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Projet de formation continue dossier mensuel (avril-2)
SECTION II: SPIRITUALITÉ ET DOCTRINE SOCIALE DE L'ÉGLISE
1 de 9: Les bienheureux Luchèse et Buonadonna
Réflexion, extraits et questions par Fr. Amando Trujillo Cano, TOR
L'Église célèbre le 28 avril la commémoration du bienheureux Luchèse - considéré traditionellement comme premier membre du troisième ordre franciscain - et de sa femme Buonadonna. Le 28 avril tombant cette année dans l'octave de Paques, leur mémorial sera omis mais nous aurons à l'esprit leur héritage spirituel dans lequel nous trouvons l'une des origines de ce que nous appelons maintenant l'Ordre franciscain Séculier. La célébration de notre re-naissance dans le Christ durant la période pascale nourrit notre désir de renouveler notre façon de vivre à l'exemple de tous nos saints ancêtres de la famille franciscaine.
Les premières notices hagiographiques sur Luchèse et Buonadonna sont tardives (XIV et XV siècles) et nous sont parvenues avec des signes très clairs d'ajustement au style du lieu et du temps. Luchèse est né à Gaggiani (Toscane), vers 1180, dans une famille de paysans. Il a épousé Buonadonna, issue d'une famille aisée de Borgo-Marturi, et en eut plusieurs enfants. Il se lança dans les affaires et la politique mais ses concurrents envieux le conduisirent à l'échec. Il s'installa alors à Poggi-Bonzi, se consacra habilement à des activités commerciales et devint riche et avare.
Ils souffrirent la perte de leurs enfants et vers 1220, le mode de vie de Luchèse connut un tournant dramatique lorsque, touché par la grâce, il se mit coeur et âme à la recherche du royaume de Dieu. Fasciné par l'exemple marquant et la vie évangélique de saint François d'Assise qu'il rencontra probablement en 1221, il embrassa une vie pénitentielle, se consacrant à la prière intense, jeûnant et partageant ses biens avec les pauvres. D'après la tradition, Buonadonna ne fut tout d'abord pas tellement favorable à cette évolution de Luchèse, mais quelques signes de la Providence l'ont convaincue de se joindre à lui de tout coeur. En progressant dans leur conversion, ils ont abandonné toutes leurs possessions à l'exception d'une petite pièce de terre que Luchèse cultiva pour se nourrir et aider des pauvres. Ce choix de pauvreté volontaire serait confirmé par un document historique témoignant de la vente de la maison de Buonadonna, acte daté du 7 août 1227 et portant consentement des deux époux. Luchèse fit aussi preuve d'une grande générosité vis à vis des malades de l'hôpital de Poggi-Bonzi.
Après de nombreuses années d'une vie pénitentielle fructueuse, les deux époux sont morts à quelques heures de l'un l'autre, probablement le 28 avril 1250. Ils avaient reçu l'assistance sacramentelle du Gardien des Frères Mineurs de Poggi-Bonzi, dans la chapelle desquels ils furent enterrés. La vénération locale débuta très rapidement et, devant la ferveur populaire, l'église fut agrandie et consacrée à saint François et au bienheureux Luchèse. Au long des siècles, de nombreux miracles furent attribués à l'intercession de ce couple. La fête de Luchèse devint solennité pour la commune de Poggi-Bonzi en 1331 quand il fut nommé, avec saint Laurence, protecteur de la ville. La vénération de Luchèse a reçu l'approbation pontificale de Pie VI le 27 mars 1697 et, bien que le titre de "bienheureuse" n'a pas été officiellement donné à Buonadonna, la tradition locale l'a toujours considérée comme telle. Même s'il n'y a pas d'évidence assez historique pour soutenir que Luchèse et Buonadonna ont été les tout premiers membres du troisième ordre de saint François, leur vie reflète clairement un esprit pénitentiel vrai et présente quelques-uns des premiers fruits de sainteté franciscaine dans l'état séculier.
Leur témoignage nous rappelle que le mode de vie franciscain résulte d'une conversion sincère à l'évangile de Jésus-Christ, une conversion qui, nous donnant le trésor du royaume de Dieu, nous libère d'un attachement égoïste aux biens matériels. Une conversion continue nous permet de servir nos frères et soeurs - . en particulier les pauvres et les souffrants - en partageant généreusement avec eux nos biens, nos talents et notre temps. Cette commémoration marque aussi l'importance d'intégrer les valeurs franciscaines aux réalités temporelles, intégrant prière contemplative et vie sacramentelle avec amour actif pour le voisin, le malade, le pauvre dans lesquels nous voyons le Christ. et en adoptant une façon de vivre marquée par la simplicité et le travail honnête.
Prions avec l'Église: Seigneur notre Dieu, en appelant le bienheureux Luchèse à une vie de pénitence, tu as manifesté ses oeuvres de charité; donne-nous de persévérer dans le bien, afin q'à sa prière et à son exemple la pénitence produise de réels effets en nous. . Nous te le demandons par notre Seigneur Jésus-Christ notre Seigneur qui vit et règne avec Toi pour les siècles des siècles. (Prière ouvrant la liturgie de la commémoration).
