• le cri du coeur de Laurette Lepage

    Le Soleil

     

    Publié le 08 juillet 2009 à 05h00 | Mis à jour le 08 juillet 2009 à 05h00

    Debout les pauvres !: le cri du coeur de Laurette Lepage

     

     

     

    Laurette Lepage a passé sa vie à relever des défis, dont celui de se faire proche des démunis.

    LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

     

    Yves Therrien
    Le Soleil

    (Québec) Elle a 86 ans, bientôt 87. Solide comme un chêne et pleine d'énergie, elle a encore plein de rêves à réaliser et de gens à accueillir. Si, par hasard, vous la rencontrez dans le quartier Saint-Roch, où elle a fondé la Fraternité de l'épi qui y vit encore, et que vous lui demandez ce qui l'a poussée à oeuvrer auprès des pauvres, elle vous répondra : «La folie, la folie pure. C'est complètement à l'inverse de ce que j'ai vécu avant, mais je me sentais poussée dans ce chemin. J'ai des gènes de missionnaire et je ne peux pas vivre sans défi.»

    Ce sont ces défis qui l'ont poussée au Brésil dans les favelas et dans un dépotoir à João Pessoa, où elle vivait avec et comme les pauvres, jour après jour. C'est cette folie et son besoin de défis qui l'ont poussée à prendre parti pour les «sans-terres» dans cette région où elle vivait, ce qui lui a valu un refus de son visa permanent et l'a ramenée à Québec.

     

    Retour à Québec en 1989, mais pas n'importe où. Surtout pas un retour dans une grosse maison avec la piscine comme avant. Elle ira dans Saint-Roch, quartier de violences et de misères à la fin des années 80. C'est là qu'elle s'est implantée parmi les pauvres pour les écouter et les accueillir dans ce qu'ils sont et non dans ce qu'ils font.

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    Cette folie a un nom : l'amour. Un amour qui lui vient de sa foi, elle qui a été tour à tour religieuse, épouse et veuve, mais toujours et profondément en amour avec son Dieu, celui de Jésus-Christ, «celui qui s'est fait tout petit et proche des pauvres, de la crèche à la croix. Dieu n'a pas peur des crottés. Et mon amour de Dieu m'a menée vers les pauvres», ajoute-t-elle.

     


    Amour et foi, pour elle, c'est identique et fondamental. Et si l'on demande des explications, elle répond ainsi : «Je ne suis pas une dogmatique. J'aime! C'est tout. Quand on tombe en amour, ça ne s'explique pas, ça se vit. Alors, j'aime.»

     

    Et elle raconte les yeux pleins de lumière l'histoire d'hommes et de femmes avec qui elle a partagé de grands moments de vie dans ces années de la Fraternité de l'épi, à travers les tempêtes, les bouleversements, la maladie, entourée de pauvres, de malades, de drogués, d'alcooliques, de prostituées, d'ex-prisonniers, de dépravés. Que des exclus, quoi!

     


    Et elle les aime encore et encore, jour après jour, parce qu'elle demeure convaincue qu'en tout être humain il y a toujours une parcelle de beau et de bon malgré la charge de misères et de blessures. «Vous savez», raconte-t-elle en entrevue, s'exprimant comme une sage qui s'apprête à raconter la vérité profonde qu'elle a découverte, «il y a cette petite lumière qui brille dans toutes ces personnes et c'est ça qu'il faut mettre en valeur. Il n'y a rien comme l'amour pour ressusciter des gens. J'ai vu des gens arriver à la Fraternité le nez sur le nombril. Mais une fois accueillis, une fois qu'ils se sont sentis écoutés, qu'ils ont pu partager avec d'autres, je les ai vus se relever dans leur dignité et se prendre en main. C'est ce qui m'a le plus éblouie et qui m'éblouit encore. C'est ça, la force de l'amour.»

     


    La «vraie vocation»

     

    D'ailleurs, l'appel à être proche des pauvres, ce qu'elle nomme sa «vraie vocation», elle l'a perçu après la mort de son mari, en 1981. Elle qui dit avoir vécu dans l'abondance affirme : «La richesse, j'en ai bien profité, mais elle ne m'a jamais comblée comme l'expérience d'être avec les plus petits de la société.»

     


    Récemment, elle a lancé le volume Debout les pauvres!, un grand cri du coeur qui souligne en même temps les 20 ans de la Fraternité de l'épi, installée sur la rue De La Salle. Elle y raconte ses premiers pas dans cette aventure inspirée d'une communauté semblable au Brésil nommée la Fraternité du serviteur souffrant, un nom rébarbatif ici au Québec où «on ne veut pas entendre parler de souffrance, ou même la voir», poursuit Mme Lepage.

     


    Elle refuse de se donner le titre de fondatrice de cette fraternité qui tient ses soupers communautaires et ses soirées de partage tous les mardis. «Je suis une transplanteuse de la spiritualité de la Fraternité brésilienne. Et l'épi, ce sont les grains de blé rassemblés autour d'une même tige qui seront moulus pour être transformés en pain qui sera donné aux autres.»

     


    Et son Debout les pauvres!, lors du lancement, elle l'exprimait comme étant «un bonheur à l'envers, que nous propose le Christ des béatitudes, en proclamant : ?Heureux, vous, les pauvres!? Par ces paroles, il n'a pas dit aux pauvres de se résigner, mais bien plutôt : ?Relevez la tête! Debout! En marche!? Le mot heureux, en hébreu, se traduit justement par ?Debout!?, ?En marche!?»

     

    Si vous croisez Laurette Lepage dans Saint-Roch un soir de souper partage, vous verrez qu'elle se tient bien droite, toujours fougueuse et debout au milieu des siens.

     


    Bravo Laurette… Une entrevue peut être entendue ici Source: http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/vivre-ici/societe/200907/07/01-882110-debout-les-pauvres-le-cri-du-coeur-de-laurette-lepage.php

     

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