• SŒUR CLAIRE D’ASSISE - art 51 - Suzanne

    SOEUR CLAIRE D’ASSISE

     

     

    SAN DAMIANO LE DORTOIR DES CLARISSESUn itinéraire de transfiguration.[1]

    La réflexion que nous allons essayer de faire sur l’itinéraire de sœur Claire est une réflexion sur le mystère de la Transfiguration. Cela pourrait être fait pour tous les saints puisque ce mystère n’est autre que celui de notre vocation commune, vocation à laquelle les saints ont su répondre. Mais peut-être, Claire nous renvoie-t-elle plus particulièrement à ce mystère de la Transfiguration par l’atmosphère de lumière qui se dégage de ses écrits et des témoignages de ceux qui l’ont côtoyée.

    On sait que lorsque Dieu donne un nom dans la Bible, c’est une vocation qui s’y exprime. Le nom qui fut donné à Claire la définit tout entière. Il est révélateur d’une promesse et d’un programme. Paul Evdokimov dans « L’art de l’icône p. 249)  précise que : « Jadis, tout iconographe-moine commençait son ‘art divin’ en peignant l’icône de la Transfiguration. Cette initiation vivante et directe enseignait avant tout que l’icône est peinte non pas tant avec des couleurs qu’avec la lumière thaborique. »

    L’héritage que sœur Claire nous a transmis à travers son choix de vie, ses réponses et son désir fou de Dieu, nous révèle en quoi elle a répondu à la vocation inscrite au cœur de tout homme et que l’apôtre Paul résumera ainsi dans sa lettre aux Ephésiens : 

    « Dieu nous a élus en Jésus-Christ, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus-Christ. » (Ep 1,4)

    C’est bien un itinéraire de transfiguration que la vie de Claire nous propose, itinéraire qui conduit au Royaume où « les élus resplendiront comme le soleil. »

    Se laisser transfigurer à son image, de gloire en gloire

    « Que l’homme de désir reçoive de l’eau de la vie, gratuitement. » (Ap 22,17)

    La vie chrétienne et la vie religieuse est conçue par François comme un exode, comme une marche, comme une Pâque, liée à Jésus par la pauvreté. Il s’agit d’être « pèlerins et étrangers » en ce monde.

    Lorsque Claire quitte le monde, elle sait qu’elle part pour un long voyage et qu’il importe dans ce cas, non seulement de savoir où elle va, mais aussi d’être fermement décidée à ne pas s’arrêter en route. Claire va reprendre textuellement dans sa Règle (VIII) le très beau texte de François.

    Ce qui est révélateur, c’est que sa sortie du monde se situe dans le cadre de la pâque, le dimanche des Rameaux. Celano, dans sa Vie de Sainte Claire (IV, 7/8), nous raconte cet exode de Claire. Il y a là des évènements qui portent en eux-mêmes une richesse, même si Claire  n’en a pas perçu toutes les profondeurs sur le moment, mais richesse qui va fructifier peu à peu.

    Le désir fou de Claire.

    Cette décision de « quitter » et cette ferme intention de ne pas s’arrêter en route, ne peut être que le fruit d’un grand désir, et cela d’autant plus que la route est abrupte et semée de difficultés. Voici ce qu’exprime Nicolas Cabasilas sur le désir de Dieu dans le cœur humain. « A la mesure et en la direction de Dieu, le désir humain a été préparé, dès le commencement, comme un immense écrin, assez vaste pour contenir Dieu lui-même. C’est pourquoi, rien d’ici-bas ne nous rassasie, rien n’assouvit nos désirs. »

    Claire apparaît bien comme une femme brûlée par l’ardent désir de trouver Dieu et d’être configurée au Christ. Il suffit de reprendre les conseils qu’elle donne à Agnès, pour voir que c’est assurément son propre cœur qu’elle nous livre lorsqu’elle l’exhorte à suivre les traces du Christ avec tout l’élan de son amour et de son humilité (cf. A2/7) et à conserver au cœur le brûlant désir de s’unir au Christ pauvre et crucifié. (cf. A 1/13)

    Une vie spirituelle ne peut s’accomplir sans désir. C’est le désir qui met en mouvement notre soif de paix, de vérité. Par le désir nous aspirons à la joie, à l’amour, à la rencontre et à l’unité. Dieu lui-même est fou de désir pour sa créature. Claire ose son désir, elle l’exprime en termes forts, tout le féminin de son être s’exprime et s’élance vers son Dieu. Elle nous rappelle que nous sommes appelés à faire l’expérience de Dieu. Elle nous signifie que, sans l’audace du désir, nous passons à côté de l’Amour, notre vie est alors inanimée.

    Quelles « récompense » pouvons-nous retirer d’une vie inanimée ?

    Ce mot de récompense revient à plusieurs reprises dans les écrits de Claire. Cela peut surprendre si nous ne le replaçons pas dans le langage des Béatitudes. Claire croit en la promesse de son Seigneur et elle l’exprime en terme de récompense. Tous les biens qu’elle attend au terme de son pèlerinage sur terre se résument finalement en ces quelques mots qu’elle formule à la fin de sa lettre à Ermentrude : « Il est notre rédempteur et notre récompense éternelle. » (E 16)

    La récompense que Claire souhaite pour elle-même et pour ses sœurs, c’est l’objet même de cette Promesse qui est au cœur de l’Alliance entre Dieu et l’humanité. Ecoutons Pierre l’exprimer dans sa deuxième lettre (2P 1,4).

    « Les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la nature divine. »

    Et saint Paul ajoute (cf. Ga 3,14) que l’objet de cette Promesse, c’est l’Esprit Saint.

    N’est-ce pas pour cela que Claire précise : « je ne m’arrêterai de courir qu’une fois introduite au cellier. (A 4/31)

    Non seulement Claire marche avec persévérance, mais elle court. Celui qui va, devient ! Emportée par le souffle de l’Esprit elle s’élance, intrépide et de tout son être, vers Celui dont « le souvenir ne quitte pas sa mémoire. » (cf. E 11)

    Sainte Claire d’Assise nous montre la nécessité du courage, vertu essentielle pour cheminer vers Dieu, et les fruits de la persévérance.

    « Ce que tu as acquis, conserve-le soigneusement … ne recule jamais. » (A 2/11)

    « Je suis toute joyeuse à la pensée que toi et tes filles vous arpentez courageusement les routes de la sainteté. » (E 3) « Mène à bien, sans te décourager, l’œuvre que tu as si bien commencée. » (E 14)

    Nous sommes tous généralement capables d’effort mais savons-nous persévérer dans le temps ? Ces deux vertus sont indissociables pour progresser vers Dieu. Sainte Claire, petite plante délicate, a su en faire usage. Sa force ? L’amour. Son moteur ? Le désir d’être configurée au Christ.

    « Puisses-tu être chaque jour davantage embrasée de la ferveur de cet amour ! (A 4/27)

    « … afin que, stimulées par cet exemple, toutes les sœurs grandissent toujours dans l’amour de Dieu et dans l’amour les unes des autres ! » (TC 18

    Suzanne Giuseppi Testut  -  ofs



    [1] Claire, femme de contemplation – Collection Centenaire N° 4

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