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    Le suicide du roi Saül
    (1 Samuel 31, 1-6 et 2 Samuel 1, 1-16)

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    La mort de Saül
    Gustave Doré

    Saül est le premier roi choisi par Dieu pour son peuple. À cette époque, les Hébreux étaient presque constamment en guerre avec les Philistins. C’est dans l’une de ces batailles que Saül trouva la mort. Ce décès est raconté dans deux passages distincts de la Bible et les deux versions sont aussi insolites l’une que l’autre. La première se trouve à la fin du premier livre de Samuel :

    Or, les Philistins combattaient contre Israël. Les hommes d’Israël s’enfuirent devant les Philistins et tombèrent, frappés à mort, sur le mont Guilboa. Les Philistins se mirent à talonner Saül et ses fils. Ils abattirent Jonathan, Avinadav et Malki-Shoua, les fils de Saül. Le poids du combat se porta vers Saül. Les tireurs d’arc le découvrirent. À la vue des tireurs, il eut un frisson d’épouvante. Saül dit à son écuyer :

    « Dégaine ton épée et transperce-moi, de peur que ces incirconcis ne viennent me transpercer et ne se jouent de moi. » Mais son écuyer refusa, car il avait très peur. Alors Saül prit l’épée et se jeta sur elle.

    Son écuyer, voyant que Saül était mort, se jeta lui aussi sur son épée et mourut avec lui. Saül, ses trois fils, son écuyer, ainsi que tous ses hommes, moururent ensemble ce jour-là. (1 Samuel 31,1-6)

         Dans cette première version, Saül sait qu’il va mourir, mais il ne veut pas être tué par un ennemi. Alors, il se suicide. Son écuyer s’enlève aussi la vie, après avoir refusé de transpercer le roi. Les Philistins qui trouvent le corps de Saül, lui coupent la tête et l’expédient partout dans le pays pour annoncer la mort du roi. Enfin, ils attachent son corps au rempart de l’une de leurs villes.

         Le suicide de Saül n’est pas décrit de façon négative. Ce geste a comme but de ne pas tomber vivant aux mains des ennemis ou de ne pas être tué par un ennemi. La Bible mentionne les cas de quatre autres personnes qui se sont suicidées : Abimelech (Juges 9,54), Achitophel (2 Samuel 17,23), Zimri (1 Rois 16,18) et Judas, le disciple de Jésus (Matthieu 27,5).

    Une seconde tradition de la mort de Saül

    Le troisième jour, un homme arriva du camp, d’auprès de Saül. Il avait les vêtements déchirés et la tête couverte de terre. Or, en arrivant auprès de David, il se jeta face contre terre et se prosterna.
    David lui dit : « D’où viens-tu? » Il lui dit : « Je me suis échappé du camp d’Israël. »
    David lui dit : « Comment la chose s’est-elle passée? Raconte-moi. » Il dit : « Le peuple a été mis en déroute; et puis, il est tombé beaucoup de morts dans le peuple; et puis, Saül et son fils Jonathan sont morts. »
    David dit à son jeune informateur : « Comment sais-tu que Saül est mort, ainsi que son fils Jonathan? » Le jeune homme lui dit : « Je me trouvais par hasard sur le mont Guilboa. Il y avait Saül, appuyé sur sa lance, et il y avait les chars et les cavaliers qui le serraient de près.
    Il s’est retourné et il m’a vu. Il m’a appelé et j’ai dit : “Présent!” Il m’a dit : “Qui es-tu?” Et je lui ai dit : “Je suis un Amalécite.” Il m’a dit : “Reste près de moi, veux-tu, et donne-moi la mort, car je suis pris d’un malaise, bien que j’aie encore tout mon souffle.”
    Je suis donc resté près de lui et je lui ai donné la mort, car je savais qu’il ne survivrait pas à sa chute. J’ai pris le diadème qu’il avait sur la tête et le bracelet qu’il avait au bras. Je les ai apportés ici à mon seigneur. »
    David saisit ses vêtements et les déchira. Tous ses compagnons firent de même. Ils célébrèrent le deuil, pleurèrent et jeûnèrent jusqu’au soir pour Saül, pour son fils Jonathan, pour le peuple du Seigneur et pour la maison d’Israël, qui étaient tombés par l’épée.
    David dit au jeune informateur : « D’où es-tu? » Il dit : « Je suis le fils d’un émigré amalécite. » David lui dit : « Comment! Tu n’as pas craint d’étendre la main pour tuer le messie du Seigneur? » David appela un des garçons et dit : « Avance et frappe-le. » Il l’abattit.
    David lui dit : « Que ton sang soit sur ta tête, car tu as déposé contre toi-même en disant : C’est moi qui ai donné la mort au messie du Seigneur. » (2 Samuel 1, 2-16)

         La bataille est la même que dans le premier texte, mais plusieurs éléments sont radicalement différents. En particulier, Saül ne se suicide pas de sa propre main. Il ne veut pas mourir ou être capturé par l’ennemi philistin, il préfère être tué par un Amalécite.

         La réaction de David à la nouvelle de ces décès est double. D’abord, il accomplit les gestes du deuil : pleurer, jeûner, déchirer ses vêtements, pour souligner la mort du roi et de son ami Jonathan. Ensuite, il fait exécuter cet Amalécite qui a tué Saül. On comprend le deuil, mais l’exécution nous semble terrible. Le pauvre garçon n’a fait que répondre au désir du roi. Pourtant, son attitude contraste bien avec celle de l’écuyer dans le premier récit de la mort de Saül. Celui-ci craignait de tuer le roi. David tue l’Amalécite parce qu’il n’a pas craint de tuer le messie [1] du Seigneur.

         Ce texte montre que David, bien qu’en compétition avec Saül, gardait un profond respect pour le roi. N’avait-il pas été choisi par le Seigneur pour régner sur son peuple?
    Rien ne permet de dire laquelle des deux traditions est la plus authentique. La Bible transmet donc deux histoires assez singulières sur la mort de Saül.

    Réflexions  

         En même temps qu’elle proclame que la vie est sacrée, la Bible raconte cette histoire du suicide du roi Saül. C’est bien la preuve qu’elle est loin d’être un livre édulcoré, dans lequel tout est beau, dans le meilleur des mondes. La violence fait partie des récits bibliques parce qu’elle fait partie des réactions humaines.

         Ce passage n’indique pas que le suicide est jugé comme une faute. D’ailleurs, la Bible n’offre pas de directives claires sur la question du suicide en général. Pourtant dans notre réflexion, nous pouvons être attentifs au fait que plusieurs textes bibliques, dont le début de la Genèse, affirment que la vie est un don de Dieu. Plusieurs personnes font référence au commandement « Tu ne tueras pas », pour l’appliquer au suicide.

         Traditionnellement, l’Église catholique enseigne que le suicide est un péché. Pourtant, aujourd’hui elle est consciente que ce geste est commis par des personnes en état de détresse, qui n’ont pas nécessairement « la pleine volonté de commettre le mal », comme l’exige l’une des conditions du péché grave.

    [1] Le titre de messie est appliqué au roi comme au représentant de Dieu sur terre.

    Sébastien Doane

    Source www.interbible.org

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