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Pardon sous condition ? - Alice
Pardon sous condition ? !!!
Cher François, mon frère,Dimanche dernier, lors d’une table ronde au sujet du génocide arménien, un prêtre a dit, sur un ton péremptoire : « On ne peut pas pardonner si l’autre ne reconnaît pas ses torts. » Je trouve cela violent, brutal et je crie : NON ! NON ! NON !Est-ce une attitude d’amour ? Peut-on s’imprégner de l’Evangile et parler ainsi ? Où est le message du Christ ?
Le pardon, n’est-ce pas là un enjeu de ce futur synode
Comment peut-on interdire à une catégorie de personnes de s’approcher de la Table du Seigneur alors que le Christ dit à ses apôtres « Laissez venir à moi … » ou « Que veut cet homme qui crie, allez le chercher.. » ?
Peut-on parler de pardon lorsqu’on l’assortit de conditions ? On envisage de prévoir un chemin de pénitence ? Mais je crie NON en entendant cela ! Peut-on s’imprégner de l’Evangile et imaginer de telles choses ?
S’imprégner de l’Evangile suffit-il ? Ou faut-il découvrir, en même temps, au jour le jour, le chemin de l’amour ? Parfois lorsque j’entends certains membres éminents de « mon » Eglise, je me dis qu’ils n’ont pas encore reçu le sacrement de la perce-neige !!! Ce sacrement qui nous fait découvrir que Dieu nous aime. Dieu, NOTRE Père-Mère m’aime et aime l’autre et nous enveloppe dans un même amour, et devenir des témoins par une vie empreinte d’amour.
S’imprégner de l’Evangile et aimer, aimer, aimer ! Alors, le pardon peut-il être sous condition ou est-il inconditionnel ?
Le Christ a peut-être livré son message par petites touches afin de faire évoluer les mentalités ? « Vous avez appris… Moi je vous dis… », « Si tu montes au temple et que tu te souviens …alors … ». Et puis cette belle image de « la parabole de l’enfant prodigue » ! Ou encore : « Tes péchés te sont remis, guéris. » Le Christ pose-t-il une condition pour remettre les péchés et guérir la personne ?
Et puis, le Christ est mort sur la Croix en disant « Père, pardonne-leur… »
J’ai aimé un petit livre sur le pardon du père Guy Gilbert, prêtre des loubards. Il commence par donner 3 ou 4 exemples de personnes ayant pardonné. Puis il médite cette phrase du Christ : « Père, pardonne-leur… » Guy Gilbert nous dit : « Si tu n’es pas capable de pardonner, alors tourne-toi vers le Père, adresse-toi à Lui avec insistance, demande Lui de pardonner à ta place.
Et puis, il n’y a pas que les paroles, il y aussi : « Jésus le regarda et Pierre sortit en pleurant » Pierre ne s’est-il pas senti profondément aimé, pardonné avant même d’avoir eu l’occasion, le temps de confesser sa faute ? Et Pierre n’a pas été exclu. Il a gardé sa place au sein du groupe des apôtres, ce qui lui a été confirmé lorsque Jésus lui demanda : « Pierre m’aimes-tu ? »
L’Evangile, même si je ne le lis plus dans le texte, je le retrouve dans ma vie et cela me donne joie, Espérance et Paix mais aussi m’aide à aimer et je ne peux pas concevoir un geste d’amour, un pardon en exigeant de l’autre qu’il agisse comme, moi, je le veux !
L’amour m’invite à respecter l’autre et donc à ne pas lui imposer une démarche. Le pardon est, pour moi, inconditionnel, sans attendre une reconnaissance de torts, une demande de pardon ou une promesse de changer de vie, de ne plus vivre avec telle personne ou de vivre comme frère et sœur… ! Je ne peux pas demander ou imposer à une personne de suivre un chemin de pénitence. Parfois, je me demande quelle est la foi de ces personnes qui interdisent à d’autres de s’approcher de la Table du Seigneur ? « Seigneur, si tu le veux, dis seulement une parole et je serai guéri-e ! » Certaines personnes en seraient dignes et d’autres pas ?
L’un de mes proches m’a conforté lorsqu’il m’a dit aimer mon 1er texte, écrit en 2008, combien il le trouvait superbe et qu’il le distribuait autour de lui. Un jour, il m’a dit : « Alice, j’aime tes textes. Tu parles toujours d’amour et je les diffuse autour de moi. » Puis il ajoute : « Tu ne parles jamais de pardon » Alors, je lui ai répondu : « Mais qu’ai-je à pardonner ? » J’étais une écorchée vive. J’étais blessée par mon Eglise, rejetée ainsi que Pierre, mon grand petit homme, car il avait été candidat avec l’étiquette PS( !!!), rejetée par le curé et la paroisse; blessée d’être discriminée parce que femme, parce que simple fidèle donc faisant partie d’un troupeau égaré…, blessée d’être toujours enfoncée dans notre misère au lieu de nous aider à grandir, blessée de voir tant de soumissions… ; blessée de voir tant de situations intenables dans les familles dues à l’ukase « humanae vitae », par les prises de position sur la PMA, la GPA…, par l’attitude de l’Eglises vis-à-vis des personnes homosexuelles, des prêtres ou religieux, religieuses qui aiment une personne…etc…blessée de ne pas être entendue… Mais comment le message d’amour du Christ peut-il devenir une telle source de souffrances au sein d’une religion ?
Cette montagne de souffrance me bouffait la vie. Elle m’empêchait de voir le chemin du pardon.
Ah ! Comme la parabole du Bon Samaritain me parle ! Je fus comme ce malheureux blessé et laissé pour mort sur le bord de la route. Merci au Bon Samaritain. Il a pour moi différents visages mais je sais ce que je dois à chacun d’eux, à chacune de ces personnes qu’il m’est même arrivé de malmener parfois ! Ce Bon Samaritain a pansé mes blessures mais elles ne se cicatrisaient pas pour autant ! Puis-je dire qu’elles sont enfin cicatrisées ? Je ne sais pas. Ce Bon Samaritain m’a remise debout, m’a sortie de l’esclavage de la souffrance pour trouver la liberté de l’amour. Et, je peux maintenant devenir Bon Samaritain à mon tour.
Mais que s’est-il donc passé pour que je trouve enfin la paix ?
Je ne sais même pas si j’ai pardonné et pourtant le pardon est réel et merci à toutes ces personnes qui m’ont accompagnée sur cette route.
François, je vous redis merci, ma joie, mon Espérance et ma Paix. Je pense qu’ayant enfin abordé « le pardon », j’ai achevé ma contribution pour le prochain synode et que cette année de l’Espérance puissent déboucher sur une année de Miséricorde, dans la paix, pour avancer tous et toutes ensemble !
Dans l’Amour du Christ,
Alice
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« La septième lettre de l’alphabet hébraïque, Zayin - ÉlisabethHomélie du 7ème dimanche de Pâques - 17 mai 2015 »Tags : pardon, personne, pardonne, blesse
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