de la pauvreté,
    • l’humilité,
    • un sincère sens de minorité,
    • un complet et agissant abandon à Dieu, qui se nourrit dans l’obéissance, en particulier à l’Eglise.

     

     

    Avoir une authentique vocation franciscaine veut donc dire trouver une pleine compatibilité avec ce qui caractérise cette forme de vie, ce charisme-mission, cette spiritualité.

     

    Ceux qui, à travers un discernement correct, auront reconnu que leur projet devra être celui de suivre les traces de François, devront en assumer entièrement les modalités, à travers un engagement public, solennel et perpétuel (la Profession) devant Dieu et devant l’Eglise. C’est le cas des franciscains du 1er, du 2ème et du 3ème Ordre.

    Cela nous reporte immédiatement à la Règle, qui constitue, pour ainsi dire, le contrat sponsal des profès avec Dieu, et codifie la modalité et la mesure de l’engagement pris avec la Profession.

     

    La vocation franciscaine doit précisément être passée au crible du discernement à travers la lettre et l’esprit de la Règle à laquelle la vocation spécifique se réfère.

    Sont éclairants, dans notre cas de franciscains séculiers par exemple, entre autres :

    ·          tout le Chapitre 2 de la Règle

    ·          les articles 37.2,3; 38.1; 40.1,2 des Constitutions Générales

    ·          le Titre I du chapitre 2 des Constitutions Générales.

     

     

    Vocation, charisme, mission. Moments d’un unique projet, le Projet de Dieu, liés l’un à l’autre. Chaque moment présuppose et prépare à l’autre.

     

     


    [1] Vie merveilleuse mais toutefois rudimentaire, et pour cela justement plus facile d’appropriation, véritable premier échelon vers des paliers d’existence supérieurs et donc un niveau de médiation essentiel.

    [2] He 12, 23

    [3] Cf. Jean-Paul II, Encyclique Veritatis Splendor 66-67, 1993

    [4] Jr 1, 5-10; Ps 138, 13-18; Is 49, 1-7; Ep 1, 3-14; Ep 4, 1-16; 2Tm 1, 9-10

    [5] Pour ce paragraphe et les suivants, sur l’appel à la “perfection” , je me réfère à la pensée et aux textes du Fr. Andrea Boni OFM

    [6] Ce paragraphe et le suivant sont extraits de: “Vocation” de H. U. von Balthasar, Ed. Rogate, 2002

    [7] Soter en grec = sauveur. On entend pour cela la fécondité comme “capable de contribuer au projet du salut”.

    [8] En grec : sin=avec et patico=concerne les sentiments : partager les mêmes sentiments.

     

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