• saint Thomas More de l'Ordre Franciscain Séculier

    Merci à Richard Boileau de nous partager cette réflexion sur saint Thomas More.

    Richard Chamberland ofs

     


    Nous continuons notre série de réflexions sur ces Vies Merveilleuses  en portant notre regard sur saint Thomas More. 

     

    Comme toujours, nous aimerions recevoir vos commentaires sur ces réflexions. Nous vous invitons à transférer ces réflexions à quiconque pourrait les apprécier.

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    Cher ami, chère amie de saint François,  

     

    Thomas-More.jpg La question qui est souvent soulevée concernant la spiritualité franciscaine est de savoir comment une personne peut vivre dans le monde, qu’on définit souvent et régle par l’argent.  Une personne ayant une assez grande fortune personnelle peut-elle être une authentique franciscaine?  Cette question ne s’applique certainement pas aux membres d’Ordres Religieux fondés par saint François d’Assise – les Franciscains, les Capucins, les Conventuels, les Clarisses ou même les membres du Tiers Ordre Régulier, comme les Franciscaines Missionnaires de Marie. Mais cela s’applique aux milliers de personnes devenues membres de l’Ordre Franciscain Séculier aussi bien que pour les légions de personnes qui sont affectées par la spiritualité de saint François.  Heureusement, nous avons un bon nombre d’exemples desquels tirer profit.  Mon favori est la merveilleuse vie de saint Thomas More (1478-1535).

     

    Au début, on a dit que saint Thomas avait considéré la vie des moines chartreux et celle des Franciscains observants, comme les deux  les plus réputés pour la sévérité de leur règle.  Dans les deux cas, il a jugé que ce n’était pas ‘sa’ vocation.  Il a embrassé la spiritualité de saint François, néanmoins, en devenant un tertiaire, un membre du Tiers Ordre de saint François, connu aujourd’hui comme l’Ordre Franciscain Séculier.  Il a gardé une vie pieuse, comme il le faisait depuis son enfance, en assistant à la messe quotidienne.  On a dit qu’il consacrait ses vendredis à des récollections spirituelles.

     

    Selon une anthologie de littérature anglaise publiée sur internet, saint Thomas serait né sur la rue Milk à Londres le 7 février 1478, fils de Sir John More,  juge remarquable.  Il a été étudiant à l’école St. Antony à Londres.  Dans sa jeunesse,  il a servi comme page à la  maison de l’archevêque Morton qui s’attendait à ce que More devienne «un homme remarquable».  More est allé étudier à Oxford, pendant qu’il écrivait ses comédies et étudiait la littérature grecque et latine.  L'un de ses premiers ouvrages a été la traduction anglaise de la biographie latine de l’humaniste italien Pico della Mirandola.  Durant sa vie, il a produit une variété d’œuvres, incluant des poèmes et plusieurs défenses de la doctrine catholique.  Son écrit le plus souvent noté est l’Utopie, qui inclut des références au gouvernement, à l’éducation, au mariage,  à la vie éternelle et à la religion dans une situation idéale. 

     

    Saint Thomas était une figure remarquable dans un moment pivot de l’histoire anglaise mais ce qui  nous importe aujourd’hui, c’est qu’il était un homme d’une foi solide, d’une espérance résiliente et d’un amour très enraciné.  Durant les années de la Réforme, il était un homme puissant et  de grandes  possessions, il était un avocat remarquable.  Puis il s’est attaché à la cour royale du roi Henri VIII et, finalement, nommé chancelier du roi, l’équivalent d’un premier ministre.  Dans sa vie publique, il avait la réputation d’une personne honnête et juste; mais, dans sa vie privée,  il était reconnu comme un homme de prière, un ami fidèle  et un homme attentif à  sa famille, sans aucun compromis.     

     

    Assister à la messe quotidienne était la clef de sa vie privée.  Apparemment, il a été critiqué parce que cela n’était pas jugé digne, pour une personne laïque  si accaparée, de recevoir la communion  fréquente.  Sa réponse était caractéristiquement sage et spirituelle : « Vous avancez ces excellentes raisons qui nécessitent justement la communion fréquente.  Lorsque je suis distrait, la sainte communion m’aide à me recueillir.  S’il se trouve des occasions quotidiennes d’offenser mon Dieu,   je me réconcilie chaque fois avec Dieu dans ce combat  en recevant l’eucharistie.  Si je suis en grand besoin de lumière et de prudence pour me décharger du fardeau de mes tâches, je cherche secours auprès de mon Sauveur et cherche conseil et lumière auprès de Lui. » 

     

    Thomas More a été canonisé par le pape Pie XI en 1935.

     

    La sottise humaine a accru la valeur de l’or et de l’argent à cause de leur rareté.  Alors que la nature, comme un bon parent, nous a donné gratuitement  les meilleures choses comme l’air, la terre et l’eau mais a nous caché ce qui est vain et inutile

    Saint Thomas More, Utopie

     

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    Il n’y a peut-être aucun plus grand signe de détachement de la part de saint Thomas que  son consentement à donner sa vie pour des valeurs plus importantes que celles de la richesse.  En ce sens, il faut comprendre que saint Thomas n’était pas seulement bien informé en ce qui concerne la doctrine mais aussi astucieux en ce qui concerne le monde.  Par exemple, dans Utopie, il a noté : « ce que tu ne peux changer en bien, tu dois en faire le moins de mal possible ». Cela révèle la sagesse de quelqu’un qui baigne dans les affaires du monde tout en étant conscient des exigences de l’Évangile.  C’est pourquoi sa vie est si importante à considérer pour nous, elle est un signe d’espérance dans un temps de radicalisme.   