Le fidèle laïc
(Compendium de la Doctrine Sociale de l'Église, n. 541-544)
Ce mois-çi, nous commençons la présentation du Chapitre 12, section II, du Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, publié en 2004 par le Conseil Pontifical "Justice et Paix" et intitulé: Doctrine sociale et engagement des fidèles laïcs. Ce dossier présente le texte complet des articles 541 à 544 car ils sont relativement courts et abordent un sujet très important en rapport avec l'identité des Franciscains Séculiers: le fidèle laïc. Bien que quelques membres de l'Ordre soient membres du clergé (évêques, prêtres diocésains et diacres permanents), la grande majorité des Franciscains Séculiers sont des laïcs, hommes et femmes, s'efforçant d'accomplir l'engagement chrétien dans les réalités temporelles de la société. Le rappel de l'exemple du bienheureux Luchèse et de sa femme Buonadonna, comme nous venons de le faire, est une bonne introduction à ce sujet car ils ont accompli leur vocation à la sainteté dans l'état séculier et en couple marié, dans les circonstances spécifiques de leur société, avec ses défis et ses ouvertures, donnant à leur vie une marque franciscaine et pénitentielle très distinctive.
541 La caractéristique essentielle des fidèles laïcs, qui travaillent dans la vigne du Seigneur (cf. Mt 20, 1-16), est la nature séculière de leur sequela Christi, qui se réalise précisément dans le monde: « C'est [aux laïcs] qu'il revient, d'une manière particulière, d'éclairer et d'orienter toutes les réalités temporelles ».Par le Baptême, les laïcs sont insérés dans le Christ et rendus participants de sa vie et de sa mission selon leur identité particulière: « Sous le nom de laïcs, on entend (...) l'ensemble des chrétiens qui ne sont pas membres de l'ordre sacré et de l'état religieux sanctionné dans l'Église, c'est-à-dire les chrétiens qui, étant incorporés au Christ par le baptême, intégrés au peuple de Dieu, faits participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, exercent pour leur part, dans l'Église et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien"
542 L'identité du fidèle laïc naît et se nourrit des sacrements: du Baptême, de la Confirmation et de l'Eucharistie. Le Baptême conforme au Christ, Fils du Père, premier-né de toute créature, envoyé comme Maître et Rédempteur à tous les hommes. La Confirmation configure au Christ, envoyé pour vivifier la création et tout être par l'effusion de son Esprit. L'Eucharistie fait participer le croyant au sacrifice unique et parfait que le Christ a offert au Père, dans sa chair même, pour le salut du monde. Le fidèle laïc est disciple du Christ à partir des sacrements et en vertu de ceux-ci, c'est-à-dire en vertu de ce que Dieu a accompli en lui, en lui imprimant l'image même de son Fils, Jésus-Christ. C'est de ce don divin de grâce, et non pas de concessions humaines, que naît le triple « munus » (don et devoir) qui confère au laïc les qualités de prophète, prêtre et roi, selon son caractère séculier.
543 Il revient au fidèle laïc d'annoncer l'Évangile par un témoignage de vie exemplaire, enraciné dans le Christ et vécu dans les réalités temporelles: famille, engagement dans le cadre du travail, de la culture, de la science et de la recherche; exercice des responsabilités sociales, économiques et politiques. Toutes les réalités humaines séculières, personnelles et sociales, les milieux et les situations historiques, les structures et les institutions, sont le lieu spécifique de la vie et de l'action des chrétiens laïcs. Ces réalités sont les destinataires de l'amour de Dieu; l'engagement des fidèles laïcs doit correspondre à cette vision et se qualifier comme expression de la charité évangélique: «L'être et l'agir dans le monde sont pour les fidèles laïcs une réalité non seulement anthropologique et sociologique, mais encore et spécifiquement théologique et ecclésiale ».
544 Le témoignage du fidèle laïc naît d'un don de grâce, reconnu, cultivé et porté à maturation. C'est cette motivation qui rend significatif son engagement dans le monde et le situe aux antipodes de la mystique de l'action, propre à l'humanisme athée, privée de tout fondement ultime et circonscrite à des perspectives purement temporelles. L'horizon eschatologique est la clef qui permet de comprendre correctement les réalités humaines: dans la perspective des biens définitifs, le fidèle laïc est en mesure d'orienter authentiquement son activité terrestre. Le niveau de vie et la plus grande productivité économique ne sont pas les seuls indicateurs valables pour mesurer la pleine réalisation de l'homme en cette vie et valent encore moins s'ils se réfèrent à la vie future: « L'homme, en effet, n'est pas limité aux seuls horizons terrestres, mais, vivant dans l'histoire humaine, il conserve intégralement sa vocation éternelle ».
Questions pour la réflexion et la discussion en Fraternité
1) Quels sont les points du témoignage de Luchèse et de Buonadonna qui vous frappent le plus, et pourquoi?
2) Quels sont, suivant le Compendium, les caractéristiques de l'identité du fidèle laïc?
3) De quelles façons avez-vous, dans votre vie de séculier, expérimenté l'amour de Dieu?Source http://www.ciofs.org/
« Jean-Paul II et l’islam : Témoignage d’un homme politique musulmanLe cercueil de Jean-Paul II a été placé devant la tombe de saint Pierre »
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