• Méditaton - « Les gens mangèrent et furent rassasiés »


    « Les gens mangèrent et furent rassasiés »
    (Marc 8, 1-10)

    Méditation : Une révélation sur la prière et la mission

    Le texte d'aujourd'hui nous offre, je trouve, une fin lumineuse
    à notre Prière sur le monde.
    Depuis trois jours, une foule nombreuse se tient au désert avec Jésus.
    Elle est là « à l'écart » avec Lui. Quelles grâces ont-ils reçues ?
    À quelle profondeur d'expérience ont-ils touché avec Jésus ?
    Rien ne nous est révélé sinon que personne n'a demandé de partir,
    malgré qu'ils n'ont plus rien à manger, nous dit Jésus.
    Il faut vraiment croire que, là, au désert, ils ont vécu d'un autre Pain.
    Leurs cœurs ont été nourris à une autre profondeur.
    Ils sont entrés dans le mystère de la prière du Fils et du Père dans l'Esprit,
    dans cette relation source de tout.

    Si le besoin de manger physiquement devient urgent,
    une autre faim s'est creusée en eux : celle de Dieu.
    Ils ont vécu ce que signifie être mis « à l'écart » en Dieu.

    Qui voudrait quitter ce moment ?
    Mais, pour Jésus, à la prière, comme nous l'avons déjà vu,
    s'adjoint toujours la mission.
    Demeurer uniquement dans la prière porterait le risque
    de tourner la grâce vers eux-mêmes et de perdre la mise en action
    de leur don pour l'A(a)utre.
    C'est pourquoi Jésus, qui éduque toujours ses disciples, leur fait la réflexion :
    « J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà
    ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger.
    Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin,
    et certains d’entre eux sont venus de loin. »
    Il veut susciter un questionnement chez ces disciples, lequel ne tarde pas :
    « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? »

    À ces mots, les disciples se rappellent sûrement l'expérience des hébreux
    après la sortie d'Égypte quand Dieu a donné gratuitement la manne.
    Ou se rappellent-ils la première multiplication des pains par Jésus ?
    En somme, ils s'attendent que Dieu va s'occuper de tout.
    Mais Jésus inverse tout de suite les rôles : « Combien de pains avez-vous ? »
    Cela les conduit, intérieurement, à faire le lien entre la prière et la mission
    ou, dit autrement, à regarder en eux les grâces reçues
    durant ces trois jours de prière, au désert, avec Jésus.
    Pendant ces trois jours, ils ont été remplis d'une plénitude de grâces :
    « Sept », symbole de perfection. Jésus voit ce débordement de grâces
    et il doit leur faire comprendre le lien intime entre la prière et la mission
    ou, à cause de cette symbolique des trois jours, en anticipé,
    le lien entre la résurrection qui vient et la mission.

    Le lien entre la prière et la mission que nous donne le texte est logique
    et étonnant à la fois, à savoir l'eucharistie, la vie partagée.
    Le temps de la prière permet d'entrer dans l'eucharistie d'Amour
    du Père et du Fils dans l'Esprit.
    Elle fait vivre de l'intérieur une transformation où chacun(e) devient pain
    dans l'Unique Pain de Vie qu'est le Christ.
    L'être devient parole dans l'Unique Parole.
    Mais cette abondance révélée, pour ne pas se flétrir,
    est appelée à poursuivre le cycle du don :
    après avoir reçu gratuitement dans la prière,
    cette abondance doit se communiquer gratuitement par la mission.
    Les disciples, en regard de cette foule, doivent partager le pain
    qu'ils sont devenus dans le Christ. Pour ce faire, ils n'ont qu'à consentir et à servir. C'est pourquoi « il ordonna à la foule de s’asseoir par terre.
    Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit,
    et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ;
    et ils les distribuèrent à la foule.
    Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer ».

    Prière et mission prennent leur source dans l'eucharistie trinitaire
    et se prolongent dans l'eucharistie de nos vies (et de la Vie de Dieu)
    les uns pour les autres.
    L'humain créé à l'image de Dieu est, dans sa nature même,
    constitué selon cette communion et ne peut donc se réaliser que par elle.
    N'est-ce pas là une conclusion extraordinaire à notre « prière sur le monde » ?!

    Notre prière sur le monde est une vie communiée, humaine et divine.
    Si nous éprouvons en nous cette vie communiée,
    que nous ressentons profondément notre interdépendance
    et notre interconnexion,
    nous comprendrons que le seul chemin pour la transformation du monde
    est l'eucharistie de nos vies.
    Seuls nous ne pouvons y arriver mais, communiés, nous pouvons tout.

    Notre prière sur le monde est notre expérience de la communion
    dans la prière de chacun(e) de nous en Dieu
    et elle est une vie donnée et multipliée dans la mission,
    c'est-à-dire dans le don de nous-mêmes pour l'A(a)utre.
    De sept pains, nous nous retrouvons avec « sept corbeilles »,
    à savoir une abondance divine et, j'ajouterais, humaine,
    qui nous déborde de toute part.

    « Puis Jésus les renvoya », car chaque personne de cette foule est appelé(e) à aller, chacun(e) dans son milieu, vivre et partager l'eucharistie du pain de Vie
    qu'elles sont devenues dans le Fils.
    Quant aux disciples, ils doivent monter dans la barque, l'Église,
    car cette dernière a comme unique raison et mission
    cette eucharistie à enseigner et à célébrer.

    À la fin de ces méditations sur le monde,
    je nous invite chacun(e) à relire l'eucharistie
    à laquelle ces temps de prière avec Dieu vous ont conduit
    afin que chacun(e) à sa façon aille la partager dans la mission,
    dans le don bien simple de sa vie au cœur des relations et des engagements.
    Que Dieu vous bénisse et vous accompagne !
    Et grand merci pour ce que vous êtes et pour votre prière !


    Stéfan Thériault,stheriault@lepelerin.org (www.lepelerin.org) 

    13 février 2021

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  • Méditation quotidienne de Richard Rohr

    Du Centre d'action et de contemplation

     Crédit d'image: Gjon Mili, Jamming at Gjon's (détail), photographie, copyright gettyimages.com, utilisé avec permission.
     

