portrait

Le courage d'un pape

retrait-du-pape.jpg La démission de Benoît XVI prend chacun de court. Et pourtant, cela correspond bien à ce pape élu bien malgré lui et qui, avant de se retirer, aura fait front avec courage au scandale de la pédophilie et de la désunion ecclésiale.  

La démission de Benoît XVI annoncée en début d'après-midi du 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes, est apparue "telle un coup de tonnerre dans un ciel serein" (Mgr Lombardi). Le pape se retirera dans un monastère du Vatican et ne participera pas au prochain conclave qui se tiendra dans un mois. À Pâques, l'Eglise aura un nouveau chef.

 

Cette étonnante nouvelle (la dernière démission d'un pape remonte au XVe) siècle, était pourtant prévisible. Benoît XVI, dès son élection, avait fait savoir qu'il était âgé et fatigué. Son rythme de vie, pourtant extrêmement soutenu pour un homme de son âge, s'était ralenti et on le sentait, sinon las, tout du moins en retrait. Le successeur de Jean-Paul II n'a jamais caché sa profonde vie intérieure et son désir de terminer ses jours dans une communauté contemplative.

 

Mais, dans cette décision historique, il y a sans doute autre chose. Durant son pontificat, Benoît XVI a mené avec courage, et de front,  des combats qui lui semblaient primordiaux. La lutte contre la pédophilie au sein du clergé, la réconciliation avec le mouvement intégriste, la relecture doctrinale du concile Vatican II, tout cela fut mené de front avec courage,  dans un grand souci de clarté et de pédagogie.  Ses trois encycliques ont montré un pape théologien et mystique, soucieux de présenter la foi comme une rencontre qui unifie une vie en profondeur et la transforme.

Sa démission est-elle un signe lancé à l'Eglise? Peut-être... Eprouvé par les scandales dont certains l'ont éclaboussé de près, regardant parfois  le monde  avec tristesse, s'élevant, récemment encore, contre les atteintes à la vie, le libéralisme financier, la pauvreté effrayante, Benoît XVI est sans doute fatigué par le poids écrasant de la charge.
 

D'ici une quinzaine de jours, l'Eglise entrera en conclave. Et pour la première fois depuis des siècles, un ancien pape pourra assister à l'élection de son successeur. Au dernier consistoire, Benoît XVI a créé plusieurs cardinaux. Aucun n'est européen. D'aucuns y verront un signal fort vers des pays auxquels les cardinaux du conclave précédent avaient sans doute pensé. Sans avoir le courage de voter pour eux. Elu comme un pape de "transition", venant, contre son gré, après un "géant de la foi", Benoît XVI pense sans doute avoir  accompli sa mission. Il a désiré purifier l'Eglise, il a dit, à sa manière, ce qui lui semblait essentiel pour la foi, sa sauvegarde, sa transmission. Sa démission, étonnante de modernité et de liberté,  certainement longuement méditée,  est peut-être le dernier geste qui lui permet de faire  avancer l'Eglise vers son avenir. 

Sophie de Villeneuve 11 février 2013
Croire.com

Source: http://croire.com/

 

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