• LE CAREME... TEMPS DE PENITENCE – TEMPS DE JOIE art 44 -Suzanne

    LE CAREME

     TEMPS DE PENITENCE – TEMPS DE JOIE

     

    gage-de-joie.jpg Si, comme le Fils, nous nous appliquons durant ce temps à mettre notre volonté dans la volonté du Père, le Carême sera pour nous un temps de joie, de pacification et de réconciliation. Il sera un temps d’accueil du don de Dieu. Temps de joie où nous nous préparons à nous unir au Fils en communiant à son Corps et à son Sang. Revivons avec saint François d’Assise, le mémorial du sacrifice de Jésus.


    En Lui tout a été pacifié et réconcilié.

    Dans le premier passage de la « Lettre aux Fidèles »[1], François souligne l’aspect sacrificiel de la Passion du Christ et son actualisation dans le mémorial eucharistique. Poursuivons ce passage :

    « Il posa toutefois sa volonté dans la volonté du Père en disant : ‘Père, que ta volonté soit faite, non comme je veux, mais comme tu veux.’ Et telle fut la volonté du Père : que son Fils béni et glorieux, qu’il nous donna et qui est né pour nous, s’offrit lui-même par son propre sang en sacrifice et en victime sur l’autel de la croix, non seulement à cause de lui, par qui tout a été fait, mais pour nos péchés, nous laissant un exemple pour que nous suivions ses traces. Et il veut que tous nous soyons sauvés par lui et que nous le recevions avec notre cœur pur et notre corps chaste. Mais il en est peu qui veulent le recevoir et être sauvés par lui, bien que son joug soit suave et son fardeau léger. »[2] 

    Le sacrifice de Jésus est parfaitement situé comme un acte de libre et souveraine obéissance au Père.[3]De toute éternité, le Verbe vit cette filiale adhésion. De par son Incarnation, Jésus vit cela non seulement pour lui-même, mais pour nous. Le sacrifice du Christ - remise obéissante au Père - est en même temps tourné vers nous : « né pour nous » « il s’offrit pour nos péchés », « il veut que nous soyions sauvés par lui ». Dans sa « Lettre à Tout l’Ordre », François détaille les bienfaits de ce sacrifice pour nous : « (Il) nous a rachetés et lavés en son sang précieux », « En lui, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre a été pacifié et réconcilié avec Dieu tout-puissant ».[4]


    Un exemple pour que nous suivions ses traces. 

    Le Seigneur s’offre à son Père et se donne à nous. Il nous reste à accueillir ce don, à nous intégrer à cette offrande. Dans le texte de la « Lettre aux Fidèles », François donne deux expressions complémentaires de notre entrée dans le sacrifice de Jésus : 

     

    I -  Suivre, dans notre vie, les traces du Christ, porter son joug et son fardeau.

    Cette expression « suivre les traces » résume tout le projet de François.

    Il dit cela également en terme de « pénitence », c’est-à-dire de « conversion », de « métanoïa ». Pour le saint, ce projet de vie convertie à la suite du Christ, est solidement ancré dans l’Eucharistie. En voici encore un exemple, dans une lettre à ses frères custodes :

    « Rappelez au peuple la pénitence et que nul ne peut être sauvé, sinon celui qui reçoit le Corps et le Sang très saints du Seigneur. »[5] 

     

    L’expression « porter son joug et son fardeau » nous renvoie à l’appel du Christ.

    « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger. » (Mt 11, 28-30) 

    Sommes-nous sûrs d’avoir bien entendu cet appel et savons-nous réellement y répondre ? Cet appel est non seulement une invitation personnelle mais aussi la promesse d’être accueillis, aimés et secourus, guidés, protégés, soignés et guéris. Le Christ nous dit : « Viens »

    Par cet appel Il se pose comme « Je » face à un « Tu » et laisse ainsi chacun de nous libre de sa réponse. Nous pouvons oser comme l’apôtre Jean lors de la dernière Cène, une rencontre intime, un cœur  à cœur et  poser notre tête sur sa poitrine en lui confiant nos questionnements, nos projets, ou nos sentiments. (Jn 13. 23-26) Par les battements de son cœur nous entendrons alors sa prière monter pour nous au Père :

    « C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi … Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est vérité. » (Jn 17. 9 ; 17)

     

    L’expression « porter son joug et son fardeau » nous renvoie aussi à l’Amour Infini du Christ.

    Nous devons nous intégrer  à ce qui est l’essentiel du sacrifice de Jésus : Ne désirant plaire qu’à Lui seul, que toute notre volonté soit dirigée vers Dieu. Entrer dans le sacrifice de Jésus, c’est nous laisser emporter dans l’élan d’un amour qui donne tout. Ecoutons à nouveau François d’Assise :

    « Voyez frères, l’humilité de Dieu et répandez vos cœurs devant lui, humiliez-vous, vous aussi, pour être exaltés par lui. Ne retenez donc pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entier Celui que se donne à vous tout entier. »[6] 

    Pour cela, confions-Lui notre fardeau pour qu’Il l’offre au Père afin qu’Il nous donne sa grâce. Ainsi allégés, nous pourrons entrer dans son désir et poser les actes qu’il attend de nous. Ce temps de carême sera alors pour nous un temps de joie, de pacification et de réconciliation.


    II - Le recevoir « avec notre cœur pur et notre corps chaste ».

    Dans le même esprit, François proclame avec véhémence la nécessité de recevoir dignement le Corps et le Sang du Seigneur. Il faut une cohérence entre le Corps sacrifié de Jésus et la vie de celui qui le reçoit :

    « Comme il doit être saint, juste et digne, celui qui touche de ses mains, reçoit dans son cœur et dans sa bouche et présente aux autres pour être consommé (le Christ) non plus destiné à mourir, mais, pour l’éternité destiné à vivre et glorifié, lui en qui les anges désirent plonger leurs regards. »[7]


    Saint François d’Assise nous invite à devenir « adultes » en Christ.

    Celui qui construit sa vie sur les trois vœux monastiques, le fait sur les trois paroles du Christ. Par les trois vœux le chrétien ne se lie pas, mais se libère. Il peut alors se tourner vers le monde et dire ce qu’il a vu en Dieu. S’il a su croître jusqu’à la stature de « l’homme nouveau », de l’adulte en Christ, le monde l’écoutera.

    Seigneur, tu nous accordes ce temps de carême pour nous former à la vie avec le Christ et nous alimenter de ta parole ; que notre effort de pénitence nous obtienne la fidélité à te servir et le goût de te prier d’un même cœur.[8] 

    Suzanne Giuseppi Testut - ofs



    [1] François d’Assise Ecrits, Vies témoignages, Cerf, éf, 2LFid 6-9

    [2] 2LFid, 10-15 ; Voir notre livre « La déposition » Parcours spirituel à l’école de saint François d’Assise, Nouvelle Cité. 

    [3] « Quand la louange prend toute la place » Jean-Christophe Cominardi, ofm, éf

    [4] LOrd  3 et  13

    [5] LCus 6 . cf. dans le même sens : 1LFid 1, 3-4 ; 2, 1-3 ; 2LFid 13-15 ; 63-64

    [6] LOrd 28-29

    [7] LOrd 22

    [8] Livre des Heures , 3ème mercredi du Carême

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