    Spiritualité et chanson afro-américaines 

    Crainte et joie

    Le voyage spirituel est une interaction constante entre des moments d' émerveillement suivis d'un processus général d' abandon à ce moment. Nous devons d'abord nous laisser capturer par la bonté, la vérité ou la beauté de quelque chose au-delà et en dehors de nous-mêmes. Ensuite, nous universalisons à partir de ce moment la bonté, la vérité et la beauté du reste de la réalité, jusqu'à ce que notre réalisation finisse par ricocher pour nous inclure! C'est le grand dialogue intérieur que nous appelons la prière. Pourtant, nous, les humains, résistons à la fois à la crainte et, plus encore, à la reddition. L'ego résiste à la crainte tandis que la volonté résiste à l'abandon. Mais les deux ensemble sont vitaux et nécessaires.

    La voie vers toute idée universelle est de procéder par une rencontre concrète. Il y a plusieurs façons de dire la même chose: l'un est le chemin vers le multiple, le spécifique est le chemin vers le spacieux, le maintenant est le chemin vers le toujours, l'ici est le chemin vers le partout, le matériel est le chemin vers le spirituel, le visible est le chemin vers l'invisible. Quand nous voyons de façon contemplative, nous savons que nous vivons dans un univers pleinement sacramentel , où tout est un indicateur et une épiphanie.

    Pour laisser le moment nous enseigner, nous devons nous permettre d'être au moins légèrement étourdi par lui jusqu'à ce qu'il tire vers l'intérieur et vers le haut, vers une subtile expérience d'émerveillement. Nous avons normalement besoin d'un seul moment de crainte gratuite pour nous lancer - et de tels moments sont le seul fondement solide de tout l'instinct et du chemin religieux. 

    Comme elle le fait souvent, Barbara Holmes élargit et renforce ma réflexion. Elle nomme ce moment de crainte «Joy Unspeakable». Mais la crainte n'est pas toujours inspirée par la beauté et la bonté. La vérité vient parfois dans des paquets durs. Il faut à la fois un grand amour et de grandes souffrances pour nous étourdir et nous mettre à genoux. Dieu est là dans tout cela, utilisant toutes les circonstances de notre vie, pour nous attirer toujours plus profondément dans le cœur de Dieu. Barbara écrit:  

    Nous ne nous dirigeons pas vers un seul but: nous sommes en pèlerinage vers le centre de notre cœur. C'est dans ce lieu de repos priant qu'éclate une joie indicible.

    Joie indicible
    éclate quand on s'y attend le moins,
    quand le fardeau est le plus lourd,
    quand l'espoir est parti
    après que les balles volent.
    Il monte
    sur la crête de l'impossibilité,
    il se balance au rythme
    des cœurs inébranlables
    et célèbre
    ce que nous ne pouvons pas voir.

    Cette joie nous interpelle non pas en tant que monastiques individuels mais en tant que communauté. C'est une joie qui vit aussi confortablement dans le cri que dans le silence. Elle s'exprime dans la diversité des disciplines spirituelles personnelles et des rituels liturgiques. Cette joie est notre force et nous avons besoin de force parce que nous sommes bien dans le XXIe siècle et que nous ne sommes pas guéris. Comment négocier la postmodernité sans force intérieure? [1] 

    [1] Barbara A. Holmes, Joy Unspeakable: Pratiques contemplatives de l'Église noire , 2e éd. (Fortress Press: 2017), 200.

    Adapté de Richard Rohr, Just This (CAC Publishing: 2017), 9–11.

    Crédit d'image: Gjon Mili, Jamming at Gjon's (détail), photographie, copyright gettyimages.com, utilisé avec permission.

    Image Inspiration: Le jazz est beaucoup de choses: c'est de la musique de danse, contre-culturelle et un grand connecteur de personnes. Puissions-nous entendre le Sacré tissé avec amour dans la couleur du ton, le motif rythmique et l'improvisation collaborative.

     source  https://cac.org/
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  • La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux
    (Luc 10, 1-9)

      crédit image https://emcitv.com/

    « Le règne de Dieu s’est approché de vous. » 

     

    Méditation : En avant sœurs et frères mineurs

    Jésus, de nouveau, appelle des humains à sa suite :
    « parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72 ».
    Le temps presse, car, dans l'évangile de Luc, Jésus initie sa montée vers Jérusalem. Son heure approche. Et il a bien du travail à accomplir avant la fin.
    Comme le souligne le texte : « La moisson est abondante,
    mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson
    d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ».

    « La moisson est abondante », car chaque être humain est une plante
    dans ce grand champ du monde.
    À ce titre, la moisson demeure toujours abondante mais, malheureusement,
    « les ouvriers sont peu nombreux ».
    Il devient donc urgent de prier « le maître de la moisson
    d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ».
    J'entends ici que chaque humain en devenant ouvrier
    répond foncièrement à son appel, et, ce faisant,
    se laisse non seulement conduire par Jésus à sa maturité
    mais, devenant un témoin du Christ, peut communiquer sa Vie.

    Le texte est ici intéressant. La tradition spirituelle chrétienne
    a parlé abondamment de la « sequela Christi », du marcher à la suite du Christ.
    Ici , il nous est dit : « il les envoya deux par deux, en avant de lui,
    en toute ville et localité où lui-même allait se rendre ».
    Si Dieu est premier, il a vraiment créé une alliance avec nous
    et, plus qu'une alliance, Dieu a embrassé toute notre humanité.
    Si bien que Dieu se révèle et se rencontre qu'au lieu même de notre humanité.
    Jean écrit dans sa première lettre : « Si quelqu'un dit :« J'aime Dieu »
    et qu'il déteste son frère, c'est un menteur : celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas.
    Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui :
    que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jean 4, 20-21).

    Il nous demande d'être « en avant de lui » parce qu'Il ne peut accomplir son œuvre que si nous apprenons à nous aimer les uns les autres.
    Dieu se donne par nous quand, dans l'amour,
    nous nous donnons les uns aux autres.
    Sinon le don de Dieu que nous sommes est ficelé en nous.
    Mais comment le "déficeler" ?
    Le mode d'emploi, que saint François d'Assisea si bien compris
    et dont il a fait la règle de sa vie et de sa communauté,
    est de devenir « frère mineur » avec lui.
    Si toute la vie de François en a été un exemple et la vie du Christ le fondement,
    je ne peux ici qu'en dire quelques pauvres mots.

