• LIBERTE ET OBEISSANCE art. 14 Suzanne

    LIBERTE ET OBEISSANCE

    Suzanne-art-14.jpgphoto : "Source de sainte Suzanne" à Rivodutri. Réputée, du temps de François d'Assise, pour les maladies des yeux. François passait par là pour se rendre à Poggio Bustone. L'eau y est d'une clarté extraordinaire. Il est toujours possible d'y faire une halte méditative... et peut-être d'y assister à un tendre apprentissage de l'obéissance et de la liberté en y observant maman cygne et bébés cygnes.

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    « Oui, Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il en a fait une image de sa propre nature ; c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde : ils en font l’expérience, ceux qui lui appartiennent ! (Sg 2,23-24)

    La liberté et l’obéissance forment un couple paradoxal mais sont pourtant des composantes de la vie de tout homme qui vit en société. Dans bien des domaines de la vie (respect de la loi civile, éducation, travail…), nous acceptons sans broncher des principes d’obéissance. Un exemple parmi d’autres : Si nous voulons apprendre à jouer d’un instrument de musique, nous obéirons aux consignes du professeur et appliquerons une méthode.  Nous nous imposerons une certaine ascèse et obéirons à des prescriptions même si nous ne les comprenons pas toujours.

    Alors pourquoi avons-nous autant de mal à accepter l’idée d’obéissance à Dieu ? Est-ce dû au fait que dans l’apprentissage musical, nous identifions clairement notre projet et le moyen de le réaliser, ce qui nous pousse à obéir de plein gré, alors que face au Seigneur, nous avons peur de « l’inconnu de Dieu » ? Il est inquiétant de constater que nous justifions et acceptons la nécessité de ce paradoxe dans la vie en société et le refusons dans la vie en Christ où liberté et obéissance sont imbriquées de manière indissociable.

    Comment comprenons-nous notre projet de chrétiens ? Savons-nous le formuler ?

    Il faut répondre à cette question si nous voulons comprendre notre propre rapport à la liberté et à l’obéissance. Le projet de notre vie chrétienne est clair : nous sommes appelés à la déification, c’est-à-dire, le Créateur nous invite à partager sa vie et à accomplir notre ressemblance avec lui. Le chemin vers cet aboutissement trouve son origine dans le juste équilibre entre liberté et obéissance.

     

    Une des raisons pour lesquelles nous dévions de ce chemin est notre compréhension erronée de la liberté et de l’obéissance.

    Nous avons généralement tendance à mesurer la liberté d’une personne en fonction de sa capacité à faire ce qu’elle veut ou à obtenir et posséder ce qu’elle désire. Dans ce cas, la liberté est assimilée à la volonté individuelle et à la volonté propre.

    L’obéissance est souvent définie comme un état qui résulte d’un rapport de forces : l’esclave face au despote. Cette compréhension  de la notion d’obéissance est assez réductrice, voire dangereuse car elle risque de nous faire passer à côté de l’essentiel dans notre relation avec Dieu.

    L’obéissance et la liberté sont-elles contradictoires ?

    L’obéissance dans la création :

    L’obéissance engendre chez nous la peur d’être manipulés, de perdre son quant-à-soi, sa liberté. De nos jours, refus de l’obéissance et contestation de la hiérarchie sont choses courantes. Pourtant, tout le monde exige protection et assistance et accepte ipso facto l’aliénation correspondante. Encore un paradoxe ! Derrière cette quête d’assistanat, il y a le refus d’assumer notre propre responsabilité, le refus du risque et donc une terrible frilosité qui engendre le refus de la vie tout simplement.

     

    L’obéissance à Dieu.

    C’est la réponse à donner à Dieu pour jouir de la liberté qu’il nous a offerte et profiter de sa promesse de Vie. Par obéissance, il ne faut pas voir quelque chose de négatif et d’aliénant. Dieu n’agit pas envers l’homme en despote, il ne l’asservit pas  ni  le traite en « objet ».