     

    Le meilleur de mes films préférés, c’est A Man for All Seasons, produit en 1966 avec la formidable équipe composée de Paul Scoffield, Orson Well, Susannah York et John Hurt. Il s’agit d’un chef-d’œuvre de piété pragmatique, d’argumentation éthique et de courage personnel.  C’est aussi, à mon humble opinion, l’une des récits les plus parlants de véritable martyre.  C’est différent de la  hagiographie sentimentale qui, trop souvent, n’est pas digne de la sainteté de ceux/celles qui versent leur sang au nom de la vérité.   

     

    Martyre est un mot dur. Il  fait peur à ceux-celles d’entre nous qui peuvent imaginer un temps, pas si reculé, un espace, pas si lointain, où il n’y avait pas de place pour l’équivoque ni pour l’hypocrisie.  Une personne  doit prendre une décision ferme et l’assumer, en souffrir les conséquences.  Nous utilisons souvent mal ce mot martyr.  Nous l’utilisons pour parler d’auto-sacrifice parfois pathologique ou de victimisation, réel ou imaginaire. Sa véritable signification est plus simple.     

     

    En accord avec l’Encyclopédie Catholique, le mot grec martus signifie un témoin qui rend compte d’un fait qu’il a observé personnellement.  C’est en ces termes qu’il est d’abord apparu dans la littérature catholique. Les apôtres ont été « témoins » de tout ce qu’ils ont observé dans la vie publique de Jésus, aussi bien que de tout ce qu’ils avaient appris de « ses enseignements à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’à l’extrimité de la terre » (Ac 1, 8). Peu après, ce mot a été réservé pour décrire « des témoins » qui ont fait les frais de ce qu’ils croyaient être la vérité, au péril de leur vie. 

     

    Ceci a été le cas pour saint Thomas.  Contre l'avis de tous, il refusa de prêter serment après la création de l'Église d'Angleterre, schismatique, alors que le Roi l'exigeait pour asseoir son autorité. Il se retrouva, donc, dans le plus grand dénuement, en prison à la Tour de Londres, accusé de trahison. Il fut décapité au côté de l’évêque Fisher le 6 juillet 1535.

     

    Saint Thomas avait une grande fortune et beaucoup de pouvoir. Il avait une vie de prestige et de privilège.  Mais tout cela n’a été, pour lui, qu’un instrument pour sa vocation.  Il a été destiné à une vie de leadership, à la fois social et moral.  Il a fait l’ascension jusqu’à un rôle politique qui lui a permis d’appliquer le meilleur des connaissances de sa foi religieuse, noyée dans un environnement séculier.  Dans cette situation, et dans la situation de toutes les personnes qui misent sur les vraies valeurs, le pouvoir accorde l’opportunité d’affecter la vie de milliers de personnes, si ce n’est de millions, pour les aider à comprendre le sens d’une vie stimulée par la quête d’amour et de vérité.     

     

    Généralement, s’accrocher à la richesse et au pouvoir est un signe de l’insécurité qui se cache en chacun-e de nous.  Il est rare qu’une personne puisse cacher une profonde impulsion si enracinée et, éventuellement, être indifférent au jugement des autres, indépendamment de l’étape de la vie ni des circonstances.  Saint Thomas était l’un de ces hommes.      



    Je me soucie guère de ce que les hommes disent de moi,  dans la mesure où Dieu m’approuve.

    Saint Thomas More dans une lettre à Erasmus

     

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    Quelle est, pour nous, la leçon à retenir de la vie de saint Thomas, en regard du conseil évangélique sur la pauvreté dans la réalité de la vie séculière qui requiert l’usage légitime de possessions, de prestige et de pouvoir? La réponse est simple en théorie, mais difficile en pratique. Nous ne devons pas avoir peur ni abuser de l’argent ou de la propriété, qui peuvent servir pour un meilleur bien, ni  les aimer comme quelque chose à amasser ou à en être gêné pour développer de bonnes relations.      

     

    C’est l’amour de l’argent qui est la source de tant de péchés et de souffrance, pas des pièces inanimées.  La monnaie, par définition, n’est pas une fin en soi mais un moyen qui peut être constructif ou destructif.  La pureté de nos intentions et l’éthique de nos comportements portent  ont plus de valeur que les comptes ou les porte-folios.  Il est souvent dit que si nous pouvions tenir les dons de Dieu dans une main ouverte au lieu d’un poing fermé, le monde serait meilleur.  Si nous pouvions voir ce que nous recevons comme quelque chose à partager, nous aurions plus de paix et de joie.  Saint Thomas avait compris que cela s’applique à tout, même à la vie elle-même.   

     

    Celui qui cherchera à préserver sa vie la perdra mais celui qui perdra sa vie la conservera.

    Luc 17, 33

     

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    Puisse la bonté du Seigneur vous guider par ces vies merveilleuses de personnes sages et courageuses comme saint Thomas.  Puisse l’Esprit Saint vous assister à la suite des pas de Jésus, image parfaite de l’amour du Père. 

     

    Fraternellement,

     

    Richard Boileau

    Crib and Cross

    Franciscan Ministries

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