    Nous sommes appelés à aller rencontrer notre frère ou notre sœur
    comme un agneau. L'agneau est un animal très vulnérable et doux,
    à l'image de ce Dieu qui se présente à nous avec un Amour sans défense.
    Il est, de par son Amour, un être sans pouvoir et sans domination.
    Il ne vient pas comme Celui qui se place au-dessus mais plus bas,
    au service de tout humain. Et il nous demande, pour cela, d'être comme Lui.
    Sans bourse, dépouillés de toutes les richesses du monde,
    porteurs uniquement de son Amour (Lui comme notre seule richesse)
    et n'agissant pas pour notre profit.
    Sans sac, ne traînant rien pour notre sécurité,
    ne gardant rien pour assurer notre contrôle mais, surtout,
    qu'en nous le sac de notre cœur et de tout notre être soit vide de nous-mêmes
    pour accueillir l'autre et son mystère.

    Sans sandales, car approcher l'autre est toujours entrer dans une terre sacrée
    où nous devons enlever nos sandales.
    « Et ne ¬saluez personne en chemin »,
    car le chemin est le Christ et tous les attachements autres
    qui surviennent sur la route peuvent, donc, nous détourner de Dieu
    et finir à nous faire dévier de notre course.

    Si nous vivons ces conditions demandées par Jésus,
    nous pourrons entrer « dans toute maison »,
    c'est-à-dire entrer dans la terre intérieure sacrée de l'autre,
    non comme un voleur mais comme un artisan de la paix de Dieu :
    « Paix à cette maison. »
    C'est, de cette façon, qu'envoyer « en avant de Lui »,
    nous avons, par notre humanité saisie en la sienne, ouvert « la maison de l'autre » pour que le Fils puisse « s'y rendre » et être accueilli.
    De cette façon,
    ces personnes verront que « le règne de Dieu s’est approché (d'elles). »

    Comme ce règne est une alliance et, donc, une relation, il ne peut survenir
    que si les personnes acceptent ou consentent d'être « un ami de la paix »,
    un ami de Dieu.

    Et le salaire des disciples se veut simplement de découvrir un frère ou une sœur
    et de « rester (ensemble) dans cette maison » qu'est Dieu
    et de « manger et boire ce que l’on vous sert ».
    « L’ouvrier mérite son salaire » et son salaire est Dieu même
    qui se met à notre service et nous donne tout bien pour la poursuite de la route.

    En accompagnement que de grâces de paix, de joie, de communion, d'amour...
    se vivent quand nous éprouvons ensemble
    de « demeurer dans une même maison », un même Royaume,
    celui de Dieu où tout ne fait plus qu'un ! « En avant » sœurs et frères mineurs !

    Stéfan Thériault, stheriault@lepelerin.org (www.lepelerin.org) 

    26 janvier 2021

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  • Méditation quotidienne de Richard Rohr

    Du Centre d'action et de contemplation

     Crédit d'image: Ladder and Chair (détail), photographie de Thomas Merton, copyright Merton Legacy Trust et Thomas Merton Center de l'Université Bellarmine.  Utilisé avec permission.
    La foi et le doute ne sont pas opposés 

    L'imagination doit avoir une certaine liberté de navigation.
    -
     Thomas Merton, Contemplation dans un monde d'action

    La foi religieuse de base est un vote pour une certaine  cohérence, un but, une bienveillance et une direction dans l'univers.  Malheureusement, la notion de foi qui a émergé en Occident était beaucoup plus un assentiment rationnel à la vérité de certaines croyances mentales plutôt qu'une confiance calme et pleine d'espoir que Dieu est inhérent à toutes choses, et que tout cela va dans un bon sens.

    Je m'inquiète pour les «vrais croyants» qui ne peuvent porter aucun doute ni aucune anxiété, comme Thomas l'Apôtre et sainte Thérèse de Calcutta (1910–1997) ont appris à le faire. Le doute et la foi sont en fait des termes corrélatifs  Les gens de grande foi souffrent souvent de grands doutes parce qu'ils continuent de grandir. Mère Teresa a vécu des décennies de ce genre de doute, comme cela a été révélé après sa mort. Dans une lettre à un directeur spirituel de confiance, elle a écrit: «Les ténèbres sont telles que je ne vois vraiment pas - ni avec mon esprit ni avec ma raison. - La place de Dieu dans mon âme est vide. - Il n'y a pas de Dieu en moi. [1] Le fait même que les médias mondiaux et les gens en général aient été scandalisés par cela montre à quel point notre compréhension de la nature de la foi biblique est limitée.  

    Il semble qu'un mouvement de la certitude au doute et à travers le doute à l'acceptation du mystère de la vie est nécessaire dans toutes les rencontres, les percées intellectuelles et les relations, pas seulement avec le Divin. La foi humaine et la foi religieuse sont sensiblement les mêmes, sauf dans leur objet ou leur but. Ce qui nous a mis sur la mauvaise voie, c'est de faire l'objet de la foi religieuse «d'idées» ou de doctrines au lieu d'une personne. Notre foi n'est pas une foi que les dogmes ou les opinions morales sont vrais, mais une foi que la Réalité Ultime / Dieu / Christ nous est accessible - et même de notre côté.

    Détenir le plein mystère de la vie, c'est toujours endurer son autre moitié, qui est le mystère égal de la mort et du doute. Savoir quoi que ce soit pleinement, c'est toujours en détenir cette partie qui est encore mystérieuse et inconnaissable. Notre jeune exigence de certitude élimine la plupart de l'anxiété au niveau conscient, donc je peux voir pourquoi beaucoup d'entre nous restent dans une telle tour de contrôle pendant la première moitié de la vie. Nous sommes encore trop fragiles.  

    L'auteur Sue Monk Kidd a écrit avec éloquence sur les perturbations que les chercheurs spirituels rencontrent souvent dans la quarantaine et notre résistance à cela. Elle se demande:

    Qu'est-il arrivé à notre capacité à demeurer dans l'inconnu, à vivre à l'intérieur d'une question et à coexister avec les tensions de l'incertitude? Où est notre volonté d'incuber la douleur et de la laisser naître quelque chose de nouveau? Qu'est-il arrivé au déroulement du patient, à l'endurance? Ce sont ces choses qui forment le fondement de l'attente. Et si vous regardez attentivement, vous verrez qu'ils sont aussi le terreau de la créativité et de la croissance - ce qui nous permet de faire preuve d'audace et de percer vers la nouveauté. . . .