     

    L’homme, au moment de la tentation, se représente Dieu comme une autorité qui dicte ses ordres et exige une obéissance aveugle. En succombant à la suggestion de Satan, Adam pose une distance, un espace entre Dieu et Lui alors qu’au contraire, Dieu lui offre de partager sa Vie. Il lui offre d’adhérer dans la foi à son dessein et de coopérer à la construction d’un  univers.

    En cédant à la suggestion de Satan, Adam obéit à une vision extérieure des choses alors que l’obéissance à Dieu vient de l’intérieur, elle vient du cœur, elle est contemplation de la Vérité et elle s’impose comme telle.

    L’obéissance à Dieu n’est pas abdication de l’intelligence mais, écoute de Dieu, marche sous son regard, foi profonde en sa justice, en son dessein, en sa sagesse, et réponse à la pleine communion de vie à laquelle l’homme est appelé.

    L’obéissance n’est pas une soumission d’esclave, mais une démarche d’amour. L’homme doit être à même d’accueillir dans la foi qui est liberté, le don de sa vie que Dieu lui fait. Car Dieu offre la Vie mais ne l’impose pas. Sa magnanimité appelle de sa créature, réponse et choix libres.

    En fait, par l’obéissance, Dieu nous invite à une vérité d’attitude. Il nous invite à poser l’unique choix : vivre avec Dieu ou vivre en dehors de Dieu.

     

    Nous pouvons dire que Dieu a créé l’homme avec une place vide dans le cœur, une place pour la relation, pour l’amour. L’homme choisit librement d’accorder cette place à Dieu. S’il donne cette place à Dieu, alors il trouve la liberté, parce que Dieu n’est pas un maître despotique mais un maître aimant et que sa volonté est indissociable de son amour pour nous. Mais si on ne lui accorde pas cette place vide, elle est occupée par les choses de ce monde, par le Malin. Voilà la chute. Alors vient l’aliénation. Nous sommes à l’opposé de la liberté.

     

    Liberté et création de l’homme.

    « Faisons-le à notre image » Cette décision trinitaire, lors de la création de l’homme, montre l’immense amour de Dieu pour sa créature et son retrait pour lui laisser l’espace de sa propre liberté. La volonté de Dieu n’a de sens que parce qu’elle est amour total. Le mode d’être en Dieu, c’est d’être en relation, Dieu est un être de relation. Il est amour et l’est de tout temps, avant même que le mot temps ait eu une signification. Dieu a créé l’homme à son image, ce qui veut dire notamment - mais pas uniquement - que tout comme Dieu, l’homme existe en relation ; tout comme Dieu, l’homme est libre, il est libre dans ses relations.

    La véritable liberté n’est pas de « faire ce que je veux », mais de connaître la vérité incarnée qu’est le Christ. Le connaître, c’est être en relation vivante avec lui. Ce qui nous rend libres, c’est notre relation avec le Christ, notre écoute du Christ, notre confiance en lui, en d’autres termes, notre obéissance.

     

     L’obéissance face à la liberté ne peut être que l’obéissance d’Esprit. L’œuvre n’est féconde que dans la mesure où elle est du Christ.

     

    Suzanne Giuseppi Testut   ofs

    Autres articles de Suzanne ICI

    L’Ancienne Alliance nous permet de le pressentir : (Sg 2,23-24) (Gn 1, 26-27)

     


     

      Pour votre information voici où vous pourriez rencontrer Suzanne dans les prochaines semaines.


    du 23 au 31 mai - Conduite et animation du Pèlerinage à Assise avec le groupe de Goudargues

     

    du 1er au 5 juin - Partage sur la déposition avec les Clarisses Françaises d'Assise.

     

    du 14 au 17 juin - Pèlerinage à Lisieux (Sainte Thérèse de L'Enfant Jésus et ses parents, Louis et Zélie Martin)

     

    les 24 et 25 juillet - Participation au Salon du Livre de Font Romeu et conférences


    -  Au Québec en Octobre 2010

    , plus de détails dans un proche avenir.

     

             - Sherbrooke le mercredi 13 octobre (plus de détails bientôt)

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