    La créativité ne s'épanouit pas dans la certitude mais dans les questions. La croissance ne germe pas dans une tente mais lors de bouleversements. Pourtant, la séduction est toujours la sécurité plutôt que l'aventure, la connaissance instantanée plutôt que l'attente délibérée. [2]

     
     

    [1] Mère Teresa: Viens être ma lumière: Les écrits privés du Saint de Calcutta , éd. Brian Kolodiejchuk, (Doubleday: 2007), 210.
     
    [2] Sue Monk Kidd, When the Heart Waits: Spiritual Direction for Life's Sacred Questions (HarperSanFrancisco: 1990), p. 25.

    Adapté de Richard Rohr, Falling Upward: A Spirituality for the Two Halves of Life (Jossey-Bass: 2011), 111‒113; et 

    The Naked Now: Apprendre à voir comme les mystiques voient (The Crossroad Publishing Company: 2009), p. 117.

    Crédit d'image: Ladder and Chair (détail), photographie de Thomas Merton, copyright Merton Legacy Trust et Thomas Merton Center de l'Université Bellarmine. Utilisé avec permission.

    Inspiration d'image: comment regardons-nous au-delà de ce que nous pensons déjà savoir? À première vue, l'ombre de la chaise et de l'échelle peut prêter à confusion, mais les formes et le sens commencent à émerger après une longue contemplation.

    source https://cac.org/

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  • Méditation quotidienne de Richard Rohr

    Du Centre d'action et de contemplation

     Crédit d'image: Branches and Leaves (détail), photographie de Thomas Merton, copyright le Merton Legacy Trust et le Thomas Merton Center de l'Université Bellarmine.  Utilisé avec permission.
     

    L'histoire de l'être 

    Et si Christ était un autre nom pour tout - dans sa plénitude?

    Une fois que nous savons que le monde physique tout entier autour de nous, toute la création, est à la fois la cachette et le lieu de révélation de Dieu, ce monde devient un chez-soi, en sécurité, enchanté, offrant la grâce à quiconque regarde profondément. J'appelle ce genre de vision profonde et calme «contemplation».

    Une notion cosmique du Christ n'est en concurrence avec personne et n'exclut personne, mais inclut tout le monde et tout (Actes 10:15, 34) et permet à Jésus-Christ d'être finalement une figure de Dieu digne de l'univers entier.

    Dans la tradition franciscaine, John Duns Scot (1266-1308) a développé la doctrine de  l'univocité de l'être. Il croyait que nous pouvions parler «d'une seule voix» ( univocité ) de l'être des eaux, des plantes, des animaux, des humains, des anges et de Dieu. Dieu est un (Deutéronome 6: 4), et donc la réalité en est une aussi (Éphésiens 4: 3-5). Nous faisons tous partie de l' histoire de l'être.

    L'auteur, avocate et militante Sherri Mitchell partage une perspective similaire et encore plus ancienne des peuples autochtones. Ils n'utilisent pas le mot Christ, mais dans The Story, les modèles universels tiennent. Elle écrit:

    Nous sommes tous originaires de la même source divine. . . . Malheureusement, il y aura aussi des moments où nous perdrons de vue ce fait fondamental. Pendant ces périodes, nous nous perdrons dans les histoires qui se déroulent sur nos propres réalités individualisées. [1]

    Albert Einstein a parlé un jour de l'illusion créée par [la] croyance en la séparation. Il l'a décrit comme une prison qui restreint notre conscience de la connexion à l'ensemble:

    Un être humain fait partie du tout, que nous appelons «Univers», une partie limitée dans le temps et dans l'espace. Il vit lui-même, ses pensées et ses sentiments comme quelque chose de séparé du reste - une sorte d'illusion optique de sa conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous restreignant à nos désirs personnels et à l'affection pour quelques personnes les plus proches de nous. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion pour embrasser toutes les créatures vivantes et toute la nature dans sa beauté. [2]

    C'est une idée qui semble encore fantastique à de nombreuses personnes dans le monde. Mais c'est une croyance qui est partagée par les peuples autochtones depuis la nuit des temps. Nos chansons, histoires et mythologies parlent tous de notre interdépendance. Dès la naissance, on nous apprend à être conscients des réseaux de parenté élargis qui nous entourent, qui incluent d'autres êtres humains ainsi que les êtres de la terre, de l'eau et de l'air, ainsi que les plantes, les arbres et tous les êtres invisibles restants qui existent à l'intérieur. notre univers. . . .

    Notre défi est de nous souvenir de tout ce que nous sommes. [3]

    Nous devons redécouvrir, récupérer et récapituler l'Histoire autant de manières et aussi souvent que possible. Rester pris au piège dans les plus petits dômes du sens nous sépare du flux trinitaire d'amour divin et de connexion qui est notre droit d'aînesse.  

     
     

    [1] Sherri Mitchell, Sacred Instructions: Indigenous Wisdom for Living Spirit-Based Change (North Atlantic Books: 2018), 9.

    [2] Albert Einstein, lettre de condoléances à Norman Salit, 4 mars 1950. Réimprimé dans le New York Times , 29 mars 1972.

    [3] Mitchell, 9-10.

    Adapté de Richard Rohr, Le Christ universel: Comment une réalité oubliée peut changer tout ce que nous voyons, espérons et croyons (Convergent: 2019), 5, 6-7; et

    Mysticisme franciscain: je suis ce que je cherche , disque 1 (Centre d'action et de contemplation: 2012), CD , téléchargement MP3

    Crédit d'image: Branches and Leaves (détail), photographie de Thomas Merton, copyright le Merton Legacy Trust et le Thomas Merton Center de l'Université Bellarmine. Utilisé avec permission.

    Inspiration d'image:  Un arbre avec ses feuilles ne peut raconter l'histoire cyclique de la vie qu'à côté d'un arbre en train de mourir. La vie et la mort dans la création tissent des harmonies pour partager la richesse de cette histoire.

    source  https://cac.org/

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    Audience: soyons dans le monde des «tabernacles» pour la Parole de Dieu

    Lors de l’audience générale de ce mercredi 27 janvier, le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèses sur la prière, abordant cette fois-ci, dans le sillage du dimanche de la Parole de Dieu, le thème de “la prière avec les Saintes Écritures”.
     

    Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

    Bien que mises sur le papier il y a plusieurs millénaires, les paroles des Saintes Écritures ne forment pas des livres figés et poussiéreux. Elles sont éternellement vivantes, destinées à «être accueillies et [à] germer dans notre cœur», a souligné le Saint-Père au début de sa catéchèse. Mais la «Bible ne peut pas être lue comme un roman», a-t-il mis en garde, elle doit «être accompagnée par la prière». 

    Lire le texte dans la lumière de l’Esprit

    «Tous les jours, Dieu passe et jette une semence». Un ou plusieurs versets de la Bible peuvent particulièrement résonner dans le cœur de la personne qui les lit. Encore faut-il que «ce jour-là, je sois là, au rendez-vous avec cette Parole», a prévenu François. «Nous ne savons pas si aujourd’hui elle trouvera un sol aride, des ronces, ou une bonne terre qui la fera croître». «Cela dépend de nous», a précisé le Pape, de notre disponibilité intérieure.

    Le Souverain Pontife a ensuite prévenu contre une distorsion du sens des Écritures. Le croyant ne doit pas chercher en elles «un appui pour sa propre vision philosophique ou morale». Seul l’accueil préalable de l’Esprit Saint peut éviter ces interprétations abusives, ou un apprentissage par cœur qui rendrait semblable à un «perroquet». Le chrétien «sait qu’elles ont été écrites dans l’Esprit Saint, et que c’est dans cet Esprit qu’elles doivent être reçues et comprises».

    Incarner la Parole dans le quotidien

    Le Pape a aussi expliqué qu’avec la méditation de la Parole de Dieu se réalise «comme une nouvelle incarnation du Verbe». «Et c’est nous qui sommes les “tabernacles” où les paroles de Dieu veulent être accueillies et conservées, pour pouvoir visiter le monde», a-t-il souligné. «La Bible n’est pas écrite pour une humanité générique, mais pour nous, hommes et femmes en chair et en os, pour moi», a-t-il poursuivi. Et ce n’est pas tant nous qui la lisons qu’elle qui “nous lit”.

    Comme une aide apportée aux croyants, «la tradition chrétienne est riche d’expériences et de réflexions sur la prière avec l’Écriture Sainte». Et le Saint-Père de décrire la méthode de la Lectio divina, née dans le monde monastique, et qui «se répand de plus en plus chez les chrétiens».

    Avoir en soi un «noyau de confiance et d’amour»

    François s’est ensuite arrêté sur les bienfaits de prier en compagnie de la Bible. «À travers la prière, la Parole de Dieu vient habiter en nous et nous, nous habitons en elle». «Elle soutient notre action, nous donne force, elle nous sérénité». Ou encore: «Dans les journées “mauvaises” et confuses, elle assure à notre cœur un noyau de confiance et d’amour qui le protège des attaques du malin». Signe d’une identification progressive, on peut enfin déceler «l’empreinte qu’elle a laissée dans la vie des saints».

    Ainsi, la Parole de Dieu «se fait chair (…) en ceux qui l’accueillent dans la prière», avec «obéissance» et «créativité». Citant l’Évangile selon Saint Matthieu (Mt 13,52), le Pape a conclu en soulignant que «les Saintes Écritures sont un trésor inépuisable», dans lequel nous sommes invités à «puiser toujours davantage».

    Au terme de l'audience général, dans les saluts adressés aux pèlerins en différentes langues, le Saint-Père s'est exprimé sur la Journée de la mémoire célébrée ce 27 janvier. 

     
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    source  https://www.vaticannews.va/

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  • Méditation : Le retrait en Dieu

    SOURCE Texte de l'évangile du jour
    « Les esprits impurs criaient : “Toi, tu es le Fils de Dieu !”
    Mais il leur défendait vivement de le faire connaître »
    (Marc 3, 7-12)

    Méditation : Le retrait en Dieu - Stéfan Thériault

    « En ce temps-là, Jésus se retira avec ses disciples près de la mer ».

    Avec le début du texte, nous sommes donc questionnés sur la dimension de retrait si importante à tout cheminement spirituel. 

    Combien de personnes d'entre nous ont vécu des retraites au cours des années ? Mais ce retrait, s'il peut être physique, est, d'abord, profondément intérieur.
    Ce retrait est un appel à la rencontre avec Dieu.
    C'est ce que Jésus veut d'ailleurs enseigner ici à ses disciples.
    Ils ne pourront tenir dans la mission qui leur est confiée
    s'ils ne vivent pas des moments d'intimité avec Dieu.
    Mais comment réconcilier dans une même phrase,
    le retrait « et une grande multitude de gens, venus de la Galilée,
    (qui) (...) suivirent » Jésus ?

    Quatre éléments de réponse me semblent exister.
    Le premier est que Jésus veut leur apprendre que, même au milieu de leur mission et des "multitudes" rencontrées, ils peuvent garder leurs cœurs "retirés" en Dieu; ce qui est, assurément, un apprentissage essentiel pour durer.
    L'autre élément tient au fait que leur mission vise, en quelque sorte,
    à conduire la « grande multitude de gens » à vivre "retirés" dans le Cœur de Dieu. Que pour chacun(e) de nous, au milieu de tout ce que nous vivons,
    existe cette terre d'accueil qui est Dieu,
    ce lieu où il nous est possible de trouver repos, paix et réconfort.

    Le texte renchérit même : « de Judée, de Jérusalem, d’Idumée, de Transjordanie,
    et de la région de Tyr et de Sidon vinrent aussi à lui
    une multitude de gens qui avaient entendu parler de ce qu’il faisait ».
    Ce qui nous amène au troisième élément de réponse.
    Si la mission est une mise à disponibilité de nous-mêmes à Dieu et aux humains
    ou est l'acceptation d'une multiplication des pains où chacun(e) de nous sommes, dans le Christ, le pain rompu pour la multitude,
    le retrait en Dieu n'est-il pas justement notre mise à disponibilité de nous-mêmes ?! En d'autres mots, avons-nous de la difficulté à connaître ce retrait intérieur en Dieu parce que nous luttons contre ce qui arrive et que nous cherchons à y échapper ? N'est-ce pas là un enseignement important que Jésus veut apprendre
    à tous ses disciples ?! Que dans l'accueil de la réalité
    et dans l'acceptation de notre mission se trouvent le retrait et le repos en Dieu.

    Regardons d'ailleurs la scène : au milieu de cette multitude se tient Jésus. Assurément, les disciples présents, nouveaux dans le métier de la mission,
    l'observent et sont, sûrement, étonnés de le voir dans un état accueil qui les dépasse, de montrer une compassion pour toute cette foule et de les regarder
    comme s'il se préoccupait personnellement de chacun(e) d'eux.
    Je me dis à moi-même que j'ai là beaucoup moi-même à apprendre.

    Alors, « Il dit à ses disciples de tenir une barque à sa disposition
    pour que la foule ne l’écrase pas ».
    Ces paroles m'apparaissent comme une nouvelle délicatesse de sa part
    dans le processus d'éducation de ses disciples,
    car ne perçoit-il pas la détresse de ces derniers et le sentiment intérieur d'écrasement qui les habite ? Devant cette multitude, ne pensent-ils pas :
    « mais dans quoi me suis-je embarqué ? »,
    « je n'ai pas la force de le suivre et, de toute façon,
    je ne suis qu'un pêcheur ou un pauvre collecteur d'impôt qui ne connaît rien
    et qui n'a aucune idée de ce qu'il faut faire ».

    Le centre le Pèlerin est au pied de l'Oratoire St-Joseph.
    J'ai souvent pensé au frère André qui a bâti cette œuvre incroyable,
    dont ce sanctuaire absolument immense.
    Et que penser de ces foules qui venaient le rencontrer, jour et nuit,
    pour se faire guérir, lui le pauvre frère illettré.
    Combien de fois a-t-il dû tomber à genoux affichant son incapacité
    devant une telle œuvre ? Combien de fois a-t-il dû se « sentir écraser »
    par la mission que Dieu lui avait confiée ?!

    À nous qui cherchons à suivre le Christ, il y aura de ces moments
    où nous apprendrons, enfin, à vivre dans une disponibilité intérieure à la mission
    ou à l'œuvre confiée et, pendant ce court instant et avec le temps,
    nous saisirons que cette mission n'est pas la nôtre mais celle de Dieu.

    Nous saurons un peu plus, dans une foi grandissante,
    qu'il nous faut laisser faire Dieu et nous abandonner à son action.
    Nous toucherons alors à ce que c'est d'être « en retrait » dans le Christ,
    saisis en sa Présence.

    Mais il nous faut savoir qu'il y a un quatrième élément de réponse,
    à savoir que l'écrasement ne nous sera pas enlevé.
    Il sera simplement vécu à partir de Dieu.
    Si bien que notre lot, pourrait-on dire, est de consentir à cet écrasement
    pour que des hommes ou des femmes soient relevés.
    Dans cette perspective, cette phrase de saint Paul m'est devenue une prière :
    « Ainsi donc, la mort fait son œuvre en nous, et la vie en vous » (2 Cor 4, 12).
    Mais en retrait dans le Christ, nous ne sommes pas les seuls à porter le poids.
    De fait, il y a cette barque qui est là à notre disposition
    et à la disposition du Seigneur.
    Cette barque est celle de Pierre, c'est-à-dire son Église.
    Cette fraternité de frères et de sœurs dans le Christ est notre soutien dans la mission. Jésus nous l'a laissée comme lieu de communion en sa Présence.

    Il est vrai, dans la mission, nous nous sentons "écrasés".
    À d'autres moments, nous sommes débordés par tous ces gens souffrants
    qui se précipiteront vers nous afin de trouver une réponse à leur mal.
    Et que dire de ces esprits impurs qui viennent nous visiter, eux,
    pour nous faire tomber. C'est ce que décrit saint Paul :
    « Nous sommes pressés de toute part, mais non pas écrasés;
    ne sachant qu'espérer, mais non désespérés; persécutés, mais non pas abandonnés; terrassés, mais non annihilés » (2 Cor 4, 8-9).

    Évidemment, si nos yeux sont centrés sur nous-mêmes
    l'écrasement sera insoutenable mais s'ils sont centrés sur « le Fils de Dieu »,
    nous serons témoins de merveilles.
    Des boiteux qui marchent; des aveugles qui voient;
    des personnes mortes intérieurement qui se mettent à vivre;
    des personnes sans « droit d'exister » découvrir leur extraordinaire valeur; etc.
    C'est ce que la mission confiée par Dieu nous donne la joie de vivre.
    Si bien que, même au milieu de la multitude, Jésus nous retire dans son Cœur !
    Ne l'oublions pas !

    Stéfan Thériault,
    stheriault@lepelerin.org

    source : www.lepelerin.org

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  • Méditation quotidienne de Richard Rohr

    Du Centre d'action et de contemplation 

    Crédit d'image: Fenêtre du monastère (détail), photographie de Thomas Merton, copyright du Merton Legacy Trust et du Thomas Merton Center de l'Université Bellarmine.  Utilisé avec permission.
     Un esprit libérateur 

    Le Saint-Esprit est un Esprit libérateur. Même lorsque nous éprouvons un manque de liberté dans notre vie quotidienne, le temps de prière peut être une expérience de pleine liberté en présence de Dieu. Je regrette parfois l'exubérance du mouvement charismatique dont j'ai fait partie dans les années 1970 et la liberté que nous avons ressentie d'adorer Dieu de tout notre être. Le théologien James Cone (1938–2018) écrit sur le profond sentiment de liberté ressenti dans le culte communautaire de l'Église noire aux États-Unis:

    L'adoration noire elle-même est un événement libérateur pour ceux qui partagent l'expérience du peuple qui témoigne de la présence de Dieu au milieu d'eux. Par la prière, le témoignage, le chant et le sermon, les gens transcendent les limites de leur histoire immédiate et rencontrent la puissance divine, créant ainsi un moment d'extase et de joie dans lequel ils reconnaissent que la douleur de l'oppression n'est pas le dernier mot de la vie noire. Il n'est pas inhabituel pour les gens de se laisser emporter par leurs sentiments, ce qui rend difficile pour un observateur de savoir ce qui se passe réellement. Mais le sens de cet événement, selon les gens, se trouve dans leur rencontre libératrice avec l'Esprit divin. Dans cette rencontre, ils sont libérés en tant qu'enfants de Dieu. Pour comprendre ce que cela signifie pour les Noirs, nous devons seulement nous rappeler qu'ils n'ont pas connu la liberté en Amérique blanche. Par conséquent, se faire dire «Vous êtes libres, mes enfants», c'est créer une joie et une excitation indescriptibles chez les gens. Ils chantent parce qu'ils sont libres. Le culte noir est une célébration de la liberté. C'est un événement noir, le temps où les gens se rassemblent au nom de Celui qui a promis de ne pas laisser les petits seuls en difficulté. Les gens crient, gémissent et pleurent comme témoignage de l'expérience de la présence libératrice de Dieu dans leur vie. . . . [1] le temps où les gens se rassemblent au nom de Celui qui a promis de ne pas laisser les petits seuls en difficulté. Les gens crient, gémissent et pleurent comme témoignage de l'expérience de la présence libératrice de Dieu dans leur vie. . . . [1] le temps où les gens se rassemblent au nom de Celui qui a promis de ne pas laisser les petits seuls en difficulté. Les gens crient, gémissent et pleurent comme témoignage de l'expérience de la présence libératrice de Dieu dans leur vie. . . . [1]

    Les Noirs peuvent lutter pour la liberté et la justice, car Celui qui est leur avenir est aussi le terrain de leur lutte pour la libération. Peu importe ce que les oppresseurs disent ou font ou ce qu'ils essaient de faire de nous. Nous savons que nous avons une liberté qui n'est pas faite de mains humaines. . . . Car le chant, la prière et la prédication des Noirs ne sont fondés sur aucune potentialité humaine mais sur la réalité de la liberté de Dieu d'être avec les opprimés telle que révélée par la croix et la résurrection de Jésus. Jésus est leur liberté. [2]

    L'église primitive connaissait sûrement l'effet libérateur de la présence du Saint-Esprit. Peut-être que les enseignements de l'apôtre Paul ont eu tellement d'impact parce qu'il a restauré la dignité humaine à une autre époque d'oppression, d'esclavage et d'injustice généralisés. Dans l'Empire romain corrompu et corrompu, Paul crie: "Un seul et même Esprit nous a été donné à boire!" (1 Corinthiens 12:13). Il nivelle complètement les règles du jeu: «Vous, vous tous, êtes fils et filles de Dieu en Christ Jésus» (Galates 3:26) . Selon Paul, l'ancien monde avait disparu pour toujours et un nouveau monde est né dans lequel chacun est libre.

     
     

    [1] James H. Cone, Dieu des opprimés , rév. ed. (Livres d'Orbis: 1997), 132–133. 

    [2] Cône, 129.

    Adapté de Richard Rohr: Essential Teachings on Love , éd. Joelle Chase et Judy Traeger (Orbis: 2018), 91. 

    Crédit d'image: Fenêtre du monastère (détail), photographie de Thomas Merton, copyright du Merton Legacy Trust et du Thomas Merton Center de l'Université Bellarmine. Utilisé avec permission.

    Une fenêtre est une invitation. Une rupture dans la pierre imperméable d'un mur. Un moyen d'entrer ou de sortir. Recouverte de feuillage, de lumière et d'ombre, cette fenêtre parle de la nature complexe de la réalité, dévoilée.

    source  https://cac.org/
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  • Méditation quotidienne de Richard Rohr

    Du Centre d'action et de contemplation

     Crédit d'image: Tree Trunks near Hermitage, Gethsemani (détail), photographie de Thomas Merton, copyright Merton Legacy Trust et le Thomas Merton Center de l'Université Bellarmine.  Utilisé avec permission.

    Une nouvelle histoire pour remplacer l'ancienne 

    En cette période de dévoilement, de nouvelles histoires doivent être racontées sur tout, de l'écologie à la foi en passant par l'argent et le pouvoir, et elles doivent être racontées sous de nombreux angles différents. Ce n'est qu'en contemplant et en engageant de nouveaux paradigmes et visions que nous pouvons discerner où et comment Dieu nous appelle à agir. L'auteur et éducateur Michael Nagler partage sa version d'une nouvelle histoire basée sur son engagement de plusieurs décennies dans la pratique de la non-violence. Il écrit:

    La nouvelle histoire [est] le terme que nous utilisons aujourd'hui pour désigner le nouveau modèle - pour nous - d'un univers de conscience et de but, d'unité et de suffisance. . . .

    L'histoire qui prévaut actuellement - la vieille histoire [ Richard: qui n'est vraiment aussi vieille que les Lumières ], selon laquelle nous vivons dans un univers matériel et aléatoire, de sorte que nous aussi, sommes principalement des objets physiques qui ont besoin de choses matérielles pour être accomplies - nous a conduit à un état de concurrence permanent, sans exclure la violence. Que vous regardiez l'histoire elle-même ou ses conséquences pratiques, beaucoup - moi y compris - estiment que c'est radicalement faux. Nous sommes corps, esprit et esprit, et nous sommes embrassés dans ce que Martin Luther King a appelé un vêtement unique du destin. [1] La vie n'est pas aléatoire et nous ne sommes pas impuissants à la changer.

    Et pour le moment, le changement clé sera le changement de l'histoire elle-même.

    Dans la nouvelle histoire émergente. . . à peu près tous les changements sociaux auxquels les gens réfléchis aspirent depuis longtemps - y compris le changement vers une planète durable - devient plus pensable et faisable.

    Prenons, par exemple, l'inégalité aiguë qui a polarisé notre société (et, dans une moindre mesure, les sociétés d'autres pays). Ce qui le motive, c'est la cupidité. La même avidité qui pousse certains à profiter de la guerre et des armements - la cupidité qui est une source presque omniprésente de souffrance pour le plus grand nombre (et même pour les rares qui semblent en bénéficier financièrement). L'avidité, à son tour, n'est-elle pas fonction de la croyance que nous sommes avant tout des entités physiques en concurrence avec les autres? . . .

    La cupidité est derrière tant de processus destructeurs; une cupidité qui atteint des proportions inouïes aujourd'hui, créant une inégalité qui rend impossible une démocratie significative. Mais qu'y a-t-il derrière la cupidité elle-même? Cela ne pourrait pas exister sans l'idée qu'un être humain est matériel et séparé des autres, y compris de l'environnement dans lequel nous vivons.

    La violence, les inégalités, la guerre, l'environnement et presque tous les aspects de la société auxquels nous pouvons penser sont enracinés dans la vieille histoire. . . .

    Contrairement à la vieille histoire - qui soutenait que l'univers est principalement fait de matière, n'a aucun but discernable et que la rareté, la compétition et la violence sont inévitables - la nouvelle histoire voit l'univers comme principalement la conscience et l'être humain comme corps, esprit et l'esprit, capables de localiser et de réaliser le but de leur vie dans un univers significatif - en fait, fondamentalement bienveillant.

    Richard encore: Cette nouvelle histoire est, bien sûr, aussi vieille que l'incarnation elle-même! Quelque part le long de la ligne, nous avons perdu le fil de la véritable histoire de l'union, de la plénitude, de Dieu-avec-nous et nous-pour-les-uns.

     
     

    [1] Martin Luther King, Jr., «Lettre d'une prison de Birmingham» (16 avril 1963).

    Michael N. Nagler, The Third Harmony: Nonviolence and the New Story of Human Nature (Berrett-Koehler Publishers, Inc.: 2020), 10, 13-14, 15, 17

    Crédit d'image: Tree Trunks near Hermitage, Gethsemani (détail), photographie de Thomas Merton, copyright Merton Legacy Trust et le Thomas Merton Center de l'Université Bellarmine. Utilisé avec permission.

    Nous ne pouvons pas toujours voir les relations entre les arbres, car leur monde complexe de racines vit sous terre. Nous, la famille humaine, sommes également inextricablement liés.

    source https://cac.org/

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  • Audience générale: la louange purifie l'âme dans les moments difficiles - VA

    Audience générale: la louange purifie l'âme dans les moments difficiles

    Pour sa première audience générale de l’année 2021, le Saint-Père a poursuivi son cycle de catéchèse sur la prière, méditant aujourd’hui sur la louange, depuis la Bibliothèque du Palais apostolique. Le Pape a invité les fidèles à la pratiquer particulièrement dans les moments difficiles.
     

    «En pleine crise, Jésus bénit le Père, il le loue. Pourquoi?», s’interroge d’emblée le Souverain pontife. Avant tout il le loue pour ce qu'il est: «Père, Seigneur du ciel et de la terre», répond le Pape. En effet, Jésus se réjouit dans son esprit parce qu'il sait et il sent que son Père est le Dieu de l'univers, et inversement, le Seigneur de tout ce qui existe est le Père, «mon Père». «C'est de cette expérience de se sentir ‘’fils du Très-Haut’’ que jaillit la louange» en déduit l’évêque de Rome.

    Dieu privilégie les petits

    François esquisse une autre raison pour laquelle le Christ loue le Père: «car il privilégie les petits». C'est ce dont il fait lui-même l'expérience, en prêchant dans les villages: les «sages» et les «intelligents» sont suspicieux et fermés, tandis que les «petits» s'ouvrent et accueillent le message.

    «Cela ne peut qu'être la volonté du Père, et Jésus s'en réjouit», affirme le Pape exhortant tous les fidèles «à se réjouir et louer Dieu» parce que «les personnes humbles et simples accueillent l'Évangile». Dans l'avenir du monde et dans les espérances des Eglises, il y a ainsi les «petits»: ceux qui ne se considèrent pas meilleurs que les autres, qui sont conscients de leurs limites et de leurs péchés, qui ne veulent pas dominer les autres, explique le Successeur de Pierre.

    Louer Dieu quand le mal prévaut

    Donc, en ce moment d'échec apparent, Jésus prie en louant le Père, poursuit le Pape, ajoutant ceci: «Et sa prière nous conduit aussi, nous lecteurs de l'Evangile, à juger de manière différente nos échecs personnels, les situations où nous ne voyons pas clairement la présence et l'action de Dieu, quand il semble que prévaut le mal et qu'il n'existe aucune façon de l'arrêter.»

    A qui sert donc la louange? A nous ou à Dieu? François cite un texte de la liturgie eucharistique qui invite à prier Dieu de cette manière: «Tu n'as pas besoin de notre louange, et pourtant c'est toi qui nous inspires de te rendre grâce: nos chants n'ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi, par le Christ notre Seigneur» (Missel romain, préface commune IV).

    Louange et béatitude des cœurs

    La prière de louange nous sert donc à nous aussi. Le Catéchisme la définit ainsi: «Elle participe à la béatitude des cœurs purs qui l’aiment dans la foi avant de le voir dans la Gloire» (n. 2639).

    De ce fait, paradoxalement, le Pape relève que la louange doit être pratiquée non seulement quand la vie nous remplit de bonheur, mais surtout dans les moments difficiles, «quand le chemin grimpe». «Parce que nous apprenons qu'à travers cette montée, ce sentier fatigant, ces passages difficiles, on arrive à voir un panorama nouveau, un horizon plus ouvert», insiste le Saint-Père, comparant l'acte de louer «à respirer de l'oxygène pur». «Louer purifie l'âme, fait voir loin, empêche de rester prisonniers des difficultés». 

    L’exemple des saints

    Et le Pape François de prendre enfin exemple sur l’enseignement de saint François, le Poverello d’Assise, qui composa le «Cantique des créatures» au milieu des difficultés. François est presque aveugle, et il ressent dans son âme le poids d'une solitude qu'il n'avait jamais éprouvée auparavant Mais à cet instant, François prie : «Loué sois-tu, mon Seigneur...». François loue Dieu pour tout, pour tous les dons de la création, et aussi pour la mort, qu'il l'appelle avec courage «sœur», relève le Pape, concluant: «Les saints et les saintes nous montrent ainsi que l'on peut toujours louer, dans le bien et dans le mal, parce que Dieu est l'Ami fidèle, son amour ne manque jamais. Il est toujours proche de nous et nous attend. Il est la sentinelle qui se fait proche de nous, et nous fait avancer avec sûreté.»

    source  https://www.vaticannews.va/

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